Chaque année l'Eglise nous fait célébrer le mystère de la CROIX GLORIEUSE, au jour anniversaire où fut découvert à Jérusalem « le bois précieux qui avait été digne de porter le Roi du Ciel » Jésus, notre Bien-Aimé Sauveur. C'était le l4 Septembre de l'an 320.
Instrument de supplice, d’une atroce cruauté réservée aux esclaves et aux grands criminels qu'on voulait torturer et couvrir de honte, comment la Croix est-elle devenue glorieuse ? Comment l'Eglise peut-elle nous inviter à « exalter » cet horrible gibet sur lequel Jésus-Christ son divin fondateur a connu la mort ?
Dans son Evangile, l'apôtre Jean donne à ces questions une réponse particulièrement lumineuse. Pour lui, en effet, la mort de Jésus n'est pas une infamie : elle est une élévation. Et il donne à ce terme une double signification : élévation en Croix et élévation en Gloire.
Autrement dit, Jésus qui s'offre librement sur le Calvaire comme victime d'amour est en même temps le CRUCIFIÉ et le GLORIFIÉ.
Comme saint Paul dans l'Hymne à la Croix (Ph. II), saint Jean unit dans le plan de la Sagesse divine l'exaltation et l'humiliation.
Le croyant découvre ainsi que l'heure de la mort pour Jésus est l’Heure de la Victoire ; ce n'est pas un homme qui expire dans l'échec total, mais le Fils de Dieu dont l'acte d‘obéissance filiale ayant une valeur infinie est cause de Salut et de Gloire.
Oui, l'Amour absolu du Dieu fait homme allant jusqu'à l'extrême – jusqu’à cette sublime folie que représente la Croix - a remporté la plus grande victoire que le monde ait jamais enregistrée : Victoire sur le péché et sur la mort éternelle qui est la conséquence du péché. Et cette victoire a rendu aux hommes le trésor inestimable de la vie surnaturelle qui est communion avec les Trois Personnes divines et « semence de gloire ».
Il n'est donc pas surprenant que la Croix du Christ soit devenue l'objet d'une si grande vénération chez tous ceux qui reconnaissent en Elle 1'instrument privilégié de notre Salut, signe éclatant de l'amour le plus fort et le plus bouleversant, celui que nous porte le Fils de Dieu en personne : « Il m'a aimé moi et Il s'est livré pour moi ». (Saint Paul)
Elle se dresse partout en place d'honneur : dans nos églises, dans nos cimetières, au carrefour de nos chemins, sur les murs de nos maisons...
Mais se dresse-t-elle dans nos cœurs ?
Quel accueil lui réservons-nous lorsqu'elle vient se planter dans nos vies par le biais des renoncements qu'exige la vie chrétienne et sous forme de douleur physique, morale ou spirituelle ?
Acceptons-nous alors d'y être cloués avec Jésus et dans les sentiments qui furent les siens ? Certes, en raison de notre « allergie » à toute souffrance, nous sommes constamment tentés de nous dérober aux différentes crucifixions, petites ou grandes que Dieu dans sa Sagesse permet ou veut pour nous en vue de notre sanctification. Mais si d'une part dans notre prière contemplative nous nous laissons pénétrer par le mystère de Jésus crucifié et si, d'autre part, dans toutes nos eucharisties, nous communions au « Corps livré » et au « Sang versé »avec l'intense désir de devenir des hosties dans l'HOSTIE, nous sommes assurés d'attirer en nos cœurs les grâces actuelles dont nous avons besoin pour accepter et offrir avec amour toutes nos croix, si éprouvantes, si écrasantes soient-elles.
Dans cette vive lumière qui émane de la CROIX GLORIEUSE, la souffrance n'apparaît donc plus comme quelque chose d'absurde, mais comme l'irremplaçable moyen par lequel on peut, à l'exemple de Jésus et de Marie, prouver son amour.
Elle est vraiment l'expression la plus haute de la charité envers Dieu et envers le prochain. En étant dans les mains expertes du Seigneur un rude ciseau qui taille impitoyablement les branches nuisibles de l'égoïsme et de l'orgueil, la souffrance nous purifie en profondeur et nous conduit progressivement à aimer Dieu plus que tout et uniquement pour Lui-même d'un amour purement oblatif, de plus en plus parfait.
En nous configurant au Christ Rédempteur et à Marie co-rédemptrice, la souffrance « achève, comme dit Saint Paul, en notre chair ce qui manque à la Passion de Jésus pour son Corps qui est l'Eglise ».
Quel puissant réconfort pour le fidèle qui souffre, de penser qu'il est un prolongement du Sauveur et qu'il l'aide ainsi à convertir et à sanctifier les âmes !
Bref, reconnaissons avec Marthe Robin que « Jésus nous apprend à voir plus haut, plus loin, avec plus d'amour surtout, ce que le langage humain appelle douleur et souffrance ; mais qui n'est en réalité que la condition suprême d'une éternité de Bonheur et d'Amour dans le ciel ».
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