Année A
Lecture du livre de Ben Sirac le Sage 3, 2-6.12-14
L'amour filial envers nos parents nous dispose à aimer Dieu comme ses enfants.
Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l’autorité de la mère sur ses fils. Celui qui honore son père obtient le pardon de ses péchés, celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé. Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère.
Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas pendant sa vie. Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force. Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée, et elle relèvera ta maison si elle est ruinée par le péché. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Toute une part de la Bible est un recueil de proverbes et de dictons nés de l’expérience et du bon sens. Ils sont rassemblés dans les livres de la Sagesse : le sentiment populaire est ainsi mis au service de la révélation de Dieu.
Très tôt, les hommes ont compris que l’amour filial consistait à reconnaître, c’est-à-dire à connaître après coup, ce que notre personnalité doit à ceux qui nous ont aimés les premiers, bien avant notre venue au monde. Par leur tendresse, nous avons goûté le bonheur d’être aimés nous avons appris à aimer à notre tour : leur foi et leur générosité sont à la racine de notre rencontre avec Dieu.
Quelle place notre société fait-elle aux personnes âgées ? Quel genre de place leur réservons-nous dans notre famille ?
Psaume 127
R/ : Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies !
- Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies ! Tu te nourriras du travail de tes mains : Heureux es-tu ! À toi, le bonheur ! R/
- Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d'olivier. R/
- Voilà comment sera béni l'homme qui craint le Seigneur. De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie. R/
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens 3, 12-21
Reconnaître de quel amour Dieu nous a aimés c’est vouloir, à notre tour, aimer comme lui, aussi bien en famille que dans nos autres communautés sociales et ecclésiales.
Frères, puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés, vous qui formez un seul corps. Vivez dans l’action de grâce. Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres en toute sagesse ; par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance. Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père. Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c’est ce qui convient. Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle. Vous les enfants, obéissez en toute chose à vos parents ; cela est beau dans le Seigneur. Et vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Pour nous parler de la vie de famille, Paul pense d’abord à la famille des chrétiens. Ce qui vaut pour l’Église de Dieu vaut pour la famille qui en est une petite cellule : vivre en bonne intelligence, s’accepter différents, ne pas chercher à dominer l’autre, savoir se pardonner avec délicatesse, bref, s’aimer tel que l’on est. Quand une famille ou une communauté chrétienne vit de la sorte, c’est une fête continuelle : le Christ est là qui règne dans les cœurs.
Tel je suis en famille, tel je suis aussi en société, et tel aussi en Église
Alléluia, Alléluia ; que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ ; que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 2, 13-15.19-23
La famille de Jésus est prise dans le tourbillon de l’histoire comme le sont les nôtres.
Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr ». Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : ‘D’Égypte, j’ai appelé mon fils.’ Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant ». Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël. Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : ‘Il sera appelé Nazaréen.’ – Acclamons la Parole de Dieu.
Commentaire : Matthieu fait revivre à Jésus en raccourci toute l’histoire de son peuple, notamment, ici, le séjour en Égypte, la persécution de Pharaon-Hérode contre les petits garçons hébreux, l’Exode : « D’Égypte j’ai appelé mon fils », l’entrée en terre promise et l’occupation de la Palestine par les tribus israélites jusqu’en Galilée. Ce résumé manifeste chez l’évangéliste une intention précise de montrer que Jésus, par son incarnation, assume toute l’histoire passée de ceux qu’il vient sauver et s’apprête à faire aboutir la longue marche du peuple de Dieu vers sa libération. La famille de Jésus est prise dans le tourbillon de l’histoire, comme l’est la nôtre.
Comment tenons-nous nos enfants ouverts sur la vie du monde ? Prenons-nous le temps de réfléchir avec eux sur ce qu’ils ont vu ou vécu à l’école, au lycée, à la télé, dans la rue ?
Homélie
Chers frères et sœurs, lorsqu’à Noël Dieu vient habiter parmi nous, il entre dans une famille. Et comme les bergers et les mages, nous aimons à travers les crèches de nos maisons et de nos églises retrouver nos yeux d’enfants pour contempler cette famille toute simple, cette Sainte Famille où Dieu se fait vraiment homme et fait l’apprentissage de sa vie d’homme sous la conduite très sage de ces éducateurs hors-pair que sont Marie et Joseph.
Dieu aurait pu choisir de venir parmi nous autrement. Mais il a voulu emprunter la route de tout homme et de tous les hommes. Il a choisi ce chemin de la famille où à travers l’enfance et l’adolescence, un être humain arrive à maturité.
La famille nous le savons tous plus ou moins clairement, plus ou moins difficilement ou douloureusement selon notre histoire, c’est un lieu où se joue quelque chose d’essentiel pour notre humanité. Elle constitue un espace où l’homme vit, se développe, confirme sa vocation, où il devient homme et où il est toujours davantage homme.
Si l’Eglise nous parle souvent de la famille, c’est parce qu’elle a la certitude, que c’est d’abord en elle et par elle que se construit et s’humanise la personne humaine. Il y va, d’ailleurs de notre bonheur, car c’est à travers la vie de famille que nous apprenons à donner un sens à notre existence en découvrant que nous sommes faits pour « aimer et être aimés ». Au sein de la famille, l’enfant puis l’adolescent, à travers ses relations à ses parents et à ses frères et sœurs expérimente ce qu’est la tendresse, le don de soi, la solidarité, l’accueil de l’autre dans ses différences. Chacun découvre ainsi qu’il est un être fait pour vivre avec d’autres, un être de communion et de partage et cela, au-delà des âges et des générations et dans la diversité des histoires et des opinions.
Nous avons tous présents à l’esprit ces gestes tout simples, mais chargés de signification qui dans le secret des familles tissent un peu plus d’amour et donc un peu plus de bonheur. C’est à tout cela que saint Paul nous invite dans sa lettre aux Colossiens : « Revêtez votre cœur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience... », et il ajoutait avec insistance « Pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez comme le Seigneur : il vous a pardonnés, faites de même ». Car la famille c’est aussi le lieu où l’on apprend le pardon et nous savons tous combien il est difficile de pardonner dans nos problèmes familiaux.
Finalement, pour cela in n’est pas besoin de grands discours : ce sont les petits gestes de la vie ordinaire en direction tout d’abord de nos proches, qui construisent peu à peu la qualité de nos relations aux autres :
- c’est par exemple, le souci le plus petit dans la famille qui nous apprend à voir l’injustice et à la combattre,
- c’est la vie familiale qui peut apprendre à tisser et retisser le lien social et à rendre plus conviviale la vie de nos quartiers ou de nos villages.
Si nous voulons transformer un peu notre monde en vivant un peu plus de solidarité et de fraternité, c’est à l’évidence dans et par la famille qu’il faut commencer. Il est clair que ce n’est pas toujours facile ; il est clair que les situations sont parfois complexes et difficiles à assumer. Il ne s’agit pas de rêver la famille, il s’agit de tout mettre en œuvre pour l’édifier sur des bases solides.
La famille, en effet, ne tombe pas du ciel toute prête à consommer ou à utiliser. De même que dans un couple l’amour demeure vivant s’il se construit jour après jour, de même la vie de famille dépend de chacun de ses membres, du désir et de la volonté de chacun d’en faire un lieu de vie, de vérité et d’amour.
Chers frères et sœurs, c’est donc un grand projet que Dieu vient réaliser en prenant à Noël une nature humaine semblable à la nôtre : il veut faire de toute l’humanité une même famille en réconciliant tous les hommes, en détruisant les murs de la haine et les frontières qui séparent les différentes classes, les races ou les nations.
Ce projet grandiose, ne l’oublions jamais, commence à se réaliser concrètement d’abord dans nos cœurs dans la mesure où ils sont des foyers de lumière et d’amour, et ensuite dans nos propres familles dans la mesure où elles sont capables d’accueillir l’Esprit de Paix que Jésus a promis à tous ceux qui veulent aimer en vérité, aimer comme Jésus, Marie et Joseph ont toujours aimé.
Puissions-nous, chers frères et sœurs, contempler très souvent la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. Elle est le prototype et l’exemple de toutes les familles chrétiennes. Elle, qui d’une manière incomparablement élevée et pure, a glorifié Dieu ne manquera pas d’assister nos familles dans la fidélité à leurs devoirs quotidiens, dans l’ouverture généreuse aux besoins des autres et dans l’accomplissement joyeux du plan de Dieu sur elles.
Amen.
Année B
Lecture du livre de la Genèse 15, 1-6 ; 21, 1-3
« Mon Dieu, que vas-tu me donner ? » demande Abraham. Et Dieu lui fait savoir qu’il le comblera au-delà de toute espérance ».
En ces jours-là, la parole du Seigneur fut adressée à Abram dans une vision : « Ne crains pas, Abram ! Je suis un bouclier pour toi. Ta récompense sera très grande ». Abram répondit : « Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ? Je m’en vais sans enfant, et l’héritier de ma maison, c’est Élièzer de Damas ». Abram dit encore : « Tu ne m’as pas donné de descendance, et c’est un de mes serviteurs qui sera mon héritier ». Alors cette parole du Seigneur fut adressée à Abram : « Ce n’est pas lui qui sera ton héritier, mais quelqu’un de ton sang ». Puis il le fit sortir et lui dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... » Et il déclara : « Telle sera ta descendance ! » Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste. Le Seigneur visita Sara comme il l’avait annoncé ; il agit pour elle comme il l’avait dit. Elle devint enceinte, et elle enfanta un fils pour Abraham dans sa vieillesse, à la date que Dieu avait fixée. Et Abraham donna un nom au fils que Sara lui avait enfanté : il l’appela Isaac. – Parole du Seigneur.
Commentaire : À l’appel de Dieu, Abraham est parti pour un pays qu’il ne connaissait pas, parce qu’il a cru en la promesse du Seigneur de faire de lui une grande nation. Mais il n’a pas de fils. Est-il raisonnable alors de croire que sa descendance égalera le nombre des étoiles du ciel ? Pourtant, Abraham croit contre toute vraisemblance. C’est là sa grandeur aux yeux de Dieu, ce qui lui vaut le titre de juste. Dès lors, le merveilleux salaire que reçoit Abraham n’est plus seulement Isaac, le fils qui lui naît de Sara, mais l’immense foule des croyants dont il devient le père dans la foi.
Aux heures de crise, lorsque nos enfants devenus grands s’éloignent peut-être de ce que nous voulions leur transmettre de notre sens de la vie, de nos valeurs morales, de notre foi, n’est-ce pas la même confiance que celle d’Abraham qui nous est demandée ?
Psaume 104
R/ : Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ; il s’est toujours souvenu de son alliance.
- Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ; chantez et jouez pour lui, redites sans fin ses merveilles. R/
- Glorifiez-vous de son nom très saint : joie pour les cœurs qui cherchent Dieu ! Cherchez le Seigneur et sa puissance, recherchez sans trêve sa face. R/
- Souvenez-vous des merveilles qu’il a faites, de ses prodiges, des jugements qu’il prononça, vous, la race d’Abraham son serviteur, les fils de Jacob, qu’il a choisis. R/
- Il s’est toujours souvenu de son alliance, parole édictée pour mille générations : promesse faite à Abraham, garantie par serment à Isaac. R/
Lecture de la lettre aux Hébreux 11, 8. 11-12. 17-19
Abraham a marché avec foi, confiant en la réalisation des promesses de Dieu. Notre foi est-elle une marche confiante, comme la sienne ?
Frères, grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait.
Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable.
Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration. – Parole du Seigneur.
Commentaire : L’auteur de la lettre aux Hébreux s’adresse à des chrétiens découragés : ils ont rencontré l’opposition et la persécution, ils ont vu leurs biens confisqués ; leur foi a perdu son dynamisme, ils sont tentés de ne plus fréquenter les assemblées communautaires. Dans le sermon qu’il leur adresse, l’auteur s’efforce de montrer que la foi n’est pas un don de soi fait une fois pour toutes : elle est une marche, une aventure avec le Seigneur, portée par l’espérance. Sur cette route, les échecs et les retards dans la réalisation de la promesse peuvent devenir des moyens d’approfondir sa foi, à l’image d’Abraham qui a cru contre toute espérance.
Notre vie parsemée des oui que nous avons dits : mariage, naissance des enfants, prises de responsabilité dans le monde ou dans l’Église… Prenons le temps de remercier le Seigneur de ces oui auxquels il nous a appelés, et lesquels il nous a aidés dire.
Alléluia. Alléluia. À bien des reprises, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2, 22-40
L’enfant Jésus que Syméon tient dans ses bras, n’illumine pas seulement le cœur de ses parents : il est la lumière des nations.
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.
Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël ». Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre ».
Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. – Acclamons la Parole de Dieu.
ou lecture brève :
Alléluia. Alléluia. À bien des reprises, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2, 22. 39-40
Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur. Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui. – Acclamons la Parole de Dieu.
Commentaire : C’est une famille de pauvres qui entre dans le Temple obéir à la loi juive en faisant l’offrande prévue pour les pauvres gens. Elle n’a pas frappé le regard de service, seuls deux pauvres, Syméon et Anne, l’ont remarquée car il y a une connivence profonde entre les pauvres. Sous l’impulsion de l’Esprit, Syméon pressent le destin étrange de ce Messie des pauvres. Les hommes, qu’ils soient juifs ou païens, ou bien fermeront leur cœur et buteront sur le Christ, sur sa pauvreté, sur son message, sa croix et sa résurrection, ou bien se feront un cœur de pauvre et se verront relevés dans leur dignité par le Christ, par le pardon, sa Parole, ses souffrances et la vie nouvelle de sa résurrection.
Né sous la loi juive, et par là même enraciné dans une culture et un peuple particuliers, Jésus est la gloire d’Israël. Il est en même temps Sauveur universel, Lumière pour éclairer les nations. L’enracinement dans un peuple particulier réclame aussi de nous et de notre famille une ouverture universelle.
Année C
Lecture du premier livre de Samuel 1,20-22, 24-28
Dans ce récit, Anne préfigure Marie, la Mère de Jésus : elle ne reçoit que pour donner. Et nous, que faisons-nous des dons du Seigneur.
Elcana s'unit à Anne sa femme, et le Seigneur se souvint d'elle. Anne conçut et, le temps venu, elle enfanta un fils ; elle lui donna le nom de Samuel (c’est-à-dire : Dieu exauce) car, disait-elle : « Je l’ai demandé au Seigneur ». Elcana, son mari, monta au sanctuaire avec toute sa famille pour offrir au Seigneur le sacrifice annuel et s’acquitter du vœu pour la naissance de l’enfant. Mais Anne n’y monta pas. Elle dit à son mari : « Quand l’enfant sera sevré, je l’emmènerai : il sera présenté au Seigneur, et il restera là pour toujours ». Lorsque Samuel fut sevré, Anne, sa mère, le conduisit à la Maison du Seigneur, à Silo ; l’enfant était encore tout jeune. Anne avait pris avec elle un taureau de trois ans, un sac de farine et une outre de vin.
On offrit le taureau en sacrifice, et on amena l’enfant au prêtre Éli. Anne lui dit alors : « Écoute-moi, mon seigneur, je t’en prie ! Aussi vrai que tu es vivant, je suis cette femme qui se tenait ici près de toi pour prier le Seigneur. C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. À mon tour je le donne au Seigneur pour qu’il en dispose. Il demeurera à la disposition du Seigneur tous les jours de sa vie ». Alors ils se prosternèrent devant le Seigneur. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Anne, épouse stérile, avait fait le vœu de consacrer son fils au Seigneur si elle devenait mère d’un garçon. Exaucée dans sa prière, elle attend que l’enfant soit sevré – vers l’âge de trois ans, à l’époque – pour venir donner au Seigneur le fils qu’il lui a donné.
Rendre grâces pour l’enfant qui est né, c’est pour ses parents reconnaître qu’il ne leur appartient pas ; c’est aussi aider cet enfant à découvrir qu’il ne s’appartient pas non plus ; il est donné à lui-même, tout en lui est don de Dieu : sa vie, sa liberté, son intelligence, ses capacités d’aimer. Mais il est donné à lui-même pour les autres, pour apprendre à se donner à son tour. Enfin, il est donné à lui-même pour Dieu, pour chercher et trouver celui qui est la source de ce don. C’est dans ce don de Dieu que s’enracine la vocation personnelle de tout homme.
La foi, la prière et le témoignage d’une communauté chrétienne peuvent permettre à des jeunes d’entendre l’appel de Dieu à une vocation sacerdotale ou religieuse et d’y répondre. Les rencontrent-ils dans notre communauté ? Et si l’un de nos enfants choisissait de répondre à cet appel ?
Psaume 83
R/ : Heureux les habitants de ta maison, Seigneur !
- De quel amour sont aimées tes demeures, Seigneur, Dieu de l'univers ! Mon âme s'épuise à désirer les parvis du Seigneur ; mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu vivant ! R/
- Heureux les habitants de ta maison : ils pourront te chanter encore ! Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s'ouvrent dans leur cœur ! R/
- Seigneur, Dieu de l'univers, entends ma prière ; écoute, Dieu de Jacob. Dieu, vois notre bouclier, regarde le visage de ton messie. R/
Lecture de la première lettre de saint Jean 3, 1-2 21-24
« Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés ». Écoutons saint Jean nous rappeler cet amour de Dieu pour nous !
Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu, – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.
Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Dieu ne nous a pas seulement données à nous-mêmes, il s’est donné à nous si totalement que nous sommes ses enfants. Cela peut paraître incroyable aux yeux du monde – et même parfois à nos propres yeux lorsque nous envahit le doute – pourtant, nous sommes réellement comblés de l’amour même dont le Père aime son Fils. Sa venue à l’achèvement des temps le mettra en pleine lumière. Sûrs de cet amour et forts de notre foi en Jésus Christ, son Fils, nous sommes assurés que le Père nous a donné son Esprit, gage de notre filiation et source d’amour fraternel.
Avec l’apôtre Jean, prenons le temps de nous émerveiller : il est si grand l’amour dont le Père nous a comblés qu’il ne se contente pas seulement de nous appeler ses enfants. Nous le sommes réellement, introduits dans l’étreinte d’amour du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.
Alléluia. Alléluia. Seigneur, ouvre notre cœur pour nous rendre attentifs aux paroles de ton Fils. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 2, 41-52
Jésus, à l’âge de 12 ans, laisse entendre à ses parents que sa vraie demeure est d’être chez son Père.
Chaque année, les parents de Jésus se rendaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils montèrent en pèlerinage suivant la coutume. À la fin de la fête, comme ils s’en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem à l’insu de ses parents. Pensant qu’il était dans le convoi des pèlerins, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. Ne le trouvant pas, ils retournèrent à Jérusalem, en continuant à le chercher.
C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. En le voyant, ses parents furent frappés d’étonnement, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comment ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait.
Il descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait en son cœur tous ces événements. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. – Acclamons la Parole de Dieu.
Commentaire : Presque immédiatement après la naissance de Jésus, la violence gratuite qui menace sa vie s'abat aussi sur tant d'autres familles, en provoquant la mort des Saints Innocents. En rappelant cette terrible épreuve vécue par le Fils de Dieu et par les enfants du même âge, l'Église se sent invitée à prier pour toutes les familles menacées de l'intérieur ou de l'extérieur... La Sainte Famille de Nazareth est pour nous un défi permanent qui nous oblige à approfondir le mystère de l’ « église domestique » et de chaque famille humaine. Elle est pour nous un stimulant afin de nous inciter à prier pour les familles et avec les familles, et à partager tout ce qui pour elles constitue la joie et l'espérance, mais aussi la préoccupation et l'inquiétude.
En effet, l'expérience familiale est appelée à devenir un offertoire quotidien, comme une sainte offrande, un sacrifice agréable à Dieu. L'évangile de la présentation de Jésus au Temple nous le suggère également. Jésus, « la lumière du monde » mais aussi « signe de contradiction » (Luc 2,32-34) désire accueillir cet offertoire de chaque famille comme il accueille le pain et le vin dans l'eucharistie. Il veut unir au pain et au vin destinés à la transsubstantiation ces espérances et ces joies humaines, mais aussi les inévitables souffrances et préoccupations propres à la vie de chaque famille, en les assumant dans le mystère de son Corps et de son Sang. Ce Corps et ce Sang, il les donne ensuite dans la communion comme source d'énergie spirituelle, non seulement pour chaque personne singulière mais aussi pour chaque famille.
Que la Sainte Famille de Nazareth veuille nous ouvrir à une compréhension toujours plus profonde de la vocation de chaque famille, qui trouve dans le Christ la source de sa dignité et de sa sainteté.
Saint Jean-Paul II