Saint Félix, né à Nole (Italie) au 2e siècle était le fils d’un officier des armées romaines. Il eut le bonheur de recevoir une éducation chrétienne et se voua tout entier au service de Jésus-Christ, après avoir distribué tous ses biens aux pauvres. L’évêque de Nole, Maxime, ayant remarqué sa précoce vertu, l’ordonna à la prêtrise.
Une sanglante persécution s’éleva alors contre l’Eglise, et Maxime prit la résolution de se cacher, ayant reçu de Dieu l’inspiration de conserver sa vie pour se dévouer encore quelque temps à son service. Il se retira sur une montagne où, privé de nourriture et très affaibli, il se sentait prêt à mourir… Pendant ce temps, les envoyés de l’empereur déchargèrent leur haine contre Félix qu’ils firent arrêter et conduisirent en prison, après avoir tenté, en vain, de lui faire abjurer sa foi. Il fut jeté dans un cachot dont le sol était tapissé de pots cassés afin de lui interdire tout repos ; ils attachèrent ses mains et son cou à des chaînes et mirent une entrave à ses pieds. La nuit même, un ange de lumière apparut dans cette geôle, lui commandant de le suivre. Il se demanda quelques instants s’il ne rêvait pas, mais il se rendit vite à la réalité : ô merveille, tous ses liens se brisèrent immédiatement. Alors, les portes s’ouvrirent pour lui laisser le passage, de la même manière que, deux siècles et demi plus tôt, s’ouvrirent celles qui permirent au prince des Apôtres de recouvrer la liberté. Il suivit l’ange qui le conduisit par un itinéraire inconnu, jusqu’à l’endroit ou saint Maxime s’était retiré. Il le trouva couché à terre, transi de froid et exténué par la faim. Saint Félix l’embrassa et le réchauffa du mieux qu’il put, mais reconnaissant que les efforts humains seraient inutiles, il eut recours à la prière ; c’est alors que, par un effet de la Providence, il aperçut une grappe de raisin attachée à un buisson, la cueillit, la pressa et en fit couler le jus dans la bouche du saint vieillard qui reprit peu à peu ses forces. Il chargea l’homme de Dieu sur ses épaules et le conduisit à la maison épiscopale où l’on prit soin de lui.
Notre saint, de son côté, se cacha dans sa propre demeure, et quelque temps après, il parut publiquement pour annoncer l’Evangile. Les officiers de l’empereur, apprenant son retour dans la ville, appliquèrent tous leurs soins à le chercher. Ils arrivèrent sur la place où il se trouvait, et par un effet mystérieux, ils ne le reconnurent pas. Ils s’adressèrent même à lui en ces termes :
- N’avez-vous pas rencontré le prêtre Félix ?
- Non, répondit-il, sans avoir besoin de recourir à un mensonge ; je ne l’ai pas vu passer.
Considérant qu’il n’avait pas de temps à perdre, il se retira promptement hors de la ville, et se réfugia dans une vieille masure. Là, miracle insolite, des araignées filèrent instantanément une toile si épaisse devant sa cachette, que ses poursuivants arrivés peu après, n’eurent même pas l’idée de le rechercher derrière cet écran providentiel. Ainsi abusés, les soldats s’en retournèrent tout confus, et notre saint se mit à chanter les louanges de Dieu. Il demeura dans ces ruines durant six mois, nourri par une âme généreuse, qui, avertie miraculeusement de sa présence, lui apportait chaque jour la nourriture nécessaire et l’eau dont il avait besoin.
L’empereur étant mort, il réapparut en public et reprit ses prédications auprès du peuple. Il vécut dans une petite maison entourée d’un jardin qu’il cultivait de ses propres mains, faisant bénéficier les malheureux d’une partie de ses récoltes. Quelques années encore, pauvre parmi les pauvres, il se consacra à la gloire de Dieu, après quoi sa belle âme s’envola vers le Ciel. Quand il mourut, on fut obligé de laisser longtemps son corps exposé à la vénération du peuple. De son cercueil, sortait comme l’assure saint Paulin, un baume qui guérissait les malades, que l’on appelait : manne de saint Félix.