Année B
Nous avons fait mémoire en cours des dernières semaines que nous venons de vivre, de la venue en ce monde du Fils de Dieu, le Fils Bien-Aimé du Père qui s’est fait homme pour nous sauver : nous avons fêté son incomparable naissance la nuit de Noël à Bethléem, son Epiphanie c’est-à-dire sa manifestation à des païens représentés par les mages, et dimanche dernier son Baptême qu’il a reçu des mains de Jean-Baptiste son Précurseur, à l’âge de 30 ans dans les eaux du Jourdain.
Je voudrais évoquer aujourd’hui les 30 années qu’il a vécues à Nazareth au foyer de Marie et de Joseph, longue période que l’on a désignée sous le nom de vie cachée, durant laquelle Jésus à caché à tous ceux qui l’entouraient ou qu’il côtoyait sa véritable identité de Fils de Dieu, ne faisant rien qui puisse attirer l’attention sur Lui, ne laissant rien soupçonner de sa future mission.
Regardons durant quelques instants avec les yeux intérieurs de notre foi ce que fut sa vie d’enfant, d’adolescent et de jeune homme, si ordinaire en apparence, mais si extraordinaire aux yeux de Dieu... Nous y puiserons de précieuses leçons pour la conduite de notre vie qui peut nous paraître banale, sans intérêt, inutile et sans but... Jésus nous rappelle tout d’abord l’importance, la valeur inestimable du silence : ce silence pour lequel le monde d’aujourd’hui n’a pas beaucoup d’estime. Jésus avait besoin de ce silence (silence extérieur et silence intérieur) pour pouvoir se recueillir et prier. Car Jésus priait sans cesse... On peut dire que la prière était la respiration de son âme : c’était d’abord une prière personnelle, quelques soient les circonstances, quelles que soient ses occupations (par exemple en jouant avec ses camarades quand il était enfant, ou en apprenant auprès de saint Joseph son métier de charpentier) Jésus demeurait tourné vers son Père des Cieux, uni intimement à Lui. C’était aussi une prière communautaire car chez les juifs en famille ou avec d’autres on s’adressait à Dieu plusieurs fois par jours, dès le matin en se levant, avant et après les repas, avant de se coucher, quand le soleil se levait, quand la pluie se mettait à tomber etc... C’est également uni à ses parents et aux autres familles du village que Jésus célébrait chaque samedi le sabbat, journée consacrée à Dieu. On se retrouvait à la synagogue du village pour y écouter la Parole de Dieu et pour y chanter avec les Psaumes les louanges du Seigneur.
Demandons souvent à Dieu Notre Père la Grâce de savoir imiter Jésus en priant très souvent au cours de nos journées, soit en récitant le chapelet comme Marie nous l’a tant recommandé, soit en lisant et méditant la Parole de Dieu, soit encore en multipliant des invocations, il y a tant de façons de s’adresser à Dieu.
Beaucoup pensent que la prière est une activité inutile comme la rêverie ; mais dans son enseignement Jésus nous dit le contraire : la prière c’est ce qu’il y a de plus utile à nous-mêmes et à tous ceux pour qui nous prions qu’ils soient vivants ou défunts... Seulement, la plupart du temps il ne nous est pas donné de percevoir cette efficacité... Pour imiter Jésus, faisons en sorte que notre prière soit de plus en plus fréquente, ardente et persévérante et qu’elle soit par-dessus tout remplie de confiance. Il y a un autre enseignement que Jésus nous donne aussi par sa vie caché à Nazareth : c’est l’amour fraternel envers nos proches.
Pour Jésus à Nazareth les proches c’étaient ses parents Marie et Joseph. A nous d’imaginer avec quelle tendresse il les entourait et avec quel empressement il leur rendait toutes sortes de services... Mais il y avait aussi à Nazareth ses cousins (dont l’Evangile nous parle à plusieurs reprises), ses voisins, ses amis ainsi que les clients qu’il rencontrait dans l’exercice de sa profession de charpentier.
Si nous voulons avoir une idée des relations qu’il entretenait avec eux, il nous suffit de voir à travers les récits de l’Evangile comment il se comportait vis-à-vis de tous ceux qui venaient vers Lui et vers qui il allait : en particulier les pauvres, les malades, les pécheurs, ceux que l’on méprise et qu’on laisse de côté.
Que ce soit durant les années de la vie cachée ou les 3 ans de la vie publique : c’était toujours le même accueil, la même attention, la même beauté, la même miséricorde, bref, le même amour sans limites qui sans cesse donnait se donner et pardonnait. Demandons souvent à Jésus la grâce de mettre en pratique vis-à-vis de nos proches et de tous ceux que nous côtoyons les qualités de cet amour fraternel que saint Paul énumère dans sa 1ère Lettre aux Corinthiens « l’amour prend patience, il rend service, il ne jalouse pas, ne se gonfle pas d’orgueil, ne cherche pas son intérêt, ne s’emporte pas, ne garde pas rancune » (et par conséquent accorde toujours son pardon). N’oublions pas que c’est par tous ces petits actes d’amour envers nos frères que nous prouvons à Dieu notre amour et pensons qu’au soir de notre vie c’est sur cet amour que nous serons jugés.
Chers frères et sœurs, plus nous contemplerons la vie de Jésus à Nazareth si ordinaire en apparence, mais si extraordinaire par sa qualité spirituelle et plus nous comprendrons que ce qui fait la valeur de notre vie aux yeux de Dieu ce n’est pas le paraître mais l’être, c’est l’amour qui habite notre âme, un amour qui inspire et imprègne toutes nos actions, même les plus insignifiantes... Rien n’est petit de ce qui est fait par amour...
Puisse la lumière qui émerge des longues années que Jésus a vécues à Nazareth... (Et qu’avec Lui, Marie et Joseph ont vécues) nous aider à traverser la grisaille et la monotonie des jours dans la sérénité, l’espérance et même cette joie surnaturelle qui faisait dire à saint Paul : « J’exulte de joie au milieu des tribulations ».
Amen.