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15 novembre 2023 3 15 /11 /novembre /2023 15:51

 

Lecture du livre des Proverbes 31,10-13. 19-20. 30-31

Voici le portrait d’une femme de ressources, tant pour son travail que pour son ouverture aux pauvres.

Une femme parfaite, qui la trouvera ? Elle est précieuse plus que les perles ! Son mari peut lui faire confiance : il ne manquera pas de ressources. Elle fait son bonheur, et non pas sa ruine, tous les jours de sa vie. Elle sait choisir la laine et le lin, et ses mains travaillent volontiers. Elle tend la main vers la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau. Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux.

Le charme est trompeur et la beauté s’évanouit ; seule, la femme qui craint le Seigneur mérite la louange. Célébrez-la pour les fruits de son travail : et qu’aux portes de la ville, ses œuvres disent sa louange ! – Parole du Seigneur.

Commentaire : Ce très beau poème en faveur de la femme prend toute sa signification si l’on songe que dans l’Antiquité la femme était habituellement considérée comme la chose de son mari. Le poème biblique s’attache à décrire ses qualités d’épouse et de mère, tout autant que son activité économique qui la sort du seul horizon de son foyer. Mais plus que toutes ces qualités, l’auteur célèbre son ouverture de cœur devant Dieu et le pauvre. Si la grâce et la beauté sont un charme certain, combien décevantes sont-elles si elles ne s’accompagnent pas de toutes ces qualités !

« Elle lui donne le bonheur ». Donner le bonheur, c’est souvent le fruit d’une attention sans cesse renouvelée à l’autre, dans un couple, entre amis et dans les rencontres quotidiennes. À qui donner cette semaine ce bonheur ?

Psaume 127

R/ : Heureux qui craint le Seigneur !

  • Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies ! Tu te nourriras du travail de tes mains : Heureux es-tu ! À toi, le bonheur ! R/
  • Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d'olivier. R/
  • Voilà comment sera béni l'homme qui craint le Seigneur. De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie. R/

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 5, 1-6

Nous attendons la venue de Jésus Christ dans la gloire, mais il viendra comme un voleur dans la nuit. Ne nous laissons pas surprendre !

Pour ce qui est des temps et des moments de la venue du Seigneur, vous n’avez pas besoin, frères, que je vous en parle dans ma lettre. Vous savez très bien que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit. Quand les gens diront : « Quelle paix ! Quelle tranquillité ! », c’est alors que, tout à coup, la catastrophe s’abattra sur eux, comme les douleurs sur la femme enceinte : ils ne pourront pas y échapper. Mais vous, frères, comme vous n’êtes pas dans les ténèbres, ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur. En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Toute l’existence chrétienne est sous le signe de l’espérance : celle du Jour où Jésus Christ se manifestera comme le Seigneur de tout homme et de tout l’univers. Sûrs de la Parole de Dieu, nous savons qu’il accomplira ce qu’il a promis et déjà commencé : un monde nouveau point déjà au sortir de la nuit. Nous n’en connaissons pas la date, nous savons seulement que ce Jour surprendra les hommes qui se confiaient aveuglément en eux-mêmes, mais viendra comme un jour de joie pour tous ceux qui se laissent conduire par la lumière du Christ. vivre dans l’espérance de ce Jour, c’est travailler avec vigilance à l’œuvre de Dieu, à la création nouvelle de toutes choses, à faire naître une humanité nouvelle.

Pour qu’il n’entre pas dans notre vie par effraction, tel un voleur dans la nuit, laissons ouverte la porte de notre cœur à tous les passages du Seigneur, qu’il vienne à nous par sa Parole ou dans le visage de nos frères, les hommes.

Alléluia. Alléluia. Demeurez en moi, comme moi en vous, dit le Seigneur ; celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 25, 14-30

On ne peut accueillir l’Évangile sans avoir le goût du risque. La prudence en ce domaine mène à l’imprudence.

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Un homme qui partait en voyage appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il remit une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul talent, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.

[Aussitôt, celui qui avait reçu les cinq talents s’en alla pour les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître].

Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint et il leur demanda des comptes. Celui qui avait reçu cinq talents s’approcha, présenta cinq autres talents et dit : “Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.” Celui qui avait reçu deux talents s’approcha aussi et dit : “Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres.” Son maître lui déclara : “Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.”

[Celui qui avait reçu un seul talent s’approcha aussi et dit : “Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.” Son maître lui répliqua : “Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. À celui qui a, on donnera encore, et il sera dans l’abondance ; mais celui qui n’a rien se verra enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dans les ténèbres extérieures ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents !” »] – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Cette parabole attire notre attention sur le cas du troisième serviteur qui se juge lui-même : il savait que son maître lui réclamerait davantage, mais par peur du risque, il s’est refusé à mettre en valeur le bien reçu ; pourtant, il s’estime juste : « tu as ce qui t’appartient », insinuant l’injustice de son maître à lui réclamer davantage. Qui est visé derrière ce troisième serviteur ? Tous ceux qui devant le message de l’Évangile refusent les exigences de Dieu : les pharisiens du temple de Jésus qui s’enferment dans leurs bonnes œuvres croyant être ainsi quittes devant Dieu ; les chrétiens qui enfouissent la Bonne Nouvelle par peur du risque à se compromettre pour elle : ceux qui se reposent sur la bonne conscience de leur baptême et de leur pratique religieuse en pensant que Dieu n’en demande pas davantage ; ceux qui ne vont pas jusqu’au bout de leur possibilités parce qu’il est plus sage de se ménager…

Si le troisième serviteur avait perdu le talent confié parce qu’il avait osé prendre des risques pour le faire fructifier, son maître l’aurait félicité de n’avoir pas été paralysé par la peur. Quelles sont les initiatives que j’ai su prendre malgré mes craintes d’échouer ?

Homélie

Cette parabole des talents que nous venons d’entendre nous fait comprendre à quel point Dieu nous prend au sérieux. S’il nous a créés sans nous, il ne veut pas nous sauver sans nous. Nous ne sommes pas des marionnettes entre ses mains. Dans sa sagesse et dans sa bonté il a fait de nous des partenaires de son alliance, des collaborateurs libres et responsables. C’est pourquoi Jésus nous invite si instamment à travailler, avec son aide, avec le secours de sa grâce, à la sanctification de tout notre être et de toute notre vie. Le temps que nous avons à passer sur la terre ne nous est octroyé que pour cela : pour nous préparer à la vie du ciel en nous sanctifiant.

En vue de cette merveilleuse réussite de toute notre existence, Dieu nous a tous comblés de dons naturels et surnaturels. Nous lui devons tout, en effet. Sans doute certains ont-ils beaucoup plus reçu que d’autres ! Mais chacun a reçu une certaine part. Il n’y a pas de cœurs vides, ni de mains, ni de mesures à demie comblées. Chacun a reçu une plénitude selon la mesure qui est la sienne. On pourrait dire que Dieu est comme un jardinier qui a planté mille graines différentes pour constituer un parterre multicolore dans le jardin de son amour. Encore faut-il investir toute notre bonne volonté et présenter l’engagement de notre cœur, les forces de notre corps, les qualités de notre esprit pour réaliser peu à peu le tapis de fleurs qui ornera le Paradis.

Disons-nous bien, frères et sœurs, que toute grâce est une responsabilité, toute facilité est un appel au travail, toute aptitude est une mission que Dieu lui-même nous confie : la maladie comme la sante, l’intelligence comme la sensibilité, la foi comme la recherche dans la nuit, le rire de l’enfant comme le sourire du vieillard, le métier et le repos, la vie et la mort : tout doit devenir offrande à Dieu, service des autres, progrès incessant dans la Foi, l’Espérance et l’Amour.

Il ne faudrait jamais oublier, en effet, frères et sœurs, qu’une des lois fondamentales de la vie chrétienne, c’est la Loi de croissance. Jésus y insiste souvent dans l’Evangile : nous y sommes comparés à un arbre qui doit porter des fruits : « Moi je suis la vigne, nous dit le Seigneur, et vous vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruits. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comment un sarment coupé et qui se dessèche ; et les sarments secs on les jette au feu et ils brûlent ».

Ces paroles sont graves : elles doivent nous interpeller : chacun doit se dire : plus est en moi : je peux faire encore davantage, je peux donner encore de nouveaux fruits…

Le serviteur qui avait reçu un unique talent n’avait pas pris conscience de cette exigence de fructification, de progrès incessant, sans quoi il aurait trouvé comme les deux autres le moyen de doubler la mise et aurait mérité des félicitations. Seulement voilà : cet homme a eu peur, une mauvaise peur qui lui a conseillé de ne pas prendre de risques. Ce n’est pas l’amour qui commandait sa vie, mais un manque d’audace doublé sans doute d’une grande paresse… Ainsi vous est rappelé que le chrétien c’est quelqu’un qui prend des risques au service de Dieu. C’est quelqu’un qui ose la folle aventure de la Foi dans un monde où tout va à l’encontre de la Foi, dans un monde où la seule réussite que l’on estime c’est celle de l’argent ou de la volonté de puissance avec tout ce que cela implique…

Notre marche vers Dieu, frères et sœurs, ne saurait être une prudence sans risques : « Ne rien casser, ne rien se casser, ne rien laisser casser » : c’est la devise des timorés, ce n’est pas une devise chrétienne.

La prudence, vertu cardinal est à la fois audace et courage. Cette audace et ce courage sont des dons du Saint-Esprit. Et les donc du Saint-Esprit ne sont pas des jouets pour enfants gâtés. Ils ont une valeur sociale. Ils doivent être mis au service de la communauté. Soyons très attentifs à cette dimension communautaire de la parabole.

En fait si l’on y réfléchit bien les talents ne sont pas autre chose que la Parole de Dieu, l’Evangile du Christ qui nous est confié. Or, qu’est-ce que l’Evangile pour nous : une collection de sentences anciennes ou une poignée de semences vivantes ?

Le semeur de la Parabole, dites-moi, ne risque-t-il pas tout sa semence ? Il en perd les trois quarts, mais quelle récolte avec le dernier quart ! « Du trente, du soixante, du cent pour un ! »

Puissions-nous donc toujours mieux comprendre, chers frères et sœurs que, dans la communauté des disciples du Christ, tout baptisé a son talent ou ses talents, à faire produire dans l’intérêt de tous… Ce qui compte, en définitive et dont nous aurons à rendre compte au soir de notre vie, ce n’est ni la qualité, ni le nombre, ni l’importance de nos talents, mais la fidélité à faire fructifier ce que Dieu nous a donné.

Prions instamment, Celle qui est la Vierge Fidèle : Marie, Mère de Jésus et notre Mère, de nous obtenir cette grâce. Car Jésus l’a fortement souligné dans cette parabole : Il y va de notre Joie éternelle auprès du Père.

« C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle pour peu de choses : entre dans la Joie de ton Maître ».

 Amen.

Lectures du 33ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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8 novembre 2023 3 08 /11 /novembre /2023 18:47

Lecture du livre de la Sagesse 6, 12-16

Nous croyons toujours que c’est nous qui cherchons Dieu. Mais à travers la Sagesse, c’est Dieu qui vient à notre rencontre, jusqu’à venir en personne par Jésus.

La Sagesse est resplendissante, elle ne se flétrit pas. Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle devance leurs désirs en se faisant connaître la première. Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte. Penser à elle est la perfection du discernement, et celui qui veille à cause d’elle sera bientôt délivré du souci. Elle va et vient à la recherche de ceux qui sont dignes d’elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre. – Parole du Seigneur.

Commentaire : À Alexandrie, capitale culturelle du monde grec au 1er siècle avant notre ère, bien des maîtres de philosophie se présentaient pour donner aux hommes la connaissance de la vérité et de la sagesse de vie. Obtenir cette sagesse réclamait de longues études et méditation pas toujours couronnées de succès. Notre auteur présente en regard la Sagesse qui vient de Dieu comme une amie qui prévient les désirs des hommes, va au-devant d’eux et les accompagnent dans leur recherche. Elle se laisse trouver aisément par ceux qui la cherchent avec loyauté, seule condition pour être digne d’elle. Nous savons désormais que cette vérité et cette sagesse de vie est une personne divine, le Christ Jésus, ami des hommes qui cherchent la vérité d’un cœur loyal.

Dans la prière je relis ce texte en remplaçant la « Sagesse » par la « personne de Jésus Christ » et en prenant le temps de m’arrêter quelques instants sur les phrases qui me parlent le plus.

Psaume 62

R/ : Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu !

  • Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. R/
  • Je t’ai contemplé au sanctuaire, j’ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! R/
  • Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. R/
  • Dans la nuit, je me souviens de toi et je reste des heures à te parler. Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l’ombre de tes ailes. R/

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens 4, 13-18

À ceux qui sont inquiets pour le sort de leurs morts, Paul rappelle que la résurrection du Christ est le gage du cortège triomphal qui mènera les vivants et les morts à la rencontre du Seigneur.

Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons aussi, ceux qui se sont endormis, Dieu, par Jésus, les emmènera avec lui.

Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : nous les vivants, nous qui sommes encore là pour la venue du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis. Au signal donné par la voix de l’archange, et par la trompette divine, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront d’abord. Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur. Réconfortez-vous donc les uns les autres avec ce que je viens de dire. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Les Thessaloniciens croient que Jésus est ressuscité, mais lorsqu’il s’agit de leurs défunts, ils ne le croient plus puisqu’ils doutent de leur sort. Leur foi a bien du mal à passer dans leur vie et leur espérance. Paul leur rappelle que le chrétien est un homme d’espérance, une espérance inébranlable puisqu’elle s’appuie sur un fait, celui de la résurrection de Jésus, et non sur quelque espoir humain de survie par-delà la mort. Ceux qui ont vécu dans l’amitié du Christ lui sont unis pour toujours. Lors de la résurrection universelle, les vivants comme les morts paraîtront ensemble devant le Christ-Juge pour partager sa gloire auprès du Père s’ils lui sont restés fidèles.

Peu importe le scénario. Pour l’apôtre l’essentiel tient dans cette phrase : « Ainsi nous serons pour toujours avec le Seigneur ». C’est de cette certitude qu’il nous faut témoigner auprès de ceux qui sont dans l’ignorance au sujet de leurs défunts.

AlléluiaAlléluia. Veillez, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 25, 1-13

Les dix jeunes filles étaient toutes parties à la noce ; cinq ont trouvé porte close parce qu’elles n’avaient pas gardé leur lampe allumée. Jésus ne prévient pas quand il passe.

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples cette parabole : « Le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile. Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. Au milieu de la nuit, il y eut un cri : ‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’ Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et se mirent à préparer leur lampe. Les insouciantes demandèrent aux prévoyantes : ‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.’ Les prévoyantes leur répondirent : ‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous, allez plutôt chez les marchands vous en acheter.’ Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour et dirent : ‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’ Il leur répondit : ‘Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.’

Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : La phrase finale qui demande de veiller s’adapte assez mal à la parabole puisque toutes les jeunes filles se sont endormies. Il s’agit plutôt d’être prêt à rencontrer le Christ à tout moment, même dans la nuit qui symbolise souvent dans la Bible l’opacité d’un monde livré au péché, même si le Christ paraît tarder à venir, ce qui évoque pour Matthieu la tentation de désespérer du Seigneur aux moments de crise. Il s’agit de tenir en tout temps sa lampe allumée, c’est-à-dire d’agir selon la volonté de Dieu, en vivant dans la foi et la charité et non de se moquer de Dieu en se berçant de belle paroles ou de bons sentiments. Car la parabole est celle d’un jugement sévère : « Je ne vous connais pas », adressé à des chrétiens qui croyaient qu’il suffisait de dire : « Seigneur, Seigneur ! »

Être prêts à aller au-devant du Christ même quand sa venue est impromptue lors d’une rencontre, d’un événement, d’une demande qui nous est adressée.

Lectures du 32ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

Homélie

En ces derniers dimanches de l’année liturgique, l’Eglise nous invite à devenir des Sages qui se posent les vraies questions fondamentales et essentielles :

  • Où allons-nous ?
  • Quel est le sens de notre vie ?
  • Qu’est-ce qui est primordial pour nous ?
  • Quelle est l’ultime fin de l’homme ?

Et si la vraie sagesse consistait à ne jamais oublier que notre vie actuelle n’est pas la vraie vie, mais un voyage inexorable vers la mort !…

Malheureusement le monde moderne s’ingénie à effacer cette réalité de la mort, à la camoufler derrière les murs insonorisés de nos hôpitaux. Le défunt s’en va souvent seul (comme sur la pointe des pieds) et il passe discrètement du funérarium au cimetière…

Nous risquons fort de mourir dans l’inconscience de notre mort, drogués par toutes sortes de calmants…

Nous vivons surtout aveuglés par le faux-espoir que la mort n’existe pas pour nous. Tout au plus existe-t-elle pour les autres… Pourtant nous la rencontrons à tout instant : chaque jour à la radio nous apprenons la disparition de tel ou tel homme célèbre. Nous revoyons constamment à la télévision les visages d’artistes disparus, d’hommes politiques ou de grands savants.

Les catastrophes se suivent et emportent avec elles leur cortège de victimes de tout âge et de toute condition : on finit même par s’habituer au chiffre impressionnant de ceux qui en quelques instants disparaissent dans les tremblements de terre, les inondations ou les attentats de plus en plus meurtriers.

Alors, frères et sœurs, parlons de la mort. N’hésitons pas à la regarder en face : cela ne nous fera pas mourir maintenant.

D’abord une chose est sûre : c’est qu’un jour nous ne serons plus : demain, dans 10 ans ou dans 80 ans… Peu importe, la vie est courte et la mort nous attend inexorablement. Nous sommes des condamnés en sursis.

Mais il y a une autre certitude, c’est que la mort comme l’époux de la parabole « viendra au milieu de la nuit » c’est-à-dire sans prévenir, sans faire-part, ni invitation. Elle sera toujours une surprise « un cri déchirant la nuit… » « vous ne savez ni le jour, ni l’heure ». Mais son heure pour chacun de nous sera celle de Dieu.

La parabole des vierges sages et des vierges folles éclaire singulièrement ce qu’est la vie et la mort. Au temps du Christ la jeune fille attendait le bon vouloir de son fiancé pour fixer la date des noces. Il venait la surprendre (même en pleine nuit) pour s’assurer qu’elle était prévoyante et digne d’être son épouse.

A travers ce récit, Jésus nous livre la clé du sens de la vie terrestre : le jour de notre baptême nous avons été fiancés au Christ-Jésus, le Fils de Dieu. Saint Paul le disait explicitement à ceux qu’il avait évangélisé. « Je vous ai fait rencontrer le seul époux véritable, vous êtes l’épouse vierge et sainte que j’ai présentée au Christ ». Ce jour-là un cierge allumé nous a été confié, signe de la lumière de la foi déposée en nos cœurs. La vie devient ensuite le temps de l’attente, une attente heureusement supportable, car à chaque Eucharistie, l’Epoux vient mystérieusement nous assurer et nous nourrir de sa présence et de son amour. Mais c’est seulement la mort qui nous fera entrer pleinement dans les noces définitives avec le Seigneur, si toutefois nous avons gardé dans notre cœur la Lumière de la Foi est la Flamme de l’Amour.

Frères et sœurs, nous savons que la terre est cet immense chantier où la matière a donné la vie, qui elle-même a accédé à l’intelligence et à l’esprit. Puis l’esprit, travaillé intérieurement par la grâce, est devenu amour. Le magnifique projet de Dieu est que les hommes deviennent amour comme lui-même est amour.

Pour réaliser ce plan, il a envoyé son Fils qui s’est fait homme pour que les hommes deviennent comme Lui des fils de Dieu. Ce fils, le Christ a accroché les hommes à sa cordée pour les entraîner à sa suite vers la Maison du Père. Mieux que cela il a épousé l’humanité sur le lit nuptial de la Croix. Il lui a mis l’alliance au doigt pour que promue fille de Dieu par épousailles avec le Fils Unique, elle entre un jour dans l’indicible bonheur de la Très Sainte Trinité.

En fait, le projet de Dieu ce sont les noces éternelles de son Fils et de l’humanité commencées ici-bas et consommées dans la Gloire de l’au-delà.

Ainsi chacun de nous, à sa mort entre dans les noces de l’éternité dont les noces terrestres de l’homme et de la femme sont l’Annonce et le Signe.

Dès lors pourquoi craindre la mort ?

Nous serons emmenés par Dieu avec Jésus nous dit Saint Paul, pour devenir par Lui et en Lui, en compagnie de Marie et de tous les saints, des êtres éternellement vivants, jouissant de l’inimaginable Béatitude du Père, du Fils et du Saint Esprit.

Cette venue de l’Epoux puissions-nous frères et sœurs l’attendre ardemment et impatiemment. Sachant qu’il viendra comme un voleur, essayons de garder toujours allumée dans notre cœur la flamme de la Foi et de l’Amour.

Préparons-nous chaque jour à la rencontre.

Faisons nôtres les paroles du Psaume 62 : « Mon âme a soif du Dieu vivant, quand le verrai-je face à face ? »

Oui, qu’une prière humble, confiante, et persévérante creuse toujours plus en nous le désir de ce grand rendez-vous d’Amour au sein de notre vie.

Amen.

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2 novembre 2023 4 02 /11 /novembre /2023 18:41

Lecture du livre de Malachie 1, 14b ; 2, 2b. 8-10

Je suis le Grand Roi, dit le Seigneur de l'univers, et mon Nom inspire la crainte parmi les nations. Maintenant, prêtres, à vous cet avertissement : Si vous n'écoutez pas, si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon Nom - déclare le Seigneur de l'univers - j'enverrai sur vous la malédiction, je maudirai les bénédictions que vous prononcerez. Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude, vous avez perverti mon Alliance avec vous, déclare le Seigneur de l'univers. À mon tour je vous ai déconsidérés, abaissés devant tout le peuple, puisque vous n'avez pas suivi mes chemins, mais agi avec partialité en accommodant la Loi. Et nous, le peuple de Dieu, n'avons-nous pas tous un seul Père ? N'est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? Pourquoi nous trahir les uns les autres, profanant ainsi l'Alliance de nos pères ?

Commentaire : À l’élan religieux qui a suivi le retour d’exil et la reconstruction du Temple de Jérusalem, succède une période de tiédeur où tout le monde se laisse aller. Malachie en fait porter la responsabilité aux prêtres. Eux qui se devaient de maintenir la foi vivante et de rappeler les exigences de l’Alliance avec Dieu, pactisent avec l’état d’esprit général : ils trouvent pour eux-mêmes et pour le peuple des accommodements avec la Loi. Le prophète en est d’autant plus indigné que bien des nations païennes manifestent un plus grand respect de Dieu dans leur religion naturelle.

« Dieu n’en demande pas tant », entendons-nous dire quelques fois. Si c’était vrai, s’il n’avait aucune exigence envers nous, il ne nous aimerait pas vraiment.

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 2, 7b-9.13

Frères, avec vous nous avons été pleins de douceur, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l'Évangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes, car vous nous êtes devenus très chers. Vous vous rappelez, frères, nos peines et nos fatigues : c'est en travaillant nuit et jour, pour n'être à la charge d'aucun d'entre vous, que nous vous avons annoncé l'Évangile de Dieu. Et voici pourquoi nous ne cessons de rendre grâce à Dieu. Quand vous avez reçu de notre bouche la parole de Dieu, vous l'avez accueillie pour ce qu'elle est réellement : non pas une parole d'hommes, mais la parole de Dieu qui est à l'œuvre en vous, les croyants.

Commentaire : Annoncer l’Évangile ne consiste pas à répéter seulement les paroles de la Bonne Nouvelle de Jésus, mais à permettre à des hommes et à des femmes d’entendre ces paroles non comme une parole d’hommes, mais comme la Parole de Dieu. Cela suppose un certain nombre de qualités chez les témoins de l’Évangile : qu’ils ne soient pas imbus de leur supériorité, mais désireux de se mettre au service de ceux à qui ils annoncent la Bonne Nouvelle, qu’ils ne recherchent pas leur avantage, mais qu’ils payent de leur personne, gratuitement. C’est bien en se donnant eux-mêmes qu’ils donneront l’Évangile, comme Jésus Christ l’a fait en livrant sa vie pour nous.

La Parole de Dieu s’adresse aux hommes par l’entremise de paroles humaines. Comment les reconnaître comme Parole de Dieu ? Par la qualité de vie et d’oubli de soi de ceux qui ont charge de l’annoncer.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 23, 1-12

Jésus déclara à la foule et à ses disciples : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu'ils peuvent vous dire. Mais n'agissez pas d'après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ; ils aiment les places d'honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n'avez qu'un seul enseignant, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n'avez qu'un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n'avez qu'un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s'élèvera sera abaissé, qui s'abaissera sera élevé ».

Commentaire : L’attitude pharisaïque que décrit Jésus lui sert de repoussoir pour caractériser ce que doit être l’attitude de ses disciples. Tous les pharisiens et les scribes ne correspondent pas, bien sûr, au portrait que trace l’évangile qui se contente de stigmatiser une attitude assez répandue dans ce groupe. Matthieu prolonge cet enseignement à l’intention spécialement des chrétiens qui détiennent quelque responsabilité dans l’Église. Il les met en garde contre cet état d’esprit qui consiste à dire et à ne pas faire, à imposer aux autres des exigences qu’on n’observe pas soi-même, à rechercher avec vanité la considération des hommes. L’exercice de l’autorité ou de quelque fonction dans l’Église doit être pour les disciples l’occasion de servir, puisqu’un seul, Jésus Christ, est Maître et Seigneur d’une communauté de frères qui n’a qu’un seul Père.

Avons-nous pour nous les mêmes exigences que celles que nous avons pour les autres ?

Prière universelle

Le Seigneur nous prend sur son cœur comme une mère porte un nourrisson. Dans la tendresse et l’amour, il nous éduque et nous réconforte. Aujourd’hui, nous le prions pour tous ceux et celles qui le connaissent mal ou ne le connaissent pas.

R/ : Seigneur, ouvre nos cœurs à ta présence.

  • Pour l’Église ; qu’elle ne cesse de témoigner du Dieu de bonté, toujours prêt à pardonner et à donner en surabondance. R/
  • Pour les personnes élues pour nous gouverner ; qu’elles s’inspirent de l’humilité de Jésus afin qu’elles deviennent les amis des pauvres et des petits. R/
  • Pour les catéchètes et les guides spirituels ; que leur manière de vivre soit toujours plus cohérente avec leur enseignement. R/
  • Pour les pasteurs de l’Église et les personnes consacrées ; que leur vie tout entière soit un réel témoignage de la tendresse divine. R/
  • Pour notre communauté chrétienne ; qu’elle évangélise sans endoctriner, qu’elle secoure les plus faibles sans rechercher son intérêt, qu’elle serve sans dominer. R/

Père très bon, nous voici tout petits devant toi, sans peur d’être condamnés. Touche-nous par ton amour comme toi seul sait le faire pour que nous puissions à notre tour réconforter nos frères et sœurs. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen.

Source : https://fr.novalis.ca/

Lectures du 31ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

Homélie

L’Évangile de ce dimanche nous trace 2 portraits : celui de l’homme orgueilleux et celui de l’homme humble.

  • L’homme orgueilleux c’est celui qui aime être considéré comme Maître, Père ou Docteur. S’estimant supérieur aux autres, il cherche avant tout à dominer, à parader, à présider, à se donner des titres. Ce qui compte à ses yeux c’est l’apparence, l’extérieur, le spectacle. Il s’agit principalement pour être vu des hommes. Centré sur luimême, il ne sait pas obéir, ni aimer… Il n’est jamais content de rien ni de personnes, il n’estime les autres qu’en fonction de l’honneur qu’il en reçoit. Comment un tel homme pourrait-il être agréable à Dieu ? La Bible nous dit en effet, que « Dieu résiste aux orgueilleux, mais qu’il donne sa grâce aux humbles ».
  • Le véritable disciple du Christ, Lui, doit être particulièrement humble. Dans l’Évangile, Jésus montre à plusieurs reprises que pour arriver à la vraie grandeur il faut se mettre à la dernière place. À ses yeux la montée de l’âme est une descente : « Celui qui s’abaisse sera élevé ».

L’humilité c’est la condition indispensable de la vie chrétienne (cette vie de foi, d’espérance et d’amour) qui nous prépare à la vie bienheureuse du ciel. Pour nous le faire comprendre saint Augustin nous a livré cette réflexion qui est particulièrement frappante : « Si vous me demandez ce qu’il faut d’abord pour être chrétien, ne vous répondrai : l’humilité ; et ce qu’il faut encore : je vous répèterai l’humilité et aussi souvent que vous me poserez la question je vous ferai la même réponse ». On ne peut pas être plus catégorique… Or, il se trouve que cette HUMILITE est aussi insupportable à l’homme qu’elle lui nécessaire.

La recherche fiévreuse des places, de l’avancement, des distinctions, le vedettariat, autant de manifestations souvent puériles de l’orgueil foncier qui nous anime, comme il animait les pharisiens si fortement stigmatisés par Jésus au début de cet Évangile.

Depuis la première tentation au Paradis terrestre, c’est constamment que l’homme aspire à se faire dieu. Alors, aux grands maux, les grands remèdes. Il fallait bien que le mal fut redoutable pour que le Fils de Dieu voulant le guérir, ait employé ce remède qui s’appelle l’Incarnation : c’est-à-dire le Mystère du Fils de Dieu qui se fait homme en prenant dans le sein de la Vierge Marie une nature humaine en tout semblable à la nôtre sauf le péché. « Un homme se fait dieu par orgueil, nous dit Bossuet, un Dieu se fait homme par humilité ; l’homme s’attribue faussement la grandeur de Dieu et Dieu prend véritablement le néant de l’homme ». L’apôtre Paul n’hésitera pas à qualifier cette démarche d’anéantissement. Il suffit de lire attentivement l’Évangile pour voir à quel point Jésus s’est mis au rang de serviteur (et de l’esclave) « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir ». Bien plus, Jésus a accepté d’être mis au rang des criminels, mourant non pas avec l’auréole de l’innocent écrasé, mais comme un coupable condamné par la plus haute juridiction de son pays.

N’y-a-t-il pas, frères et sœurs, dans cet exemple de quoi faire fléchir nos orgueils les plus tenaces ? L’homme peut-il estimer intolérable et trop humiliant de suivre la trace de Dieu ? Si nous réfléchissions un tant soit peu, si nous acceptions de nous regarder dans la glace, avec loyauté, nous ne tarderions pas à découvrir que nous avons toutes les raisons pour être vraiment humbles ou le devenir… Car nous pouvons et nous devons toujours nous dire « Je ne suis rien, je ne suis qu’un pauvre pécheur ». Il est vrai que je n’ai pas conscience de délits justiciables des tribunaux et du code pénal. Mais je porte en moi toutes les tendances mauvaises, toutes les faiblesses qui sont susceptibles de me conduire aux fautes les plus graves.

Nous pouvons et nous devons nous dire que le bien réel qui est en nous (et il y a en nous beaucoup de bien, pourquoi le nier ?). Ce bien n’est pas de nous, mais de Dieu. « Qu’est-ce que tu as que tu n’aies reçu ? disait saint Paul, et saint Augustin confessait hautement « Seigneur, tout ce que je suis, absolument tout, est l’œuvre de ta miséricorde ».

Peut-être sommes-nous tombés lourdement, mais si nous nous sommes repentis et avons demandé l’absolution à un prêtre, nous avons été pardonnés… et si nous ne sommes pas tombés, c’est que nous avons été préservés. Toute la sainteté qu’il y a en nous est un pardon gratuit en tous cas un don gratuit de Dieu.

Au cours de cette Eucharistie, dans laquelle une fois de plus, Jésus va s’humilier au point de se faire pain et vin, nourriture pour nos âmes. Nous demanderons au Seigneur de nous faire comprendre son grand exemple de nous entraîner à sa suite…

Puis, tournant notre regard vers la Vierge Marie qui ne voulut être « que l’humble servante du Seigneur » nous lui demanderons de nous obtenir cette profonde humilité par le moyen de laquelle on parvient à la véritable grandeur qui est celle de la sainteté.

Amen.

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26 octobre 2023 4 26 /10 /octobre /2023 16:53

Lecture du livre de l'Exode 22, 20-26

Dieu commande à son peuple d’aimer et de soutenir les immigrés, les pauvres et les gens sans défense, s’il veut se réclamer du Dieu des pauvres.

Ainsi parle Seigneur : « Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin. Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée : vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins.

Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n’agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d’intérêts. Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ; c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir. S’il crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant ! » - Parole du Seigneur.

Commentaire : Ce texte du droit coutumier israélite remonte au tout premier de l’installation des tribus hébraïques en Palestine, peu après l’exode. Dieu s’y montre le défenseur des pauvres, des opprimés, des gens sans défense dans la société : l’étranger immigré qui n’a pas tous les droits sociaux de l’Israélite, la veuve et l’orphelin qui demeurent sans protecteur, le pauvre réduit à emprunter sur gages. Les motivations données à l’interdiction de les exploiter relèvent du sens humanitaire, de l’expérience faite en Égypte de la situation inconfortable des immigrés, mais avant tout de la reconnaissance de Dieu comme le recours ultime du pauvre opprimé.

Dieu prend la défense de ceux qui sont sans défense. À nous de l’imiter pour ceux qui nous entourent.

Psaume 17

R/ : Je t’aime, Seigneur, ma force.

  • Je t'aime, Seigneur, ma force : Seigneur, mon roc, ma forteresse, Dieu mon libérateur, le rocher qui m'abrite, mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire ! R/
  • Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur, je suis sauvé de tous mes ennemis. Et lui m'a dégagé, mis au large, il m'a libéré, car il m'aime. R/
  • Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher ! Qu'il triomphe, le Dieu de ma victoire ! Il donne à son roi de grandes victoires, il se montre fidèle à son messie. R/

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 1, 5c-10

À l’exemple de Paul, les habitants de Thessalonique ont accueilli l’Évangile, et leur foi est devenue contagieuse.

Frères, vous savez comment nous sommes comportés chez vous pour votre bien. Et vous-mêmes, en fait, vous nous avez imités, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves, avec la joie de l’Esprit Saint. Ainsi vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et de Grèce. Et ce n’est pas seulement en Macédoine et en Grèce qu’à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti, mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout que nous n’avons pas besoin d’en parler. En effet, les gens racontent, à notre sujet, l’accueil que nous avons reçu chez vous ; ils disent comment vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles, afin de servir le Dieu vivant et véritable, et afin d’attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Paul cherche à imiter Jésus Christ ; les Thessaloniciens sont devenus les imitateurs de Paul ; ceux-ci sont devenus à leur tour des modèles pour tous les Grecs. L’Évangile fait boule de neige. Parce que Paul a prêché avec assurance, fort de l’appui de l’Esprit Saint, parce que les chrétiens de Thessalonique ont réalisé cette conversion étonnante de leurs dieux païens au Dieu de Jésus Christ, leur exemple est devenu contagieux pour la Grèce entière et même au-delà. On se prend à évoquer la promesse du Seigneur : « Vous serez mes témoins…jusqu’aux extrémités de la terre ».

Ce n’est pas de l’exemple d’un seul, mais du rayonnement d’équipes et de communautés chrétiennes vivantes que notre monde a besoin. Travailler à cela, c’est rendre l’Évangile contagieux.

Alléluia. Alléluia. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ; mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22, 34-40

Interrogé sur le plus grand commandement, Jésus répond : tu aimeras le Seigneur ton Dieu, tu aimeras ton prochain. L’un ne va pas sans l’autre.

En ce temps-là, les pharisiens, apprenant qu’il avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Quel est le commandement essentiel de la loi juive ? La question posée à Jésus est un piège, car on espère bien lui montrer qu’il laisse de côté quelque commandement important. L’originalité de Jésus n’est pas dans ses réponses, puisqu’il cite la Loi, mais dans le rapprochement qu’il fait entre les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain. Le premier est le plus important, le plus urgent. Mais le second lui est semblable en importance et en urgence. Il faut donc satisfaire aux deux commandements à la fois, si l’on veut en observer un parfaitement. En eux se résument toute la Loi et la prédication des prophètes.

« Tu aimeras », nous dit Jésus. Mais c’est sans limite, car on n’a jamais fini d’aimer ! Heureusement !

Homélie

Au temps de Jésus, les scribes et les pharisiens aimaient à s’engager dans les discussions interminables pour savoir quel était le plus grand commandement. Ils avaient dénombré, en effet, dans la Bible 613 préceptes dont 248 étaient positifs et 365 négatifs. C’est ce fardeau impossible à porter qu’ils prétendaient imposer à tous les croyants. On peut dire qu’ils étaient vraiment passés maîtres dans l’art de compliquer la vie.

Jésus, lui, va droit à l’essentiel, ramenant ainsi toute la religion à l’Unité « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans la Loi et les prophètes dépend de ces deux commandements ».

Du coup, les 613 préceptes des pharisiens se trouvent pulvérisés, engloutis dans les deux grands commandements de l’Amour qui, au surplus, n’en font qu’un. Une fois de plus, Jésus a transcendé le débat et, du point de vue où il se situe, tout devient simple.

Avec lui, en effet, la religion n’est plus l’observation tatillonne d’un code de lois, elle devient une vie et une vie accessible à tous… Car tout homme sur la terre peut la comprendre et la faire passer dans ses actes, sans avoir besoin de se livrer à des études particulièrement savantes… Désormais la vie religieuse consiste en une certaine qualité de relations entre l’homme et Dieu et entre les hommes, les uns avec les autres, sous le regard de Dieu qui est le Père de tous. Cette qualité de relations qui est au cœur même du christianisme et qui en fait toute l’originalité, c’est ça que nous appelons la Charité. Dans le chapitre 12 de sa 1ère lettre aux Corinthiens, saint Paul en a fait un vibrant éloge. Il affirme avec force qu’elle est un don supérieur à tous les autres (le charisme par excellence) et il l’exalte comme étant la valeur suprême de l’existence, valeur irremplaçable en dehors de laquelle on ne peut que gâcher sa vie et finalement rater sa destinée. Sans la charité, nous ne sommes rien, nous ne servons à rien, nous ne valons rien.

Il est donc pour nous capital, frères et sœurs, que nous soyons éclairés sur la nature de cette charité qui doit être l’inspiratrice et le moteur de tous nos actes. Sans doute avons-nous bien compris qu’il s’agit, avant tout d’aimer et qu’en un sens, comme le disait si bien sainte Bernadette « il suffit d’aimer ». Mais il y a bien des façons d’aimer et le risque est grand pour chacun de se fourvoyer et de s’imaginer qu’il aime, alors que son attitude va plutôt à l’encontre du véritable amour selon Dieu. La Charité telle que Jésus nous l’a révélée à travers ses paroles mais surtout à travers ses actes. Ce n’est pas une simple philanthropie ou une sympathie toute naturelle. Elle n’a pas son origine dans des sentiments purement humains : elle vient de Dieu, elle est de nature divine. La Charité c’est le plus grand amour possible, c’est-à-dire l’amour divin, l’amour tel qu’il est en Dieu, ainsi que l’amour qui, en nous, est de Dieu et va à Dieu. Ce n’est donc pas un amour naturel, mais surnaturel qui a été infusé en nos cœurs au moment du baptême et qui nous rend capables d’aimer Dieu du même amour dont il s’aime lui-même et d’aimer nos frères de ce même amour dont il les aime. Il n’y a donc pas deux amours : l’un qui serait pour Dieu et l’autre qui serait pour le prochain, mais un seul amour qui dans un même élan nous porte à aimer Dieu et notre prochain. Autrement dit la Charité est comme la Croix du Christ, elle a deux dimensions : une dimension verticale qui tourne notre cœur vers Dieu et une dimension horizontale qui ouvre notre cœur à nos frères, mais c’est le même amour qui vient de Dieu, qui va à Dieu et qui nous et qui nous relie à nos frères. Il n’y a pas de charité, si l’une de ces dimensions vient à manquer.

Comprenons donc, chers frères et sœurs que pour Jésus il ne s’agit pas d’éliminer un commandement par l’autre comme certains tentent de le faire pour se donner bonne conscience… Même des chrétiens en arrivent aujourd’hui à prétendre que les personnes charitables sont dispensées de penser à Dieu parce que la fraternité suffit à tout. Or, l’amour dû à Dieu (et qui consiste d’abord à unir notre volonté à la complaisance qu’il trouve en lui-même, à nous réjouir de son bonheur, à vouloir par-dessus tout sa plus grande gloire) cet amour désintéressé exige aussi un temps gratuit pour s’exprimer : dans la prière, principalement la prière d’adoration et de louange et aussi dans l’Eucharistie qui est l’action de grâces par excellence. Reste cette vérité typiquement évangélique : à savoir que le véritable amour de Dieu produit l’amour fraternel : il le produit infailliblement à tel point que là où il n’y a pas d’amour fraternel on peut dire avec assurance qu’il n’y a pas d’amour de Dieu. « Celui qui dit j’aime Dieu et qui a de la haine pour son frère est un menteur » nous dit saint Jean. La Charité fraternelle, c’est en réalité le cœur de Dieu en nous : elle nous fait communier à l’amour que Dieu porte à tout être humain. Elle nous fait vouloir pour notre prochain et servir son véritable bien qui est la vie de Dieu en lui et son développement jusqu’à la vie éternelle.

Pour conclure, frères et sœurs, je voudrais vous dire ceci. Nous sommes malheureux que pour deux raisons : 

  • Parce que nous ne croyons pas assez que Dieu nous aime,
  • Parce que nous n’investissons pas notre vie dans l’amour des autres.

Tout faire par amour, pour l’amour et dans l’amour. Ne serait-ce pas cela le secret du vrai bonheur ? Puisse la Vierge Marie, Mère du Bel Amour intercéder pour nous, afin que brûle toujours plus ardemment en nos cœurs le feu divin de la Charité.

Amen.

Lectures du 30ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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21 octobre 2023 6 21 /10 /octobre /2023 16:51

Lecture du livre d'Isaïe 45, 1. 4-6

C’est par Cyrus, un roi païen, que le Seigneur délivre son peuple déporté en Babylonie, montrant ainsi qu’il est le Maître de l’histoire.

Ainsi parle le Seigneur à son messie, à Cyrus, qu’il a pris par la main pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée : « À cause de mon serviteur Jacob, d’Israël mon élu, je t’ai appelé par ton nom, je t’ai donné un titre, alors que tu ne me connaissais pas.

Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre : hors moi, pas de Dieu. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. Je suis le Seigneur, il n’en est pas d’autre ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : Cyrus, roi des Perses et des Mèdes, mettra fin à l’empire babylonien en 539 après une campagne foudroyante. Libéral et tolérant, il permettra, l’année suivante, aux juifs exilés de rentrer dans leur patrie. C’est donc par un roi païen et au fil des avatars de l’histoire que le Seigneur libèrera son peuple. Le prophète salue le libérateur humain du titre de Messie : c’est Dieu qui l’envoie à cause de son peuple, Dieu qui use des évènements pour accomplir ses promesses, même si l’instrument de son salut ne le connaît pas.

Évoquer ceux qui autour de nous ne partagent pas notre foi, qui « ne connaissent pas Dieu », et se rappeler qu’à chacun le Seigneur dit : « Je t’ai appelé par ton nom », n’est-ce pas affermir notre espérance pour tous les hommes ?

Psaume 95

R/ : Rendez au Seigneur la gloire et la puissance.

  • Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière, racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations ses merveilles ! R/
  • Il est grand, le Seigneur, hautement loué, redoutable au-dessus de tous les dieux : néant, tous les dieux des nations ! Lui, le Seigneur, a fait les cieux. R/
  • Rendez au Seigneur, familles des peuples, rendez au Seigneur la gloire et la puissance, rendez au Seigneur la gloire de son nom. Apportez votre offrande, entrez dans ses parvis. R/
  • Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté : tremblez devant lui, terre entière. Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! » Il gouverne les peuples avec droiture. R/

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 1, 1-5b

L’annonce de l’Évangile tire son efficacité de l’action de l’Esprit Saint qui accompagne la parole des apôtres.

Paul, Silvain et Timothée, à l’Église de Thessalonique qui est en Dieu le Père et dans le Seigneur Jésus Christ. À vous, la grâce et la paix.

À tout moment, nous rendons grâce à Dieu au sujet de vous tous, en faisant mémoire de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui. En effet, notre annonce de l’Évangile n’a pas été, chez vous, simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint, pleine certitude. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Ce ne sont pas les Thessaloniciens que Paul et ses compagnons remercient, mais Dieu. Car si la foi, la charité et l’espérance de cette communauté sont si vaillantes, c’est à Dieu qu’elle le doit. Le Seigneur a choisi ces hommes et ces femmes de Thessalonique : ils sont son peuple, comme Israël l’avait été autrefois, lui, le peuple choisi. Paul sait cela non pas de lui-même, mais parce qu’il a vu l’œuvre de l’Évangile s’accomplir en eux. Lui, Silvain et Timothée ont certes témoigné par la parole et l’exemple de leur vie, mais Dieu lui-même a accrédité leur témoignage et ouvert le cœur et l’esprit des Thessaloniciens par son Esprit. S’ils croient et vivent dans la charité et l’espérance, ce n’est pas grâce à eux-mêmes, ni à Paul et ses compagnons, mais grâce à Dieu.

Dans la prière, je rends grâce comme l’apôtre Paul pour le témoignage que donne ma communauté chrétienne d’une foi active, d’une charité qui se donne de la peine et d’une espérance qui tient bon.

Alléluia. Alléluia. Vous brillez comme des astres dans l’univers en tenant ferme la parole de vie. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22, 15-21

Hypocrites ! Vous avez dans la main l’argent de César, preuve que vous bénéficiez des institutions de l’État, et vous demandez s’il est permis de payer l’impôt !

En ce temps-là les pharisiens allèrent tenir conseil pour prendre Jésus au piège en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ; tu ne te laisses influencer par personne, car ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens. Alors, donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur ? » Connaissant leur perversité, Jésus dit : « Hypocrites ! pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt ». Ils lui présentèrent une pièce d’un denier. Il leur dit : « Cette effigie et cette inscription, de qui sont-elles ? »

Ils répondirent : « De César ». Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : C’est bien un piège ! Ou Jésus renonce à sa popularité auprès des foules en affirmant qu’on doit payer l’impôt à l’occupant romain, ou bien il prêche la révolte, au moins passive, en déclarant qu’il n’est pas permis de le payer. C’est d’ailleurs cette seconde réponse que les juifs attendaient du Messie, sauveur politique autant que religieux. Jésus distingue entre le portrait de César et l’inscription qui l’accompagne. L’image est celle de l’empereur : rendez donc à l’empereur les honneurs qui lui sont dus, en particulier l’impôt. L’inscription fait de l’empereur un dieu : ne rendez de culte qu’à Dieu. Ainsi la religion n’est pas au service de l’État, comme le disait l’inscription, ni l’État au service de la religion, comme le voulaient les juifs.

Nous connaissons des hommes et des femmes engagés dans des responsabilités au service de l’État, donc du bien commun, dans la commune, l’enseignement, les hôpitaux, les forces de l’ordre. Prions, spécialement au cours de la prière universelle, pour qu’ils aient les conditions d’accomplir au mieux leur service.

Homélie

Depuis un certain temps déjà les relations entre Jésus et « les milieux influents » de Jérusalem se durcissaient. Voulant à tout prix se débarrasser de ce gêneur, de cet empêcheur de tourner en rond, ils se concertèrent pour voir comment ils pourraient prendre Jésus en faute. Le meilleur moyen ne serait-il pas de le faire parler pour l’amener à dire des paroles imprudentes que par la suite on aurait beau jeu d’exploiter contre lui ?

On va donc essayer, poliment mais sûrement, de le pousser sur un terrain miné. D’où la question piège : « Maître nous savons que tu dis toujours la vérité… » Mais Jésus voit tout de suite le traquenard : il n’est pas dupe de leurs procédés… « Vous êtes des hypocrites », leur lance-t-il, c’est-à-dire des faux-jetons.

Si nous voulons comprendre, frères et sœurs, en quoi cette question : « faut-il payer ou ne pas payer l’impôt à César était un piège, il faut regarder la situation politique de l’époque. Depuis un demi-siècle la Palestine est colonisée et occupée par les Romains qui sont une puissance étrangère. L’impôt dont il s’agit, « le tribut » est un impôt levé par les Romains, qui vient s’ajouter à d’autres taxes.

Quelle que soit l’époque, payer ses impôts n’a jamais été une tâche agréable. Mais au temps de Jésus, il y avait un caractère aggravant : les sous, non seulement il fallait les lâcher, mais il fallait aussi les donner à l’occupant étranger.

  • Les Pharisiens qui se voulaient des juifs purs et durs, prêchaient la résistance à l’occupant au nom de la fierté nationaliste.
  • Les Zélotes étaient un autre groupe qui allaient beaucoup plus loin, de 2 façons :
  • en commettant des attentats contre l’occupant,
  • et en incitant au refus de payer l’impôt.
  • Les Hérodiens qui étaient des collaborateurs.

Ce qui est surprenant dans la composition de la petite délégation venue tendre un piège à Jésus, c’est que les Pharisiens et les Hérodiens habituellement ennemis, semblaient ce jour-là réconciliés tellement ils avaient de hargne et de haine contre Jésus. Ils posent donc à Jésus la question brûlante, la question piège : est-il permis ou non de payer l’impôt à César ? Ils pensent qu’à cette question il ne pourra répondre sans se perdre :

  • Si Jésus dit « oui », il faut payer l’impôt à l’empereur. Il sera taxé d’être un traître, vendu aux Romains et il perdra son prestige aux yeux du peuple qui est très nationaliste.
  • Si Jésus dit « non », on le fera passer pour un révolutionnaire dangereux qui mène le pays aux pires aventures et on le fera condamner.

Dans les deux cas, Jésus est pris et ses adversaires commencent déjà à se frotter les mains. Mais Jésus, très calme, va leur fermer la bouche, ou si l’on veut, leur rendre la monnaie de leur pièce. « Montre-moi un denier », leur dit-il ; c’était une pièce de monnaie romaine. D’un côté de la pièce, il y avait l’effigie de Tibère, l’empereur régnant, avec ces mots : « Tibère fils du divin Auguste » et sur l’autre face « Pontifex maximus » c’est-à-dire « Souverain pontife ». Dans les 2 cas il s’agit d’une inscription à caractère religieux. Et cela n’est pas étonnant puisque chez les Romains l’empereur voulait être honoré comme un dieu.

Quand Jésus demande à ses adversaires : « de qui est cette effigie et cette inscription » il veut leur faire dire que bien que nationalistes ils ne sont pas gênés pour trafiquer avec l’occupant étranger : par conséquent il ne faut pas non plus qu’ils le soient de payer leurs impôts ! Cette pièce, ils peuvent la rendre, puisqu’ils l’ont prise. « Rendez à César, ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Comprenons bien, frères et sœurs, que pour Jésus il ne s’agit pas d’une pirouette pour se sortir d’un mauvais cas. Non, sa réponse va bien plus loin qu’on pourrait le penser. Jésus veut leur dire que le problème ce n’est pas de payer ou ne pas payer l’impôt, le problème est de savoir si César doit être ou non considéré comme Dieu. Or, César qu’il s’agisse de l’empereur de Rome ou de tout autre souverain politique n’est pas dieu. Autrement dit la politique n’est pas un absolu. Aucun Etat quel qu’il soit ne peut revendiquer les pleins pouvoirs sur l’homme et d’abord sur sa conscience et sur son âme. Notre-Seigneur maintient énergiquement les Droits de Dieu sur l’homme (et par conséquent le droit et le devoir de l’homme de servir Dieu). Il distingue nettement le devoir religieux du devoir civique et par là, du même coup et dans la même phrase, il proclame la consistance du pouvoir temporel et l’indépendance légitime de l’Etat, qui reste soumis lui-même à des lois plus hautes, mais qui est souverain dans son domaine propre. De cette petite phrase inépuisable procèdent toutes les considérations qu’on pourra multiplier sur les rapports entre l’Eglise et l’Etat, entre la société spirituelle et l’autorité des gouvernements. En fait dans cet évangile, Jésus répond à la vraie question qu’on n’a pas posée. « Qu’est-ce que vous donnez à Dieu ? » Une toute petite part de votre vie… quelques miettes… Et bien non ! Car Dieu mérite beaucoup plus, infiniment plus. Dieu est Dieu. Il est en droit d’exiger de nous un don total… D’ailleurs n’a-t-il pas sur nous littéralement tous les droits ?

Les droits du propriétaire sur sa propriété, les droits de l’artiste sur son œuvre, les droits de l’Etat sur le citoyen, les droits des pères et des mères sur leurs enfants, qui sont réels, légitimes, mais limités, ne nous donnent que des images lointaines de ces droits absolus et universels de Dieu sur l’homme. L’homme a tout reçu de Dieu, il ne cesse de recevoir à chaque instant tout ce qu’il a, bien plus encore toute ce qu’il est.

Sainte Marguerite-Marie, la confidente du cœur de Jésus l’avait très bien compris, elle qui écrivait dans son carnet intime : « tout de Dieu, rien de moi ; donc tout à Dieu, rien à moi ; donc tout pour Dieu, rien pour moi ». Je ne suis pas propriétaire, je suis propriété de Dieu : je dois tout lui donner ou plutôt je dois tout lui rendre. Faut-il préciser que nous n’avons rien à craindre de ces droits absolus, car Dieu n’est pas un maître hargneux ni un exploiteur qui s’enrichirait de notre substance, mais un Père qui nous aime et nous a créés pour que nous trouvions le bonheur en lui ; Dieu est celui qui n’aime que la liberté et veut être aimé librement ; Dieu est celui qui seul peut nous empêcher de devenir esclaves de César ou de l’Etat ou d’une quelconque machinerie collective sans âme et sans cœur.

Gardons-nous de prendre à contre-sens la parole du Christ, « rendez à César, ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Il ne s’agit pas de faire deux parts dans notre vie : d’un côté, le temps consacré à Dieu et de l’autre notre famille, notre travail, notre devoir civique. Même si la part de Dieu était calculée généreusement, même si elle était de neuf dixièmes, ce serait encore insuffisant.

Rendre à Dieu, ce qui est à Dieu, redisons-le, c’est tout lui donner… Surtout, n’ayons pas peur de cette remise totale de nous-mêmes… Ce qui nous empêche d’être heureux c’est ce que nous gardons pour nous égoïstement : la vraie richesse et la vraie joie ne peuvent être, pour nous qui dans ce don total.

Frères et sœurs, nous avons en Marie, Mère de Jésus et notre mère, le modèle insurpassable de ce don total à Dieu. Prions-la pour qu’elle nous aide à faire de toute notre vie un moyen d’aimer Dieu, une preuve et une expression de cet amour.

 Amen.

Lectures du 29ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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14 octobre 2023 6 14 /10 /octobre /2023 14:34

Lecture du livre d'Isaïe 25, 6-10a

Au terme de l’histoire Dieu invitera tous les peuples à son festin et ôtera le linceul qui les couvrait. Alors, tous diront : Réjouissons-nous, il nous a sauvés.

Le Seigneur de l’univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Sur cette montagne, il fera disparaître le voile de deuil qui enveloppe tous les peuples et le linceul qui couvre toutes les nations. Il fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple. Le Seigneur a parlé.

Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! » Car la main du Seigneur reposera sur cette montagne. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Sous des dehors imagés, le prophète décrit l’accomplissement dans l’histoire des promesses de Dieu à son peuple. Sur sa montagne, à Jérusalem, le Seigneur rassemblera tous les peuples pour un grand festin de communion. Ce jour-là, Dieu détruira la mort et nos yeux étonnés contempleront l’univers sous une lumière nouvelle comme si un voile se levait pour nous laisser découvrir un monde renouvelé. Dieu se fera proche de tout homme et dans sa tendresse, comme une mère pour son enfant, essuiera larmes et souffrances de tous les visages. Tous reconnaîtront le Seigneur pour leur Dieu, celui en qui ils espéraient comme à tâtons et dans le noir, et dont ils attendaient d’être sauvés malgré leur misère. À l’angoisse et à la mort succèdera la joie que donnera la communion intime avec Dieu.

Essuyer les larmes des visages de ceux que nous accompagnons avec délicatesse dans leur deuil, c’est déjà les ouvrir à l’espérance de la Résurrection.

Psaume 22

R/ : J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.

  • Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer. R/
  • Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom. R/
  • Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure. R/
  • Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante. R/
  • Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie ; j'habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 4, 12-14. 19-20

En devenant apôtre du Christ, Paul a appris à vivre dans la gêne. Mais dans sa prison, le secours pécuniaire de ses amis lui va droit au cœur.

Frères, je sais vivre de peu, je sais aussi être dans l’abondance. J’ai été formé à tout et pour tout : à être rassasié et à souffrir la faim, à être dans l’abondance et dans les privations. Je peux tout en celui qui me donne la force. Cependant, vous avez bien fait de vous montrer solidaires quand j’étais dans la gêne. Et mon Dieu comblera tous vos besoins selon sa richesse, magnifiquement, dans le Christ Jésus.

Gloire à Dieu notre Père pour les siècles des siècles. Amen. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Paul a toujours eu soin de montrer qu’il était un ouvrier de l’Évangile désintéressé. C’est pourquoi il travaillait de ses mains pour subvenir à ses besoins. L’argent qu’il a accepté de recevoir de la communauté de Philippes montre quelle confiance il avait en elle. D’ailleurs Paul est habitué par ses nombreux voyages missionnaires à vivre tantôt dans la gêne, tantôt dans l’abondance. Ce point de vue est secondaire pour l’apôtre dont la force est Jésus Christ à qui il a donné sa vie. Mais il a dû apprécier l’envoi des Philippiens durant son séjour en prison comme un geste d’affection et de réconfort.

Être amené à donner un secours matériel, personnellement ou comme membre d’un service caritatif, réclame beaucoup de respect pour ne pas humilier celui qui reçoit. Notre sourire doit faire oublier le geste de nos mains.

Alléluia. Alléluia. Que le Père de notre Seigneur Jésus Christ ouvre à sa lumière les yeux de notre cœur, pour que nous percevions l’espérance que donne son appel. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 22, 1-14

Pour la lecture brève, on omet le texte qui est entre crochets.

« Venez au repas de noce », crie Jésus à ses contemporains. Les invités se récusent. Sommes-nous de ces pauvres qui acceptent l’invitation avec joie ?

En ce temps-là, Jésus se mit de nouveau à parler aux grands prêtres et aux anciens du peuple, et il leur dit en paraboles : « Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : “Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.” Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : “Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce.” Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. [Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce. Il lui dit : “Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?” L’autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : “Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.” Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus ».] – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : L’histoire est assez claire : les juifs à qui Jésus est venu porter l’invitation au grand festin du royaume de Dieu ont refusé de s’y rendre. Avant lui les prophètes avaient payé de leur vie le pressant appel qu’ils avaient adressé au peuple élu. Jésus sait qu’il subira le même sort. Mais la ville des meurtriers, Jérusalem, sera détruite, et la Bonne Nouvelle sera proposée aux carrefours des routes du monde. Un nouveau peuple de Dieu est né, l’Église où les chrétiens d’origine païenne ne sont plus nombreux que ceux d’origine juive. C’est pour cette Église que Matthieu a rapproché la deuxième parabole de la première. Elle peut rappeler aux chrétiens qu’il ne suffit pas d’être entré dans l’Église pour être sauvé, mais qu’il faut devenir digne de la grâce reçue.

Seigneur Jésus, je suis de tes invités indignes car je ne porte pas toujours le vêtement de noce. Je te le rappelle d’ailleurs à chaque messe : « Je ne suis pas digne de te recevoir », par ce que toi seul peux me revêtir pour la fête.

Homélie

C’est une merveilleuse histoire d’amour que le Seigneur vient de nous conter en cette parabole : c’est même la plus merveilleuse de toutes les histoires d’amour, puisqu’elle évoque ses épousailles à Lui, Jésus, Fils de Dieu avec l’humanité.

Quatre enseignements principaux se dégagent de ce récit :

  • Le premier enseignement c’est que le Royaume de Dieu est une fête parce qu’il est le partage d’une joie pleine, totale, parfaite ; le partage de l’infini bonheur, de l’éternelle béatitude de Dieu. Cette vérité est évoquée par l’image du Festin des Noces qui court à travers toute la Bible. L’Evangile, voyez-vous ce n’est pas d’abord une organisation du monde, ce n’est même pas d’abord une morale, un ensemble de commandements, de choses permises et défendues. L’Evangile, c’est comme son nom l’indique, l’heureuse annonce du salut : c’est cette nouvelle inouïe : à savoir que le Dieu pleinement bienheureux, par un don d’amour totalement gratuit nous a créés et rachetés pour nous faire partager son être et sa vie, pour nous faire « participants de sa nature divine » comme dit l’apôtre Pierre. L’Evangile nous annonce ce bonheur, cette joie de la communion avec Dieu, pas seulement pour l’avenir, pour l’au-delà de la mort, où notre destinée s’épanouira totalement, tout de suite. Le Royaume de Dieu est déjà là, en effet, il est « au-dedans de nous » puisque depuis notre Baptême, la Trinité bienheureuse habite en nous, si toutefois nous gardons l’état de grâce… Cette pensée (mais combien de fois l’avons-nous cette pensée) de la présence divine au fond de notre cœur, ne devrait-elle pas nous combler de la joie profonde qui dépasse infiniment  toutes les pauvres joies que le monde peut donner ? Et qui subsiste même au plus fort de la souffrance ! « Je surabonde de joie au milieu des tribulations » disait saint Paul.
  • Le second enseignement de cette parabole c’est qu’à cette fête, à cette joie de Dieu nous sommes invités et que nous pouvons refuser… Et oui, en fait, nous refusons trop souvent, hélas ! Ce refus, tel que le raconte l’Evangile s’est passé d’abord dans l’histoire. Nous reconnaissons par les mots employés l’histoire des Juifs, les premiers appelés, qui non seulement ont refusé l’invitation, mais encore ont rejeté celui qui les appelait et l’ont même crucifié… Mais le sens de cette parabole n’est pas seulement historique… on peut dire qu’il est éternel… Tous ces gens, dites-moi, que l’on a appelés à la croisée de tous les chemins du monde, tous ces hommes qui jusqu’à la fin des temps recevront cet appel, croyez-vous que tous ont accepté ou accepteront… Et alors quel a été ou quel sera leur sort final ? L’avertissement de Jésus, tant de fois réitéré dans l’Evangile, est particulièrement grave… « Jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents ». L’enfer ce n’est pas un vain mot, mais une terrible réalité. Quant à nous, frères et sœurs, qui par certains côtés ressemblons aux Juifs, car enfin nous aussi nous avons reçu tant de grâces par l’annonce de l’Evangile et l’éducation donnée par l’Eglise, nous aussi, dès que les exigences du Seigneur se sont de plus en plus fortes nous faisons comme eux… Il faut même dire que dans le monde où nous vivons aujourd’hui, on a l’impression que ce n’est pas tel ou tel qui se ferme à l’appel du Christ mais que c’est la civilisation elle-même. Il n’est que trop clair que par son autosuffisance, par son attachement à tout ce qui est terrestre, à tout ce qui est matériel elle devient de plus en plus étrangère au surnaturel et refuse le seul salut : celui qui vient de Dieu, par le Christ et en Lui…
  • Le troisième enseignement de notre parabole : c’est celui de la robe nuptiale : c’est un message parfaitement, celui qui veut entrer dans la Vie de Dieu et dans sa Joie doit nécessairement s’y préparer. Il doit en être digne. Mais n’avions-nous pas entendu que tous étaient appelés ??? Les bons et les mauvais ? Et voilà qu’il faut tout de même qu’on revête la robe nuptiale sous peine d’être jeté dehors, dans les ténèbres !!! Et heureusement, comment voudriez-vous qu’il puisse en être autrement ? Comment pourrait-on goûter cette vie, cette indicible béatitude si le cœur n’y était pas quelque peu préparé et comme pré-adopté. Comment pourrions-nous accueillir l’invitation sinon par la foi, par l’Espérance et par l’amour qui changent le cœur et qui par conséquent transforment la vie de tous les jours. Heureusement que l’appel au bonheur est aussi un appel à la beauté morale, à l’idéal, à la sainteté qui est l’aboutissement de la transformation du cœur. Nous ne serions pas sauvés, si nous n’étions pas changés. Et ce ne serait pas beau d’entrer dans le festin des noces, si nous n’étions pas nous aussi revêtus de la beauté qui est exigée pour ces noces divines. Cependant, n’ayons pas peur ce n’est pas un piège qui nous est tendu. Ce qui nous est demandé c’est ce que nous pouvons, c’est notre bonne volonté. Et ce qui importe par-dessus tout, c’est que nous soyons toujours disposés à nous laisser modeler par la grâce, alors Dieu pourra nous revêtir de sa propre beauté.
  • Enfin, il y a un quatrième enseignement dans cette parabole. Il y est question, en effet, de ceux qui doivent annoncer la Parole. De ceux qui doivent aller à la rencontre des hommes sur tous leurs chemins afin de les inviter au nom du Seigneur. Qu’ils soient prêtres, religieux ou laïcs, cette mission, ce service ils doivent l’accomplir avec enthousiasme, avec un visage transfiguré par la joie. Il s’agit de prouver, en effet, que le Message de Jésus transforme la vie et donne un bonheur inépuisable. Prouvons cela en le vivant, en nous comportant d’une manière qui soit vraiment éloquente et attrayante.

Un incroyant célèbre disait : « Je croirais davantage à leur Sauveur s’ils avaient un peu l’air d’être sauvés ». Ayons, non seulement l’air d’être sauvés, frères et sœurs, mais faisons le maximum pour en avoir la réalité jaillissante et rayonnante. Et n’oublions jamais que pour nous y aider nous avons avec la prière et l’assistance maternelle de Marie, la grâce extrêmement riche de l’Eucharistie, ce bouquet du ciel sur la terre, où le Christ Ressuscité se donne à nous pour nous transformer en Lui. Faisons en sorte qu’elle soit le Vrai Pain de notre vie, notre principale nourriture spirituelle tout au long de notre pèlerinage terrestre.

 Amen.

Lectures du 28ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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7 octobre 2023 6 07 /10 /octobre /2023 16:33

Lecture du livre d'Isaïe 5, 1-7

La vigne du Seigneur, c'est son peuple. Mais, malgré tous ses soins, les raisons qu'elle produit ont le goût amer de l'injustice et de la détresse des pauvres.

Je veux chanter pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne. Mon ami avait une vigne sur un coteau fertile. Il en retourna la terre, en retira les pierres, pour y mettre un plant de qualité. Au milieu, il bâtit une tour de garde et creusa aussi un pressoir. Il en attendait de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais. Et maintenant, habitants de Jérusalem, hommes de Juda, soyez donc juges entre moi et ma vigne ! Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? J’attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ? Eh bien, je vais vous apprendre ce que je ferai de ma vigne : enlever sa clôture pour qu’elle soit dévorée par les animaux, ouvrir une brèche dans son mur pour qu’elle soit piétinée. J’en ferai une pente désolée ; elle ne sera ni taillée ni sarclée, il y poussera des épines et des ronces ; j’interdirai aux nuages d’y faire tomber la pluie. La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël. Le plant qu’il chérissait, ce sont les hommes de Juda. Il en attendait le droit, et voici le crime ; il en attendait la justice, et voici les cris. — Parole du Seigneur.

Commentaire : Cette chanson sur vigne rappelle les chants de nos troubadours. L’auditoire, en connaisseur, devait apprécier les soins du propriétaire pour sa vigne et applaudir à sa décision de la laisser en friche à la vue du piètre résultat obtenu. C’est alors que le prophète révèle le sens profond de sa chanson : cette vigne est celle du Seigneur et c’est vous, gens de Judas ce plant qu’il chérissait ! Il en attendait le droit et partout sévissent l’injustice et le mensonge des juges, la trahison des gouvernants, l’exploitation du petit paysan par les gros propriétaires fonciers. Partout ce ne sont que cris de détresse des opprimés de son peuple ! Eh bien, vous aussi, vous serez dévastés.

Nous sommes la vigne du Père dont Jésus est le cep, et nous connaissons la sollicitude du bien-aimé pour les sarments que nous sommes. Quels fruits de reconnaissance portons-nous et désirons-nous porter ?

Psaume 79

R/ : La vigne du Seigneur de l’univers, c’est la maison d’Israël.

  • La vigne que tu as prise à l'Égypte, tu la replantes en chassant des nations. Elle étendait ses sarments jusqu'à la mer, et ses rejets, jusqu'au Fleuve. R/
  • Pourquoi as-tu percé sa clôture ? Tous les passants y grappillent en chemin ; le sanglier des forêts la ravage et les bêtes des champs la broutent. R/
  • Dieu de l'univers, reviens ! Du haut des cieux, regarde et vois : visite cette vigne, protège-la, celle qu'a plantée ta main puissante. R/
  • Jamais plus nous n'irons loin de toi : fais-nous vivre et invoquer ton nom ! Seigneur, Dieu de l'univers, fais-nous revenir ; que ton visage s'éclaire, et nous serons sauvés. R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 4, 6-9

Aux chrétiens minoritaires dans le monde, Paul ne conseille pas le repli sur eux-mêmes, mais la prise en compte de toutes les valeurs humaines qui se vivent autour d’eux.

Frères, ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l'action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer, gardera votre cœur et votre intelligence dans le Christ Jésus.

Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d'être aimé et honoré, tout ce qui s'appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le à votre compte. Ce que vous avez appris et reçu, ce que vous avez vu et entendu de moi, mettez-le en pratique. Et le Dieu de la paix sera avec vous. - Parole du Seigneur.

Commentaire : L’emprisonnement de Paul ne doit pas ternir la joie de ses chers Philippiens ni leur faire mépriser le monde. Bien au contraire, l’apôtre les invite à découvrir ce qu’il y a de vérité et de noblesse dans la civilisation gréco-romaine, ce qui demeure de justice et de pureté dans ce monde. Le chrétien doit reconnaître en tout cela des pierres d’attente de l’Évangile et le prendre à son compte. C’est le premier devoir missionnaire qui est d’aimer ce qu’il y a de beau chez les hommes à qui l’on veut annoncer Jésus Christ.

Prenez à votre compte tout ce qui a du prix pour le monde. Quelles sont les valeurs estimées par nos contemporains que nous pensons être en consonance avec l’Évangile ?

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 21, 33-43

Jésus, le Fils de Dieu s’inscrit dans la lignée des prophètes martyrs. Mais sa mort fait naître un nouveau peuple de Dieu.

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Écoutez cette parabole : Un homme était propriétaire d’un domaine ; il planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour de garde. Puis il loua cette vigne à des vignerons, et partit en voyage. Quand arriva le temps des fruits, il envoya ses serviteurs auprès des vignerons pour se faire remettre le produit de sa vigne. Mais les vignerons se saisirent des serviteurs, frappèrent l’un, tuèrent l’autre, lapidèrent le troisième. De nouveau, le propriétaire envoya d’autres serviteurs plus nombreux que les premiers ; mais on les traita de la même façon. Finalement, il leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils.” Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux : “Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !” Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent. Eh bien ! quand le maître de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? » On lui répond : « Ces misérables, il les fera périr misérablement. Il louera la vigne à d’autres vignerons, qui lui en remettront le produit en temps voulu ». Jésus leur dit : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! Aussi, je vous le dis : Le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits ». — Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Les interlocuteurs de Jésus n’ont pas dû hésiter longtemps pour reconnaître Dieu comme le propriétaire du domaine, la vigne pour son peuple, Israël, et les serviteurs maltraités par les vignerons comme la longue lignée des prophètes. Mais une fois engagés dans le dialogue, ils ont été contraints de prononcer la condamnation des vignerons. Qui sont ces vignerons ? Ce sont tous les responsables à qui Dieu avait confié son peuple, les rois, les princes et maintenant ces chefs des prêtres et ces pharisiens auxquels Jésus s’adresse. Parce qu’ils ont tué et rejeté le Fils, estimant Jésus impropre à être le Messie attendu, le royaume de Dieu leur sera enlevé et un autre peuple prendra la relève d’Israël : juifs et païens s’y côtoieront pour constituer le nouveau peuple de Dieu.

Ses serviteurs, puis d’autres serviteurs plus nombreux, enfin son Fils : cette continuité historique prouve la patience de Dieu qui ne désespère ni d’Israël ni de nous. Envers qui le Seigneur attend de nous cette même patience ?

Homélie

Il y a au cœur de cette parabole évangélique particulièrement dramatique, une petite phrase qui exprime en sa brièveté le plus bouleversant de tous les mystères, celui de l’amour prodigieux, de l’amour fou de Dieu pour nous. « Finalement, il leur envoya son Fils ». Dieu en vérité ne pouvait rien faire de plus et il ne pouvait rien faire de mieux…

Dans son Evangile saint Jean déclare : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique afin que tout homme qui croit en lui ait la Vie éternelle ».

Et dans l’Epître aux Hébreux nous pouvons lire tout au début : « Après avoir à maintes reprises parlé à nos pères par les prophètes, Dieu en ces jours qui sont les derniers nous a parlé par son Fils ».

Qu’est-ce donc que l’histoire de l’humanité, pour nous chrétiens, qui essayons de voir toutes choses dans la Lumière de la Révélation ? Rien d’autre, en fait, que l’histoire d’un perpétuel dialogue entre Dieu et les hommes ? Un dialogue qui est toujours ouvert par Dieu lui-même, dans lequel il prend toujours l’initiative. Oui, depuis que les hommes existent Dieu s’avance vers eux d’une manière ou d’une autre pour leur parler de lui et d’eux… Il est ce propriétaire qui sans se lasser rend visite à sa vigne… et les hommes à travers leur religions si diverses essayent de balbutier une réponse au discours divin qu’ils perçoivent plus ou moins confusément… mais le plus souvent ils repoussent les avances de Dieu.

Or voici qu’un jour Dieu se choisit un peuple pour être son témoin au milieu de tous les autres peuples et la Bible nous montre que l’aventure inouïe de ce peuple d’Israël marque un temps fort du dialogue entre Dieu et les hommes. Dieu s’y révèle, en effet, comme le seul Dieu, le vrai Dieu et par la voix de ses messages, les prophètes surtout qui sont des porte-parole. Il fait connaître à ceux qui veulent bien les accueillir quelques-unes de ses pensées les plus essentielles sur lui-même, sur le monde et sur l’homme. Mais par-dessus tout, à travers son propre Fils, devenu homme, sans rien perdre de sa divinité que Dieu dit, s’exprime le plus clairement et le plus parfaitement aux hommes. C’est donc en fixant notre regard sur Jésus : c’est au travers de tout ce qu’il est de tout ce qu’il dit. Comme de tout ce qu’il fait que nous pouvons découvrir enfin le vrai visage de Dieu. Jésus lui-même nous affirme : « Qui me voit, voit le Père ». En lui nous est donné le véritable Révélateur de Dieu, celui qui le fait transparaître, celui qui nous dévoile ses secrets. En lui c’est toute la Révélation qui s’épanouit : on peut dire que Jésus c’est le dernier mot sur Dieu.

Mais alors comment se fait-il que nous soyons si peu accueillants à une confidence ? C’est là que la Parabole des vignerons homicides doit nous interpeller… car cette histoire ne vise pas seulement le peuple d’Israël qui durant des siècles a rejeté ou massacré les prophètes, elle ne vise pas seulement les contemporains de Jésus qui se sont emparés de Lui, le Fils et l’ont mis à mort… elle vise aussi le nouveau Peuple de Dieu que le Christ a fondé : c’est-à-dire l’Eglise dont nous sommes tous les membres en vertu de notre Baptême. N’est-elle pas l’Eglise, cette vigne du Seigneur dans laquelle nous sommes invités à travailler chacun à sa place pour le salut de tous ? Et ne sommes-nous pas quelquefois, hélas ! Ces serviteurs au cœur endurci qui renvoient promener les uns après les autres les messagers de Dieu ? Ne nous arrive-t-il pas à nous aussi de refuser le Christ ? « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». Pour quelle raison ? Mais tout simplement parce qu’il dérange. Jésus, en effet, nous appelle à renouveler complètement notre manière d’envisager Dieu, le monde et nous-mêmes… Il nous invite à une révision radicale de notre échelle de valeurs…

  • Nous pensons par exemple : qu’ils ont bien de la chance ceux qui ont de l’argent plein les poches, ils peuvent se payer tout ce qui leur plaît… et Jésus nous dit : « Vous ne pouvez servir Dieu et l’argent… vous êtes bienheureux si vous avez l’esprit de pauvreté. Détachez-vous de tous vos biens terrestres (que de toute façon il faudra laisser un jour) et vous aurez un trésor dans le ciel…
  • Ou encore : nous croyons que c’est déjà pas mal d’aimer ceux qui nous sont sympathiques et Jésus nous dit : « Aimez vos ennemis et faites du bien à ceux qui vous haïssent… pardonnez inlassablement.
  • Oui, nous rêvons, en fait, d’une petite vie tranquille, sans histoires, sans problèmes et Jésus nous dit : « Si vous voulez être mes amis et réussir votre vie, renoncez à vous-mêmes, prenez votre croix chaque jour et suivez-moi… »

Que se passe-t-il alors ? Eh bien, frères et sœurs, il arrive qu’à certaines heures notre foi chrétienne exige de nous des choix si durs que nous sommes tentés de tuer à nouveau le Seigneur Jésus. Oui, de le tuer en lui préférant tout autre chose que lui, en le faisant mourir ainsi dans notre cœur, en le faisant disparaître de notre vie.

Heureusement, frères et sœurs, l’amour de Jésus est infiniment plus fort que notre péché, son sacrifice plus puissant que tous nos refus. La croix est devenue l’arbre de vie, grâce auquel nous devenons capables de porter les fruits d’amour que le Seigneur attend de nous. Jésus a le pouvoir de nous délivrer de cette prison dans laquelle nous nous enfermons trop souvent par nos refus d’aimer, si toutefois nous sommes assez humbles pour nous reconnaître pécheurs et renouer notre alliance avec lui dans le sacrement du pardon et de la réconciliation.

Au cours de cette Eucharistie, nous demanderons très fort par l’intercession de Marie, Modèle et Secours des chrétiens, la grâce de ne rien préférer au Christ.

 Amen.

Prière universelle

Dieu a planté sa vigne dans notre monde. Dans un esprit d’action de grâce, prions-le ensemble pour ce qu’il en a fait et pour ce qu’il en fera.

R/ : Seigneur, entends la prière qui monte de nos cœurs.

  • Pour la vigne qu’est l’Église ; prions pour qu’elle soit bien protégée et qu’elle porte beaucoup de fruits. R/
  • Pour les personnes en poste d’autorité dans tous les domaines de la société ; qu’elles ne cessent de gouverner dans la paix et la justice. R/
  • Pour les gens qui se sentent loin du Seigneur ; prions pour qu’ils renaissent de leurs sécheresses et se ressourcent à l’amour du Père. R/
  • Pour la vigne qu’est notre communauté chrétienne ; prions pour que la charité et la vérité de l’Évangile du Christ en soient la sève inépuisable. R/

Dieu notre Père, toi qui ne cesses de faire grandir ta vigne par la bonté et dans l’amour, écoute nos prières et daigne les exaucer par le Christ, notre Seigneur. Amen.

Source : https://fr.novalis.ca/

Lectures du 27ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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30 septembre 2023 6 30 /09 /septembre /2023 17:52

Lecture du livre d'Ézéchiel 18, 25-28

Dieu ne veut pas la mort du méchant et, si étrange que cela paraisse, il offre à tout homme la chance de refaire sa vie.

Ainsi parle le Seigneur : « La conduite du Seigneur n’est pas la bonne ». Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Si le juste se détourne de sa justice, commet le mal, et meurt dans cet état, c’est à cause de son mal qu’il mourra. Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Il a ouvert les yeux et s’est détourné de ses crimes. C’est certain, il vivra, il ne mourra pas.  –Parole du Seigneur.

Commentaire : En annonçant que Dieu était prêt à pardonner au coupable s’il venait à se repentir, mais que par contre il punirait le juste s’il venait à renier son passé d’honnêteté, Ézékiel soulève un tollé parmi ses auditeurs qui qualifient d’étrange une telle conduite divine. Mais le prophète révèle le motif profond de cet étonnement : c’est parce que Dieu ne désire » pas la mort du pécheur ! Aux yeux du monde, un homme est définitivement classé par son passé : s’il est mauvais on ne lui laisse aucune chance de refaire sa vie ; s’il est bon, on n’imagine pas qu’il garde la liberté de le renier. Dieu croit à notre liberté, croit que nous pouvons nous convertir du mal au bien et du bien au mieux. En ouvrant par son pardon l’avenir de notre liberté, Dieu nous fait libre.

Avoir la même conduite étrange que celle du Seigneur en ne classant pas quelqu’un comme définitivement pécheur et perdu, c’est croire que notre amour peut aussi recréer et libérer comme le fait celui de Dieu.

Psaume 24

R/ : Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse.

  • Seigneur, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route. Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. R/
  • Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ; dans ton amour, ne m'oublie pas. R/
  • Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin. Sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin. R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 2, 1-11

Les sentiments que Paul réclame des chrétiens et l’attitude qui en découle se fondent sur ceux de Jésus au milieu des hommes.

Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres.

Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.

C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. –Parole du Seigneur.

Commentaire : Quelques rivalités à l’intérieur de la communauté de Philippe, l’esprit de parti, le sentiment de supériorité de quelques-uns, la poursuite par d’autres de leurs intérêts personnels, inquiètent l’apôtre. Un autre aurait donné des conseils de bon sens et de modération. Paul invite plutôt à contempler l’attitude de Jésus Christ qui n’a été guidé que par l’amour des hommes : il s’est abaissé jusqu’à eux, a tout partagé de leur vie, jusqu’à leur pauvre mort humaine – et quelle mort ! Il ne lui serait pas venu à l’idée de se montrer supérieur, lui qui s’est fait le serviteur de tous. C’est pourtant lui que Dieu a déclaré le plus grand, le Seigneur du monde que tous aujourd’hui sont appelés à adorer.

Nous arrive-t-il d’estimer les autres supérieurs à nous-mêmes parce que nous reconnaissons en eux des qualités et des dons qui complètent les nôtres ?

Alléluia. Alléluia. Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, le les connais, et elles me suivent. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 21, 28-32

On ne peut se contenter de dire : oui, Seigneur ; il faut faire la volonté du Père. Or, celle-ci peut nous être signifiée par des gens que nous estimons être loin de Dieu.

En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : “Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.” Celui-ci répondit : “Je ne veux pas.” Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : “Oui, Seigneur !” et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier ».

Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Il ne fait pas de doute pour un juif que celui qui a accompli la volonté de son Père soit celui de ses fils qui lui a obéi en fait, même s’il lui a préalablement opposé un refus verbal. Le différend entre Jésus et les chefs des prêtres et les anciens porte sur l’interprétation de la volonté divine. Pour le Christ, le règne de Dieu est arrivé en sa personne depuis la prédication du Baptiste. Or, les chefs religieux du peuple qui prétendent obéir à Dieu, n’ont pas obtempéré à l’invitation de Jean à se convertir. Au contraire, les publicains et les prostituées, gens qui n’ont cure d’obéir à Dieu selon les responsables religieux d’Israël, se sont pourtant ravisés et se sont convertis. Eux entreront dans le Royaume, mais pas vous ! Bien plus, voyant cette conversion des pécheurs publics, vous ne vous êtes pas aperçus de votre erreur et ne vous êtes pas ravisés !

Reconnaître ses erreurs devant Dieu et les hommes n’est pas le fait d’un esprit timoré, mais d’un caractère ferme. Donne-moi, Seigneur, cette force d’âme devant toi et mes frères !

Homélie

Il y a deux leçons principales à retenir de cet Evangile :

  • La première c’est que tous, sans exception, nous avons à nous repentir et à nous convertir. Malheur à nous, si nous pensons n’avoir rien à changer dans notre comportement vis-à-vis de Dieu ou vis-à-vis de nos frères. L’Evangile est très sévère pour ceux qui, par crainte d’avoir à changer leurs manières de penser, de juger, d’agir et de vivre, se refuse à voir clair en eux. Il est très sévère aussi pour ceux qui se font très facilement illusion parce qu’il y a en eux une certaine générosité naturelle qui les autorise – pensent-ils – à se classer du côté du bien, du côté de ceux qui se dévouent pour la bonne cause. Ne serions-nous pas précisément de ceux-là ? Derrière le paravent des mots et des gestes et même derrière le paravent de la fidélité aux observances et aux rites, (fidélité qui peut conduire au sentiment rassurant d’être en règle avec Dieu et le prochain) ne cacherions-nous pas le refus, plus ou moins avoué, de reconnaître nos erreurs, nos péchés, notre médiocrité… Et pourtant, il nous suffirait très simplement de prendre l’Evangile comme on prend un miroir pour s’y regarder et de comparer notre style de vie avec la vie et les enseignements de Jésus, pour nous convaincre que notre conversion est bien peu avancée… à peine commencée peut-être… Soyons donc soucieux, frères et sœurs, de soumettre notre âme, le plus souvent possible, à cet examen radioscopique. Le constat loyal de son état de santé une fois établi, il nous restera à prendre, au plus vite, le remède le plus approprié, nous efforçant de changer ce qui doit être changé en brisant énergiquement les liens de nos mauvaises habitudes, en nous libérant coûte que coûte, de toutes ces formes d’égoïsme et d’orgueil qui paralysent nos élans, qui entravent notre marche ascendante vers la sanctification. Et surtout, n’allons pas dire que de fois j’ai essayé de changer, mais sans aucun résultat ! Jamais je n’y arriverai… ou encore, maintenant il est trop tard, je suis comme je suis… Et ! bien, NON : il n’est jamais trop tard. Pensons au bon larron, ce converti de la dernière heure… et puis : nous ne sommes pas comme nous sommes, nous sommes comme nous nous faisons, en nous laissant façonner par la grâce ; nous sommes responsable de ce que nous devenons, nous sommes responsables de la croissance de notre foi, de notre espérance et de notre amour, autrement dit, responsables de notre croissance dans le Christ.
  • Une deuxième leçon se dégage de l’Evangile entendu tout à l’heure. On peut la résumer ainsi : ce qui importe aux yeux de Dieu ce n’est pas ce que l’on dit, c’est ce que l’on fait. Dans la petite parabole des deux fils, le premier avait répondu à son père : « Je ne veux pas aller travailler à la vigne » et il y était allé. Le second avait répondu : « D’accord j’y vais » et il n’y était pas allé. Il ne suffit pas de dire, en effet, il faut faire.

« Les paroles s’envolent » comme le dit le proverbe. Des belles paroles, de belles déclarations, de beaux discours on en entend tous les jours, mais ce qui compte, ce qui a de la valeur, c’est ce que l’on fait concrètement. Parlant des pharisiens, Jésus déclarait : « ils disent et ne font pas ». Et il précisait une autre fois : « Tout homme qui écoute ce que je dis et que ne le fait pas ressemble à un insensé qui bâtit sa maison sur le sable… Mais tout homme qui écoute ce que je dis et qui le fait ressemble à un homme prévoyant qui construit sa maison sur le roc ». Et il disait aussi, il ne suffit pas de me dire « Seigneur, Seigneur pour entrer dans le royaume des cieux, il faut faire la volonté de mon père qui est aux cieux ».

Le monde en a vraiment assez des belles paroles et des pieuses intentions. Les plus pauvres en particulier, les marginaux de toute sorte, les méprisés, les mal-aimés attendent de nous, chrétiens, des signes non-équivoques de considération et de respect, des gestes d’entr’aides, de soutien, d’encouragement, de délicate amitié…

N’oublions pas que c’est sur cette charité chrétienne vécue dans toutes ses dimensions que nous serons jugés au dernier jour. Jésus nous dira alors : «  Tout ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait… tout ce que vous n’avez pas fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait… »

Chers frères et sœurs, nous avons tous des efforts à faire pour que nos actes ne démentent pas nos paroles, ni le Credo que nous allons proclamer dans un instant. Méditons souvent cette parole que saint Paul écrivait aux Chrétiens de Corinthe : « Dans le Seigneur Jésus, il n’y a pas eu du oui et du non, mais il n’a jamais été que oui ». En lui, en effet, s’est réalisé l’accord parfait, la cohérence absolue entre le dire et le faire. Sa seule nourriture fut d’accomplir la volonté du Père jusqu’à l’extrémité de l’obéissance par amour, c’est-à-dire jusqu’au don total de lui-même culminant sur la Croix. Et nous savons que sur ce chemin du oui inconditionnel il fut suivi de très près par sa Très Sainte Mère, la Vierge Marie, celle qu’on a appelée à juste titre Notre-Dame du Oui.

Puissions-nous ne jamais oublier, frères et sœurs, que c’est de ce double oui de Jésus et de Marie que nous sommes nés, nous les chrétiens. Imitons le premier fils de la parabole : ayant fait retour sur nous-mêmes acceptons humblement la volonté du Père, puis sans nous laisser illusionner attelons-nous courageusement à la charrue de l’exigence évangélique. Pour commencer nous ferons seulement quelques pas, puis tout un sillon… et peu à peu ce sera tout le champ de notre existence qui sera patiemment labouré par la somme de nos petits engagements concrets. C’est ainsi et ainsi seulement (soyons-en très profondément convaincus) que germera puis lèvera dans nos âmes la moisson de la Sainteté.

 Amen.

Prière universelle

En ce mois du Rosaire, nous mettons dans les mains de Marie nos prières pour l’Église et le monde, qu’elle les porte à son fils.

R/ : Avec toi Marie, mère du Sauveur, nous glorifions la puissance de Dieu.

  • Nous mettons entre tes mains notre Église, en cette année synodale, qu’elle adopte l’écoute et le dialogue comme style de vie à tous les niveaux en se laissant guider par l’Esprit Saint vers les périphéries du monde, avec notre Pape François nous t’en prions. R/
  • Nous mettons entre tes mains notre monde si déchiré par les guerres, les catastrophes naturelles, qui entrainent la migration et tous les problèmes qui s’y greffent. Que tous ceux qui ont des responsabilités ouvrent les yeux, se détournent de la corruption et des profits malhonnêtes pour pratiquer le droit et la justice surtout envers les plus faibles, les plus petits. Nous t’en prions. R/
  • Nous mettons entre tes mains toutes les personnes seules, mal-aimées. En ce jour où nous fêtons la « petite Thérèse » elle qui est l’amour dans l’Église, qui en a fait un chemin de sainteté, sa « petite voie ». En étant accueillies, écoutées par des amis, elles pourront retrouver confiance et bonheur. Nous t’en prions. R/
  • Nous mettons entre tes mains toutes nos communautés. Qu’elles sachent répondre à l’appel de Jésus à venir travailler à sa vigne, car il y a du travail pour tous. Ouvre nos oreilles, nos yeux, notre cœur. Donne-nous le courage de nous engager. Nous t’en prions. R/

Avec toi Marie, mère du Sauveur, nous glorifions la puissance de Dieu.

Source : https://jardinierdedieu.fr/

Lectures du 26ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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23 septembre 2023 6 23 /09 /septembre /2023 18:14

Lecture du livre d'Isaïe 55, 6-9

Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver ; invoquez-le tant qu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme perfide, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde, vers notre Dieu qui est riche en pardon. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. — Parole du Seigneur.

Commentaire : Le projet de Dieu et les chemins par lesquels il y aboutit sont bien déconcertants. Ainsi a-t-il laissé son peuple partir en exil et voilà que maintenant par la bouche du prophète il annonce sa prochaine libération. Pourquoi donc alors l’exil ? Temps de purification, temps d’épreuve pour le peuple, loin de la terre promise. Car Dieu n’a pas abandonné son peuple, il n’a pas laissé le pervers et le méchant à leurs péchés, mais il leur offre maintenant de revenir vers lui pour trouver son pardon et son amour de toujours. Et le signe de cette réconciliation, c’est le retour d’exil. Alors, que chacun s’empresse de cherche le Seigneur aujourd’hui qu’il se fait proche !

Seigneur, mon Dieu, pour celui qui te cherche, tu te laisses trouver, mais jamais saisir ; tu veux être nommé par nos mots, mais aucun ne dit tout de toi ; tu habites nos pensées, mais ton projet déborde infiniment les nôtres ; et nos chemins ne nous conduiraient pas loin si, nous prenant la main, tu ne nous conduisais pas sur le tien.

Psaume 144

R/ : Proche est le Seigneur de ceux qui l’invoquent

  • Chaque jour je te bénirai, je louerai ton nom toujours et à jamais. Il est grand, le Seigneur, hautement loué ; à sa grandeur, il n’est pas de limite. R/
  • Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres. R/
  • Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu’il fait. Il est proche de ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent en vérité. R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens 1, 20, 24-27

Frères, soit que je vive, soit que je meure, le Christ sera glorifié dans mon corps. En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je désire partir pour être avec le Christ, car c’est bien préférable ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. Quant à vous, ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ. — Parole du Seigneur.

Commentaire : Paul, prisonnier à Rome sans doute, ne sait le sort qui l’attend : la mort ou le non-lieu. Les deux termes de l’alternative lui sourient également. Mourir, c’est rejoindre le Christ qui est tout sa vie. vivre, c’est aussi rejoindre le Christ dans la mission d’évangélisation qu’il lui a confiée. Et il sait quel besoin ont de lui les communautés chrétiennes qu’il a fondées. Il ne sait que choisir. Jésus Christ choisira de la laisser encore quelque temps travailler pour lui.

Comme l’apôtre Paul, sommes-nous passionnément attaché à l’œuvre terrestre que nous a confiée le Christ ?

Alléluia. Alléluia. La bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres : tous acclameront sa justice. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 20, 1-16

En ce temps-là, Jésus disait cette parabole à ses disciples : « Le royaume des Cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit dès le matin afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il se mit d’accord avec eux sur le salaire de la journée : un denier, c’est-à-dire une pièce d’argent, et il les envoya à sa vigne. Sorti vers neuf heures, il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans rien faire. Et à ceux-là, il dit : “Allez à ma vigne, vous aussi, et je vous donnerai ce qui est juste.” Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même. Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d’autres qui étaient là et leur dit : “Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?” Ils lui répondirent : “Parce que personne ne nous a embauchés.” Il leur dit : “Allez à ma vigne, vous aussi.” « Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : “Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.” Ceux qui avaient commencé à cinq heures s’avancèrent et reçurent chacun une pièce d’un denier. Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce d’un denier. En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine : “Ceux-là, les derniers venus, n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons enduré le poids du jour et la chaleur !” Mais le maître répondit à l’un d’entre eux : “Mon ami, je ne suis pas injuste envers toi. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour un denier ? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mes biens ? Ou alors ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ?” C’est ainsi que les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers ». — Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Cette parabole n’a pas pour but de nous enseigner quelle méthode un patron doit employer pour payer le juste salaire de ses ouvriers. Il est question du royaume de Dieu où le Christ accueille avec bonté les premiers comme les derniers venus. Qui sont ces premiers ? Matthieu pense certainement aux juifs qui ont répondu à l’appel du Christ. Ils ont ainsi reçu leur salaire : la grâce de voir le Messie promis à leurs ancêtres. Les derniers à qui personne ne prend garde et n’espèrent même plus être embauchés, partent travailler sans promesse d’un salaire. Matthieu pense aux pécheurs et aux païens qui entrent en masse dans l’Église du 1er siècle pour y recevoir le même don de Dieu, la connaissance du Sauveur. La jalousie et la colère des premiers rappellent les attaques des pharisiens contre Jésus à cause de sa bonté pour les pécheurs.

« Personne ne nous a embauchés ». Les différentes tâches du service de la communauté et de l’annonce de l’Évangile réclament des ouvriers. Solliciter telle ou telle personne pour cela, c’est lui proposer d’être embauchée par le Maître de la vigne.

Homélie

Chers frères et sœurs, nous savons tous par expérience que rien au monde n’est capable d’assouvir notre cœur : ni les acquis de l’intelligence, ni les richesses, ni les plaisirs ou les honneurs. L’être humain aspire à quelque chose qui puisse vraiment le combler : il a soif de perfection, de plénitude, de bonheur infini…

Dieu seul, en vérité, est capable d’étancher cette soif brûlante de notre cœur : « tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre cœur est inquiet tant qu’il ne trouve pas de repos en Toi » écrivait saint Augustin après sa conversion, et il savait de quoi il parlait, lui qui durant tant d’années n’avait connu que des déceptions parce qu’il ne cherchait son bonheur que dans les biens matériels, les plaisirs ou les honneurs…

Frères et sœurs, puisque Dieu seul peut nous combler (et dès cette terre) de tout ce à quoi nous aspirons au plus profond de nous-mêmes : notre premier devoir consiste donc à le chercher passionnément et inlassablement comme nous y invitait tout à l’heure le prophète Isaïe « cherchez Dieu tant qu’il se laisse trouver ».

Mais vous vous demandez peut-être : Dieu, où est-il ? Où peut-on le trouver ?

Nous qui croyons en la Parole de Dieu nous savons que Dieu est partout, que s’il est d’abord le Tout-Autre, le Transcendant, il est aussi le Tout-Proche et tellement proche que depuis notre Baptême il habite au plus intime de notre cœur en vertu de ce don indépassable qu’est la grâce sanctifiante.

Oui, chacun de nous peut se dire – si toutefois il est en état de grâce – que son âme est un petit ciel, puisque la Bienheureuse Trinité a daigné y établir sa demeure selon la promesse de Jésus « si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera et nous  viendrons vers Lui et nous ferons en Lui notre demeure ».

Mais si Dieu est ainsi en nous pourquoi avons-nous tant de mal à le trouver, à reconnaître sa présence ?

Saint Jean de la Croix, le grand mystique espagnol, répond clairement à cette question, il nous dit que Dieu est en nous, mais qu’il y est caché… Un peu comme un diamant enfoui dans la terre et les cailloux… L’âme qui veut le trouver doit donc se dégager, se désencombrer de tant et tant de choses créées qui l’empêchent de voir son Dieu par la Foi et donc de le contempler, de goûter sa présence et de réaliser une communion très intime avec Lui.

Comme cette leçon du grand Docteur mystique nous est précieuse, frères et sœurs, car, il nous faut bien le reconnaître nous vivons trop à l’extérieur, nous vivons dans un monde superficiel qui nous occupe au point de nous faire oublier la vie profonde : « cette vie cachée en Dieu avec le Christ » dont parle saint Paul…

Et le même saint Paul nous explique qu’il y a en nous comme deux hommes qui sont constamment en conflit : « le vieil homme » et « l’homme nouveau ».

 « Le vieil homme » c’est la pente vers l’erreur et vers ce mal suprême qu’est le péché, c’est tout ce monde de tendances, d’impressions, de passions très vives qui nous poussent vers les créatures, nous portent à leur donner notre cœur et à mettre notre espérance en elles.

 « L’homme nouveau » c’est l’orientation vers le beau, le vrai et le bien, c’est la vie de la grâce qui s’épanouit en amour de Dieu et du prochain.

Dès lors, pour que Dieu puisse prendre pleinement possession de notre cœur, pour que son Amour domine toujours en nous, un choix radical s’impose.

Jésus, sur ce point est catégorique : il nous dit qu’on ne peut servir deux maîtres à la fois et il ajoute « celui qui veut venir à ma suite, qu’il se renonce, qu’il prenne sa croix, qu’il la prenne chaque jour et qu’il me suive ».

Comprenons bien toutefois que ce renoncement exigé par Jésus, n’est pas une contrainte : nous devons le considérer au contraire comme une libération de tout ce qui entrave notre marche vers Dieu.

Nous retrouvons ici la pensée de saint Jean de la Croix affirmant que la recherche aimante de Dieu va de pair avec le détachement, l’oubli, l’éloignement de toutes les choses qui ne sont pas Dieu ou ordonnées à Dieu.

C’est la loi fondamentale du Christianisme : il faut mourir pour vivre.

La quête de Dieu, la poursuite de sa volonté, et de son amour est une œuvre qui réclame de notre part une générosité à toute épreuve.

Il n’est jamais trop tard pour s’engager sur ce rude chemin.

L’Evangile des ouvriers de la dernière heure entendu il y a un instant vient de nous le rappeler.

Que rien donc, ne nous arrête chers frères et sœurs, dans notre recherche continuelle de Dieu, dans notre désir de nous unir à Lui, dans notre volonté de Communion de plus en plus par la Foi, l’Espérance et l’Amour à sa propre vie divine…

Car c’est cela l’essentiel de notre religion : c’est le commencement dès ici-bas de la vie éternelle : c’est une vie vécue dans la grâce (une grâce sans cesse développée, sans cesse enrichie), qui nous prépare à vivre éternellement dans la Béatitude et la Gloire du Paradis.

Surtout, ne nous laissons jamais décourager par la perspective des difficultés, et du combat intérieur qu’il faudra mener jusqu’à la fin de notre existence terrestre. Car le Seigneur ne manquera pas de nous donner les secours surnaturels dont nous avons besoin, si toutefois nous savons les demander dans une prière humble, fréquente et persévérante et aussi dans la réception assidue des sacrements.

Prières et sacrements (surtout l’Eucharistie) sont des moyens indispensables. Celui qui les néglige ne peut que sombrer dans cette maladie de l’âme qui s’appelle la tiédeur. Il n’ira pas loin dans sa quête de Dieu. Il en viendra même à ne plus le chercher du tout.

Rappelons-nous enfin, que si nous voulons avancer rapidement et en toute sûreté dans notre marche ascendante vers Dieu, nous avons tout intérêt à mettre notre main dans la main de Marie, notre Mère spirituelle qui non seulement nous accompagne, mais aussi nous stimule, nous entraîne et nous encourage Elle qui le plus parfait modèle de l’intériorité, la Mère de la divine grâce, Notre-Dame du Perpétuel Secours.

Amen.

Lectures du 24ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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16 septembre 2023 6 16 /09 /septembre /2023 15:00

Lecture du livre de Ben Sira le Sage 27, 30.28, 7

Si quelqu’un n’a pas de pitié pour son semblable, comment peut-il supplier Dieu pour ses propres fautes ? demande Ben Sira le Sage

Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur est passé maître. Celui qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses péchés à lui ? Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ? Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements. Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et sois indulgent pour qui ne sait pas. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Pour Ben Sira le Sage, la norme de la conduite humaine c’est d’abord le jugement Dieu : l’homme sera jugé avec la mesure qu’il aura utilisée pour ses frères. S’il se venge, s’il entretient sa rancune, s’il n’a pas de pitié, comment peut-il espérer le pardon et la guérison de ses fautes ? Mais la norme de la conduite du peuple élu est surtout l’Alliance du Seigneur. Parce qu’il a choisi Israël pour son peuple, qu’il lui a commandé de vivre dans l’amour fraternel, qu’il lui est resté fidèle malgré toutes ses incartades, Dieu s’est révélé Père pour son peuple : comment pourrait-il accepter que ses enfants s’entre-déchirent ?

Puisque Dieu nous jugera de la manière dont nous avons jugé nos frères, quel jugement nous préparons-nous ? Autrement dit, quelle est notre mesure de bonté, de dévouement, de disponibilité pour les autres ?

Psaume 102

R/ : Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour.

  • Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits ! R/
  • Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d'amour et de tendresse. R/
  • Il n'est pas pour toujours en procès, ne maintient pas sans fin ses reproches ; il n'agit pas envers nous selon nos fautes, ne nous rend pas selon nos offenses. R/
  • Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint ; aussi loin qu'est l'orient de l'occident, il met loin de nous nos péchés. R/

Lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 14, 7-9

Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur, écrit Paul, et cette volonté d’appartenance commande notre manière d’être avec nos frères.

Frères, en effet, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Ainsi, dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur. Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Notre existence ne nous appartient pas, pas plus que notre mort, puisque nous reconnaissons Jésus Christ comme notre Seigneur, celui qui mobilise nos forces, notre cœur et notre intelligence à son service, celui qui donne sens et consistance à notre vie, à nos joies, à nos peines, à nos souffrances, à notre mort. Nous lui appartenons comme des serviteurs de son amour. Dès lors nous le reconnaissons comme notre maître à penser, comme le modèle de notre action, comme le terme de notre espérance par-delà la mort. Pour ce motif Paul dénie à quiconque le droit de juger ses frères ou de condamner ceux qui pensent ou agissent d’une manière différente de la sienne.

Aucun de nous ne vit pour soi-même. Énumérons ceux et celles pour lesquels nous vivons. Vivre pour l’autre, c’est déjà vivre pour le Seigneur.

Alléluia. Alléluia. Je vous donne un commandement nouveau, dit le Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18, 21-35

Prends patience envers moi, demandent les deux hommes endettés dans la parabole. Le pardon est un acte de patience qui croit à la conversion du pécheur.

En ce temps-là, Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. Ainsi, le royaume des Cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.” Saisi de compassion, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Mais, en sortant, ce serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : “Rembourse ta dette !”

Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai.” Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé ce qu’il devait. Ses compagnons, voyant cela, furent profondément attristés et allèrent raconter à leur maître tout ce qui s’était passé. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : “Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?” Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il eût remboursé tout ce qu’il devait. C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Nous avons lu, dimanche dernier, que Jésus confiait à la communauté la tâche de réconcilier les chrétiens pécheurs. Combien de fois ? demande Pierre qui propose un chiffre. Jésus refuse d’entrer dans ces calculs et justifie un pardon sans limite par la parabole du serviteur endetté. Vis-à-vis de Dieu, nous sommes tous dans la situation de ce serviteur qui doit à son maître une somme fantastique. Par un amour incompréhensible Dieu nous a remis notre dette. Comment dès lors pourrions-nous avoir envers un compagnon de service une rigueur extrême et mesurer notre patience à pardonner ?

Combien de fois nous faut-il pardonner, faire de nouveau confiance à l’autre, reprendre le dialogue avec lui ? Si tu aimes comme Dieu aime, tu cesseras de compter, nous répond Jésus.

Homélie

L’Évangile que nous venons d’entendre est un incontournable appel au Pardon. Sur ce point bien précis le message de Jésus est d’une clarté absolue et d’une exigence sans concession.

Mais où trouver la force de pardonner ? Comment réussir à pardonner ? Telles sont les questions qui se posent à nous tous constamment et parfois d’une façon dramatique.

Ce qu’il importe de bien comprendre tout d’abord, c’est que Jésus dessine le visage de Dieu sans les traits de ce roi de la parabole qui remet une dette énorme à l’un de ses serviteurs venu l’en supplier. La somme due défie l’imagination : 10000 talents soit l’équivalent de 60 millions de pièces d’argent : le chiffre est si élevé qu’on se demande comment cet homme a pu accumuler un tel passif… Le roi n’accorde pas de nouveaux délais : comme le serviteur le lui demande. Il ne lui consent pas une restitution échelonnée de sa dette. Ce qu’il lui offre c’est la remise totale, l’annulation pure et simple de tout son dû. La raison en est donnée : le roi est « pris de pitié », (littéralement saisi aux entrailles).

La démesure de la dette annulée et la « folle » générosité du maître de la parabole ne sont pourtant qu’une image de ce que Dieu notre Père nous « remet » dans sa tendresse. Il ressort, en effet, de cette histoire qui dépasse le raisonnable que nous sommes tous débiteurs insolvables envers le Seigneur qui cependant nous fait grâce. Nous avons tout reçu de Lui : la vie, ce que nous sommes, ceux que nous aimons, le monde et les personnes qui nous entourent et par-dessus tout la lumière de la foi et la vie surnaturelle de la Grâce.

En plus de cela nous sommes chargés du lourd passif de nos péchés. Que pourrions-nous faire pour être quittes ? Or, nous savons bien (et c’est merveilleux) que lorsque nous l’en supplions et avons recours au sacrement de Réconciliation (sacrement du pardon) le Seigneur nous libère de ce poids au nom de l’indicible amour qu’il nous porte. Débordant de miséricorde, il nous pardonne dans un don sans limite, au-delà de nos offenses.

Mais si Dieu n’exige rien pour lui-même, il reste que notre dette à son égard ne peut être remise que si nous avons de l’indulgence enfers nos frères… Nous sommes choqués à juste titre par le comportement impitoyable de l’homme de la parabole. Libéré par l’extrême largesse de son maître il prend à la gorge un de ses collègues qui lui doit une somme dérisoire en comparaison, et il le fait jeter en prison. Le contraste est révoltant outre la générosité dont il a été l’objet et l’intransigeance inflexible dont il fait preuve.

La conscience de nos propres faiblesses et du pardon de Dieu ne devrait-elle pas, frères et sœurs nous inciter à faire preuve de pitié envers autrui au lieu de nous ériger en procureurs insensibles ?

Ben Sira le Sage l’écrivait 2 siècles avant la prédication de l’Évangile « pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait : alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il alors demander à Dieu la guérison ? »

Est-ce que nous prions le Notre Père avec assez de vérité ?

Percevons-nous toute l’exigence de pardon qu’implique la demande : « pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ?

Seul celui qui a accueilli en soi le pardon de Dieu avec humilité peut devenir fils de miséricorde et pardonner à son tour du « fond du cœur ».

Nous l’avons certainement remarqué, frères et sœurs, la fin de la parabole semble contredire le pardon sans limites du Seigneur. Le serviteur impitoyable subit la rigueur de l’indignation de son Maître.

Mais est-ce le Seigneur qui refuse de pardonner dans ce cas ?

N’est-ce pas plutôt l’homme dont le cœur est dur envers son semblable qui devient imperméable au pardon de Dieu, de même qu’une terre aride et sèche ne peut accueillir la pluie bienfaisante ?

La rancune, la vengeance, la haine, la colère sont « des choses abominables où le pécheur s’obstine » nous dit Ben Sira le Sage. Elles ferment le cœur à double tour, elles détruisent de l’intérieur celui qui s’y laisse aller. Nous avons autant besoin de pardonner que d’être pardonner. Le pardon donné est une libération. Il ouvre à la paix, à la vie, à l’avenir et à l’Amour. Le pardon donné fraye en nous un passage à la tendresse de Dieu.

Combien de fois devons-nous pardonner frères et sœurs ? L’apôtre Pierre pensait être très généreux en proposant de pardonner jusqu’à 7 fois mais Jésus bouscule cette arithmétique : « Je ne te dis pas jusqu’à 7 fois, mais jusqu’à 70 fois 7 fois… » Ce nombre qui multiplie le 7 (chiffre parfait de la Bible) n’indique pas une limite, il indique une attitude sans limite, une attitude permanente. Le vrai pardon ne se compte pas. On n’a jamais fini de pardonner et d’être pardonné.

Mais ne l’oublions jamais : ce qui paraît impossible aux forces humaines ne peut être que le fruit d’un long effort alimenté aux sources de la Prière.

« Merci Seigneur de m’avoir pardonné. Aide-moi à pardonner là où est l’offense que je mette le pardon ».

La prière pour l’autre, pour l’offensé est la 1ère étape sur la route du pardon. Souvenons-nous des paroles du Pape Jean-Paul II au moment où il rendait visite à Ali Agça qui l’avait grièvement blessé lors de l’attentat Place St Pierre le 13 mai 1981 : « Je prie pour le frère qui m’a blessé et auquel j’ai sincèrement pardonné ».

Soyons bien convaincus que si nous comptons vraiment sur la grâce de Dieu (qui jamais ne nous manque lorsque nous la demandons humblement et avec insistance) nous parviendrons à nous comporter vis-à-vis du pardon de telle sorte que l’impossible devienne possible.

Amen.

Lectures du 24ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

Autre prière universelle 

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9 septembre 2023 6 09 /09 /septembre /2023 13:52

Lecture du livre du prophète Ézékiel 33, 7-9

Nous sommes responsables de nos frères ; non pas de leurs fautes, mais de leur faire entendre l’appel à la conversion.

La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang. Au contraire, si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite, et qu’il ne s’en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : Le rôle du prophète est d’être continuellement en éveil, prêt à dénoncer le mal, non pas d’abord pour confondre le méchant mais pour le provoquer à se convertir. Si par lassitude ou découragement il se tait, il a comme pactisé avec le mal et en portera la responsabilité avec son auteur. Rude tâche qui ne laisse jamais en repos et promet bien des affrontements avec les fauteurs de mal ! Ézékiel en sut quelque chose.

« Je fais de toi un guetteur », me dit aussi Jésus, pour guetter les moindres gestes de dévouement et de solidarité de ceux qui t’entourent, les avancées vers la justice et la paix dont tu seras témoin, les pas dans la foi et l’espérance de ceux que tu rencontres. Et, comme un bon guetteur, tu les feras connaître.

Psaume 94

R/ : Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur !

  • Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Allons jusqu’à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le ! R/
  • Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits. Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu’il conduit. R/
  • Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? « Ne fermez pas votre cœur comme au désert, où vos pères m’ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit ». R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 13, 8-10

Tous les commandements de Dieu envers le prochain se résument dans l’amour.

Frères, n’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. La Loi dit : Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas de vol, tu ne convoiteras pas. Ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain.

Donc, le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour. – Parole du Seigneur.

Commentaire : On a souvent opposé la justice à la charité. Paul, à la suite du Christ, montre que la charité ne supprime pas le devoir de justice mais le suppose accompli.

Respecter son frère : « tu ne tueras pas », respecter sa réputation : « tu ne feras pas de faux témoignage », respecter son foyer : « tu ne seras pas adultère », respecter ses biens : « tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas (ce qui lui appartient) », tout cela se résume à l’aimer.

Mais si nous pouvons assez facilement nous dire quittes de nos devoirs de justice, selon la formule connue : « je n’ai pas tué, ni volé », nous savons bien que nous restons toujours en dette en ce qui concerne l’amour fraternel. On n’a jamais vraiment aimé les autres comme soi-même. Alors, c’est qu’on n’a jamais pleinement accompli la Loi.

Croyons-nous vraiment être toujours en dette d’amour envers les autres ? Avant de répondre affirmativement, efforçons-nous de nommer quelques-uns de nos créanciers en ce domaine.

Alléluia. Alléluia. Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 18, 15-20

La réconciliation d’un frère avec le Seigneur réclame de la communauté chrétienne beaucoup de délicatesse et de persévérance pour croire que rien n’est jamais perdu.

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.

Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : L’Église s’est posé très tôt la question du baptisé qui pécherait gravement et publiquement. Pouvait-il demeurer dans la communauté sans causer de scandale ? Matthieu nous donne ici une première solution de ce cas, en rassemblant diverses paroles du Christ. On notera toutes les précautions prises pour respecter le pécheur : un seul frère cherchera d’abord à l’éclairer, puis il s’adjoindra un ou deux autres chrétiens dans sa démarche avant de porter l’affaire devant toute la communauté. Ce n’est que si le pécheur persiste dans sa faute que l’Église prendra acte de sa séparation d’avec elle. Jésus confirme que cette décision prise par l’Église d’écarter ou de réconcilier un pécheur sera ratifié par Dieu lui-même. Mais l’Église garde un pouvoir d’intercession pour le pécheur par sa prière qui sera exaucée puisque Jésus, le Sauveur des pécheurs, est là au milieu des siens réunis en son nom.

La pratique des liturgies communautaires de préparation au sacrement du pardon nous permet de redécouvrir la dimension fraternelle de la réconciliation en Église. La tâche de l’équipe qui prépare ces liturgies est de favoriser la prise de conscience que le pardon de Dieu réclame le pardon entre frères.

Homélie

L'Évangile d’aujourd’hui est tiré d’un ensemble de consignes de Jésus qu’on appelle « discours sur la vie en communauté ». Il s’agit bien sûr, d’abord, de la Communauté Eglise telle que Dieu l’aime et la désire.

Comme tout groupe humain l’Eglise comprend des hommes et des femmes fragiles, « pas meilleurs que les autres » comme on dit souvent. Et dans l’Eglise comme dans la famille et toutes les sociétés humaines l’amour n’est pas le refoulement des problèmes ni l’anesthésie artificielle des conflits entre les personnes. Voyons donc ce qu’en pense Jésus. Dans le texte évangélique que nous venons d’entendre c’est bien la description d’une communauté fraternelle que Jésus nous donne, non pas à la manière d’un maître qui vit quotidiennement avec son équipe de disciples et qui suggère des comportements très concrets.

« Si ton frère a commis un péché va lui parler seul à seul et montre lui sa faute. S’il t’écoute tu auras gagné ton frère ». L’Eglise que Jésus décrit c’est un groupe où l’on parle, où l’on s’exprime : les mots-clés ici sont « parler » et « écouter ». Et nous remarquons le climat d’amour et de délicatesse envers le frère qu’il s’agit de sauver. Il ne s’agit donc pas d’être un redresseur de torts, toujours prêt à faire la leçon aux autres. Ce serait défigurer la pensée de Jésus. D’ailleurs, tout le contexte de ce discours communautaire ne baigne que dans la miséricorde. Juste avant le passage que nous lisons aujourd’hui Jésus a raconté la parabole de la brebis perdue : « Gardez-vous de mépriser quiconque… votre Père veut qu’aucun de ces petits ne se perde… Et juste après notre texte, Jésus va demander à Pierre « de pardonner soixante-dix fois sept fois, c’est-à-dire toujours.

Ainsi la responsabilité des autres selon Jésus ne peut pas être d’accabler durement les pécheurs, mais de favoriser leur conversion. Il faut à tout prix éviter les sectarismes, les excommunications, les condamnations hâtives. C’est dans l’amour, dans la miséricorde qu’il nous faut essayer d’éclairer les pécheurs. On n’a pas le droit de faire une remarque à un frère que si on l’aime.

Telle est donc, frères et sœurs, la première loi de toute Communauté (Eglise, famille ou groupe). Ce que Jésus désire en second lieu, c’est une Eglise où l’on veut l’unité. Bien loin de rompre dès le premier refus de dialogue on doit selon Jésus entreprendre encore deux autres tentatives pour renouer avec le frère récalcitrant. Et nous remarquons avec quelle finesse psychologique Jésus nous invite à agir. D’abord en tête à tête, seul à seul dans la discrétion pour que le coupable puisse garder sa réputation et son honneur, puis en faisant appel à une ou deux personnes pour éviter les jugements trop subjectifs et trouver peut-être des arguments qui convainquent davantage. C’est seulement après avoir épuisé toutes ces formes de conciliation que le frère va se trouver exclus de la communauté, par ses refus répétés. Après lui avoir donné toutes ses chances avec patience la communauté se reconnait impuissante vis-à-vis de ce frère. Mais même dans ce cas nous ne sommes pas déchargés du devoir de l’aimer, puisqu’il nous faut aimer même nos ennemis et que (comme le dit saint Paul) « Nous ne devons garder aucune dette envers personne sauf la dette de l’amour mutuel ». Une dette qui ne s’éteint jamais…

L’unité fraternelle est un tel lien qu’il faut tout essayer pour la rétablir. Telle est la deuxième loi de toute communauté.

Ce que Jésus désire enfin c’est une Eglise où il est Lui-même toujours présent. Jésus n’est pas seulement un moraliste ou un sage ou un bon psychologue. Il « révèle » les mystères cachés en Dieu. Or, ici, il ajoute une caractéristique essentielle : à savoir que Dieu est présent à cette tentative de sauvetage des pécheurs inspirée par l’amour…

« Ce que vous liez sur la terre est lié aussi au ciel : ce que vous déliez sur la terre est aussi délié au ciel ». La volonté de Dieu étant qu’aucune brebis du troupeau ne se perde, la correction fraternelle devient un chemin de la miséricorde même de Dieu… Beaucoup d’hommes, en effet, ne découvriront les pardons de Dieu que s’ils découvrent près d’eux des frères qui mettent en œuvre dans leur comportement une attitude de miséricorde et de pardon. L’Eglise est le lien de l’amour sauveur. Mais il y a un autre point de révélation que Jésus ajoute… Il promet sa présence invisible mais réelle à tout groupe de chrétiens qui s’aiment et qui collaborent ensemble « quand deux ou trois sont réunis en mon nom je suis là au milieu d’eux… » Et il fait cette promesse suprême « si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père ». Ainsi Jésus ose promettre le retour du frère qui s’est égaré, à toute prière faite dans l’union des cœurs à toute prière faite en commun. Ici, c’est clair nous ne sommes plus seulement dans le registre moral ou sociologique ou humaniste : nous sommes dans le domaine de la Foi : c’est-à-dire de l’impossible aux hommes qui devient possible avec Dieu.

Quand un chrétien gagne son frère le ciel surgit sur la terre. Quand deux ou trois s’entendent pour implorer le Père, sa grâce les environne et se déploie sur leur demande.

Serait-ce là un rêve ? Une illusion ou irréelle ?

Non, frères et sœurs, c’est un merveilleux secret de folle confiance qui va jusqu’à croire qu’aucun homme n’est définitivement irrécupérable. L’Eglise ne doit pas être une société comme les autres : ce devrait être le lien où l’être le plus déchu se sente aimé puisque Jésus « a versé son sang » pour lui. Puissent ces quelques réflexions nous faire comprendre à quel point nous sommes tous responsables les uns des autres.

 Amen.

Lectures du 23ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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2 septembre 2023 6 02 /09 /septembre /2023 13:42

Lecture du livre de Jérémie 20, 7-9

Tenté de taire la parole de Dieu qui ne lui apporte que moqueries, Jérémie n’y parvient pas : elle est en lui, comme un feu dévorant.

Seigneur, tu m’as séduit, et j’ai été séduit ; tu m’as saisi, et tu as réussi. À longueur de journée je suis exposé à la raillerie, tout le monde se moque de moi.

Chaque fois que j’ai à dire la parole, je dois crier, je dois proclamer : « Violence et dévastation ! » À longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi l’insulte et la moquerie. Je me disais : « Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom ». Mais elle était comme un feu brûlant dans mon cœur, elle était enfermée dans mes os. Je m’épuisais à la maîtriser, sans y réussir. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Envoyé par Dieu annoncer la ruine des espoirs fallacieux du roi et de ses conseillers de pouvoir résister à la puissance babylonienne, le prophète est en butte à la raillerie de ses contemporains. On l’accuse de séduction, c’est-à-dire de tromperie et de mensonge. Si je suis séducteur, écrit Jérémie, c’est que le Seigneur m’a séduit. L’accuserez-vous de mensonge ? N’est-ce pas que sa Parole se réalisera, même si elle vous déplaît, parce qu’elle est vérité ? Moi-même, ce n’est pas sans souffrances que je dois annoncer la destruction de mon peuple, mais je ne puis me taire car la force de la vérité de Dieu est plus forte que moi.

Le feu dévorant qu’éprouve Jérémie est celui de la Parole de Dieu, parole d’amour qui est révélation à la fois de sa tendresse et de ses exigences. Quand nous est-il arriver de l’éprouver ?

Psaume 62

R/ : Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu.

  • Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l'aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. R/
  • Je t'ai contemplé au sanctuaire, j'ai vu ta force et ta gloire. Ton amour vaut mieux que la vie : tu seras la louange de mes lèvres ! R/
  • Toute ma vie je vais te bénir, lever les mains en invoquant ton nom. Comme par un festin je serai rassasié ; la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. R/
  • Oui, tu es venu à mon secours : je crie de joie à l'ombre de tes ailes. Mon âme s'attache à toi, ta main droite me soutient. R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 12, 1-2

Le sacrifice que Dieu attend de nous est celui d’une vie tout orientée vers le bien.

Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière –, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Pour le chrétien il n’y a désormais plus d’autre sacrifice que le sacrifice de l’eucharistie auquel s’agrège notre propre vie, plus d’autre culte que celui de sa propre vie consacrée à rechercher et à faire la volonté de Dieu. Il s’agit de vivre dans la bonté et de chercher en tout la perfection, ce qui plaît à Dieu. En effet, la prière et la messe ne sont pas un culte distinct de cette adoration véritable, mais l’offrande de nos personnes et de nos vies par Jésus Christ, avec lui et en lui dont le sacrifice a été de se livrer lui-même par amour de Dieu et de ses frères, les hommes.

Si le sacrifice capable de plaire à Dieu est l’offrande de sa vie, attachée à reconnaître et à accomplir sa volonté, alors Jésus, dont la nourriture a été de faire la volonté de son Père, l’a offert bien avant son sacrifice de la croix. Qu’il nous donne de vivre comme lui !

Alléluia. Alléluia. Que le Père de notre Seigneur Jésus Christ ouvre à sa lumière les yeux de notre cœur, pour que nous percevions l’espérance que donne son appel. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 16, 21-27

En ce temps-là, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas ». Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes ».

Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera. Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ? Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Seuls les disciples, et non les foules, ont reconnu en Jésus le Messie promis par Dieu. Pourtant ils se font du Messie une fausse idée : selon eux, il doit triompher avec puissance de tous les obstacles pour libérer son peuple du péché et de l’occupation romaine. Jésus heurte de front cette mentalité quand il annonce ses souffrances et sa mort. Pierre s’y oppose, mais Jésus le repousse violemment comme il le fit pour Satan lors de la tentation dans le désert. Cette réaction des hommes au salut par la croix méconnaît la volonté de Dieu. Qui se veut disciple du Christ doit être prêt à renoncer à lui-même pour trouver la vie dans le chemin qu’a suivi Jésus de sa passion à sa résurrection.

N’avons-nous pas le même réflexe que Pierre quand il nous faut envisager la souffrance et l’incompréhension à cause de notre foi au Christ et de notre appartenance à l’Église ? Et pourtant, par la grâce du Christ, Pierre l’a suivi jusqu’à la croix.

 

Homélie

Dans l’Évangile de dimanche dernier nous avons vu Jésus féliciter vivement l’apôtre Pierre qui éclairé intérieurement par Dieu le Père, venait de reconnaître en Lui le Messie, le Fils du Dieu vivant.

Aujourd’hui nous le voyons par contre adresser, frères et sœurs, à ce même Pierre – qui lui fait des reproches inspirés cette fois par des sentiments humains – une cinglante réponse. Si Jésus agit de la sorte c’est parce que la pierre sur laquelle reposera un jour son Eglise est devenue pour l’heure un scandale, une pierre d’achoppement.

L’apôtre Pierre, parce qu’il est dominé cette fois-ci par des pensées toutes humaines et non pas les pensées de Dieu, devient en fait pour Jésus un instrument de Satan, le Tentateur.

Il ne faut pas oublier, en effet, que depuis la première tentation au désert, Satan cherche par tous les moyens à détourner Jésus de la voie qu’il a choisie pour sauver le monde du péché et de la mort : la voie douloureuse qui conduit à la Croix, témoignage suprême de l’Amour.

Cette réaction de Pierre traduit bien d’ailleurs la mentalité des apôtres, telle qu’elle transparaît dans l’Évangile. Quand Jésus leur parle du Royaume et de sa Gloire, aussitôt ils affirment leur volonté de suivre le Maître jusqu’au bout. Mais lorsque le Seigneur leur indique le chemin qui doit les conduire à de tels sommets ils se fâchent, protestent et reculent.

Mais, n’est-ce pas aussi, frères et sœurs notre mentalité à nous ? Mentalité qui est très largement répandue en ces temps de laisser-aller et de permissivité. N’y a-t-il pas des vérités, des exigences évangéliques que nous avons du mal à admettre et plus encore à faire passer dans notre comportement, dans notre vie concrète ?

Croire en Jésus-Christ, cet homme-Dieu crucifié ! Admettre que pour le suivre et lui ressembler il nous faille, comme Lui, être en butte à la persécution ou tout au moins à la contradiction, au dénigrement, à la dérision et accepter, de surcroît, qu’épreuves physiques ou morales nous assaillent, avouons que cela est dur, que cela a beaucoup de mal à passer.

Seulement attention ! Si dans la religion chrétienne, ce que nous cherchons c’est la Pâque sans la Croix, c’est-à-dire la joie sans l’effort, le bonheur sans le sacrifice, eh ! bien nous nous sommes trompés d’adresse…

Il y a des gens, qui lorsqu’ils se trouvent au pied d’une belle et haute montagne, sentent sourdre en eux le désir de la gravir le plus tôt possible. Mais lorsqu’il s’agit de payer le prix de la montée, de suer sur le chemin du don et du renoncement, de surmonter laborieusement bien des difficultés, alors ils s’assoient sur le bord du chemin et pris par le découragement ils redescendent vers la plaine, tellement ils préfèrent l’autoroute de leur petit confort aux exigences qui sont pourtant la rançon de toute joie profonde et durable.

Jésus dans l’Évangile de ce jour nous met en garde. Beaucoup de gens – des jeunes, surtout – sont facilement séduits par son visage hors du commun et projettent en Lui tous leurs rêves de justice, de fraternité et d’amour. Seulement voilà : Jésus n’a jamais promis les énergies de son Esprit aux partisans d’un progrès sans peine, à ceux qui se contentent de réclamer un petit paradis de la terre et d’attendre le paradis final en faisant une sieste bien-pensante dans le fauteuil confortable de leur paresse spirituelle.

Certes Jésus veut notre bonheur, mais notre vrai bonheur : un bonheur bien différent de celui que nous imaginons ou que nous cherchons fébrilement sur des fausses pistes (l’argent par exemple…). D’ailleurs, s’il a accepté, dans son fol amour de souffrir et de mourir sur une croix, n’est-ce pas pour nous obtenir la grâce incomparable de la Vie divine qui fait de nous les enfants bien-aimés du Père et donc les héritiers de son Paradis où nous partagerons éternellement sa Béatitude ?

Frères et sœurs, si nous voulons comprendre au moins un peu, le sens de la souffrance dans nos vies, contemplons Marie au pied de la Croix. Personne n’a été « associé » autant qu’elle à la Passion du Sauveur. Qui pourra avoir la moindre idée de son martyre intérieur ?

Et les saints, qu’ont-ils faits à son exemple ? Trouvez-en un seul qui n’ait pas accepté d’offrir par amour toutes sortes de souffrances en union avec le Crucifié ?

Eh bien, nous aussi, qui voulons être des disciples du Christ, nous devons librement et volontairement communier au Sacrifice de Jésus en offrant tout ce qui nous coûte dans notre vie, tout ce qui nous fait souffrir, physiquement ou moralement. C’est tout le sens de l’invitation que saint Paul nous adressait dans la 2ème lecture « Je vous exhorte par la tendresse de Dieu à lui offrir votre personne et votre vie en sacrifice saint capable de lui plaire ».

Puissions-nous donc, frères et sœurs, en communion d’amour avec Marie qui est la Corédemptrice par excellence, en communion avec tous les saints qui sont nos modèles et nos entraîneurs, accepter d’être à notre petite taille et pour notre modeste part des corédempteurs. Aidons Jésus à porter sa croix. Aidons-le à réaliser notre salut et celui de nos frères.

Quand nous aurons compris que notre communion au mystère de la Croix est l’unique secret de la Joie, il y aura déjà sur cette terre et dans nos cœurs, un gros morceau de Paradis.

Amen.

Lectures du 22ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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26 août 2023 6 26 /08 /août /2023 19:54

Lecture du livre d'Isaïe 22, 19-23

Isaïe attend d’Éliakim, le nouveau gouverneur de Judée, qu’il soit un père pour ses administrés.

Parole du Seigneur adressé à Shebna le gouverneur : « Je vais te chasser de ton poste, t’expulser de ta place. Et, ce jour-là, j’appellerai mon serviteur, Éliakim, fils d’Helcias. Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira. Je le planterai comme une cheville dans un endroit solide ; il sera un trône de gloire pour la maison de son père ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : Le gouverneur du palais dans le royaume de Judée tenait la place de notre Premier ministre. Shebna venait d’être renvoyé, sans doute à cause de ses exactions. Isaïe décrit l’investiture de son successeur, Éliakim. Le maître du palais porte les insignes distinctifs de sa charge, dont les clefs du palais, car c’est lui qui en ouvre les portes aux nombreux fonctionnaires attachés au gouvernement royal. Chargé de toute l’administration du royaume, il doit se montrer un père pour son peuple.

À quelles conditions Éliakim sera-t-il un père pour les habitants de Jérusalem et non un autre « petit père des peuples » ? Isaïe ne le dit pas. Quelles conditions mettrions-nous ?

Psaume 137

R/ : Seigneur, éternel est ton amour : n’arrête pas l’œuvre de tes mains.

  • De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce : tu as entendu les paroles de ma bouche. Je te chante en présence des anges, vers ton temple sacré, je me prosterne. R/
  • Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité, car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole. Le jour où tu répondis à mon appel, tu fis grandir en mon âme la force. R/
  • Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ; de loin, il reconnaît l'orgueilleux. Le Seigneur fait tout pour moi ! Seigneur, éternel est ton amour : n'arrête pas l’œuvre de tes mains. R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 11, 33-36

Qui d’entre nous a donné à Dieu en premier pour mériter de recevoir en retour, nous demande l’apôtre Paul ?

Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen. – Parole du Seigneur.

Commentaire : L’adoration de Paul ne s’adresse pas à un Dieu impénétrable et mystérieux, mais au Dieu qui s'est révélé dans l'histoire par son oeuvre d'amour pour les hommes. Depuis le début de sa lettre, l'apôtre a mis en lumière le dessein d'amour du Père appelant tous les hommes, juifs et païens, à devenir ses fils ; il a rappelé le geste d'amour du Fils venant sauver l'humanité prisonnière du péché depuis Adam ; il a montré comment l'Esprit Saint renouvelait par l'intérieur les hommes en qui il demeurait. Dès lors, qui oserait prétendre avoir aimé Dieu le premier pour attendre d'être payé en retour ? Qui aurait su que Dieu est un foyer d'amour, si les trois personnes divines n'avaient pas appelé les hommes à entrer dans l'intimité de leur amour éternel ?

Les chemins de Dieu sont impénétrables, écrit l'apôtre. En repensant à la route que le Seigneur nous a déjà fait parcourir, sommes-nous d'accord avec lui ?

Alléluia. Alléluia. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l'emportera pas sur elle. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 16, 13-20

Jésus fonde son Église sur l’apôtre Pierre ; elle a pour tâche de prolonger son acte de foi : Tu es le Fils du Dieu vivant.

En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes ». Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux ». Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c’était lui le Christ. – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : L’hostilité des chefs de sa nation à l’égard de Jésus et les hésitations de la foule ne lui ont pas permis de rassembler tout Israël comme la nouvelle communauté du Messie. Seuls ses disciples qui par la voix de Pierre l’ont reconnu comme le Sauveur envoyé du Père, formeront l’embryon de cette assemblée nouvelle, témoin de l’irruption du royaume de Dieu parmi les hommes. Jésus choisit Pierre comme assise de cette Église qu’il bâtira au long de l’histoire et qui défiera les forces de mort et de destruction. Il donne à Pierre, et à ses successeurs, pouvoir sur son domaine pour continuer son enseignement, établir les règles de gouvernement de ce nouveau peuple de Dieu et réconcilier les pécheurs.

« Tu es Pierre ». Non, Jésus, je suis…, mais avec moi continue à bâtir ton Église.

Homélie

Deux paroles émergent de cet évangile :

- « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant »,

- « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église ».

Deux affirmations qui sont bien autre chose qu’un échange de compliments entre Jésus, le Fils de Marie et Simon, fils de Yonas.

Deux affirmations qui énoncent deux vérités fondamentales de notre foi chrétienne :

- « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». La question essentielle que Jésus pose est celle de la foi, de la reconnaissance de ce qu’il est, lui, réellement aux yeux de Dieu. « Pour vous, qui suis-je ? »

Ce jour-là, Pierre éclairé par Dieu, dépasse les apparences et les doutes et professe au nom de tous la foi authentique.

Avant les autres, mieux que les autres il touche le Seigneur au cœur de son mystère, même s’il ne peut encore saisir le contenu d’un tel trésor. Pour lui, Jésus n’est pas un simple prophète comme Elie ou Jean-Baptiste. Pour lui, Jésus est bien le Messie envoyé par Dieu ; il est le Fils du Dieu vivant, pas seulement un fils de Dieu comme tous les hommes le sont, mais « le Fils » en un sens qui n’appartient qu’à Lui : c'est-à-dire celui qui est l’Image vivante du Père, né de lui avant tous les siècles et de même nature que lui.

- A l’admirable Profession de Foi de son apôtre, Jésus répond par une mission confiée et c’est la 2ème grande affirmation de cet Évangile : « Tu es Pierre ». En réalité il s’appelait Simon, fils de Yonas selon la chair et le sang, mais Jésus change ce nom en celui de Pierre et le charge d’une signification nouvelle : désormais, par la foi il sera « Pierre », c’est-à-dire le roc, le rocher, la pierre de fondation de la communauté des croyants de Jésus-Christ ; « Et sur cette pierre, je bâtirai mon église ».

Ainsi Jésus bâtit son œuvre : lui qui a en mains la clé de l’énigme de la condition humaine parce qu’il est le Fils de Dieu, voici qu’il confie à Pierre les clés de son Royaume : « Tu es Pierre, et je te donnerai les clés du Royaume des Cieux » à la manière dont à l’époque le gouverneur possédait les clés de la ville. Remettre les clés, c’est transmettre les pouvoirs, permettre d’entrer et de sorti : c’est surtout donner sa confiance. En recevant les clés du Royaume, Pierre devient l’intendant stable dont parlait la 1ère lecture : il est investi de la confiance de Jésus, il reçoit autorité pour maintenir dans l’unité de la Foi de la communauté des croyants qu’il est venu fonder.

Etre la pierre sur laquelle repose l’Église, tenir les clefs du Royaume des cieux, lier et délier sur la terre comme au ciel, quel programme en forme d’avalanche sur les épaules d’un homme généreux, certes, mais aussi frêle que les autres. Mais qu’importe ! Puisque Jésus ajoute une merveilleuse Promesse pour son Église : « la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle ». Même si la présence chrétienne n’est pas assurée en telle ou telle région de la terre, l’Église du Christ est assurée de ne pas périr : voici 2000 ans qu’elle tient debout en dépit de bien des vicissitudes : c’est un fait unique dans toute l’histoire humaine.. Si elle n’était pas d’origine divine il y a longtemps aurait disparu…

Aujourd’hui comme au temps de Jésus les réponses des hommes à la question : « Pour vous qui suis-je ? » risquent d’être encore plus mélangées que celles des disciples. Ce qui est sûr, frères et sœurs, c’est qu’aujourd’hui comme hier Jésus n’a pas son histoire derrière lui, mais devant ; à travers son Corps qui est l’Église, son mystère s’étend à toutes les générations comme à l’univers entier. Bossuet ne disait-il pas : l’Église c’est le Christ répandu et communiqué. Quant à Pierre son chef visible, il est toujours, à travers ses successeur (aujourd’hui le Pape François), celui qui professe la foi authentique en union avec les Évêques successeur des apôtres. Il en est le garant. Il est aussi celui qui confirme ses frères dans la foi selon une autre parole de Jésus « Et toi quand tu seras revenu affermis tes frères ». Cette mission c’est par son enseignement que le pape l’accomplit :

- un enseignement dans lequel il ne peut pas se tromper chaque fois qu’il proclame par un acte définitif un point de doctrine touchant la foi ou la morale (par exemple le respect de la vie depuis sa conception jusqu’à la mort),

- un enseignement que nous devons accueillir dans « l’obéissance de la foi » comme étant les Paroles même de Jésus.

Telle est, frères et sœurs, la grandeur incomparable de notre Église. Alors, comment ne pas l’aimer de toute notre âme ? Puisque c’est d’Elle que nous avons reçu la foi et toutes ces vérités qui donnent un sens à notre existence, puisque c’est par Elle que nous avons reçu et continuer à recevoir tant et tant de bienfaits spirituels, en particulier ces grands cadeaux que sont les sacrements au centre desquels il y a le Trésor inestimable de l’Eucharistie.

Oui, aimons l’Église plus que jamais en ces temps difficiles qui sont les nôtres : soyons toujours en communion avec Elle : heureux de ce qui fait sa joie, souffrant de ce qui la meurtrit et travaillant à son progrès dans notre vie de croyants et dans sa mission auprès des incroyants.

Surtout ne manquons pas de prier pour Elle en la confiant Elle et le Saint-Père à la sollicitude de Marie, proclamée Mère de l’Église par le Pape Paul VI à la fin du Concile Vatican II.

Prière universelle

Chaque jour encore, Jésus se révèle comme le Messie aux femmes et aux hommes de notre temps. Ce faisant, il leur ouvre la porte d’un monde nouveau qui répond à leurs aspirations de justice et de paix. Prions pour que le règne de Dieu arrive.

R/ : Écoute-nous, Dieu très bon.

  • Afin que les peuples se parlent et que cessent les guerres, prions le Seigneur. R/ 
  • Afin qu’il se souvienne des petits, des pauvres et des malades au milieu de nous, prions le Seigneur. R/ 
  • Afin qu’il guide son Église dans l’accomplissement de son salut et qu’il nous donne des pasteurs selon son cœur, prions le Seigneur. R/ 
  • Afin qu’il réunisse les familles divisées, et qu’il rassemble les croyants et croyantes dans l’amour et la fidélité, prions le Seigneur. R/ 

Seigneur, tu te révèles aux petits et aux humbles. Tu nous as donné ton Fils pour que nous te connaissions comme le Dieu de la vie. Garde-nous dans la fidélité et l’espérance. Alors, nous pourrons te louer avec Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen.

Source : https://fr.novalis.ca/

Lectures du 21ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 20:52

Lecture du livre d'Isaïe 56, 1.6-7

Isaïe annonce le caractère universel du Dieu d’Israël dont le Temple s’appellera : « Maison de prière pour tous les peuples ».

Ainsi parle le Seigneur : Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler. Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et tiennent ferme à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte je les comblerai de joie dans ma maison de prière, leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : On assiste après l’exil à un grand rayonnement de la religion juive. Le peuple dispersé parmi les nations pendant sa captivité y a été le témoin de son Dieu. Les étrangers convertis peuvent-ils espérer entrer à part entière dans le peuple élu et bénéficier de l’amour du vrai Dieu ? Isaïe répond que les étrangers qui s’attachent au Seigneur, qui observent le sabbat, obéissent aux commandements de l’Alliance sont assurés de voir leurs offrandes et leurs sacrifices agréés par Dieu dans son Temple dont la vocation est de rassembler tous les peuples. C’est donc l’obligation d’observer les ordonnances légales et rituelles d’Israël qui est imposées aux convertis étrangers ; cependant Isaïe rappelle que le culte n’a de valeur que s’il traduit une vie selon le droit et la justice.

« Maison de prière pour tous les peuples », c’est aussi la vocation de nos églises. Quel accueil et quelle place y faisons-nous à l’étranger, qu’il soit étranger à notre foi ou à notre pays ?

Psaume 66

R/ : Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble !

  • Que son visage s'illumine pour nous ; et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations. R/
  • Que les nations chantent leur joie, car tu gouvernes le monde avec justice ; sur la terre, tu conduis les nations. R/
  • La terre a donné son fruit ; Dieu, notre Dieu, nous bénit. Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l'adore ! R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 11, 13-15. 29-32

Pour être entendu des païens, peut-être fallait-il que l’Évangile ne soit pas d’abord reçu par le peuple juif, se dit Paul. Mais la miséricorde de Dieu n’a pas dit son dernier mot.

Frères, je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes : dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère, mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns. Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart, qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !

Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu, et maintenant, par suite de leur refus de croire, vous avez obtenu miséricorde ; de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire, par suite de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi. Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Dans ses tournées missionnaires, Paul s’est toujours adressé d’abord aux juifs. C’est leur refus d’accepter la Bonne Nouvelle qui l’a fait se tourner vers les païens. C’est donc « la désobéissance des fils d’Israël » qui a permis que la « miséricorde » de Dieu sauve les païens. Mais Paul espère fermement que la réussite de son ministère rendra jaloux ses frères de race et obtiendra la conversion de quelques-uns. Il conserve aussi l’espoir d’une conversion globale de tout son peuple qui le ferait accéder à la vie avec Jésus Christ, sûr qu’il est de l’amour miséricordieux de Dieu pour tous. Mais le jour et la manière de cette réintégration d’Israël demeurent pour Paul le mystère de Dieu.

Évangéliser, c’est permettre à une culture ou à une religion d’accueillir la Bonne Nouvelle sans renier ce qu’elle porte de meilleur. Quelles sont les valeurs de notre monde moderne qui attendent d’être assumées par l’Évangile ?

Alléluia. Alléluia. Jésus proclamait l’Évangile du Royaume, et guérissait toute maladie dans le peuple. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 15, 21-28

Avant la mission de l’Église vers les païens, la foi d’une païenne fait déjà l’admiration de Jésus.

En ce temps-là, partant de Génésareth, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon ». Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ». Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens ». Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie. – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Durant son ministère en Palestine, Jésus s’était volontairement limité à n’annoncer l’Évangile qu’aux juifs, les brebis perdues d’Israël. Convenait-il alors pour les premières communautés chrétiennes d’accepter les païens dans l’Église ? En relatant l’épisode de la guérison de la fille d’une étrangère, Matthieu tente de répondre à cette question. Si Jésus s’est laissé convaincre par la grandeur de la foi de cette femme qui ne s’est pas découragée devant son refus, c’est-ce pas qu’aujourd’hui encore la foi des païens leur ouvre l’accès au Christ ?

Jésus, pourrais-tu dire de moi : « Ta foi est grande ? »

Homélie

Nous avons tous fait, un jour ou l’autre, l’expérience de ne pas voir nos prières exaucées – du moins en apparence.

Pour bien comprendre ce qui se passe en pareil cas il nous faut méditer profondément la scène merveilleuse que saint Matthieu vient de nous décrire. Qui sait si elle ne contient pas une réponse, à condition de ne pas lire superficiellement.

Pour peu que nous soyons attentifs nous comprenons que dans ce domaine de nos relations avec Dieu par la prière il ne faut pas se fier aux apparences.

Dans son attitude vis-à-vis de la Cananéenne, Jésus donne l’impression d’être sans cœur, insensible, dur, cinglant même.

Il commence en effet, par ne rien répondre du tout. Puis il semble opposer un refus catégorique « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ».

Il semble enfin, se moquer de la pauvre femme qui le supplie : « Il n’est pas bon de prendre le pain des petits enfants pour le donner aux petits chiens ».

En réalité, sous ces apparences négatives, il se passe quelque chose entre Jésus et cette femme si pleine de confiance et si tenace : mais c’est à l’intérieur que cela se passe. Car le Christ, Lui, voit dans l’âme de la Cananéenne le souffle de l’Esprit qui gonfle sa foi et la fait même déborder en prière. Alors la dureté avec laquelle il semble la traiter ne serait-elle pas comme ces barrages de montagne qui arrêtent les eaux, mais provoquent leur montée jusqu’à produire des prodiges de puissance (dans le domaine de l’électricité en particulier). Et c’est bien ce qui se passe chez cette païenne dont la persévérance force l’admiration.

Tandis qu’il la repousse en paroles, Jésus l’attire du dedans par la grâce, au point que sa Foi soumise à trois épreuves successives s’élève à un très haut niveau et devient un modèle pour les disciples eux-mêmes. Jésus qui à le cœur bouleversé par tant de confiance et d’humble persévérance ne peut retenir son admiration « Ô Femme qu’elle est grande ta foi » et l’exauce alors selon son désir. »

« Que tout se fasse pour toi comme tu veux ». Et à l’heure même sa fille fut guérie. Illustration parfaite de cette autre parole prononcée par Jésus : « Tout est possible à celui qui croit ».

Chers frères et sœurs, cet épisode évangélique si riche en enseignements devrait susciter en nous au moins trois interrogations :

  • 1èreinterrogation : comment interprétons-nous les épreuves que subit notre vie et qu’endure notre foi ? Il nous arrive à tous, une fois ou l’autre de traverser des zones de souffrances ou de ténèbres. Nous sommes bouleversés par le cours des évènements et décontenancés par l’attitude de Dieu à notre égard et nous disons : « Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Dieu m’aurait-il abandonné ? Et si précisément, dans ces moments là, Dieu nous faisait le coup du barrage ?!! Pour donner à notre foi l’occasion de se fortifier et de grandir ? Et pour faire monter ainsi le niveau de notre amour envers lui, de notre communion avec lui, autrement dit : de notre sanctification ?
  • 2èmeinterrogation : constatant que la Cananéenne, a été exaucée « selon son désir » demandons-nous quelle est la mesure de nos désirs ? Disons-nous bien que si nos désirs sont petits, Dieu ne nous donnera que de petites satisfactions, mais si nos désirs sont grands, élevés par delà l’humain et l’immédiat, divins et éternels il se fera une joie de nous combler « Fais-toi capacité disait le Christ à sainte Catherine et je me ferai torrent ».
  • 3èmeinterrogation : même si Jésus s’est humblement limité aux brebis perdues d’Israël, il laisse entrevoir dans cette page d’Evangile que son salut est destiné à tous les hommes. Nous devons donc nous demander « Pourquoi ai-je la chance d’avoir la foi ? » Pourquoi suis-je un privilégié, admis à manger le pain des enfants de Dieu ? Est-ce que je n’oublie pas trop souvent l’immense foule qui attend les miettes de cette table divine ? Toute élection par Dieu est aussi une mission universelle. Si Dieu choisit certains, c’est pour les envoyer à tous les autres. Que faisons-nous concrètement pour la propagation de la foi autour de nous ? Pour que l’évangile du bonheur soit annoncé dans les milieux où nous vivons et jusqu’aux extrémités de la terre et de telle manière que le monde entier devienne selon l’expression du prophète Isaïe : « Une maison de prière pour tous les peuples ».

Que chacun, donc, dans le secret de son cœur fasse l’effort de se remettre en cause à partir de cet évangile, et qu’il sache en tirer les conséquences pour la conduite de sa vie chrétienne.

Amen.

Lectures du 20ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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11 août 2023 5 11 /08 /août /2023 21:10

Lecture du premier livre des Rois 19, 9a.11-13a

En ces jours-là, lorsque le prophète Élie fut arrivé à l’Horeb, la montagne de Dieu, il entra dans une caverne et y passa la nuit. Le Seigneur dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer ». À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne.

Commentaire : le prophète Elie se rend en pèlerinage au Sinaï et, comme Moïse, se cache dans une caverne en attendant son passage. Pourtant, ce n’est pas à travers l’orage, le tremblement de terre ou les éclairs comme lors de l’Alliance de Dieu avec son peuple à la sortie d’Égypte, mais à travers une brise légère qu’Elie reconnaît la présence de Dieu. Ce n’est plus dans un déploiement de puissance que le Seigneur s’adresse à ses prophètes, mais dans l’intimité de la méditation de sa Parole.

Tu me parles dans le murmure d’une brise légère, Seigneur, sur le ton de la confidence. Fais taire en moi les bruits qui m’empêchent de t’entendre et éveille mon cœur à l’intime de ta présence.

Psaume 84

R/ : Fais-nous voir Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.

  • J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles. Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre. R/
  • Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ; la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice. R/
  • Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit. La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin. R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 9, 1-5

Frères, c’est la vérité que je dis dans le Christ, je ne mens pas, ma conscience m’en rend témoignage dans l’Esprit Saint : j’ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. Moi-même, pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais être anathème, séparé du Christ : ils sont en effet israélites, ils ont l’adoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses de Dieu ; ils ont les patriarches, et c’est de leur race que le Christ est né, lui qui est au-dessus de tout, Dieu béni pour les siècles. Amen.

Commentaire : Qui pourrait comprendre la solidarité de Paul avec les Juifs, ses frères de race et sa famille spirituelle, eux que Dieu a choisis et entourés de sa tendresse, par qui il a révélé aux hommes les trésors de sa grâce et de sa Parole ? Peut-être ceux d’entre nous qui se veulent solidaires des hommes et des femmes de bonne volonté, qui sont témoins de leur générosité, qui partagent avec eux leurs aspirations à un monde plus juste et plus fraternel, et qui, dans le même temps, souffrent de voir tant de générosité, tant d’oubli de soi, tant de soif de justice passer à côté de Jésus Christ, celui en qui toutes ces valeurs et ces espérances trouvent leur source et leur accomplissement.

Il nous arrive de souffrir en constatant que des amis très chers, des enfants ou des parents proches sont loin de la foi chrétienne ou s’en sont éloignés. Si notre tristesse rejoint celle de Dieu, désireux de révéler son amour à tous, notre confiance en ses promesses est-elle plus grande que notre tristesse ?

Alléluia. Alléluia. J’espère le Seigneur, et j’attends sa parole. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 14, 22-33

Aussitôt après avoir nourri la foule dans le désert, Jésus obligea les disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. Quand il les eut renvoyées, il gravit la montagne, à l’écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul. La barque était déjà à une bonne distance de la terre, elle était battue par les vagues, car le vent était contraire.

Vers la fin de la nuit, Jésus vint vers eux en marchant sur la mer. En le voyant marcher sur la mer, les disciples furent bouleversés. Ils dirent : « C’est un fantôme ». Pris de peur, ils se mirent à crier. Mais aussitôt Jésus leur parla : « Confiance ! c’est moi ; n’ayez plus peur ! » Pierre prit alors la parole : « Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux ». Jésus lui dit : « Viens ! » Pierre descendit de la barque et marcha sur les eaux pour aller vers Jésus. Mais, voyant la force du vent, il eut peur et, comme il commençait à enfoncer, il cria : « Seigneur, sauve-moi ! » Aussitôt, Jésus étendit la main, le saisit et lui dit : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Et quand ils furent montés dans la barque, le vent tomba. Alors ceux qui étaient dans la barque se prosternèrent devant lui, et ils lui dirent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

Commentaire : La marche de Jésus sur la mer le manifeste comme le Maître souverain de la mort. Rappelons-nous que la mer est le symbole des puissances du chaos et de la mort, dans la Bible. Aussi ne sommes-nous pas étonnés de voir les disciples le prendre pour un revenant. Comme lors de sa résurrection, le Christ les rassure et se fait reconnaître d’eux. Pierre se propose alors d’aller à sa rencontre, mais il a peur et s’enfonce. Jésus lui reproche ses doutes et son peu de foi, comme il le fera à ses disciples après sa résurrection. S’adressant à son Église ballottée par les vents contraires, Matthieu l’invite à renouveler sa foi au Fils de Dieu, vainqueur de la mort, qui peut la rendre victorieuse de la peur devant la persécution et les brimades d’un monde hostile.

Le Christ ressuscité nous invite à regarder avec sérénité les obstacles que la barque de l’Église rencontre aujourd’hui dans le monde et en elle-même. Mars pour cela il faut que je rame dans la barque.

Prière universelle

Celui qui a marché sur les eaux n’est pas un fantôme. C’est Jésus ressuscité. En prenant la main qu’il nous tend, nous pouvons entraîner tous nos frères et sœurs à sa suite. Élargissons notre prière aux dimensions du monde.

R/ : Les yeux levés vers toi, Seigneur, nous te prions.

  • Pour les responsables des peuples, pour tous ceux et celles qui portent l’espoir de leur nation, prions le Seigneur. R/
  • Pour l’Église répandue dans le monde, pour tous les gens engagés au nom de l’Évangile, prions le Seigneur. R/
  • Pour les prophètes de notre temps, pour tous ceux et celles qui donnent leur vie pour la vérité, prions le Seigneur. R/
  • Pour les malades et les pauvres qui attendent une parole d’espérance, prions le Seigneur. R/
  • Pour notre communauté parfois tentée par le repli sur soi et le manque de confiance, prions le Seigneur. R/

Dieu notre Père, toi qui as ressuscité Jésus et qui nous promets une vie nouvelle, achève ce que tu as commencé dans notre monde. Fais-nous voir ton amour et conduis-nous vers la vie qui ne finit jamais. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils et notre frère, qui règne avec toi et l’Esprit pour les siècles des siècles. Amen.

Source : https://fr.novalis.ca/

Lectures du 19ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

Homélie

L’Evangile de ce dimanche ainsi que la première lecture attirent notre attention sur les »Temps forts » qui nous sont nécessaires pour rencontrer Dieu,

  • des temps forts pour la Paix et le recueillement,
  • des temps forts pour l’homme en détresse qui lance des appels au secours à celui qui seul peut le sauver : le Seigneur-Jésus.

L’Evangile nous montre Jésus qui après le miracle de la multiplication des pains a besoin de Paix. Il craint surtout de devenir une « star », un « superman » et d’être choisi par les foules comme roi et libérateur d’Israël. Ce qui n’est pas le but de sa mission. Il oblige donc ses apôtres à se retirer et gravit la montagne... La montagne, dans la Bible, c’est le lieu où l’on rencontre Dieu. Là dans le silence, dans la paix de la nuit, loin du monde Jésus vit « un temps fort » de communion profonde avec son Père, dans le cœur à cœur de la prière.

Personne n’est capable d’imaginer ce dialogue d’amour où le Christ, en tant qu’homme, vit avec son Père cette relation indicible qu’il vit éternellement dans les splendeurs et la joie infiniment comblante de la Sainte Trinité.

Comme on aimerait, n’est-il pas vrai, écouter cet échange merveilleux et sublime ?

Et pour nous, frères et sœurs, qu’en est-il ?

Avons-nous conscience de notre besoin de paix, de silence et de recueillement ?

A l’exemple de Jésus il faut à tout prix nous obliger à trouver « ces temps forts » qui conditionnent, qui favorisent notre mise en présence de Dieu et notre intimité avec Lui. Et pour cela, il faut nous mettre à l’écart de temps en temps : dans notre chambre comme nous y invite l’évangile : dans le calme d’une église ou d’une petite chapelle déserte, ou tout simplement dans une belle nature qui fait deviner la grandeur et la beauté de Dieu à travers sa création et invite à la prière contemplative. N’a-t-on pas dit que la nature c’est le premier livre de prière ?

Disons-nous bien frères et sœurs que le silence est un moyen privilégié de rencontre avec Dieu. Alors ! Que notre parole ne tue pas ce silence !  Nous avons vu dans la 1ère lecture que Dieu n’est pas dans l’orage, il n’est pas dans le tremblement de terre, ni dans le feu. Il est dans la brise légère.

Lorsque nous saurons nous taire pour écouter le murmure de cette brise légère qui est l’Esprit-Saint nous ferons de grands progrès dans notre vie de foi, d’espérance et d’amour, car dans notre prière des lumières nous seront données pour discerner où est la volonté de Dieu sur nous et nous recevrons la force qui nous aidera à l’accomplir. « Dans la prière, disait un évêque, le chrétien prend une certaine distance par rapport à ce qu’il vit chaque jour afin d’y découvrir les appels de Dieu et de mieux voir les engagements qu’il doit prendre ».

Après avoir prié une grande partie de la nuit sur la montagne, Jésus décide d’aller à la rencontre de ses apôtres qui naviguent péniblement sur le lac dans une barque battue par les vagues. Il s’avance vers eux par le chemin le plus court, c’est-à-dire en marchant sur l’eau. Ne croyons surtout pas qu’il veut par là jouer au magicien : il veut tout simplement montrer qu’il est le Maître des puissances du mal. Dans la Bible en effet la mer évoque le monde. Des tempêtes, des monstres marins et des puissances maléfiques...

Stupéfaits de le voir marcher ainsi sur la mer, « croyant voir un fantôme », saisis par une grande frayeur les apôtres se mettent à crier... Jésus aussitôt les rassure : « confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ». Et voici que Pierre se pique au jeu. Présomptueux il s’offre pour faire comme son Maître : marcher sur la mer, marcher sur les puissances du mal...

Connaissant peu sa faiblesse, ne pensant plus à Jésus, mais à la situation bien peu normale dans laquelle il se trouve, il est pris de doute et la mer, c'est-à-dire le mal, reprend son pouvoir sur lui. Il s’enfonce jusqu’au moment où la peur lui arrache une prière sous forme de S.O.S. : « Seigneur sauve-moi ».

Cet épisode est riche en enseignements mais il nous rappelle tout d’abord que dans nos vies il n’y a pas que des passages paisibles, nous y rencontrons parfois des turbulences... Et lorsque tout va mal, lorsque tout est noir, nous ne voyons plus la présence de Dieu dans notre vie et au cœur de nos épreuves. C’est dans ces moments-là surtout que nous avons besoin de soutien indispensable de la prière.

Une prière suppliante et persévérante qui n’est pas portée par le sentiment mais seulement par la volonté.

Une prière pleine de confiance qui ne doute jamais de la Toute-puissance de Jésus, de la Toute-puissance de son Amour.

La prière c’est en quelque sorte notre planche à voile, qui nous permet de « surfer » sur toutes les épreuves de la vie :

  • dans nos maladies, elle nous ouvre à la patience,
  • dans nos deuils, elle nous ouvre à l’espérance,
  • dans nos souffrances quelques qu’elles soient, elle nous fait découvrir une juste perception du réel : « pour l’homme qui prie, disait Léon Bloy, il n’y a ni désespoir, ni tristesse amère ».

Enfin souvenons-nous que la misère nous fait découvrir notre faiblesse et ainsi la nécessité d’un Sauveur. C’est dans l’expérience toujours désolante de sa faiblesse que l’âme prend conscience qu’elle n’a pas de force à elle, mais que la force du Christ l’habite et la soutient.

Cette vérité, frères et sœurs, je voudrais l’illustrer en vous citant une petite parabole qui me servira de conclusion :

« Une nuit, je rêvais que je marchais sur la plage de Dieu. Dans le firmament apparaissaient les tableaux de ma vie. A chacun d’eux je relevais 2 traces de pas dans le sable : la mienne et celle de Dieu. Après avoir vu le dernier tableau je revins en arrière et remarquai qu’à plusieurs reprises, durant les périodes les plus tristes et les plus difficiles de ma vie, je n’observais qu’une seule trace. Je questionnai Dieu à ce sujet : Seigneur tu m’as dit que si je te suivais, tu marcherais avec moi, mais je vois qu’au cours des périodes les plus tristes de ma vie, il n’y a qu’une seule trace de pas sur le sable ! Pourquoi dans ces moments où j’avais le plus besoin de toi, tu m’as laissé seul ? Dieu répondit : pourquoi doutes-tu ? Jamais je ne t’aurais quitté durant les périodes d’épreuves et de souffrances : lorsque tu ne vois qu’une trace, c’est que je te portais sur mon dos ».

Amen.

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30 juillet 2023 7 30 /07 /juillet /2023 17:38

Lecture du Premier livre des Rois 3, 5. 7-12

En ces jours-là, à Gabaon, pendant la nuit, le Seigneur apparut en songe à Salomon. Dieu lui dit : « Demande ce que je dois te donner ». Salomon répondit : « Ainsi donc, Seigneur mon Dieu, c’est toi qui m’as fait roi, moi, ton serviteur, à la place de David, mon père ; or, je suis un tout jeune homme, ne sachant comment se comporter, et me voilà au milieu du peuple que tu as élu ; c’est un peuple nombreux, si nombreux qu’on ne peut ni l’évaluer ni le compter. Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple, qui est si important ? »

Cette demande de Salomon plut au Seigneur, qui lui dit : « Puisque c’est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisque tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner, je fais ce que tu as demandé : je te donne un cœur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : La qualité essentielle d’un souverain avec justice Salomon qui reconnaît sa jeunesse et son inexpérience le sait bien et demande à Dieu la grâce de savoir gouverner ce peuple qui n’est pas le sien puisqu’il est le peuple de Dieu. Le Seigneur lui promet d’exaucer son vœu. Salomon a bien débuté son règne, mais à la fin de sa royauté, il s’est détourné de Dieu et a préparé la ruine de son peuple. Il n’en reste pas moins, une figure du Messie, attendu comme le roi parfaitement juste et équitable.

Parmi les dons et les qualités que nous avons reçus du Seigneur lesquels estimons-nous le plus ?

Psaume 118

R/ : De quel amour j’aime ta loi, Seigneur !

  • Mon partage, Seigneur, je l'ai dit, c'est d'observer tes paroles. Mon bonheur, c'est la loi de ta bouche, plus qu'un monceau d'or ou d'argent. R/
  • Que j'aie pour consolation ton amour selon tes promesses à ton serviteur ! Que vienne à moi ta tendresse, et je vivrai : ta loi fait mon plaisir. R/
  • Aussi j'aime tes volontés, plus que l'or le plus précieux. Je me règle sur chacun de tes préceptes, je hais tout chemin de mensonge. R/
  • Quelle merveille, tes exigences, aussi mon âme les garde ! Déchiffrer ta parole illumine et les simples comprennent. R/