Les gardes suisses, depuis cinq siècles, protègent le pape. «Coopération» vous invite à les rencontrer, dans un voyage exclusif.
Place Saint-Pierre : au-dessus de l'Arco delle Campane, une cloche sonne, il est 7 heures. Des pas résonnent derrière le grand portail de fer, un crissement et le premier battant s'ouvre. Un hallebardier de la Garde suisse, en uniforme de nuit (bleu et col blanc), s'avance tandis qu'un autre ouvre le second vantail. Ils prennent leur poste de garde : c'est le service matinal qui commence.
Depuis 505 ans, 110 gardes suisses veillent à la sécurité du Pape. Au XVe siècle, les mercenaires suisses jouissent d'une réputation d'excellence dans toute l'Europe: les soldats helvétiques passent pour les meilleurs combattants européens, leur loyauté est légendaire. En 1495, les mercenaires suisses sauvent la vie de Charles VIII, roi de France. Le pape Jules II en est si impressionné qu'il demande à la Diète fédérale de lui fournir un contingent de mercenaires pour sa garde personnelle.
Le 22 janvier 1506, ceux-ci entrent au Vatican sous la conduite de leur commandant, Kaspar von Silenen, marquant l'avènement de la Garde pontificale. Quand, aujourd'hui, on demande à ses membres pourquoi ils sont au Vatican, ils répondent que c'est pour servir le pape, mais aussi pour continuer l'histoire....
Evoquer le pape, c'est aussi songer au magnifique uniforme porté par les gardes: bleu, rouge et jaune, des couleurs qui sont aussi celles des Médicis, bien que le costume, en réalité, n'ait vu le jour que dans les premières années du XXe siècle. Sa conception, elle, cependant, est bien plus ancienne et s'inspire des œuvres de Raphaël.
Lors du serment, les gardes suisses jurent de servir le pape régnant et ses successeurs, affirmant leur résolution à sacrifier, «si nécessaire, leur vie pour leur défense». Et il ne s'agit pas de vaines paroles : vingt ans seulement après la fondation du corps, 147 gardes meurent sur la place Saint-Pierre, lorsque les lansquenets de Charles Quint attaquent le Vatican. Seuls 42 Gardes, en ce 6 mai 1527, survivent au Sacco di Roma, et réussissent à sauver le pape Clément VII en le faisant passer par un chemin secret, le Passetto, menant du Vatican au château Saint-Ange.
Moment particulier dans la vie des gardes suisses : le «service d'honneur», auquel ils se prêtent soit lors de la visite d'un invité officiel, soit pour monter la garde à côté du trône du pape pendant une audience, ou encore à côté de l'autel lors d'une messe. Moments pendant lesquels les gardes se tiennent aussi immobiles que des statues de cire. A une exception toutefois : quand le pape présente l'hostie au cours de la messe dans la basilique Saint-Pierre, même les hallebardiers se mettent à genoux devant le corps du Seigneur.
« Je suis heureux de servir. »
Grégoire Piller, vice-caporal, 27 ans, employé de commerce. Lieu d’origine : Avry, canton de Fribourg. Membre de la Garde depuis novembre 2005.
Coopération. Pourquoi la Garde suisse ?
Grégoire Piller. Je voulais entrer dans la Garde depuis l’âge de 10 ans. J’ai toujours été passionné par la Garde suisse, non seulement en raison de son engagement au service de l’Eglise, mais aussi à cause de sa dimension militaire. Je suis fasciné par la tradition et par toutes les valeurs qui fondent le corps de la Garde.
Que vous apporte le service ?
Aujourd’hui comme hier, l’histoire n’a pas changé : on se met au service du Saint-Père, on fait la connaissance de nombreuses personnes, on vit au cœur de la Sainte Eglise, au sein même du Vatican.
Quel rapport faites-vous entre votre service et la foi ?
C’est donner sa vie au Saint-Père et se consacrer corps et âme à l’Eglise, en tant que croyant catholique. Ici, on peut vivre sa foi, au cœur de l’Eglise et au service du Saint-Père. On rencontre beaucoup de pèlerins, beaucoup de personnes qui se rendent auprès du pape. On a de nombreux contacts avec des personnes venues des quatre coins du monde.
Les plus grosses difficultés que vous avez rencontrées ?
Le service est parfois rude : il faut en effet rester longtemps debout aux différents postes de garde.
L’événement le plus marquant de votre vie de garde ?
La prestation de serment des gardes à l’occasion des 500 ans de la fondation de la Garde suisse pontificale, le 6 mai 2006. Elle s’est déroulée sur la place Saint-Pierre.
Que comptez-vous faire après la Garde suisse ?
Je voudrais prolonger mon engagement à la Garde. Chaque matin, je me réveille avec le sourire et je suis heureux de pouvoir servir le pape.