Chers frères et sœurs, chaque fois qu’il nous est donné de participer à ce Banquet du Ciel sur la terre qu’est l’Eucharistie, nous devons, dans un grand esprit de Foi, nous convaincre qu’il y a là, tout près de nous et cependant bien au devant de nous à une place privilégiée tout près de l’autel, Celle qu’on se plaît à invoquer sous le très beau vocable de Notre-Dame du Très Saint Sacrement.
Ce titre si évocateur, convient parfaitement à Marie, la Vierge Très Sainte, et cela pour trois grandes raisons :
- Il lui convient tout d’abord, parce qu’Elle est la Mère de l’Homme-Dieu, notre Rédempteur et Sauveur.
Si au moment décisif de l’Annonciation, Marie avait refusé cette Maternité Divine, si Elle n’avait pas accepté de coopérer à plein cœur au plan divin du Salut, eh bien ! Nous n’aurions pas eu l’Incarnation Rédemptrice, ni à plus forte raison, le Mystère Eucharistique, qui en est le prolongement et l’actualisation tout au long du pèlerinage terrestre de l’Eglise.
Oui, c’est bien parce que le Fils de Dieu, le Verbe Eternel a pu ainsi assumer une nature semblable à la nôtre, dans le sein très pur de Marie, qu’ll a pu 33 ans après, au soir de la Cène, faire à son Eglise le don inouï de son « Corps » et de son « Sang », sous les signes d’un Sacrement.
La Liturgie nous rappelle cette vérité chaque fois qu’elle nous fait chanter : « Ave, verum Corpus natum de Maria Virgine » (Nous te saluons, Vrai Corps du Christ né de la Vierge Marie).
Saint Thomas d’Aquin qui est l’auteur de cette prière, souligne ainsi très nettement l’identité qu’il y a entre le Corps du Christ qui vit dans l’Hostie et le Corps du Christ qui est né de Marie.
On peut donc dire de ce point de vue, que Marie est vraiment la Mère de l’Eucharistie, et cela seul suffirait, bien sûr, pour justifier son titre de Notre-Dame du Très Saint Sacrement.
- Mais Marie est également Notre-Dame du Très Saint Sacrement parce qu’Elle est la Corédemptrice et la Médiatrice de toutes les grâces.
Depuis toujours, nous le savons, l’Eglise enseigne que l’Eucharistie, c’est au sens le plus fort du mot la re-présentation du Sacrifice de la Croix, son actualisation.
Or, Marie fut intimement associée en sa qualité de Nouvelle Eve à l’offrande rédemptrice de son Fils, le Nouvel Adam.
Saint Jean nous la montre, en effet, debout au pied de la Croix, subissant une véritable mort mystique, alors que son Fils subissait une atroce mort physique ; offrant à Dieu le Père, la Divine Victime et s’offrant très généreusement avec elle en Victime d’Amour.
Ayant collaboré à l’acquisition des grâces de la Rédemption, Marie se trouve également associée à leur distribution.
Etablie par le Seigneur, Médiatrice Universelle, Elle possède par conséquent l’entière disposition de l’Eucharistie, dispensant aussi bien les grâces qui y préparent que les grâces qui en découlent.
Un Juif converti qui avait su discerner en Notre-Dame, ce rôle de « pourvoyeuse du Pain de Vie », René Schwob, lui fit un jour cette prière :
« Nous ouvrons la bouche,
nous tendons la langue pour recevoir le pain que vous avez pétri,
Vierge Pleine de Bonté, Boulangère Eternelle ».
- Marie est enfin Notre-Dame du Très Saint Sacrement parce que, « première et parfaite chrétienne » durant de nombreuses années (depuis l’Ascension de Jésus jusqu’à son Assomption Glorieuse) Elle a vécu non seulement de l’Eucharistie mais pour l’Eucharistie, avec une qualité et une intensité de sentiments qui étaient à la mesure de sa Foi, de son Espérance et de son Amour.
Voilà pourquoi, frères et sœurs, il faudrait que Marie soit pour nous, comme Elle le fut pour les Apôtres et pour les premiers chrétiens, l’Educatrice de notre Vie Eucharistique.
Or, cette éducation toute maternelle, où peut-elle l’exercer principalement, sinon à chaque Messe où Elle est présente, comme je le soulignais en commençant, d’une présence mystérieuse certes, mais effective et combien efficace.
Oui, c’est là qu’Elle nous forme avec patience, avec amour, aux dispositions fondamentales qui doivent être les nôtres au cours de la Messe d’abord, (et ensuite durant nos visites à Jésus-Eucharistie) inspirant nos attitudes intérieures, nous conduisant à communier de plus en plus aux sentiments qui habitaient son Cœur à l’Heure si éprouvante de la Passion et dans ces moments uniques où participant Elle-même à l’Eucharistie des Apôtres, Elle savourait l’indicible joie de communier au Corps de son Fils Ressuscité, ce Corps de Jésus dont Elle avait été le premier Tabernacle durant les neuf mois de sa gestation.
Alors chers frères et sœurs, chaque fois que nous participons au Mystère Eucharistique, prenons bien conscience de cette présence agissante de Notre Mère Bien-Aimée.
Confions-nous à Elle, comme des tout-petits et puis laissons-nous guider, laissons-la faire.
Elle ne manquera pas d’intervenir, soyons-en sûr, pour nous aider, tout d’abord à offrir le Christ ; pour nous aider ensuite à couler notre offrande dans la sienne.
Elle nous apprendra à jeter dans ce grand fleuve qui est l’offrande du Christ, le petit ruisseau de notre oblation personnelle, constitué par les milliers de gouttes d’eau de nos prières, de nos travaux, de nos joies, de nos peines, de nos sacrifices et de nos souffrances, bref, de tout ce qui fait notre vie. Emporté par ce puissant courant, il ira se déverser dans l’océan infini de l’Amour divin.
Et c’est ainsi, frères et sœurs, que Marie nous permettra de conduire à son achèvement, notre consécration baptismale.
Nous serons de plus en plus, tournés vers Dieu, polarisés par Dieu, immergés en Dieu, et nous ferons de toute notre vie une Hostie de Louange à la plus grande Gloire de la Très Sainte Trinité. Modèle incomparable de l’accueil fait au Christ, Marie interviendra également au cours de la Messe, pour nous aider à recevoir avec fruit, le Corps du Christ dans notre Communion Sacramentelle.
Pour cela, Elle nous invitera d’abord, chez Elle, dans son Cœur si accueillant et si aimant qui est « la Maison du Pain » par excellence.
Car c’est bien là, en Elle, que ce Pain du Ciel fut pétri et apprêté pour être la divine nourriture de nos âmes.
N’est-il pas normal, que ce soit là aussi, chez Elle, en Elle, qu’Il se plaise à être servi, mangé et savouré. Nous possédant ainsi en Elle, Marie saura bien avec toute sa délicatesse maternelle, harmoniser nos sentiments avec les siens.
Nos dispositions intérieures alors, seront telles que notre communion à Jésus-Eucharistie pourra, dans toute notre existence, déployer ses merveilleux effets, dont le but ultime est de nous diviniser, en nous transformant dans le Christ…
Réfléchissons beaucoup à cela, frères et sœurs, afin que soit fortifiée en nous la conviction que c’est Par Marie, Avec Marie et En Marie, que selon une formule célèbre :
« Toute notre vie pourra passer dans notre messe, et que toute notre messe pourra passer dans notre vie ».
Oui, si nous voulons que l’Eucharistie, soit de plus en plus le Cœur de notre vie chrétienne, la source de notre amour, pour Dieu et pour nos frères, vivons là, dans une très grande union avec notre Mère Spirituelle.
N’oublions jamais que le Cœur Douloureux et Immaculé de Marie, c’est le chemin le plus court et le plus sûr, pour aller au Divin Cœur de Jésus qui bat dans l’Eucharistie pour le Salut du Monde.