Lecture du livre du prophète Malachie 3, 19-20
Le jour du Seigneur viendra comme un Soleil de justice qui apportera la guérison de toutes les injustices de notre monde.
Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l'impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera, dit le Seigneur de l'univers, il ne leur laissera ni racine ni branche. Mais pour vous qui craignez mon Nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement.
Commentaire : Position difficile que celle du prophète Malachie, qui doit affronter une communauté inquiète et désemparée, prête à tout « lâcher ». C’est que les promesses de Dieu semblent n’être pas tenues ; ni le retour de l’exil de Babylone, ni la reconstitution du Temple n’ont vu sonner l’heure du bonheur promis aux fidèles du Seigneur. Que répondre à ces gens, sinon les engager à espérer fermement le jour du Seigneur ? C’est la nuit qu’il faut croire à l’aurore du jour nouveau.
Quand il nous semble que notre prière est vaine, que nous parlons dans le noir, persévérer avec la certitude que le Christ, Soleil de justice, illuminera nos ténèbres.
Psaume 97
R/ : Il vient, le Seigneur, gouverner les peuples avec droiture.
- Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments ; au son de la trompette et du cor, acclamez votre roi, le Seigneur ! R/
- Que résonnent la mer et sa richesse, le monde et tous ses habitants ; que les fleuves battent des mains, que les montagnes chantent leur joie. R/
- Acclamez le Seigneur, car il vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture ! R/
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 3, 7-12
À ceux que l’espoir d’un retour imminent du Christ conduit à vivre désœuvrés, l’apôtre rappelle que, lui, il travaille de ses mains.
Frères, vous savez bien, vous, ce qu’il faut faire pour nous imiter. Nous n’avons pas vécu parmi vous de façon désordonnée ; et le pain que nous avons mangé, nous ne l’avons pas reçu gratuitement. Au contraire, dans la peine et la fatigue, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous. Bien sûr, nous avons le droit d’être à charge, mais nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter. Et quand nous étions chez vous, nous vous donnions cet ordre : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Paul a eu souvent l’occasion d’exposer les motifs qui l’ont amené à travailler de ses mains, tout en assumant sa tâche missionnaire et pastorale. La raison première est de supprimer un obstacle possible à l’annonce de l’Évangile : en le proposant gratuitement, il ne pouvait laisser croire qu’il y trouvait un produit financier. L’apôtre reconnaît cependant le droit des pasteurs à être pris en charge par les communautés chrétiennes, comme il le fut lui-même par les chrétiens de Philippes. Le travail manuel permit aussi à Paul d’avoir contact avec les artisans et les petites gens, comme à Corinthe, par exemple. Enfin, l’apôtre offrait en sa personne un modèle à imiter, et il sait le rappeler aux illuminés de Thessalonique, qui cessaient de travailler sous prétexte que le retour du Christ était proche.
Pas de temps ni d’espace réservés dans notre vie pour témoigner de l’Évangile. C’est dans les solidarités nouées avec nos frères là où nous travaillons, étudions, habitons, là où nous prenons nos loisirs que nous devons être l’apôtre que leur envoie Jésus Christ.
Alléluia. Alléluia. Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 21, 5-19
L’histoire entre Pâques et le retour du Christ est, pour Luc, le temps de l’Église, chargée de porter témoignage avec persévérance, malgré les persécutions.
En ce temps-là, comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ». Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin ». Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel.
Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie ». – Acclamons la Parole de Dieu.
Commentaire : La question posée a trait à la date et aux signes annonciateurs de la destruction du Temple de Jérusalem. Jésus en profite pour mettre en garde ses disciples – et, dans la perspective de Luc, les chrétiens de la primitive Église – contre les imposteurs qui annonceront la proximité de la venue du Christ et de la fin des temps. Une longue période doit s’écouler avant cette venue : « Ce ne sera pas tout de suite la fin », dit Jésus, qui ajoute : « mais avant tout cela » vous serez persécutés. Puisque cette persécution doit se prolonger jusqu’à la venue du Christ, autant dire, que, pour Luc, la condition des chrétiens en ce monde est de se trouver continuellement en butte aux tracasseries et aux moqueries, à cause de leur foi. Luc s’empresse de signaler des éléments réconfortants : voilà une « occasion de porter témoignage » au Christ, qui donnera à ses disciples de quoi répondre à leurs accusateurs et veillera attentivement sur eux. C’est cette persévérance des chrétiens qui les mènera à la Vie.
Comment pouvons-nous participer, dans notre communauté chrétienne, au soutien à apporter aux jeunes, aux nouveaux baptisés, aux enfants de la profession de foi, pour qu’ils persévèrent dans leur attachement à Jésus Christ ?
Les commentateurs de la Bible définissent les textes que nous venons d’entendre comme étant « eschatologiques ». Il s’agit d’un mot grec qui signifie « ce qui regarde les fins dernières de l’homme et du monde ».
Ces textes, en effet, attirent notre attention sur deux points importants : d’une part la Fin du Monde et d’autre par le Jugement de Dieu.
Tout d’abord saint Paul nous avertit que même si « la figure de ce monde doit passer », ce n’est pas là une raison pour ne rien faire et attendre les bras croisés qu’advienne le grand chambardement final. Au contraire le chrétien doit s’employer de toutes ses forces à améliorer et transformer ce monde. En fait, nous gagnerons l’éternité en gagnant honnêtement notre pain quotidien, en accomplissant avec le maximum d’amour notre devoir d’état. La perspective de la fin du monde ne doit pas être un prétexte à l’évasion ou à un faux désintéressement de cette vie d’ici-bas.
Il est vrai que nous devons attendre le Jour du Seigneur individuel ou collectif avec la meilleure préparation possible sans nous attacher à ce monde provisoire... Mais ne pas s’attacher à ce monde provisoire ce n’est pas le refuser ou lui tourner le dos.
La foi, ce n’est pas avoir peur de la fin du monde, ce n’est pas se comporter en découragé en se disant qu’il ne sert à rien de bâtir si tout vient à être détruit.
Croire ce n’est pas s’évader du temps présent pour s’installer dans l’au-delà par la rêverie ou l’imagination fantaisiste, sous les dehors de la religion. La foi nous pousse au contraire à employer chaque moment présent pour transformer le monde de telle manière que dans toutes ses dimensions culturelles, économiques ou politiques il puisse progresser de ce que Dieu veut pour le plus grand bien de tous. La foi nous pousse à aimer cette terre où s’accomplit notre sanctification, où nous construisons pierre par pierre c’est-à-dire par la succession de nos actes d’amour la maison éternelle que nous habiterons demain.
On fait souvent remarquer que les grands mystiques, ceux qui ont le cœur brûlé de l’amour de Dieu à tel point qu’ils se meurent de ne pas mourir, sont aussi les plus actifs, des gens qui ne boudent pas cette terre. D’ailleurs combien belle est l’image de notre pape Jean-Paul II embrassant la terre de chaque pays lorsqu’il arrivait pour une visite apostolique... Il voulait marquer par là son attachement et son acquiescement à poursuivre le combat pour la dignité et la liberté de tous les peuples de la terre.
Le deuxième point de notre méditation nous est fourni par l’Évangile. Pendant que les apôtres admirent le Temple de Jérusalem qui fait leur orgueil, Jésus regarde aussi cet endroit prestigieux, mais son regard outrepasse ces pierres et va au-delà de cet édifice religieux devenu lieu de commerce, de fausse dévotion et de gloire humaine...
Mais avons-nous pensé, frères et sœurs, que c’est ce même regard de Jésus qui se pose sur nous en ce jour, qui nous pénètre, qui nous scrute... Nous qui sommes des temples du Seigneur, nous qui présentons peut-être une façade ou des apparences, un jour nous serons détruits... Un jour viendra où les pierres de notre orgueil seront basculées, où les autels de nos idoles (l’argent par exemple) seront renversés, où les espaces de nos petits commerces et de nos profanations seront exterminés...
Au jour du Jugement, tout s’écroulera de ce qui n’est pas saint, tout sera brûlé de ce qui n’est pas pur, tout sera condamné de ce qui n’est pas juste. Il ne restera pas pierre sur pierre de l’édifice de nos vanités, de nos superficialités et de nos mondanités. Seuls pourront subsister le silence de nos prières et de notre foi, la paix de notre conscience droite, la douceur de notre amour, la victoire sur nos passions, la lumière de nos bonnes œuvres, le détachement de notre cœur, la transparence de la vérité en nous.
Oui, frères et sœurs, le Jugement du Monde vient. Et (comme saint Paul nous le rappelle avec vigueur dans sa 2ème lettre aux Corinthiens) tous nous devrons comparaître à découvert « devant le tribunal du Christ pour que chacun retrouve ce qu’il aura fait pendant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en mal ».
En terminant notre méditation, contemplons de façon particulière la Très Sainte Vierge Marie qui fut le Temple de Dieu par excellence. Fixons-là du regard dans sa demeure définitive en Dieu dans la gloire. Elle est pour nous le Signe grandiose dont parle l’Apocalypse : signe de la lutte contre le démon, mais surtout signe de la victoire contre toutes les forces des ténèbres. Elle est donc de ce fait, un modèle et un soutien pour chacun de nous. Comme cette Mère bien-aimée nous serons un jour élevés dans la gloire, si nous savons chaque jour opposer notre refus à toute séduction du mal, si nous savons « trouver notre joie dans la fidélité à servir constamment le Créateur de tout bien ».
Amen.
Prière universelle
Adressons nos prières à celui qui est notre rocher dans la tempête :
- Pour l'Église, et pour tous les baptisés, afin qu'ils soient de vrais témoins de ton amour, Seigneur, nous te prions !
- Pour tous ceux qui sont persécutés à cause de l'Évangile. Que ton Esprit les habite, leur donne force, courage, Seigneur, nous te prions !
- Pour toutes les victimes de la guerre, de la famine, des épidémies, des catastrophes naturelles, et pour ceux qui se mettent au service des plus démunis, Seigneur, nous te prions !
- Pour tous ceux qui, aujourd'hui, se sont égarés dans les sectes ou de fausses croyances. Qu'ils trouvent dans ta Parole et le témoignage de ton Église la lumière qu'ils recherchent, Seigneur, nous te prions !
- Pour notre communauté. Que nous demeurions persévérants dans une même foi, une même espérance et une même charité, Seigneur, nous te prions !
Prions : Dieu éternel et tout-puissant, entends l'appel de tes enfants. Exauce leur prière afin que se réalise dès ici-bas le monde nouveau que tu nous as promis. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils bien-aimé, pour les siècles des siècles. Amen.
Source de la P.U. : https://diocese.ddec.nc/
Lectures et Homélie du 33ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF