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13 novembre 2022 7 13 /11 /novembre /2022 18:25

Lecture du livre du prophète Malachie 3, 19-20

Le jour du Seigneur viendra comme un Soleil de justice qui apportera la guérison de toutes les injustices de notre monde.

Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme une fournaise. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l'impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera, dit le Seigneur de l'univers, il ne leur laissera ni racine ni branche. Mais pour vous qui craignez mon Nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement.

Commentaire : Position difficile que celle du prophète Malachie, qui doit affronter une communauté inquiète et désemparée, prête à tout « lâcher ». C’est que les promesses de Dieu semblent n’être pas tenues ; ni le retour de l’exil de Babylone, ni la reconstitution du Temple n’ont vu sonner l’heure du bonheur promis aux fidèles du Seigneur. Que répondre à ces gens, sinon les engager à espérer fermement le jour du Seigneur ? C’est la nuit qu’il faut croire à l’aurore du jour nouveau.

Quand il nous semble que notre prière est vaine, que nous parlons dans le noir, persévérer avec la certitude que le Christ, Soleil de justice, illuminera nos ténèbres.

Psaume 97

R/ : Il vient, le Seigneur, gouverner les peuples avec droiture.

  • Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments ; au son de la trompette et du cor, acclamez votre roi, le Seigneur ! R/
  • Que résonnent la mer et sa richesse, le monde et tous ses habitants ; que les fleuves battent des mains, que les montagnes chantent leur joie. R/
  • Acclamez le Seigneur, car il vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture ! R/

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 3, 7-12

À ceux que l’espoir d’un retour imminent du Christ conduit à vivre désœuvrés, l’apôtre rappelle que, lui, il travaille de ses mains.

Frères, vous savez bien, vous, ce qu’il faut faire pour nous imiter. Nous n’avons pas vécu parmi vous de façon désordonnée ; et le pain que nous avons mangé, nous ne l’avons pas reçu gratuitement. Au contraire, dans la peine et la fatigue, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous. Bien sûr, nous avons le droit d’être à charge, mais nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter. Et quand nous étions chez vous, nous vous donnions cet ordre : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Paul a eu souvent l’occasion d’exposer les motifs qui l’ont amené à travailler de ses mains, tout en assumant sa tâche missionnaire et pastorale. La raison première est de supprimer un obstacle possible à l’annonce de l’Évangile : en le proposant gratuitement, il ne pouvait laisser croire qu’il y trouvait un produit financier. L’apôtre reconnaît cependant le droit des pasteurs à être pris en charge par les communautés chrétiennes, comme il le fut lui-même par les chrétiens de Philippes. Le travail manuel permit aussi à Paul d’avoir contact avec les artisans et les petites gens, comme à Corinthe, par exemple. Enfin, l’apôtre offrait en sa personne un modèle à imiter, et il sait le rappeler aux illuminés de Thessalonique, qui cessaient de travailler sous prétexte que le retour du Christ était proche.

Pas de temps ni d’espace réservés dans notre vie pour témoigner de l’Évangile. C’est dans les solidarités nouées avec nos frères là où nous travaillons, étudions, habitons, là où nous prenons nos loisirs que nous devons être l’apôtre que leur envoie Jésus Christ.

Alléluia. Alléluia. Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 21, 5-19

L’histoire entre Pâques et le retour du Christ est, pour Luc, le temps de l’Église, chargée de porter témoignage avec persévérance, malgré les persécutions.

En ce temps-là, comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit ». Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : ‘C’est moi’, ou encore : ‘Le moment est tout proche.’ Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin ». Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel.

Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : La question posée a trait à la date et aux signes annonciateurs de la destruction du Temple de Jérusalem. Jésus en profite pour mettre en garde ses disciples – et, dans la perspective de Luc, les chrétiens de la primitive Église – contre les imposteurs qui annonceront la proximité de la venue du Christ et de la fin des temps. Une longue période doit s’écouler avant cette venue : « Ce ne sera pas tout de suite la fin », dit Jésus, qui ajoute : « mais avant tout cela » vous serez persécutés. Puisque cette persécution doit se prolonger jusqu’à la venue du Christ, autant dire, que, pour Luc, la condition des chrétiens en ce monde est de se trouver continuellement en butte aux tracasseries et aux moqueries, à cause de leur foi. Luc s’empresse de signaler des éléments réconfortants : voilà une « occasion de porter témoignage » au Christ, qui donnera à ses disciples de quoi répondre à leurs accusateurs et veillera attentivement sur eux. C’est cette persévérance des chrétiens qui les mènera à la Vie.

Comment pouvons-nous participer, dans notre communauté chrétienne, au soutien à apporter aux jeunes, aux nouveaux baptisés, aux enfants de la profession de foi, pour qu’ils persévèrent dans leur attachement à Jésus Christ ?

Homélie

Les commentateurs de la Bible définissent les textes que nous venons d’entendre comme étant « eschatologiques ». Il s’agit d’un mot grec qui signifie « ce qui regarde les fins dernières de l’homme et du monde ».

Ces textes, en effet, attirent notre attention sur deux points importants : d’une part la Fin du Monde et d’autre par le Jugement de Dieu.

Tout d’abord saint Paul nous avertit que même si « la figure de ce monde doit passer », ce n’est pas là une raison pour ne rien faire et attendre les bras croisés qu’advienne le grand chambardement final. Au contraire le chrétien doit s’employer de toutes ses forces à améliorer et transformer ce monde. En fait, nous gagnerons l’éternité en gagnant honnêtement notre pain quotidien, en accomplissant avec le maximum d’amour notre devoir d’état. La perspective de la fin du monde ne doit pas être un prétexte à l’évasion ou à un faux désintéressement de cette vie d’ici-bas.

Il est vrai que nous devons attendre le Jour du Seigneur individuel ou collectif avec la meilleure préparation possible sans nous attacher à ce monde provisoire... Mais ne pas s’attacher à ce monde provisoire ce n’est pas le refuser ou lui tourner le dos.

La foi, ce n’est pas avoir peur de la fin du monde, ce n’est pas se comporter en découragé en se disant qu’il ne sert à rien de bâtir si tout vient à être détruit.

Croire ce n’est pas s’évader du temps présent pour s’installer dans l’au-delà par la rêverie ou l’imagination fantaisiste, sous les dehors de la religion. La foi nous pousse au contraire à employer chaque moment présent pour transformer le monde de telle manière que dans toutes ses dimensions culturelles, économiques ou politiques il puisse progresser de ce que Dieu veut pour le plus grand bien de tous. La foi nous pousse à aimer cette terre où s’accomplit notre sanctification, où nous construisons pierre par pierre c’est-à-dire par la succession de nos actes d’amour la maison éternelle que nous habiterons demain.

On fait souvent remarquer que les grands mystiques, ceux qui ont le cœur brûlé de l’amour de Dieu à tel point qu’ils se meurent de ne pas mourir, sont aussi les plus actifs, des gens qui ne boudent pas cette terre. D’ailleurs combien belle est l’image de notre pape Jean-Paul II embrassant la terre de chaque pays lorsqu’il arrivait pour une visite apostolique... Il voulait marquer par là son attachement et son acquiescement à poursuivre le combat pour la dignité et la liberté de tous les peuples de la terre.

Le deuxième point de notre méditation nous est fourni par l’Évangile. Pendant que les apôtres admirent le Temple de Jérusalem qui fait leur orgueil, Jésus regarde aussi cet endroit prestigieux, mais son regard outrepasse ces pierres et va au-delà de cet édifice religieux devenu lieu de commerce, de fausse dévotion et de gloire humaine...

Mais avons-nous pensé, frères et sœurs, que c’est ce même regard de Jésus qui se pose sur nous en ce jour, qui nous pénètre, qui nous scrute... Nous qui sommes des temples du Seigneur, nous qui présentons peut-être une façade ou des apparences, un jour nous serons détruits... Un jour viendra où les pierres de notre orgueil seront basculées, où les autels de nos idoles (l’argent par exemple) seront renversés, où les espaces de nos petits commerces et de nos profanations seront exterminés...

Au jour du Jugement, tout s’écroulera de ce qui n’est pas saint, tout sera brûlé de ce qui n’est pas pur, tout sera condamné de ce qui n’est pas juste. Il ne restera pas pierre sur pierre de l’édifice de nos vanités, de nos superficialités et de nos mondanités. Seuls pourront subsister le silence de nos prières et de notre foi, la paix de notre conscience droite, la douceur de notre amour, la victoire sur nos passions, la lumière de nos bonnes œuvres, le détachement de notre cœur, la transparence de la vérité en nous.

Oui, frères et sœurs, le Jugement du Monde vient. Et (comme saint Paul nous le rappelle avec vigueur dans sa 2ème lettre aux Corinthiens) tous nous devrons comparaître à découvert « devant le tribunal du Christ pour que chacun retrouve ce qu’il aura fait pendant qu’il était dans son corps, soit en bien, soit en mal ».

En terminant notre méditation, contemplons de façon particulière la Très Sainte Vierge Marie qui fut le Temple de Dieu par excellence. Fixons-là du regard dans sa demeure définitive en Dieu dans la gloire. Elle est pour nous le Signe grandiose dont parle l’Apocalypse : signe de la lutte contre le démon, mais surtout signe de la victoire contre toutes les forces des ténèbres. Elle est donc de ce fait, un modèle et un soutien pour chacun de nous. Comme cette Mère bien-aimée nous serons un jour élevés dans la gloire, si nous savons chaque jour opposer notre refus à toute séduction du mal, si nous savons « trouver notre joie dans la fidélité à servir constamment le Créateur de tout bien ».

Amen. 

Prière universelle

Adressons nos prières à celui qui est notre rocher dans la tempête :

  • Pour l'Église, et pour tous les baptisés, afin qu'ils soient de vrais témoins de ton amour, Seigneur, nous te prions !
  • Pour tous ceux qui sont persécutés à cause de l'Évangile. Que ton Esprit les habite, leur donne force, courage, Seigneur, nous te prions !
  • Pour toutes les victimes de la guerre, de la famine, des épidémies, des catastrophes naturelles, et pour ceux qui se mettent au service des plus démunis, Seigneur, nous te prions !
  • Pour tous ceux qui, aujourd'hui, se sont égarés dans les sectes ou de fausses croyances. Qu'ils trouvent dans ta Parole et le témoignage de ton Église la lumière qu'ils recherchent, Seigneur, nous te prions !
  • Pour notre communauté. Que nous demeurions persévérants dans une même foi, une même espérance et une même charité, Seigneur, nous te prions !

Prions : Dieu éternel et tout-puissant, entends l'appel de tes enfants. Exauce leur prière afin que se réalise dès ici-bas le monde nouveau que tu nous as promis. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils bien-aimé, pour les siècles des siècles. Amen.

Source de la P.U. : https://diocese.ddec.nc/

Lectures et Homélie du 33ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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7 novembre 2022 1 07 /11 /novembre /2022 13:56

Lecture du deuxième livre des Martyrs d'Israël 7, 1-2. 9-14

Les hommes capables de donner leur vie sont les seuls à pouvoir croire à la Résurrection.

En ces jours-là, sept frères avaient été arrêtés avec leur mère. À coups de fouet et de nerf de bœuf, le roi Antiocos voulut les contraindre à manger du porc, viande interdite. L’un d’eux se fit leur porte-parole et déclara : « Que cherches-tu à savoir de nous ? Nous sommes prêts à mourir plutôt que de transgresser les lois de nos pères ». Le deuxième frère lui dit, au moment de rendre le dernier soupir : « Tu es un scélérat, toi qui nous arraches à cette vie présente, mais puisque nous mourons par fidélité à ses lois, le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle ». Après cela, le troisième fut mis à la torture. Il tendit la langue aussitôt qu’on le lui ordonna et il présenta les mains avec intrépidité, en déclarant avec noblesse : « C’est du Ciel que je tiens ces membres, mais à cause de ses lois je les méprise, et c’est par lui que j’espère les retrouver ». Le roi et sa suite furent frappés de la grandeur d’âme de ce jeune homme qui comptait pour rien les souffrances. Lorsque celui-ci fut mort, le quatrième frère fut soumis aux mêmes sévices. Sur le point d’expirer, il parla ainsi : « Mieux vaut mourir par la main des hommes, quand on attend la résurrection promise par Dieu, tandis que toi, tu ne connaîtras pas la résurrection pour la vie ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : Nous serons tentés de parler de fanatisme religieux, s’il ne s’agissait que de refuser ou non de manger de la viande de porc. En fait, l’enjeu est d’une plus grande importance : les empereurs grecs qui gouvernent la Palestine, à la suite des conquêtes d’Alexandre, entendent assimiler tous les peuples soumis à leur pouvoir, en leur imposant la civilisation, la culture et aussi les dieux des Grecs. Ils rencontrent en Israël une farouche résistance, notamment auprès de ceux qui se nommeront plus tard les pharisiens. Ce sont eux qui, les premiers, affirmèrent leur foi en la résurrection de leurs martyrs : la mort pourrait-elle séparer de Dieu ceux qui l’ont acceptée ici-bas pour ne pas se séparer de lui ?

Notre espérance en la Résurrection nous fait-elle affronter avec joie le renoncement à nous-mêmes, les moqueries et même parfois les persécutions qui accompagnent notre fidélité au Christ ?

Psaume 16

R/ : Au réveil, je me rassasierai de ton visage, Seigneur.

  • Seigneur, écoute la justice ! Entends ma plainte, accueille ma prière. Tu sondes mon cœur, tu me visites la nuit, tu m'éprouves, sans rien trouver. R/
  • J'ai tenu mes pas sur tes traces, jamais mon pied n'a trébuché. Je t'appelle, toi, le Dieu qui répond : écoute-moi, entends ce que je dis. R/
  • Garde-moi comme la prunelle de l’œil ; à l'ombre de tes ailes, cache-moi, Et moi, par ta justice, je verrai ta face : au réveil, je me rassasierai de ton visage. R/

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 16-17. 3, 1-5

Notre réconfort, c’est Dieu, lui qui nous a donné assurance et joyeuse espérance.

Frères, que notre Seigneur Jésus Christ lui-même, et Dieu notre Père qui nous a aimés et nous a pour toujours donné réconfort et bonne espérance par sa grâce, réconfortent vos cœurs et les affermissent en tout ce que vous pouvez faire et dire de bien. Priez aussi pour nous, frères, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course, et que, partout, on lui rende gloire comme chez vous.

Priez pour que nous échappions aux gens pervers et mauvais, car tout le monde n’a pas la foi. Le Seigneur, lui, est fidèle : il vous affermira et vous protégera du Mal. Et, dans le Seigneur, nous avons toute confiance en vous : vous faites et continuerez à faire ce que nous vous ordonnons. Que le Seigneur conduise vos cœurs dans l’amour de Dieu et l’endurance du Christ. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Ce serait bien plus facile, au fond, si les illuminés de Thessalonique avaient raison, car il est des jours où la vie chrétienne est pesante, par l’écartèlement qu’elle exige : être du monde, participer à sa construction, lutter pour l’avènement de la justice et de la fraternité, et, dans le même temps, refuser l’esprit du monde, ne pas accepter que tous les moyens soient bons, attendre de Dieu seul la pleine justice et la véritable fraternité.

Éprouvons-nous cet écartèlement de la vie chrétienne ? Si oui, c’est bon signe. Si non, c’est ou bien parce que nous ne sommes pas engagés de tout cœur dans le monde, ou bien parce que nous n’y sommes plus comme témoins du Christ. Un levain sans pâte, dans le premier cas, une pâte sans levain, dans le second, ‘est tout comme : rien ne lèvera.

Alléluia. Alléluia. Jésus-Christ, le premier-né d’entre les morts, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 20, 27-38

La foi en la résurrection des morts se fonde sur la certitude que Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants.

En ce temps-là, quelques sadducéens – ceux qui soutiennent qu’il n’y a pas de résurrection – s’approchèrent de Jésus et l’interrogèrent : « Maître, Moïse nous a prescrit : ‘Si un homme a un frère qui meurt en laissant une épouse mais pas d’enfant, il doit épouser la veuve pour susciter une descendance à son frère.’ Or, il y avait sept frères : le premier se maria et mourut sans enfant ; de même le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous les sept : ils moururent sans laisser d’enfants. Finalement la femme mourut aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eue pour épouse ? »

Jésus leur répondit : « Les enfants de ce monde prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont enfants de Dieu et enfants de la résurrection. Que les morts ressuscitent, Moïse lui-même le fait comprendre dans le récit du buisson ardent, quand il appelle le Seigneur ‘le Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob’. Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants. Tous, en effet, vivent pour lui ». – Acclamons la Parole du Seigneur.

Commentaire : Ces objections des sadducéens procèdent à la fois d’une conception très matérielle de la Résurrection et d’un manque de foi en la puissance de Dieu. Conception matérielle de la Résurrection, quand on se représente la vie nouvelle comme une continuation pure et simple de ses activités, avec un corps à l’image de son corps sensible et mortel, soumis au temps qui s’écoule entre la vie et la mort. Pour couper court à cette imagination, Jésus parle d’êtres semblables aux anges, ce qu’il ne faut pas non plus interpréter matériellement ou angéliquement ! Manque de foi en la puissance de Dieu, dont l’amour nous serait promis tout au plus pour les quelques années de notre existence terrestre, et dont l’amitié nouée avec les hommes, Abraham, Isaac et Jacob, par exemple, se réduirait à une inscription gravée sur un monument aux morts.

« Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Je poursuis cette énumération en y ajoutant le nom des défunts que j’ai aimés et qui m’ont aimé : tous vivent en effet pour lui et par lui.

Homélie

C’est une question capitale de la foi qui nous est posée par les lectures de ce dimanche, l’éternelle question qui divise les hommes : où sont-ils donc tous ces parents et amis défunts pour lesquels l’Eglise nous fait prier en ce mois de novembre ? Est-ce que tout est fini avec la mort ou bien y a-t-il une autre vie après cette vie ?

C’est une question que notre civilisation, il faut bien le reconnaître s’efforce de camoufler, d’escamoter par tous les moyens alors même que la radio, la télévision et la presse, la rendent quotidienne en nous annonçant qu’il y a en tant et tant au cours d’une guérilla, dans un accident d’avion, ou un tremblement de terre...

Nous connaissons tous cette formule célèbre d’un poète contemporain : « Celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas... »

- L’évangile nous montre qu’au temps même de Jésus, certains juifs pratiquants ne croyaient pas à la résurrection des morts et la tournaient en ridicule... Aujourd’hui encore les sondages montrent qu’une bonne proportion de ceux qui se disent chrétiens n’y croit pas non plus...

- La première lecture, au contraire, nous montre la foi admirable des juifs persécutés deux siècles environ avant Jésus : c’est déjà la foi en la résurrection : « Celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas... » Éternelle question qui nous est posée à nous aussi : où sont-ils donc les parents et amis qu’on aimait tant ! La réponse c’est le cœur même de la foi chrétienne, c’est l’essentiel du christianisme. La réponse c’est la foi en Jésus ressuscité et en sa Parole : « Celui qui croit en moi fut-il mort vivra ».

Souvent on demande : en quoi les chrétiens sont-ils différents : « Ils ne sont pas meilleurs que les autres », dit-on et c’est souvent vrai, hélas ! Le chrétien est différent des autres par sa foi en Jésus ressuscité et donc par sa foi en la résurrection des morts promises par Jésus et cette différence capitale rejaillit sur toute sa façon de vivre.

Celui qui croit au ciel ne peut pas vivre comme celui qui n’y croit pas.

Celui qui croit, en Jésus vivant, ressuscité, celui qui croit en la vie éternelle au-delà de la mort, celui qui croit au ciel, celui-là vit autrement sur la terre, car il sait que la vie sur la terre est un pèlerinage dont le but est ailleurs. Il sait, celui-là, que le trésor, ce qu’il faut garder coûte que coûte et même augmenter, ce qu’il faut accumuler, ce n’est pas l’argent, ce n’est pas le pouvoir, ce ne sont pas les honneurs, c’est l’Amour, l’amour désintéressé, l’amour qui s’oublie, qui se sacrifie, qui pardonne et reconstruit l’amour qui partage, l’amour don de soi au pauvre, à l’étranger, envers l’ennemi même... C’est l’amour qui sauve sans jamais tuer, l’amour qui fait vivre, l’amour pur, noble, juste doux et pacifique. Bref, l’amour selon les Béatitudes.

C’est cela, frères et sœurs, la valeur suprême : c’est l’amour même dont Jésus nous a aimés... C’est cela qui fait vivre, qui nous fait vivre déjà ici bas à la manière de Jésus, c'est-à-dire de la vie divine, de la vie éternelle. Car la vie éternelle est déjà commencée, pour celui qui croit au ciel, et il en vit, dès cette terre, jour après jour. Et quand vient pour lui la dernière heure, ce n’est pas tant de sa mort qu’il faut parler, mais de sa naissance au ciel, de son passage en Dieu, vers la vie éternelle où tout l’amour de son cœur va s’épanouir en Dieu.

Oui, pour celui qui croit au ciel, la mort n’est qu’un passage : une Pâque vers la Résurrection. Où sont-ils donc les parents, les amis qu’on aimait tant ? Ils sont en Dieu, dans toute la mesure où ils ont aimé à la manière de Jésus et cru en sa Parole : « Celui qui croit en moi, fut-il mort vivra... » Après la purification nécessaire, que les messes célébrées pour eux peuvent hâter, ils vivent dans le cœur de Dieu, de la vie de son Esprit. C’est l’amour de Dieu et des frères dont leur cœur est rempli qui les fait vivre et les fait vivre dans une joie indicible, une joie parfaite qui n’a rien de comparable avec les joies de la terre.

« Celui qui croyait au ciel et celui qui n’y croyait pas ».

- D’un côté la maman admirable de foi avec ses sept fils, méprisant la mort,

- De l’autre les Sadducéens sceptiques...

Qu’en est-il pour nous ? Serions-nous gagnés par l’ambiance qui nous entoure où l’on escamote la mort parce qu’on ne croit pas au ciel ?

L’Eglise nous demande d’être chaque jour les témoins d’une vie autre que celle d’ici-bas. Ce dimanche nous rappelle qu’un chrétien c’est celui qui a choisi de croire au ciel et qui vit en conséquence, faisant de toute sa vie comme un apprentissage de la vie éternelle. Une préparation, une pré-adaptation à la vie éternelle

Cette foi qui espère, l’Eucharistie va une fois de plus nous la faire célébrer, comme elle va aussi la réveiller, la nourrir et la fortifier.

Puisse notre communion au sacrifice du Christ faire grandir en nous la grâce de notre baptême qui est, ne l’oublions pas, germe de vie éternelle et gage de Résurrection pour notre corps. Et que notre prière s’inspire de cette belle oraison qu’on trouve dans la Liturgie Monastique des Heures :

« Seigneur, Dieu des Vivants, par le Christ, Vainqueur de la mort tu nous appelles à une vie sans déclin. Fais de nous tes fils et les héritiers de la Résurrection pour que nous puissions avec les anges contempler et louer ta gloire à jamais. Amen ».

Lectures et homélie du 32ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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28 octobre 2022 5 28 /10 /octobre /2022 17:04

Lecture du livre de la Sagesse 11, 23 – 12, 2

Dieu créateur pourrait-il avoir du dégoût pour les êtres qu’il a créés ? N’est-il pas le maître qui aime la vie ?

Seigneur, le monde entier est devant toi comme un rien sur la balance, comme la goutte de rosée matinale qui descend sur la terre. Pourtant, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent. Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé. Comment aurait-il subsisté, si tu ne l’avais pas voulu ? Comment serait-il resté vivant, si tu ne l’avais pas appelé ? En fait, tu épargnes tous les êtres, parce qu’ils sont à toi, Maître qui aimes les vivants, toi dont le souffle impérissable les anime tous.

Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pêchent, pour qu’ils se détournent du mal et croient en toi, Seigneur. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Dieu ne connaît pas la haine et n’a de dégoût pour personne. Cette affirmation n’est pas nouvelle pour le peuple de Dieu, bien qu’il ait toujours eu de la peine à concilier la justice de Dieu, dont il attendait le châtiment des coupables – notamment celui de ses ennemis – avec sa bonté pour tous. L’auteur quitte le point de vue trop exclusif de son peuple pour prendre une visée plus universelle : Dieu créateur n’est-il pas l’ami de tous ceux à qui il donne vie ?  Quel autre dessein pourrait-il avoir que de patienter avec eux, d’offrir à chacun la chance de la conversion et de la foi ? Et, puisque Dieu peut tout, ne disons pas trop vite qu’il a échoué, parce que nous, nous n’avons pas réussi.

Quelle attention portons-nous aux manifestations de la vie qui passionnent les jeunes : sport, musique, rythme, vitesse… ?

Psaume 144

R/ : Mon Dieu, mon Roi, je bénirai ton nom toujours et à jamais !

  • Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi, je bénirai ton nom toujours et à jamais ! Chaque jour je te bénirai, je louerai ton nom toujours et à jamais.
  • Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; la bonté du Seigneur est pour tous, sa tendresse, pour toutes ses œuvres.
  • Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce et que tes fidèles te bénissent ! Ils diront la gloire de ton règne, ils parleront de tes exploits.
  • Le Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit, fidèle en tout ce qu’il fait. Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés.

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens 1, 11 – 2, 2

Comme les chrétiens de Thessalonique, nous sommes assaillis de prédictions sur la fin du monde. Ne perdez pas la tête, écrit Paul, continuez à faire le bien avec une foi active.

Frères, nous prions pour vous à tout moment afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé ; par sa puissance, qu’il vous donne d’accomplir tout le bien que vous désirez, et qu’il rende active votre foi. Ainsi, le nom de notre Seigneur Jésus sera glorifié en vous, et vous en lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ.

Frères, nous avons une demande à vous faire à propos de la venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui : si l'on nous attribue une inspiration, une parole ou une lettre prétendant que le jour du Seigneur est arrivé, n'allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer. – Parole du Seigneur.

Alléluia. Alléluia. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 19, 1-10

Jésus m’invite à demeurer chez Zachée, et celui-ci en est tout transformé. Dans l’eucharistie Jésus vient aussi demeurer en nous. En serons-nous transformés ?

En ce temps-là, entré dans la ville de Jéricho, Jésus la traversait. Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui allait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et lui dit : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison ». Vite, il descendit et reçut Jésus avec joie. Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un homme qui est un pécheur ». Zachée, debout, s’adressa au Seigneur : « Voici, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus ». Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Habitué à se voir jugé et condamné par les braves gens de Jéricho – en cela, il n’avait que ce qu’il méritait, il le savait bien – Zachée est tout surpris de voir, pour la première fois, quelqu’un de bien qui fait attention à lui, quelqu’un qui l’aime et s’offre à le fréquenter, jusqu’à se compromettre à sa table. Jugez de sa joie ! Il n’est donc pas un homme perdu, il vaut quelque chose devant Dieu. Zachée en est tout retourné. Lui aussi veut aimer et partager comme Jésus. Il est « fils d’Abraham », dit le Christ, c’est-à-dire de la race de ceux qui entendent les appels de Dieu dans leur vie et y répondent avec foi.

Zachée prend des risques pour voir qui est Jésus. Mais c’est Jésus qui se compromet le plus devant la foule, jusqu’à passer pour l’ami des pécheurs. Pour moi aussi tu te compromets ainsi, Jésus.

Homélie

Pour comprendre le Message qui nous est adressé par cet Évangile de la conversion de Zachée, il nous faut fixer notre attention sur le regard des différents personnages qui sont mis en scène par saint Luc. Ce regard revêt une importance particulière et peut nous aider à réfléchir sur le regard que nous-mêmes portons sur les autres.

- Il y a d’abord le regard de Zachée qui cherchait « à voir » qui était Jésus et n’y arrivait pas. En cet homme, en ce collecteur d’impôts qui était un pécheur notoire, à la fois voleur de ses frères et collaborateur avec l’occupant, en cet homme méprisé il y avait donc un certain désir. L’indifférence et le matérialisme n’étouffent pas toujours l’aspiration à autre chose et voilà Zachée qui court et grimpe sur un sycomore pour voir Jésus. Regard de simple curiosité ?? Peut-être, mais surtout quête obscure d’un homme qui cherche dans la nuit et ne veut pas être vu.

- Il y a ensuite le regard de Jésus sur Zachée, « Arrivé à cet endroit Jésus leva les yeux ». Quelle chose extraordinaire ! Jésus vient d’entrer dans l’opulente cité de Jéricho. Il vient de guérir l’aveugle Bartimée, il est accompagné d’une foule nombreuse et voilà que dans cette ville magnifique et fabuleuse, il n’y a qu’un seul homme qui compte : le publicain Zachée. Jésus n’a d’yeux que pour lui. Zachée a beau être détesté de tout le monde : Jésus, lui regarde autrement. Son regard n’est pas attiré par les bien-pensants, les riches et les puissants, mais par les pécheurs. C’est pour eux qu’il est venu. La 1ère lecture, d’ailleurs nous l’a fait pressentir : « Seigneur tu as pitié de tous les hommes parce que tu peux tout, tu fermes les yeux sur leurs péchés pour qu’ils se convertissent ».

En Zachée, Jésus voit celui qui n’est pas heureux dans sa ville parce qu’il n’est pas aimé, celui qui cherche, celui qui a dans son cœur un désir essentiel. Le regard de Jésus discerne en Zachée le saint qu’il est appelé à devenir. Alors il s’invite chez lui, car l’amour fait toujours les premiers pas : « Descends vite ; aujourd’hui il faut que j’aille demeurer chez toi ».

- Dans cet Évangile, il y a aussi le regard de la foule sur Zachée : c’est un regard de réprobation et de condamnation. Dans un murmure qui rappelle celui du peuple Juif contre Moïse, Jésus est désavoué poussé donc « Il est allé loger chez un pécheur ». La foule, en fait, n’accepte pas le visage de Dieu qui transparaît dans l’attitude de Jésus.

- Il y a enfin le regard de Zachée lorsqu’il est avec Jésus dans sa maison. C’est un regard qui change, voici en effet que des mots nouveaux apparaissent sur ses lèvres : « Je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens ». Lui, qui était si avide d’argent, voici qu’il pense aux pauvres. Vraiment, son regard sur les autres n’est plus du tout le même. C’est un regard chargé d’amour, un regard fraternel. Les autres, il craint maintenant de leur avoir fait du tort, car désormais il voit en eux des frères.

- Mais c’est aussi son regard sur lui-même qui a changé : « Si j’ai fait du tort ». Son regard est devenu humble parce que lucide. Sous le regard miséricordieux de Jésus, Zachée se voit tel qu’il est, mais il n’est pas désespéré, car il se sait pardonné : il est même tout joyeux : désormais sa joie c’est de rendre au lieu de prendre, de donner au lieu de voler. En accueillant Jésus dans sa maison Zachée l’a reçu aussi dans son cœur. Jésus a comblé son désir le plus secret bien au-delà de tout ce qu’il pouvait imaginer.

- On peut percevoir dans les dernières lignes de ce récit évangélique si émouvant la joie profonde de Jésus. Car la conversion de Zachée est comme un signe de sa mission : cet homme qui était rejeté par tous les habitants de Jéricho, cet homme qui était perdu aujourd’hui, le voilà sauvé.

Aujourd’hui, chers frères et sœurs, à partir de cet Évangile, chacun et chacune d’entre nous peut se dire ceci : aujourd’hui, Jésus me regarde avec amour. Il veut par sa grâce transformer mon regard sur les autres, en me les faisant voir comme lui les voit, c’est-à-dire comme des fils de Dieu aimés de lui.

Aujourd’hui Jésus me presse de descendre : « Descends vite, car il faut que j’aille demeurer chez toi... » Oui, descends vite de ta façon de penser, de ton mode d’agir, de ton orgueil résistant, de tes possessions accaparantes... Fais le vide en ton cœur et je l’emplirai de mon amour, de ma vie divine... Le jour où tu me posséderas, moi ton Sauveur et ton Dieu, tu seras heureux.

Puisse la Vierge Marie, médiatrice de toutes les grâces nous aider à accueillir pleinement ce message de libération, de miséricorde et de salut.

Amen.

Prière Universelle

  • Zachée, descends vite (Luc 19,5) Ô Esprit de Dieu, ouvre l’oreille et le cœur des responsables de la société humaine aux cris des petits et des pauvres ! Seigneur, nous t'en prions. R/
  • Que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé (2 Thessaloniciens 1,11) Ô Esprit de Dieu, aide ceux qui ont tout quitté pour te suivre, aide-les à devenir les témoins de ton amour miséricordieux ! Seigneur, nous t’en prions. R/
  • Chaque jour je te bénirai [Psaume 144(145) ,2] Ô Esprit de Dieu, guide tous les professionnels des média pour qu’ils mettent leurs talents au service de vérité, cette semence de la paix ! Seigneur, nous t’en prions. R/
  • Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, il redresse tous les accablés. [Psaume 144(145) ,14] Ô Esprit de Dieu, prends soin de toutes les personnes qui sont en difficultés ainsi que de celles qui sont en deuil. Seigneur, nous t’en prions. R/
  • Comment serait-il resté vivant, si tu ne l’avais pas appelé ? (Sagesse 11,25b) Ô Esprit de Dieu, ravive la flamme du baptême dans le cœur et dans la vie de chaque baptisé !  Seigneur, nous t’en prions. R/

Seigneur, notre Dieu, tu es venu sauver ce qui était perdu, tu n’abandonnes personne, accorde nous ce que nous te demandons en ce jour, par le Christ ton Fils, ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne auprès de toi, dans l'unité du Saint Esprit, maintenant et toujours et pour les siècles des siècles. Amen.

Source : http://jardinierdedieu.fr/pu-31e-dim-ord-c.html

Lectures et Homélie du 31ème dimanche en DOCX et PDF

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23 octobre 2022 7 23 /10 /octobre /2022 07:43

Lecture du livre de Ben Sirac le Sage 35, 15b-17. 20-22a

La prière du pauvre est toujours entendue de Dieu. Comment prions-nous, comme des riches ou comme des pauvres ?

Le Seigneur est un juge qui se montre impartial envers les personnes. Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé. Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve. Celui dont le service est agréable à Dieu sera bien accueilli, sa supplication parviendra jusqu’au ciel. La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable. Il persévère tant que le Très-Haut n’a pas jeté les yeux sur lui, ni prononcé la sentence en faveur des justes et rendu justice. – Parole du Seigneur.

Commentaire : On avait –et on a encore – tellement l’habitude de voir les grands de la terre favoriser les riches et les gens en place, que l’attention portée par Dieu à la prière du pauvre et de l’opprimé suffisait à révéler quels étaient ses préférés. L’enfant malade ou handicapé requiert plus de soins et d’amour de ses parents que ses frères ou sœurs mieux pourvus. Dieu, de même, nous dit quelle pente suit son amour.

Et nous, à qui notre amour va-t-il en prédilection ?

Psaume 33

R/ : Un pauvre crie ; le Seigneur entend.

  • Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. Je me glorifierai dans le Seigneur : que les pauvres m'entendent et soient en fête ! R/
  • Le Seigneur regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris. Le Seigneur entend ceux qui l'appellent : de toutes leurs angoisses, il les délivre. R/
  • Il est proche du cœur brisé, il sauve l'esprit abattu. Le Seigneur rachètera ses serviteurs : pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge. R/

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 4, 6-8. 16-18

Au bout de sa course, l’apôtre Paul considère le long chemin qu’il a parcouru pour le Christ et dit sa certitude de le trouver au terme de la route.

Bien-aimé, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. Je n’ai plus qu’à recevoir la couronne de la justice : le Seigneur, le juste juge, me la remettra en ce jour-là, et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui auront désiré avec amour sa Manifestation glorieuse. La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que cela ne soit pas retenu contre eux. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que, par moi, la proclamation de l’Évangile s’accomplisse jusqu’au bout et que toutes les nations l’entendent. J’ai été arraché à la gueule du lion ; le Seigneur m’arrachera encore à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer dans son Royaume céleste. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Il est triste de vieillir, dit-on souvent. À lire Paul, il ne semble pas que l’apôtre en juge ainsi. Considérant le long combat qui fut son existence, il constate avec joie qu’il s’est bien battu pour faire connaître l’Évangile et qu’il est resté fidèle jusqu’au bout. Et, bien qu’il ait éprouvé la solitude et l’abandon de ses amis, lors de sa comparution devant le tribunal, il sait le Christ vivant auprès de lui, ce Jésus qu’il a tant servi et aimé, et dont il attend de voir le visage en son royaume.

Aidons-nous les personnes âgées de nos familles, de notre voisinage, de notre communauté à bien vieillir ? Cela demande de les entourer d’affection, de les aider à ne pas se replier sur elles, et aussi lorsqu’elles le peuvent à se prendre en charge mutuellement.

Alléluia, Alléluia. Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui: il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 18,9-14

Deux hommes priaient ; l’un pour demander à Dieu de reconnaître ses mérites, l’autre pour obtenir son pardon. Mais Dieu ne sait que pardonner.

En ce temps-là, à l’adresse de certains qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient les autres, Jésus dit la parabole que voici : « Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts). Le pharisien se tenait debout et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’ Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis !’ Je vous le déclare : quand ce dernier redescendit dans sa maison, c’est lui qui était devenu un homme juste, plutôt que l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé ». - Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Le pharisien est un homme pieux et honnête ; Jésus ne le conteste pas. Il est, en matière de religion, pour la stricte observance, pratiquant même beaucoup plus que ne lui en demande la Loi. Le publicain appartient, lui, à la catégorie des pécheurs publics ; ni lui, ni Jésus, ne le contestent. Pourtant, il fut préféré par Dieu au premier. Pourquoi ? Jésus ne fait pas le procès d’une classe sociale contre une autre, pas plus qu’il ne prend le parti du voleur contre l’honnête homme. Il présente deux états d’âme : celui de l’homme plein de lui-même et de ses mérites, qui estime que Dieu est en dette envers lui et se doit de le féliciter ; celui de l’homme qui connaît sa misère, sait qu’il ne peut acheter son pardon et s’en remet, pour être sauvé, à l’amour gratuit et miséricordieux de Dieu. Devant Dieu, nous en sommes tous au même point : pécheurs, incapables de nous sauver seuls, nous avons besoin de nous en remettre à l’amour du Christ.

« Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole, et je serai guéri ». Croyons-nous vraiment n’en être pas dignes ? Alors seulement nous croyons qu’une parole du Christ change réellement notre cœur.

Homélie

Pour bien vous montrer l’attitude fondamentale qui doit être la nôtre devant Dieu, en tout temps et en toute circonstance, mais surtout quand nous prions Jésus a imaginé ce tableau vivant où l’on voit deux hommes particulièrement représentatif de leur milieu : un pharisien et un publicain qui se dirigent vers le Temple pour prier.

Les pharisiens, vous le savez, constituaient au temps de Jésus l’élite intellectuelle et religieuse du peuple juif. Ils étaient de fidèles observateurs de la Loi de Dieu. Ils pratiquaient le jeûne et versaient aux prêtres le dixième de leurs revenus. Ils avaient le souci d’être en règle avec Dieu et aussi, sans doute, avec le prochain. Aux yeux de tous, ils étaient des « bien pensants » et « des bons pratiquants ».

Les publicains, au contraire, en prenaient vraiment à leur aise avec les prescriptions de la loi. Agents du fisc, ils rançonnaient le peuple et travaillaient pour les Romains qui occupaient le pays. C’étaient des pécheurs publics.

Regardons-les bien ces deux hommes qui viennent d’entrer dans le Temple : le pharisien qui s’est mis bien en vue, la tête haute et le publicain qui dans son coir baisse la tête et soyons très attentifs aux sentiments qu’ils expriment...

Que dit-il donc le pharisien dans sa prière ? Il ne parle que de lui-même avec suffisance et il se vante devant Dieu de toutes ses pratiques et observances. Il dit sans cesse « je ». Je ne suis pas comme les autres hommes. Je jeûne, je verse la dîme... Ce n’est pas Dieu qu’il contemple, c’est lui, c’est sa propre excellence. Et voici que non content de se vanter, cet orgueilleux méprise aussi les autres : même devant Dieu, même dans sa prière. Il calomnie et accuse les autres d’être voleurs, injustes, adultères !

Le pharisien est celui qui met en lui-même toute sa confiance : il a fait tout ce qu’il fallait, il a évité le péché, il est plein de mérites, il a droit à la récompense et, en toute bonne conscience, il prend Dieu à témoin de ses efforts et de sa vertu mais, en réalité, il se ferme à Dieu dont il a peur et dont les exigences l’obligeraient à se convertir.

C’est cette attitude hypocrite que Jésus a en horreur et qu’il n’a cessé de dénoncer avec la plus grande fermeté tout au long de l'Évangile.

Cette attitude, sous des apparences de pratique religieuse est en réalité une fuite de Dieu, une fermeture, une suffisance. Cette attitude défigure Dieu en fait, car Dieu seul est le créateur et lui seul nous recrée par son amour, nous rendant ainsi capables de le servir. Un tel comportement de la part du pharisien fait mentir la parole de Jésus « sans moi vous ne pouvez rien faire ».

Que peut-on attendre de Dieu quand on est ainsi plein de soi-même et fermé aux autres ?

« Sans moi vous ne pouvez rien faire ». Il en a bien conscience ce publicain qui se tient à distance ; il ne sait que trop qu’il est un collaborateur qui trafique avec l’occupant romain et s’enrichit sur le dos de ses concitoyens. Il le sait, il le reconnaît devant Dieu et voilà pourquoi sa prière est vraie. Devant Dieu, il ne porte pas de masque, il ne dissimule pas la vérité, il se présente comme il est. C’est du fond de sa misère qu’il crie « Mon Dieu prends pitié du pécheur que je suis ». Et précisément c’est ce dégoût de lui-même, cette blessure secrète, cette ouverture à Dieu qui le sauve. En fait, il n’a rien à offrir à Dieu que sa misère et sa détresse. Telle est l’attitude vraie de l’homme devant Dieu : celle qui permet à Dieu d’agir en lui, de le guérir, de le combler, de le rendre juste et saint. Parce qu’il s’est abaissé Dieu le relève, parce qu’il s’est reconnu pécheur, Dieu lui pardonne : la prière du pauvre, la prière de celui qui a le cœur brisé, cette prière traverse les nuées, elle touche le cœur de Dieu.

Nous l’aurons compris, frères et sœurs : Jésus, en brossant ce tableau veut nous mettre en garde contre le danger du pharisaïsme qui nous guette tous.

Ne nous arrive-t-il pas, en effet, une fois ou l’autre, de nous vanter, d’attribuer à nos mérites d’avoir telle vertu ou de ne pas avoir tel défaut. Il nous arrive même de ne pas voir nos défauts et nos péchés, de nous croire meilleurs que les autres et peut-être de les juger et de les condamner ?

Si nous faisions plus souvent et plus attentivement notre examen de conscience, le nôtre (et pas celui des autres) nous constaterions en toute vérité, en toute honnêteté, que nous sommes loin d’être parfaits et nous aurions alors vis-à-vis de Dieu l’attitude du publicain qui se reconnaît pécheur. Etant humbles vis-à-vis de Dieu nous serions plus facilement humbles vis-à-vis des autres.

Celui qui cultive cette vertu reconnaît certes, qu’il a des qualités, (car l’humilité c’est la vérité) mais il n’a pas prétention de s’en attribuer le mérite : il pense et il dit comme saint Paul « c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ».

Etant vide de lui-même il peut tout recevoir de Dieu et se mettre entièrement à sa disposition, il se laisse guider, il laisse Dieu agir en lui et à travers lui.

Jésus conclut la parabole du pharisien et du publicain par ces paroles : « Celui qui s’abaisse sera élevé ». La seule élévation que nous puissions ambitionner c’est la sainteté et nous n’y parviendrons que dans la mesure où nous progresserons dans l’humilité.

« On n’avance jamais beaucoup, nous dit sainte Thérèse d’Avila, si on ne se décide pas à être humble. Manquer de cette vertu c’est tout perdre ».

Saint Augustin, lui, emploie une comparaison très suggestive : « Nous voulons construire un édifice très élevé, alors pensons aux fondements de l’humilité. Quand on creuse les fondations on descend. Avant de s’élever on doit s’abaisser ».

Retenons bien tous ces enseignements, chers frères et sœurs, et en faisant passer notre prière par Marie, modèle incomparable d’humilité, supplions le Seigneur de nous soutenir et de nous fortifier par sa grâce, car sans lui, on ne le redira jamais assez, « sans lui, nous ne pouvons rien faire ».

Amen.

Prière universelle

Que notre prière, comme celle du pauvre, traverse les nuées et touche le cœur de Dieu...

  • Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l'opprimé : pour ceux qui n'ont pas le nécessaire, prions le Seigneur.
  • Il ne méprise pas la supplication de l'orphelin, ni la plainte de la veuve : pour les familles disloquées, prions le Seigneur.
  • Il se tient près du cœur qui souffre et il sauve l'esprit désemparé : pour ceux qui pleurent et désespèrent, prions le Seigneur.
  • Il nous remplit de force pour annoncer l'Évangile : pour ceux qui transmettent la Bonne Nouvelle, prions le Seigneur.

Prions : Seigneur, toi qui exauces toute prière humble et filiale, nous te prions : augmente notre foi, exauce nos demandes pour tous les hommes que tu veux sauver. Par Jésus, ton Fils, notre Seigneur. Amen.

Source : https://diocese.ddec.nc

Lectures et Homélie du 30ème dimanche du T.O. en DOCX  et PDF

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13 octobre 2022 4 13 /10 /octobre /2022 15:11

Lecture du livre de l’Exode 17, 8-13

Dans sa marche vers la terre promise, le peuple de Dieu doit à la prière persévérante de Moïse de triompher des obstacles qu’il rencontre.

En ces jours-là, le peuple d’Israël marchait à travers le désert. Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main ». Josué fit ce que Moïse avait dit : il mena le combat contre les Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse restèrent fermes jusqu’au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au fil de l’épée. – Parole du Seigneur.

Commentaire : C’est le type de la guerre sainte : notre cause est juste, Dieu est avec nous et nous vaincrons. Les exemples ne manquent pas à travers l’histoire, telle la réponse de Jeanne d’Arc : « Les gens d’armes combattront, Dieu donnera la victoire ». Cette conception peut choquer notre mentalité moderne. Peut-être est-il bon cependant de voir comment Dieu a révélé progressivement son vrai visage, en faisant patiemment l’éducation religieuse de l’humanité qu’il a prise là où elle en était. Il nous est trop facile de juger les siècles passés avec l’acquis actuel de la Révélation, tout comme l’adulte qui jugerait puérile la foi de son enfance. En tout cas, Moïse et l’enfant que nous étions avaient sans doute plus de foi que nous autres en la prière.

Croire en la prière d’intercession, c’est ne pas baisser les bras. Cela nous est parfois difficile. Et si nous nous unissions à plusieurs pour cette prière ?

Psaume 120

R/ : Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre.

  • Je lève les yeux vers les montagnes : d’où le secours me viendra-t-il ? Le secours me viendra du Seigneur qui a fait le ciel et la terre. R/
  • Qu’il empêche ton pied de glisser, qu’il ne dorme pas, ton gardien. Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, le gardien d’Israël. R/
  • Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, se tient près de toi. Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, ni la lune, durant la nuit. R/
  • Le Seigneur te gardera de tout mal, il gardera ta vie. Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, maintenant, à jamais. R/

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée 3, 14 – 4, 2

Tous les passages de l'Écriture sont inspirés par Dieu qui veut par eux éclairer notre intelligence, changer notre cœur et modeler notre agir.

Bien-aimé, demeure ferme dans ce que tu as appris : de cela tu as acquis la certitude, sachant bien de qui tu l’as appris. Depuis ton plus jeune âge, tu connais les Saintes Écritures : elles ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, en vue du salut par la foi que nous avons en Jésus Christ. Toute l’Écriture est inspirée par Dieu ; elle est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera accompli, équipé pour faire toute sorte de bien.

Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui va juger les vivants et les morts, je t’en conjure, au nom de sa Manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Nous ne lisons pas la Bible par vénération pour cette littérature ancienne, ni l’évangile pour l’idéal supérieur de vie qu’il propose mais parce que « tous les passages de l’Écriture sont inspirés par Dieu ». Tantôt Dieu nous y enseigne le mystère de son être et son projet sur l’homme, conteste les conceptions trop sécurisantes ou les valeurs qui mènent la vie des hommes, redresse notre tendance à idolâtrer tout ce qui nous séduit, tantôt encore il éduque l’homme et le fils qu’il veut réussir en nous. Et si la Parole de Dieu nous prend parfois à contre-pied, remercions celui qui a le courage de nous l’annoncer, même à contretemps.

Retenons pour la semaine l’un ou l’autre des textes du dimanche qui nous a parlé le plus.

Alléluia. Alléluia. Elle est vivante, efficace, la parole de Dieu ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18, 1-8

La persévérance dans la prière est une des preuves de notre foi. Mais Jésus se demande s’il trouvera cette foi chez nous.

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait pas Dieu et ne respectait pas les hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’ Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Même si je ne crains pas Dieu et ne respecte personne, comme cette veuve commence à m’ennuyer, je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse m’assommer.’ » Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge dépourvu de justice ! Et Dieu ne ferait pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Les fait-il attendre ? Je vous le déclare : bien vite, il leur fera justice. Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Encore une boutade de Jésus Christ ! Si la réclamation persistante de la veuve a le don d’exaspérer ce juge sans scrupules et de le décider à lui rendre justice, combien plus une prière persévérante aura-t-elle d’effet sur Dieu qui nous aime et qui veut nous combler ! Mais pour quoi prie-t-on ? Pour changer Dieu, ou pour que la prière nous transforme et nous aide à entrer avec foi dans son dessein sur nous et sur les autres, lequel n’est pas toujours dans la ligne de notre volonté ? La perte du sens de la prière n’est-elle pas le signe d’une diminution de la foi, qui justifie l’inquiétude de Jésus Christ ?

Dieu établira certainement la justice dans le monde, bien qu’il fasse attendre ceux qui l’en prient. Notre persévérance à la lui demander et à agir pour qu’elle grandisse est pour lui le signe qu’elle nous tient à cœur autant qu’à lui.

Homélie

Il est une vérité que nous ne devrions jamais oublier : à savoir que tout ce que nous faisons dans l’ordre surnaturel c’est Dieu qui nous donne de pouvoir le faire. De cette vérité, Moïse était profondément convaincu, lui qui persévérait dans la prière tandis que Josué combattait dans la plaine, car la prière ne dispense pas d’agir.

« Laisser tomber les bras » : voilà une expression que nous employons encore pour parler de quelqu’un qui n’y croit plus, qui renonce : il a baissé les bras ! Moïse n’a pas baissé les bras : il a tenu bon dans la foi, il a persévéré dans la prière jusqu’au bout.

Aussi, à travers ce geste de Moïse, c’est la question de la foi, qui, en fait nous est posée : sur qui comptons-nous ? Sur Dieu ou seulement sur nous-mêmes, nous estimant assez forts, suffisants, pour nous passer de Lui ?

C’est tout le sens de la question de Jésus, étrange en vérité, qui termine l’Évangile d’aujourd’hui : « Mais le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »

A voir la proportion des baptisés qui fréquentent les églises chaque dimanche, la question se pose en effet. Et nous-mêmes, dans nos journées, quelle place laissons-nous à la prière ? Avons-nous au moins un rendez-vous quotidien et assez long avec le Seigneur ? Oh, je sais bien, l’excuse qu’on se donne : « Je n’ai pas le temps ».

Ayons plutôt la loyauté de reconnaître : « Je ne sais pas prendre le temps ».

Car prier, voyez-vous, c’est d’abord comme disait si bien un auteur spirituel : « brûler du temps pour Dieu », c’est lui réserver une partie de notre temps parce que nous avons conscience que c’est capital pour notre vie chrétienne qui est essentiellement une vie de Foi, d’Espérance et d’Amour.

Quand on aime quelqu’un ne prend on pas du temps pour demeurer avec lui, l’écouter, lui parler, lui exprimer notre affection ou notre amitié ? La prière est ce rendez-vous avec Dieu, elle nous rend présents à Dieu, elle nous expose au rayonnement de son Amour comme on s’expose au soleil. Au milieu de l’agitation trépidante de notre vie, la prière est un bain de silence qui permet une décantation de nous-mêmes, comme une eau qui se clarifie au repos, et alors, oui nous pouvons entendre Dieu qui nous parle tout doucement à l’intime du cœur. Son esprit qui est l’Esprit de Vérité nous envahit et peu à peu nous communions à sa pensée sur toutes choses, sur le monde, sur les autres et sur nous-mêmes, nous communions à son désir qui est de sauver tous les hommes et cela fortifie en nous l’esprit missionnaire.

La prière, surtout si elle est contemplative, si elle est un long face à face, clarifie notre regard, apaise notre cœur le remplit d’un véritable amour pour nos frères : elle fortifie aussi notre volonté pour les servir. Oui, en vérité la prière est une grande chaîne d’amour qui nous relie à Dieu et à nos frères.

Il nous faut bien comprendre aussi, chers frères et sœurs, que la prière, c’est ce qui permet au Seigneur d’agir en nous et par nous : ce qui lui permet d’agir en nous, car Dieu n’attend que notre appel, pour nous répondre en comblant notre cœur de sa lumière, de son amour, de sa force. Il n’ignore pas, certes, que nous en avons besoin, mais il veut que nous le lui demandions, reconnaissant par là qu’il est le Maître, mais surtout qu’Il est notre Père, un Père très aimant, infiniment bon.

La prière c’est aussi ce qui permet à Dieu d’agir par nous, car c’est grâce à elle que nous devenons de plus en plus malléables, disponibles, capables de dire comme Marie, la Grande Priante : « qu’il me soit fait selon ta Parole ».

Vous avez remarqué que l’Évangile de ce dimanche est une pressante invitation à la persévérance dans la prière. En nous donnant l’exemple de cette veuve importune à qui le juge excédé finit par rendre justice, Jésus veut nous rappeler avec force que l’efficacité de notre prière est à la mesure de notre foi. Une prière qui se prolonge, qui se fait insistante a finalement raison du Cœur de Dieu.

Le saint Curé d’Ars le disait d’une manière un peu paradoxale : « Je connais quelqu’un qui est plus fort que Dieu, c’est l’homme de prière, il fait dire à Dieu OUI lorsqu’il a dit NON ».

Cela ne veut pas dire que Dieu va exaucer nos prières aussitôt que nous les aurons formulées… Dieu n’est pas un distributeur automatique. Ce silence de Dieu parfois nous scandalise, souvent nous décourage… Pourquoi notre Père du Ciel est-il si peu pressé tandis que nous le supplions de faire vite en toutes nos prières ?

Nous ne pouvons pas pénétrer la pensée du Seigneur pour connaître le secret de sa patience et percer le mystère de son retard sur notre impatience. Mais ne savons-nous pas, par expérience, que ce que nous demandons à Dieu sur un coup de tête ou dans un accès de fièvre n’est pas toujours le meilleur. Il faut souvent l’érosion du temps pour décaper nos fausses générosités et nos petits calculs aux apparences de piété. Heureusement Dieu ne nous prend pas toujours au mot. Où en serions-nous si tous nos caprices d’enfants avaient été exaucés ?

Devant Dieu ne sommes-nous pas tous comme des plantes : pour pouvoir grandir jusqu’à êtres capables de donner des fleurs et des fruits, les plantes ont besoin du rythme des saisons, de l’alternance du soleil et de la pluie, de l’été et de l’hiver et même des rafales du vent. Que deviendrait un germe qui refuserait toute épreuve au cours de sa croissance et voudrait exiger la récolte au lendemain des semailles ?

Il faut donc, chers frères et sœurs, que notre attitude de priants soit toute de patience, d’humilité, d’abandon à Dieu et à sa Sainte Volonté. Si parfois Dieu semble faire la sourde oreille, gardons-nous bien de nous décourager !

Frappons à sa porte avec encore plus d’insistance, afin de recevoir ses dons avec gratitude, même s’ils ne correspondent pas exactement à ce que nous aurions souhaité. N’oublions jamais que Dieu est un Père plein de tendresse qui nous aime infiniment : il sait beaucoup mieux que nous ce qui nous convient… En réalité, la vraie prière ne devrait être qu’abandon à Dieu, acceptation amoureuse de sa volonté… Si nous prions, c’est pour obtenir que le « OUI » de Jésus à Gethsémani devienne le nôtre… « Oui Père que ta volonté soit faite et non la mienne ».

Autrement dit prier avec persévérance c’est se livrer tout entier à l’amour du Père à l’exemple de Jésus et de Marie. Mais n’est-ce pas, dites-moi, l’essentiel de notre vocation chrétienne : qui est de communier dès ici-bas par la Foi et la Charité à la Vie du DIEU AMOUR en attendant de la posséder un jour, cette vie divine dans les splendeurs de la GLOIRE ! Amen !

Prière Universelle

Dieu ne se lasse jamais d’entendre nos prières et d’y répondre. Tournons-nous vers lui pour lui formuler nos demandes.

R/. Dieu de l’écoute attentive, exauce-nous.

  • Prions pour les personnes qui exercent des responsabilités publiques ; qu’elles sachent toujours écouter avec attention les cris du cœur de leur peuple. R/.
  • Prions pour l’ensemble des agents et agentes de pastorale, les religieuses et religieux, les prêtres et les évêques ; que le souci de l’accueil et de la compassion les habite continuellement. R/.
  • Prions pour les personnes engagées dans la société civile et les organismes communautaires ; qu’elles demeurent déterminées à faire entendre les besoins et les attentes des pauvres et des laissés-pour-compte. R/.
  • Prions pour notre communauté, appelée à adopter chaque jour une attitude d’écoute et d’accueil ; qu’elle ne cesse de se tourner vers le Seigneur pour qu’elle découvre ce qu’il attend d’elle. R/.

Dieu notre Père, toi qui connais intimement nos désirs et nos besoins, nous portons vers toi avec insistance notre prière ardente. Accorde-nous ce que nous te demandons par Jésus et par son Esprit qui donne la vie, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Source : https://fr.novalis.ca/

Lectures et Homélie du 29ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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8 octobre 2022 6 08 /10 /octobre /2022 20:34

Lecture du second livre des Rois 5, 14-17

Guéris de sa lèpre par Élisée, un général Syrien revient remercier le prophète : il vient de découvrir que le Seigneur est le seul Dieu vivant.

En ces jours-là, le général syrien Naaman, qui était lépreux, descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois, pour obéir à la parole d’Élisée, l’homme de Dieu ; alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié ! Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte ; il entra, se présenta devant lui et déclara : « Désormais, je le sais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ! Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur ». Mais Élisée répondit : « Par la vie du Seigneur que je sers, je n’accepterai rien ». Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa. Naaman dit alors : « Puisque c’est ainsi, permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : Quelle humilité n’a-t-il pas fallu à ce général syrien pour aller trouver Élisée, alors que Syriens et Hébreux étaient en guerre et que la cure de guérison prescrite par le prophète – se plonger sept fois de suite dans le Jourdain – lui paraissait manquer de sérieux ! Dépouillant son orgueil, piétinant ses préjugés, il s’exécuta pourtant et fut guéri. Reconnaissant alors la puissance du Dieu d’Israël qui éclipse tous les dieux qu’il a honorés jusqu’à présent, Naaman emporte de la terre de Palestine pour construire en son pays un autel au Seigneur.

La foi exige un dépouillement continuel de soi et de son orgueil. Quand l’avons-nous constaté pour nous ?

Psaume 97

R/ : Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations.

  • Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire. R/
  • Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ; il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël. R/
  • La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ! R/

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée 2, 8-13

Souviens-toi de Jésus Christ, écrit Paul : son amour est tel que, malgré tes infidélités, il te reste fidèle, ne pouvant se renier lui-même.

Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David : voilà mon évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent, eux aussi, le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Voici une parole digne de foi : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Paul encourage Timothée à vivre en conformité avec l’Évangile du Christ qu’il annonce. Souffrir pour Jésus Christ, être jeté en prison à cause de lui, ne peuvent abattre le moral d’un apôtre qui sait que le Ressuscité fait vivre et régner avec lui ceux qui lui sont fidèles jusqu’à la mort. La parole que Paul invite Timothée à méditer est probablement un cantique chanté dans les premières communautés chrétiennes.

Pensons-nous à utiliser parfois les paroles de l’un ou l’autre des chants de notre missel pour aider notre prière en semaine ?

Alléluia. Alléluia. Rendez grâce à Dieu en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 17, 11-19

Neuf des lépreux guéris par Jésus s’empressent de faire valider leur guérison : un seul croit la reconnaissance plus urgente, et c’est un Samaritain.

En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous ». À cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres ». En cours de route, ils furent purifiés.

L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain. Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : La loi juive chargeait les prêtres de faire un constat de guérison pour tout lépreux purifié de sa lèpre. Il faut donc déjà beaucoup de foi à ces dix malades pour se rendre au Temple faire constater un guérison qui ne s’est pas encore produite. En cours de route, ils sont purifiés. Neuf continuent leur route pour satisfaire aux obligations de la Loi, un seul, un étranger Samaritain, juge plus urgent d’aller d’abord remercier Dieu et Jésus. Comme toujours pour le Christ, l’amour de Dieu et la renaissance envers lui priment les préceptes de la Loi, car seuls ils manifestent une vraie foi. Luc, en outre, très intéressé qu’il est par la mission auprès des païens, n’est pas mécontent de rappeler qu’un étranger a montré plus de foi que les juifs.

Comme ces lépreux nous disons au début de la messe : « Jésus, prends pitié de nous ». Puis, sûrs d’être guéris de la lèpre de nos péchés, nous entonnons Gloire à Dieu. C’est ce mouvement de la liturgie que Jésus désire nous voir pratiquer habituellement.

Homélie

Au temps de Jésus la lèpre était ce mal implacable dont on ne guérit pas : mal horrible, repoussant, qui déforme et défigure, mal mystérieux qui fait peur, que le médecin est impuissant à guérir, mal, dont instinctivement on s’écarte, car on le croyait contagieux. Bref, le lépreux, au temps de Jésus c’est un paria mis au banc de la société. Il vit à l’écart des villages et doit prévenir de sa présence chaque fois qu’il s’approche des lieux habités afin que tous puissent s’enfuir. La lèpre c’est vraiment le fond de la misère humaine. Comme on comprend alors le cri des 10 lépreux : « Jésus, Maître aie pitié de nous ! »

En les guérissant Jésus montre à la fois sa puissance miraculeuse et sa bonté pour les plus malheureux.

En leur enjoignant de se montrer aux prêtres pour que la guérison soit officiellement constatée, il les réinsère dans la communauté des hommes.

Cependant l’Évangile ne nous dit pas qu’ils furent guéris mais qu’ils furent « purifiés ». C’est que la lèpre dans la Bible, n’est pas seulement une maladie du corps. Le lépreux est un être mystérieusement frappé par Dieu et cette maladie semble la punition d’une faute. La lèpre est ainsi le symbole du péché, ce mal de l’âme qui défigure en nous l’image de Dieu et qui nous ronge en nous conduisant à la mort, ce mal que l’homme ne sait pas guérir.

La lèpre tout comme le péché, Dieu seul les guérit. En guérissant les 10 lépreux Jésus se manifeste donc avec la puissance même de Dieu, de Dieu, venu sur terre pour guérir et sauver tous les hommes : tous les hommes et pas seulement les fils d’Israël, tous les hommes, même ces Samaritains que les Juifs détestaient. Oui, tous peuvent être purifiés à condition qu’ils aient foi en Jésus : « relève-toi et va, ta foi t’a sauvé... »

Un seul à vrai dire, est arrivé jusque là ; certes, les 10 sont guéris pendant qu’ils sont en chemin, mais un seul est « sauvé ». Un seul retourne vers Jésus, c’est le mouvement même de la conversion. Un seul revient pour remercier. Alors que les 9 autres ont saisi jalousement leur guérison comme une proie, pressés d’aller vers les prêtres, impatients d’être réintégrés dans la société, leur famille, leurs amis. Seul le Samaritain, c'est-à-dire le pauvre, l’hérétique, l’étranger, prend le temps de remercier : il ne se contente pas de recevoir le bienfait qu’il a demandé dans sa prière. Au-delà de la puissance qui l’a soulagé, c’est le visage de Jésus qu’il veut retrouver, c’est le mystère de sa personne qu’il désire contempler. Il entre avec Jésus dans une relation nouvelle de gratuité, de louange, d’action de grâces.

Seul ce Samaritain est parvenu à la foi : sa guérison corporelle est le signe d’une autre guérison plus profonde : la guérison du cœur, la guérison de son être intérieur. Par la Foi, il y a reçu un cœur nouveau, non plus un cœur avide qui demande des bienfaits, mais un cœur libéré et reconnaissant. Il s’est élevé du bienfait jusqu’à son bienfaiteur. Dieu n’est plus pour lui le moyen d’obtenir ce qu’il désire, Dieu est devenu le but, l’objet même de son désir. « Ta Foi t’a sauvé ». Et Jésus de souligner qu’il y a plus de foi chez cet étranger que chez les 9 autres pourtant tous fils d’Israël.

Frères et sœurs, nous avons vu dans la 1ère lecture que Naaman, grand Général de l’armée de Syrie a fait la même expérience. Le prophète Élisée se borne à lui dire « descends au Jourdain, plonge-toi 7 fois et tu seras purifié ». Naaman est furieux : est-ce que les fleuves de son pays ne valent pas le Jourdain ? Il lui faudra rejeter son orgueil et croire en toute simplicité à la parole du prophète, car le don de Dieu ne s’achète pas avec des cadeaux. Alors, dit la Bible, sa chair redevint comme celle d’un petit enfant, mieux encore c’est un cœur d’enfant que Naaman avait retrouvé, un cœur humble prêt à croire Dieu sur parole. Naaman est ainsi la figure du Baptême qui nous purifie de la lèpre du péché.

Il importe également, frères et sœurs, de biens comprendre ceci : quand Luc dans l’Évangile nous rapporte la parole de Jésus aux 10 lépreux : « allez vous montrer aux prêtres », c’est à des chrétiens qu’il s’adresse et, bien qu’il soit médecin, il ne veut pas parler alors de la lèpre du corps mais du péché qui ronge en nous la vie de Dieu et peut aller jusqu’à la détruire. Oui, allez vous montrer aux prêtres pour découvrir votre mal, dire votre péché et vous serez purifiés : vous serez pardonnés.

Le prêtre dans le Sacrement de Pénitence (ou de réconciliation) n’est-il pas le dépositaire de cette puissance de Dieu qui purifie du péché ? Encore faut-il dans un acte de foi, aller vers lui qui tient la place du Christ avec des sentiments de profonde contrition et de ferme propos et lui découvrir son mal, pour être guéri.

Frères et sœurs, celui qui accomplit cet acte de conversion, de retour à Dieu et obtient dans la confession sacramentelle la guérison de sa âme, trouve alors la joie, la joie du pardon et de la paix et il rend grâce comme le lépreux de l’Evangile revenu vers Jésus.

Pour conclure, je voudrais vous dire ceci : pour remercier il faut avoir un cœur de pauvre conscient d’avoir tant reçu.

« Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » dit saint Paul. Pouvons-nous dire que c’est notre cas, que nous avons cette humilité-là ?

Saint Paul exhortait souvent les premiers chrétiens « à vivre dans l’action de grâces ». L’action de grâces doit être le climat normal, habituel de celui qui se sait aimé de Dieu et sauvé par Jésus-Christ. C’est pourquoi, une fois de plus nous allons célébrer dans l’Eucharistie l’action de grâce par excellence à laquelle nous unissons la nôtre : celle du Christ à son Père.

Que Marie, la Vierge du Magnificat nous aide à faire de toute notre vie, constamment centrée sur l’Eucharistie et alimentée par l’Eucharistie, une action de grâces permanente à la gloire de la Très Sainte Trinité.

Amen.

 

Prière universelle

Beaucoup d’entre nous avons la chance de vivre dans l’abondance et de profiter de ce que la Terre nous procure. Tournons-nous vers le Père en reconnaissance de tout ce qu’il accomplit dans nos vies.

R/ : Seigneur, reçois notre prière.

  • Pour les personnes qui ont la charge de distribuer la richesse collective ; afin qu’elles sachent toujours agir dans un souci d’équité, prions le Seigneur. R/
  • Pour le Pape, les évêques et les prêtres ; afin qu’ils soient toujours nourris à la source de la grâce divine pour en témoigner auprès des fidèles, prions le Seigneur. R/
  • Pour les travailleuses et travailleurs des domaines de l’alimentation ; du vêtement et du logement ; afin que chacun et chacune reçoive la reconnaissance pour ses services rendus en vue du mieux-être de la collectivité, prions le Seigneur. R/
  • Pour les gens qui peinent à assurer leur subsistance ; afin qu’ils ne désespèrent pas de trouver sur leur chemin des personnes sachant reconnaître leurs besoins, prions le Seigneur. R/
  • Pour notre communauté qui possède tout ce qu’il lui faut pour assurer son service humble auprès des humains ; afin qu’elle soit sans cesse reconnaissante pour les dons de la grâce divine, prions le Seigneur. R/

Père aimant et généreux, toi qui nous soutien sans cesse, donne-nous encore ce qui nous convient selon ta grande bonté. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils et par l’Esprit Saint qui habite en nous, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Source : https://fr.novalis.ca/blogs/news/accueil

Lectures et Homélie du 28ème dimanche en DOCX et PDF

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27 septembre 2022 2 27 /09 /septembre /2022 17:50

Lecture du livre du prophète Habacuc 1, 2-3 ; 2, 2-4

Devant la violence qui nous entoure, la vision d’un monde réconcilié tarde à se réaliser. Pourtant, elle viendra certainement et ne décevra pas le juste qui vit par sa fidélité.

Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu entendes ? Crier vers toi : « Violence ! », sans que tu sauves ? Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent. Alors le Seigneur me répondit : Tu vas mettre par écrit une vision, clairement, sur des tablettes, pour qu’on puisse la lire couramment. Car c’est encore une vision pour le temps fixé ; elle tendra vers son accomplissement, et ne décevra pas. Si elle paraît tarder, attends-la : elle viendra certainement, sans retard. Celui qui est insolent n’a pas l’âme droite, mais le juste vivra par sa fidélité. - Parole du Seigneur.

Commentaire : Babylone triomphe et, sous peu, le petit royaume de Judée tombera sous ses coups. Juste châtiment de ses infidélités envers son Dieu, diront certains. Habacuc, lui, ose demander raison à Dieu de cette violence qui se déchaîne contre son peuple et qui semble au prophète sonner le glas du destin d’Israël. Non, répond Dieu, l’insolence de l’envahisseur passera et le juste sortira vainqueur de cette épreuve de sa foi, s’il se cramponne fidèlement au Seigneur.

Preuve de l’intimité avec Dieu qui est celle du prophète : oser lui reprocher de fermer les yeux sur la violence de la misère, et, dans le même temps, guetter sa réponse. Cette inimité dans la prière peut être aussi la nôtre.

Psaume 94

R/ : Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur.

  • Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Allons jusqu’à lui en rendant grâce, par nos hymnes de fête acclamons-le ! R/
  • Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur qui nous a faits. Oui, il est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu’il conduit. R/
  • Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? « Ne fermez pas votre cœur comme au désert, où vos pères m’ont tenté et provoqué, et pourtant ils avaient vu mon exploit ». R/

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée 1, 6-8.13-14

Dieu ne nous a pas donné un esprit de peur, mais un esprit de force, d’amour et de raison pour annoncer l’Évangile.

Bien-aimé, je te le rappelle, ravive le don gratuit de Dieu, ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains. Car ce n’est pas un esprit de peur que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de pondération. N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur, et n’aie pas honte de moi, qui suis son prison nier ; mais, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. Tiens-toi au modèle donné par les paroles solides que tu m’as entendu prononcer dans la foi et dans l’amour qui est dans le Christ Jésus. Garde le dépôt de la foi dans toute sa beauté, avec l’aide de l’Esprit Saint qui habite en nous. - Parole du Seigneur.

Commentaire : Faisant suite à sa première lettre et écrite dans le même but, cette deuxième lettre de Paul à Timothée se fait plus précise sur les dangers qui menacent la foi, en même temps que l’apôtre encourage son ami à tenir fermement ses responsabilités de chef de communautés. Il lui rappelle sa fonction de garant au milieu du peuple chrétien, de l’authenticité de l’Évangile annoncé, grâce à l’assistance de l’Esprit Saint.

Savoir faire la part entre ce qui est de foi et ne peut varier, et les expressions que la foi a pu prendre à travers la liturgie, les méthodes de catéchèse, les moyens missionnaires qui, eux peuvent varier et doivent évoluer dès lors que l’Eglise suit fidèlement les appels de l’Esprit dans les signes des temps, c’est ce que l’apôtre réclame aussi de nous.

Alléluia. Alléluia. La parole du Seigneur demeure pour toujours ; c’est la Bonne Nouvelle qui vous a été annoncée. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 17, 5-10

Si Dieu est un maître dont nous sommes les serviteurs, acceptons alors d’être inutiles. Mais Jésus nous appelle non plus des serviteurs, mais ses amis.

En ce temps-là, les Apôtres dirent au Seigneur : « Augmente en nous la foi ! » Le Seigneur répondit : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : “Déracine toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi. « Lequel d’entre vous, quand son serviteur aura labouré ou gardé les bêtes, lui dira à son retour des champs : “Viens vite prendre place à table” ? Ne lui dira-t-il pas plutôt : “Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et boive. Ensuite tu mangeras et boiras à ton tour” ? Va-t-il être reconnaissant envers ce serviteur d’avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir.” » - Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Pour se faire mieux comprendre, Jésus procède souvent par boutades. Ainsi ici : « Fous autres, pharisiens, prétendez avoir des droits sur Dieu pour l’avoir scrupuleusement servi, comme on sert un maître exigeant. Eh bien ! Soit ! J’adopte votre point de vue sur Dieu : il est donc un maître ; mais où avez-vous vu qu’un maître se doive d’avoir de la reconnaissance pour le travail exécuté par son serviteur ? Où voyez-vous qu’il se mette en quatre pour le servir ? N’intervertissez-vous pas indûment les rôles ?

Le but de la foi n’est pas de planter des arbres dans la mer, mais d’accomplir le travail pastoral et apostolique qui nous est confié, avec la certitude que le Seigneur nous accompagne de sa grâce. Si nous œuvrons ainsi, nous sommes des serviteurs comblés.

Prière universelle

Comme des fils bien-aimés, en ce premier dimanche du mois du rosaire, ouvrons nos cœurs pour présenter au Père le cri des hommes et des femmes de ce monde.

  • Pour les ministres de ton Église, qu’ils annoncent avec persévérance le royaume de Dieu, à temps et à contretemps.
  • Pour les professionnels des médias et de la communication, qu’ils reçoivent ton Esprit de sagesse pour conjuguer la vérité avec la charité.
  • Pour tous ceux dont les cris intérieurs ébranlent la foi, qu’ils trouvent en toi un refuge.
  • Pour notre communauté rassemblée, que son enthousiasme à annoncer l’Évangile avec simplicité soit renouvelé.

Dieu qui nous appelles à grandir dans la foi, l’espérance et la charité, comble-nous de tes dons et conduis-nous aux joies du Royaume. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Source : Magnificat

Homélie

« Seigneur, augmente en nous la Foi ». Cette prière des apôtres nous pouvons la faire à notre tour car notre foi, reconnaissons-le, est, souvent chancelante, ébranlée par tout ce que nous voyons et entendons. Les doutes nous assaillent parfois : tant de gens autour de nous vivent comme si Dieu n’existait pas. Pour eux, la foi n’est qu’une illusion dont il faut se libérer et leurs réflexions rejoignent quelquefois nos propres doutes. Oui, l’incroyance moderne est contagieuse et beaucoup sont atteints par ce virus.

« Seigneur préserve notre foi ! Augmente en nous la Foi ! » Mais écoutons la réponse de Jésus : « La Foi, si vous en aviez gros comme une graine de moutarde, vous diriez au grand arbre que voici : déracine-toi et va te planter dans la mer et il vous obéirait ».

Par cette image volontairement forcée, Jésus veut nous faire comprendre que si la foi est un don de Dieu, une grâce, elle dépend aussi de nous. « Si vous en aviez gros comme une graine de moutarde » (qui est plus petite qu’une tête d’épingles) ! Oui il dépend de nous d’avoir et de garder la foi, même quand c’est dur, même dans des situations impossibles. Et cela nous arrive à tous n’est-ce pas, d’être affrontés une fois ou l’autre à des situations impossibles et désespérantes : on ne sait plus comment s’en sortir, on est au pied du mur, c’est le noir complet.

Eh bien ! Frères et sœurs, Jésus nous affirme qu’avec un peu de foi véritable, l’impossible peut avoir lieu, le miracle peut se produire. Avoir la foi gros comme une graine de moutarde c’est d’abord se dire : non Dieu ne veut pas mon malheur ! Il ne peut pas me vouloir du mal, car il m’aime. Même si toutes les apparences sont contraires, je persiste à croire à l’amour de Dieu pour moi. Avoir la foi doit dépasser les apparences. Et c’est affaire de volonté.

Dans ces belles prières de la Bible que sont les Psaumes on trouve de nombreux appels de détresse où l’homme en proie à la souffrance ou face à un très grand péril se met à interpeller Dieu de toutes ses forces, et ce cri ressemble parfois à un cri de révolte mais c’est précisément parce que l’homme ne peut pas croire que Dieu lui veuille du mal.

Dans le psaume 13 par exemple, la prière est ainsi formulée : « Seigneur m’oublieras-tu donc, pour toujours ? Jusqu’à quand me cacheras-tu ton visage ? Jusqu’à quand devrais-je ressasser en moi souci et chagrin ? » Mais aussitôt après jaillissent ces mots pleins de confiance : « Abandonné à ton amour déjà mon cœur se réjouit, je chanterai le Seigneur qui m’a comblé ».

Voici une autre prière tirée du psaume 44 : « Seigneur pourquoi dors-tu ? Hâte-toi, ignorerais-tu nos misères et nos souffrances ? Nous sommes dans la poussière, collés au sol. Debout ! À l’aide, pour mon amour délivre-nous ».

Nous le voyons : ces prières sont des cris de détresse qui expriment une grande indignation contre le mal, contre le péril, contre la souffrance et en même temps ils manifestent une folle confiance en ce Dieu dont on se sait aimé. Ils sont donc quelque chose de bon, car Dieu lui aussi, a horreur du mal. Sa volonté c’est que jamais ce mal nous écrase, ni que nous l’acceptions passivement mais que nous réagissions afin de le dépasser.

C’était déjà le sens de ce texte du prophète Habacuc entendu en 1ère lecture : « Combien de temps Seigneur devrais-je t’appeler au secours ? Pourquoi restes-tu là à regarder notre misère ? Vois donc : ce ne sont que pillages et violences, disputes et discordes... » Voilà le cri de détresse. Et voici maintenant le cri de confiance « Je guetterai ce que dira le Seigneur... le juste (c'est-à-dire le vrai croyant) vivra par sa fidélité... »

Oui, être fidèle coûte que coûte car Dieu, quelles que soient les apparences, lui, reste toujours fidèle. D’ailleurs, nous savons que Jésus lui-même est passé par là. Le soir du Jeudi-Saint au jardin des Oliviers il prie intensément. Il voit avec une lucidité parfaite le Calice de souffrances qu’il devra boire : « Père que ce Calice s’éloigne de moi ». C’est le cri de tout, homme qui a horreur de la souffrance et qui la repousse. Mais aussitôt après c’est le cri de la confiance filiale qui jaillit sur ses lèvres : « Père que ta volonté soit faite et non la mienne ».

Le lendemain sur la Croix les paroles qu’il prononce révèlent les mêmes dispositions intérieures : c’est d’abord un cri, que question lancée vers le ciel « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » Et quelques instants plus tard c’est le cri de la confiance absolue « Père, entre tes mains je remets mon esprit ».

Telle est la Foi, frères et sœurs lorsqu’on l’envisage sous l’angle de la confiance : elle est la certitude que Dieu ne peut pas vouloir le mal. Il veut que nous puissions en triompher et il est toujours avec nous, nous soutenant de sa grâce quelles que soient les apparences.

Au printemps les viticulteurs taillent la vigne : ce n’est pas pour la brimer ou pour la faire souffrir mais pour qu’elle porte de plus beaux fruits. Il y a aussi en nous des excroissances mauvaises à tailler, dont nous n’avons pas toujours pleinement conscience. Alors Dieu se charge de les éliminer : certes on est tout d’abord surpris et on réagit négativement, mais ensuite on fait confiance comme l’enfant fait confiance à ses parents qui l’emmènent à l’hôpital, comme le sportif fait confiance à son entraineur qui exige de lui de nouvelles performances et l’oblige à se surpasser. Dès lors, nous rappelant toujours que « tout est grâce », disons souvent à Dieu : « Seigneur je sais à quel point tu m’aimes, toi qui es mon Père débordant d’une infinie tendresse. Je ne veux m’appuyer que sur ton seul amour et m’abandonnant entre tes mains, je veux quoiqu’il arrive, garder une âme sereine, paisible et joyeuse ».

Au cours d’une tempête, sur un paquebot devant tous les passagers morts d’inquiétude un enfant chantait le sourire aux lèvres. Quelqu’un lui dit : « tu n’as donc pas peur ? » « Oh non ! répondit-il, c’est papa qui est à la barre ».

Cette confiance absolue n’est-ce pas ce qui nous manque le plus dans nos relations avec le Seigneur ? Demandons-la instamment par l’intercession de Marie qui en est le modèle insurpassable.

Lectures et Homélie du 27ème Dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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23 septembre 2022 5 23 /09 /septembre /2022 20:10

Lecture du livre du prophète Amos 6, 1a.4-7

Amos dénonce le luxe insolent des classes dirigeantes du pays, qui les rend aveugles sur le désastre du peuple.

Ainsi parle le Seigneur de l’univers : Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion, et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie. Couchés sur des lits d’ivoire, vautrés sur leurs divans, ils mangent les agneaux du troupeau, les veaux les plus tendres de l’étable ; ils improvisent au son de la harpe, ils inventent, comme David, des instruments de musique ; ils boivent le vin à même les amphores, ils se frottent avec des parfums de luxe, mais ils ne se tourmentent guère du désastre d’Israël ! C’est pourquoi maintenant ils vont être déportés, ils seront les premiers des déportés ; et la bande des vautrés n’existera plus. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Amos, comme on le voit, ne mâche pas ses mots. C’est qu’en ce milieu du VIIè siècle avant J.C., le peuple de Dieu a vu sa situation prospérer : conquêtes militaires, développement économique, administration centralisée ont fait de ces nomades d’autrefois un peuple urbanisé et policé. Cette prospérité va de pair, hélas ! avec un oubli de Dieu qui engendre un gaspillage éhonté des richesses du pays, au profit d’une petite clique et au détriment de la masse des paysans et artisans. Une quinzaine d’années après ces prédictions d’Amos, un roi assyrien conduira en exil cette soi-disant élite d’Israël.

Quelle part de notre superflu pouvons-nous retrancher pour manifester notre solidarité avec les pauvres aimés de Dieu ?

Psaume 145

R/ : Chante, ô mon âme, la louange du Seigneur !

  • Le Seigneur garde à jamais sa fidélité, il fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés. R/
  • Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l'étranger. R/
  • Il soutient la veuve et l'orphelin, il égare les pas du méchant. D'âge en âge, le Seigneur régnera : ton Dieu, ô Sion, pour toujours ! R/

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre à Timothée 6, 11-16

Se battre pour la foi, c’est être fidèle à la tradition reçue, mais aussi se montrer juste, aimant, persévérant. Ce que Paul demande à Timothée.

Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins. Et maintenant, en présence de Dieu qui donne vie à tous les êtres, et en présence du Christ Jésus qui a témoigné devant Ponce Pilate par une belle affirmation, voici ce que je t’or donne : garde le commandement du Seigneur, en demeurant sans tache, irréprochable jusqu’à la Manifestation de notre Seigneur Jésus Christ. Celui qui le fera paraître aux temps fixés, c’est Dieu, Souverain unique et bien heureux, Roi des rois et Seigneur des seigneurs ; lui seul possède l’immortalité, habite une lumière inaccessible ; aucun homme ne l’a jamais vu, et nul ne peut le voir. À lui, honneur et puissance éternelle. Amen. — Parole du Seigneur.

Commentaire : Paul invite Timothée, son délégué auprès des communautés chrétiennes d’Ephèse, à se battre courageusement pour la foi, par fidélité à sa profession de foi (allusion à son baptême, à son ordination sacerdotale ou à quelque autre évènement ?) C’est que l’apôtre vieillissant a tout lieu de craindre les spéculations oiseuses et les discussions à perte de vue qu’engendre une nouvelle théologie qui met de côté la foi et la vie de foi. Or, le Christ nous jugera sur nos actes, non sur nos idées sur Dieu, dont Paul rappelle qu’il nous demeure inaccessible et n’est en rien entamé par notre démangeaison d’idées nouvelles.

Des jeunes ont fait leur profession de foi avant les vacances, des adultes et des jeunes ont reçu le baptême à Pâques, des couples se sont épousés cette année. Comment, en cette rentrée pastorale, prévoyons-nous de les entourer au sein de notre communauté chrétienne ?

Alléluia. Alléluia. Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 16, 19-31

Un abîme sépare le riche du pauvre Lazare, après leur mort. Il perpétue celui que le riche, dans son aveuglement, avait creusé avant sa mort entre les pauvres et lui.

En ce temps-là, Jésus disait aux pharisiens : « Il y avait un homme riche, vêtu de pourpre et de lin fin, qui faisait chaque jour des festins somptueux. Devant son portail gisait un pauvre nommé Lazare, qui était couvert d’ulcères. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères. Or le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham. Le riche mourut aussi, et on l’enterra. Au séjour des morts, il était en proie à la torture ; levant les yeux, il vit Abraham de loin et Lazare tout près de lui. Alors il cria : “Père Abraham, prends pitié de moi et envoie Lazare tremper le bout de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue, car je souffre terriblement dans cette fournaise. – Mon enfant, répondit Abraham, rappelle-toi : tu as reçu le bonheur pendant ta vie, et Lazare, le malheur pendant la sienne. Maintenant, lui, il trouve ici la consolation, et toi, la souffrance. Et en plus de tout cela, un grand abîme a été établi entre vous et nous, pour que ceux qui voudraient passer vers vous ne le puissent pas, et que, de là-bas non plus, on ne traverse pas vers nous.” Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !” Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent ! – Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.” Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” » – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Un abîme sépare le riche dans sa fournaise de Lazare, maintenant auprès d’Abraham ; mais cet abîme, c’est le riche lui-même qui l’a creusé de son vivant, alors qu’aveuglé par sa richesse il n’avait pas remarqué à sa porte le pauvre qui souffrait. Personne ne l’a-t-il averti de sa néfaste insouciance ? Allons donc ! Il écoutait, chaque sabbat, à la synagogue, Moïse et les prophètes. « Ça ne suffit pas, mais si un mort ressuscitait… » Eh bien ! d’accord, il est ressuscité : richesse aveugle moins les hommes ?

Nous entendons chaque dimanche Moïse et les prophètes, le Christ et les apôtres. Prenons le temps cette semaine de relire l’un des textes qui nous a éclairés.

Homélie

Nous venons d’entendre l’une des pages les plus redoutables de tout l’Evangile. Si Dieu n’existe pas, si la vie éternelle n’existe pas, Jésus a tort : il ne faut pas l’écouter.

Mais si Dieu existe, si l’éternité existe, alors ce que Jésus nous dit est extrêmement sérieux, de la plus haute importance. Il n’y a rien de plus grave, en effet, que de rater sa vie éternelle. Jésus met en scène, frères et sœurs, une situation dramatique : à l’intérieur d’une maison, on fait bombance, tout près, c’est la misère... entre les deux un portail. Ce portail est comme un abîme qui sépare le riche du pauvre. Deux univers parallèles. Le riche vit dans un monde clos sur lui-même, il ne dépasse pas la porte de sa maison.

Ce qui est tout à fait remarquable dans cette parabole c’est qu’on ne dit pas que le pauvre était vertueux et que le riche était mauvais. L’un était simplement pauvre, l’autre était simplement riche. Le riche n’est pas accusé d’avoir volé Lazare, ou de l’avoir maltraité ou de l’avoir exploité. On ne dit même pas qu’il lui a refusé l’aumône : simplement il ne l’a pas vu. Il a laissé s’établir un terrible abîme entre lui et son voisin. Ils sont loin l’un de l’autre, séparés par ce terrible portail. Une fois de plus, Jésus veut nous mettre en garde contre le danger des richesses matérielles : à ses yeux la richesse comporte deux dangers mortels :

  • elle peut fermer le cœur de Dieu, on se contente des plaisirs et des biens de la terre en oubliant l’Essentiel, c'est-à-dire la Vie Eternelle,
  • la richesse peut aussi, fermer le cœur des autres : on ne voit plus le pauvre couché devant son portail.

Et si cette richesse devient un faux-dieu auquel on sacrifie tout, elle peut conduire tout droit à l’enfer... Il arrive de plus en plus, aujourd’hui qu’on se demande si l’enfer existe... et on s’empresse bien sûr de dire qu’il n’existe pas... sans se rendre compte que personne ne peut prouver cette négation vraiment bien légère. En tout cas Jésus lui ne pense pas ainsi. Or n’est-ce pas, Jésus que nous devons croire, lui qui est la Vérité, qui nous enseigne la vérité, plutôt que le résultat de certains sondages ou l’opinion de certains théologiens ?

Pour Jésus, remarquons là, l’enfer ne semble être que la prolongation de la vie terrestre : rester loin de Dieu comme on l’était ici-bas, rester loin des autres comme on l’était déjà ici-bas. C’est donc l’homme qui se condamne lui-même. La seule sanction c’est simplement que, cette distance que le riche a mise entre lui et Dieu, entre lui et les autres devient définitive. Car le Royaume de Dieu est Communion d’Amour. Le riche s’est condamné lui-même, son portail qui séparait deux mondes est devenu un abîme infranchissable.

Une question se pose donc à chacun de nous, frères et sœurs : suis-je convaincu que je suis en train de fabriquer mon ciel ou mon enfer ?

  • Mon ciel chaque fois que je m’ouvre à Dieu et aux autres.
  • Mon enfer chaque fois que je m’enferme en moi-même.

Celui qui n’aime pas, ici-bas se met lui-même hors du coup pour ce festin de Dieu. Ce bonheur éternel du ciel où n’entrent que ceux qui savent aimer, qui savent aimer à la manière du Christ : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Frères et sœurs, si cette page d’Evangile est si forte, si violente c’est parce qu’il faut, sans doute un énorme coup de clairon pour réveiller quelqu’un qui vit sous anesthésie puissante. Or beaucoup d’hommes, aujourd’hui surtout, vivent dans une sorte d’anesthésie spirituelle. Les valeurs divines, les valeurs éternelles sont absentes de leur vie. Ce qui est désespérant, c’est que même s’ils voyaient un mort ressusciter, ils ne seraient pas convaincus, c'est-à-dire que même les plus puissants avertisseurs sont incapables de les réveiller de leur inconscience : car l’égoïsme, la désinvolture, l’irréligion, la dureté de cœur finissent pas rendre aveugle... ils empêchent de lire les signes de Dieu. Et Jésus de rappeler que le signe le plus efficace pour susciter la foi, ce n’est pas le miracle, si spectaculaire, soit-il, mais la Parole de Dieu. « Ils ont Moïse et les prophètes qu’ils les écoutent ».

La Parole Dieu contenue dans la Bible (Ancien et Nouveau Testament) nous dit ce que Dieu pense et donc ce que nous devons penser si nous voulons lui plaire. Croire c’est penser comme Dieu. Cette Parole de Dieu telle qu’elle est interprétée et enseignée par l’Eglise devrait être pour nous plus convainquant que la Résurrection d’une mort.

Mettons-nous donc de plus en plus à son écoute. Accueillons-la dans la Foi et faisons-la fructifier à l’exemple de la Vierge Marie et de tous les saints. Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et la mettent en pratique.

Amen.

 

Prière universelle

Le monde a besoin de témoins de l’amour et de la justice du Père. Tournons-nous vers lui en le priant de nous donner la force de manifester sa présence autour de nous.

R/. Dieu qui règne sur nos vies, écoute-nous.

  • Prions pour que les pasteurs, les agents et agentes de pastorale et les catéchètes témoignent toujours du lien indéfectible entre la foi, l’amour et la justice. R/.
  • Prions pour que les hommes et les femmes qui exercent des responsabilités économiques gèrent les biens et services en cherchant toujours à réduire les inégalités. R/.
  • Prions pour que les personnes marginalisées, appauvries et exclues trouvent toujours sur leur route une main tendue. R/.
  • Prions pour que les pays et les groupes qui se font actuellement la guerre arrivent à trouver un chemin de paix. R/.
  • Prions pour que nos communautés, formées de gens aux richesses variées et complémentaires, parviennent à susciter l’accueil, le partage et l’entraide. R/.

Dieu, Père des pauvres et des puissants, daigne répondre favorablement à notre prière. Nous te le demandons par Jésus, prophète de justice, qui règne en notre monde avec la puissance de l’Esprit Saint, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Source : http://www.vieliturgique.ca/

Lectures du 26ème Dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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17 septembre 2022 6 17 /09 /septembre /2022 20:31

Lecture du livre du prophète Amos 8, 4-7

Amos dénonce les manœuvres frauduleuses pour déposséder les pauvres de leur lopin de terre. Jamais Dieu ne pourra oublier cela, dit-il.

Écoutez ceci, vous qui écrasez le malheureux pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : « Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances. Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! » Le Seigneur le jure par la Fierté de Jacob : Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Amos est un pauvre berger que scandalisent la cupidité et les fraudes des riches de son temps. Non qu’il se veuille un défenseur de la morale. Ce qu’il voit d’abord, ce sont les pauvres réduits à la misère et la facilité avec laquelle les riches espèrent exploiter cette misère. Ce qu’il voit d’abord, c’est le contre-témoignage donné aux païens par le peuplé élu, fier de se savoir choisi pour révéler aux nations le nom de Dieu et ses exigences.

La corruption et l’appât du gain que dénonce Amos sont monnaie courante aujourd’hui, et sur une plus grande échelle. Participer à l’action caritative de l’Église pour les pauvres, proches et éloignés, est une manière concrète de contester cet état de fait.

Psaume 112

R/ Louez le nom du Seigneur : de la poussière il relève le faible.

  • Louez, serviteurs du Seigneur, louez le nom du Seigneur ! Béni soit le nom du Seigneur, maintenant et pour les siècles des siècles ! R/
  • Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ? Lui, il siège là-haut. Mais il abaisse son regard vers le ciel et vers la terre. R/
  • De la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple. R/

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée 2, 1-8

La prière universelle de nos assemblés manifeste notre certitude que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés.

Bien-aimé, j’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. En effet, il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. Aux temps fixés, il a rendu ce témoignage, pour lequel j’ai reçu la charge de messager et d’apôtre – je dis vrai, je ne mens pas – moi qui enseigne aux nations la foi et la vérité.  Je voudrais donc qu’en tout lieu les hommes prient en élevant les mains, saintement, sans colère ni dispute. – Parole du Seigneur.

Commentaire : L’habitude de la prière universelle dans nos rassemblements eucharistiques risque de nous en faire perdre le sens. Il ne s’agit pas de prier au hasard tout ce qui nous passe par la tête, mais de coller à l’actualité pour être des hommes et des chrétiens d’action dans le monde. Prier pour les chefs d’état et pour ceux qui ont la responsabilité du bien commun, ce n’est pas se démettre sur eux de ses responsabilités de citoyens. Savoir que Dieu veut sauver tous les hommes n’est pas une raison pour se croire quitte de tout effort missionnaire. Jésus Christ n’a pas agi ainsi, lui qui a porté témoignage jusqu’au sang, tant auprès des autorités romaines, en la personne de Ponce Pilate, qu’auprès de son peuple, de la volonté de salut de Dieu pour tous les hommes.

La prière universelle ne tient pas lieu d’action, mais, d’un autre côté, comment agir sans colère, et en toute pureté d’intentions, sans prière ?

Alléluia. Alléluia. Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 16, 1-13

Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’Argent, nous dit Jésus. Mais pour servir Dieu, mettons-nous autant

Pour la lecture brève, on omet le texte qui est entre crochets

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : [« Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : ‘Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant.’ Le gérant se dit en lui-même : ‘Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux.’ Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : ‘Combien dois-tu à mon maître ?’ Il répondit : ‘Cent barils d’huile.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.’ Puis il demanda à un autre : ‘Et toi, combien dois-tu ?’ Il répondit : ‘Cent sacs de blé.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu, écris 80’. Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.] Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Quelle situation désespérée pour ce gérant, qui ne sait pas très bien comment se convertir à un autre métier ! Le temps presse, il doit rendre des comptes. Alors, sans hésitations inutiles, il agit avec audace et rapidité. « Bravo, s’écrie Jésus, pour cet esprit de décision ! – Mais il vient de voler honteusement son maître ! – Je n’ai pas dit bravo pour l’escroquerie, mais bravo pour l’esprit de décision. Vous-mêmes, vous êtes-vous décidés aussi rapidement pour saisir la grâce de la conversion qui vous est offerte ? Pour vous aussi le temps presse, bientôt il sera trop tard. Vous voulez un exemple concret de conversion à faire ? Eh bien ! Cet argent dont vous risquez toujours de faire un si mauvais emploi, qu’attendez-vous pour vous en dépouiller au service des pauvres ? Vous hésitez ? N’avais-je pas raison de dire : Bravo pour son esprit de décision ? Vous comprenez la parabole, maintenant ? L’argent n’est qu’un exemple des biens que Dieu nous confie à gérer. Sur quel point particulier avons-nous à nous convertir, à ce propos ?

Nos responsabilités professionnelles et sociales, nos tâches éducatives, les services d’Église qui nous sont confiés… autant de situations où nous devons avoir « l’habileté des fils de lumière ». Cherchons-nous l’appui d’un partage en équipe de chrétiens pour discerner ensemble comment être habiles dans ces diverses situations ?

Homélie

Cette anecdote évangélique aux allures de fait-divers, nous avons l’impression de l’avoir lue hier dans notre journal. Cette histoire de gérant malhonnête ressemble, à s’y méprendre aux affaires d’aujourd’hui et de toujours, hélas !

Qu’est-ce que Jésus veut nous dire par cet étrange récit ?

- Eh bien ! Tout d’abord que nous sommes en situation d’urgence : l’imminence du renvoi du gérant malhonnête est destinée à nous faire réfléchir sur notre propre vie. Nous ne sommes pas, en effet, assurés d’être en parfaite sécurité à tous égards... Nous vivons sous l’imprécise et néanmoins constante menace d’évènements subits qui peuvent tout bouleverser : une maladie, des difficultés familiales, des accidents, des conflits locaux ou mondiaux etc... Bref, nous vivons dans une sorte d’insécurité : ce sur quoi nous appuyons nos certitudes ou nos insouciances actuelles peut vaciller à tout moment. Il nous faut trouver une planche de salut sans tarder « vite » comme dit l’Évangile.

Le gérant de la parabole a su faire face à une urgence dans sa vie. Nous aussi nous sommes invités instamment à nous montrer attentifs et avisés, mais d’une façon intègre, « en fils de lumière ». Nous recherchons alors davantage l’amitié de Dieu, richesse suprême, qui nous établit dans la vraie sécurité « d’être accueillis dans les demeures éternelles dès maintenant ». L'Évangile nous suggère également que la qualité des relations humaines (amour, amitié, solidarité) soit considérée comme une sécurité supérieure à l’accumulation d’un compte en banque.

- Autre rappel de cette parabole « nous ne sommes que des gérants ». Bien entendu, nous avons tous conscience d’être les légitimes propriétaires de ce que nous possédons. Mais à y regarder de plus près nous constatons que notre avoir est provisoire et relatif. Nous n’avions rien en arrivant sur la terre et nous repartirons dépouillés de nos biens matériel : « on n’emporte pas sa fortune dans son cercueil ». Nous avons, certes, acquis en partie ce dont nous jouissons, mais d’une certaine manière, nous n’en sommes que les dépositaires actuels. Nous devons donc, en ce qui concerne l’usage des biens matériels nous comporter en intendants de Dieu. Nous devons nous montrer bons et généreux avec des biens dont nous nous déclarons légalement propriétaires, et qui, en fait, sont ceux de notre Créateur et Maître. Il nous les a confiés, non pour en user et abuser égoïstement mais pour un usage solidaire.

- Troisième réflexion : vous avez remarqué que par 2 fois Jésus emploie cette expression : « l’argent trompeur ». La richesse matérielle est une façade, qui pour somptueuse qu’elle soit ne garantit pas qu’un homme soit foncièrement bon, intelligent et heureux. Elle est souvent un décor qui cache bien des misères morales et spirituelles. La vraie valeur d’une personne ne se mesure pas à ses avoirs. L’argent est trompeur en effet, car il fait croire aux pauvres que leur vie est sans intérêt parce qu’ils sont sans revenus... L’argent aussi est trompeur parce qu’au lieu de servir il peut asservir. Quand il s’empare d’un être humain, il devient son maître et son dieu, il provoque en lui de terribles dégâts, à l’instar d’une drogue, son cœur devient dur, impitoyable insensible à toute morale. L’argent peut conduire à un enfermement intérieur. Il pousse alors aux pires injustices, aux pires malhonnêtetés, et l’homme ainsi possédé devient un esclave.

Au nom de ce dieu qu’est l’argent que de désordres meurtriers sur notre planète : guère, violences de toutes sortes, prostitutions, exploitation... L’argent est capable de tout détruire : couples, familles, relations à tous les niveaux...

« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » dit Jésus. Dieu libère, l’argent tyrannise.

Et pourtant l’argent peut avoir un côté positif : c’est la leçon que Jésus nous demande de tirer de sa Parabole lorsqu’il dit : « Faites-vous des amis avec l’argent trompeur ».

Les banques nous incitent à souscrire des plans d’épargne en actions, le Seigneur, lui, nous propose d’investir dans des plans en bonnes actions, en donnant de notre superflu, en partageant selon nos moyens.

Je peux donc faire servir mon argent à aimer et à aider les autres. Si pour l’argent on peut faire beaucoup de mal, avec l’argent on peut faire tellement de bien.

Alors, la richesse qui, si souvent, détourne ou éloigne de Dieu devient chemin vers Dieu et source de bonheur partagé « jusque dans les demeures éternelles ».

Amen.

Prière universelle

Comme le père du fils prodigue, Dieu ne cesse de guetter les hommes et les femmes qui se rappellent sa bonté. Confions-lui les prières de tous les habitants de la terre.

R/ : Accueille au creux de tes mains la prière de tes enfants.

  • En ce début d’année Pastorale, nombreux sont les enfants, les jeunes et les adultes à se préparer aux sacrements de l’initiation chrétienne. Pour que notre Église leur transmette la Bonne Nouvelle avec une joie renouvelée, ensemble prions le Seigneur. R/
  • Donne à ton Église, Seigneur, d’être une vivante image de ta miséricorde, pour qu’aucun être humain ne puisse se sentir jugé et condamné par elle, mais plutôt accueilli et relevé, ensemble prions. R/
  • Éclaire, Seigneur, les dirigeants des pays qui continuent à pratiquer la peine de mort. Qu’ils reconnaissent que personne n’a le droit d’ôter la vie et que tout être humain peut se relever après être tombé, avec le pape François ensemble prions. R/
  • Rends-nous attentifs, Seigneur, à tous ceux qui souffrent de l’exclusion : à cause du handicap, de la pauvreté, de leur origine géographique ou de la maladie. Rends-nous capables de comprendre et de partager leur peine, d’aller vers ceux et celles qui se croient loin de toi, de les accueillir comme ils sont et à leur faire connaître ton amour. Ainsi notre communauté pourra se réjouir et louer Dieu avec ceux qui reviennent vers Lui. Nous te prions. R/

Père de tendresse, toi qui souffres à la vue d’hommes et de femmes en proie à la détresse et la tristesse, daigne exaucer nos prières. Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen.

Source de la P.U. : https://www.saintvincentdepaul-saintmalo.fr/

Lectures du 25ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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10 septembre 2022 6 10 /09 /septembre /2022 14:30

Lecture du livre de l’Exode 32, 7-11. 13-14

Moïse intercède pour son peuple et se veut solidaire avec lui malgré son péché. Peut-on prier pour quelqu’un sans l’aimer.

En ces jours-là, le Seigneur parla à Moïse : « Va, descends, car ton peuple s’est corrompu, lui que tu as fait monter du pays d’Égypte. Ils n’auront pas mis longtemps à s’écarter du chemin que je leur avais ordonné de suivre ! Ils se sont fait un veau en métal fondu et se sont prosternés devant lui. Ils lui ont offert des sacrifices en proclamant : ‘Israël, voici tes dieux, qui t’ont fait monter du pays d’Égypte.’ »

Le Seigneur dit encore à Moïse : « Je vois que ce peuple est un peuple à la nuque raide. Maintenant, laisse-moi faire ; ma colère va s’enflammer contre eux et je vais les exterminer ! Mais, de toi, je ferai une grande nation ». Moïse apaisa le visage du Seigneur son Dieu en disant : « Pourquoi, Seigneur, ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple, que tu as fait sortir du pays d’Égypte par ta grande force et ta main puissante ? Souviens-toi de tes serviteurs, Abraham, Isaac et Israël, à qui tu as juré par toi-même : ‘Je multiplierai votre descendance comme les étoiles du ciel ; je donnerai, comme je l’ai dit, tout ce pays à vos descendants, et il sera pour toujours leur héritage.’ » Le Seigneur renonça au mal qu’il avait voulu faire à son peuple. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Après sa libération d’Égypte, la marche du peuple hébreu à travers le désert fut pénible, entrecoupée de reniements envers son Dieu et de révoltes contre Moïse qui l’avaient entraîné là. Peuple à la tête dure, à qui le rude apprentissage de la liberté fait regretter l’Égypte où, du moins, on mangeait à sa faim, et qui troquerait volontiers son Dieu invisible contre une statue fabriquée de main d’homme. La fidélité de Moïse à son peuple est mise à l’épreuve : il pourrait s’en tirer seul, et le peuple, laissé à lui-même, périrait dans le désert. Mais, pour Moïse, on ne se désolidarise pas de ceux qu’on aime, fussent-ils bornés et ingrats ; il le rappelle au Seigneur dans sa prière.

La prière d’intercession pour le monde, l’Église, les malades et les souffrants est une manière d’exprimer notre solidarité avec eux et de rejoindre la prière du Christ ressuscité pour tous ses frères. Préparer la prière universelle de la messe, c’est aider l’assemblée à entre dans la solidarité de la communion des saints.

Psaume 50

R/: Oui, je me lèverai, et j’irai vers mon Père.

  • Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. R/
  • Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint. R/
  • Seigneur, ouvre mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé. R/

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée 1, 12-17

Jésus a pardonné à Paul, et ce pardon n’est pas resté sans effet ; l’apôtre a voulu annoncer à tous cet amour incroyable de Jésus.

Bien-aimé, je suis plein de gratitude envers celui qui me donne la force, le Christ Jésus notre Seigneur, car il m’a estimé digne de confiance lorsqu’il m’a chargé du ministère, moi qui étais autrefois blasphémateur, persécuteur, violent. Mais il m’a été fait miséricorde, car j’avais agi par ignorance, n’ayant pas encore la foi ; la grâce de notre Seigneur a été encore plus abondante, avec la foi, et avec l’amour qui est dans le Christ Jésus.

Voici une parole digne de foi, et qui mérite d’être accueillie sans réserve : le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ; et moi, je suis le premier des pécheurs. Mais s’il m’a été fait miséricorde, c’est afin qu’en moi le premier, le Christ Jésus montre toute sa patience, pour donner un exemple à ceux qui devaient croire en lui, en vue de la vie éternelle.

Au roi des siècles, au Dieu immortel, invisible et unique, honneur et gloire pour les siècles des siècles. Amen. – Parole du Seigneur.

Commentaire : la transformation que le Christ a opérée en lui remplit Paul de reconnaissance. Puisqu’il a pu toucher du doigt la générosité du Christ à son égard, son amour pour le pécheur qu’il est, la confiance qu’il a placée en lui en l’appelant à être son apôtre, comment ne pas être certain que le Christ veut et peut sauver tous les pécheurs ! Nous autres pécheurs pardonnés et aimés, pourrions-nous refuser de faire connaître à notre tour aux autres le Christ Sauveur ?

Pécheur pardonné, écrit l’apôtre, je dois être un exemple pour les autres. Jésus, fais du pécheur pardonné que je suis, le signe de ta générosité et la preuve vivante que ton pardon transforme ceux qui l’accueillent !

Alléluia. Alléluia. Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation. Alléluia !

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 15, 1-32

Pour la lecture brève, on omet le texte qui est entre crochets.

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !’ Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.

Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : ‘Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !’ Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. » [Jésus dit encore : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’ Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : ‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’ Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’ Mais le père dit à ses serviteurs : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent à festoyer.

Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : ‘Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’ Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !’ Le père répondit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »] – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Qu’est-ce qui peut mettre en fête le cœur de Dieu ? C’est d’être en mesure, à travers son Fils, Jésus Christ, de montrer sa tendresse pour les pécheurs et les égarés ; c’est de pouvoir, après les avoir longtemps cherchés, nous associer à sa joie : « Réjouissez-vous avec moi ! » La conversion d’un seul d’entre nous, pécheurs, compte plus à ses yeux que la persévérance de quatre-vingt-dix-neuf justes. Le plus jeune fils représente bien, aux yeux des pharisiens, les pécheurs et les publicains que fréquente Jésus. Après avoir quitté son père dans un geste d’ingratitude manifeste, il est tombé dans la pire déchéance pour un juif : garder des cochons, ces animaux impurs d’après la Loi. Son retour n’est pas dû d’ailleurs à une vraie contrition, mais seulement à la faim qui le tenaille. Oui, ce sont bien là les gens que Jésus fréquente ! Quelle révélation pour les pharisiens d’apprendre que Dieu se fait une telle fête du retour du pécheur à qui il n’a jamais refusé sa tendresse et son amour ! Comme ils se reconnaissent bien aussi dans l’indignation du fils aîné : « Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres ». Hélas ! Il s’est jugé lui-même comme un serviteur, et non comme un fils. Il n’est même pas un frère, comme le prouve sa remarque méprisante : « Ton frère que voilà ». Allons, la fête bat son plein pour le retour du prodige, sera-ce fête aussi pour la conversion de l’aîné ?

Le pardon de Dieu met son cœur en fête autant qu’au matin de Pâques. C’est que, comme Jésus son Fils, nous sommes ses enfants revenus à la vie. laissons-nous réconcilier pour entrer dans cette fête.

Homélie

Jésus fréquentait volontiers des personnes que les pharisiens, ses ennemis, jugeaient fort peu recommandables. « Il fait bon accueil aux pécheurs et il mange avec eux » disaient-ils avec une sorte de haut le cœur provoqué par la liberté de l’amour de Jésus, cet amour qui renverse toutes les barrières pour rejoindre les plus pauvres là où ils sont. Du moins la réaction offusquée de ces « pensants » eut-elle l’heureux effet de susciter chez notre Seigneur les deux paraboles que nous venons d’entendre, paraboles inoubliables qui nous révèlent toutes les deux, l’infinie miséricorde de Dieu notre Père à l’égard des pécheurs. Dans ces paraboles, Jésus nous montre que le Berger et la Ménagère sont tous les deux également anxieux, attentifs et désireux de retrouver ce qu’ils ont perdu.

Ainsi est le Seigneur notre Dieu pour chacun et chacune d’entre nous : sa patience est immense, inlassable et active... car, nous l’aurons bien compris, nous sommes tous cette brebis, cette pièce perdue, puisque nous sommes tous pécheurs et le pécheur lorsqu’il a péché gravement, c’est quelqu’un que Dieu a perdu.

Oh ! Comme il faudrait, frères et sœurs, que s’enracine profondément en nous cette conviction à savoir que Dieu notre Père parce qu’il nous aime d’un amour infiniment miséricordieux ne peut nous abandonner, car pour Lui, tout être humain est unique, cet être humain qu’il a créé dans le sang de son Fils versé sur la croix pour la rémission des péchés.

Il se préoccupe donc de chaque pécheur (et avec d’autant plus de sollicitude qu’il est plus gravement pécheur) l’assiégeant continuellement de sa tendresse paternelle qui ne forcera jamais son « oui », mais qui ne cessera pas pour autant de le chercher jusqu’à ce qu’il revienne dans ses bras, jusqu’à ce que soit rétablie entre eux deux le courant de l’amitié, une véritable communion dans l’amour. C’est alors, nous dit Jésus, chaque fois qu’un tel retour se produit, qu’éclate en plus ciel l’allégresse du Père. La joie de Dieu, quel mystère et cependant quelle réalité : « Il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de conversion ».

Déjà le prophète Michée avait dit que « le Seigneur trouve son bonheur à pardonner ». Comme les mœurs divines sont à l’opposé des mœurs de l’homme ! Et c’est peut-être pour cela que la joie déserte notre terre, comme le ruisseau des montagnes qui finit par se perdre dans les sables du désert. Nous sommes tellement loin, en effet, de nous comporter comme Dieu en dépit des enseignements si clairs que Jésus nous a laissés sur le devoir du pardon. Nous sommes tellement pauvres d’amour !

Si nous savions accueillir les pécheurs et leur pardonner à commencer par celui qui nous a offensés, n’y aurait-il pas un peu plus de joie autour de nous et dans notre cœur ?

Ne soyons donc pas, comme les pharisiens : méprisants, hypercritiques, jaloux et grincheux. Consentons donc enfin à nous laisser envahir par la joie de Dieu, comme le Christ qui à certaines heures en était tellement possédé qu’il ne pouvait plus le cacher : elle le transfigurait. Que de choses changeraient n’est-ce pas dans notre monde si cette atmosphère de joie qui sort du cœur de Dieu et qui éclate dans tout l’Evangile comme une bonne nouvelle pouvait enfin inonder toute la terre comme elle inonde le ciel ! Le règne de Dieu n’est-il pas comme l’affirme saint Paul « joie dans l’Esprit-Saint ». Or ce règne, nous avons besoin de nous le redire inlassablement doit commencer d’abord en nous : il présuppose notre conversion. Il faut absolument que nous parvenions avec le secours de la grâce (qui ne nous manque jamais si nous la demandons avec confiance) à changer notre cœur de pierre en cœur de chair, que nous fassions des efforts pour éliminer de nos vies, tout ce qui est orgueil ou égoïsme, mépris et dureté de cœur, de telle sorte que ce soit l’amour, un amour surnaturel très ardent qui domine en nous et se réponde autour de nous.

Chers frères et sœurs, savoir avec certitude que l’on est aimé tel que l’on est et malgré ce que l’on est (cette vérité est inscrite dans ces deux paraboles de la miséricorde qui sont comme un évangile dans l’Evangile même. Savoir aussi que par notre réponse généreuse à l’amour de Dieu nous pouvons créer de la joie au ciel et sur la terre, n’est-ce pas suffisant pour avoir toujours le cœur en fête ?

Que la Vierge Marie nous aide à en prendre davantage conscience, Elle qui est la Mère de Miséricorde et la Cause de notre Joie. 

Amen.

Prière Universelle

En nous accordant son pardon, Dieu ouvre de nouveaux horizons où la joie et la justice peuvent cohabiter. Tournons-nous vers lui pour qu’il nous vienne en aide.

R/ : Dieu de miséricorde, viens à notre secours.

  • Prions pour nos pasteurs, appelés à conduire le peuple ; qu’ils soient toujours animés de l’attitude miséricordieuse du Père. R/
  • Prions pour les députés qui siègent au sein de nos gouvernements, responsables d’établir les lois et de voir à leur application ; qu’ils soient toujours inspirés par le souci du bien commun. R/
  • Prions pour toutes les personnes qui désespèrent et sont tentées par la délinquance ; qu’elles trouvent du soutien chez leurs frères et sœurs en Église. R/
  • Prions pour notre communauté qui se détourne parfois de sa source divine ; qu’elle revienne sans cesse au Dieu qui ne rompt jamais son Alliance. R/

Dieu notre Père, toi qui connais nos cœurs et qui nous pardonnes, nous te prions. Réponds favorablement à notre prière pour que nous trouvions en toi seul notre joie. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils, lui qui règne avec le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Source : http://www.vieliturgique.ca/

Lecture du 24ème dimanche en DOCX et PDF

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3 septembre 2022 6 03 /09 /septembre /2022 17:00

Lecture du livre de la Sagesse 9, 13-18

Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Aucun, s’il ne nous avait pas donné le Christ, la Sagesse en personne, et envoyé son Esprit Saint.

Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? Les réflexions des mortels sont incertaines, et nos pensées, instables ; car un corps périssable appesantit notre âme, et cette enveloppe d’argile alourdit notre esprit aux mille pensées. Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à notre portée ; ce qui est dans les cieux, qui donc l’a découvert ?

Et qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? C’est ainsi que les sentiers des habitants de la terre sont devenus droits ; c’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît et, par la Sagesse, ont été sauvés.

Psaume 89

R/. D’âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge.

  • Tu fais retourner l'homme à la poussière ; tu as dit : « Retournez, fils d'Adam ! » À tes yeux, mille ans sont comme hier, c'est un jour qui s'en va, une heure dans la nuit. R/.
  • Tu les as balayés : ce n'est qu'un songe ; dès le matin, c'est une herbe changeante : elle fleurit le matin, elle change ; le soir, elle est fanée, desséchée. R/.
  • Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? Ravise-toi par égard pour tes serviteurs. R/.
  • Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants. Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l'ouvrage de nos mains. R/.

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Philémon 1, 9b-10. 12-17

Paul renvoie à Philémon son esclave qui s’était enfui, et lui demande de le recevoir comme un frère bien-aimé.

Bien-aimé, moi, Paul, tel que je suis, un vieil homme et, qui plus est, prisonnier maintenant à cause du Christ Jésus, j’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, en prison, j’ai donné la vie dans le Christ. Je te le renvoie, lui qui est comme mon cœur. Je l’aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu’il me rende des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de l’Évangile. Mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses ce qui est bien, non par contrainte mais volontiers. S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais, mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé : il l’est vraiment pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur. Si donc tu estimes que je suis en communion avec toi, accueille-le comme si c’était moi.

Alléluia. Alléluia. Pour ton serviteur, que ton visage s’illumine : apprends-moi tes commandements. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 14, 25-33

S’asseoir pour évaluer si nous sommes capables de répondre aux exigences de Jésus, pourrait conduire au découragement si, dans le même temps, nous ne mesurons pas aussi sa grâce.

En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple.

Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui “Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever !”

Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix.

Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple ».

Homélie

S’il est des paroles de l’Evangile que nous n’aimons guère entendre ce sont bien celles que Jésus nous a adressées il y a un instant :

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, à sa mère, à sa femme, à ses frères et sœurs et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple ».

« Celui qui ne porte pas sa croix et ne marche pas à ma suite ne peut pas être mon disciple ».

« De même celui d’entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut pas être mon disciple ».

Il n’y a pas d’échappatoire possible : c’est bien à vous comme à moi (qui ne sommes pas des moines ou des moniales) que Jésus propose ce rude programme de vie.

Oui, tous, quel que soit notre âge, quelle que soit notre situation dans l’Eglise ou dans la société, nous sommes tous invités à marcher sur cette route des crêtes qui s’annonce particulièrement escarpée.

Face à de telles exigences nous serions tentés pour un peu de reprocher à Jésus son intransigeance et de lui dire qu’il s’y prend très mal, qu’il ne connaît pas le cœur humain, notre cœur d’homme et que son projet de bonheur pour les hommes est vraiment déraisonnable. Or, Jésus ne se laisse pas arrêter par ces considérations qui sont trop humaines, trop terre à terre. Lui qui est le Chef de l’humanité nouvelle, notre premier de cordée n’a qu’une ambition : nous faire monter le plus haut possible dans cette grande ascension de la vie chrétienne qui s’appelle la Sainteté. Il nous presse de mettre nos pas dans ses pas, mais en même temps il nous prévient que nous aurons à y mettre le prix. Cette escalade de l’union à Dieu n’a rien à voir, en effet, avec une partie de plaisir. Si nous voulons la réussir pleinement nous devons nous soumettre en toute liberté à cette loi fondamentale du renoncement qui consiste à nous délester, de ce qui nous alourdit ou nous encombre, à retrancher impitoyablement de notre vie tout ce qui est contraire à la volonté du Seigneur.

- Qu’il s’agisse de nos possessions en nous considérant, non plus comme les propriétaires, mais comme les gestionnaires de tous ces biens que Dieu a mis à notre disposition.

- Qu’il s’agisse de nos affections, même les plus chères en ne leur donnant jamais le pas sur l’amour que nous devons à Dieu.

- Qu’il s’agisse de notre volonté propre et de nos satisfactions personnelles et c’est certainement ce renoncement à soi-même qui est le plus difficile, mais ce qu’il importe par-dessus tout de bien comprendre, chers frères et sœurs, c’est que cette loi du renoncement que Jésus nous demande instamment de pratiquer – et à longueur de vie – ce n’est pas un but en soi, mais seulement un moyen, une condition indispensable. Non ! Ce n’est pas à un masochisme autodestructeur qu’elle fait appel mais à un intérêt supérieur bien compris. Dans une excellente comparaison saint Paul nous en montre toute la signification et toute la portée : il nous dit, en effet, que dans le domaine de la vie spirituelle nous devons nous comporter à la manière de l’athlète, du sportif qui se prive de tout et fait de durs efforts pour se dépasser, pour réaliser des performances, avec toutefois, cette énorme différence à savoir que le but visé par l’athlète c’est une récompense, une gloire passagère, tandis que le but visé par le disciple du Christ c’est une récompense, une gloire éternelle.

Ce que l’on a trop souvent omis de faire, voyez-vous, en prédication ou en catéchèse c’est de mettre en lumière en face du côté négatif de l’enseignement de Jésus, tout le côté éminemment positif du même enseignement qui, lui, est sublime, merveilleux et donc tout à fait apte à nous motiver, à nous stimuler, à nous encourager.

Si tant de gens à l’heure actuelle sont persuadés que le christianisme n’a rien à leur dire c’est que, peut-être, on leur a trop parlé de contraintes, de règles morales, sans leur montrer sur quoi elles débouchaient... on a trop insisté sur les barrages et les digues, au lieu de conduire à la source.

Si l’Evangile est la Bonne Nouvelle par excellence, n’est-ce pas parce qu’il nous révèle l’incroyable destinée de l’homme ? Parce qu’il nous dit la fantastique aventure de la divinisation de l’homme ? Pourquoi Jésus exige-t-il de nous avec tant de rigueur le sacrifice de notre vie misérable ? Mais c’est pour lui substituer rien moins que sa Vie à Lui. Jésus ne nous demande de faire le vide en notre cœur que pour l’emplir de divin. Rappelons-nous ici certaines de ses paroles qu’il nous faudrait méditer inlassablement : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » et « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, mon Père l’aimera et nous viendrons chez Lui et nous ferons chez Lui notre demeure... Demeurez en moi, comme moi en vous... Celui qui demeure en moi et moi en Lui celui-là porte beaucoup de fruit... Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète... »

Oui, la promesse de Jésus dépasse tout ce que l’esprit humain est capable de concevoir. Dieu par le mystère de la grâce sanctifiante veut habiter en nous. Par la Foi, l’Espérance et la Charité il nous est donné de vivre dès cette terre dans une intimité merveilleuse avec les Trois Personnes Divines présentes en nous... C’est la vie éternelle déjà commencée... Ce que Jésus entend souligner dans les paroles évangéliques choisies pour la liturgie de ce dimanche, c’est que cette vie divine qui a été semée en notre âme comme une petite graine par la grâce baptismale ne saurait se développer et s’épanouir sans que nous fassions des efforts coûteux et persévérants pour nous détacher des choses créées, pour nous libérer de tout ce qui n’est pas Dieu ou ne va pas à Dieu. Tel est le sens du mystère pascal : il faut mourir pour vivre. Mais si nous voulons que cette vérité si importante pénètre vraiment en nous et stimule nos énergies, il nous faut suivre également le conseil que Jésus nous donnait tout à l’heure à travers deux petites paraboles : celui de nous asseoir, c'est-à-dire de prendre un temps suffisant pour réfléchir en profondeur :

- pour faire le point, bien sûr et entreprendre par des résolutions bien précises la réforme intérieure qui s’impose, mais surtout pour prier,

- pour contempler longuement Jésus et Marie qui sont les modèles insurpassables du renoncement total par amour,

- et pour leur demander dans une humble et très confiante supplication, la grâce de les suivre fidèlement sur ce chemin qui mène immanquablement à l’indicible Bonheur et à la Gloire Eternelle du Ciel.

Amen.

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27 août 2022 6 27 /08 /août /2022 21:29

Lecture du livre de Ben Sirac 3, 17-18. 20. 28-29

As-tu quelques responsabilités qui te font paraître grand ? Alors plus tu es grand, plus il faut t’abaisser, nous écrit Ben Sirac le Sage.

Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité, et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur. Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser : tu trouveras grâce devant le Seigneur. Grande est la puissance du Seigneur, et les humbles lui rendent gloire. La condition de l’orgueilleux est sans remède, car la racine du mal est en lui. Qui est sensé médite les maximes de la sagesse ; l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Ben Sirac le Sage, qui s’est voulu à l’écoute du réel, nous livre son expérience. Il a rencontré bien des hommes d’action exerçant une charge ou responsabilité importante dans la société. Si l’orgueil des uns lui a paru pourrir les meilleures choses par la racine, il a su admirer l’efficacité de ceux qui agissaient avec douceur et humilité : ils savaient se faire aimer des hommes et restaient petits devant Dieu.

Sommes-nous « l’oreille qui écoute » tous ceux qui ne rencontrent ni attention ni accueil ni compréhension autour d’eux ? Et s’il s’y joint l’écoute du cœur, nous serons aimés « plus qu’un bienfaiteur ».

Psaume 67

R/ : Béni soit le Seigneur : il élève les humbles.

  • Les justes sont en fête, ils exultent ; devant la face de Dieu ils dansent de joie. Chantez pour Dieu, jouez pour son nom. Son nom est Le Seigneur ; dansez devant sa face. R/
  • Père des orphelins, défenseur des veuves, tel est Dieu dans sa sainte demeure. À l’isolé, Dieu accorde une maison ; aux captifs, il rend la liberté. R/
  • Tu répandais sur ton héritage une pluie généreuse, et quand il défaillait, toi, tu le soutenais. Sur les lieux où campait ton troupeau, tu le soutenais, Dieu qui es bon pour le pauvre. R/

Lecture de la lettre aux Hébreux 12, 19-19. 22-24

Nos célébrations liturgiques nous mettent en communion avec la fête que vivent déjà tous ceux qui nous ont précédés près de Dieu.

Frères, quand vous êtes venus vers Dieu, vous n’êtes pas venus vers une réalité palpable, embrasée par le feu, comme la montagne du Sinaï : pas d’obscurité, de ténèbres ni d’ouragan, pas de son de trompettes ni de paroles prononcées par cette voix que les fils d’Israël demandèrent à ne plus entendre.

Mais vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la ville du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, vers des myriades d’anges en fête et vers l’assemblée des premiers-nés dont les noms sont inscrits dans les cieux. Vous êtes venus vers Dieu, le juge de tous, et vers les esprits des justes amenés à la perfection. Vous êtes venus vers Jésus, le médiateur d’une alliance nouvelle. – Parole du Seigneur.

Commentaire : La révélation du Sinaï s’est faite dans une ambiance de cataclysme bien propre à inspirer au peuple hébreu le respect sacré de Dieu. Par Jésus Christ, les chrétiens sont, entrés dans une relation nouvelle, une Alliance nouvelle avec Dieu, qui est faite d’intimité joyeuse et de communion avec les membres du peuple de Dieu déjà parvenus au ciel. Cette Alliance nouvelle met en fête le ciel et, sur la terre, le cœur des croyants.

Nous nous efforçons de faire de nos célébrations eucharistiques des moments de fête et de joie. Pourtant nous ne cessons de dire : « Jésus, nous attendons ta venue dans la gloire », parce que alors seulement la fête sera pleine et universelle.

Alléluia. Alléluia. Prenez sur vous mon joug, dit le Seigneur ; devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 14, 1. 7-14

Va prendre la dernière place, nous dit Jésus. Lui-même a prêché d’exemple, se faisant pauvre avec les pauvres.

Un jour de sabbat, Jésus était entré dans la maison d’un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et ces derniers l’observaient. Jésus dit une parabole aux invités lorsqu’il remarqua comment ils choisissaient les premières places, et il leur dit : « Quand quelqu’un t’invite à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’il ait invité un autre plus considéré que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendra te dire : ‘Cède-lui ta place’ ; et, à ce moment, tu iras, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira : ‘Mon ami, avance plus haut’, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui seront à la table avec toi. En effet, quiconque s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé ». Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité : « Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi te rendraient l’invitation et ce serait pour toi un don en retour. Au contraire, quand tu donnes une réception, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles ; heureux seras-tu, parce qu’ils n’ont rien à te donner en retour : cela te sera rendu à la résurrection des justes ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Ce ne sont pas seulement des conseils de prudence et de bonne tenue à table que donne Jésus, c’est surtout un avertissement sur les conditions d’admission au royaume de Dieu. Il faut d’abord bannir toute ambition et tout sentiment de supériorité pour se faire petit devant Dieu qui élève les humbles et abaisse les orgueilleux. Il faut ensuite, comme Jésus, accorder le meilleur de son attention et de son amour aux plus pauvres qui, parce que démunis de tout, ne pourront pas rendre ; cet amour gratuit et désintéressé trouvera sa récompense lors de la Résurrection. Être à la fois sans prétention et totalement désintéressé, c’est le plus sûr moyen de gagner le cœur de Dieu et aussi celui des hommes.

Prendre la dernière place avec le secret espoir d’être promu aux premiers rangs, n’est-ce pas de l’hypocrisie ? Pour le savoir il faut choisir la dernière place et s’y tenir. Nous constaterons alors qu’il faut plus que de l’hypocrisie pour y rester, il faut de l’amour.

Homélie 

L’Evangile décidément c’est le monde à l’envers, le renversement de toutes les valeurs admises. Dimanche dernier, Jésus nous invitait instamment à passer par « la porte étroite », à être très exigeants pour nous-mêmes alors que tout dans ce monde matérialiste qui est le nôtre nous entraîne à la facilité.

Et voilà qu’aujourd’hui il nous dit « N’invitez pas parents, amis ou gens riches », c’est-à-dire ceux qui pourraient vous rendre invitation pour invitation, invitez plutôt ceux qui ne peuvent vous le rendre parce que précisément ils n’ont rien à rendre. Ce qui veut dire : aimez gratuitement, que votre amour soit désintéressé... mettez-vous généreusement au service des autres sans attendre de retour... acceptez de vous mettre au même niveau que les plus démunis, les plus pauvres, mieux que cela faites-vous leurs serviteurs.

Reconnaissons que ce n’est pas une manière de faire courante dans notre société. Dans la plupart des cas, si l’on rend service à quelqu’un c’est bien dans l’espoir que l’autre pourra nous le rendre et si on invite quelqu’un n’est-ce pas parce qu’il nous est sympathique, qu’il va nous rendre amitié pour amitié, ou encore parce que nous y avons intérêt, étant donné sa position sociale.

Mais il y a encore plus frappant dans cet évangile, frères et sœurs, Jésus nous dit qu’il faut toujours se mettre à la dernière place ; il nous demande de ne pas nous élever mais de nous abaisser autrement dit de pratiquer l’humilité, cette vertu à propos de laquelle saint Augustin déclarait ceci : « Si vous me demandez ce qu’il faut d’abord pour être chrétien, je vous répondrai : l’humilité, et ce qu’il faut ensuite : je vous redirai l’humilité, et ce qu’il faut encore : je vous répèterai : l’humilité et aussi souvent que vous me poserez la question, je vous ferai la même réponse ».

Or, cette vertu qui est le fondement de la vie chrétienne est loin d’être appréciée dans le monde d’aujourd’hui, car elle évoque pour beaucoup l’idée de ramper, de s’écraser, de démissionner, de refouler des énergies qui ne demandent qu’à être déployées. Pour ceux-là, ce qui compte par-dessus tout c’est de réussir : réussir en se taillant une place au soleil la plus large possible, réussir en dominant, en étant le plus fort, le plus riche, le plus admiré, le plus redouté ou le plus étonnant. Combien ne cherchent qu’à se hisser le plus haut possible, en jouant des coudes, en écartant ou en écrasant les gêneurs ?

C’est cette mentalité « arriviste » où domine l’orgueil que Jésus conteste et refuse. Ce qu’il condamne ce n’est pas le fait de développer ses dons et ses aptitudes. Il nous demande au contraire de faire valoir les talents reçus. Il ne s’agit donc pas, comprenons-le bien, de se mettre systématiquement à la dernière place par une humilité feinte ou fausse. Le Seigneur ne nous demande pas de gémir sur nos limites et de justifier à bon marché notre paresse ou notre abstention par des arguments décidément trop faciles du genre : « j’ai déjà essayé, je n’y arriverai jamais ou je ne sais rien faire, je suis un bon à rien... »

Mais alors quelle place devons-nous ambitionner ? Eh bien ! Celle dans laquelle nous pouvons donner toute notre mesure de savoir, de joie, surtout de présence utile au service des autres avec tout ce que nous avons et tout ce que nous sommes. Nous l’avons peut-être remarqué chaque fois que Jésus nous parle de nos rapports avec le prochain, il insiste très fort pour que chacun prenne la place de celui qui sert et se considère comme le serviteur des autres. « Si quelqu’un veut être le 1er parmi vous qu’il soit le serviteur de tous ».

Il ne s’agit donc pas de s’enfoncer dans une conscience morbide de ses insuffisances mais d’offrir avec simplicité de cœur ce qu’il est possible de donner. En cela comme en toutes choses il nous faut imiter le Christ- Jésus, lui qui se distingue surtout par l’humilité. C’est même la seule vertu dont il se réclame expressément avec bien-sûr la charité : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ».

Et si Jésus est humble ce n’est pas par philosophie ou faiblesse de caractère, mais simplement parce qu’il se montre tel qu’il est : sans idéal humain affiché, mais avec la volonté de se situer dans la Vérité par rapport à son Père et par rapport aux hommes. Sa mesure de comparaison ne se trouve pas sur terre, mais devant Dieu dont il manifeste l’amour miséricordieux en rejoignant l’homme à son niveau d’homme.

Jésus est humble parce qu’il est Amour et l’amour ne se dit jamais supérieur. C’est la raison par laquelle il se met de plain pied avec les petits, les enfants et les faibles. Il ne cherche aucune place voyante ; il dédaigne de se concilier l’amitié des puissant, au contraire il s’inquiète des pauvres, des délaissés, des malades, de tous ceux qui peinent et qui souffrent.

Frères et sœurs, cette manière d’agir du Dieu fait homme doit nous faire comprendre que l’humilité est le Chemin Royal vers la Sainteté. « Qu’on considère où l’on en est de l’humilité et l’on verra où l’on en est de ses progrès spirituels » nous dit sainte Thérèse d’Avila. L’orgueil réduit à néant les œuvres les plus réussies tandis que l’humilité donne du prix aux actions les plus simples.

Nous demanderons au cœur de cette Eucharistie par l’intercession de Marie, l’humble servante du Seigneur, la Grâce de nous exercer constamment à l’humilité vis-à-vis de nous-mêmes, vis-à-vis des autres et vis-à-vis de Dieu, afin que se réalise pleinement pour nous la parole de Jésus : « Celui qui s’abaisse sera élevé ».

Amen.

Lectures du 22ème Dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 20:48
Source de l'image : 'la croix'

Lecture du livre du prophète Isaïe 66, 18-21

La dispersion d’Israël parmi les nations a pour but d’en faire le témoin du Dieu qui veut rassembler les hommes.

Ainsi parle le Seigneur : connaissant leurs actions et leurs pensées, moi, je viens rassembler toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire : je mettrai chez elles un signe ! Et, du milieu d’elles, j’enverrai des rescapés vers les nations les plus éloignées, vers les îles lointaines qui n’ont rien entendu de ma renommée, qui n’ont pas vu ma gloire ; ma gloire, ces rescapés l’annonceront parmi les nations. Et, de toutes les nations, ils ramèneront tous vos frères, en offrande au Seigneur, sur des chevaux et des chariots, en litière, à dos de mulets et de dromadaires, jusqu’à ma montagne sainte, à Jérusalem, – dit le Seigneur. On les portera comme l’offrande qu’apportent les fils d’Israël, dans des vases purs, à la maison du Seigneur. Je prendrai même des prêtres et des lévites parmi eux, – dit le Seigneur.  – Parole du Seigneur.

Commentaire : Les perspectives d’une mission universelle ne sont jamais si éclatantes dans l’Ancien Testament que chez le prophète qui, au VIè siècle, a composé la fin du livre d’Isaïe. Pourtant c’est l’époque où le peuple de Dieu s’est senti le plus clairement quantité négligeable dans le vaste monde. Mais il se sait le signe levé par Dieu au milieu des nations, le peuple-témoin, le petit noyau du rassemblement des peuples que projette de réaliser le Seigneur.

C’est aussi à une Église pauvre et dépouillée de toute volonté de triomphalisme que le Christ promet d’être le signe de ralliement des nations. Croyons-nous que notre communauté chrétienne, si faible soit-elle, puisse être la servante de ce dessein de Dieu pour le monde ?

Psaume 116

R/ : Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile.

  • Louez le Seigneur, tous les peuples ; fêtez-le, tous les pays ! R/
  • Son amour envers nous s’est montré le plus fort ; éternelle est la fidélité du Seigneur ! R/

Lecture de la lettre aux Hébreux 12, 5-7.11-13

Dieu n’empêche pas les épreuves de nous atteindre : elles sont signe qu’il nous traite comme ses fils, avec sérieux, et pas comme des gamins.

Frères, vous avez oublié cette parole de réconfort, qui vous est adressée comme à des fils : Mon fils, ne néglige pas les leçons du Seigneur, ne te décourage pas quand il te fait des reproches. Quand le Seigneur aime quelqu’un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu’il accueille comme ses fils. Ce que vous endurez est une leçon. Dieu se comporte envers vous comme envers des fils ; et quel est le fils auquel son père ne donne pas des leçons ? Quand on vient de recevoir une leçon, on n’éprouve pas de la joie mais plutôt de la tristesse. Mais plus tard, quand on s’est repris grâce à la leçon, celle-ci produit un fruit de paix et de justice. C’est pourquoi, redressez les mains inertes et les genoux qui fléchissent, et rendez droits pour vos pieds les sentiers tortueux. Ainsi, celui qui boite ne se fera pas d’entorse ; bien plus, il sera guéri. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Ce passage de la lettre aux Hébreux semble vouloir illustrer le proverbe : « Qui aime bien châtie bien ». Pris à la lettre, il conduirait à une fausse conception de Dieu, celle d’un Dieu-justicier, qui s’exprime dans la réflexion courante : « Qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour avoir tant de malheurs ? » L’auteur de la lettre veut seulement inviter ses correspondants, qui subissent persécutions et contractions à cause de leur attachement à Jésus Christ, à recevoir cela comme un moyen de purifier leur foi. Certes, ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on supporte les moqueries et les avanies, mais quel fortifiant pour une foi qui risque toujours de s’enliser dans la facilité !

« Redonnez de la vigueur aux mains défaillantes et aux genoux qui fléchissent ». Beaucoup de gens attendent cela de nous « qui avons la chance de croire », comme ils disent. Ne passons pas à côté de leur attente.

Alléluia. Alléluia. Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie, dit le Seigneur ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 13, 22-30

N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? Jésus répond en évoquant des foules venant des quatre points cardinaux, mais il ajoute : Toi, efforce-toi d’entrer par la porte étroite.

En ce temps-là, tandis qu’il faisait route vers Jérusalem, Jésus traversait villes et villages en enseignant. Quelqu’un lui demanda : « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus leur dit : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et n’y parviendront pas. Lorsque le maître de maison se sera levé pour fermer la porte, si vous, du dehors, vous vous mettez à frapper à la porte, en disant : ‘Seigneur, ouvre-nous’, il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes.’ Alors vous vous mettrez à dire : ‘Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places.’ Il vous répondra : ‘Je ne sais pas d’où vous êtes. Éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice.’ Là, il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous-mêmes, vous serez jetés dehors. Alors on viendra de l’orient et de l’occident, du nord et du midi, prendre place au festin dans le royaume de Dieu. Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui seront derniers ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : L’appartenance au peuple élu paraissait aux contemporains de Jésus une telle garantie de leur salut et, par contre, la situation des païens – pourtant la grande masse de l’humanité – un tel handicap pour y accéder que l’inconnu qui interpelle le Christ s’attend à une réponse positive et réconfortante. Mais Jésus renverse les perspectives : « Vous autres, dépêchez-vous d’accueillir la Bonne Nouvelle qui sauve, car il ne vous servira de rien de m’avoir entendu prêcher dans vos villes quand vous verrez les païens, ces prétendus inconvertissables, attablés au festin du Royaume et la porte claquée à votre nez.

N’y aura-t-il que peu de gens ou beaucoup à être sauvés ? À moi qui m’interroge parfois sur le sort des autres, Jésus, tu présentes la porte étroite. C’est elle que je vais choisir, non par sentiment du sauve-qui-peut, mais parce que je t’aime.

Homélie 

Pendant que Jésus fait route vers Jérusalem pour y souffrir sa Passion, quelqu’un lui demande : « Seigneur n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? »

Cette question Jésus l’esquive en posant la véritable « qui sera sauvé ? » Et il répond sans ambages : « C’est celui qui s’efforcera - pour traduire exactement il faudrait dire : « Celui qui se battra » - pour passer par la porte étroite. En réalité, à chacun de nous, le Christ rappelle ici que le salut est un cadeau qui exige la collaboration de l’homme. Personne n’est dispensé de faire effort pour accéder au Royaume, sinon le Seigneur nous traiterait comme des choses inertes et sans responsabilité. Or, son amour est fait de respect pour notre liberté.  Il se propose sans jamais s’imposer. Dieu seul peut nous toucher sans nous blesser. C’est pourquoi le Christ réveille ceux qui se sont endormis dans l’insouciance. Attention, leur dit-il la porte est étroite, les prétendants sont nombreux. Si vous continuez à dormir dans le matérialisme, si vous misez sur la facilité, le confort, la superficialité, vous risquez bien de ne jamais passer la porte ou d’arriver trop tard quand celle-ci sera fermée sous votre nez.

Voilà de quoi faire réfléchir l’homme de ce temps qui attend encore un salut bon marché du progrès vertigineux des sciences et de la technique, quand ce n’est pas tout simplement de son compte en banque bien garni...

Le salut, le seul vrai Salut que le Christ nous offre est affaire très grave qui mérite réflexion, passe par un choix décidé et s’opère dans des engagements concrets et couteux... Rien de plus illusoire et de plus dangereux que de dire : après tout Dieu est tellement bon, il comprend tout et il n’en demande pas tant... Considérer Dieu de cette manière, c’est le caricaturé, c’est en faire un papa gâteau qui n’exige rien de ses enfants, leur passant tous leurs caprices...

Or, l’Epître aux Hébreux vient de nous dire : « Quand le Seigneur aime quelqu'un, il lui donne de bonnes leçons ; il corrige tous ceux qu'il reconnaît comme ses fils ».

Dans le Christ-Jésus, Dieu nous a démontré le sérieux de son amour en forme d’appel radical à le suivre. Il ne veut pas récupérer contre leur gré ceux qui n’auraient pas encore compris la puissance mais aussi les exigences d’une telle miséricorde offerte au prix de son sang. Mais parmi ceux qui se réclament du Christ il n’y a pas que des insouciants, il y a aussi les adeptes de la bonne conscience au rabais. Leur refrain est bien connu : nous sommes d’honnêtes gens, nous n’avons ni tué, ni volé ; nous allons à la Messe (lorsque ça ne nous gêne pas trop), nous prions quelque peu (surtout quand nous avons des ennuis), nous soutenons les bonnes œuvres. Au fond nous sommes de bons chrétiens, en tous cas bien meilleurs que tant d’autres. Dieu serait injuste s’il ne nous ouvrait pas les portes de son paradis.

Ceux qui raisonnent ainsi ressemblent à ces Juifs qui disaient à Jésus : « Nous avons mangé et bu sous tes yeux, tu as enseigné sur nos places ». La réplique de Jésus est cinglante : « Eloignez-vous de moi, vous qui faites le mal ».

Il ne suffit pas, en effet, pour être sauvé d’appartenir à l’Eglise par le baptême, d’être en règle avec la Loi de Dieu, d’avoir la conscience tranquille. Le paradis n’est pas une récompense pour des gens en ordre : il est une communion parfaite avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

Or Jésus nous propose de commencer cette expérience d’amour dès ici bas avant de la faire éclore au ciel dans les splendeurs de la Gloire.

La vie chrétienne, voyez-vous est une aventure, elle est un risque, car l’amour n’est jamais satisfait ; il est comme le feu, il ne dit jamais « assez ». L’amour cherche à aller toujours plus loin ; il désinstalle et remet en route, il ne se paie pas de mots, il met la main à la pâte, il s’incarne dans du concret si humble soit-il.

Où en est, frères et sœurs, notre recherche de croyants (qui doit être approfondissement de la Foi et affermissement de l’Espérance) où est la dynamique de notre charité, celle qui vient de Dieu et nous envoie rejoindre nos frères là où ils sont et comme ils sont.

L’expérience est là pour nous dire que dans aucun domaine rien de valable ne se fait sans efforts, sans sacrifices. Comment pourrait-il en être autrement lorsqu’il s’agit de la plus grande affaire qui soit : sauver son âme et aider les autres à sauver la leur.

Dès lors, si nous sommes inconscients, réveillons-nous, si nous sommes satisfaits à bon compte secouons-nous... La porte s’ouvre. Dieu invite à entrer. Il faut marcher toujours plus loin, monter toujours plus haut pour accéder à ce Festin du Royaume où il nous sera donné de savourer éternellement l’indicible joie que le Seigneur nous a promis, qui est partage de sa Joie à Lui.

Amen.

Lectures du 21ème Dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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13 août 2022 6 13 /08 /août /2022 15:11

Lecture du livre du prophète Jérémie 38, 4-6. 8-10

La Parole de Dieu que le prophète Jérémie fait entendre, dérange les chefs de l’armée qui chercheront à le liquider. Comme c’est actuel en bien des pays !

En ces jours-là, pendant le siège de Jérusalem, les princes qui tenaient Jérémie en prison dirent au roi Sédécias : « Que cet homme soit mis à mort : en parlant comme il le fait, il démoralise tout ce qui reste de combattant dans la ville, et toute la population. Ce n’est pas le bonheur du peuple qu’il cherche, mais son malheur ». Le roi Sédécias répondit : « Il est entre vos mains, et le roi ne peut rien contre vous ! » Alors ils se saisirent de Jérémie et le jetèrent dans la citerne de Melkias, fils du roi, dans la cour de garde. On le descendit avec des cordes. Dans cette citerne il n’y avait pas d’eau, mais de la boue, et Jérémie enfonça dans la boue. Ébed-Mélek sortit de la maison du roi et vint lui dire : « Monseigneur le roi, ce que ces gens-là ont fait au prophète Jérémie, c’est mal ! Ils l’ont jeté dans la citerne, il va y mourir de faim car on n’a plus de pain dans la ville ! » Alors le roi donna cet ordre à Ébed-Mélek l’Éthiopien : « Prends trente hommes avec toi, et fais remonter de la citerne le prophète Jérémie avant qu’il ne meure ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : Le roi de Babylone assiège Jérusalem, en l’an 588. En vain l’Égypte a-t-elle tenté de secourir les Judéens, leurs alliés ; l’armée babylonienne l’a repoussée. Depuis toujours Jérémie dénonce cette révolte contre le roi de Babylone à qui Sédécias a promis obéissance par serment. Pour le prophète, cette violation du droit ne peut plaire au Seigneur. Mieux vaut se rendre, proclame-t-il. Arrêté, le prophète est accusé de démoraliser l’armée, et les chefs obtiennent sa condamnation à mort. Un étranger, de race noire, le sauve à temps d’une mort certaine.

Les interventions du pape et des évêques en faveur de la paix du désarmement, de l’aide aux pays en voie de développement, de la démocratie et de la liberté des peuples, poursuivent l’action des prophètes bibliques. Comment recevons-nous et répercutons-nous leurs interventions ?

Psaume 39

R/ : Seigneur, viens vite à mon secours !

  • D’un grand espoir, j’espérais le Seigneur : il s’est penché vers moi pour entendre mon cri. R/
  • Il m’a tiré de l’horreur du gouffre, de la vase et de la boue ; il m’a fait reprendre pied sur le roc, il a raffermi mes pas. R/
  • Dans ma bouche il a mis un chant nouveau, une louange à notre Dieu. Beaucoup d’hommes verront, ils craindront, ils auront foi dans le Seigneur. R/
  • Je suis pauvre et malheureux, mais le Seigneur pense à moi. Tu es mon secours, mon libérateur : mon Dieu, ne tarde pas ! R/

Lecture de la lettre aux Hébreux 12, 1-4

Nous sommes portés dans la vie de foi pour la foule immense des croyants d’hier et d’aujourd’hui.

Frères, nous qui sommes entourés d’une immense nuée de témoins, et débarrassés de tout ce qui nous alourdit – en particulier du péché qui nous entrave si bien –, courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus, qui est à l’origine et au terme de la foi. Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice, et il siège à la droite du trône de Dieu. Méditez l’exemple de celui qui a enduré de la part des pécheurs une telle hostilité, et vous ne serez pas accablés par le découragement. Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans votre lutte contre le péché. – Parole du Seigneur.

Commentaire : texte de réconfort pour des chrétiens persécutés, ce passage les invite à tenir bon dans la foi pour deux raisons. Tout d’abord l’exemple des ancêtres dans la foi, Abraham, Moïse… eux étaient seuls à lutter contre le découragement, alors que les chrétiens se savent solidaires de cette foule immense de témoins qui les ont précédés. Ensuite l’exemple du Christ qui a librement accepté le supplice infamant de la croix. C’est lui, Jésus, qui est à l’origine de leur foi, c’est lui aussi qui la perfectionnera quand ses témoins lutteront contre le péché jusqu’au sang, par fidélité et amour pour lui.

La foi nous introduit dans la communion de tous ceux qui ont mené le combat de la foi contre le découragement. Nos communautés chrétiennes doivent être aussi cette foule de témoins pour les nouvelles générations de chrétiens. Chacun des services qui nous y accomplissons concourt à ce but.

Alléluia. Alléluia. Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, je les connais, et elles me suivent. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 12, 49-53

Le message de Jésus Christ n’apporte pas la paix, mais il crée la division entre les hommes : c’est que le feu de l’amour a du mal à prendre sur la terre !

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais bien plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ; ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère ».  – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Contrairement à l’attente de ses contemporains pour lesquels la venue du règne de Dieu leur apporterait la tranquillité en consacrant leurs mérites et en mettant fin à toutes les divisions, Jésus annonce que le règne de Dieu provoquera l’effet inverse. Il viendra comme un feu purifiant séparer les justes et les pécheurs, provoquer la division au sein des familles entre ceux qui l’accueilleront comme une Bonne Nouvelle et ceux qui voudront le refuser. Comme le Christ désire voir venir ce royaume de Dieu ! Pourtant, il sait qu’il doit subir l’épreuve de sa passion, comme un baptême de sang, pour qu’arrive ce règne de Dieu.

Si quelqu’un se présentait en annonçant qu’il va semer la division y compris dans nos familles, l’écouterions-nous ? Et pourtant, c’est Jésus lui-même. Désirons-nous le feu qu’il apporte ?

Homélie 

Jésus est venu pour plonger le monde dans le feu de Dieu. C’est le désir le plus ardent de son cœur qu’il nous livre à travers cette phrase étonnante « C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ».

En reprenant ce symbole qui court à travers toute la Bible, Jésus n’entend pas évoquer le feu du jugement dernier qui purifiera l’univers : pour Lui, il n’y a qu’un feu de Dieu : celui que ressentaient les disciples d’Emmaüs : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Écritures ? »

Dieu est Feu : sa parole « est un feu qui dévore ».

Son Esprit est Feu : voilà le feu que Jésus est venu apporter le feu de la Pentecôte.

Jean-Baptiste avait présenté Jésus comme celui qui devait « baptiser dans l’Esprit-Saint et le feu ».

La Pentecôte allait illustrer cette parole énigmatique du Précurseur. Si le feu que Jésus veut mettre dans le monde est celui de la Pentecôte, on comprend alors son impatience mais aussi son angoisse. Il les exprime en cette confidence qui suit la première : « c’est un baptême que j’ai à recevoir et comme cela me pèse (ou m’oppresse) jusqu’à ce qu’il soit accompli ».

Le Baptême de Jésus doit être précédé en effet du baptême de sang, celui que Jésus recevra sur la croix. La longue montée de Jésus vers Jérusalem nous révèle combien il est angoissé par la perspective de sa Passion. Et cette angoisse grandissante s’achèvera, nous le savons sous les oliviers de Gethsémani, provoquant sur tout son corps une sueur de sang. L’agonie de Jésus au soir du Jeudi-Saint n’est en fait que la phase ultime et particulièrement aiguë d’une agonie qui a commencé bien avant « cette nuit où il fut livré ».

Étrange alchimie divine : le feu de Pentecôte jaillira du sang de la Passion : l’Esprit-Saint sera le fruit de la Croix, l’amour qui doit brûler les hommes naîtra du Cœur transpercé de Jésus. Tout sera gagné quand tout sera donné. Telle est la loi de la Rédemption. C’est pourquoi les vrais disciples de Jésus sont à la fois des « divins impatients » et des « donneurs de sang ».

Blessée, Jeanne d’Arc disait « ce n’est pas du sang qui coule c’est de la gloire ».

A partir de son baptême de feu sur la croix, Jésus a donc transmis au monde l’Esprit-Saint qui est Amour. Et comme il lui tarde de voir l’humanité tout entière purifiée et transfigurée dans l’immense incendie de l’Amour divin...  Mais cela ne pourra se faire que si ses disciples, gagnés eux-mêmes par ce feu deviennent par leur témoignage et leurs activités apostoliques incendiaires d’amour partout où ils se trouvent. Seulement voilà : chaque fois qu’un foyer de vie chrétienne lumineuse et ardent s’allume quelque part les extincteurs ne se font pas attendre. Et ce qui est le plus affligeant c’est que nous-mêmes dans bien des cas nous leur prêtons mainforte. Qui peut prétendre, en effet, qu’il n’a jamais essayé d’éteindre l’Esprit en lui ou autour de lui ?

L’Evangile dérange trop de personnes, bouleverse trop d’habitudes et remet en question trop de structures pour que les hommes assistent à l’explosion sans réagir. Ceux qui vivent et annoncent l’Evangile dans toutes ses exigences, ne tardent pas à subir l’assaut de multiples extincteurs.

S’il nous faut bien reconnaître d’ailleurs que toutes ces forces mauvaises se trouvent, hélas ! encouragées par nos peurs, nos démissions, nos résignations, parfois même avec la complicité d’une doctrine qui cherche à garder le juste milieu à ne déranger personne, à susciter une religion assez superficielle pour anesthésier tout le monde, à commencer par ceux qui se servent de l’Evangile, au lieu de le servir.

Chers frères et sœurs, sur ce pont, comme sur tant d’autres, nous devons nous examiner sans complaisance, sans désespoir non plus.

  • Si nous nous découvrons extincteurs du feu de Dieu dans plusieurs de nos comportements, nous avons toujours la possibilité de nous ressaisir, de nous réajuster au bon plaisir de Dieu : (c’est ce que Paul VI appelait : la réforme intérieure. Il n’est jamais trop tard pour l’entreprendre).
  • Si nous souffrons d’êtres continuellement agressés ou persécutés par tous ceux qui repoussent le feu de Dieu, tout d’abord c’est bon signe, car le démon ne s’attaque pas aux médiocres et aux tièdes, et puis pensons que le disciple n’est pas au-dessus du maître, que la persécution est une béatitude.

Jésus, Marie, les prophètes et tous les saints ont vécu cela avant nous. Et ils sont là avec nous pour nous encourager et nous soutenir dans notre combat. Parce que nous ne sommes jamais seuls, parce que le feu de la Pentecôte aura finalement le dernier mot, parce que l’Esprit de Jésus est beaucoup plus fort que toutes les manœuvres qui tentent de l’étouffer il nous faut tenir bon, il nous faut aller de l’avant, sans jamais nous décourager, sans nous laisser gagner par la peur qui est mauvaise conseillère et qui paralyse. Rappelons-nous à ce sujet les nombreuses exhortations de Jésus (il y en a au moins 350 dans l’Evangile).

« N’ayez pas peur – Sois sans crainte petit troupeau – Courage, j’ai vaincu le monde... ».

Que Marie, la femme au courage invincible nous obtienne la grâce de courir avec endurance l’épreuve qui nous est proposée. Les yeux fixés sur Jésus qui est à l’origine et au terme de la foi.

Amen.

Lectures du 20ème dimanche du T.O. en DOCX et PDF

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8 août 2022 1 08 /08 /août /2022 16:43

Lecture du livre de la Sagesse 18, 6-9

Parce qu’ils ont cru aux promesses de Dieu, les Hébreux n’ont pas été pris à l’improviste au cours de la nuit de la délivrance pascale.

La nuit de la délivrance pascale avait été connue d’avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie. Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis. En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais à la gloire. Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d’un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Dieu avait promis à Abraham de délivrer ses descendants, dont il annonçait la captivité en Égypte. Cette promesse fait à leur ancêtre tenait en haleine les Hébreux opprimés. Aussi, lors de son passage la nuit de Pâques, Dieu les trouva-t-il vigilants, mangeant l’agneau pascal dans leur maison, en tenue de voyage. Peut-être était-ce une aventure, mais tous étaient décidés à partager le meilleur et le pire.

Dieu nous veut disponibles, même quand les appels qu’il nous adresse par l’Évangile, par l’Église ou par nos frères les hommes, nous prennent au dépourvu.

Psaume 32

R/ : Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu.

  • Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes ! Hommes droits, à vous la louange ! Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu, heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine ! R/
  • Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour, pour les délivrer de la mort, les garder en vie aux jours de famine. R/
  • Nous attendons notre vie du Seigneur : il est pour nous un appui, un bouclier. Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi ! R/

Lecture de la lettre aux Hébreux 11, 1-2. 8-19

Pour la lecture brève, on omet le texte qui est entre-crochets

À la suite d’Abraham, le père des croyants, tout un peuple a marché dans la foi : leurs traces nous conduisent au Dieu qui peut ressusciter les morts.

Frères, la foi est une façon de posséder ce que l’on espère, un moyen de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi.

Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner en immigré dans la Terre promise, comme en terre étrangère ; il vivait sous la tente, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse, car il attendait la ville qui aurait de vraies fondations, la ville dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte.

Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable. [C’est dans la foi, sans avoir connu la réalisation des promesses, qu’ils sont tous morts ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs. Or, parler ainsi, c’est montrer clairement qu’on est à la recherche d’une patrie. S’ils avaient songé à celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d’y revenir. En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux. Aussi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, puisqu’il leur a préparé une ville.

Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration]. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Vivre de foi, c’est souvent marcher dans le noir et ne pas renier alors ce qu’on a vu en pleine lumière. C’est ne pas estimer tout perdu, même quand ce que l’on a bâti s’écroule. C’est attendre de Dieu qu’il multiplie, au-delà de notre attente, les germes de justice et d’amour que nous avons semés. C’est ne pas désespérer, même quand la mort nous surprend sans que nous ayons vu se réaliser les promesses de Dieu. Abraham est le premier à avoir vécu intensément de foi ; il est le père des croyants.

Nous sommes les héritiers de ces hommes et de ces femmes qui ont marché dans la foi, confiants dans les promesses de Dieu. Quel héritage de foi allons-nous transmettre à notre tour ?

Alléluia. Alléluia. Veillez, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 12, 32-48

Pour la lecture brève, on omet le texte qui est entre-crochets

[En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses qui ne s’usent pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne détruit pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur]. Restez en tenue de service, votre ceinture autour des reins, et vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir. S’il revient vers minuit ou vers trois heures du matin et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison avait su à quelle heure le voleur viendrait, il n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». [Pierre dit alors : « Seigneur, est-ce pour nous que tu dis cette parabole, ou bien pour tous ? » Le Seigneur répondit : « Que dire de l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de son personnel pour distribuer, en temps voulu, la ration de nourriture ? Heureux ce serviteur que son maître, en arrivant, trouvera en train d’agir ainsi ! Vraiment, je vous le déclare : il l’établira sur tous ses biens. Mais si le serviteur se dit en lui-même : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, alors quand le maître viendra, le jour où son serviteur ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il l’écartera et lui fera partager le sort des infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a rien préparé et n’a pas accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, celui-là n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage] ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Les premiers chrétiens attendaient un retour imminent du Christ ce qui n’allait pas sans favoriser la fièvre de certains, annonçant à tout bout de champ que l’heure en allait bientôt, et le désengagement de certains autres, estimant vain dès lors tout effort au service du monde. Et puis, les années passant, on se prit à penser : « Mon maître tarde à venir ». À la fièvre succéda l’assoupissement, au désengagement des réalités de ce monde le désir de s’y installer. C’est cette dernière génération de chrétiens qu’a connue Luc et c’est elle qu’il met en garde contre la tentation d’amasser en ce monde, de s’endormir sur l’acquis, de laisser ronronner la mission. Luc s’adresse à tous, mais la question de Pierre montre qu’il vise tout particulièrement les responsables des communautés chrétiennes : eux connaissent très bien la volonté de leur Maître et il leur demandera compte de ceux qu’il leur a confiés.

Jésus, tu ne me dis pas : « Là où est ton cœur, là aussi sera ton trésor », car je pourrais me faire illusion en croyant que mon cœur s’est attaché à toi. Tu es plus réaliste : « Là où est ton trésor, c’est là qu’est ton cœur ». Arrache-moi à mes faux trésors pour que tu sois le seul à porter ce nom pour moi !

Homélie

Le grand souci de Jésus rappelé dans l’Evangile de ce jour, est que ses disciples soient toujours prêts quand il reviendra au soir de leur vie. C’est pourquoi il les invite instamment à la vigilance. « Restez en tenue de service, gardez vos lampes allumées. Je viendrai quand vous ne m’attendrez pas… » Jésus ne veut pas que nous passions à côté de l’essentiel : il nous pose des interrogations de poids : Mais quel est donc le sens de notre vie ? Avons-nous conscience que nous sommes programmés pour une rencontre capitale ? Une rencontre qui sera surprenante, inattendue et peut-être même imminente ?

S’il est une question qu’on ne peut pas éluder, frères et sœurs, c’est bien celle du sens de notre vie. Qui peut vivre sans se demander à quoi sert son existence ? La plupart des hommes souhaiterait ne pas vivre « pour rien. » Or, nous vivons justement dans une époque où tous les repères se sont effondrés à l’heure même où des problèmes monumentaux surgissent de toutes parts : chômage, maîtrise d’énergies terrifiantes, guerre économique entre les nations. Il n’est pas étonnant alors que beaucoup se tournent vers les sectes, le paranormal et les spiritualités de remplacement, tandis que d’autres en recherche vont vivre quelques jours dans un monastère pour essayer de voir un peu plus clair dans le tourbillon d’une vie débordée et stressée.

Jésus nous dit aujourd’hui : « Et toi quelle est ta priorité ? Pour quoi, pour qui vis-tu en premier ? Qui a la première place dans ton cœur ? Quelle est la valeur de ta vie ? Quels sont tes choix ? »

Ils sont nombreux, certes ceux qui se sont donnés de grands idéaux, des « étoiles » pour y accrocher leur vie, comme la liberté, l’égalité, la fraternité… Mais dans un monde où les conditionnements ou les inégalités sociales et l’individualisme règnent souverainement, ces idéaux se sont bien vite usés. Parfois même, en leur nom on massacre par fanatisme, on voit apparaître également chez certains un nouvel humanisme avec des valeurs très chrétiennes dans leur source, comme la dignité de la personne humaine, le souci de la justice, le respect de l’environnement, une solidarité à tous les niveaux. Mais comment croire à l’avenir de la planète quand on connaît la folie meurtrière de certains responsables où la course aux intérêts individuels de chaque nation ? A l’échelon individuel, tous ceux qui souffrent de quelque manière, soit dans leur corps soit dans leur cœur, tous ceux qui se débattent dans des difficultés inextricables se demandent s’il y a encore de l’espoir dans cette existence qui les embarque sur son bateau tragique…

Tout au long de l’Evangile, le Christ nous assure pourtant que la vie terrestre a un sens, si on la considère pour ce qu’elle est en vérité : essentiellement un lieu de transit vers une terre nouvelle qu’il désigne sous le nom de Royaume des cieux. Un temps aussi où nous façonnons avec le secours de sa grâce notre visage d’éternité… Et dans le passage d’Evangile que l’Eglise propose aujourd’hui à notre médiation, il fait briller à nos yeux une espérance fabuleuse car il nous rappelle que nous sommes sur terre pour nous préparer à une rencontre exceptionnelle : nous marchons vers un rendez-vous, nous faisons chaque jour un pas de plus vers une présence merveilleuse qui nous attend et apprête à nous combler d’un Bonheur sans limites et sans fin…

Mais n’est-ce pas là, frères et sœurs, ce à quoi, plus ou moins, nous aspirons au fond de nous-mêmes, car l’homme est un être de désir et de désir jamais satisfait tant qu’il chemine ici-bas. Qui de nous n’aperçoit pas en lui une insupportable contradiction ? D’une part, il se découvre comme un être limité, fini, « borné » dans sa connaissance, son amour, ses possibilités, sa durée surtout, et d’autre part il se découvre habité par le désir de l’infini : par une soif de connaissances nouvelles par un amour qu’il voudrait toujours plus grand, par le désir d’un temps qui s’éternise : l’homme est un être fini avec des désirs infini… S’il n’y a pas un au-delà, une vie éternelle, l’homme n’est plus qu’un raté de la création. C’est donc faire preuve d’intelligence que de comprendre que nous serons ici-bas toujours en manque, en recherche, en quête jamais comblée : par conséquent ne nourrissons pas de faux espoirs et accueillons la finitude humaine. Mais c’est faire preuve de foi que de comprendre que cette soif de l’infini a un sens : un jour nous rencontrerons Celui qui est seul capable de nous combler. Celui qui nous traitera comme des princes, nous assoira à sa table et nous servira…Et il se présentera à nous moins comme le maître que comme l’ami et quel Ami ! « Notre cœur est insatisfait tant qu’il ne repose pas en Toi » disait saint Augustin, lui qui avait compris par expérience combien les plaisirs terrestres sont décevants… Grâce à cette vie de foi il est plus facile d’accepter les imperfections de notre vie terrestre et les souffrances inévitables.

Frères et sœurs, cette rencontre suprême avec le Christ Jésus que nous appelons la mort, mais qui est une nouvelle naissance « je ne meurs pas disait sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, j’entre dans la vie ». N’allons pas croire qu’elle est remise aux Calendes grecques. Lorsqu’on est jeune on s’imagine que la vie est très longue. Tous les anciens savent bien qu’elle est extrêmement courte… « La mort est plus près de nous que notre paupière » dit un proverbe arabe. C’est pourquoi le Seigneur nous invite instamment à la vigilance : « Veillez, car je viendrai à l’improviste, comme un voleur, non pas comme un méchant qui vient traîtreusement vous surprendre, mais à une heure inattendue de jour ou de nuit, pour avoir le plaisir de constater que vous m’attendez. C’est tellement bon d’être désiré ».

Prions très fort, par l’intercession de la Vierge Marie pour que nous soit accordée la grâce d’attendre, non pas dans la peur, mais dans un désir ardent cet ultime rendez-vous qui au soir de notre vie nous jettera dans les bras de notre Dieu pour un avenir éternel de Bonheur et de Gloire.

Amen.

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30 juillet 2022 6 30 /07 /juillet /2022 18:16

Lecture du livre de Qohèleth 1, 2 ; 2, 21-23

Qu’est-ce qui fait le prix d’un homme ? Les biens qu’il amasse ? Non ! tout cela n’est que du vent, nous dit Qohèleth l’Ecclésiaste.

Vanité des vanités, disait Qohèleth. Vanité des vanités, tout est vanité !

Un homme s’est donné de la peine ; il est avisé, il s’y connaissait, il a réussi. Et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine. Cela aussi n’est que vanité, c’est un grand mal !

En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? Tous ses jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos. Cela aussi n’est que vanité. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Il est plein de bon sens populaire, cet homme qui se cache sous un pseudonyme (son nom signifie : « la foule »), et son ironie mordante a l’art de dégonfler les baudruches (la vanité, pour un Hébreu, c’est qui est vide, ce qui n’est que du vent). Pour lui, la richesse, la capitalisation des biens, quelles que soient l’ingéniosité et la peine qu’on s’est données, quelle que soit même l’honnêteté des procédés qui ont permis de l’accumuler, ce n’est que du vent.

Société de consommation. Qohéleth l’Ecclésiaste ne dirait-il pas : « Cela encore est vanité » ?

Psaume 89

R/ : D’âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge.

  • Tu fais retourner l’homme à la poussière ; tu as dit : « Retournez, fils d’Adam ! » À tes yeux, mille ans sont comme hier, c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit. R/
  • Tu les as balayés : ce n’est qu’un songe ; dès le matin, c’est une herbe changeante : elle fleurit le matin, elle change ; le soir, elle est fanée, desséchée. R/
  • Apprends-nous la vraie mesure de nos jours : que nos cœurs pénètrent la sagesse. Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ? Ravise-toi par égard pour tes serviteurs. R/
  • Rassasie-nous de ton amour au matin, que nous passions nos jours dans la joie et les chants. Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu ! Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains. R/

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens 3, 1-5. 9-11

Jésus Christ ressuscité est l’avenir de l’homme. Tous les combats de la vie chrétienne préparent cet avenir.

Frères, si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre.

En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre : débauche, impureté, passion, désir mauvais, et cette soif de posséder, qui est une idolâtrie. Plus de mensonge entre vous : vous vous êtes débarrassés de l’homme ancien qui était en vous et de ses façons d’agir, et vous vous êtes revêtus de l’homme nouveau qui, pour se conformer à l’image de son Créateur, se renouvelle sans cesse en vue de la pleine connaissance. Ainsi, il n’y a plus le païen et le Juif, le circoncis et l’incirconcis, il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ; mais il y a le Christ : il est tout, et en tous. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Comment bâtir un homme « debout » qui ne soit plus sous l’emprise du mal, qui échappe au triste conditionnement de l’exploitation de l’homme par l’homme ? Les meilleurs de nos contemporains mènent ce combat pour l’homme. Il est de toujours, et Paul éprouvait déjà que le christianisme donnait réponse à un tel projet de construire l’homme. Mais, pour lui, l’homme accompli, c’est Jésus Christ : le futur de l’homme est caché en lui et, seule, la Résurrection nous révélera à nous-mêmes. C’est donc vers le Christ qu’il faut nous orienter, en faisant taire en nous les passions de l’homme ancien, pour laisser Dieu nous recréer. Et c’est déjà vivre en homme nouveau que de ne plus faire de différences entre nous.

Il ne s’agit pas de rêver du ciel, mais d’échapper aux pesanteurs terrestres. L’apôtre nous donne une liste de ces pesanteurs. À laquelle désirons-nous nous soustraire ?

Alléluia. Alléluia. Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 12, 13-21

Les grandes, comme les petites richesses, risquent de nous empêcher de prendre l’Évangile au sérieux.

En ce temps-là, du milieu de la foule, quelqu’un demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage ». Jésus lui répondit : « Homme, qui donc m’a établi pour être votre juge ou l’arbitre de vos partages ? » Puis, s’adressant à tous : « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède ». Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont le domaine avait bien rapporté. Il se demandait : ‘Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte.’ Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’ Mais Dieu lui dit : ‘Tu es fou : cette nuit même, on va te redemander ta vie. Et ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?’ Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Luc, au vu des inégalités sociales criantes du monde gréco-romain, est celui des évangélistes qui est le plus sensible à l’obstacle mis par l’argent et la richesse à la réalisation de l’Évangile. Car, ou bien l’argent sera le seul moteur de la vie, au point d’aveugler les hommes, tel ce fermier, ou bien, plus sournoisement, on cherchera, pour se tranquilliser, à rendre l’Évangile garant de ses propriétés, tel cet homme qui veut se couvrir de l’autorité du Christ pour obtenir l’héritage qu’il escompte. Oui, Luc saint bien que les grandes comme les petites richesses risquent de nous empêcher de prendre l’Évangile au sérieux.

Comment comptons-nous faire pour être riches aux yeux de Dieu ?