Lecture du livre du prophète Amos 8, 4-7
Amos dénonce les manœuvres frauduleuses pour déposséder les pauvres de leur lopin de terre. Jamais Dieu ne pourra oublier cela, dit-il.
Écoutez ceci, vous qui écrasez le malheureux pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : « Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances. Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! » Le Seigneur le jure par la Fierté de Jacob : Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Amos est un pauvre berger que scandalisent la cupidité et les fraudes des riches de son temps. Non qu’il se veuille un défenseur de la morale. Ce qu’il voit d’abord, ce sont les pauvres réduits à la misère et la facilité avec laquelle les riches espèrent exploiter cette misère. Ce qu’il voit d’abord, c’est le contre-témoignage donné aux païens par le peuplé élu, fier de se savoir choisi pour révéler aux nations le nom de Dieu et ses exigences.
La corruption et l’appât du gain que dénonce Amos sont monnaie courante aujourd’hui, et sur une plus grande échelle. Participer à l’action caritative de l’Église pour les pauvres, proches et éloignés, est une manière concrète de contester cet état de fait.
Psaume 112
R/ Louez le nom du Seigneur : de la poussière il relève le faible.
- Louez, serviteurs du Seigneur, louez le nom du Seigneur ! Béni soit le nom du Seigneur, maintenant et pour les siècles des siècles ! R/
- Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ? Lui, il siège là-haut. Mais il abaisse son regard vers le ciel et vers la terre. R/
- De la poussière il relève le faible, il retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple. R/
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée 2, 1-8
La prière universelle de nos assemblés manifeste notre certitude que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés.
Bien-aimé, j’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. En effet, il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. Aux temps fixés, il a rendu ce témoignage, pour lequel j’ai reçu la charge de messager et d’apôtre – je dis vrai, je ne mens pas – moi qui enseigne aux nations la foi et la vérité. Je voudrais donc qu’en tout lieu les hommes prient en élevant les mains, saintement, sans colère ni dispute. – Parole du Seigneur.
Commentaire : L’habitude de la prière universelle dans nos rassemblements eucharistiques risque de nous en faire perdre le sens. Il ne s’agit pas de prier au hasard tout ce qui nous passe par la tête, mais de coller à l’actualité pour être des hommes et des chrétiens d’action dans le monde. Prier pour les chefs d’état et pour ceux qui ont la responsabilité du bien commun, ce n’est pas se démettre sur eux de ses responsabilités de citoyens. Savoir que Dieu veut sauver tous les hommes n’est pas une raison pour se croire quitte de tout effort missionnaire. Jésus Christ n’a pas agi ainsi, lui qui a porté témoignage jusqu’au sang, tant auprès des autorités romaines, en la personne de Ponce Pilate, qu’auprès de son peuple, de la volonté de salut de Dieu pour tous les hommes.
La prière universelle ne tient pas lieu d’action, mais, d’un autre côté, comment agir sans colère, et en toute pureté d’intentions, sans prière ?
Alléluia. Alléluia. Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 16, 1-13
Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’Argent, nous dit Jésus. Mais pour servir Dieu, mettons-nous autant
Pour la lecture brève, on omet le texte qui est entre crochets
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : [« Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : ‘Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant.’ Le gérant se dit en lui-même : ‘Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux.’ Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : ‘Combien dois-tu à mon maître ?’ Il répondit : ‘Cent barils d’huile.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.’ Puis il demanda à un autre : ‘Et toi, combien dois-tu ?’ Il répondit : ‘Cent sacs de blé.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu, écris 80’. Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.] Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » – Acclamons la Parole de Dieu.
Commentaire : Quelle situation désespérée pour ce gérant, qui ne sait pas très bien comment se convertir à un autre métier ! Le temps presse, il doit rendre des comptes. Alors, sans hésitations inutiles, il agit avec audace et rapidité. « Bravo, s’écrie Jésus, pour cet esprit de décision ! – Mais il vient de voler honteusement son maître ! – Je n’ai pas dit bravo pour l’escroquerie, mais bravo pour l’esprit de décision. Vous-mêmes, vous êtes-vous décidés aussi rapidement pour saisir la grâce de la conversion qui vous est offerte ? Pour vous aussi le temps presse, bientôt il sera trop tard. Vous voulez un exemple concret de conversion à faire ? Eh bien ! Cet argent dont vous risquez toujours de faire un si mauvais emploi, qu’attendez-vous pour vous en dépouiller au service des pauvres ? Vous hésitez ? N’avais-je pas raison de dire : Bravo pour son esprit de décision ? Vous comprenez la parabole, maintenant ? L’argent n’est qu’un exemple des biens que Dieu nous confie à gérer. Sur quel point particulier avons-nous à nous convertir, à ce propos ?
Nos responsabilités professionnelles et sociales, nos tâches éducatives, les services d’Église qui nous sont confiés… autant de situations où nous devons avoir « l’habileté des fils de lumière ». Cherchons-nous l’appui d’un partage en équipe de chrétiens pour discerner ensemble comment être habiles dans ces diverses situations ?
Homélie
Cette anecdote évangélique aux allures de fait-divers, nous avons l’impression de l’avoir lue hier dans notre journal. Cette histoire de gérant malhonnête ressemble, à s’y méprendre aux affaires d’aujourd’hui et de toujours, hélas !
Qu’est-ce que Jésus veut nous dire par cet étrange récit ?
- Eh bien ! Tout d’abord que nous sommes en situation d’urgence : l’imminence du renvoi du gérant malhonnête est destinée à nous faire réfléchir sur notre propre vie. Nous ne sommes pas, en effet, assurés d’être en parfaite sécurité à tous égards... Nous vivons sous l’imprécise et néanmoins constante menace d’évènements subits qui peuvent tout bouleverser : une maladie, des difficultés familiales, des accidents, des conflits locaux ou mondiaux etc... Bref, nous vivons dans une sorte d’insécurité : ce sur quoi nous appuyons nos certitudes ou nos insouciances actuelles peut vaciller à tout moment. Il nous faut trouver une planche de salut sans tarder « vite » comme dit l’Évangile.
Le gérant de la parabole a su faire face à une urgence dans sa vie. Nous aussi nous sommes invités instamment à nous montrer attentifs et avisés, mais d’une façon intègre, « en fils de lumière ». Nous recherchons alors davantage l’amitié de Dieu, richesse suprême, qui nous établit dans la vraie sécurité « d’être accueillis dans les demeures éternelles dès maintenant ». L'Évangile nous suggère également que la qualité des relations humaines (amour, amitié, solidarité) soit considérée comme une sécurité supérieure à l’accumulation d’un compte en banque.
- Autre rappel de cette parabole « nous ne sommes que des gérants ». Bien entendu, nous avons tous conscience d’être les légitimes propriétaires de ce que nous possédons. Mais à y regarder de plus près nous constatons que notre avoir est provisoire et relatif. Nous n’avions rien en arrivant sur la terre et nous repartirons dépouillés de nos biens matériel : « on n’emporte pas sa fortune dans son cercueil ». Nous avons, certes, acquis en partie ce dont nous jouissons, mais d’une certaine manière, nous n’en sommes que les dépositaires actuels. Nous devons donc, en ce qui concerne l’usage des biens matériels nous comporter en intendants de Dieu. Nous devons nous montrer bons et généreux avec des biens dont nous nous déclarons légalement propriétaires, et qui, en fait, sont ceux de notre Créateur et Maître. Il nous les a confiés, non pour en user et abuser égoïstement mais pour un usage solidaire.
- Troisième réflexion : vous avez remarqué que par 2 fois Jésus emploie cette expression : « l’argent trompeur ». La richesse matérielle est une façade, qui pour somptueuse qu’elle soit ne garantit pas qu’un homme soit foncièrement bon, intelligent et heureux. Elle est souvent un décor qui cache bien des misères morales et spirituelles. La vraie valeur d’une personne ne se mesure pas à ses avoirs. L’argent est trompeur en effet, car il fait croire aux pauvres que leur vie est sans intérêt parce qu’ils sont sans revenus... L’argent aussi est trompeur parce qu’au lieu de servir il peut asservir. Quand il s’empare d’un être humain, il devient son maître et son dieu, il provoque en lui de terribles dégâts, à l’instar d’une drogue, son cœur devient dur, impitoyable insensible à toute morale. L’argent peut conduire à un enfermement intérieur. Il pousse alors aux pires injustices, aux pires malhonnêtetés, et l’homme ainsi possédé devient un esclave.
Au nom de ce dieu qu’est l’argent que de désordres meurtriers sur notre planète : guère, violences de toutes sortes, prostitutions, exploitation... L’argent est capable de tout détruire : couples, familles, relations à tous les niveaux...
« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » dit Jésus. Dieu libère, l’argent tyrannise.
Et pourtant l’argent peut avoir un côté positif : c’est la leçon que Jésus nous demande de tirer de sa Parabole lorsqu’il dit : « Faites-vous des amis avec l’argent trompeur ».
Les banques nous incitent à souscrire des plans d’épargne en actions, le Seigneur, lui, nous propose d’investir dans des plans en bonnes actions, en donnant de notre superflu, en partageant selon nos moyens.
Je peux donc faire servir mon argent à aimer et à aider les autres. Si pour l’argent on peut faire beaucoup de mal, avec l’argent on peut faire tellement de bien.
Alors, la richesse qui, si souvent, détourne ou éloigne de Dieu devient chemin vers Dieu et source de bonheur partagé « jusque dans les demeures éternelles ».
Amen.
Prière universelle
Comme le père du fils prodigue, Dieu ne cesse de guetter les hommes et les femmes qui se rappellent sa bonté. Confions-lui les prières de tous les habitants de la terre.
R/ : Accueille au creux de tes mains la prière de tes enfants.
- En ce début d’année Pastorale, nombreux sont les enfants, les jeunes et les adultes à se préparer aux sacrements de l’initiation chrétienne. Pour que notre Église leur transmette la Bonne Nouvelle avec une joie renouvelée, ensemble prions le Seigneur. R/
- Donne à ton Église, Seigneur, d’être une vivante image de ta miséricorde, pour qu’aucun être humain ne puisse se sentir jugé et condamné par elle, mais plutôt accueilli et relevé, ensemble prions. R/
- Éclaire, Seigneur, les dirigeants des pays qui continuent à pratiquer la peine de mort. Qu’ils reconnaissent que personne n’a le droit d’ôter la vie et que tout être humain peut se relever après être tombé, avec le pape François ensemble prions. R/
- Rends-nous attentifs, Seigneur, à tous ceux qui souffrent de l’exclusion : à cause du handicap, de la pauvreté, de leur origine géographique ou de la maladie. Rends-nous capables de comprendre et de partager leur peine, d’aller vers ceux et celles qui se croient loin de toi, de les accueillir comme ils sont et à leur faire connaître ton amour. Ainsi notre communauté pourra se réjouir et louer Dieu avec ceux qui reviennent vers Lui. Nous te prions. R/
Père de tendresse, toi qui souffres à la vue d’hommes et de femmes en proie à la détresse et la tristesse, daigne exaucer nos prières. Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen.
Source de la P.U. : https://www.saintvincentdepaul-saintmalo.fr/