Comme ils faisaient voile vers la Crète, le navire fut pris dans une terrible tempête. Le vent hurlait autour du frêle bateau et des vagues énormes déferlaient sur le pont. L’équipage et les passagers hissèrent la chaloupe de sauvetage et, pour délester le bateau, se mirent à jeter par-dessus bord la cargaison et le gréement. La tempête fit rage pendant plusieurs jours, avec une telle violence que les matelots ne distinguaient plus le jour de la nuit. Les passagers et l’équipage étaient paniqués et épuisés, et tout espoir de salut s’était évanoui. Alors Paul rassembla tout le monde et dit : « Il fallait m’écouter ; cela nous aurait épargné ces périls et ces dommages. Mais n’ayez pas peur ! La nuit dernière, Dieu s’est adressé à moi. Il me l’a promis, aucun de nous ne périra ». Deux semaines plus tard, le navire était encore ballotté sur la mer quand, dans la nuit, les matelots pressentirent qu’on approchait de la terre. Ils lancèrent la sonde et virent que l’eau était moins profonde. L’équipage jeta l’ancre, projetant secrètement de s’enfuir dans la chaloupe dès qu’il ferait jour. Mais Paul, sachant ce qu’ils allaient faire, avertit le centurion : « Si ces hommes ne restent pas sur le navire, vous ne pourrez être sauvés ». Alors les soldats coupèrent les amarres et laissèrent la chaloupe s’éloigner sur la mer. En attendant le lever du jour, Paul engagea tout le monde à manger : « Voici deux semaines que vous luttez contre la tempête et vous avez à peine mangé. Vous avez besoin de reprendre des forces en prévision de ce qui vous attend. Dieu l’a promis, nous survivrons tous ». Puis il prit un peu de nourriture, remercia Dieu et se mit à manger.
Quand le jour parut, ils aperçurent une baie avec une plage. Ils levèrent l’ancre, espérant que le navire les porterait jusqu’à la plage. Mais il toucha un haut-fond et commença à se disloquer. Julius, le centurion, hurlait des ordres : « Que ceux qui savent nager se jettent à l’eau ! Quant aux autres, qu’ils gagnent la plage en s’accrochant aux planches ». Ils obéirent, et c’est ainsi que deux cent soixante-seize personnes parvinrent à terre saines et sauves. Les naufragés découvrirent qu’ils se trouvaient sur l’île de Malte. Les indigènes les traitèrent avec amitié, autour d’un bon feu qu’ils avaient allumé pour les survivants transis de froid. Le gouverneur romain, qui vivait à proximité de la côte, les hébergea pendant trois jours. Le père du gouverneur était justement malade, et Paul lui offrit son aide. Il pria d’abord, puis imposa les mains sur le vieillard et le guérit. Si bien que tous les malades de l’île vinrent à lui et furent guéris. Les habitants prirent grand soin d’eux et, quand ils partirent, leur donnèrent des provisions pour le voyage. Les prisonniers et l’équipage poursuivirent leur voyage. Enfin, après toutes ces péripéties, Paul arriva à Rome.
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