Le Père Auffray, grand biographe de Don Bosco, écrit : « Au milieu de ses camarades, Dominique était le pacificateur, qui se jette au cœur d’une querelle pour la faire tomber avec quelques mots calmants. Il était la providence des nouveaux, des isolés, des timides, qui traînent, mélancoliques, en pensant à leurs mères. Il était l’ange gardien des durs, des mal notés, essayant des les approcher, de s’en faire aimer pour les amener à une meilleure vie. Il était le bon camarade qui, non seulement ne refuse aucun service, mais court au devant des désirs, des besoins, comme quand il se privait de récréation pour apprendre à lire à un jeune défavorisé. Il était l’âme des récréations, sachant très bien l’importance éducatrice que leur donnait Don Bosco. Et l’amour spontané qu’il portait à ses camarades, poussait plus loin jusqu’aux racines profondes de leurs âmes, qu’il conviait fréquemment à la prière, à la visite au Saint-Sacrement, et au sacrement de l’amitié qui pardonne ».
C’est en raison de tout cela que Dominique goûte aux joies de l’amitié profonde notamment avec Camille Gavio et Jean Massaglia. Ensemble, ils s’entraînent à devenir saint et vivent dans la plus grande disponibilité à la volonté de Dieu.
Durant toute sa vie, Dominique a une seule préoccupation : rayonner la lumière du Christ et de Notre-Dame. C’est la plus belle preuve d’amitié qui existe… Au milieu de ses compagnons, il est celui qui parle du Christ, celui que tous écoutent et regardent avec admiration. La joie chrétienne rayonne en lui. Il suffit de le regarder sourire, de l’observer à la chapelle, en classe et dans la cours de récréation pour découvrir que Jésus est la Lumière, la Vie et la Joie.
Pour entraîner les meilleurs de ses camarades sur le chemin de la vertu, il fonde la « Compagnie de l’Immaculée Conception ». Sous la bannière de la Vierge Marie, ce groupe de choc transforme rapidement tout l’Institut. Ce fait de la vie de Dominique nous rappelle que la victoire sourit à ceux qui ont la volonté de réussir, à ceux qui s’en remettent totalement à Notre-Dame. Peu importe le nombre !
Dominique, apôtre de Jésus-Hostie
Toute la vie de saint Dominique Savio est centrée sur Jésus-Hostie. C’est dans la Messe et la Communion qu’il puise son grand esprit de sacrifice, sa joie, son dévouement envers ses compagnons. Après sa communion, son action de grâces est interminable et si fervente : il oublie tout le reste pour se donner tout entier à Jésus présent en lui.
Pendant la journée, Dominique rend souvent visite à Jésus-Hostie. C’est un vrai bonheur pour lui de passer une heure en adoration devant le Saint-Sacrement. Au moins une fois par jour, il fait sa visite et invite quelques-uns de ses amis à l’accompagner. Pendant ce temps, il aime particulièrement réciter le chapelet du Sacré-Cœur, destiné à réparer les injures que Jésus reçoit dans son sacrement de la part des hérétiques, des infidèles et des mauvais chrétiens. Dominique prend part à toutes les cérémonies en l’honneur du Très Saint-Sacrement. S’il lui arrive de rencontrer un prêtre qui porte le saint Viatique (c’est la dernière communion que reçoit le mourant), il se met à genoux, et si possible l’accompagne jusqu’à la fin de la cérémonie.
Un jour, Dominique rencontre le saint Viatique par temps de pluie. Ne voyant pas d’autre endroit sec, il s’agenouille dans la boue. Un de ses compagnons lui en fait la remarque et lui dit : « Il n’est pas nécessaire de salir ainsi ses vêtements. Dieu ne demande pas cela ».
Dominique lui répond simplement : « Genoux et pantalons appartiennent à Dieu et doivent être employés à son service et à sa gloire. Quand je passe près de lui, je suis près à me jeter dans la boue pour lui faire honneur. Je me précipiterais même dans une fournaise afin de participer à ce foyer de charité qui le porte à se donner à nous avec tant d’amour ».
La grande découverte de Dominique : SAINTETE = JOIE !
Un sermon inoubliable
De la chaire de vérité de l’église Saint François de Sales, Don Bosco fait un jour à son groupe d’étudiant un sermon sur la sainteté. Son plan tient en trois points. Dieu veut que vous deveniez des saints, il est facile d’y parvenir, une immense récompense est réservé à qui y réussit. Les étudiants sont très attentifs. Cependant, un garçon vient d’être littéralement bouleversé, c’est Dominique Savio. On admire ici la foi et l’audace surnaturelle de Don Bosco. Ce prêtre éducateur vise haut : comme saint Paul, il n’hésite pas à parler de sainteté à ses garçons, de sainteté exigeante dans la simplicité du devoir de chaque jour. La découverte consciente de cet appel secoue Dominique tout entier : Dieu le veut ! Un immense horizon vient soudain de s’éclairer soudain, dont son regard passionné d’adolescent ne pourrait plus se détacher. « Le Seigneur veut donc que je devienne un saint, moi, Dominique Savio, avec ma vie de petit étudiant chez Don Bosco ! » Qu’entend-il par « devenir un saint » ? Non pas évidemment être canonisé un jour. Il le traduit lui-même ainsi : « Me donner TOUT ENTIER au Seigneur ». C’est donc un appel à un don plus total encore, à un continuel dépassement dans l’amour. Logique, il conclut : « Je puis et je dois être un saint ! » Dominique ajoute enfin : « Je sens le besoin absolu d’être un saint et je le veux absolument ». Il a compris que la sainteté, en même temps qu’un don, est une conquête. Il y mettra le prix.
Avec l’aide de Don Bosco...
Dans son élan premier, Dominique s’engage sur une mauvaise piste. Il lui semble qu’il ne peut donner à Dieu un amour sans limite qu’en reproduisant ces gestes dont on parle habituellement dans la vie des saints. Il fait de rudes pénitences corporelles, prolonge sans répit ses heures de prières et de méditation. En même temps, un air préoccupé, un silence étrange ont remplacé le sourire et la vivacité habituels. Alors Don Bosco intervient avec trois consignes précises : du calme ; sourire et vivacité doivent reparaître et se maintenir ; enfin fidélité à l’ordinaire du devoir d’état, dont un point important est la présence active à toutes les récréations. Remis sur le bon chemin, Dominique épanouit sa volonté de sainteté. Le don total : c’est désormais son mot d’ordre, dans la droite ligne de sa phrase célèbre « Mourir plutôt que de pécher ». Il en voit toute l’exigence inscrite dans son prénom : Dominique : « qui est tout au Seigneur ». Il y découvre le sens même du reste de sa vie et de sa joie : « Si je ne me fais pas saint, je ne fais rien... Je serai triste tant que je ne serai pas saint ! ».
Une sainteté entraînante...
L’élan nouveau de Dominique va augmenter sa joie, se voir sur son visage. Il est le plus joyeux des garçons de l’oratoire. Le voilà maintenant qui pourchasse la tristesse au front de ses compagnons. Quel est donc ce nouveau qui dans un coin là-bas traîne sa solitude. C’est Camille Gavio, un gars disposé à suivre le programme de vie de Dominique. Celui-ci le lui expose en une formule rayonnante : « ICI NOUS FAISONS CONSISTER LA SAINTETE A NOUS MAINTENIR TRES JOYEUX ». Notre mot d’ordre est : « Servez le Seigneur dans la joie ». Cette belle aventure de la sainteté t’est proposée.
Dès aujourd’hui, prends la décision de marcher résolument à la suite du Christ en prenant saint Dominique Savio pour modèle. Prie-le souvent. Demande-lui de te communiquer sa joie et d’avoir l’horreur du péché. Fort de son soutien, ton école sera ton champ d’action, ton terrain de manœuvre. Tu seras véritablement un apôtre si tu fais très bien chaque jour ton devoir d’état, si tu participes activement aux jeux (loyauté, bonne humeur...), si tu offres à Dieu chacune de tes actions. Chaque soir, pendant ton examen de conscience, pose-toi la question suivante : « Ai-je rayonné la joie du Christ autour de moi » ?
Chevalier de l’Immaculée
C’est toujours la Vierge Marie qui conduit à Jésus : il n’y a pas de chemin plus lumineux ! Parmi les enseignements que nous apporte Dominique, il y a celui du rôle de Marie dans la montée spirituelle d’un jeune chrétien. « La vie de Dominique, écrit Don Bosco, fut un exercice continu de dévotion envers la Madone ». Il est surtout fasciné par deux traits du visage de Notre-Dame : la Vierge Immaculée et la Mère des douleurs. Ces deux aspects, longuement contemplés, ont marqués la vie spirituelle de Dominique. Ils ont creusé en lui la soif de la sainteté, l’horreur du péché et un esprit de sacrifice poussé jusqu’à l’héroïsme. Dominique Arrive chez Don Bosco quelques semaines avant la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception. Cette fête est une des sommets de sa vie. « Au soir du 8 décembre, écrit Don Bosco, Dominique sa rend à la chapelle à l’autel de Marie. Avec l’approbation de son confesseur, il renouvelle les promesses de sa première communion, redisant sans se lasser : Marie, je vous donne mon cœur, faites-moi mourir plutôt que de me laisser commettre un seul péché ».
Après sa consécration,
Dominique marche résolument vers la sainteté. Avec la Vierge Immaculée, il lutte et triomphe. Avec elle, il engage le combat victorieux de la pureté qui auréole sa vie d’un grand éclat. Grâce aux paroles et au zèle de Don Bosco, Dominique découvre le prix des âmes. Au milieu de ses compagnons, il constate la triste réalité du péché. Chaque jour, il revit avec Jésus à la Messe le sacrifice de la croix. De plus en plus, Dominique médite sur la Passion de Notre Seigneur. Il médite aussi sur les souffrances de la Vierge marie au pied de la croix. Elle accepte tout avec son Divin Fils pour le salut du monde. Une aspiration de plus en plus pressante se fait dans l’âme de Dominique : ressembler à Jésus sur la croix, donner toute sa vie pour le salut du monde, pour la conversion des pécheurs, pour le salut de ses compagnons. Il veut aussi consoler Jésus et Marie. Ainsi, Don Bosco le voit pleurer devant un crucifix et au pied de Notre-Dame des douleurs. Dominique comprend que les âmes s’achètent surtout par la souffrance. Il se lance alors avec beaucoup d’ardeur dans la voie du sacrifice, cherchant des mortifications de plus en plus rudes.
Au soir de sa courte vie, la Vierge Immaculée, la Vierge des douleurs vient elle-même chercher son jeune protégé. « Que c’est beau, ce que je vois… » s’exclame Dominique avant de mourir.
Mourir joyeux à 15 ans
Don Bosco a beau faire : régime d’étude au ralenti, repos, suralimentation, consultations médicales…, il ne peut enrayer le mal. Dominique est sans illusion, il sait qu’il va mourir. En janvier et février 1857, les signes de faiblesses se multiplient et les médecins ordonnent le repos complet au grand air du pays natal. Don Bosco écrit donc à Mondonio pour qu’on vienne chercher le jeune malade le dimanche 1er mars.
Une dure séparation
Au matin de ce jour, Dominique met en ordre ses affaires spirituelles par une confession et une communion radieuse. Il range ensuite pour toujours ses cahiers et voit ses camarades un par un pour un dernier sourire. Ensuite, il préside une réunion spéciale des Compagnons de l’Immaculée et donne les conseils ultimes… Il reste Don Bosco… Quel déchirement pour ces deux cœurs qui s’aiment d’une tendresse si forte et si surnaturelle. Dominique souhaite mourir à l’Oratoire. En effet, pour passer dans les bras de Dieu, qu’y a-t-il de mieux que les bras de Don Bosco ?
Dominique demande ensuite au grand éducateur comment sanctifier ses dernières souffrances et sa mort, et s’il peut du ciel être présent encore à l’Oratoire :
- Du Paradis, pourrai-je voir mes camarades et mes parents ? - Bien sûr, tu les verras ! Et tout ce qui se passera ici. Et milles autres choses infiniment plus belles ! - Pourrai-je venir leur rendre visite ? - Mais oui, si cela tourne à la plus grande gloire de Dieu !
A Mondonio, tout va bien pendant quatre jours. Puis Dominique doit se coucher. Le jeudi ou le vendredi, le médecin prescrit dix saignées (ce remède consiste à faire couler le sang dans l’espoir d’éliminer le mal).
- Papa, dit Dominique, j’ai surtout besoin du médecin du ciel. On appelle donc le curé pour la confession et la communion. Seul Dominique sait que ce sont les dernières. Fort du secours de Dieu, sa joie éclate : « Jésus, Marie, vous êtes mes amis. Je ne crains rien. Quand on a Jésus pour ami et compagnons, on n’a peur de rien, pas même de la mort ! Vous le direz à tous ».
Au matin du lundi suivant, le 9 mars, le Docteur Cafasso vient faire sa dernière saignée : « Cette fois, prononce t-il d’un air entendu, nous y sommes ! Le mal est vaincu. Il faut maintenant penser à la convalescence ». Dominique se met alors à rire et réplique : « Le monde est vaincu ! Il met reste à paraître dignement devant Dieu ! »
Le monde est vaincu : quel mot ! Celui même de Jésus entrant dans sa Passion. Comme son Maître, Dominique chante la victoire de la vie et de l’amour sur la mort.
Il demande ensuite l’extrême-onction qu’on lui apporte pour ne pas le contrarier. Dans la soirée, après un long moment d’assoupissement, Dominique se réveille et dit soudain : « Papa, c’est le moment ! Lis-moi les litanies de la Bonne Mort ! » Bouleversé, le père s’exécute. Mais pour Maman Brigitte, c’est trop d’émotion : elle sort pleurer dans l’escalier.
Les prières finies, Dominique semble de nouveau s’endormir. Il ouvre ensuite ses grands yeux clairs et sa voix joyeuse retentit dans la chambre :
- Adieu cher papa, adieu ! Oh ! Comme c’est beau ce que je vois !
Et sans un mouvement, il s’endort pour entrer dans la joie de son Maître. Il a 14 ans et 11 mois. Le lendemain, monsieur Savio écrit à Don Bosco : « Mon petit Dominique, ce lis tout blanc, ce Louis de Gonzague, est mort… ». Sait-il que le 9 mars est l’anniversaire de la naissance de saint Louis de Gonzague (9 mars 1668) ? Comme son prédécesseur et modèle, Dominique entre au paradis vêtu de la robe intacte de son baptême.
Quatre miracles de Dominique
Pour sa béatification, il guérit deux enfants
Le 22 mars 1927,
Au village de Siano, près de Naples, le Albano Sabatino, âgé de sept ans est mourant. Le médecin diagnostique une septicémie avec début de méningite. Après son départ, une relique de Dominique est placée sous l’oreiller du jeune garçon. Aussitôt, Albano se calme et semble plongé dans un profond sommeil. Il se réveille dans la matinée en pleine connaissance et demande ses jouets. Le médecin constate la stupéfiante nouvelle. Enquête et radios aboutissent au même résultat : Albano est guéri.
Le 1er mars 1936, la jeune Consuelo Adelantado joue au ballon chez les Sœurs de Don Bosco à Barcelone. Soudain, elle glisse et tombe lourdement sur le côté gauche. Le médecin constate plusieurs fractures et déclare l’opération dangereuse. Dans la nuit du 22 mars, la jeune fille se confie à Dominique. Le vendredi suivant son bras est complètement guéri.
Pour sa canonisation, il guérit deux mamans
Maria Parcelli, mère de six enfants consulte un médecin et un chirurgien le 23 mars 1950. Troubles cardiaques avec hémorragie interne déclarent les docteurs. Une intervention chirurgicale s’impose. La famille jugeant le cas désespéré s’y oppose et appelle un prêtre. Le médecin traitant, qui a lu la veille une Vie de Dominique, propose aux assistants de lui demander un miracle pour que les six enfants gardent leur mère. Le lendemain, la malade est guérie. Une visite à l’hôpital confirme le prodige.
Dans le sud de l’Italie, à Lecce, en 1950, Antoinette Nicelli, a des douleurs à la mâchoire supérieure. Un traitement à la pénicilline la calme momentanément mais le mal reparaît sous forme de sinusite aiguë. Tous les traitements sont inefficaces. Le 8 mars 1950, le mari de la malade lui apporte un journal illustré. Antoinette l’ouvre et voit une image de Dominique dont la fête est le lendemain. Elle lui demande aussitôt de ne pas faire de ses quatre enfants des orphelins. Le lendemain, elle est guérie.