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31 mars 2022 4 31 /03 /mars /2022 17:00

Année C

Lecture du livre d’Isaïe 43, 16-21

Même si nos cœurs sont arides comme le désert, Dieu y fera passer les fleuves de son amour et de sa vie.

Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit un chemin dans la mer, un sentier dans les eaux puissantes, lui qui mit en campagne des chars et des chevaux, des troupes et de puissants guerriers ; les voilà tous couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, consumés comme une mèche. Le Seigneur dit : « Ne faites plus mémoire des événements passés, ne songez plus aux choses d’autrefois. Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. Les bêtes sauvages me rendront gloire – les chacals et les autruches – parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer mon peuple, celui que j’ai choisi. Ce peuple que je me suis façonné redira ma louange ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : Ce n’est pas seulement autrefois, au temps de l’esclavage d’Égypte, que Dieu s’est montré un Dieu sauveur. C’est aujourd’hui qu’il sauve les siens en exil et renouvelle ses prodiges pour les libérer. Le désert de Syrie qu’ils traverseront pour rentrer en Palestine sera jalonné d’oasis, tant il est vrai que Dieu peut rendre vie et espérance aux cœurs les plus secs et les plus arides.

Dieu veut faire fleurir les cœurs désertés, par l’espérance et la joie, par l’amour et le pardon des offenses. Qui leur révélera qu’il est la source d’eau vive ?

Psaume 125

R/ : Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête !

  • Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve ! Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie. R/
  • Alors on disait parmi les nations : « Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! » Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! R/
  • Ramène, Seigneur, nos captifs, comme les torrents au désert. Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie. R/
  • Il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence ; il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes. R/

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens 3, 8-14

Plus rien ne compte pour Paul que de s’efforcer de connaître Jésus Christ qui, le premier, s’est saisi de lui.

Frères, tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ, et, en lui, d’être reconnu juste, non pas de la justice venant de la loi de Moïse mais de celle qui vient de la foi au Christ, la justice venant de Dieu, qui est fondée sur la foi. Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa Passion, en devenant semblable à lui dans sa mort, avec l’espoir de parvenir à la résurrection d’entre les morts. Certes, je n’ai pas encore obtenu cela, je n’ai pas encore atteint la perfection, mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, puisque j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus. Frères, quant à moi, je ne pense pas avoir déjà saisi cela. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Tout ce qui apparaissait auparavant à Paul comme une réussite humaine, que ce soit la pureté de son origine juive, son éducation religieuse, sa fidélité à observer la Loi, ou sa conception de la vie, ne compte désormais pour rien au regard de la rencontre du Christ qui a bouleversé sa vie. C’est à un complet renversement des valeurs de son existence qu’assiste Paul. Il n’a plus qu’un seul but : se laisser conduire et modeler par le Christ, n’attacher du prix qu’à ce qui compte pour lui. C’est vraiment laisser mourir l’homme qu’il était, pour vivre en homme nouveau, à la manière dont le Christ lui-même a vécu.

Quel sens nouveau le Christ apporte-t-il à notre vie de famille, à notre travail, à nos engagements au service du monde et de l’Église.

Gloire à toi, Seigneur. Gloire à toi. Maintenant, dit le Seigneur, revenez à moi de tout votre cœur, car je suis tendre et miséricordieux. Gloire à toi, Seigneur. Gloire à toi.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 8, 1-11

Ceux qui étaient pécheurs n’osent jeter la première pierre ; celui qui est sans péché ne sait que pardonner et remettre en route.

En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre ». Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur ». Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : « Moïse nous a ordonné… et toi, qu’en dis-tu ? Sollicité d’être un nouveau Moïse, Jésus accepte d’écrire sur le sol de nouvelles tables de la Loi, sur lesquelles ne figure qu’un seul commandement : Tu aimeras comme Dieu t’aime. Alors, les gens honnêtes, les observateurs les plus scrupuleux des dix commandements de Moïse, se découvrent soudainement pécheurs, non plus au regard d’une morale, mais devant le Dieu vivant révélé par ce nouveau Moïse. Et, pour les pécheurs et les adultères, il est si bouleversant et si surprenant de se savoir aimés et pardonnés malgré leur misère qu’une vie nouvelle s’ouvre devant eux : « Va et désormais ne pèche plus ».

« Et toi, qu’en dis-tu ? » demandent les pharisiens à Jésus. Nous, que disons-nous de ce Dieu qui ne jette pas la première pierre que lui seul est en droit de jeter ?

Homélie

Le récit que nous venons d'entendre se situe dans des circonstances semblables à celles qui provoquèrent la Parabole de l’Enfant prodigue : nous retrouvons les mêmes bien-pensants (scribes et pharisiens), scandalisés des fréquentations de Jésus. Cette fois, ils cherchent à le confondre en lui amenant une femme surprise en flagrant délit d’adultère. Se référant à un article de la Loi de Moïse, stipulant que ces femmes-là devaient être lapidées (loi qui d’ailleurs n’était plus appliquée depuis longtemps), ils interpellent Jésus : « Et toi qu’en dis-tu ? » Nul n’ignore, en effet, que Jésus a remis en honneur l’indissolubilité du mariage afin de sauver l’amour de ses inconstances : « Que l’homme ne sépare pas... » Jésus à également, très nettement et très fermement condamné l’adultère, allant même jusqu’à préciser que le consentement intérieur ou désir mauvais était déjà un péché : « Qui regarde une femme avec convoitise a déjà, dans son cœur commis l’adultère avec elle ».

Les scribes et les pharisiens savent que Jésus aime les pécheurs et qu’il est aimé d’eux... Le procès qu’ils font à la femme adultère n’est au fond, qu’un prétexte pour prendre Jésus au piège et avoir ensuite un sérieux motif d’accusation contre lui : s’il condamne cette femme à mort il détruit l’image de miséricorde qu’il donnait aux pécheurs et faisait sa popularité, une popularité toute de tendresse et de bonté). S’il acquitte cette pécheresse, il transgresse la loi divine et il est passible de mort pour blasphème contre Dieu qui interdit ce péché... Ainsi, c’est déjà le procès de Jésus qui se profile derrière le procès de cette femme.

La réaction de Jésus est très étonnante. Il ne répond pas ; il se baisse et se met à écrire sur le sol. C’est certainement, de sa part, une attitude de délicatesse... Il ne veut pas lever son regard sur cette femme car il sait combien elle est humiliée... L’attitude silencieuse de Jésus s’explique aussi par le fait qu’il se refuse toujours à prendre parti au niveau des analyses humaines des événements. Il se place toujours à un niveau supérieur, il voit les choses d’en-haut. Et une fois de plus, il va le prouver. Devant l’insistance de ses interrogateurs (qui croyant le tenir ne veulent pas lâcher prise) il finit par se redresser et d’un air engagé, mais ferme, il lance la fameuse phrase : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ». Autrement dit il les renvoie à leur propre conscience. Et c’est ainsi que Jésus élève le débat en rappelant qu’aux yeux de Dieu tous les hommes sont pécheurs et qu’ils ont tous besoin, par conséquent, d’être pardonnés.

N’est-ce pas d’ailleurs un des leitmotive de son enseignement ? De nouveau il se courbe et se remet à écrire sur la poussière des dalles. Le silence s’épaissit. Comme jaillit des yeux de Jésus une lumière, une grâce de lucidité entre dans ces sépulcres blanchis que sont les accusateurs... ils se voient tels qu’ils sont... et alors ils se retirent l’un après l’autre en commençant par les plus vieux note avec humour l’évangéliste. Le vide s’est fait. Pendant ce long silence la femme a eu le temps, elle aussi, de réfléchir à sa propre culpabilité. Peut-être qu’elle n’avait jamais vraiment réalisé la gravité de ses fautes. En face de cet homme qui n’est que bonté et pardon, elle découvre soudain ce qu’est l’amour véritable. Elle pleure peut-être... Elle est déjà sauvée : elle n’est plus adultère, elle est purifiée...

« Je ne te condamne pas ». Qu’il nous est bon d’entendre cette parole frères et sœurs : nous sommes tellement portés à condamner et nous le faisons avec une telle dureté et parfois avec une telle injustice. Qui sommes-nous pour condamner ? Jésus, le seul être sans péché, lui, ne condamne pas. On ne saurait cependant l’accuser de complicité, de faiblesse et de libéralisme. Son horreur du péché est sans limites, mais aussi sans limites de miséricorde pour le pécheur. Et c’est précisément parce qu’à ses yeux le péché est le pire des malheurs, qu’il veut en libérer le pécheur. Or cette libération, nous le savons, il nous l’a acquise au prix de son sang, en offrant son sacrifice d’amour sur la croix. C’est tout le sens du Mystère de la Rédemption que nous allons bientôt célébrer au cours de la Semaine Sainte.

Cette merveilleuse rédemption qui, notons-le bien n’est pas seulement libération du péché, elle est aussi et surtout re-création, mort du « vieil homme » pour que vive et s’épanouisse en nous « l’homme nouveau », c’est-à-dire le Christ lui-même. Et cette grâce surabondante qui a jailli du cœur blessé de Jésus, elle est à notre entière disposition. L’Eglise a pour mission de nous la communiquer par le canal des sacrements : par l’Eucharistie, tout d’abord qui est l’actualisation du mystère pascal, l’Eucharistie qui nous fait communier au Christ crucifié et glorifié, mais aussi par ce sacrement de pénitence (qui est si peu estimé de nos jours) et auquel il nous faut absolument revenir (surtout à l’occasion des fêtes pascales) parce que c’est l’instrument irremplaçable de notre progrès spirituel, le sacrement qui nous éduque au sens du péché et aussi au sens du pardon et de la réconciliation vis-à-vis de nos frères.

Puissions-nous, chers frères et sœurs, en méditant l’Évangile de ce jour, mieux prendre conscience que, tous qui que nous soyons, nous avons d’une manière ou d’une autre (et cela bien des fois) manqué d’amour envers notre Dieu ; nous ne lui avons pas été fidèles... Mais ce Dieu d’infinie tendresse, ce Dieu vulnérable que nous blessons quelquefois si fort ne se lasse jamais de nous aimer et de pardonner à nos cœurs repentants qu’il baigne dans le sang purificateur de son Fils Bien-aimé, pour qu’ils soient entièrement renouvelés dans l’amour capables d’une plus grande fidélité et d’une plus grande générosité dans l’accomplissement de la volonté de Dieu.

Et c’est ainsi que sans cesse guéris de nos blessures et relevés de nos chutes, nous pouvons progresser sur la route qui mène vers cette Maison du Père, notre Maison d’Éternité où nous sommes attendus... Car il n’y a qu’une chose qui compte : comme saint Paul nous l’a rappelé tout à l’heure : oublier ce qui est en arrière, être tendus vers l’avant, courir vers le but pour remporter l’inimaginable récompense que Dieu notre Père nous réserve dans les splendeurs de son Paradis de Béatitudes et de Gloire.

Amen.

Prière universelle

Seigneur, entends la prière qui monte de nos cœurs. Tu t’es abaissé pour nous relever. Toi qui pardonnes sans te lasser, qui nous espères patiemment, entends notre prière :

R/ : Seigneur, entends la prière qui monte de nos cœurs

  • « Personne ne t’a condamnée ? Moi non plus, je ne te condamne pas. Va. Et désormais ne pèche plus ». Nous te confions ton Église, Seigneur. Elle est là pour te servir ; pourtant il peut lui arriver parfois de te blesser en blessant l’Homme. Aide-la, aide-nous, à servir ta miséricorde et la justice. Pardonne-lui, Seigneur. Qu’amour et vérité se rencontrent. R/
  • « Tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère comme une perte à cause de ce bien qui surpasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur ». Nous te prions, Père de tout amour, pour les responsables politiques et économiques de notre terre. Donne-nous le courage et la force d’avancer vers le Bien de tous. R/
  • « Ramène, Seigneur, nos captifs, comme les torrents au désert ; qui sème dans les larmes moissonne dans la joie ». Nous te confions, Esprit de tendresse et de liberté, les personnes que nous aimons, et celles que nous n’aimons pas assez, captifs de la maladie, de la misère, d’addictions ou d’elles-mêmes peut-être. Qu’elles rencontrent Celui qui les fera regarder de l’avant, vers la vie et la joie de te servir. R/
  • « Je vais faire passer un chemin dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, et ce peuple redira ma louange ». Tu connais, Jésus, nos lieux arides, nos déserts, seuls avec nous-mêmes, seuls avec nos errances et les regards qui condamnent. Ouvre ton assemblée, les couples qui cheminent vers la vie, les pèlerins qui cherchent ta Joie, et tous tes amis, à ton regard aimant et pardonnant. R/

Dieu miséricordieux, qui patiente et nous espère inlassablement, que nous soyons celle qui naîtra un jour de ton pardon, « va, et ne pèche plus, … va, vis, et deviens ». Nous te le demandons, à toi qui vis pour les siècles des siècles. Amen.

Source de la P.U. : Père Olivier de Framond http://paroissefachesthumesnil.over-blog.com

Lectures du 5ème dimanche de Carême en DOCX et PDF

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25 mars 2022 5 25 /03 /mars /2022 21:02

Année C

Lecture du livre de Josué 5, 10-12

La traversée du Jourdain par les Israélites marque le passage de la terre d’esclavage au pays de la liberté : elle est une Pâque nouvelle.

En ces jours-là, le Seigneur dit à Josué : « Aujourd'hui, j'ai enlevé de vous le déshonneur de l'Égypte ». Les fils d’Israël campèrent à Guilgal et célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois, vers le soir, dans la plaine de Jéricho. Le lendemain de la Pâque, en ce jour même, ils mangèrent les produits de cette terre : des pains sans levain et des épis grillés. À partir de ce jour, la manne cessa de tomber, puisqu’ils mangeaient des produits de la terre. Il n’y avait plus de manne pour les fils d’Israël, qui mangèrent cette année-là ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Jusque-là peuple de nomades, les Hébreux, en entrant en Canaan vont devenir un peuple de sédentaires. Ils vont passer d’une civilisation à une autre, d’un monde culturel à un autre. Cela comporte bien des dangers d’idolâtrie, bien des risques de compromettre la révélation divine avec les valeurs nouvelles qu’ils vont découvrir. Dieu pourtant ne l’entend pas ainsi : cette mutation de civilisation est un pas en avant, la fin du déshonneur de l’esclavage d’Égypte. Et si la fête de Pâques comporte maintenant, en plus de l’agneau des nomades, les pains sans levain et les épis grillés des cultivateurs, n’est-ce pas que tout peut devenir action de grâces, y compris le monde nouveau que veulent bâtir les hommes ?

De profondes mutations ont marqués notre monde, notre civilisation et l’Église. Il nous faut prendre à bras le corps ce monde nouveau pour lui révéler l’Évangile.

Psaume 33

R/ : Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !

  • Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. Je me glorifierai dans le Seigneur : que les pauvres m’entendent et soient en fête ! R/
  • Magnifiez avec moi le Seigneur, exaltons tous ensemble son nom. Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs, il me délivre. R/
  • Qui regarde vers lui resplendira, sans ombre ni trouble au visage. Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. R/

Lecture de la seconde lettre de saint Paul aux Corinthiens 5, 17-21

Frères, si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné le ministère de la réconciliation. Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui : il n’a pas tenu compte des fautes, et il a déposé en nous la parole de la réconciliation. Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. – Parole du Seigneur.

Commentaire : À l’état de crainte et de mauvaise conscience qui empoisonnait les relations entre les hommes et Dieu a succédé une situation nouvelle pour qui vit dans le Christ : celle de pécheur réconcilié. Le tout vient de Dieu. Il prend l’initiative d’envoyer comme Réconciliateur le Christ, qui lui-même se choisit des hommes pour leur confier la parole de réconciliation en quoi se résume Bonne Nouvelle.

C’est Dieu qui « mettait dans notre bouche la parole de la réconciliation », écrit l’apôtre. Si je savais, Seigneur, apporter la paix du cœur à ceux qui me font leurs confidences, réconcilier avec eux-mêmes et avec leurs frères ceux que tourmente la rancune, et révéler à tous la joie de se savoir aimé et pardonner de Dieu ; alors je serais ton ambassadeur !

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 15, 1-3. 11-32

En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.’ Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : ‘Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.’ Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.’ Mais le père dit à ses serviteurs : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent à festoyer.

Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : ‘Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.’ Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !’ Le père répondit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! » – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Le plus jeune fils représente bien, aux des pharisiens, les pécheurs et les publicains que fréquente Jésus. Après avoir quitté son père dans un geste d’ingratitude manifeste, il est tombé dans la pire d’échéance pour un juif : garder des cochons, ces animaux impurs d’après la Loi. Son retour n’est pas dû d’ailleurs à une vraie contrition, mais seulement à la faim qui le tenaille. Oui, ce sont bien là les gens que Jésus fréquente ! Quelle révélation pour les pharisiens d’apprendre que Dieu se fait une telle fête du retour du pécheur à qui il n’a jamais refusé sa tendresse et son amour ! Comme ils se reconnaissent bien aussi dans l’indignation du fils aîné : « Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres… » Hélas ! Il s’est jugé lui-même comme un serviteur, et non comme un fils. Il n’est même pas un frère comme le prouve sa remarque méprisante : « Ton fils que voilà », que son père relève si discrètement : « Ton frère que voilà ». Allons, la fête bat son plein pour le retour du prodigue, serait-ce fête aussi pour la conversion de l’aîné ?

Fils prodigue ou fils aîné, aucun n’a le beau rôle. Mais le Père ouvre à tous deux la porte de son cœur. Que je me reconnaisse dans le premier ou le second de ces fils, vais-je rester à la porte ?

Prière universelle

En ce quatrième dimanche de Carême, la liturgie nous donne d'entendre le passage de l’Évangile sur « l’Enfant prodigue ». Il s’agit surtout pour chacun de nous Dieu, Notre Père de contempler, par-là, ton amour gratuit ainsi que ta tendresse, envers chacun. Que cette Parabole nous interpelle et nous donne de nous adresser à toi en pleine confiance :

R/ : Fais-nous revenir à toi, Seigneur, et nous serons sauvés

  • Un pauvre crie ; le Seigneur entend : il le sauve de toutes ses angoisses. Pour tous les membres de l’Église : que chacun, chacune ait le courage de se montrer assoiffé d’amour ainsi que de croire pleinement en ton amour salvifique ! Seigneur, nous te prions R/
  • Nous le demandons au nom du Christ. Pour les communautés chrétiennes notamment celles qui sont persécutées que leur cri touche le cœur de Dieu et change celui des persécuteur. Qu'elles sentent la proximité du Christ dans leurs épreuves et que soient reconnus leurs droits. Seigneur, nous te prions R/
  • Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Pour les chefs d’état, les responsables politiques : que dans les pays où existe une certaine démocratie, les citoyens aient le courage de donner leurs avis sur les projets envisagés par le pouvoir politique ! Seigneur, fais aussi retentir ton message d’amour dans le cœur des dictateurs et des bellicistes afin qu‘ils s’ouvrent à la discussion, à la négociation qu'ils renoncent à l'usage des armes pour que se développe la liberté pour tout homme ainsi que la paix dans la monde ! Seigneur, nous te prions R/
  • Il n'y avait plus de manne pour les fils d'Israël, qui mangèrent cette année-là ce qu'ils récoltèrent sur la terre de Canaan. Pour notre préparation à la joie pascale : que ce temps de Carême nous aide à goûter à la joie d’être sauvés ! Qu’il nous apprenne à cheminer vers Pâque dans la sérénité et la joie comme, jadis, le firent les fils d’Israël qui fêtèrent leur première pâque dans leur pays, non loin de Jéricho, avec des produits provenant de leurs premières récoltes ! Seigneur, nous te prions R/
  • Mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Pour les malades, les opprimés : accorde à toutes ces personnes qui souffrent ainsi qu’à leur famille la grâce de ton amour infini, car tu veux le bonheur et la vie pour tout homme ! Que ta Parole divine les touche et les maintienne debout dans leur épreuve ! Qu’ils découvrent ta présence dans les tempêtes de leur vie et qu’ils se tournent vers toi ! Seigneur, nous te prions R/
  • Laissez-vous réconcilier avec Dieu. Pour notre communauté : que chaque membre évite de juger les autres ! Que nous sachions reconnaître en chacun un enfant de Dieu, que nous respections aussi le projet de Notre Père en collaborant avec nos frères et sœurs dans le développement d’une vie sociale paroissiale riche, grâce à nos différences culturelles ou politiques ! Que le respect envers l’autre soit le principe de toutes nos relations humaines ! R/

Seigneur Dieu, Père miséricordieux, entends nos prières. Tu connais nos égarements, relève-nous de nos faiblesses, aide-nous à revenir vers toi pour partager un grand repas festif avec toi tous ensemble. Par la grâce de notre baptême, nous demeurons tous tes enfants en Jésus Christ, notre Seigneur. Amen.

Source de la P.U. : http://jardinierdedieu.fr

Homélie

On appelle habituellement l’Évangile de ce dimanche « la Parabole de l’enfant prodigue ». Mais, en fait, il faudrait l’appeler « la Parabole du père prodigue » au sens où il se dépense sans compter pour ses enfants, au sens où il leur prodigue tout son amour. Cette parabole vient en réponse au reproche fait à Jésus par les scribes et les pharisiens : « cet homme-là, disent-ils fait bon accueil aux pécheurs et il mange avec eux ». Il s’agit donc bien, dans ce récit, du comportement de Dieu vis-à-vis des pécheurs que nous sommes tous sans exception. En effet si le fils le plus jeune s’éloignant de son père représente à l’évidence ceux qu’on appelait alors les pécheurs publics, le fils aîné, lui évoque ceux qui se croient justes et méprisent les autres. La parabole semble bien insinuer que les deux fils représentent toute la famille humaine.

Face à ses deux enfants se dessine l’étonnant portrait du père : Jésus nous révèle ici le vrai visage de Dieu : un Dieu passionné d’amour pour chacun, un Dieu prodigue d’amour. Chaque détail du récit est chargé de signification et traduit les sentiments paternels de Dieu à notre égard, qui que nous soyons. « Mon fils était mort et il est revenu à la vie ».

Jésus, dans la parabole détaille merveilleusement les gestes du Père qui font revivre le fils cadet, qui se meurt par manque d’amour, plus encore que par manque de pain. Ce sont des gestes de tendresse infinie : loin d’être chargé de ressentiment « il est ému de compassion » ; au lieu de se contenter d’attendre le coupable « il court vers lui et l’embrasse », à peine laisse-t-il son enfant malheureux exprimer son repentir avec les mots qu’il a préparés depuis longtemps… Il ne se soucie pas le moins du monde de savoir si son fils manifeste une vraie contrition. Ce n’est pas sur la conduite du prodigue, sur ses démarches pénitentielles ou ses explications que Jésus met l’accent mais sur l’amour gratuit de son père : et il fait bien ressortir que dans le cœur et la bouche de ce Père il n’y a pas de reproches, mais la joie sans retenue de retrouver son enfant. A ces gestes d’accueil viennent s’en ajouter d’autres d’une libéralité inouïe : un beau vêtement symbole de sa dignité de fils, un anneau au doigt symbole de l’union rétablie avec le Père, des sandales pour celui qui marchait pieds-nus comme un esclave. Et un festin : véritable repas de noces pour l’affamé… Des largesses que d’aucuns trouveraient exagérées compte-tenu des agissements du fils mais qui expriment justement la générosité extrême de Dieu à l’égard des pécheurs, bien au-delà de nos calculs mesquins et de nos demi-mesures. Le fils aîné, lui aussi, est appelé à revivre. Dans cette histoire on serait tenté de lui donner le beau rôle. En réalité il n’a pas perçu ni compris l’amour de son père pour lui et pour son frère. Si le fils cadet est relevé de son péché, lui il a besoin d’être libéré de sa prétendue vertu qui ne produit que froideur et fermeture. Il est incapable de partager la joie de son père et le bonheur des retrouvailles. Et pourtant pour lui aussi le père renouvelle les démarches gratuites, émouvantes de tendresse : « il sort à sa rencontre, il le supplie l’invitant à la fête, car, lui dit-il il fallait se réjouir. On ne peut prétendre être un bon fils de Dieu quand on n’est pas un bon frère pour les autres.

Pourrions-nous, frères et sœurs, laisser cette page d’Évangile sans en tirer quelques conclusions pour la conduite de notre vie chrétienne.

  • Retenons d’abord que chacun de nous a besoin d’être pardonné, qu’il soit parti ou qu’il soit resté à la maison. Il y a, en tout être humain, une part de misère, d’obscurité, de révolte et de faiblesse.
  • Le fils aîné de la parabole nous rappelle notre suffisance orgueilleuse, notre mépris des autres, nos jalousies, nos colères et nos rancunes.
  • Le fils cadet nous met en face de nos infidélités, de nos égoïsmes, de nos instincts jouisseurs et de nos folies passagères ou chroniques : le péché est toujours, quelque part une sorte de fugue loin de la maison du Père… « J’ai péché contre le ciel et contre Toi. » Se reconnaître pécheur c’est moins s’accuser soi-même que faire le constat loyal du tort que l’on a fait à l’amour de Dieu, à sa création, à ses frères et aussi à soi-même. Et recevoir le pardon de Dieu c’est revenir humblement vers ce Père infiniment miséricordieux qui accourt vers nous, nous prend dans ses bras, nous rétablit dans son amitié et nous confère la force dont nous avons besoin dans notre lutte contre le péché.

Frères et sœurs, si nous avions bien compris cela – qui se réalise dans le Sacrement de Réconciliation – nous ne pourrions plus considérer nos confessions comme quelque chose de pénible, de formaliste et de vide en définitive. Elles seraient pour nous ce moment merveilleux où nous est fait le Don d’une lumière créatrice de miséricorde venue de notre Dieu en qui et par qui nous recevons, du même coup, notre seule vraie libération. Alors, après chaque absolution du fond de notre cœur monterait vers le Seigneur une Joyeuse Action de Grâces. Puisse-t-il en être ainsi !

Amen.

Lectures du 4ème dimanche de Carême en DOCX et PDF

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19 mars 2022 6 19 /03 /mars /2022 15:25

Année C

Lecture du livre de l’Exode 3, 1-8a.10. 13-15

Le Dieu que rencontre Moïse, est celui qui voit la misère de son peuple, entend ses cris et vient pour le sauver.

En ces jours-là, Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb. L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer. Moïse se dit alors : « Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire : pourquoi le buisson ne se consume-t-il pas ? » Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » Il dit : « Me voici ! » Dieu dit alors : « N’approche pas d’ici ! Retire les sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! » Et il déclara : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ». Moïse se voila le visage car il craignait de porter son regard sur Dieu.

Le Seigneur dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel. Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël ».

Moïse répondit à Dieu : « J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : ‘Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.’ Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? » Dieu dit à Moïse : « Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : ‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS’ ». Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : ‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est LE SEIGNEUR, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob’. C’est là mon nom pour toujours, c’est par lui que vous ferez mémoire de moi, d’âge en d’âge ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : Peut-on connaître Dieu ? À la question de Moïse : « Quel est ton nom ? », Dieu répond : « Je suis qui je suis ». C’est une fin de non-recevoir adressée à une vaine curiosité humaine. On ne peut connaître Dieu, à moins de faire l’expérience de sa présence et de son action pour les hommes. Alors, on verra qu’ « il-est-avec » le pauvre dans l’angoisse, le petit réduit à la misère, l’humilié sous la botte des exploiteurs. Il est avec eux pour les délivrer. Mais seul celui qui, comme Moïse, s’est compromis avec Dieu pour délivrer ses frères sait cela autrement que dans les livres.

Quelles sont les terres saintes que foulent mes pieds, Seigneur ? C’est le cœur des pauvres, c’est la misère de tant de tes frères, ce sont les cris de souffrance qui s’échappent des lèvres des malades… va, c’est vers eux que je t’envoie. Tu ôteras tes sandales pour t’approcher d’eux avec humilité et délicatesse. Et tu sauras alors que je suis avec toi.

Psaume 102

R/ : Le Seigneur est tendresse et pitié.

  • Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son nom très saint, tout mon être ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! R/
  • Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d’amour et de tendresse. R/
  • Le Seigneur fait œuvre de justice, il défend le droit des opprimés. Il révèle ses desseins à Moïse, aux enfants d’Israël ses hauts faits. R/
  • Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ; Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint. R/

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens 10, 1-6.10-12

La vie chrétienne est toujours une marche risquée ; les sacrements ne sont pas une assurance contre tous les risques.

Frères, je ne voudrais pas vous laisser ignorer que, lors de la sortie d’Égypte, nos pères étaient tous sous la protection de la nuée, et que tous ont passé à travers la mer. Tous, ils ont été unis à Moïse par un baptême dans la nuée et dans la mer ; tous, ils ont mangé la même nourriture spirituelle ; tous, ils ont bu la même boisson spirituelle ; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ. Cependant, la plupart n’ont pas su plaire à Dieu : leurs ossements, en effet, jonchèrent le désert. Ces événements devaient nous servir d’exemple, pour nous empêcher de désirer ce qui est mal comme l’ont fait ces gens-là. Cessez de récriminer comme l’ont fait certains d’entre eux : ils ont été exterminés. Ce qui leur est arrivé devait servir d’exemple, et l’Écriture l’a raconté pour nous avertir, nous qui nous trouvons à la fin des temps. Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber.  – Parole du Seigneur.

Commentaire : Paul rencontre dans la jeune communauté chrétienne de Corinthe des esprits forts qui se croient à l’abri des tentations et prétendent pouvoir tout voir, tout entendre, raisonner sur tout. Pourtant, ni leur foi, ni les sacrements ne les dispensent d’être prudents et de se défier d’eux-mêmes. L’histoire sainte est pleine d’enseignements à ce sujet. Malgré leur confiance en Moïse, bien qu’ils aient tous traversé la mer Rouge, mangé la manne et bu de l’eau du rocher – qui figuraient à l’avance les sacrements du baptême et de l’eucharistie – les Hébreux n’ont pas tous atteint la terre promise. Ceux qui se sont laissés aller sont resté en cours de route.

Prendre garde de ne pas tomber, même si l’on se croit solide, cela commence par ne pas juger ceux de nos frères qui sont en difficulté et par soutenir ceux qui faiblissent. Comment notre communauté chrétienne et nos équipes développent-elles cette solidarité active entre croyants ?

Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Convertissez-vous, dit le Seigneur, car le royaume des Cieux est tout proche. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 13, 1-9

La hache est au pied de l’arbre qui ne porte pas de fruit, disait Jean Baptiste. Mais Jésus offre au figuier stérile un délai de grâce !

Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même.

Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même ».

Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?’ Mais le vigneron lui répondit : ‘Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.’ » – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : En faisant allusion aux Galiléens massacrés par Pilate et aux dix-huit victimes retirées des décombres de la tour de Siloé, Jésus n’appelle pas d’abord ses contemporains à se préparer à une éventuelle mort subite, mais à comprendre l’importance du moment présent : Israël est comme un figuier stérile dont tout autre que Dieu aurait déjà décidé l’abattage. S’il patiente quelque temps encore, les trois ans de la prédication du Christ, il est urgent d’en tenir compte. Passé ce délai, Dieu confiera la réussite de son projet à un autre peuple, l’Église qui portera du fruit parmi les païens.

Deux événements de l’actualité : à l’encontre de l’opinion générale, Jésus n’y voit pas un châtiment divin contre de grands pécheurs ; il proclame au contraire la patience de Dieu qui offre toujours un délai de grâce. Saura-t-il toucher nos cœurs pendant le Carême ?

Homélie

Pour accrocher l’attention de ses auditeurs, Jésus se réfère volontiers à des faits divers ou événements qui font l’objet de toutes les conversations. Or, voici que deux catastrophes survenues à Jérusalem lui permettent d’insister fortement sur ce qui est sa préoccupation dominante : la conversion de tous les hommes qu’il est venu sauver.

Pilate, gouverneur à la poigne rude vient de faire abattre dans le temple une bande de galiléens, des révolutionnaires, sans doute, pour lesquels les romains étaient sans pitié. Peu auparavant une tour des remparts, près de la piscine de Siloé, s’étaient écroulée faisant périr 18 personnes.

A l’époque de Jésus la mentalité courante pensait que les épreuves subies par quelqu’un étaient une punition que Dieu lui infligeait pour ses péchés. Mais Jésus n’accepte pas cette manière de voir. Il ne veut pas qu’on établisse un lien de cause à effet entre la culpabilité d’une personne et le malheur qui lui arrive. La recherche du coupable, ce n’est en fait, qu’une manière trop facile de se donner une bonne conscience en se plaçant soi-même dans le camp des justes. Avouons-le franchement, notre mentalité nous, hélas, ressemble par bien des côtés à celle des contemporains de Jésus. On voit bien la culpabilité des autres, mais pas la sienne. Ce sont toujours les autres qui sont responsables, ou bien c’est l’autorité, le système ou encore la société, ce n’est jamais nous.

Dites-moi, frères et sœurs, est-ce si souvent que nous sommes assez vrais, assez humbles pour nous remettre personnellement en cause, autrement dit pour nous reconnaître pécheurs ? Or voici que Jésus, aujourd’hui dans cet évangile, nous renvoie à notre conscience. Oh ! Comme il voudrait que nous acceptions enfin de porter un regard lucide et sans complaisance sur notre péché, comme il voudrait que nous en comprenions la gravité et découvrions les conséquences désastreuses qu’il a sur nous-mêmes et sur les autres, la pire de ces conséquences étant lorsqu’il s’agit d’un péché grave non pas la mort physique, mais la mort spirituelle, la mort de cette vie divine qui habite notre âme depuis notre baptême. Car le seul malheur à redouter voyez-vous, c’est bien celui-là : perdre la vie surnaturelle qui est notre trésor le plus précieux, mais combien fragile et nous savons bien qu’on peut la perdre par un seul péché grave, un péché dont on sait qu’il va tuer en nous l’amour de Dieu, mais auquel, on consent parce qu’on préfère sa volonté propre à la volonté de Dieu. C’est la raison pour laquelle Jésus nous avertit avec véhémence « Si vous ne vous convertissez pas vous périrez tous de même... »

Comprenons, bien encore une fois, que ce n’est pas de la mort physique qu’il veut nous parler, mais uniquement de l’autre : la mort éternelle dans laquelle on peut être fixé par la mort physique, si au moins dans les derniers instants on n’a pas demandé humblement , pardon, mort éternelle qui consiste en la privation définitive de ce Bien infini qu’est Dieu, en la perte de ce bonheur parfait avec Dieu et en Dieu pour lequel nous avons étés crées. « Ne craignez pas, avait-il déclaré en d’autres circonstances, ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps, craignez plutôt celui qui peut perdre l’âme (c'est-à-dire le démon) et la jeter dans la géhenne de feu (c'est-à-dire l’enfer) ».

Si Jésus manifeste une telle dureté dans ses propos c’est parce qu’il veut nous secouer énergiquement, c’est parce qu’il veut nous réveiller de notre tragique inconscience, nous faire redécouvrir toute la gravité, toute la nocivité du péché, et nous stimuler par là à une sérieuse et salutaire conversion. Nous aurions grand tort de voir dans les paroles dures de Jésus une condamnation. Car, en vérité, ce n’est pas Dieu qui condamne, c’est l’homme qui, en toute liberté se condamne à périr éternellement en disant un non catégorique à l’Amour divin, en se fixant orgueilleusement dans un refus et un mépris total de cet Amour. La violence de Jésus, ce n’est pas autre chose, voyez-vous, que la violence de l’Amour divin miséricordieux qui ne peut pas supporter de voir les hommes courir si légèrement, si allègrement à leur perte. Et nous savons bien jusqu’où elle est allée cette folie d’amour qui habite le cœur de Jésus... Elle l’a conduit jusqu’à se laisser horriblement torturer et crucifier, pour que l’homme, ouvrant les yeux, puisse mesurer au moins un peu la malice infinie du péché et pour qu’enfin touché et bouleversé par un si grand Amour, il se décide à retrouver coûte que coûte, l’amitié divine qu’il avait perdue.

Chers frères et sœurs, au cours de cette marche ascendante vers Pâques qu’est le Carême, nous nous efforcerons d’être plus attentifs aux avertissements très sévères que Jésus nous a adressés, avertissements que depuis plus d’un siècle, la Vierge Marie, notre Mère si aimante, a repris comme en écho lors de ses apparitions à la terre, en particulier à Lourdes et à Fatima. Rappelons-nous ses paroles :

- à Lourdes : « Pénitence, pénitence, pénitence »

- à Fatima : « Il faut que les hommes changent de vie, qu’ils n’offensent plus Notre Seigneur qui est vraiment trop offensé »

Puissions-nous prendre davantage conscience que notre vie à transformer est une exigence permanente de l’Evangile. C’est tous les jours qu’il nous faut travailler à ce changement radical de tout notre être qui est concerné et dans toutes ses relations. Il est bien évident qu’un tel retournement exige un arrachement très coûteux : la rupture par rapport au péché et à tout ce que le péché implique ne peut pas se faire sous douleur... Mais ce qu’il faut bien voir aussi c’est que la conversion comporte un aspect positif : car on ne rompt avec le mal que pour revenir à Dieu, pour se réconcilier avec celui dont l’amour s’est manifesté si merveilleusement dans le Christ et qui nous redonne la Paix et la Joie en nous accordant son Pardon. Se convertir, c’est sortir de la nuit pour tout voir et pour tout vivre dans la Lumière de Pâques.

« Ouvrez les Portes au Rédempteur » c’est par ces mots, on s’en souvient, que le Pape Jean-Paul II a inauguré son Pontificat. Faisons en sorte que ce pressant appel ne tombe pas dans le vide.

Oui, ouvrons frères et sœurs notre cœur à Jésus, lui qui est si impatient d’y entrer et d’y établir sa demeure, afin de le transformer en Buisson Ardent tout rayonnant et tout flamboyant du feu de son Amour.

« Le temps passe, l’éternité approche ». Ce serait folie de remettre à plus tard notre conversion.

Amen.

Prière universelle

Pour que tous les hommes puissent mener sur terre une vie digne et fraternelle, faisons monter ensemble notre prière vers le Seigneur.

  • Comme les Galiléens, des personnes, enfants ou adultes, marchaient avec innocence quand leur vie a été mise en pièce et massacrée. Prions pour les victimes d’abus sexuels et demandons la charité qui ouvre des chemins de reconstruction humaine.
  • Des personnes faisaient confiance à ceux qui devaient les conduire au cœur du buisson ardent de l’amour divin. Elles ont été projetées dans un feu destructeur et mortel. Prions pour les victimes d’abus spirituels et demandons la force de vivre dans l’attention et le respect de tout homme, femme et enfant.
  • « Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber ».  Que les actes commis envers les plus faibles alertent notre conscience et réveillent notre vigilance. Prions pour les victimes d’abus de toutes sortes et, selon la recommandation du Seigneur lui-même, prions aussi pour ceux qui se sont fait leurs ennemis, pour que jamais plus ils ne soient en capacité de nuire.
  • Des hommes et des femmes, catéchumènes, cheminent à la rencontre du Seigneur. Que notre présence auprès d’eux et notre accompagnement fraternel soient au service de leur liberté et de leur engagement dans la foi. Prions pour les personnes qui demeurent privée de liberté de conscience et pour notre Église afin qu’elle devienne une « maison sûre ».

Aux appels de ton peuple en prière, réponds, Seigneur, en ta bonté : Donne à chacun la claire vision de ce qu’il doit faire et la force de l’accomplir. Par le Christ, notre Seigneur.

Source de la P.U. : https://jardinierdedieu.fr/

Lectures du 3ème dimanche de Carême en DOCX et PDF

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11 mars 2022 5 11 /03 /mars /2022 21:56

Année C

Lecture du livre de la Genèse 15, 5-12.17-18

Comme pour Abraham, c'est souvent dans nos doutes et nos nuits que Dieu passe près de nous comme une torche de feu.

En ces jours-là, le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir et lui dit ; « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux... » Et il déclara : « Telle sera ta descendance ! » Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu'il était juste.

Puis il dit : « Je suis le Seigneur, qui t'ai fait sortir d'Our en Chaldée pour te donner ce pays en héritage ». Abram répondit : « Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que je l'ai en héritage ? » Le Seigneur lui dit : « Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe ». Abram prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l'autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux. Comme les rapaces descendaient sur les cadavres, Abram les chassa. Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux tomba sur Abram, une sombre et profonde frayeur tomba sur lui. Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les morceaux d'animaux. Ce jour-là, le Seigneur conclut une Alliance avec Abram en ces termes : « À ta descendance je donne le pays que voici, depuis le Torrent d'Égypte jusqu'au Grand Fleuve, l'Euphrate ». -Parole du Seigneur.

Commentaire : Cette scène nous paraît à juste titre très étrange. Qu’il nous suffise savoir qu’elle rappelle une pratique connue du Proche-Orient quand deux hommes ou deux groupes d’hommes concluaient une alliance. Ce qu’ajoute notre texte, c’est que l’initiative de cette alliance revient à Dieu seul ; Abraham, lui, s’est endormi. La promesse que le Seigneur fait à son ami est inconditionnelle, elle ne s’appuie pas les mérites d’Abraham ou de ses descendants. L’engagement de Dieu est définitif et total : d’Abraham, il n’attend que l’absolue confiance en sa Parole.

Promesse faite à Abraham d’une descendance plus nombreuse que les étoiles, alors qu’il est encore sans enfant. Que nous sachions croire, de la foi d’Abraham, que notre vie et notre agir chrétiens sont promis à la même fécondité inattendue.

Psaume 26

R/ : le Seigneur est ma lumière et mon salut

  • Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? R/ 
  • Écoute, Seigneur, je t’appelle ! Pitié ! Réponds-moi ! Mon cœur m’a redit ta parole ; « Chercher ma face ». R/ 
  • C’est ta face, Seigneur, que je cherche : ne me cache pas ta face. N’écarte pas ton serviteur avec colère : tu restes mon secours. R/ 
  • J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ; espère le Seigneur ». R/ 

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens 3, 17-21 ; 4, 1

Nous attendons que Jésus Christ transforme nos pauvres corps à l'image de son corps glorieux.

Frères, [ensemble imitez moi, et regardez bien ceux qui se conduisent selon l’exemple que nous vous donnons. Car je vous l’ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup de gens se conduisent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne pensent qu’aux choses de la terre. (Début de la lecture brève : Frères, nous, nous avons…)

Mais nous,] nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance active qui le rend même capable de tout mettre sous son pouvoir. Ainsi, mes frères bien-aimés pour qui j’ai tant d’affection, vous, ma joie et ma couronne, tenez bon dans le Seigneur, mes bien-aimés. — Parole du Seigneur.

Commentaire : Les ennemis de la croix du Christ, ceux qui font un dieu de leur ventre, ce ne sont pas des païens livrés à leurs instincts matérialistes. Ce sont des chrétiens qui oublient qu’ils doivent leur salut au sang du Christ, et non à des pratiques religieuses, à des tabous alimentaires hérités de la religion juive. Le chrétien se sait sauvé par le Christ seul, dont il attend de partager la Résurrection. C’est en ce sens qu’il est citoyen du ciel : non parce qu’il se désintéresserait des réalités terrestres, mais parce qu’il sait que tout, y compris son corps et l’univers matériel, doit être soumis un jour au Christ.

Comment être citoyen des cieux ? En étant citoyen de la terre pour y faire régner tolérance et fraternité, dans l’espérance d’une terre où la justice habitera.

Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. De la nuée lumineuse, la voix du Père a retenti : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le !" Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 9, 28b-36

La présence de Moïse et d'Elie, lors de la Transfiguration de Jésus, témoigne que la Loi et les prophètes annonçaient la résurrection du Messie.

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie ». Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu. — Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Pour Luc, Jésus est monté sur la montagne pour prier, la nuit, selon son habitude. Ses trois apôtres tombent de sommeil, mais, comme plus tard au jardin des Oliviers, ils sont témoins de sa prière : Jésus s’entretient avec Moïse et Élie de son prochain départ, suivi de sa mort à Jérusalem. Déjà il est donné aux trois disciples d’entrevoir la gloire de la Résurrection dont le Père transfigurera son Fils, obéissant jusqu’à la mort. Pas question, pourtant, de s’installer dans le triomphe ! Il faut auparavant que le Messie soit rejeté par les hommes, qu’il souffre sa passion et soit crucifié.

Comme prophètes, Moïse et Élie n’ont été que des porte-paroles de Dieu ; ils sont présents pour témoigner que Jésus est, lui, la Parole du Père. Comment notre communauté chrétienne continue-t-elle leur témoignage rendu à la Parole faite chair ?

Homélie

Le miracle de la Transfiguration est l’un des plus beaux joyaux de la Révélation chrétienne. C’est une scène d’une particulière densité et d’une grande richesse d’évocation. Les trois Apôtres qui en furent les témoins privilégiés en ont gardé un souvenir impérissable. Et comme nous comprenons bien leur émotion, puis leur enthousiasme, à la vue de ce Jésus qui dans l’existence quotidienne était si simple si familier, si semblable aux autres hommes et qui brusquement leur laisse entrevoir l’éblouissante splendeur de sa divinité.

Certes, auparavant, ils devinaient bien que leur Maître était plus qu’un homme. Pierre avait même fait au nom des Douze cette magnifique profession de Foi : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant… ». Mais de cette vérité, dans le cours de la vie ordinaire ils n’étaient que trop portés à l’oublier.

Or, maintenant qu’ils voient se révéler, dans un éclair de gloire, le Christ qui est « le Fils Bien-Aimé du Père », le Sauveur annoncé par les prophètes (représentés ici par Moïse et Élie) ils comprennent mieux le privilège inouï qui est le leur : de vivre avec Jésus et dans son amitié, de pouvoir à chaque instant rencontrer son regard, écouter sa parole, lui parler, lui demander lumière et réconfort. Et dans la plénitude de joie qu’ils éprouvent, ils voudraient éterniser cette minute exceptionnelle : « Seigneur il fait si bon ici, restons-y ».

Rêve chimérique que Jésus va dissiper, car l’homme ici-bas ne doit pas vivre habituellement sur le Thabor et dans les ravissements de l’extase… La plaine le réclame pour le combat et le travail. Mais dorénavant toute leur existence (qui restera dans le détail des heures, monotone et pénible) apparaîtra merveilleusement transfigurée par cette minute de lumière inoubliable.

Chers frères et sœurs, nous qui n’avons pas eu comme les Apôtres la ferveur de voir le Christ Glorifié, nous avons cependant une lumière capable de transfigurer, toute notre vie : c’est la lumière intérieure, la lumière surnaturelle de la Foi…

Il est clair que si nous projetons sur notre vie un regard simplement humain, elle nous apparaît plutôt maussade, presque toujours en grisaille et même à certaines heures absurde et cruelle. Nous sommes aux prises, en effet, avec tant et tant de difficultés. Trop souvent nous avons l’impression d’être emportés par la vague déferlante des événements qui nous dépassent. Notre travail quotidien peut nous paraître fastidieux et, à la longue, exaspérant. Et ceux qui nous entourent, y compris ceux que nous aimons peuvent alourdir encore notre épreuve. Dieu lui-même peut nous sembler lointain, absent des prières par lesquelles nous cherchons à le rejoindre, étrangement neutre et indifférent au drame de notre existence.

Mais si nous projetons sur cette vie humaine les clartés de la Foi, alors tout est changé, tout peut se transfigurer, comme un paysage morose qui s’anime, se colore et se met à sourire à la lumière du soleil.

Car la Foi, voyez-vous, nous donne une autre vision du monde et de l’aventure humaine : elle nous permet de faire cette découverte enthousiasmante à savoir que Dieu, s’il reste invisible n’est pas lointain, mais tout proche, présent partout et surtout en nous-mêmes par le mystère de la Grâce sanctifiante, et qu’il nous enveloppe constamment de sa Tendresse. Nous découvrons que Dieu, apparemment silencieux et détaché nous aime, chacune et chacun, d’un amour éperdu et s’occupe par sa Providence du détail de nos vies…

D’ailleurs n’avons-nous pas la preuve la plus convaincante de cette proximité du Seigneur et de son prodigieux amour dans le Mystère de l’Eucharistie.

Jésus réellement présent nuit et jour dans le Tabernacle de nos églises. Jésus qui par la Communion Eucharistique dépose en nous le germe de notre future glorification, nous plonge davantage dans l’intimité divine et resserre nos liens d’amour avec tous nos frères.

Et dans cette lumière qui vient d’En-Haut nous découvrons également que nos démarches quotidiennes, si insignifiantes à première vue, que notre travail le plus banal, qu’en un mot tout ce qui occupe nos journées, tout cela peut être divinisé, tout cela peut avoir un retentissement éternel si toutefois, bien sûr, nous nous efforçons de la vivre en union avec le Christ, si toutefois nous nous efforçons de l’accomplir comme le Christ lui-même l’accomplirait s’il était à notre place.

Enfin grâce à cette lumière surnaturelle de la Foi nous découvrons que nos souffrances, qu’elles soient physiques, morales ou spirituelles, (ces souffrances qui nous révoltent aussi longtemps qu’elles nous semblent absurdes) que nos souffrances ont un sens : qu’elles peuvent devenir utilisables et porter beaucoup de fruits si nous savons les unir aux souffrances du Sauveur : Mystère de Compassion, de Corédemption dont la Vierge Marie est le plus bel exemple.

Malheureusement ces vérités si réconfortantes, nous les oublions trop facilement et cela parce que nous ne savons pas ou ne cherchons pas assez à nous élever jusqu’au niveau d’une foi vraiment divine.

Notre comportement, nos réactions ressemblent trop souvent au comportement et aux réactions de ceux qui ne partagent pas cette Foi. Trop souvent c’est l’humain qui prédomine en nous.

Et il faut bien reconnaître que la démarche du croyant n’est pas facile, car les réalités invisibles ne sont ni tangibles, ni mesurables, elles n’atteignent pas nos sens.

Nous ne pouvons pas voir de nos yeux, ni toucher de nos mains le monde surnaturel dans lequel, pourtant, nous baignons.

Dieu, l’Âme, la Grâce, la Communion des Saints, le Ciel : ces réalités-là, ni l’analyse chimique, ni le scanner, ni les explorations interplanétaires ne peuvent les atteindre…

Et il faut ajouter que les instants où Dieu par une lumière spéciale devient « sensible au cœur », ne sont jamais dans notre vie que des minutes brèves. La joie comblante de la Transfiguration fut, pour les Apôtres, de courte durée. Et s’imaginer que les Saints vivaient toujours en extase avec le ciel ouvert devant les yeux est une grosse erreur.

Pour les Saints, comme pour nous la vie terrestre a été une épreuve et un combat spirituel dans l’obscurité. Il reste que pour nous, comme pour eux, la Foi doit être ce phare dans la nuit, ce rayon de lumière qui permet d’avancer sans s’égarer sur le chemin montant, étroit et escarpé, qui mène à Dieu.

Et puisque la Foi dépend de la Grâce et de notre bonne volonté, puisque la Grâce nous est toujours offerte, il dépend finalement de nous que notre Foi chrétienne devienne plus forte, plus surnaturelle, plus rayonnante. Faisons donc cet effort durant ce temps de Grâce qu’est le Carême. Ne restons pas dans les ténèbres, alors que nous pouvons marcher sous le grand soleil de Dieu. Et puisque nous connaissons bien notre faiblesse, redisons souvent cette profonde prière qui fut inspirée à un paysan du temps de Jésus : « Seigneur, je crois, mais viens en aide à mon incrédulité ».

Oui, Seigneur, c’est bien vrai, trop souvent nous sommes des croyants incroyants ou peu croyants… Accorde-nous, par Marie ta Très Sainte Mère qui est le Modèle incomparable de la Foi, de dépasser le stade d’une foi imparfaite, réveille notre Foi, trop souvent somnolente pour que notre existence monotone et éprouvée soit toute entière illuminée par Ta Présence, par Ta Vie en nous, en attendant le jour éternel où nous te serons semblables parce que nous te verrons tel que tu es dans les splendeurs de la Bienheureuse Trinité. Amen

Abbé Pierre Cousty

Prière universelle

En union avec le Saint-Père et avec tous les croyants, tournons-nous vers le Père céleste, et portons dans notre prière tous les besoins de l’Église et de la famille humaine.

  • Dieu Père, bénis le Saint-Père, les évêques de l'Église catholique et les évêques des Églises orthodoxes. Guide-les en ton Esprit Saint, pour que la fraternité donnée par le baptême commun permette de surmonter le conflit en Ukraine, et de parvenir à la réconciliation.  Nous t'en prions.
  • Dieu Père, bénis les gouvernants politiques qui croient en toi, et donne à tous les gouvernants la lumière de ton Esprit Saint, pour que les cœurs se laissent transformer, et que le droit international soit respecté sur notre terre. Nous t'en prions.
  • Dieu Père, bénis les réfugiés politiques de par le monde, et donne ton Esprit de force aux organismes et aux personnes qui leur viennent en aide. Nous t'en prions.
  • Dieu Père, bénis notre communauté et chacun de ses membres, et comble-nous de ton Esprit de piété qui nous conduit, dans le silence de nos cœurs, à Jésus transfiguré. Nous t'en prions.

Dieu notre Père, écoute nos appels, purifie les cœurs, et que notre monde de souffrances soit transfiguré en un monde de paix. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.

Source : http://cathophalsbourg.over-blog.com Isabelle Brunner, ALP

Lectures du 2ème dimanche de Carême en DOCX et PDF

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2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 19:07

Année C

Lecture du livre du Deutéronome 26, 4-10

Par notre célébration, aujourd’hui, nous reconnaissons que nous sommes le peuple que Dieu libère.

Moïse disait au peuple d'Israël : « Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l'autel du Seigneur ton Dieu. Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : Mon père était un Araméen nomade, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C'est là qu'il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse. Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage. Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression. Le Seigneur nous a fait sortir d'Égypte à main forte et à bras étendu, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges. Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel. Et voici maintenant que j'apporte les prémices des produits du sol que tu m'as donné, Seigneur ». – Parole du Seigneur.

Commentaire : En apportant au Seigneur les premiers fruits de leurs récoltes, aux grandes fêtes de l’année, les Hébreux récitaient l’histoire de leur salut. Mais ils ne se contentaient pas de dire : « Nos pères ont été brimés, ils ont crié vers le Seigneur… etc » ; ils disaient : « Nous » avons été brimés, « nous » avons crié, le Seigneur « nous » a fait sortir…, etc. Bref, « nous » sommes aujourd’hui le peuple sauvé par Dieu. Voilà pourquoi nous apportons les premières gerbes de nos récoltes qui prouvent notre libération, car elles sont le fruit de la terre que le Seigneur nous a donnée pour le servir, le fruit de notre travail d’hommes libres – et non plus celui des esclaves d’Égypte.

Au cours de l’eucharistie nous faisons mémoire des actes de salut de notre Dieu. Si j’essayais de les actualiser, pour moi et ma famille, en reprenant la formule du livre du Deutéronome : « Mon père était… »

Psaume 90

R/ : Sois avec moi, Seigneur, dans mon épreuve.

  • Quand je me tiens sous l'abri du Très-Haut et repose à l'ombre du Puissant, je dis au Seigneur : « Mon refuge, mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! » R/
  • Le malheur ne pourra te toucher, ni le danger, approcher de ta demeure : il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins. R/
  • Ils te porteront sur leurs mains pour que ton pied ne heurte les pierres ; tu marcheras sur la vipère et le scorpion, tu écraseras le lion et le Dragon. R/
  • « Puisqu'il s'attache à moi, je le délivre ; je le défends, car il connaît mon nom. Il m'appelle, et moi, je lui réponds ; je suis avec lui dans son épreuve ». R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 10, 8-13

« La Parole est près de toi, écrit Paul, elle est dans ta bouche et dans ton cœur », puisque cette Parole est Jésus, Seigneur.

Frères, que dit l'Écriture ? Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Cette Parole, c'est le message de la foi que nous proclamons. En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si dans ton cœur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, alors tu seras sauvé. Celui qui croit du fond de son cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut. En effet, l'Écriture dit : Quiconque met en lui sa foi ne connaitra pas la honte.

Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n'y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l'invoquent. En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. – Parole du Seigneur.

Commentaire : reconnaître, non pas seulement en paroles, mais du fond du cœur, que Jésus est Seigneur, c’est vouloir qu’il soit le Maître de notre vie. pour les Hébreux, le cœur est le centre de nos décisions, de nos sentiments et de nos projets. Croire « dans notre cœur » que Jésus est notre Seigneur, c’est donc le laisser prendre la direction de notre vie, commander tous nos projets, mobiliser toutes nos forces pour son service. C’est là, semble-t-il, se perdre soi-même… Pourtant « celui qui croit en lui ne connaîtra par la honte », il sera « sauvé de toutes les idoles dont il se serait fait l’esclave.

« La Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur ». C’est toi, Jésus, cette Parole : elle est dans mon cœur, mais elle a parfois tant de peine à sortir de mes lèvres !

Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venant de la bouche de Dieu. Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 4, 1-13

Mis à l’épreuve, Jésus montre son abandon filial au Père : il ne cherche pas à mettre à l’épreuve l’amour de Dieu pour lui.

En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli de l'Esprit Saint quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain ». Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain ».

Alors le diable l'emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m'a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela ». Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte ».

Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l'ordre de te garder ; et encore : ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre ». Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu ». Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s'éloigna de Jésus jusqu'au moment fixé. – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Être fils de Dieu, c’est se laisser conduire par Dieu sans lui imposer nos voies et nos moyens ; c’est lui faire totalement confiance, sans vouloir obtenir des garanties, sans espérer de miraculeux prodiges qui nous démobiliseraient de nos luttes et de nos engagements ; c’est faire de la volonté de Dieu notre nourriture quotidienne. C’était là la vocation du peuple d’Israël, appelé par Dieu à devenir son fils. Mais, dès sa libération d’Égypte, au cours de sa marche au désert, puis tout au long de son histoire, le peuple ne sut jamais vivre parfaitement sa vocation. Placé devant les mêmes tentations, un seul homme sut se montrer parfaitement Fils de Dieu, c’est Jésus de Nazareth. Comme nous le signale Luc, il faut le regarder vivre du début jusqu’à la fin, jusqu’au moment de sa passion et de sa mort pour comprendre quelle fut sa totale remise de soi entre les mains de son Père. Et la réponse du Père fut la Résurrection.

« Ce n’est pas seulement de pains que l’homme doit vivre ». Notre Père, avec le pain de chaque jour, donne-nous aussi ce dont nous avons besoin pour vivre !

Homélie

Après les longues années de vie cachée à Nazareth, Jésus qui venait de recevoir le Baptême de Jean au Jourdain, se retira au désert pour y prier et y jeûner pendant 40 jours. Après quoi il fut tenté par le démon :

- Tu as faim ; fais donc un miracle pour changer ces pierres en pains : c’est la tentation de l’Avoir qu’on fait passer avant l’Être.

- Tu veux libérer ton peuple, alors il faut te montrer, attirer l’attention du public en faisant quelque prodige spectaculaire, comme de te jeter par exemple, du haut du Temple : c’est la tentation de la facilité qui dispense de l’effort coûteux.

- Tu veux conquérir le monde : il est à moi qui suis le Prince de ce monde ; je te le donne si tu m’adores : c’est la tentation du pouvoir, de la domination sur les autres par tous les moyens. Comme cela est étrange, n’est-ce pas ? Et nous nous posons cette question : Pourquoi Jésus qui est le Fils de Dieu fait homme a-t-il voulu aller jusque là, jusqu’à accepter de subir les assauts de la Tentation ?

Mais tout simplement parce qu’il est réellement homme, parce qu’il vit une vie humaine en tout semblable à la nôtre sauf le péché et que la vie humaine comporte inévitablement des difficultés, grandes ou petites, qu’elles soient d’ordre physique, moral ou spirituel. Seulement voilà : nous avons toujours cette idée, fortement incrustée en nous que la vie normale c’est la tranquillité, le bonheur, l’existence facile et toujours plus facile, le bien-être : et que la souffrance, l’épreuve ne peuvent être que l’anomalie, l’insolite, l’exceptionnel. Or c’est l’inverse qui est vrai, car la vie d’ici-bas se définit comme une épreuve : tentation et souffrance sont dans ce tissu comme la chaîne et la trame ; car c’est tous les jours que nous rencontrons le devoir et c’est tous les jours que le devoir est difficile. Dans le passage évangélique que nous venons d’entendre saint Luc prend soin de le remarquer : lorsque le Christ eût repoussé la triple offensive de Satan, celui-ci le quitta, mais seulement pour un temps, avec un au-revoir à brève échéance.

Disons-nous bien, frères et sœurs, que la lutte, que ce soit la lutte intérieure contre les tentations proprement dites ou que ce soit la lutte contre les difficultés de la vie est la substance même de notre condition humaine. Autrement dit, nous avons de notre existence ici-bas un point de vue déformant qui fausse notre manière de voir Dieu ainsi que nos relations avec Lui.

- Idée fausse sur Dieu, par exemple, qui aboutit aux propos désabusés et aux murmures : « Dieu m’oublie, Dieu ne m’aime pas, Dieu est injuste, Dieu n’est pas un Père, puisque je suis éprouvé, puisque je souffre ».

- Idée fausse sur la religion que l’on considère comme une assurance de réussite, une prime de bonheur humain. Un billet gagnant à la loterie de la vie : « Autrement à quoi bon être honnête et se bien conduire si les braves gens sont sacrifiés et si les chenapans ont toutes les chances ? »

- Idée fausse sur la prière chez tous ces chrétiens qui ne prient ou dont la prière ne devient fervente que lorsqu’il s’agit d’une maladie à guérir, d’une perte de situation à éviter, à réussir, d’une souffrance à écarter... tous ces chrétiens qui déclarent la prière inutile et non exaucée, du moment que ce résultat palpable n’a pas été obtenu.

- Idée fausse sur les sacrements en qui ont ne voit que des moyens merveilleux de supprimer nos difficultés intérieures, de nous dispenser même de l’effort et de la vigilance pour éviter le péché... Autant d’enfantillages, en réalité et d’illusions peu chrétiennes ! Lorsque Jésus nous enseigne ce modèle parfait de prière qu’est le Notre Père, il ne nous fait pas demander que nous soyons à l’abri des tentations, mais que nous ne soyons pas soumis à des épreuves trop fortes, ces épreuves qui pourraient nous faire tomber dans le consentement au mal ou encore dans le découragement et le désespoir. Et lorsqu’il nous promet la paix, il s’agit de la paix intérieure de l’âme, « la paix des profondeurs » qui n’exclut pas les tempêtes ou agitations de surface. « La vie de l’homme sur la terre est un combat » disait déjà le saint homme Job. Le poète allemand Goethe l’avait bien compris lui qui affirmait : « Je suis un homme et donc un lutteur ».

La vie humaine, voyez-vous et une école de grandeur d’âme ou elle n’est rien. Et seule l’épreuve, à condition qu’elle soit dépassée, peut grandir et ennoblir les âmes. L’ambiance austère de la lutte nous est nécessaire pour tendre nos énergies ; pour nous faire mesurer aussi combien nous sommes faibles et combien nous avons besoin de la grâce de Dieu pour nous fortifier. Nous devons toujours nous rappeler, en effet, que si Dieu permet que nous soyons tentés, il ne permet jamais que nous le soyons au-dessus de nos forces : à côté de chaque tentation, il y a une grâce actuelle spéciale suffisante pour la vaincre. C’est saint Paul qui nous l’affirme.

En nous appuyant sur cette certitude, acceptons donc généreusement, frères et sœurs, les difficultés de l’existence matérielle d’aujourd’hui, portons courageusement notre part des épreuves et des charges communes, sachons tenir bon dans les luttes intérieures qui occupent une si grande place dans notre vie spirituelle.

Et si notre fardeau nous parait trop lourd à certaines heures, tournons-nous vers Jésus, notre ami divin, Lui qui nous dit « Venez à moi vous tous qui peinez et qui êtes accablés ». Comment ne pourrait-il pas nous comprendre et nous secourir, Lui qui a voulu être tenté comme nous ? Oh ! Je sais bien qu’il n’avait pas nos faiblesses et que surtout il n’avait pas cette sombre attirance au mal, cette complicité intérieure qui rend pour nous la tentation si redoutable. L’offensive du démon contre Lui nous semble presque une gaminerie inoffensive : la repousser ne coûtait à Jésus qu’une parole. Sa volonté humaine à Lui, qui est la Sainteté infinie est infatigable au mal. Mais parce que Jésus est un homme authentique, il n’est pas inattaquable à l’épreuve et nous savons combien la suite de sa vie va être une série d’épreuves, jusqu’à l’épreuve suprême de la croix. Pensons que devant la souffrance, Jésus a ressenti les mêmes répulsions que nous : « Par ses propres souffrances, nous dit la Lettre aux Hébreux, il a appris ce que c’est qu’obéir ». C’est laborieusement, douloureusement, par un courage héroïque, qu’il nous a mérité les grâces de générosité et de force qu’il nous offre aujourd’hui pour mener à bien le combat spirituel dont le Carême constitue, chaque année, un temps fort. A nous de les accepter en redisant comme saint Paul : « Je peux tout en Celui qui me fortifie » ou comme saint Maximilien Kolbe : « Avec l’aide de Marie, la Vierge Immaculée je peux tout ».

Amen.

Prière universelle

  • Pour la communauté : dans l’Évangile d’aujourd’hui nous voyons Jésus répondre au diable qui essaye de le tenter : « L’homme ne vit pas seulement de pain ». Seigneur, par l’Eucharistie Tu nous nourrit et nous donne des forces vitales pour faire face aux épreuves de la vie et aux tentations qui nous éloignent de Toi. Aide-nous à prendre conscience de l’importance primordiale de ce sacrement que parfois, malheureusement, nous avons tendance à négliger. Seigneur nous te prions.
  • Pour le monde : trop de dirigeants de pays se laissent tenter par les abus de pouvoir et le désir de dominer les autres peuples ce qui finit par générer des conflits armés sanglants. Seigneur envoie ton Esprit de paix et de sagesse sur toutes les zones de la Terre qui actuellement souffrent à cause de la guerre. Seigneur nous te prions.
  • Pour l’Église : L’apôtre Paul nous dit : « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé ». Tous les chrétiens du monde, quand nous disons la prière que Jésus nous a enseignée nous invoquons le nom du Seigneur en disant : « Que Ton nom soit sanctifié ». Seigneur, que Ton Église toute entière ne cesse d’invoquer Ton nom et de le sanctifier. Qu’elle soit lumière qui guide et éclaire le chemin de tous ceux qui ne te connaissent pas encore. Seigneur nous te prions.
  • « L’homme ne vit pas seulement de pain ». Prions pour que tous les chrétiens trouvent dans la méditation de la Parole de Dieu une nourriture pour leur foi et un encouragement pour être au service des hommes.
  • Prions pour la conversion de ceux qui recherchent le pouvoir et la domination sur les autres. Prions pour tous ceux qui subissent une telle domination et en souffrent dans leur corps et dans leur esprit.
  • Prions pour ceux qui sont jetés sur les routes de l’exil à cause des guerres et des dérèglements économiques mondiaux. Que ton Esprit saint mette sur leur chemin des hommes et des femmes pour leur apporter l’aide et la reconnaissance dont ils ont besoin.

Source : Groupe Pivot et Pierre - https://paroissecolomiers.com/

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