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17 décembre 2022 6 17 /12 /décembre /2022 21:41

Année A

Lecture du livre d'Isaïe 7, 10-16

Dieu est avec nous, dit le prophète Isaïe, et le signe en est un petit enfant qu'une jeune femme mettra au monde.

En ces jours-là, le Seigneur parla encore ainsi au roi Acaz : « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut ». Acaz répondit : « Non, je n'en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l'épreuve ». Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, et on l'appellera Emmanuel, (c'est-à-dire : Dieu-avec-nous). De crème et de miel il se nourrira, jusqu'à ce qu'il sache rejeter le mal et choisir le bien. Avant que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, la terre dont les deux rois te font trembler sera laissé à l'abandon ». - Parole du Seigneur.

Commentaire : le roi Acaz est inquiet devant la progression des armées ennemies sur son territoire ; il n’est pas sûr non plus de ses arrières, car le mécontentement gagne à Jérusalem, chez le peuple lassé des désordres des rois de la dynastie de David. Que faire ? Dédaignant d’en appeler à la protection du Seigneur, il invoque à l’aide, contres ses ennemis, le puissant roi d’Assyrie. Ainsi a commencé l’escalade de la violence qui, à travers les larmes et les souffrances, mènera le royaume de David à sa perte.

Dieu pourtant ne se lasse pas : il interviendra d’une manière déconcertante par ce Fils qu’on nommera Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous. « Avec nous », oui ! Mais pas avec nos armées !

L’enfant pauvre et désarmé que nous attendons pour Noël, nous a-t-il enseigné que les moyens par lesquels Dieu parvient à ses fins ne sont pas les nôtres ?

Psaume

R/ : Qu’il vienne, le Seigneur : c’est lui, le roi de gloire.

  • Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants ! C'est lui qui l'a fondée sur les mers et la garde inébranlable sur les flots.
  • Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? L'homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles.
  • Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice. Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face !

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 1, 1-7

Celui que nous fêterons à Noël n'est pas seulement l'enfant des hommes, mais le Fils de Dieu, entré par sa résurrection dans la vie du Père.

Paul, serviteur du Christ Jésus, appelé à être Apôtre, mis à part pour l’Évangile de Dieu, à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome.

Cet Évangile, que Dieu avait promis d’avance par ses prophètes dans les saintes Écritures, concerne son Fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David et, selon l’Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus Christ, notre Seigneur.

Pour que son nom soit reconnu, nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre, afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes, dont vous faites partie, vous aussi que Jésus Christ a appelés.

À vous qui êtes appelés à être saints, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. – Parole du Seigneur.

Commentaire : A l’approche de Noël, Paul nous rappelle avec raison en quoi consiste l’Évangile. L’apôtre ne prêche pas seulement en Jésus Christ un homme parfait, un champion d’une cause humaine, d’une révolution des cœurs ou d’une transformation des rapports entre les hommes. Ce Jésus, s’il partage notre condition humaine depuis le premier Noël, est le propre Fils de Dieu, entré, depuis sa Résurrection des morts, dans sa puissance divine. Seigneur de nos vies, il nous appelle à le servir, il nous fortifie de son amour pour que nous proclamions, par nos actes et nos paroles, qu’en lui Dieu a montré sa tendresse pour tout homme.

La Bonne Nouvelle est parvenue jusqu’à nous qui faisons partie des nations païennes dont parle l’apôtre Paul. Comment permettre à l’Évangile de poursuivre sa course ?

Alléluia. Alléluia. Voici que la Vierge concevra : elle enfantera un fils, on l’appellera Emmanuel, « Dieu-avec-nous ». Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 1, 18-24

Dieu confie à Joseph la responsabilité de l'enfant de Marie et le charge de l'appeler Jésus, c'est-à-dire Sauveur.

Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».

Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Joseph, pressentant l’action de Dieu en Marie, décide, avec délicatesse, de lui rendre sa liberté pour ne pas s’immiscer dans le mystère divin. Mais Dieu l’appelle, au contraire, à collaborer étroitement à son œuvre. Cette naissance vient certes de l’Esprit Saint, mais Joseph doit assumer la responsabilité paternelle de l’enfant en lui donnant son nom-programme : Jésus, c’est-à-dire Sauveur. Ainsi Joseph est-il convié à participer à la réalisation du projet de Dieu.

Les évangiles ne nous ont conservé aucune parole de Joseph : c’est un homme qui ne fait pas de discours mais qui agit en conformité aux appels de Dieu. Quels sont ceux et celles que j’apprécie autour de moi pour cette même qualité ?

Homélie

Joseph, l’époux de Marie que saint Matthieu met aujourd’hui en scène apparaît souvent comme le grand oublié de l’histoire du salut. Et pourtant il a joué un rôle fondamental dans la venue du Fils de Dieu sur la terre. En outre, avec cette discrétion (qui est le plus souvent la marque des gens qui ont une grande profondeur humaine et spirituelle), Joseph a porté un magnifique témoignage de vie. Saint Joseph, le silencieux, l’effacé, éclaire singulièrement le « Mystère de Noël ». Il éclaire aussi nos relations humaines et familiales.

Saint Joseph nous est tout d’abord montré comme un homme juste.

On imagine volontiers sa souffrance et le cas de conscience qui se pose à lui lorsqu’il constate que Marie porte un enfant qui n’est pas de lui. Pourtant, parce qu’il est « juste » (au sens où il s’ajuste à la volonté du Seigneur) Joseph ne veut pas dénoncer Marie, ce qui aurait pour elle de graves conséquences. Il prend la décision de la « renvoyer en secret » comme s’il renonçait à ce mariage pour laisser Marie libre. Il ne condamne pas ce qu’il ne comprend pas. Il aime Marie et lui accorde encore un apriori favorable malgré les apparences qui sont contre elle. Ce faisant il voit et agit en juste, Lui, l’humble artisan de Nazareth, il sauve le sauveur et sa mère.

Ce fut sa manière à lui de donner la vie à Jésus.

Saint Joseph nous donne là une grande leçon : trop souvent en effet nous jugeons selon les apparences, nous dénonçons par médisance ou par calomnie sans souci du mal que nous pouvons faire ainsi.

Saint Joseph nous apprend le respect, la bienveillance, l’amour qui sauve et fait vivre. Il nous enseigne la « justesse » du regard qui cherche à comprendre et fait confiance.

Saint Joseph nous est aussi montré comme un homme de Foi. Comme tant être humain il faisait de beaux rêves, de beaux projets... Et puis soudain il comprend que rien ne sera comme prévu... Dieu s’adresse à lui dans un songe, lui offrant un destin inattendu, une place de choix dans l’histoire du salut. S’il refuse de croire à cette parole, il s’éloigne de Marie, refuse cet enfant avec un douloureux sentiment d’échec, il restera un inconnu. Par contre, s’il croit ce qui lui parait invraisemblable et s’il admet, lui aussi, que « rien n’est impossible à Dieu » il entre dans une aventure exceptionnelle. Il insère le Sauveur dans la lignée de David et lui donne le nom de Jésus.

Par lui, Jésus n’est pas aux yeux du monde le fils de l’infidélité, mais le Fils de Dieu, l’Emmanuel « Dieu avec nous » comme l’annonçait le prophète Isaïe. Dans un grand acte de foi, il choisit de prendre avec lui, Jésus et Marie. Il devient ainsi le père adoptif du Messie de Dieu.

En cela aussi, chers frères et sœurs, saint Joseph nous donne une grande leçon. Nos vies sont faites de choix difficiles. Il arrive que Dieu, à travers les évènements nous appelle à l’inattendu. Pas facile alors de choisir dans l’obscurité de la Foi. Pourtant nous découvrons par la suite que nous avons eu raison de faire confiance à la tendresse imaginative du Seigneur qui nous pousse plus loin que nos projets.

Chers frères et sœurs, l’Evangile de ce 4ème Dimanche de l’Avent nous aura donc fait comprendre qu’auprès de Jésus, Marie et Joseph ont eu chacun un rôle spécifique. Marie a mis au monde le Fils de Dieu, rôle inouï pour un évènement unique dans notre histoire humaine « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » dira Saint Paul.

Joseph, lui fut le père adoptif. Il faut savoir qu’à cette époque l’adoption était considérée comme une authentique paternité créant des liens aussi forts que la filiation charnelle. C’est pour cette mission qu’il a eu droit à « une annonciation » en bonne et due forme. « Joseph ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse ; l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-Saint ». Joseph exercera sa responsabilité de père en donnant à l’enfant le nom de Jésus.

Jésus a donc été élevé par un homme et une femme, c’est entre eux deux qu’il a grandi, fait son apprentissage d’homme et s’est préparé à sa mission de Sauveur du monde. Auprès de Joseph, Jésus a fait l’expérience humaine du père. Dans l’Evangile il appelle Dieu son Père « Abba » équivalent de « papa », c’est aussi par ce nom qu’il appelait Joseph son père adoptif. Et lorsqu’il dira « qui d’entre vous si son fils lui demande du pain lui donnera une pierre » n’exprime-t-il pas indirectement son souvenir de la sollicitude affectueuse dont Joseph l’a entouré ? Qui pourra faire l’inventaire de tout ce que le Christ a reçu, a voulu recevoir de Joseph ?

A nous aussi, il peut apporter beaucoup. Confions-nous donc à sa puissante intercession.

Amen.

Lectures et Homélie du 4ème dimanche de l'Avent en DOCX et PDF

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9 décembre 2022 5 09 /12 /décembre /2022 09:44

Avent A

Lecture du livre d'Isaïe 35, 1-6a.10

Le salut de Dieu se manifeste par la joie qu’il fait naître.

Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et du Sarone. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver ».

Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie.

Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Après quarante ans d’exil, le peuple juif va rentrer en Palestine à travers le désert de Syrie. Cette bonne nouvelle fait passer sur le désert un souffle de vie, signe du renouveau qui envahit les cœurs désertés par l’espérance. À l’image de la steppe qui refleurit, le courage revient aux accablés, les yeux éteints s’ouvrent à la lumière, l’éclopé retrouve ses jambes, le muet crie sa joie. La venue de Dieu pour sauver son peuple libère les possibilités de vie cachées, comme l’eau assure au désert aride sa fécondité. Être sauvé, c’est renaître à la vie et à la joie.

Les raisons de s’affoler ne manquent pas dans le monde ni celles de baisser les bras par découragement. Seule la certitude que le Seigneur vient sauver son peuple peut rendre à beaucoup l’espérance. À nous d’être les témoins du Dieu qui s’approche des hommes.

Psaume 145

R/ : Viens, Seigneur, et sauve-nous ! ou : Alléluia !

  • Le Seigneur fait justice aux opprimés, aux affamés, il donne le pain, le Seigneur délie les enchaînés. R/
  • Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes. R/
  • Le Seigneur protège l’étranger, il soutient la veuve et l’orphelin, d’âge en âge, le Seigneur régnera. R/

Lecture de la lettre de saint Jacques 5, 7-10

La patience dont nous parle saint Jacques n’est pas une démission : si le cultivateur attend patiemment la moisson, il a commencé par semer.

Frères, en attendant la venue du Seigneur, prenez patience. Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive. Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche.

Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte. Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur. – Parole du Seigneur.

Commentaire : En nous invitant à la patience, saint Jacques ne nous fait pas un pieux sermon sur la vertu. La patience dont il parle est la force d’âme du chrétien que soutient l’espérance de la venue du Sauveur. C’est lui, le Seigneur, qui donnera toute sa fécondité au laborieux travail des semailles d’un monde meilleur. C’est lui, le juge des vivants et des morts, qui se montrera plein d’indulgence envers qui aura supporté avec patience et amour les duretés et les misères de ses frères. L’Avent est le temps de cette patience-là.

Inertie ou patience ? Si l’une se contente d’attendre, l’autre attend le résultat de ses efforts. Dieu, lui, n’est pas inerte et il nous appelle à imiter sa patience active.

Alléluia. Alléluia. L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 11, 2-11

À la question de Jean Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir ? » Jésus ne répond pas par des mots, mais par des actes.

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »

Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Jean Baptiste est emprisonné par Hérode, dans une forteresse du désert. Les échos qui lui parviennent de l’action de Jésus le laissent désemparé : le grand jour, où Dieu sauvera son peuple, tarde à venir. Qu’en est-il ? Jésus lui fait répondre : « Le salut du monde avance chaque fois que le mal recule : mal physique ou ignorance de l’Évangile, la Bonne Nouvelle ». Mais pour ce travail, il faut des hommes à l’image de Jean Baptiste, des hommes qui surmontent les doutes et les échecs, sans être un roseau perpétuellement balancé » ; des hommes qui aient rompu, comme lui, avec la course au confort, le mensonge et la lâcheté qui se cachent derrière les habits somptueux de la cour d’Hérode. À ces conditions se forme le messager du Christ.

Je ne suis qu’un de ces plus petits dans le Royaume, mais par grâce de Dieu je suis le frère de Jean Baptiste, le plus grand parmi les hommes. Quel bonheur et quelle joie, Seigneur, d’être ainsi reconnu et promu à l’instar des plus grands de tes saints.

Homélie

Il est des moments dans la vie où tout se trouve brutalement remis en question. Combien de gens ne voit-on pas au soir de leur existence, (quelque fois beaucoup plus tôt) qui s’interrogent avec amertume : « Quel a été le sens de ma vie, qu’en restera-t-il ? N’ai-je pas fait fausse route, ne me suis-je pas illusionné ? »

Ces heures de doute lancinant Jean-Baptiste, le Précurseur du Christ, les a vécues derrière les barreaux de cette prison de Macheroute où le Roi Hérode l’avait fait incarcérer. Aurait-il tant prêché et tant risqué pour rien ?

Pendant des mois, sur les bords du Jourdain, il a proclamé la venue imminente du Messie, un jour il l’a montré à la foule « Voici l’agneau de Dieu » ; et il l’a même baptisé. A d’anciens disciples qu’on laisse accéder jusqu'à lui, Jean-Baptiste fait part de ses interrogations et de ses inquiétudes. Pas question, bien sûr, de remettre en cause la parole de Dieu transmise par les prophètes. Jean est sûr qu’un Messie va venir, puisque les prophètes l’ont annoncé !

Mais, lui, Jean, ne s’est-il pas trompé quand au bord du Jourdain il a désigné Jésus comme ce Messie qu’on attendait depuis des siècles ? N’a-t-il pas été présomptueux en prenant comme une inspiration divine ce qui, après tout n’était peut-être qu’un enthousiasme personnel et passager ? Ce Jésus de Nazareth, s’il est le Messie qu’attend-il donc pour se manifester avec éclat et répondre à l’espérance de tout son peuple ?

Jean espérait un justicier impitoyable et on lui dit que Jésus est un guérisseur des corps et un médecin des âmes. La vengeance de Dieu s’annonçait et c’est la miséricorde qui est offerte avec douceur et humilité. Il y a même du scandale dans l’air. N’a-t-on pas vu ce défenseur des pauvres et ce fils du peuple élu fréquenter les riches, partager la table des pharisiens rigides et des publicains méprisés ? Il a été jusqu’à louer la foi d’un officier païen de l’armée d’occupation ? Étrange libérateur et tellement différent du portrait prophétisé... Héritier de toute la Bible, mais peut-être rempli avant tout par les images bibliques du jugement final, Jean ne comprend plus. Et comme il veut en avoir le cœur net, il envoie des messagers à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Et Jésus répond non par des mots, mais par des actes : « Allez répondre à Jean ce que vous entendez dire de moi et ce que vous me voyez faire ».

Mais il ne s’agit pas d’éclat de victoire, ni de vengeance assouvie. Pas même une réponse aux espérances politiques, religieuses ou nationalistes d’un bon nombre. Le Messie est bien là, la libération a commencé. Le Royaume de Dieu est inauguré, mais autrement. Les signes de la présence du Royaume et de son Messie n’ont rien de spectaculaire. Ils sont tellement discrets et dissimulés dans la pâte de la vie quotidienne qu’ils passent aisément inaperçus. Jésus refuse donc de répondre à Jean-Baptiste en présentant ses titres et ses lettres de créance. Il ne cherche pas à justifier sa présence ni ses attitudes qui étonnent, choquent et divisent. Les preuves qu’il est bien le Messie promis et attendu, Jean est invité à les voir dans les gestes d’amour et de pardon, le témoignage d’un esprit largement ouvert et toujours accueillant, un cœur sans frontières, un total respect de tout être, une passion de la vérité et de la justice, une incessante fidélité à défendre les droits de Dieu et ceux de la personne humaine. L’envoyé de Dieu n’est-il pas celui qui doit passer en faisant le bien, en annonçant le Bonne Nouvelle aux pauvres, à tous ceux dont les genoux fléchissent tellement ils sont accablés.

Les voies de Dieu sont souvent déroutantes. A Jean-Baptiste qui avait dans sa prison tant de raisons pour s’impatienter et se décourager, Jésus rappelles les promesses d’Isaïe ; il lui fait savoir comment elles sont en voie d’accomplissement. Cela ne changera rien à la situation pénible du précurseur : prisonnier, il le restera jusqu’au soir de son exécution. Et pourtant à partir de là pour Jean-Baptiste la vie aura retrouvé son sens. Parce qu’il aura reconnu la fidélité de Dieu à la parole donnée, il pourra accepter de « diminuer pour que le Messie grandisse ». Il pourra accepter d’être la semence que l’on enfouit en terre pour que germe la moisson...

Chers frères et sœurs, la situation de doute dans laquelle Jean-Baptiste s’est trouvé, certains peut-être parmi nous sont en train de la vivre. Mais sachons que nous sommes tous appelés à la vivre un jour ou l’autre, sur un autre mode sans doute et à un moindre degré. A une certaine époque, peut-être avons-nous cru à un grand idéal ? Peut-être avons-nous cru à la possibilité d’un grand amour ou d’un grand appel ? Et voilà que la vie nous a déçus et meurtris : blessures qu’infligent les échecs ou ankylose que provoque la monotonie, la banalité du quotidien. Et Dieu semble se taire. Il ne répond pas à nos attentes, ni à nos désirs. Comme ses voies nous paraissent déroutantes ! Mais c’est parce que nous voulons sans cesse les réduire à des dimensions humaine, c’est parce que nous n’acceptons pas le cheminement qui fut celui de Jean-Baptiste, (et qui est une préfiguration de celui de Jésus lui-même), cheminement qui passe par la mort pour aboutir à la Résurrection. C’est au Jardin de l’Agonie et c’est sur le Calvaire que Jésus a pu signifier au maximum l’amour qu’il porte à son Père et aux hommes.

C’est peut-être au creux de l’épreuve quand tout devient obscur, quand tout semble muré que nous pouvons le mieux apprendre à aimer.

Demandons à Marie, notre Éducatrice spirituelle de nous le faire comprendre.

Amen.

Lectures et Homélie du 3ème dimanche de l'Avent en DOCX et PDF

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2 décembre 2022 5 02 /12 /décembre /2022 16:01

 

Année A

Lecture du livre du prophète Isaïe 11, 1-10

Que ce même Esprit fasse de ton Église le signe visible de l’unité entre les hommes et l’instrument de ta paix.

En ce jour-là, un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines.

Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur – qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins.

Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer.

Ce jour-là, la racine de Jessé sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Le peuple juif attend que surgisse un sauveur de la descendance du roi David qui avait Jessé pour père. Le prophète Isaïe en décrit les qualités : il ne brillera pas d’abord par sa diplomatie habile, ni par l’art de ménager les puissants, mais il sera rempli de l’Esprit de Dieu pour faire régner la justice en faveur des opprimés. De volonté, de puissance, de violence et d’injustice son règne n’en connaîtra plus, mais l’on connaîtra une intimité telle avec le Seigneur que le monde en sera réconcilié.

Cet amour des pauvres, cette prédilection pour les petits ne sont-ils pas le signe que les peuples et les nations de la terre attendent de l’Église pour reconnaître dans le Christ celui qui vient combler leurs aspirations ?

« La raison du plus fort et toujours la meilleure », concluait Jean de la Fontaine, en mettant en scène le loup et l’agneau. Connaissons-nous des lieux, dans le monde et dans l’Église, où cette affirmation est contestée ? N’est-ce pas un signe que la connaissance du Seigneur commence à remplir la terre comme les eaux recouvrent le fond de la mer ?

Psaume 71

R/ : En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des temps.

  • Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice. Qu’il gouverne ton peuple avec justice, qu’il fasse droit aux malheureux ! R/
  • En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des lunes ! Qu’il domine de la mer à la mer, et du Fleuve jusqu’au bout de la terre ! R/
  • Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie. R/
  • Que son nom dure toujours ; sous le soleil, que subsiste son nom ! En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ; que tous les pays le disent bienheureux ! R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 15, 4-9

Daigne nous garder toujours en communion d’esprit et de cœur avec notre pape et notre évêque. Aide-nous à préparer ensemble la venue de ton règne.

Frères, tout ce qui a été écrit à l'avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance. Que le Dieu de la persévérance et du réconfort vous donne d’être d’accord les uns avec les autres selon le Christ Jésus. Ainsi, d’un même cœur, d’une seule voix, vous rendrez gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ.

Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. Car je vous le déclare : le Christ s’est fait le serviteur des Juifs, en raison de la fidélité de Dieu, pour réaliser les promesses faites à nos pères ; quant aux nations, c'est en raison de sa miséricorde qu'elles rendent gloire à Dieu, comme le dit l’Écriture : C’est pourquoi je proclamerai ta louange parmi les nations, je chanterai ton nom. – Parole du Seigneur.

Commentaire : « Être accueillant, c’est savoir se faire tout à tous ». Paul le rappelle à la communauté chrétienne de Rome, carrefour de races et de mentalités, comme toutes nos grandes villes. Il y avait dans cette Église des fervents et des tièdes, des juifs et des païens convertis. Il était difficile de réaliser l’unanimité des cœurs et des esprits, même dans la prière. Pourtant le Christ n’avait-il pas donné la preuve de son amour pour tous ? Aux juifs qui attendaient le Sauveur promis, comme aux païens, qui apprirent avec joie que le Christ venait aussi pour eux. En implantant l’Église au milieu des peuples, n’avait-il pas fait confiance aux hommes ?

À l’époque où Paul écrit sa lettre, les livres saints ne sont encore que ceux de l’ancienne Alliance. Ils témoignent de la persévérance et du courage du peuple juif durant un millénaire d’une histoire bien mouvementée. Demandons au Dieu de la persévérance et du courage de les donner à tous ceux qui croient en lui.

Alléluia. Alléluia. Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers : tout être vivant verra le salut de Dieu. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 3, 1-12

Où est maintenant le baptême venant de Jean ? Il a accompli son service, et il a disparu. Maintenant le baptême venant du Christ se multiplie.

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche ».

Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.

Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : Ce qui intéresse Matthieu dans la personne de Jean Baptiste, c’est son message plutôt que le baptême qu’il propose ; jean rappelle avec insistance la nécessité de « produire du fruit » ; il annonce que tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. La conversion qu’il réclame de tous doit se traduire en actes. Aucun privilège, même celui d’appartenir à l’Église, ne peut soustraire quelqu’un au jugement du Christ : on n’emmagasine que le blé, le reste est brûlé !

« Des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham ». Merci, Seigneur, d’être cette pierre que tu n’as pas rejetée, mais que tu as choisie pour pierre vivante de ton Église, le corps de ton Fils.

Homélie

Tout au long de la trajectoire que forme l’histoire du salut, les prophètes ne cessent de répercuter les appels de Dieu. Ces porte-paroles du Seigneur sont des « durs » qui se dressent dans le désert de l’indifférence religieuse. Rien ne leur fait peur...

Jean-Baptiste qui est le dernier anneau de la lignée des prophètes est le plus illustre de ces crieurs publics. Il fut dur avec lui-même et ce qu’il exigea des autres il commence par le vivre énergiquement. Saint Matthieu nous le montre aujourd’hui aux prises avec des auditeurs au cœur de pierre et à l’esprit tordu. Beaucoup parmi les Juifs qui venaient à lui se disaient en effet, « fils d’Abraham » dans un grand élan de prétention et de satisfactions religieuses. Mais combien avaient le courage de passer aux actes : ces actes qui engagent et transforment une vie ?

Impitoyable, le Précurseur du Christ devine la comédie des pénitents qui avouent leurs péchés du bout des lèvres et s’arrangent ensuite pour éviter de produire des fruits qui mettraient en péril leur confort, leurs habitudes, leur routine de pratiquants assoupis dans leur bonne conscience. Sur ce peuple de conformistes, Jean-Baptiste tonne avec des expressions cinglantes qui réveillent comme un orage et secouent comme un tremblement de terre. Sur ces hypocrites il ne craint pas d’appeler la hache et le balai, le feu et l’Esprit de Dieu. C’est sa manière à lui d’attendre le Messie et de préparer sa venue. Sainte colère qui doit redresser chemins et personnes pour permettre de bien accueillir Celui qui arrive en Sauveur du Monde par la croix.

Chers frères et sœurs, l’Avent dans lequel nous sommes entrés, il y a une semaine, n’est pas une berceuse pour enfants sages. On ne peut vivre sérieusement ce temps de grâce que si on redouble d’efforts pour se convertir. Par trois fois, d’ailleurs, l’Évangile aujourd’hui nous rappelle cette nécessaire et très urgente conversion. Mais de quoi s’agit-il en fait ?

- La conversion est d’abord un jugement, non pas sur les autres, mais sur soi-même. Se convertir consiste en premier lieu à se regarder devant Dieu et à prendre sa propre mesure face à Dieu. Il faut bien comprendre, en effet, qu’à partir du moment où nous acceptons de nous voir lucidement devant Dieu nous ne nous considérons plus comme seuls maîtres de notre personne et de notre vie. Il se produit un retournement de notre mentalité. Au lieu de ramener toutes choses à nos manières de voir, nous tournons les yeux vers le Seigneur pour l’interroger et suivre son regard à Lui : la grande Loi de la vie chrétienne consiste à éclairer par l’Évangile nos pensées et nos actes. En retour, une loyale réponse à la lumière reçue aide à mieux comprendre l’Évangile.

- La conversion est, en second lieu, une décision. Ayant accepté l’éclairage de l’Évangile on se décide à agir en conséquence. C’est ce que l’Eglise a désigné dans la 1ère oraison de cette messe sous le nom « d’intelligence du cœur ». L’intelligence du cœur c’est l’accueil pratique et réaliste de la Parole de Dieu, sa mise en application. C’est sur le terrain, en effet, c’est dans la réalité de la vie que se vérifie l’adhésion à l’Évangile.

Jean-Baptiste nous dit cela de façon particulièrement suggestive : « Produisez donc, nous dit-il, un fruit qui exprime notre conversion », car vous savez bien ce qui arrive à l’arbre qui ne porte pas de fruits : on le coupe et on le jette au feu...

Alors, frères et sœurs, ne restons pas dans le domaine du rêve, de l’illusion, des bonnes intentions : nous nous y complaisons si facilement. Soyons bien convaincus que ce sont nos actes qui révèlent ce que nous sommes...

Jésus sur ce point, nous a avertis solennellement : « Ce ne sont pas ceux qui disent Seigneur, Seigneur qui entreront dans le Royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté de mon Père qui est aux cieux ». Et c’est dans le même sens que l’Apôtre Jean déclare dans sa 1ère lettre : « N’aimons pas par des paroles et des discours, mais en actes et en vérité ». Or, les actes que la conversion produit immanquablement si elle est profonde, ce sont des actes de foi, d’espérance et d’amour, des actes de justice, de pardon et de paix. Il s’agit de faire passer dans toute notre vie, des enseignements que le Christ nous transmet par son Eglise (sans faire un tri entre ceux qui nous conviennent et ceux qui nous déplaisent). Il s’agit d’abandonner nos erreurs, nos péchés, nos mauvaises habitudes, notre indifférence à l’égard de Dieu et du prochain. Il faut que nous soyons justes et charitables à l’égard de tous ceux qui nous entourent, qu’ils soient sympathiques ou non ; qu’ils partagent ou non nos idées, nos aspirations et même nos croyances et que nous le soyons d’autant plus qu’ils sont plus malheureux. Autrement dit, il faut que nous soyons les imitateurs de Dieu qui s’est donné à nous à Noël... en nous donnant à notre tour, très généreusement à nos frères. Il est sûr que cela exige beaucoup de notre part. Mais Jésus ne nous a jamais dit que l’Évangile serait facile à pratiquer. Il ne nous l’a jamais présenté comme un chemin de velours mais comme un rude chemin de croix.

Heureusement que dans sa suprême sagesse et son immense miséricorde, il nous a promis le Secours d’En-Haut : cette grâce actuelle que l’on obtient toujours si on la demande dans une prière humble, confiante et persévérante. C’est elle qui nous donne la force de conformer notre volonté à celle de Dieu, en dépit de notre faiblesse et de toutes les difficultés.

Frères et sœurs, si nous voulons vivre d’une manière fructueuse le temps de l’Avent, prenons la ferme résolution de nous convertir en profondeur et comportons nous de telle manière que le témoignage de notre vie exemplaire, toute rayonnante de foi, d’amour, fasse naître dans le cœur de nos frères incroyants ou indifférents le désir de nous rejoindre.

Guidés, encouragés et soutenus par Marie, notre éducatrice spirituelle, préparons en nous et autour de nous les chemins du Seigneur.

Amen.

Prière universelle

Marcher à la lumière du Seigneur implique inévitablement un appel à un changement radical. Confions nos prières au Seigneur pour que la conversion véritable atteigne tous les cœurs.

Père très saint, change nos cœurs.

  • Pour les dirigeants aux prises avec la corruption ; afin que les valeurs d’intégrité et de justice dominent, prions.
  • Pour l’Église marquée par des scandales de toutes sortes ; afin que la pureté, le respect et la fidélité triomphent, prions.
  • Pour les familles menacées par le divorce ; afin que le dialogue, le pardon et l’amour prévalent, prions.
  • Pour notre communauté ; afin que le désir de conversion sincère habite tous les cœurs, prions.

Père très bon, tu appelles chacun et chacune de nous à la conversion. Accompagne-nous dans notre marche en exauçant nos demandes. Nous te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur, lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

Source : http://www.vieliturgique.ca/

Lectures et homélie du 2ème dimanche de l'Avent en DOCX et PDF

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22 novembre 2022 2 22 /11 /novembre /2022 18:35

Lecture du livre d'Isaïe 2, 1-5

L'espérance de paix qui habite tous les peuples les conduira un jour à la rencontre du Dieu de la paix.

Parole d’Isaïe – ce qu’il a vu au sujet de Juda et de Jérusalem. Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la Maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, s’élèvera au-dessus des collines. Vers elle afflueront toutes les nations et viendront des peuples nombreux. Ils diront : « Venez ! montons à la montagne du Seigneur, à la Maison du Dieu de Jacob ! Qu’il nous enseigne ses chemins, et nous irons par ses sentiers ». Oui, la loi sortira de Sion, et de Jérusalem, la parole du Seigneur.

Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre.

Venez, maison de Jacob ! Marchons à la lumière du Seigneur. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Tous les peuples de la terre aspirent à vivre en paix. Pourtant les foyers de guerre renaissent les uns après les autres à la surface du globe et le trafic des armes apporte un plus grand profit que celui des machines agricoles. Un appétit de violence, en même temps qu’une soif de paix, habitent le cœur de l’homme et se disputent le gouvernement du monde. Quel arbitre saurait réconcilier notre humanité déchirée ? Dieu seul ! C’est là bien plus qu’une promesse puisqu’en Jésus Christ Dieu a déjà donné sa lumière aux nations de la terre et enseigné sa parole d’amour qui peut réconcilier les hommes entre eux et avec eux-mêmes.

Sommes-nous des artisans de paix et de réconciliation. Jésus nous assure qu’alors le Dieu de paix nous reconnaît pour ses fils et ses filles.

Psaume 121

R/ : Dans la joie, nous irons à la maison du Seigneur.

  • Quelle joie quand on m'a dit : « Nous irons à la maison du Seigneur ! » Maintenant notre marche prend fin devant tes portes, Jérusalem ! R/
  • Jérusalem, te voici dans tes murs : ville où tout ensemble ne fait qu'un ! C'est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur. R/
  • C'est là qu'Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur. C'est là le siège du droit, le siège de la maison de David. R/
  • Appelez le bonheur sur Jérusalem : « Paix à ceux qui t'aiment ! Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais ! » R/
  • À cause de mes frères et de mes proches, je dirai : « Paix sur toi ! » À cause de la maison du Seigneur notre Dieu, je désire ton bien. R/

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 13,11-14a

Sortez de votre léthargie, sortez de votre sommeil, nous écrit l’apôtre Paul, car le jour de Dieu approche.

Frères, vous le savez : c’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil. Car le salut est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants.

La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie, mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ. – Parole du Seigneur.

Commentaire : Lire les signes des temps, épouser le mouvement de l’histoire sont parmi les tâches importantes de l’Église à notre époque. Nos contemporains veulent édifier un monde autre, une société meilleure, un nouveau type d’hommes ; ils veulent faire droit aux aspirations légitimes des peuples, des races et des hommes de tous horizons. Puisque nous croyons que le Christ a mis sa trace en plein cœur de l’humanité et que l’histoire avance à sa clarté, savons-nous discerner l’éclosion du Royaume dans notre monde, savons-nous reconnaître que le salut est maintenant plus proche de nous ? Vivons-nous, agissons-nous, tendus vers ce jour qui pointe à l’horizon ?

« Revêtez le Seigneur Jésus Christ ! » Quel vêtement du cœur m’invites-tu à endosser aujourd’hui, Seigneur, pour mener le combat de la lumière ?

Alléluia. Alléluia. Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut. Alléluia.

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 24,37-44

Au sein de nos vies bien organisées, sommes-nous prêts à nous laisser surprendre par le Seigneur ?

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme.

En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme.

Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient.

Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison.

Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra ». – Acclamons la Parole de Dieu.

Commentaire : L’annonce de la bonne nouvelle du règne de Dieu qui vient, qui est déjà là à l’œuvre avec Jésus, paraît n’avoir rien changé dans le monde : hommes et femmes continuent de manger et de boire, d’épouser, de travailler et de s’activer aux soins de ménage. Pourtant le sens de la vie et l’avenir du monde sont fondamentalement remis en cause. Mais tant d’hommes ne se doutent de rien !

Notre existence est très programmée : que d’activités souvent ne nous laissent pas le temps de prendre du recul pour réfléchir sur le sens de notre vie ! L’Avent s’offre à être ce temps de recul, de la réflexion et de la prière.

Homélie

Chaque année durant les quatre semaines qui précèdent Noël, l’Eglise nous fait célébrer le mystère de l’Avent. Ce mot qui signifie venue évoque tout d’abord une merveilleuse réalité du passé : la naissance à Bethléem du Fils Unique de Dieu qui a pris chair dans le sein de la Vierge Marie. « Quand les temps furent accomplis, nous dit saint Paul, Dieu envoya son Fils, né d’une femme ». Cet évènement de l’Incarnation - le plus considérable de toute l’histoire humaine - Dieu l’avait longuement et patiemment préparé dans le peuple Juif, suscitant en lui par ses prophètes l’espérance du salut, faisant de lui « comme un berceau dans lequel il viendrait au jour de Noël déposer son Fils unique, le Sauveur Jésus ». (Cardinal Journet) Cette longue attente qui atteignit sa plus haute tension dans le cœur de Marie, « la fille de Sion » est offerte à notre contemplation, tout au long de ce temps de grâce qu’est l’Avent, pour stimuler notre espérance en cette sublime réalité à venir qui est le retour glorieux du Christ-Roi et pour creuser notre désir de sa venue actuelle dans nos vies.

Car le Seigneur reviendra, comme il l’a promis, au « dernier jour », dans une apothéose de gloire. Il achèvera alors et couronnera son œuvre en transfigurant le monde et en introduisant l’humanité ressuscitée dans le Royaume d’éternel bonheur que le Père des Cieux a préparé pour ses enfants depuis la fondation du monde.

Disons-nous bien que nous ne serons pleinement chrétiens que si nous sommes constamment orientés et comme tendus vers cet ultime avènement de Notre-Seigneur, objet de notre Foi et de notre Espérance. Sans oublier cependant que la meilleure manière de l’attendre et de nous y préparer c’est de l’accueillir, lui le Christ, qui vient à tout instant et de bien des manières dans notre vie de tous les jours : venue très réelle, mais habituellement si discrète que seul le regard pénétrant de la Foi est capable de la discerner au delà des apparences, au delà des signes.

C’est ainsi que le Seigneur vient au devant de nous par sa Parole qui éclaire notre route, répond aux grandes questions que nous nous posons, donne un sens à notre vie et nous façonne peu à peu à sa ressemblance, si toutefois nous sommes assidus à l’écouter et la méditer. Il vient à nous à travers les Sacrements, plus particulièrement l’Eucharistie qui est une rencontre unique avec sa personne réellement présente sous les apparences du pain et du vin consacrés par le prêtre ; rencontre privilégiée dans laquelle nous nous unissons à son sacrifice rédempteur et recevons en abondance la vie divine qui en est le fruit.

Il vient dans toutes nos prières, grâce auxquelles nous pouvons approfondir notre intimité avec lui et obtenir toutes les grâces dont nous avons besoin tant pour le corps que pour l’âme. Il vient encore à nous très concrètement à travers le prochain. C’est lui-même qui l’affirme : « celui qui reçoit un de ces petits, c’est moi qu’il reçoit. Tu as vu ton frère, dit un Père de l’Eglise, tu as vu ton Dieu ». Jésus vient enfin à nous à travers tous les évènements, petits ou grands, heureux ou malheureux qui tissent la trame de notre existence. Dans tout ce qui nous arrive, en effet, n’y-a-t-il pas un signe de Dieu, la marque toute particulière de sa Providence ? Si, moyennant les secours de la grâce, nous aspirons à vivre intensément ces diverses rencontres avec l’ami divin, si nous nous montrons de plus en plus fidèles aux rendez-vous qu’il nous donne dans chaque instant présent, nous ne serons ni surpris, ni désemparés lorsque sonnera pour nous l’heure du suprême rendez-vous celui de notre mort. Quelle merveilleuse surprise ce sera alors pour nous ! Et quelle indicible joie ! Lorsqu’étant enfin nés à la vie du ciel – car la mort ne sera rien d’autre que notre deuxième et définitive naissance - nous pourrons communier pleinement, dans la très pure clarté de la Gloire, à Celui que nous aurons si ardemment désiré et si souvent accueilli ici-bas dans l’obscurité de la Foi. Rappelons nous ici la parole de saint Jean : « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que lors de cette manifestation nous lui serons semblables parce que nous le verrons tel qu’il est ».

Pour cette perspective-là aussi : celle du terme ultime de notre aventure humaine personnelle, l’Eglise, par sa liturgie de l’Avent, nous éduque excellemment à l’Espérance surnaturelle.

Frères et sœurs, pour que le temps de l’Avent qui nous familiarise si bien avec le mystère« du Dieu qui vient » nous soit spirituellement profitable demandons à Marie qui est la« Mère de la Sainte Espérance » de mettre en nos cœurs les sentiments qui animaient le sien lorsqu’elle attendait la première venue du Sauveur.

Puisse-t-elle nous apprendre à accueillir le Seigneur avec le plus grand amour possible en toutes ses venues « maintenant et à l’heure de notre mort ».

Amen.

Lectures et Homélie du 1er dimanche de l'Avent - A - en DOCX et PDF

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