Année A
Lecture du livre d'Isaïe 7, 10-16
Dieu est avec nous, dit le prophète Isaïe, et le signe en est un petit enfant qu'une jeune femme mettra au monde.
En ces jours-là, le Seigneur parla encore ainsi au roi Acaz : « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut ». Acaz répondit : « Non, je n'en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l'épreuve ». Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! C'est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, et on l'appellera Emmanuel, (c'est-à-dire : Dieu-avec-nous). De crème et de miel il se nourrira, jusqu'à ce qu'il sache rejeter le mal et choisir le bien. Avant que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, la terre dont les deux rois te font trembler sera laissé à l'abandon ». - Parole du Seigneur.
Commentaire : le roi Acaz est inquiet devant la progression des armées ennemies sur son territoire ; il n’est pas sûr non plus de ses arrières, car le mécontentement gagne à Jérusalem, chez le peuple lassé des désordres des rois de la dynastie de David. Que faire ? Dédaignant d’en appeler à la protection du Seigneur, il invoque à l’aide, contres ses ennemis, le puissant roi d’Assyrie. Ainsi a commencé l’escalade de la violence qui, à travers les larmes et les souffrances, mènera le royaume de David à sa perte.
Dieu pourtant ne se lasse pas : il interviendra d’une manière déconcertante par ce Fils qu’on nommera Emmanuel, c’est-à-dire Dieu avec nous. « Avec nous », oui ! Mais pas avec nos armées !
L’enfant pauvre et désarmé que nous attendons pour Noël, nous a-t-il enseigné que les moyens par lesquels Dieu parvient à ses fins ne sont pas les nôtres ?
Psaume
R/ : Qu’il vienne, le Seigneur : c’est lui, le roi de gloire.
- Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants ! C'est lui qui l'a fondée sur les mers et la garde inébranlable sur les flots.
- Qui peut gravir la montagne du Seigneur et se tenir dans le lieu saint ? L'homme au cœur pur, aux mains innocentes, qui ne livre pas son âme aux idoles.
- Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, et de Dieu son Sauveur, la justice. Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! Voici Jacob qui recherche ta face !
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains 1, 1-7
Celui que nous fêterons à Noël n'est pas seulement l'enfant des hommes, mais le Fils de Dieu, entré par sa résurrection dans la vie du Père.
Paul, serviteur du Christ Jésus, appelé à être Apôtre, mis à part pour l’Évangile de Dieu, à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome.
Cet Évangile, que Dieu avait promis d’avance par ses prophètes dans les saintes Écritures, concerne son Fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David et, selon l’Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus Christ, notre Seigneur.
Pour que son nom soit reconnu, nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre, afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes, dont vous faites partie, vous aussi que Jésus Christ a appelés.
À vous qui êtes appelés à être saints, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. – Parole du Seigneur.
Commentaire : A l’approche de Noël, Paul nous rappelle avec raison en quoi consiste l’Évangile. L’apôtre ne prêche pas seulement en Jésus Christ un homme parfait, un champion d’une cause humaine, d’une révolution des cœurs ou d’une transformation des rapports entre les hommes. Ce Jésus, s’il partage notre condition humaine depuis le premier Noël, est le propre Fils de Dieu, entré, depuis sa Résurrection des morts, dans sa puissance divine. Seigneur de nos vies, il nous appelle à le servir, il nous fortifie de son amour pour que nous proclamions, par nos actes et nos paroles, qu’en lui Dieu a montré sa tendresse pour tout homme.
La Bonne Nouvelle est parvenue jusqu’à nous qui faisons partie des nations païennes dont parle l’apôtre Paul. Comment permettre à l’Évangile de poursuivre sa course ?
Alléluia. Alléluia. Voici que la Vierge concevra : elle enfantera un fils, on l’appellera Emmanuel, « Dieu-avec-nous ». Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 1, 18-24
Dieu confie à Joseph la responsabilité de l'enfant de Marie et le charge de l'appeler Jésus, c'est-à-dire Sauveur.
Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse. – Acclamons la Parole de Dieu.
Commentaire : Joseph, pressentant l’action de Dieu en Marie, décide, avec délicatesse, de lui rendre sa liberté pour ne pas s’immiscer dans le mystère divin. Mais Dieu l’appelle, au contraire, à collaborer étroitement à son œuvre. Cette naissance vient certes de l’Esprit Saint, mais Joseph doit assumer la responsabilité paternelle de l’enfant en lui donnant son nom-programme : Jésus, c’est-à-dire Sauveur. Ainsi Joseph est-il convié à participer à la réalisation du projet de Dieu.
Les évangiles ne nous ont conservé aucune parole de Joseph : c’est un homme qui ne fait pas de discours mais qui agit en conformité aux appels de Dieu. Quels sont ceux et celles que j’apprécie autour de moi pour cette même qualité ?
Joseph, l’époux de Marie que saint Matthieu met aujourd’hui en scène apparaît souvent comme le grand oublié de l’histoire du salut. Et pourtant il a joué un rôle fondamental dans la venue du Fils de Dieu sur la terre. En outre, avec cette discrétion (qui est le plus souvent la marque des gens qui ont une grande profondeur humaine et spirituelle), Joseph a porté un magnifique témoignage de vie. Saint Joseph, le silencieux, l’effacé, éclaire singulièrement le « Mystère de Noël ». Il éclaire aussi nos relations humaines et familiales.
Saint Joseph nous est tout d’abord montré comme un homme juste.
On imagine volontiers sa souffrance et le cas de conscience qui se pose à lui lorsqu’il constate que Marie porte un enfant qui n’est pas de lui. Pourtant, parce qu’il est « juste » (au sens où il s’ajuste à la volonté du Seigneur) Joseph ne veut pas dénoncer Marie, ce qui aurait pour elle de graves conséquences. Il prend la décision de la « renvoyer en secret » comme s’il renonçait à ce mariage pour laisser Marie libre. Il ne condamne pas ce qu’il ne comprend pas. Il aime Marie et lui accorde encore un apriori favorable malgré les apparences qui sont contre elle. Ce faisant il voit et agit en juste, Lui, l’humble artisan de Nazareth, il sauve le sauveur et sa mère.
Ce fut sa manière à lui de donner la vie à Jésus.
Saint Joseph nous donne là une grande leçon : trop souvent en effet nous jugeons selon les apparences, nous dénonçons par médisance ou par calomnie sans souci du mal que nous pouvons faire ainsi.
Saint Joseph nous apprend le respect, la bienveillance, l’amour qui sauve et fait vivre. Il nous enseigne la « justesse » du regard qui cherche à comprendre et fait confiance.
Saint Joseph nous est aussi montré comme un homme de Foi. Comme tant être humain il faisait de beaux rêves, de beaux projets... Et puis soudain il comprend que rien ne sera comme prévu... Dieu s’adresse à lui dans un songe, lui offrant un destin inattendu, une place de choix dans l’histoire du salut. S’il refuse de croire à cette parole, il s’éloigne de Marie, refuse cet enfant avec un douloureux sentiment d’échec, il restera un inconnu. Par contre, s’il croit ce qui lui parait invraisemblable et s’il admet, lui aussi, que « rien n’est impossible à Dieu » il entre dans une aventure exceptionnelle. Il insère le Sauveur dans la lignée de David et lui donne le nom de Jésus.
Par lui, Jésus n’est pas aux yeux du monde le fils de l’infidélité, mais le Fils de Dieu, l’Emmanuel « Dieu avec nous » comme l’annonçait le prophète Isaïe. Dans un grand acte de foi, il choisit de prendre avec lui, Jésus et Marie. Il devient ainsi le père adoptif du Messie de Dieu.
En cela aussi, chers frères et sœurs, saint Joseph nous donne une grande leçon. Nos vies sont faites de choix difficiles. Il arrive que Dieu, à travers les évènements nous appelle à l’inattendu. Pas facile alors de choisir dans l’obscurité de la Foi. Pourtant nous découvrons par la suite que nous avons eu raison de faire confiance à la tendresse imaginative du Seigneur qui nous pousse plus loin que nos projets.
Chers frères et sœurs, l’Evangile de ce 4ème Dimanche de l’Avent nous aura donc fait comprendre qu’auprès de Jésus, Marie et Joseph ont eu chacun un rôle spécifique. Marie a mis au monde le Fils de Dieu, rôle inouï pour un évènement unique dans notre histoire humaine « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme » dira Saint Paul.
Joseph, lui fut le père adoptif. Il faut savoir qu’à cette époque l’adoption était considérée comme une authentique paternité créant des liens aussi forts que la filiation charnelle. C’est pour cette mission qu’il a eu droit à « une annonciation » en bonne et due forme. « Joseph ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse ; l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit-Saint ». Joseph exercera sa responsabilité de père en donnant à l’enfant le nom de Jésus.
Jésus a donc été élevé par un homme et une femme, c’est entre eux deux qu’il a grandi, fait son apprentissage d’homme et s’est préparé à sa mission de Sauveur du monde. Auprès de Joseph, Jésus a fait l’expérience humaine du père. Dans l’Evangile il appelle Dieu son Père « Abba » équivalent de « papa », c’est aussi par ce nom qu’il appelait Joseph son père adoptif. Et lorsqu’il dira « qui d’entre vous si son fils lui demande du pain lui donnera une pierre » n’exprime-t-il pas indirectement son souvenir de la sollicitude affectueuse dont Joseph l’a entouré ? Qui pourra faire l’inventaire de tout ce que le Christ a reçu, a voulu recevoir de Joseph ?
A nous aussi, il peut apporter beaucoup. Confions-nous donc à sa puissante intercession.
Amen.
Lectures et Homélie du 4ème dimanche de l'Avent en DOCX et PDF