Année A
Lecture du livre des Actes des Apôtres 1, 12-14
Chargée d’annoncer l’Évangile au monde, la première communauté chrétienne commence par prier.
Les Apôtres, après avoir vu Jésus s'en aller vers le ciel, retournèrent à Jérusalem depuis le lieu-dit « mont des Oliviers » qui en est proche – la distance de marche ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat. À leur arrivée, ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement ; c’était Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Une poignée de disciples, quelques femmes dont Marie, la mère de Jésus, c’est ce petit groupe qui s’est vu confier la mission la plus extraordinaire : proclamer que Jésus Christ est le Sauveur du monde. C’est une tâche qui dépasse les possibilités humaines de ces gens. Ils le savent bien, eux qui attendent dans la confiance et la prière la venue du Souffle de Dieu, promis par le Christ, qui peut seul les emporter jusqu’aux extrémités du monde.
Marie est présente à l’enfantement de l’Église par l’Esprit Saint. Prions la mère du Christ pour l’Église aujourd’hui. Prions-la de nous donner un cœur d’apôtre.
Psaume 26
R/ : J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur sur la terre des vivants. ou : Alléluia !
- Le Seigneur est ma lumière et mon salut ; de qui aurais-je crainte ? Le Seigneur est le rempart de ma vie ; devant qui tremblerais-je ? R/
- J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m'attacher à son temple. R/
- Écoute, Seigneur, je t'appelle ! Pitié ! Réponds-moi ! Mon cœur m'a redit ta parole : « Cherchez ma face ». R/
Lecture de la Première lettre de saint Pierre Apôtre 4, 13-16
Aux chrétiens persécutés, Pierre rappelle la béatitude de Jésus : « Heureux êtes-vous si l’on vous persécute à cause de moi ».
Bien-aimés, dans la mesure où vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera. Si l’on vous insulte pour le nom du Christ, heureux êtes-vous, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous. Que personne d’entre vous, en effet, n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur, malfaiteur, ou comme agitateur. Mais si c’est comme chrétien, qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende gloire à Dieu pour ce nom-là. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Parlant ici plus clairement encore que précédemment des persécutions qui sévissent contre les chrétiens, l’apôtre Pierre rappelle la béatitude des persécutés à cause du Christ : réjouissez-vous parce que vous partagez le sort de Jésus, vous lui êtes encore plus intimement unis ; réjouissez-vous puisque vous savez que l’Esprit Saint est votre conseiller qui ne vous laissera pas être troublés et démontés devant les tribunaux païens. Mais Pierre sait aussi que la persécution peut conduire à la révolte ou à la délation de ses frères, et il met en garde ses correspondants contre les excès de violence ou la lâcheté.
Le titre de chrétien donné aux disciples par leur entourage païen les désignait comme « les partisans de Christ », un homme crucifié. Peu glorieux à l’époque, ce nom ne l’est guère plus aujourd’hui. Qu’il n’ait pas de honte, écrit Pierre, et qu’il rende gloire à Dieu à cause de ce nom !
Alléluia. Alléluia. Je ne vous laisserai pas orphelins, dit le Seigneur ; je reviens vers vous, et votre cœur se réjouira. Alléluia.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 17, 1b-11a
Jésus prie pour ses disciples qu’il laisse dans le monde, chargés de poursuivre sa mission.
En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire. Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. Moi, je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi ; et je suis glorifié en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi ». – Acclamons la Parole de Dieu.
Commentaire : Que Jésus Christ prie pour ses apôtres et se refuse à prier pour le monde peut nous paraître étrange puisque Jésus est venu sauver le monde, non le condamner. Mais pour le monde qui a refusé de recevoir le Christ, Parole du Père, les disciples restent l’unique chance de salut : eux restent dans le monde avec la mission de faire connaître le seul et vrai Dieu et celui qu’il a envoyé. Le départ de Jésus vers son Père au travers de sa Passion, de sa Résurrection et de l’Ascension, la glorification de Jésus par son Père, montrent justement que la vie éternelle, la vie en plénitude à laquelle aspirent les hommes, c’est le Christ seul qui la donne : entré dans la gloire près du Père, ayant reçu autorité sur tout être vivant, il poursuit son œuvre de salut du monde par la communauté des croyants.
Jésus a prié pour nous qui sommes dans le monde chargés de faire connaître le Père et celui qu’il a envoyé. Il nous laisse le soin de prier pour le monde : c’est le but de la prière universelle que nous préparons pour l’assemblée eucharistique.
Prière universelle
R/ : Seigneur entends la prière qui monte de nos cœurs.
- Seigneur, nous te confions notre Église, qui a fêté il y a quelques jours l’Ascension de ton fils. Donne lui de ne jamais s’enfermer dans la peur, mais de donner au monde un vivant témoignage de foi. Seigneur, nous te prions. R/
- Seigneur, nous te confions les différents pays qui vivent des élections en ce mois de mai : la Grèce, les Pays-Bas, la Lettonie, la Turquie… Donne aux électeurs de discerner en conscience, et aux personnes qui seront élues de recevoir leur charge dans un esprit de responsabilité et de service. Seigneur, nous te prions. R/
- Seigneur, nous te confions tous les chrétiens persécutés au nom de leur foi. Donne-leur le soutien et la force nécessaire pour tenir dans la fidélité à ta parole. Seigneur, nous te prions. R/
- Seigneur, nous te confions notre communauté paroissiale, en particulier les différents groupes et mouvements qui la composent. Qu’ils soient vivifiés par l’Évangile et se mettent avec joie au service de l’Église et du monde. Seigneur, nous te prions. R/
Source de la P.U. : Juliette Ploquin, Xavière de https://www.prieraucoeurdumonde.net/
Homélie
En lisant l’Évangile de ce dimanche entre Ascension et Pentecôte, nous sommes témoins de la Prière de Jésus à l’heure où il va « passer de ce monde à son Père ».
Cette prière de Jésus « à cœur ouvert » devant Dieu son Père et devant ses disciples nous fait contempler l’âme de notre Seigneur. Chacune de ses paroles extrêmement riches de sens mériterait un commentaire approfondi.
Que nous apprend Jésus en s’adressant ainsi à son Père ? Il nous fait comprendre que la prière chrétienne est essentiellement une communion.
« Tout ce qui est à Toi est à moi, comme tout ce qui est à moi est à Toi ». Jésus est en communion totale avec le Père. L’ensemble de cette prière mémorable (dont nous ne lisons aujourd’hui qu’une partie) laisse apparaître ce partage d’être, d’amour et de vie, de volonté et de projet entre le Fils et le Père... Non seulement ils sont présents l’un à l’autre, mais une union éternelle les lie l’un à l’autre : « Tu es en moi et moi en Toi ».
Les évangélistes, surtout saint Luc, ont retenu le souvenir de ces solitudes nocturnes prolongées où Jésus priait. Là réside le secret de sa mission sur la terre. Sa prière permanente était une adhésion aimante à la volonté du Père qu’il venait accomplir. Au Jardin des Oliviers, durant son agonie, sa supplication était rythmée par cette demande : « Que ta volonté soit faite et non la mienne ».
« Le Père et moi nous sommes UN » : cette union qui surpasse tout ce que nous pouvons imaginer et vivre à notre niveau nous dit tout de l’intensité de la prière de Jésus. Elle s’identifie complètement à ce que veut et fait le Père.
Nous sommes éblouis et notre prière en regard de celle de Jésus nous semble bien pauvre, faible et limitée. Trop souvent elle n’est faite que de mots enchaînés rapidement et distraitement sans communication réelle avec le Seigneur.
La vraie prière est communion avec Dieu, souvent dans le silence, sans paroles exprimées. Pensons ici à ce que disait un brave paysan d’Ars à son saint Curé : « Je l’avise et il m’avise ». Elle est aussi communion fraternelle avec tous les priants et avec celles et ceux qu’elle veut porter. Elle tisse des liens mystérieux entre les personnes, même au-delà de la mort : avec la très Sainte Vierge et les Saints et aussi avec nos chers défunts. Elle transcende le temps et l’espace... Celui qui à découvert ce contact intérieur avec Dieu et ses frères connaît le bonheur de prier, un bonheur qu’il lui est difficile d’exprimer et de partager comme toute expérience profonde.
Il y a un autre aspect qui caractérise cette grande prière du Christ : on l’appelle, en effet, la PRIÈRE SACERDOTALE parce que c’est celle du Souverain Prêtre qui intercède pour son Eglise. Cette prière exprime l’action de grâces, elle est don Eucharistique.
Sur le point de quitter ce monde pour retourner vers le Père, Jésus présente en quelque sorte un bilan de sa mission, il lui rappelle ce qu’il a réalisé : « Je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’as confiée... J’ai fait connaître ton Nom aux hommes ». Le nom dans la tradition biblique n’est pas autre chose que Dieu lui-même.
Jésus a révélé le Père par le témoignage de sa parole et de son action auprès des humains, pécheurs, malades et pauvres. En cette heure qui est pourtant dramatique, il laisse éclater sa joie, la joie d’avoir accompli l’amour du Père pour le monde, la joie de la mission achevée. De mon cœur jaillit une immense et ardente reconnaissance.
Qu’en est-il pour nous frères et sœurs ? Notre prière est si souvent plainte, cri et requête... Elle en vient à oublier que sa plus belle expression c’est l’action de grâces... II n’y a rien qui touche autant le cœur de Dieu disait sainte Thérèse de l’Enfant Jésus que ce merci, cette reconnaissance qui s’enracine dans une conscience émerveillé des dons de Dieu. Le cantique de Marie en est le plus bel exemple : « Le Seigneur fit pour moi des merveilles, saint est son nom ».
Il y a un troisième point particulièrement frappant dans cette extraordinaire prière : Jésus y manifeste le souci de ceux que le Père lui à donnés, les apôtres d’abord qui les premiers ont répondu à son appel, mais aussi tous ses disciples de tous les temps. Il prie pour eux avec une infinie tendresse. Dans cette intercession qui occupe la plus grande partie de sa prière, il supplie le Père de les garder du « mauvais », car il sait combien leur tâche sera risquée dans le monde. Leur fidélité sera sans cesse mise à l’épreuve. Ce qui le préoccupe surtout c’est leur unité « Père qu’ils soient un ». Prière bouleversante si en la méditant nous réalisons que le Christ a pensé à nous, à chacun de nous ce soir là.
Comme elle devrait, frères et sœurs, nous ancrer dans une confiance indéfectible cette certitude : à savoir que nous sommes aimés passionnément par le Christ-Jésus qui ne nous enlèvera pas du monde, mais qui à chaque instant intercède pour nous auprès du Père en lui disant : « Père, tu me les as confiés, ne permets pas qu’ils se perdent ».
Prions, comme lui, pour tous ceux qui nous sont confiés. Rappelons-nous que la prière pour les autres est une des plus belles expressions de l’amour fraternel.
Chers frères et sœurs, la 1ère lecture de cette messe nous a fait contempler la Vierge Marie en prière au milieu des Apôtres qui attendaient la venue de l’Esprit-Saint promise par Jésus.
En cette semaine préparatoire à la Pentecôte, supplions-la de nous obtenir de l’Esprit-Saint la grâce d’entrer de plus en plus dans la prière sacerdotale, la sublime prière de Jésus. Plus nous la ferons nôtre et plus nous saisirons la profondeur de l’Amour de Dieu pour nous.
Amen.
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