Lecture du livre de Daniel 7, 13-14.
Moi Daniel, je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Ce Fils d’homme représente le peuple d’Israël ; Daniel l’oppose à différentes bêtes sauvages qui représentent les empires qui l’ont persécuté. Ce Fils d’homme est donc une collectivité, celle des juifs demeurés fidèles malgré la persécution d’Antiochus. Mais il incarne cette collectivité à travers des traits individuels qui ont aidé à en faire une image du Messie. Écrasé et persécuté, le peuple se voit assuré de triompher grâce à Dieu – représenté sous les traits du Vieillard – qui lui conférera la royauté sur tous les peuples. Mais cette royauté était depuis longtemps promise au Messie, descendant de David. Jésus s’est appliqué cette prophétie devant le grand prêtre lors de sa passion, montrant bien que sa domination est le règne d’amour du Messie qui livre sa vie pour sauver les hommes.
Ceux et celles qui règnent avec le Christ, dans la Bible, sont toujours des gens qui ont supporté avec foi l’épreuve ou la persécution, dans la certitude que l’amour finira par avoir le dernier mort. C’est ainsi, de manières diverses pour chacun de nous, que le Christ veut nous associer à son règne.
Psaume 92
R/ : Le Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence.
- Le Seigneur est roi ; il s'est vêtu de magnificence, le Seigneur a revêtu sa force. R/
- Soutiens l’élan de notre communauté dans son désir d’annoncer, de célébrer et de servir chacun.
- Et la terre tient bon, inébranlable ; dès l'origine ton trône tient bon, depuis toujours, tu es. R/
- Tes volontés sont vraiment immuables : la sainteté emplit ta maison, Seigneur, pour la suite des temps. R/
Lecture du livre de l'Apocalypse de saint Jean 1, 5-8
À vous, la grâce et la paix de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts, le prince des rois de la terre.
À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen. Voici qu’il vient avec les nuées, tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre. Oui ! Amen !
Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Écrit pour entretenir la foi et la vigilance des chrétiens pendant la persécution de l’empereur romain Domitien, le livre de l’Apocalypse commence par la présentation du Christ vainqueur. Lui qui fut affronté à la persécution et à la mort comme le sont actuellement les chrétiens, triomphe maintenant par sa résurrection auprès de Dieu. Cette vision doit réconforter les chrétiens dans leur combat. Mais surtout, ce même Jésus qui détient désormais la puissance sur l’histoire, ce Jésus qui est au commencement comme à la fin de l’histoire, ne reste pas inactif : il vient continuellement à la rencontre de ceux qu’il aime pour les conduire à sa joie près de Dieu.
« Lui qui nous aime… il vient ». Je désire ta venue, Jésus, aujourd’hui comme à la fin des temps, pour moi comme pour tout homme, puisque tu viens pour nous sauver.
Alléluia. Alléluia. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Alléluia.
Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean 18, 33b-37
En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix ». – Acclamons la Parole de Dieu.
Commentaire : Pour obtenir la condamnation de Jésus par Pilate, les Juifs l’accusent de se révolter contre l’empereur en se prétendant roi des Juifs. Nous savons qu’un des titres du Messie était celui de Roi, mais le Christ est très réservé sur ce titre qui peut être compris dans un sens politique. Devant Pilate il s’explique : il n’est pas roi à la manière des rois de la terre. Pourtant il reconnaît être le chef d’un royaume qui est sur terre bien qu’il ne ressemble pas aux autres. Dans ce Royaume se regroupent tous ceux qui sont pour la vérité. Quelle est cette vérité pour laquelle Jésus accepte de mourir ? C’est la révélation de l’amour de Dieu pour tous les hommes, quelles que soient leur race, leur classe sociale et leurs opinions politiques. Cette vérité qui révèle que tous les hommes sont égaux doit inspirer la politique de tous les royaumes de la terre.
Appartenir à la vérité, ce n’est pas la posséder contre d’autres qui ne l’auraient pas. C’est croire que tous ceux qui la cherchent loyalement écoutent sa voix au fond d’eux-mêmes, avant de parvenir à la nommer. Quels sont ceux que nous connaissons qui la cherchent ainsi ?
Homélie
Quelle idée nous faisons-nous de cette Royauté du Christ que l’Eglise nous fait célébrer aujourd’hui ? Est-ce que le Christ ne nous dit pas comme à Pilate : « Tu ne peux pas comprendre ? » Sa royauté, en effet, est tellement différente de ce que nous pouvons imaginer, d’abord parce que c’est une Royauté qui vient d’En-Haut... parce que c’est aussi une Royauté d’effacement, de service et de vérité.
La Royauté de Jésus ne lui vient pas de ses origines familiales, même s’il est un lointain descendant du Roi David. Elle ne lui est pas, non plus, accordée par l’Empereur de Rome, ni par une élection ou suffrage universel. Toutes ces royautés reçues des hommes sont des royautés éphémères.
Non, sa Royauté vient de Dieu. Elle lui vient directement du Créateur. Jean-Paul II dit que Jésus est Roi parce qu’il est « la clef de voûte de la Création ». Quand Dieu détachait la terre du soleil pour la placer sur son orbite afin que l’homme puisse y naître et y vivre, il pensait d’abord et avant tout au Christ, cet homme parfait, son Fils Bien-aimé devenu homme qui est la réalisation la plus parfaite de cette création. Le Christ, en effet, atteint un sommet inégalé de perfection. Il est donc Roi parce qu’il est le Premier-né par rapport à toute créature. « En lui toute chose à son accomplissement total », nous dit saint Paul.
Mais le Christ est également Roi parce que par l’effusion, son sang, il a arraché la création au pouvoir du mal. C’est son titre gagné sur la route du calvaire qui lui donne le droit de régner. Son trône est solide et respectable, parce qu’il est taillé dans le bois noueux et résistant de la croix. Sa couronne est fixée solidement sur sa tête par des épines vigoureuses. Elle est décorée par des rubis de sang.
Le Christ est Roi de l’humanité car il est aux avant-postes de son peuple. Premier de cordée, Nouvel Adam, il entraîne dans son sillage ceux qui cherchent avidement le bonheur promis, celui du merveilleux Paradis de Dieu. Dès lors, si sa Royauté lui est donnée par Dieu, il est impossible de la rejeter ou de ne pas la reconnaître.
Mais qu’est-ce qui différencie essentiellement la Royauté du Christ des royautés de ce monde ?
Les royautés humaines ont un grand souci du faste et de la parade, elles ont besoin de palais somptueux de décorum, d’apparat, de cérémonies ostentatoires ; il n’en va pas de mêmes de la Royauté du Christ : elle est sans panache, sans clinquant, sans argent, car il n’a « même pas une pierre où reposer sa tête ».
Les royautés humaines ont besoin de se mettre en valeur de réaliser des œuvres prestigieuses, voire des monuments imposants afin de laisser un nom à la postérité ; il n’y a rien de tel dans la Royauté du Christ : elle n’a laissé qu’un seul monument : un gibet d’esclaves, une croix dressée sur le monde.
Les royautés humaines ont besoin de se faire remarquer : elles utilisent des services de propagande pour étaler leur grandeur : la Royauté du Christ au contraire est discrète et effacée. Après avoir accompli le miracle de la multiplication des pains, Jésus s’enfuit dans la montagne pour échapper à la foule qui veut le couronner.
Les royautés humaines se cramponnent au pouvoir et ont tendance à abuser de ce pouvoir pour se servir ou servir leurs amis.
En revanche, Jésus n’a rien gardé pour lui. Il a confié son Eglise à des pauvres hommes, dans l’attente de son retour glorieux. Il leur a demandé avant tout de servir et de faire des disciples.
Il y a encore, frères et sœurs, un aspect très important qui différencie les royautés humaines et la Royauté du Christ.
Les royautés humaines, les autorités humaines entendent bien ne pas se mettre au service du mensonge. Toutes vous diront même qu’elles veulent se mettre au service de la vérité, avoir « un parler vrai ». Ne leur faisons pas un procès d’intention. En politique, il est dommageable que la vérité ne soit pas toujours acceptée et ceux qui veulent garder le pouvoir se rendent vite compte qu’ils seront inévitablement tentés d’accepter des compromissions, des arrangements cachés ou des lois démagogiques pour racoler des voix.
Qu’en est-il du Christ-Roi ? Alors qu’il joue sa vie devant Pilate, il ne lésine pas avec La Vérité « Oui, je suis Roi, déclare-t-il. Je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la Vérité ».
On entrevoit toute la portée de cette parole lorsqu’on sait que pour les Juifs depuis les débuts de leur alliance avec Dieu, la Vérité c’est Dieu lui-même. Et puisque Jésus est Dieu, la Vérité c’est lui en personne (n’a-t-il pas proclamé un jour « Je suis la Vérité ? »)
Rendre témoignage à la Vérité, c’est donc pour le Christ beaucoup plus que prêcher et enseigner, c’est révéler le mystère de son Être à la fois divin et humain, c’est donc manifester son origine de Fils Bien-aimé, d’Envoyé, de pleine expression de l’amour du Père. C’est en cela que toute sa vie et surtout sa mort témoignent de l’Unique Vérité, à savoir : Dieu est Père, Dieu est Amour.
Et pour ce qui nous concerne frères et sœurs, nous rendons témoignage à la vérité et nous lui appartenons lorsqu’en écoutant sa voix nous nous efforçons, moyennant les secours de la grâce, de conformer notre vie au Christ, lorsque dans nos manières de penser de vouloir et d’agir nous laissons transparaître le Christ et pour tout dire nous devenons d’autres christ.
Alors qu’en cette fête si solennelle, notre prière se fasse encore plus fervente que d’habitude. Seigneur Jésus notre Chef et notre Roi que par Marie notre Mère et notre Reine, vienne en nous l’Amour dont tu nous aimes.
Que vienne la Vérité en laquelle tu nous fais entrer.
Que vienne la Joie que ta Résurrection nous promet.
Seigneur Jésus, que ton Règne vienne.
Amen.
Prière Universelle
Aujourd'hui où nous proclamons la Royauté éternelle du Christ, tournons-nous vers lui et, sûrs de son amour, présentons-lui nos prières pour nos frères et pour le monde.
R/ : Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce, fais paraître ton jour : que l'homme soit sauvé.
- Pour les baptisés, devenus un royaume et des prêtres pour Dieu par le sang du Christ : qu’ils en rendent grâce à Dieu. Jésus, Roi de Gloire, nous t’en prions. R/
- Pour les hommes, les femmes et les enfants blessés ou découragés par la vie ; pour les personnes engagées dans un conflit : que tous retrouvent force et espérance. Jésus, Roi de Paix et de Miséricorde, nous t’en prions. R/
- Pour les chefs des nations, afin qu’ils soient les premiers serviteurs de leur peuple : oriente leur action en ce sens. Jésus, Roi de l’Univers, nous t’en prions. R/
- Pour notre communauté paroissiale, en ce jour de clôture de l’année liturgique : qu’elle puisse, jour après jour, faire grandir ton règne de Justice, d’Amour et de Paix et porter toujours plus loin ta Bonne Nouvelle. Jésus, Christ-Roi, nous t’en prions. R/
Source : https://www.paroisses-dettwilleretcollines.fr/