Année C
Lecture des Actes des apôtres 7, 55-60
Étienne meurt en témoin de Jésus à un double titre : témoin de sa résurrection et témoin de son pardon pour ses bourreaux.
En ces jours-là, Étienne était en face de ses accusateurs. Rempli de l’Esprit Saint, il fixait le ciel du regard : il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Il déclara : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Alors ils poussèrent de grands cris et se bouchèrent les oreilles. Tous ensemble, ils se précipitèrent sur lui, l’entraînèrent hors de la ville et se mirent à le lapider. Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. Étienne, pendant qu’on le lapidait, priait ainsi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ». Puis, se mettant à genoux, il s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché ». Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort. – Parole du Seigneur.
Commentaire : La mort d’Etienne, le premier martyr témoin du Christ, est calquée sur celle de Jésus, et ses dernières paroles rappellent celles de Jésus en croix. Une différence pourtant : sur la croix, Jésus s’abandonne avec confiance entre les mains de son Père ; c’est au Seigneur Jésus qu’Etienne adresse le même geste de remise confiante. Sur la croix, Jésus prie le Père de pardonner à ses bourreaux ; c’est le Seigneur Jésus qu’Etienne prie d’accorder ce même pardon. C’est que, depuis Pâques et l’Ascension, les chrétiens savent que Jésus partage la toute-puissance de Dieu.
Etienne a appris de Jésus crucifié comment mourir. La mort de Jésus nous enseigne toujours l’abandon confiant entre les mains du Seigneur.
Psaume 96
R/ : Le Seigneur est roi, le Très-Haut sur toute la terre ! ou : Alléluia !
- Le Seigneur est roi ! Exulte la terre ! Joie pour les îles sans nombre ! Justice et droit sont l’appui de son trône. R/
- Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire. À genoux devant lui, tous les dieux ! R/
- Tu es, Seigneur, le Très-Haut sur toute la terre : tu domines de haut tous les dieux. R/
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean 22, 12-14. 16-17. 20
Le dernier mot de la Bible est un cri d’espérance : « Viens, Seigneur Jésus ! »
Moi, Jean, j’ai entendu une voix qui me disait : « Voici que je viens sans tarder, et j’apporte avec moi le salaire que je vais donner à chacun selon ce qu’il a fait. Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. Heureux ceux qui lavent leurs vêtements : ils auront droit d’accès à l’arbre de la vie et, par les portes, ils entreront dans la ville. Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange vous apporter ce témoignage au sujet des Églises. Moi, je suis le rejeton, le descendant de David, l’étoile resplendissante du matin ». L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! » Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement.
Et celui qui donne ce témoignage déclare : « Oui, je viens sans tarder ». – Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! – Parole du Seigneur.
Commentaire : Ainsi se termine le livre de l’Apocalypse, sur cet appel à la rapide venue du Christ. Venue qui fera connaître la valeur de l’œuvre de chacun, qui révélera le sens de l’histoire que le Christ domine du début à la fin ; venue du Christ, qui reconnaîtra pour les siens les affamés et les assoiffés de justice, de pardon, de paix et d’amour. Cet appel, l’Esprit et l’Église, l’épouse du Christ, le font entendre de concert : tous deux agissent dans le monde pour que vienne ce jour où le Christ se lèvera sur l’univers, comme l’étoile resplendissante de l’éternel matin du monde nouveau.
Viens, Seigneur Jésus, étoile resplendissante du matin, sur ceux qui sont dans la nuit ! Lumière qui brille depuis le commencement, viens à la fin de l’histoire, dissiper toutes les ténèbres du monde ! Viens à l’appel de l’Esprit et de l’Église, ton Épouse !
Alléluia. Alléluia. Je ne vous laisserai pas orphelins, dit le Seigneur, je reviens vers vous, et votre cœur se réjouira. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 17, 20-26
Jésus prie pour l'unité des chrétiens qu'il présente comme la condition de l'efficacité de la mission de l’Église.
En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux ». – Acclamons la Parole de Dieu.
Commentaire : L’unité pour laquelle prie Jésus n’a pas seulement pour but de maintenir une étroite communion entre ses disciples ni de les unir à lui et à son Père ; l’unité des croyants n’a pas seulement valeur à l’intérieur de l’Église, elle a aussi valeur pour le monde : « Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie ». Et, de fait, comment croire que l’amour de Dieu habite des hommes divisés entre eux ? Comment croire que la mort du Christ puisse rassembler dans l’unité, autour du Père, les enfants de Dieu dispersés, si les quelques-uns regroupés dans l’Église ne sont pas déjà unis ?
Le Père nous a aimés de l’amour même dont il a aimé Jésus, son Fils, avant même la création du monde. La preuve en est l’unité quand nous parvenons à la réaliser entre nous.
Homélie
Le message d’amour apporté ici-bas, par Jésus, notre Sauveur, s’avère toujours plus fort que la haine, puisqu’il lui survit constamment et qu’il ne cesse de rayonner au-dessus de toutes les entreprises hostiles qui essaient de l’étouffer. Vingt siècles d’Histoire de l’Eglise sont là pour en témoigner. Il brille encore de nos jours en dépit des conflits de toute sorte et des actes de violence extrême qui secouent notre pauvre monde si déboussolé et menacent dangereusement la Paix. L’amour sur fond de violence et de haine, tel est bien, en effet, le thème des lectures bibliques que nous venons d’entendre et qu’il nous sera très précieux de méditer quelques instants.
Tout d’abord dans le cas de saint Etienne, ça saute vraiment aux yeux que l’amour se détache sur un fond de violence. Le récit de son martyre que nous allons entendre dans la 1ère lecture, relate une scène de véritable sauvagerie : accusé de blasphème pour avoir proclamé la divinité de Jésus, le jeune diacre est condamné, puis exécuté sur le champ, sans l’ombre d’un procès, ni la moindre esquisse d’une défense. Ses accusateurs se bouchent même les oreilles pour ne pas entendre, hurlent de grands cris dans leur rage, se précipitent sur lui, l’entraînent hors de la ville et le tuent à coups de pierres. Un jeune homme dont la complicité ne fait pas de doute, assiste à l’exécution : il s’appelle Saul. C’est le futur saint Paul. Si l’évangéliste tient à signaler sa présence c’est parce que, manifestement, il voit dans l’héroïque martyre d’Etienne la source et comme la rançon de la conversion bouleversante de l’apôtre.
Que fait Etienne sous les jets de pierre qui le frappent ? Il implore la miséricorde de Dieu pour ses assassins : « Seigneur, supplie-t-il à genoux, ne leur impute pas ce péché ». A la violence donc il répond par le pardon, à la haine, il oppose le plus grand amour. Son martyre est une parfait décalque de celui du Christ, s’écriant lui aussi avant de mourir : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Le voilà, frères et sœurs, le véritable esprit du christianisme : il est du côté de l’amour et non de la haine ; il pardonne aux coupables et en tire ses plus grandes victoires. C’est sur fond de violence aussi que se déroule la soirée mémorable du Jeudi-Saint où Jésus, après avoir institué la Sainte Eucharistie, adresse à son Père la merveilleuse prière pour l’unité des chrétiens. Judas, le traître, vient de quitter la salle. Un complot s’ourdit dans l’ombre. Pour Jésus, le dénouement tragique est proche. Or, c’est à ce moment même – le contraste n’est-il pas saisissant ? – que Jésus recommande aux siens de s’aimer les uns les autres : « Oui, comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres... C’est à ce signe que l’on vous reconnaîtra pour mes disciples... » Quelques instants plus tard se tournant vers le Père, dans cette prière si émouvante qu’on appelle la Prière Sacerdotale, il va jusqu’à dire : « Père que tous soient UN comme Toi et Moi nous sommes UN ; qu’ils soient UN en nous pour que le monde croie que tu m’as envoyé... » Nous sommes là en face du vœu le plus cher de Jésus : ce qu’il désire par-dessus tout c’est que l’Unité entre ses disciples soit aussi ressemblante que possible à la Communion du Dieu-Trinité en qui se marient l’unisson absolue et le respect des personnes distinctes, l’un et l’autre portés à l’infini par un parfait amour. Et ce qui est frappant, c’est que Jésus implore cette grâce suprême à l’heure même où Satan attise dans les cœurs la haine implacable qui va se déchaîner sur Lui tout au long de sa Passion... Et en sachant fort bien que durant toute l’histoire à venir une haine semblable suscitera embûches sur embûches parmi les hommes et même parmi les chrétiens qui trop souvent connaîtront les conséquences désastreuses de la division... Jésus, néanmoins, insiste pour que tout cela soit efficacement maîtrisé et désarmé et pour que ce soient finalement l’amour ainsi que l’unité qui aient le dernier mot.
Puissions-nous, frères et sœurs, pour notre part, ne jamais aller à l’encontre de cette volonté expresse de notre Seigneur, ne jamais lui infliger le moindre démenti. Oh certes, nous connaissons les effets du péché originel au cœur de tout homme ici-bas. Nous n’avons pas l’illusion de penser que l’unité parfaite ne pourra jamais se réaliser sur cette terre comme elle le sera dans l’au-delà. Mais avec l’aide de Dieu (qui ne nous manque jamais, si nous savons la puiser dans la prière et les sacrements, si nous savons l’implorer aussi par l’intercession de Marie, la Médiatrice de toutes les grâces), nous devons travailler de toutes nos forces à faire souffler dans le monde l’Esprit de l’Evangile qui est un esprit d’amour et non de haine, d’unité et non de discorde, de compréhension mutuelle et non de conflit incessant.
Ne l’oublions jamais : il n’y a qu’une méthode souverainement efficace pour faire reculer l’épidémie du mal, c’est de répandre partout la contagion du bien. Sur fond de violence et de haine, soyons courageusement, soyons inlassablement des semeurs d’amour. Comme l’a si bien dit ce géant de la charité, que fut Raoul Follereau, l’apôtre des Lépreux : « Tout amour semé tôt ou tard, fleurira. Seul l’Amour sauvera le monde ».
Amen.
Prière universelle
Seigneur nous unissons nos prières pour nos frères, nos sœurs vivant sur cette terre et nous te les présentons, reçois les :
- Etienne, rempli de l’Esprit Saint, priait pour ses bourreaux. Que les hommes et les femmes dans ce monde accueillent ton Esprit qui les rend capable de se pardonner les uns les autres !
- « Le Seigneur est roi ! Exulte la terre ! » : donne la foi en Toi, Dieu sauveur, aux peuples qui perdent l’espoir et la joie dans la vie à cause de la guerre, notamment celle qui se déroule en Ukraine !
- « Viens, Seigneur Jésus ! », prends soin des malades qui le sont depuis de longues années, des personnes seules, aide les à retrouver la joie grâce aux gens de leurs entourages !
- « Viens, Seigneur Jésus ! » sur tous les jeunes appelés à une vie en plénitude, qu’ils découvrent en Marie, ta Mère, l’écoute, la profondeur du discernement, le courage de la foi et le dévouement au service !
- « Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un ». Que cette unité souhaitée par Jésus soit vécue en ces jours au sein de l’Église ainsi qu’en chaque communauté humaine, surtout au sein des familles ! Nous t’en prions Seigneur.
Dieu Notre Père, prends soin de tes enfants qui s’acheminent vers toi, sous l’action de l’Esprit Saint, par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur. Amen.
Source : https://jardinierdedieu.fr/
Lectures et homélie du 7ème dimanche de Pâques en DOCX et PDF