Chers frères et sœurs, le 21 novembre, nous célébrons avec toute l’Eglise, la Présentation de la Vierge Marie au Temple.
La Liturgie veut ainsi attirer notre attention sur cette enfant privilégiée du Seigneur, qui, dans la majestueuse Maison de Dieu de Jérusalem se prépare dans l’Adoration, la Prière, la Méditation de l’Ecriture et une Offrande totale d’Elle-même, à son futur rôle de Mère du Rédempteur.
Toute petite, à l’âge de 3 ans, nous dit la tradition, Elle s’était avancée vers Dieu dans ce Temple qui était le Cœur de la vie spirituelle du peuple juif.
N’était-il pas normal, qu’Elle aille ainsi fixer sa demeure sur la colline de Sion, Elle qui était la « Vraie Cité Sainte », « la Jérusalem Nouvelle venue du Ciel d’auprès de Dieu » et dont l’autre, la ville de pierre n’était qu’une pâle figure ?
Ce qu’il importe de bien voir, en effet, frères et sœurs, c’est que la toute petite Marie, fille de Joachim et d’Anne, était sur la terre la parfaite demeure de Dieu.
Dieu lui-même l’avait construite avec un incomparable Amour, lorsqu’au moment de sa Conception, il avait par un privilège unique, uni aux premières cellules de son Corps, une âme immaculée, préservée de la tache originelle. Et, comme Elle lui était agréable cette demeure, comme il se complaisait en ce ciel sur la terre, qu’était le Cœur Immaculé de Marie, où il ne trouvait que la très vive flamme d’un merveilleux Amour, répondant à son indicible Amour de prédilection.
La grâce de l’Immaculée Conception, le Cœur Immaculé de Marie, c’est en cela, voyez-vous, que consiste en tout premier lieu, la Consécration de Marie.
Oui, c’est en raison de ce privilège inouï, qu’Elle est consacrée à Dieu, à la manière dont ont dit qu’un édifice ou un objet est consacré à Dieu, dans le sens « de mis à part », de « réservé » exclusivement au service de Dieu.
Oui, dès le premier instant de son existence, Marie est ainsi, toute à Dieu, propriété exclusive de Dieu, par cet amour de libre choix du Seigneur qui se la réserve entièrement, en l’envahissant de sa vie divine.
Nous ne contemplerons jamais assez, frères et sœurs, ce mystère de la Vierge, qui entre dans l’existence avec la plénitude de l’Amour divin, qui l’envahit et l’enveloppe en totale possession. Elle mérite donc pleinement le titre qu’on emploie assez souvent pour la désigner : « La Nouvelle Eve ».
La 1ère Eve, avait été créée dans la Grâce Divine, mais elle la perdit par sa faute.
Marie, par un triomphe de la Grâce Rédemptrice (agissant par anticipation) arrive aussi à l’existence toute habitée par la vie de Dieu, « pleine de Grâce » comme dira l’Ange Gabriel. Mais, cette Nouvelle Eve est incomparablement plus belle que la première par le degré de son union à Dieu.
Le mystère de la Présentation de Marie au Temple, doit donc nous rendre attentifs d’abord à cela : à savoir que l’Immaculée Conception, c’est la Consécration par Dieu Lui-même de Celle qui devait être digne de devenir la Mère de son Fils le Verbe Incarné, la Mère du Souverain Prêtre, du Consacré par Excellence
Marie, si nous la regardons sous cet aspect de la Grâce prodigieuse, qui fait d’Elle l’Immaculée Conception, n’est pas d’abord consacrée à Dieu par un mouvement de sa propre volonté…
Elle lui est consacrée par l’autorité de l’Amour divin qui se saisit de son Cœur et de tout son être (à la manière dont l’aigle se saisit de sa proie).
C’est Dieu qui s’empare de Marie, pour la réserver absolument à l’œuvre de l’Incarnation et de la Rédemption, cette œuvre sublime du salut des hommes, à laquelle il lui sera demandé de coopérer d’une façon unique, en qualité de Co-rédemptrice.
Il faut ajouter cependant, pour que soit exprimée toute la vérité, qu’aussitôt, de la volonté humaine de Marie en réponse à cette grâce qui l’a saisit et qui la consacre, qui l’établit dans la lumière de Dieu et la charité, aussitôt de sa volonté a jailli une Consécration libre, qui est une parfaite réponse d’Amour à l’Amour Miséricordieux qui l’a saisie.
Ce deuxième aspect, disons plus actif, de sa Consécration, qui est sa libre donation à Dieu (qui est, en fait, le premier « Totus Tuus », « Je suis toute à Toi », prononcé sur la terre), Marie l’a exprimé par un acte extérieur, un acte public, en se présentant au Temple de Jérusalem.
Nous comprenons mieux à partir de là, la perfection unique du Cœur Immaculé de Marie.
C’est un Cœur entièrement livré à l’Esprit d’Amour pour être totalement au Christ et par le Christ, à Dieu le Père.
Jamais rien ne fera écran entre le Cœur de la Vierge et le Seigneur son Dieu.
Jamais rien ne la retardera – ne fût ce qu’un instant – dans son mouvement d’avancée vers Dieu. En véritable « esclave d’Amour », Elle sera jusqu’à son dernier souffle, toute livrée, toute abandonnée, toute à la libre disposition de l’Esprit-Saint.
Cette contemplation de Marie toute consacrée par Dieu et toute consacrée à Dieu, devrait nous ancrer dans cette conviction, qu’en nous aussi, Dieu souhaite réaliser de semblables merveilles, Lui qui nous a consacrés pour sa Gloire, en nous faisant le don de la Grâce sanctifiante à l’heure bénie de notre Baptême.
C’est pour nous aider à vivre pleinement cette Consécration baptismale que Marie nous demande de nous consacrer à son Cœur Immaculé.
Par nous-mêmes, nous sommes incapables de nous livrer totalement au Seigneur dans un esprit de petitesse et d’abandon, car le vieil homme égoïste et surtout orgueilleux qui habite en nous, y fait trop souvent et trop fortement obstacle.
Mais, si nous nous en remettons humblement à Marie pour la conduite de notre vie chrétienne, si nous lui faisons le don de notre liberté (car c’est cela en fait la véritable Consécration Mariale), si nous la laissons faire, Elle saura bien, Elle qui est la meilleure des Educatrices, nous façonner, nous élever, selon les vues de Dieu.
Elle nous conduira de façon plus directe, plus sûre et plus aisée vers cette perfection, que le Seigneur attend de nous, perfection qui ne sera rien d’autre que l’épanouissement de la Grâce qui fut semée en nous par le Sacrement du Baptême.
Un père dominicain qui fut un guide spirituel remarquable et un excellent théologien, le Père Philippon, a écrit ceci : « Toutes les Espérances de Sainteté sont permises aux âmes qui se confient à la Très Sainte Vierge ».
Un autre dominicain dont - j’ai oublié le nom (dont je sais seulement qu’il fut pilote de ligne avant d’être religieux) nous a laissé, quant à lui, ce très beau témoignage :
« Ma conviction est désormais totale,
j’ai vu trop de choses pour ne pas le crier sur les toits.
Avec Marie tout est possible, sans Elle, rien.
Tôt ou tard, tout ce qui ne vient pas par Elle s’effondre.
Il n’y a qu’une voie, celle que Dieu a suivie pour se donner à nous ».
Puissent, frères et sœurs, ces belles pensées, prises parmi des centaines d’autres, nous aider à vivre avec une générosité toujours plus grande notre « Totus Tuus », notre « Je suis tout à Toi, ô Marie ».
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