L'Ascension que l'Eglise nous fait célébrer le Jeudi après le 6ème Dimanche de Pâques doit être contemplée comme le signe visible de la Glorification de Jésus et comme la manifestation solennelle de Sa Seigneurie. Elle manifeste tout d'abord d'une façon extérieure, visible, la sublime glorification de la Sainte Humanité de Jésus qui s'est réalisée en plénitude lors de sa Résurrection au matin de Pâques.
Cet évènement qui est survenu dans la discrétion comme tous ceux qui ont jalonné la vie terrestre du Verbe Incarné est un mystère surnaturel, c'est-à-dire un geste de Dieu que nos sens ne peuvent percevoir et encore moins décrire dans le détail. Ce qui est sûr c'est que le Jésus d'après Pâques est bien le même que le Jésus d'avant Pâques : Il mange, Il boit, Il parle, Il montre les glorieuses cicatrices de ses cinq plaies. Et cependant Il est autre : Il va et vient à l'improviste ; Il entre et sort comme un rayon de lumière. Sa dernière apparition sur le mont des Oliviers, sa montée vers les cieux jusqu'à ce qu'une nuée vienne le dérober à la vue de tous est la preuve, plus exactement le signe sensible de son entrée définitive dans les splendeurs de la Gloire du Père, de son retour à son point de départ. Or, ce qui est merveilleux, c’est qu'il n'y revient pas seul : dans son sillage de gloire, il entraîne tous ceux qui désormais, à travers l'espace et le temps, seront incorporés à Lui par la Foi et par le Baptême.
Dans le Christ, en effet, c'est toute l'humanité qui est exaltée, qui se trouve glorifiée et divinisée par anticipation comme c'est d'ailleurs proclamé dans la très belle préface de la fête : « En entrant dans le Royaume Il donne aux membres de Son Corps l'espérance de le rejoindre un jour ». Dans cette lumière, qui est celle de la Foi, l'Ascension nous apparaît comme « la fête de l'Humanité » par excellence, car l'humanité n'a jamais atteint et n'atteindra jamais une dimension, une dignité aussi haute que d’entrer ainsi dans le monde de Dieu, au cœur même de la Très Sainte Trinité. Nous pouvons donc, nous les disciples du Christ, mettre au défi qui que ce soit de se faire une idée de la grandeur humaine qui soit aussi belle, aussi splendide, aussi inouïe que la nôtre. Chacun d'entre nous est appelé, en effet, à « devenir dieu » par participation. Que pourrait-on imaginer de plus grand ? Que pourrait-on désirer de plus ?
Mais l'Ascension, qui est une apothéose de Gloire, est aussi une manifestation éclatante de la Seigneurie du Christ Ressuscité sur l'univers, l'humanité et l'Eglise : « tout pouvoir, affirme-t-il peu avant son départ de ce monde, m'a été donne au ciel et sur la terre ». (Mt 28. 18)
« C'était bien là, commente le Père A. Louf, le signe propre du Messie à qui Dieu par la bouche du Psalmiste avait promis le sceptre de la force et la domination de tous les ennemis » (Ps. 109).
Dans la Pâque de Jésus ce pouvoir est devenu une réalité.
Jésus a été crucifié parce qu'Il se disait Roi des Juifs, mais à travers sa mort et sa Résurrection, le motif d'accusation s'est mué en cri de triomphe et en titre princier. « Roi de gloire, tout est désormais soumis à ses pieds ». L'Ascension marque le moment solennel où Jésus Ressuscité devient « le Seigneur des seigneurs » et où il commence à exercer sur un monde qu'Il a racheté par son sacrifice d'amour, l'autorité souveraine dont le Père l'a investi en « le faisant siéger à sa droite dans les cieux », l'ayant « constitué au sommet de tout, Tête pour l'Eglise, laquelle est son Corps ». (Eph- I. l7-23)
Mais pour que cette puissance infinie qui est la sienne puisse se déployer concrètement et efficacement sur tous les membres de son Eglise, Jésus a fait à cette Eglise le don insurpassable de Celui qui est son propre souffle de Vie : le Saint-Esprit.
Par LUI qui est le grand sanctificateur qui sans cesse le rappelle et le rend présent, le Christ-Roi peut attirer à LUI toutes les âmes et s'unir intimement à elles pour les conduire à leur suprême destinée, c'est-à-dire pour les élever avec LUI et en LUI jusqu'au ciel en les faisant grandir tous les jours dans cette vie surnaturelle de la Grâce qui, sur terre, demeure cachée comme la fleur en son bouton, mais qui, dans l'au-delà, atteindra son plein épanouissement dans une communion éternellement et infiniment béatifiante à la vie de Lumière et d'Amour des Trois Personnes divines.
Puissions-nous comprendre au terme de cette méditation que l’Ascension ce n'est pas la finale d'une aventure désormais rangée au magasin des pieux souvenirs, mais qu'elle est à la fois une réalité présente, O combien stimulante et réconfortante !
« Voici que Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » (Mt 28. 20).
Et une merveilleuse promesse d'avenir : « Je pars vous préparer une place. Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi et là où Je suis, vous y serai aussi ».
Prions avec une grande ferveur la Vierge Marie, Mère de l'Eglise, pour qu'Elle nous aide à vivre ce mystère comme Elle-même l'a vécu : dans la Foi et l'Amour, dans la Joie et l'Espérance.
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