LE FOU DE L’IMMACULÉE
Vous savez que le l0 Octobre 1982, en la Basilique de saint Pierre de Rome, le Pape Jean-Paul II a élevé à la gloire des autels son admirable compatriote, le religieux franciscain Maximilien KOLBE, mort héroïquement à Auschwitz, le 14 Août 1941.
Chaque fois qu'elle reconnaît la sainteté exemplaire de l'un de ses enfants, l'Église attire notre attention sur les enseignements que Dieu veut bien nous donner à travers sa vie et à travers ses écrits.
Je pense qu'il nous sera particulièrement profitable d'évoquer, à l'aide de quelques réflexions, la personnalité fascinante de ce prêtre à l'âme de feu, à la fois contemplatif et missionnaire infatigable, Chevalier inconditionnel de l'Immaculée et martyr de la Charité.
En nous mettant à son école nous redécouvrirons en fait l'essentiel de notre vie chrétienne.
I - SAINT MAXIMILEN KOLBE et la SAINTETÉ :
Saint Maximilien KOLBE nous rappelle en premier lieu, l'absolue nécessité de vivre en plénitude le mystère fondamental de la Grâce sanctifiante dont il ne se lassait pas de contempler l'éblouissante perfection en Marie Immaculée, le Chef d'œuvre de Dieu.
Cette vie de la Grâce, cette vie surnaturelle qui est une mystérieuse participation à la vie même de Dieu, nous l'avons reçue gratuitement au Baptême comme une petite graine appelée à devenir un grand arbre.
Tout l'effort de la vie chrétienne, tout le travail de notre sanctification personnelle consiste précisément à développer, à faire grandir en nous ce germe divin par l'exercice constant des vertus théologales qui sont : La Foi, L'Espérance et La Charité.
Cette croissance d'enfants de Dieu doit nous permettre de devenir peu à peu des copies vivantes de Jésus-Christ à l'exemple de Celle qui a le plus « imité » Jésus.
« A l'imitation de ce premier Fils de Dieu : nous dit le Père KOLBE, doivent se former désormais tous les fils de Dieu, reproduisant les traits de l'Homme-Dieu. Plus quelqu'un forme soigneusement en lui l'image du Christ, plus il s'approche de Dieu, plus il se divinise, devient Homme-Dieu. »
Cet homme assoiffé d'absolu, qu'était le Père KOLBE, avait su discerner, et cela très tôt, que c'est bien là l'unique nécessaire dans une vie qui se veut fidèle à l'Evangile.
Il nous redit, et avec quelle force, que notre sanctification personnelle doit être la priorité des priorités. Tout dans notre existence doit lui être subordonné, absolument tout.
« Ta première cause, se disait-il à lui-même, c'est ta propre sanctification. »
Devenir un saint et un très grand saint, telle était son idée fixe, son unique ambition.
« Priez pour moi, écrivait-il à sa mère, afin que mon amour grandisse de plus en plus vite et sans aucune limite. Priez surtout que ce soit sans limite.»
Puissent les exemples admirables de ce « fou de Dieu et de Marie » susciter et aviver en nous un désir aussi ardent, aussi passionné de la sainteté.
Puissent-ils nous convaincre que ce mystère de notre divinisation, c'est en vérité la seule aventure qui vaille la peine d'être vécue, puisqu'en nous plongeant dès ici-bas dans la vie du ciel, elle nous comble de la joie inaltérable promise par Jésus :
« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice (c'est à dire de la sainteté) ils seront rassasiés. »
II – SAINT MAXIMILIEN KOLBE et la CONSÉCRATION à MARIE :
Il y a dans la vie si étonnante de saint Maximilien KOLBE un secret de grâce qui explique tout : et son ascension, et son extraordinaire rayonnement apostolique.
C'est le « Secret de Marie » si vivement recommandé par ce grand docteur de la dévotion mariale que fut saint Louis Marie de Montfort.
En étudiant les vertus du Père KOLBE, le Père RICCIARDI, postulateur de sa Cause de Béatification, en est arrivé à cette conclusion :
« C'est l'offrande totale de soi-même à l'Immaculée qui fut la source de sa sainteté, la cause motrice de tous ses actes héroïques répétés chaque jour ».
Ce merveilleux secret, « le fou de Notre-Dame » nous le transmet comme un flambeau. Se consacrer au Cœur Immaculé de notre Maman du Ciel, avec tout ce que cela implique, n'est-ce pas la démarche décisive que la Vierge elle-même nous demande instamment d'accomplir dans son message de Fatima ?
N'est-ce pas ce que Jean-Paul II nous presse de faire à la suite de ses prédécesseurs, et lui-même nous donne l'exemple « TOTUS TUUS », « Je suis tout à Toi, ô Marie ».
Pour nous aider à vivre intensément cette Consécration, car c'est cela qui importe en définitive, Maximilien KOLBE nous donne des conseils particulièrement lumineux : écoutons-les !
« Parce que la Médiatrice de toutes les grâces est l'Immaculée, plus nous nous approcherons d’Elle, plus notre vie spirituelle sera resplendissante. Voilà pourquoi la forme la plus parfaite de notre rapprochement c'est la consécration totale. Plus une âme s'approche d'Elle, plus elle devient pure, plus sa Foi se fait vive et son amour rayonnant. Nous sommes la propriété de l'Immaculée, nous dépendons d'Elle complètement. Elle a tout pouvoir sur nous. Nous devons veiller à ce que tout soit à Elle. Ne rien faire qui ne lui soit désagréable. Supplions-la pour qu'Elle, et Elle seule oriente notre cœur. Nous voudrions être possédés par Elle, afin qu'Elle-même pense, parle et agisse par notre entremise. Nous voudrions appartenir totalement à l’Immaculée, qu'il ne reste rien en nous qui ne soit pas à Elle, afin que nous soyons comme anéantis en Elle, que nous soyons changés en Elle, que nous soyons transsubstantiés en Elle, qu'il ne reste plus qu'Elle ».
Nous touchons là, c'est évident, le sommet de l'Union mystique à Marie. Cette communion d'âme de tous les instants avec notre Mère bien-aimée, c'est un idéal vers lequel nous devons tendre. A la suite de ce guide sûr et expérimenté, qu'est le Père KOLBE, n'hésitons pas à marcher sur cette Voie Royale de la donation totale de nous-mêmes à Marie. Elle conduit tout droit à la sainteté.
III : SAINT MAXIMILIEN KOLBE et la MISSION de MARIE :
En contemplant assidûment et passionnément le mystère de l'Immaculée, saint Maximilien KOLBE a compris que Dieu a choisi cette « Femme bénie entre toutes les femmes », « la Femme revêtue de soleil » pour lui confier un rôle de premier plan, un rôle de choix dans le gigantesque combat qui oppose les enfants de Dieu et les amis de Satan.
Ce combat qui doit atteindre son paroxysme dans les temps mauvais que nous vivons, s'achèvera par une victoire éclatante de Notre-Dame.
« A la fin mon Cœur Immaculé triomphera ».
« Un jour, prophétisait le Père KOLBE, vous verrez la statue de l'Immaculée au sommet du Kremlin ! »
Il disait aussi ces paroles qui semblent exprimer sur ce point le fond de sa pensée:
« Les temps actuels sont dominés par Satan et ils le seront bien davantage à l'avenir. L'Immaculée seule a reçue de Dieu la promesse de la victoire sur Satan, mais Notre-Dame, élevée aux cieux, a besoin aujourd'hui de notre collaboration. Elle cherche des âmes qui se consacrent entièrement à Elle et deviennent entre ses mains une force pour vaincre Satan et des instruments pour diffuser le Règne de Dieu ».
C'est dans cette vision du grand combat de Dieu confié à l'Immaculée que Maximilien KOLBE a puisé son infatigable zèle missionnaire. On peut dire qu'il était comme possédé, hanté par ce besoin aussi impérieux qu'une angoisse : convertir, ramener à Dieu toutes les âmes qui se perdent loin de Lui.
« Notre mission, écrit-il, c'est de convertir et sanctifier toutes les âmes par Marie ».
« Notre but, c'est la conquête du monde entier et chaque âme en particulier à l'Immaculée et à travers Elle au Divin Cœur de Jésus. Quand donc conduirons-nous le cœur de tous les hommes au Divin Cœur de Jésus par l'entremise de l'Immaculée ? Quand donc arrivera la divinisation de l'univers par Elle et en Elle ? »
Laissons-nous gagner, nous aussi, par cette hantise du salut des âmes ! Travaillons sans relâche par notre prière, par notre exemple, par nos paroles et par notre dévouement à "tout restaurer dans le Christ.
Et soyons de plus en plus convaincus, à 1'exemple de Maximilien KOLBE, que pour la conversion des âmes 1'instrument privilégié c'est encore et toujours l'Immaculée.
Elle est 1'instrument, « le passe-partout » qui tôt ou tard ouvre les cœurs à la grâce... Tous les cœurs ! Même les plus endurcis ! En nous liant à Elle par notre consécration, nous nous engageons sous son étendard dans son armée de Lumière et d'Amour nous nous mettons à son entière disposition, toujours prêts à Lui obéir et quoi qu'il en coûte... Puissions-nous, conduits par cette Reine incomparable, propager « jusqu'aux extrémités de la terre » l'incendie de l'Amour, exauçant ainsi le désir ardent du Cœur de Jésus :
« Je suis venu jeter un feu sur la terre et comme je voudrais que déjà il brûle ! »
IV - SAINT MAXIMILIEN KOLBE et la PRIÈRE :
Il est une vérité que saint Maximilien KOLBE met particulièrement en lumière : c'est l'importance de la prière, comme moyen indispensable de la sanctification et comme moyen privilégié de l'Apostolat.
Ce missionnaire géant, ce pauvre rempli d'audace fut avant tout un grand priant. On peut dire que la prière était vraiment la respiration de son âme envahie par l'Immaculée, parfait modèle des contemplatifs.
Dans sa vie de prière, nous disent les témoins, le Rosaire occupait une place de choix : il le récitait toujours avec une intense ferveur.
Il aimait aussi s'entretenir très souvent et très longuement avec Jésus-Eucharistie présent au Tabernacle, cultivant ainsi son désir d'agir dans un état d'adoration perpétuelle du Saint Sacrement.
Voici, résumés en quelques phrases, les brûlantes exhortations qu’il nous adresse au sujet de la prière.
« La prière, la prière et seulement la prière est nécessaire pour entretenir la vie intérieure et son épanouissement. Car la vie intérieure est une chose primordiale. La vie active est la conséquence de la vie intérieure et n'a de valeur que si elle en dépend ».
« La vie de notre âme a sans cesse besoin de nourriture et cela ne dépend pas de notre volonté, mais de la grâce et il n'y a pas de grâce sans la prière. »
« L'esprit de prière possède celui qui a son âme élevée vers Dieu. En pratique, c'est l'union de notre volonté à la Volonté de Dieu ».
« La prière, dit-il encore, est un élément principal dans le travail pour la conversion des âmes, par la conversion est une grâce qui s’obtient nécessairement par la prière. La prière fait renaître le monde. La prière est une condition indispensable pour le renouveau et la vie des âmes. Par une prière humble, pleine d’espérance et persévérante, vous pouvez tout obtenir pour vous et pour les autres ».
Et pour finir une dernière remarque très importante : « Le démon connait l'efficacité de la prière, c'est pourquoi il s'efforce de nous en détourner ».
En s'exprimant ainsi sur la nécessité et les efforts de la prière, saint Maximilien KOLBE ne fait que commenter les enseignements de Jésus, auxquels Marie ne cesse de faire écho dans toutes ses apparitions :
« Il faut bien prier, mes enfants ».
« Priez pour les pécheurs ».
« Mais priez, mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps ».
« Je veux qu'on dise le chapelet tous les jours ».
Efforçons-nous de vivre, du matin au soir, en état de prière, puisque Jésus nous dit « qu'il faut toujours prier et jamais se lasser ».
Disons-nous que la victoire sur le mal ne pourra se remporter, en nous, autour de nous et dans le monde entier qu'à coups de prière : prière personnelle et front uni de prière.
V - SAINT MAXIMILIEN KOLBE et le MYSTÈRE de la CROIX :
Le soir du 14 Août 1941, dans cet enfer qu'était le « bunker de la faim » du camp d'Auschwitz, après s'être livré héroïquement pour mourir de faim et de soif à la place d'un père de famille, Maximilien KOLBE, prêtre catholique, rendait sa belle âme à Dieu. Configuré au divin Crucifié, uni mystiquement à la Corédemptrice, sa Mère, tendrement et follement aimée, il venait de donner la preuve du plus grand amour. Il recevait enfin avec la couronne blanche de la pureté cette couronne rouge du martyr que Notre-Dame lui avait proposait lorsqu'il avait 10 ans.
N'oublions pas toutefois que cet Holocauste était le point culminant d'une ascension douloureuse. Car la vie de cet homme, à 1'énergie indomptable, fut une longue suite de souffrances physiques ou morales très vaillamment supportées avec le secours de l'Immaculée et versées avec amour dans le Calice de la Rédemption qui est le Cœur de Jésus. Tout cela était la conséquence logique de sa Foi, « dans les affaires de Dieu, disait-il, rien ne se fait sans souffrances ».
Dans la lumière de son héroïque témoignage, nous redécouvrons la signification profonde du Mystère de la Croix dans chacune de nos vies : c'est notre Père des Cieux qui taille sa vigne pour qu'elle porte beaucoup de fruits. Oui, les épreuves de toutes sortes sont nécessaires pour la purification de l'âme et la réparation des péchés.
« La Croix est une école d'Amour ».
Mais qui dit Croix, ne dit pas absence de Joie. Le Père KOLBE a laissé échapper un jour, cette confidence qui montre combien est vraie la parole de Paul Claudel :
« La joie c'est le premier et le dernier mot de l'Evangile ».
« Oh ! Si vous saviez, mes enfants, combien je suis heureux ! Mon cœur déborde de bonheur et de paix, un bonheur et une paix tels qu'on ne peut en goûter ici-bas. Malgré les contrariétés de la vie, au plus profond de moi-même domine toujours ce calme ineffable. Mes petits enfants, aimez l'Immaculée, aimez-la, elle vous rendra heureux ! »
Rappelons-nous souvent ces paroles si réconfortantes. Elles nous stimuleront à marcher courageusement sur la route où ce grand saint des temps modernes a lui-même marché : la route de la sainteté. Nous savons qu'elle conduit à la paix et à la joie des cette terre et a une béatitude infiniment comblante dans l'éternelle Vie !