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14 juin 2024 5 14 /06 /juin /2024 17:20

Le renard et la cigogne étaient de bons amis, c'est du moins ce qu'on croyait, jusqu'au jour où le Renard invita la Cigogne à dîner, pour lui faire une blague. Il servit la soupe dans un bol peu profond : le renard léchait facilement, mais la cigogne n’arrivait qu’à mouiller le bout de son long bec et après le déjeuner, elle avait plus faim qu'avant.

« Je suis désolé, dit le renard, la soupe n'est-elle pas à votre goût ? »

« Oh, ne vous inquiétez pas : j'espère que vous voudrez me rendre visite et venir me voir bientôt pour déjeuner », répondit la cigogne.

Le jour était donc fixé où le renard rendrait visite à la cigogne. Ils s'asseyaient à table, mais la nourriture était préparée dans de longues jarres à col étroit dans lesquelles le renard ne pouvait pas mettre son museau : tout ce qu'il pouvait faire était de lécher l'extérieur du pot, tandis que la cigogne plongeait son bec dans le bouillon et sortait de délicieuses grenouilles.

« N'aimez-vous pas, mon cher ami, ce que j'ai préparé ? »

C'est ainsi que la cigogne se moquait à son tour du renard farceur.

Source : Frate Indovino inspiré des Fables de la Fontaine.

 

Fox., animated - GIF animé gratuit - PicMix

Vous trouverez cette fable illustrée en PDF.

Le Renard et la Cigogne : la fable intégrale
 
Compère le Renard se mit un jour en frais,
et retint à dîner commère la Cigogne.
Le régal fût petit et sans beaucoup d’apprêts :
Le galant pour toute besogne,
Avait un brouet clair ; (il vivait chichement).
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette :
La Cigogne au long bec n’en put attraper miette ;
Et le drôle eut lapé le tout en un moment.
Pour se venger de cette tromperie,
À quelque temps de là, la Cigogne le prie.
« Volontiers, lui dit-il ; car avec mes amis
Je ne fais point cérémonie.
A l’heure dite, il courut au logis
De la Cigogne son hôtesse ;
Loua très fort la politesse ;
Trouva le dîner cuit à point :
Bon appétit surtout ; Renards n’en manquent point.
Il se réjouissait à l’odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu’il croyait friande.
On servit, pour l’embarrasser,
En un vase à long col et d’étroite embouchure.
Le bec de la Cigogne y pouvait bien passer ;
Mais le museau du sire était d’autre mesure.
Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un Renard qu’une Poule aurait pris,
Serrant la queue, et portant bas l’oreille.
Trompeurs, c’est pour vous que j’écris :
Attendez-vous à la pareille.
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14 juin 2024 5 14 /06 /juin /2024 13:19

Voilà l’histoire vraie de la bête à Bon-Dieu... Au temps jadis, au Moyen Age, sans doute, un homme fût accusé d’un crime qu’il n’avait pas commis. Ses juges ne l’en condamnèrent pas moins à être décapité. Comment prouver son innocence, quand tout et tous l’accusent ? Au moment où le malheureux allait poser la tête sur le billot, il aperçu une coccinelle et, craignant de l’écraser, il la saisit délicatement pour l’éloigner de l’instrument de supplice. Les juges qui étaient présents virent ce geste. Ils se regardèrent avec étonnement et, d’un commun accord, décidèrent qu’un homme qui faisait preuve d’un cœur aussi sensible ne pouvait être un criminel. L’innocent fût gracié séance tenante, et les spectateurs convaincus que le Très-Haut avait envoyé la bestiole pour sauver le condamné, donnèrent spontanément à l’insecte sauveur le nom de Bête à Bon Dieu. Et depuis ce jour, la coccinelle s’appelle la «Bête à Bon Dieu».

gif animé, blinkie,BONJOUR - DKA decoKlane

Cliquez sur la coccinelle et vous trouverez le conte en PDF.

Coccinelle-01.jpgCoccinelle-02.jpgCoccinelle-03.jpgCoccinelle-04.jpgCoccinelle 05Coccinelle-06.jpgCoccinelle-07.jpgCoccinelle-08.jpgCoccinelle-09.jpgCoccinelle-10.jpgCoccinelle-11.jpgCoccinelle-12.jpgCoccinelle-13.jpgCoccinelle-14.jpgCoccinelle-15.jpgCoccinelle-16.jpgCoccinelle-17.jpg

 

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14 juin 2024 5 14 /06 /juin /2024 10:53

A l'occasion de la fête de la musique, voici un conte intitulé : les musiciens de Brême des célèbres Frères Grimm.

Un meunier possédait un âne qui, durant de longues années, avait inlassablement porté des sacs au moulin, mais dont les forces commençaient à décliner. Il devenait de plus en plus inapte au travail. Son maître songea à s'en débarrasser. L'âne se rendit compte qu'un vent défavorable commençait à souffler pour lui et il s'enfuit. Il prit la route de Brême. Il pensait qu'il pourrait y devenir musicien au service de la municipalité. Sur son chemin, il rencontra un chien de chasse qui s'était couché là. Il gémissait comme quelqu'un qui a tant couru, que la mort le guette.

- Alors, Taïaut, pourquoi jappes-tu comme ça ? demanda l'âne.

- Ah ! dit le chien, parce que je suis vieux, parce que je m'alourdis chaque jour un peu plus, parce que je ne peux plus chasser, mon maître veut me tuer. Je me suis enfui. Mais comment gagner mon pain maintenant ?

- Sais-tu, dit l'âne, je vais à Brême pour y devenir musicien ; viens avec moi et fais-toi engager dans l'orchestre municipal. Je jouerai du luth et toi de la timbale.

Le chien accepta avec joie et ils repartirent de compagnie. Bientôt, ils virent un chat sur la route, qui était triste... comme trois jours de pluie.

- Eh bien ! Qu’est-ce qui va de travers, vieux Raminagrobis ? demanda l'âne.

- Comment être joyeux quand il y va de sa vie ? répondit le chat. Parce que je deviens vieux, que mes dents s'usent et que je me tiens plus souvent à rêver derrière le poêle qu'à courir après les souris, ma maîtresse a voulu me noyer. J'ai bien réussi à me sauver, mais je ne sais que faire. Où aller ?

- Viens à Brême avec nous. Tu connais la musique, tu deviendras musicien.

Le chat accepta et les accompagna.

Les trois fugitifs arrivèrent à une ferme. Le coq de la maison était perché en haut du portail et criait de toutes ses forces.

- Tu cries à nous casser les oreilles, dit l'âne. Que t'arrive-t-il donc ?

- J'ai annoncé le beau temps, répondit le coq, parce que c'est le jour où la Sainte Vierge lave la chemise de L'Enfant Jésus et va la faire sécher.

Mais, comme pour demain dimanche il doit venir des invités, la fermière a été sans pitié. Elle a dit à la cuisinière qu'elle voulait me manger demain et c'est ce soir qu'on doit me couper le cou. Alors, je crie à plein gosier pendant que je puis le faire encore.

- Eh ! Quoi, Chanteclair, dit l'âne, viens donc avec nous. Nous allons à Brême ; tu trouveras n'importe où quelque chose de préférable à ta mort. Tu as une bonne voix et si nous faisons de la musique ensemble, ce sera magnifique.

Le coq accepta ce conseil et tous quatre se remirent en chemin.

Mais il ne leur était pas possible d'atteindre la ville de Brême en une seule journée. Le soir, ils arrivèrent près d'une forêt où ils se décidèrent à passer la nuit. L’âne et le chien se couchèrent au pied d'un gros arbre, le chat et le coq s'installèrent dans les branches. Le coq monta jusqu'à la cime. Il pensait s'y trouver en sécurité. Avant de s'endormir, il jeta un coup d'œil aux quatre coins de l'horizon. Il vit briller une petite lumière dans le lointain. Il appela ses compagnons et leur dit qu'il devait se trouver quelque maison par-là, on y voyait de la lumière. L'âne dit :

- Levons-nous et allons-y ; ici, le gîte et le couvert ne sont pas bons.

Le chien songea que quelques os avec de la viande autour lui feraient du bien. Ils se mirent donc en route en direction de la lumière et la virent grandir au fur et à mesure qu'ils avançaient. Finalement, ils arrivèrent devant une maison brillamment éclairée, qui était le repaire d'une bande de voleurs.

L'âne, qui était le plus grand, s'approcha de la fenêtre et regarda à l'intérieur.

- Que vois-tu, Grison ? demanda le coq.

- Ce que je vois ? répondit l'âne : une table servie avec mets et boissons de bonne allure. Des voleurs y sont assis et sont en train de se régaler.

- Voilà ce qu'il nous faudrait, repartit le coq.

- Eh ! Oui, dit l'âne, si seulement nous y étions !

Les quatre compagnons délibérèrent pour savoir comment ils s'y prendraient pour chasser les voleurs. Finalement, ils découvrirent le moyen : l'âne appuierait ses pattes de devant sur le bord de la fenêtre, le chien sauterait sur son dos et le chat par-dessus. Le coq se percherait sur la tête du chat. Quand ils se furent ainsi installés, à un signal donné, ils commencèrent leur musique. L'âne brayait, le chien aboyait, le chat miaulait et le coq chantait. Sur quoi, ils bondirent par la fenêtre en faisant trembler les vitres. À ce concert inhabituel, les voleurs avaient sursauté. Ils crurent qu'un fantôme entrait dans la pièce et, pris de panique, ils s'enfuirent dans la forêt. Nos quatre compagnons se mirent à table, se servirent de ce qui restait et mangèrent comme s'ils allaient connaître un mois de famine.

Quand les quatre musiciens eurent terminé, ils éteignirent la lumière et chacun se choisit un endroit à sa convenance et du meilleur confort pour dormir. L'âne se coucha sur le fumier, le chien derrière la porte, le chat près du poêle et le coq se percha au poulailler. Et comme ils étaient fatigués de leur long trajet, ils s'endormirent aussitôt.

Quand minuit fut passé, les voleurs virent de loin que la lumière avait été éteinte dans la maison et que tout y paraissait tranquille. Leur capitaine dit :

- Nous n'aurions pas dû nous laisser mettre à la porte comme ça.

Il ordonna à l'un de ses hommes d'aller inspecter la maison. L'éclaireur vit que tout était silencieux ; il entra à la cuisine pour allumer une lumière. Voyant les yeux du chat brillants comme des braises, il en approcha une allumette et voulut l'enflammer. Le chat ne comprit pas la plaisanterie et, crachant et griffant, lui sauta au visage. L'homme fut saisi de terreur. Il se sauva et voulut sortir par la porte de derrière. Le chien, qui était allongé là, bondit et lui mordit les jambes. Et quand le voleur se mit à courir à travers la cour, passant par-dessus le tas de fumier, l'âne lui expédia un magistral coup de sabot. Le coq, que ce vacarme avait réveillé et mis en alerte, cria du haut de son perchoir :

- Cocorico !

Le voleur s'enfuit aussi vite qu'il le pouvait vers ses camarades, et dit au capitaine :

- Il y a dans la maison une affreuse sorcière qui a soufflé sur moi et m'a griffé le visage de ses longs doigts. Devant la porte, il y avait un homme avec un couteau : il m'a blessé aux jambes. Dans la cour, il y a un monstre noir : il m'a frappé avec une massue de bois. Et sur le toit, il y avait un juge de paix qui criait : « Qu'on m'amène le coquin ! » J'ai fait ce que j'ai pu pour m'enfuir.

À partir de ce moment-là, les voleurs n'osèrent plus retourner à la maison. Quant aux quatre musiciens de Brême, ils s'y plurent tant qu'ils y restèrent. Le dernier qui me l'a raconté en fait encore des gorges chaudes.

Vous trouverez ce conte illustré en DOCX et PDF

 

 

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9 juin 2024 7 09 /06 /juin /2024 17:48

Connaissiez-vous cette belle histoire sur la présence réelle de Jésus ?

http://zevitorartes.blogspot.com/2014/

Un jour, saint Antoine de Padoue (1195-1231) fait un sermon sur la présence réelle de Jésus dans l’eucharistie. Un juif nommé Zacharie le Gaillard l’interrompt en s’écriant :

-« Je n’y crois pas ! Je voudrais voir ! »

Saint Antoine de Padoue le regarde alors calmement et lui demande la chose suivante :

-« Si ta mule se prosterne devant l’eucharistie, croiras-tu ? »

Zacharie lui répond :

-« Pour sûr ! »

Avec malice, il ajoute même ceci :

-« Pendant deux jours, je ne donnerai rien à manger à ma mule. Le troisième, je l’amènerai ici sur le champ de foire. On mettra d’un côté de l’avoine fraîche, et de l’autre tu lui présenteras l’hostie. Si elle refuse son avoine et s’agenouille devant l’hostie, je croirai ». Saint Antoine lui répond alors :

-« Marché conclu. Toutefois, que l’on sache ceci : si la mule ne s’agenouille pas, ce sera à cause de mes péchés ».

Ce défi surprenant fait très vite le tour de la ville, et dès lors qu’ils sont mis au courant, les gens attendent avec beaucoup d’impatience de voir ce qui va se passer.

Le jour en question, tous les magasins de la ville sont fermés et les rues sont désertes. Tout le monde s’est donné rendez-vous au champ de foire. Zacharie apparaît alors, tirant sa mule qui a jeûné. Un valet prépare l'avoine et, tout à coup, une procession venue de l’Eglise s’avance vers Zacharie. Saint Antoine marche à l’arrière en portant le Saint Sacrement. Lorsque le célèbre saint arrive à la hauteur de Zacharie, ce dernier place sa mule exactement entre l’avoine et l’hostie, et la lâche. On n’entend pas une mouche voler. Tous les regards sont braqués sur l’animal. Que va-t-il se passer ? Que va faire la mule ? Et bien figurez-vous que la bête n’hésite pas. Sans même regarder l’avoine, elle s’avance vers l’hostie, s’arrête à distance respectueuse, s’agenouille devant l’ostensoir et s’immobilise dans une sorte d’adoration, ses grands yeux noirs fixés sur l’hostie ! Zacharie tombe alors à genoux auprès d’elle et se frappe à grands coups de poitrine tandis que la foule, avec une très grande ferveur, entonne le Magnificat. Avouez que cette histoire est assez extraordinaire, non ?

-A celles et ceux qui pensent que ce récit a été « inventé », je signale qu’à l’église Saint Pierre le Guillard (à Bourges), on peut voir un bloc de pierre et un tableau du XIVème siècle qui conservent l’image d'une mule agenouillée (ce qui nous laisse fortement penser que cette histoire s’est passée en France). Bien entendu, la foi compte beaucoup, dans ce domaine, et on ne peut forcer personne à croire. Toutefois, on peut se dire aussi que si une simple mule a été capable de « sentir » la présence de Dieu dans le Saint Sacrement, alors les êtres humains doivent être capables d'en faire autant !

Source : http://marie-oasis.eklablog.com/saint-antoine-de-padoue-et-la-mule-de-zacharie-a92496377

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1 février 2024 4 01 /02 /février /2024 21:22

Le Vieillard Siméon

Le Haut-Pays dormait à genoux dans la neige. A travers la fenêtre, le vieillard Siméon le contemplait au repos sous la lumière bleutée de l'hiver. Demain, la terre reprendra floraison. Elle lèvera ses moissons vers le soleil. C'est dans le cycle ininterrompu des saisons que Siméon avait tenu tête à la douleur. Depuis longtemps, il avait perdu sa jeune femme. Mais maintenant, son fils continuait la lignée de sa race montagnarde. Tous les secrets paysans, il les lui avait appris avec son parler terrien. Il pouvait s'en aller. Il ne mourrait pas. Des mains pareilles aux siennes avaient repris les mancherons de la charrue. Son cœur fatigué battait déjà dans la jeunesse d'un autre sang, celle de Jérôme, son unique enfant. Ce soir, il redescendra de la vallée. Il sera devant lui debout, comme un autre Siméon de vingt ans. Face à sa vieille chair, songe égaré en plein jour, Jérôme se dressera de toute sa vie ardente. Il lui dira que l'avalanche des Montis est coupée et que les habitants du haut village de Fionnay sont enfin débloqués. Le poids du silence emplissait la maison. Pour tromper son attente, Siméon s'est retourné vers le fourneau de pierre ollaire et il commence un soliloque avec les ombres des êtres marquées sur la serpentine grise. Que de fois n'avait-il pas raconté ses exploits de berger ! A cette heure, il recommençait. Tout là-haut, c'est le pâturage de Nichlyri. L'alpage de Sery monte à près de trois mille mètres. La montagne hurle à travers les tempêtes de neige. Un vrai temps d'hiver, en plein mois d'août. Pas d'abri. Impossible de descendre vers les étables, à cause du danger des précipices. Tenaillé par la faim, battu par le froid, le troupeau se révolte. Trois cents cornes de la race belliqueuse des vaches d'Hérens vous cernent menaçantes. Il faut ruser pour sauver la situation. D'un moment à l'autre, les bêtes risquent de forcer le passage de descente et ce sera la course à la catastrophe. Alors, Siméon a pris la tête du troupeau, comme lorsqu'il le conduisait à la pâture, et il le fait tourner en rond sur les prairies escarpées. En piétinant assez, les vaches ont mis à nu un peu d'herbe et elles se sont calmées un instant. Il était temps, car les bergers n'en pouvaient plus, et Siméon allait choir devant la horde animale qui l'aurait écrasé. Le soleil chassa enfin la tourmente et vint attiser les ardeurs taurines de la race des vaches guerrières. Partout des luttes à mort, comme au jour de l'inalpe. Des yeux de braise flamboient et la neige se tache de sang. La nuit est tombée sur la maison du vieillard Siméon et le maître berger d'antan continue de dialoguer avec les ténèbres, parce que son fils Jérôme n'est pas encore revenu. Pierres éclatées, troncs de mélèzes saignants, sapins brisés, racines en l'air encombrent l'avalanche des Montis, lave géante qui s'étire le long du ravin jusqu'à la Dranse. Pelles, pioches, tintent dans la tranchée de neige à travers laquelle s'enfoncent les hommes comme des tarières. Bientôt, la masse de glace sera sectionnée et les vivres pourront parvenir par la route aux reclus de Fionnay. Les ouvriers travaillent avec fièvre, car la montagne gronde par-dessus leurs têtes. Sur l'autre rive de la vallée, un guetteur veille à la tempête qui balaye les sommets. Nulle crainte d'une avalanche de fond, mais la poudreuse, plus terrible encore, reste toujours possible. Là-haut, une tornade de neige monte en vrille vers l'horizon qui fume. Un bruit de tonnerre emplit les espaces. Alarme ! Le fusil du guetteur claque pour donner le signal du danger aux camarades. Trop tard. La poudreuse fond déjà sur la pente. Sauve qui peut ! A peine ont-ils pris la fuite, que le cyclone s'abat sur les montagnards et les emporte, fétus de paille précipités dans l'abîme.

La tornade passée, les hommes se recherchent, se regroupent. Il faut poursuivre la tâche. Hélas, trois compagnons manqueront à l'appel : Camille Maret, Joseph Michaud et Jérôme de Siméon. Pas de temps à perdre. Rien à céder à la peur. Les rescapés se remettent rageusement au travail. Ils ont jeté un défi aux colères de l'alpe en rumeur. Une seule volonté les tient : arracher les trois jeunes gens à la mort blanche. On dépêche une estafette au prochain village pour chercher du secours. Une colonne de volontaires est bientôt-là qui fouille la neige. Des falots errent dans la nuit, rapace qui étend ses ailes d'ombre sur une frêle espérance. L'angoisse étreint les dernières heures de cette vigile de Chandeleur. Enfin, les sauveteurs ont pu dégager les corps de Camille Maret et de Joseph Michaud. Hélas, ils n'étaient plus que des cadavres. « Fiat voluntas tua », ont dit amèrement les hommes avant d'incliner leur front têtu devant le mystère de Dieu, qui venait de les frapper dans leurs amis. Jérôme de Siméon restait toujours à trouver. On ne s'en irait pas avant de le ramener au jour. Le matin blanchissait déjà et l'espoir semblait avoir fui avec la nuit. Un nouveau cercueil s'ajouterait-il aux autres ? Les montagnards n'osaient s'interroger du regard, tout en cherchant sans relâche la dernière victime. Le guetteur affirmait avoir vu disparaître Jérôme du côté du rocher, à l'endroit marqué d'une croix dans la pierre. Les hommes s'y portèrent. Fallait-il encore croire à quelque chance ? L'abri rocheux était rempli de neige. Jérôme aurait-il été soufflé dans ce trou, où il serait emmuré vivant ? Le malheur les accroche au plus fol des espoirs. Pendant que les sauveteurs s'acharnent à lutter de vitesse contre la mort, Maurice d'Antoine descend tristement la vallée. Il doit porter la tragique nouvelle au vieillard Siméon. Sans rien dire, tête baissée, il traverse les hameaux en deuil, car on sait déjà le malheur qui est tombé du haut de la montagne. Là-bas, le village de Châblières joint la prière de ses toits autour de l'église. A l'ombre du clocher, Siméon attend dans l'anxiété son fils qui n'est toujours pas rentré. En passant près du sanctuaire, Maurice s'est arrêté. La lampe du Saint Sacrement allume un coin de vitrail du chœur. On célèbre les offices de la Chandeleur. Le chant sacré parvient jusqu'à lui. Maurice écoute un instant l'antienne de la procession des lumières qui monte comme une invincible espérance le long de la flèche gothique. « Orne, ô Sion, ta demeure nuptiale pour accueillir le Christ Roi ; ouvre ton cœur à Marie, porte du ciel ; car elle tient entre ses bras le Roi de gloire à qui nous devons une lumière nouvelle. Voici que la Vierge offre de ses mains un Fils que le Père engendra bien avant la création de tous les luminaires. Siméon le reçut sur son cœur, en annonçant aux peuples qu'il est le Maître de la vie et de la mort, le Sauveur du monde ».

— Qu'est devenu mon fils ? demanda Siméon suppliant à Maurice qui entrait dans le désert de la chambre.

— L'avalanche poudreuse est descendue et l'a emporté.

— L'a-t-on retrouvé ?

— Hélas, on a cherché toute la nuit et on le cherche encore. Il y a bien peu de chance...

Un instant de silence écrasa la tête à tête des deux hommes avec le malheur.

— Alors, s'écria le vieillard dans un sanglot, je serai donc seul désormais. Perdu à jamais mon unique espoir.

Maurice ! Maurice ! dit-il en tendant ses mains tremblantes, Dieu ne peut pas permettre que cette goutte de sang qui me vient de lui soit irrémédiablement anéantie, le jour même où mon saint patron a porté son Fils dans ses bras. Détruite ma race terrienne ? Quelqu'un d'autre que les miens s'installera dans cette maison ? Prendra possession de mes champs ? De mes bêtes ? Mon fils mort sans les prières de l'agonie ? Cela, Dieu ne peut pas le permettre non plus. Moi, son fidèle serviteur, qu'ai-je donc fait au ciel pour mériter tant de malheurs à la fois ?

Le vieillard Siméon secoua son cœur usé et se dressa de toute sa vigueur paysanne contre la cruauté du destin. Ses restes de chair humaine se levèrent le long du fourneau de pierre ollaire. Siméon voulait partir là-haut aux Montis. Son fils, il le retrouverait vivant. A peine eut-il essayé un pas, qu'il retomba, masse impotente sur le plancher de mélèze. Maurice ramassa ce grand corps vaincu et le déposa dans le fauteuil. Siméon sanglotait comme un enfant. Au milieu de ses pleurs, il appelait Jérôme par tous les noms de tendresse qu'un père peut donner à son petit en le berçant pour l'endormir. Tout à coup, Siméon releva la tête. Maurice vit une nouvelle espérance qui mangeait les yeux du vieil homme.

— Ecoute, Maurice, dit-il. Toi, tu es encore fort. La montagne n'a pas de secret pour toi. Tu sais comment il faut sonder méthodiquement une avalanche. Tu le trouveras mon Jérôme. Tu me le ramèneras vivant, vivant... Remonte jusqu'au couloir des Montis. Va, pendant qu'il en est encore temps. Va ! Va ! Nul n'aurait pu résister à cette suprême prière du vieillard et Maurice d'Antoine reprit le chemin de la haute vallée. La sonde d'avalanche vient de rencontrer la résistance d'un corps à travers la neige engouffrée sous l'abri rocheux des Montis.

— Il est là, crie le sondeur.

Tous les sauveteurs se précipitent au lieu indiqué. Ils n'ont plus assez de leurs bras armés de pelles et de pioches pour creuser, ils y vont de leurs gros souliers ferrés. Il faut faire vite. Toutes les minutes valent une vie. Bientôt, une forme humaine se dessine dans la neige. Ça y est. Le corps de Jérôme est complètement dégagé. On le retourne face au ciel. Un camarade lui déplie les bras qui emprisonnent la tête. Les montagnards revoient un de leurs visages amis. Les dents mordent encore le rebord des manches du veston. L'infirmier Luisier s'est mis à l'écoute de la vie. Il a collé son oreille sur le cœur de Jérôme.

— Il bat ! Il bat faiblement, mais il bat ! A-t-il annoncé aussitôt, en saisissant les bras du gisant pour pratiquer la respiration artificielle. Un peu de sang commença à roser les joues du sinistré. Les forces revenaient à travers les membres engourdis et, lorsque Jérôme leva les paupières, ses yeux rencontrèrent tout un ciel de visages radieux penchés sur lui. La mort était vaincue. Soufflé miraculeusement par l'avalanche poudreuse dans le creux de la roche, Jérôme se trouvait prisonnier derrière un mur de glace. Un peu d'espace lui avait permis de ne pas mourir d'étouffement. Au fond de la grotte des Montis, la neige incrustait de sa blancheur l'intaille de la croix du salut, tracée dans la pierre de serpentine.

C'est coutume de Chandeleur dans le Haut-Pays ; au soir de la fête, une fillette du village va de maison en maison apportant le feu de l'église avec le cierge bénit. Pour être leur porte-lumière, cette année-là les enfants avaient choisi la petite Marie-Madeleine, car ses yeux toujours gardaient la clarté de la joie. Jamais encore elle ne fut grondée, ni par sa mère, ni par sa maîtresse. Personne n'aurait pu lui reprocher la moindre faute et partout, elle laissait sur son passage comme un rayonnement céleste. A son approche, les garçons cessaient leurs disputes et les larmes du vieillard, elle les irradiait d'un sourire. Dans la flamme de sa bougie qu'elle enveloppait des mains, Marie-Madeleine allait de porte en porte avec la grâce d'un ange et la sérénité d'une vierge. Elle pénétra chez Siméon, comme un éclat de soleil qui traverse un cristal.

— Grand-père Siméon, dit-elle au vieillard écrasé dans son fauteuil, je vous apporte la flamme bénie de Chandeleur. Ce cierge chassera le démon, éclairera votre cœur, tracera le signe de protection sur votre maison, sur vos champs, vos moissons, et sur vos troupeaux avant la montée à l'alpage. Vers l'enfant de lumière, Siméon leva ses yeux enfouis dans des mains brûlées de travail et de douleur.

— Que ferai-je de ce cierge si mon fils n'est plus ?

— Votre fils ? Dieu vous l'a rendu, grand-père Siméon.

Maurice d'Antoine vient de l'annoncer au village. On l'a retrouvé vivant sous la croix du rocher des Montis.

— Tu dis bien vrai, mon enfant ? Tu dis bien vrai ?

— Jamais je n'ai menti.

— Oh ! Alors Marie-Madeleine, puisque tu m'as apporté la joie, donne-moi ta pure flamme et ce cierge de Dieu. Donne-moi aussi ton front à baiser. Tu es mon espérance et je vois dans ton regard la plus sainte lumière du monde. Siméon étreignit l'enfant, puis s'allongeant sur son fauteuil, ses lèvres murmurèrent une prière de reconnaissance. Ses cheveux, d'une blancheur immatérielle, brillaient d'un halo de Chandeleur autour de son vieux front apaisé.

— Il vit... Il vit... répétait-il doucement. « Seigneur, vous laisserez maintenant votre serviteur s'en aller en paix, puisque mes yeux ont retrouvé leur salut »... Vivante, vivante, cette goutte de sang de ma génération terrienne... Demain, il faudra repartir, avec les saisons, dans les champs, vers les sommets, vers vous, mon Dieu... Grand-père Siméon se tut. La tête retomba lourdement sur la poitrine. Un rayon de clarté, plus éclatant que tous les flamboiements de la terre sembla jaillir de ce corps usé jusqu'à la mort par la douleur et la joie. Marie-Madeleine se pencha vers des yeux désormais éteints. Elle ferma pieusement les paupières du vieillard et lui joignit les mains. Puis elle posa son cierge dont la cire pleurait, au pied du crucifix d'arolle enfumé qui ouvrait ses bras cloués par-dessus toutes les larmes du monde. Jérôme pouvait revenir. Dans la dernière demeure de Siméon, une flamme d'espérance illuminait la nuit.

Marcel MICHELLOD

Lire le conte en PDF en cliquant sur l'image ci-dessus.

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23 janvier 2024 2 23 /01 /janvier /2024 20:37

Pierre vivait pauvrement dans une vieille maison avec son père, sa mère, ses cinq frères et ses cinq sœurs. Dans cette maison, il y avait une petite cuisine avec un vieux fourneau qui fumait et des vieilles casseroles cabossées. C’est là que Pierre était le plus souvent, car il adorait cuisiner. Il savait préparer des plats délicieux avec des choses simples : il pouvait transformer des pommes de terre en gâteaux, des poires en sirop, des carottes en purée rose… Avec Pierre, chaque repas devenait une fête. Pourtant, une année, l’hiver fut très long. Pierre ne trouvait que des vieux croûtons de pain à mettre dans ses casseroles et toute sa famille avait faim. Un matin, Pierre dit à son père :

- Je vais aller en ville pour chercher du travail. Avec l’argent que je gagnerai, je pourrai acheter de quoi manger.

Justement, ce jour-là, un messager du roi arrive dans le village de Pierre. Il tape sur un tambour et il déclare :

- Avis à la population ! Le roi de ce pays, Sa Très Gourmande Majesté, a décidé de changer de cuisinier. Celui qui fera le plus délicieux des plats sera nommé Grand Chef des Cuisines du Roi.

En entendant cela le père de Pierre s’écrie :

- Pierre, voilà une chance pour toi ! Enlève ton tablier, laisse tes vilaines casseroles et va faire goûter au roi une recette dont tu as le secret.

Pierre répond en souriant :

- Hélas, on ne devient pas cuisinier du roi en lui faisant manger du pain dur !

Mais la mère de Pierre insiste :

- Allons, va, mon petit cuisinier. Tu sais faire un dessert avec un courant d’air. Je suis sûre que tu peux gagner ce concours !

Alors, Pierre se met en route. Il se demande bien quelle recette il pourra préparer pour le roi, car il n’a rien dans les mains ni dans les poches. Mais comme il sent le printemps qui arrive, il se met à chanter :

- Je n’ai rien pour mon roi, pas de sucre ou de chocolat, même pas la moitié d’un petit pois !

Bientôt, Pierre arrive devant une ferme. Un vieil homme vient à sa rencontre en criant : - à l’aide ! Au secours ! Ma vache est tombée dans l’étang !

La pauvre vache essaie bien de sortir de l’eau mais à chaque fois qu’elle approche du bord de l’étang, elle glisse dans la boue et plouf ! Elle retombe lourdement. Pierre prend une corde solide. Il l’attache aux cornes de la vache et tire sur la corde de toutes ses forces. On hisse ! On hisse ! La vache sort les deux pattes avant. Encore un effort ! On hisse ! On hisse ! Enfin la vache regagne la terre ferme. Elle est sauvée ! Le vieil homme est tout heureux et, pour remercier Pierre, il lui donne un pot de lait tout frais. Pierre reprend le chemin du palais du roi en chantant : - voilà du lait pour le roi, c’est tout ce qu’il aura pour tremper son petit doigt ! Tout à coup, il aperçoit des poules qui courent dans un pré en battant des ailes. Derrière les poules, il y a une fermière qui crie :

- Vilaines poules ! Revenez, revenez, ou le renard va vous manger !

Mais les poules partent dans tous les sens et la fermière ne peut pas les rattraper. Pierre ramasse un bâton, il le fait tourner au-dessus de sa tête puis il file à toute vitesse derrière les poules. Il les rassemble et, en un clin d’œil, il les fait rentrer dans le poulailler. La fermière saute de joie. Elle dit à Pierre :

- Sans toi, mes poules allaient se perdre dans la forêt !

Pour le remercier, elle lui donne six œufs dans un panier. Pierre continue sa marche. Il chante :

- Avec du lait et des œufs que fait-on de délicieux ? Avec des œufs et du lait que pourrait-on préparer ?

Un peu plus loin, alors que la nuit commence à tomber, Pierre rejoint une charrette chargée de sacs de farine et traînée par un âne. C’est la charrette du meunier. Le meunier appelle Pierre :

- S’il te plaît, veux-tu me donner un coup de main ? Ma roue a glissé dans le fossé. Je ne peux plus avancer.

Pierre pose son lait et ses œufs et il pousse avec le meunier. Un, deux, trois, hue ! La charrette est dégagée, le meunier peut rentrer au moulin. Mais avant de partir, il offre à Pierre un petit sac de farine. Pierre s’en va en chantant :

- J’ai des œufs, de la farine et du lait, mon roi tu vas te régaler ! J’ai du lait, des œufs et de la farine, roi, tu vas te lécher les babines !

Lorsque Pierre arrive au palais du roi, le concours de cuisine a déjà commencé. Des cuisiniers sont venus des quatre coins du pays. Ils ont apporté avec eux des épices et des fruits, des lapins, des dindes, des moutons, des légumes, des poissons, des champignons et des herbes parfumées ; tout ce qu’il faut pour réussir des desserts rares, des salades exquises et des rôtis savoureux. Dans la grande cuisine royale, le roi est assis sur le trône. Des serviteurs lui apportent ce que les cuisiniers lui ont préparé. Le roi respire l’odeur de chaque plat, puis il goûte des bouts des lèvres. Il mâchouille, il ferme les yeux, il renifle encore une fois. Mais, pour chaque recette, il grogne : -trop grillé. Trop cru. Trop salé. Trop sucré. Trop chaud. Trop froid. Trop sec. Trop gras. Rien ne lui plaît. Enfin, c’est le tour de Pierre.

Le roi lui demande :

- Alors, jeune homme, que vas-tu nous préparer ?

Pierre se gratte la tête avant de répondre :

- Euh… Sire… Majesté… C’est-à-dire… voilà… c’est une surprise.

Le roi sourit :

- Ah, enfin une surprise !

Euh…euh…

Pierre réfléchit, il se dit :

Qu’est-ce que je pourrais bien faire avec de la farine, du lait et des œufs ? Il regarde par la fenêtre par la fenêtre et il aperçoit la lune qui brille dans le ciel. Cela lui donne une idée. Il s’écrie :

- Je vais faire des lunes, des lunes à croquer !

Le roi fronce les sourcils, il dit :

- Tiens, tiens, des lunes à croquer ? Je suis curieux de voir ça. Alors, mon garçon, mets-toi au travail. Aussitôt, Pierre vide sa farine dans un grand saladier. Il ajoute ses œufs et il verse son lait en mélangeant avec une grande cuillère en bois. Puis il dépose un peu de la pâte qu’il a ainsi préparée dans une poêle bien graissée. Et il la met à cuire sur le fourneau. Au bout de deux minutes, Pierre saisit le manche de la poêle, il donne un coup de poignet et hop!...un gâteau plat et rond s’envole dans la cuisine royale. Pierre dit au roi : - regardez, voilà la lune ! Le roi lève la tête, il n’en croit pas ses yeux : le gâteau rond monte jusqu’au plafond et il retombe juste dans la poêle.

Pierre le laisse cuire encore un peu, puis il dit :

- Voilà, Sire, vous pouvez croquez cette lune.

Le roi renifle, il goûte, il mâchouille et il déclare :

- Ce n’est pas mauvais… C’est même plutôt bon… J’aimerais bien moi aussi faire une lune à croquer car cette recette m’amuse beaucoup. Il se lève de son trône, il verse un peu de pâte dans la poêle, la laisse cuire deux minutes, il donne un petit coup de poignet … et hop ! Il fait sauter la lune à croquer. Et plaf ! Elle retombe sur la tête de la reine. Le roi éclate de rire : - ha ! ha ! ha ! Décidément, cette recette me plaît ! Le roi s’amuse comme un fou : - encore, encore, encore ! Il fait des dizaines des lunes à croquer et il les mange avec du sucre, de la confiture, du chocolat.

À la fin, quand le roi a bien ri et bien mangé, il dit à Pierre :

- C’est toi qui a inventé la recette la plus drôle, du jamais vu, du jamais goûté ! Je te nomme Grand Cuisinier du Roi !

Depuis ce jour, Pierre vit avec toute la famille dans le palais du roi et, chaque année, à la fin de l’hiver, il fait des lunes à croquer.

Source : Jean-Jacques Vacher

Le conte en PDF illustré

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23 janvier 2024 2 23 /01 /janvier /2024 09:42

En cliquant sur l’image ci-dessous, vous trouverez le conte tiré du site https://www.abbayedemaylis.org/2015/11/23/un-roi-riche-en-misericorde/

 

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21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 18:55

Première légende

La légende du Rouge-gorge est liée à la mort de Jésus. Il y a fort longtemps, ce n'était qu'un modeste oiseau au plumage brunâtre. Alors qu'il voletait, il s’approcha du Christ crucifié sur sa croix. Il se posa sur son épaule, de ses ailes, il essuya ses larmes, et de son bec, il arracha les épines qui lui blessaient la tête. Une goutte de sang tomba sur sa gorge, colorant à jamais son humble plumage.

Deuxième légende

De Jésus qui priait au jardin des Pardons, un petit oiseau s'approcha. Haut sur pattes fines comme aiguilles, la plume brunette un peu olive, l'œil rond comme un cassis, il s'en venait frisant le sol, sautillant et parfois s'arrêtant pour faire une révérence. Une brise lui avait dit que cet Homme-là était le cœur fait homme. Que voulait-il bien, ce petit passereau du monde ? Il désirait visiter le cœur du Fils. Alors souriant, Jésus lui ouvrit son cœur, et le petit oiseau entra dans la cage des côtes : il y fut pris d'amour, et battit des ailes au rythme des pulsations divines. En souvenir de cette visite, Jésus lui empreignit la lumière de son sang sur la poitrine. Désormais, l'oiseau était baptisé rouge-gorge. Chaque jour, un rouge-gorge témoigne discrètement de cette sorte de légende sur la branche du temps. Qu'il en tire profit, celui qui a des oreilles pour entendre.

Troisième légende

C’était la deuxième nuit après Noël. Il faisait froid et le feu allumé à l'entrée de l'étable s'éteignait doucement. A l'intérieur, couchés sur la paille, chacun dormait en frissonnant. Le Bon Dieu, attentif du haut du ciel, interpella un petit oiseau gris et brun qui picorait à ses pieds : « Descend, et va ranimer le feu ; je ne veux pas que mon Fils ait froid ». L'oiseau s'envola et descendit vers Bethléem. Arrivé à l'étable, il s'approcha de ce qui restait du feu : un tas de cendre sous lequel couvaient quelques braises, et sur lequel restaient quelques branchages qui n'avaient pas encore brûlé. L'oiseau se percha sur une grosse bûche préparée devant le foyer et agita ses ailes. Peu à peu, sous la force du courant d'air, les cendres s'écartèrent, puis les braises se mirent à rougeoyer. Leur chaleur devint si forte que les plumes de la petite bête roussirent. Mais décidée à achever sa tâche, elle supporta la douleur jusqu'au moment où les flammes jaillirent, embrasant les branchages au dessus. La flamme réveilla Joseph, qui se leva pour nourrir le feu. Il se mit à faire bon dans l'étable. Alors, se tournant vers l'oiseau, saint Joseph lui dit : « Pour rappeler ton dévouement à l'enfant Jésus, ta poitrine gardera la couleur rouge du feu, et tu t’appellera désormais le rouge-gorge ».

 Source : http://feliphoto.canalblog.com/

Légendes sur le Rouge-Gorge en PDF

 

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31 décembre 2023 7 31 /12 /décembre /2023 19:04

Étant donné que tout peut arriver dans les contes, même les choses les plus inattendues, on ne s'étonnera pas si, un jour, le soleil, le froid et le vent partirent ensemble en voyage.

Un mot en entraînant un autre, ils commencèrent à deviser sur le point de savoir qui était le plus fort en ce monde.

Le soleil déclara aussitôt :

- Tout le monde me sait gré d'apporter la lumière et la chaleur. Mais je sais aussi être torride. C'est pourquoi l'on me craint. Je suis donc le plus fort.

- Ne te vante donc pas ! - répliqua aussitôt le froid. - Quel pouvoir as-tu en hiver ? À cette époque, il faut voir comme on me redoute ! J'ai donc un avantage sur vous.

Ces deux-là continuèrent à fanfaronner. Seul, le vent ne souffla mot, tout en les écoutant avec attention. Ils ne furent pas longs à rencontrer en chemin un paysan qui revenait de la ville. Dès qu'il les aperçut, l'homme ôta son bonnet et se prosterna devant eux.

- Tu vois ? - dit le soleil, quand ils eurent dépassé le paysan, - il se prosterne devant moi car je suis le plus fort.

Mais le froid sourit ironiquement :

- C'est ce qu'on dit. Ce salut m'était peut-être destiné... As-tu remarqué le regard effrayé de cet homme ? Ils auraient polémiqué encore longtemps si le vent n'avait eu soudain une bonne idée.

- Hé ! Monsieur ! - lança-t-il au passant. Quand celui-ci se fut retourné vers eux, le vent ajouta :- Qui as-tu plus précisément salué ? Le soleil, le froid ou moi ?

Le paysan les regarda bien. Le froid se renfrogna. Le soleil montra son plus beau sourire, mais ses yeux brillaient comme deux charbons ardents. Seul, le vent ne fit aucun effort particulier. Il se contenta de souffler sur le chemin un air qui s'était rafraîchi au contact du froid et refroidissait même l'ardeur du soleil.

- C'est devant toi que je me prosterne, joli vent, - dit le paysan sans avoir besoin de longtemps réfléchir.

Naturellement, cette réponse n'eut l'heur de plaire ni au soleil ni au froid.

- Tu ne connais pas encore notre force ! - crièrent-ils avec colère. Et, avant que le pauvre homme n'ait pu protester, le soleil bondit dans le ciel et se cacha derrière les nuages, tandis que le froid courait à toutes jambes vers la forêt qui se dressait à l'horizon.

Seul, le vent demeura près du paysan et lui dit :

- N'aie peur de rien et va-t'en chez toi tranquillement. Si l'un de ces deux-là cherche à te nuire, il te suffit de m'appeler et je viendrai à ton secours. Je sais comment m'y prendre avec eux...

Là-dessus, le vent poursuivit son chemin, et le paysan rentra chez lui.

Il aurait sans doute oublié l'incident si, cette année-là, l'hiver n'avait été aussi soudain. Il gela à pierre fendre. Le pauvre homme ne put mettre le nez dehors sans risquer qu'il se transforme aussitôt en glaçon. Bientôt, le bois manqua dans le chalet. Le jour où le paysan brûla sa dernière bûche, le froid commença à sévir dans sa chaumière.

- Je suis venu te montrer qui est le plus fort ! - cria-t-il en faisant trembler les portes. De peur et de froid, le sang se figea dans les veines du paysan, tandis que des griffes de glace s'abattaient sur la pièce. Au dernier moment, l'homme se souvint de ce que lui avait dit le vent et il commença à prier :

Vent, joli vent, viens à mon aide !
Le froid me prend, la mort me guette.
Dépêche-toi, je meurs de froid !

Mais le froid poussa encore deux fois la porte avant de repartir vers la forêt. Terrifié, le paysan en eut des chandelles de glace au bout de ses moustaches et il commença à soupirer et à se lamenter. Heureusement, une brise tiède souffla de la porte entrouverte et le pauvre homme sentit que son sang se remettait à circuler.

À partir de ce jour, le froid ne se montra plus dans la chaumière et le paysan ne fut pas long à oublier l'incident. Puis vinrent le printemps et l'été. Il y avait fort à faire dans les champs et les prés. Le paysan ne rentrait chez lui que tard le soir, tout en nage et fatigué. Un jour, à midi, alors qu'il ratissait le foin, le soleil brillait avec une telle force depuis le matin qu'il semblait à l'homme que l'astre descendait sensiblement du ciel comme pour le brûler et le consumer tout à fait. Il en laissa tomber son râteau de désespoir, se prosterna au sol et appela :

Ô vent joli, prends donc pitié !
Le soleil luit, je suis brûlé.
Le soleil cuit, je suis rôti !

Cette fois, à l'instant où le paysan allait s'évanouir, une brise fraîche passa sur son visage. Et, bien que le soleil brillât de toutes ses forces, ses rayons perdirent de leur intensité. Le pauvre homme se releva, reprit son râteau et se remit au travail.

Depuis, ni le soleil ni le froid n'essayèrent plus de lui faire du mal. Et le paysan se félicita d'avoir justement estimé que le vent était le plus fort.

Source : http://www.russievirtuelle.com/contes/soleilvent.htm

Vous trouverez ce conte en PDF

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5 décembre 2023 2 05 /12 /décembre /2023 14:20

Vie de saint Nicolas en DOCX et PDF

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14 mars 2023 2 14 /03 /mars /2023 21:46

N'hésitons pas à plonger dans un bon livre, pour ma part je vais commercer le livre de Michel Bussi, "Qui a tué le petit prince?" Et vous quel livre lisez-vous ?

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31 janvier 2023 2 31 /01 /janvier /2023 16:07

Tout le monde connaît saint Don Bosco et son admirable apostolat auprès des jeunes, qui lui vaut d'être appelé "père et maître des jeunes".  Il existe de nombreuses anecdotes sur la vie de ce grand saint, mais peu connaissent celle du chien qui lui a sauvé la vie à plusieurs reprises.

La première rencontre

Vers 1883, Don Bosco marchait sur une route dangereuse de Turin lorsqu'un grand chien aux oreilles pointues, au pelage abondant et à la queue relevée se mit à le suivre. Lorsque Don Bosco le vit, il s'approcha de lui et le caressa. À partir de ce moment, le chien apparut chaque fois que le saint se trouvait seul la nuit dans un endroit dangereux. Comme il avait le poil gris, Don Bosco l'appela "Grigio" (gris).

Un chien comme sauveur

On raconte que Don Bosco était détesté par les hérétiques vaudois, qui rejetaient le culte des saints, la prêtrise et les sacrements. Un jour, l'un des Vaudois a tenté de l'abattre, mais la tentative d'assassinat a échoué. Lorsque le coup de feu a été entendu, le Gris est apparu pour attaquer l'hérétique et le mettre en fuite.

Une autre fois, des bandits ont attaqué Don Bosco, ils l'ont saisi par l'épaule et ont mis sa tête dans un sac. Sorti de nulle part, le Gris a sauté sur l'un des bandits et l'a poussé à terre. Alors qu'il était allongé, le chien le saisit au cou avec ses dents. Don Bosco demanda alors au Gris de lâcher le bandit et de le laisser partir. L'animal obéit et disparut.

Une autre fois, un homme voulut attaquer Don Bosco avec un poteau de clôture, mais le saint lui donna un coup de poing pour se défendre. Surpris par cette réaction, le malfaiteur appela ses complices à l'aide. Le Gris arriva alors, bondit autour de lui et aboya.

- "S'il vous plaît, retenez votre chien - ne le laissez pas me mordre", a crié l'un des hommes.

- "Et que voulez-vous que je fasse", dit Don Bosco.

- "S'il vous plaît, pardonnez-nous, Monsieur le Curé, nous sommes de pauvres gens ; ils nous ont donné mille francs...".

- "Et pour cela, vous m'auriez tué" ?

- "Rappelez votre chien, s'il vous plaît !"

- "Auparavant, vous me promettez de me laisser désormais en paix".

- "Nous le jurons, par la Sainte Vierge".

- "Viens Gris. Très bien, tu m'as sauvé la vie" !

Source : https://de.catholicnewsagency.com/

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22 janvier 2023 7 22 /01 /janvier /2023 11:12

Un très vieil homme, rencontrant des gens, les saluait en disant : « Bonjour, paix, santé et bon sentiment ». C'était son salut, même si parfois personne ne le comprenait. Jusqu'au jour où un jeune garçon lui a demandé quelle était la signification de cette salutation. Celui-ci, surpris par la curiosité du petit garçon, répondit : « La paix, la santé et le bon sentiment sont les choses les plus importantes pour bien vivre. La paix vous donne la sérénité ; la santé vous donne la force et la vigueur physique pour continuer ; le bon sentiment est ce qui vous empêche de perdre vos sens et vous fait reconnaître le bien du mal. Chacune de ces choses a besoin de l'autre car il n'y a pas de Paix sans Santé, pas de Santé sans Paix, mais surtout pas de Paix et pas de Santé sans Bon sentiment ».

Le jeune garçon, satisfait, s'est rendu compte que c'était le meilleur souhait que les gens pouvaient faire l'un pour l'autre.

Source non spécifiée rapporté par https://www.frateindovino.eu/

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4 mars 2022 5 04 /03 /mars /2022 18:13

ou comment savoir ce qui est bien et ce qui est mal ?

Haut comme trois pommes, Jiminy Cricket est juché sur l’épaule de Pinocchio pour lui souffler à l’oreille ce qu’il doit faire ou ne pas faire. Au début, le pantin n’écoute pas le grillon. Puis, petit à petit, il commence à prêter l’oreille à cette petite voix qui le conseille.

Notre petite voix intérieure

Nous avons tous un Jiminy Cricket qui nous rappelle à l’ordre lorsque nous agissons mal. C’est notre conscience. Cette petite voix, on l’entend parfois, quand on s’apprête à commettre quelque chose dont on ne sera pas fier. Parfois, elle semble nous avertir : « Attention, vous vous mettez dans le pétrin… » Et on dirait l’écho d’une petite musique bien connue : « Tu ne mentiras pas, tu ne calomnieras pas ton voisin, tu ne prendras pas le bien d’autrui ». La conscience, cette boussole qui nous indique le chemin à suivre, peut aussi perdre le nord sous l’influence de nos mauvais penchants : paresse, jalousie, orgueil. Heureusement, il n’est pas si facile que cela de l’étouffer. Le malaise qu’on ressent à mal agir, c’est un signe : la lumière de Dieu ne va pas de laisser piétiner sans mot dire…

Mon Dieu, aide-moi !

Mais tout n’est pas blanc ou noir dans la vie et il arrive que nous ne parvenions pas sincèrement à discerner ce qui est bien ou mal, ce qui est mieux ou moindre mal. Quand cela se produit, des amis, des parents peuvent nous éclairer, même si la décision dépend toujours de nous-même. Et Dieu aussi nous éclaire, pourvu qu’on le lui demande, qu’on lise et relise son Évangile. Pourvu, aussi, qu’on n’attende pas de sa part une réponse éclatante, par haut-parleur, mais simplement le murmure de la voie intérieure, celle de l’Esprit-Saint.

Source : Le livre « Questions de Vie ».

Cliquez sur Pinocchio pour ouvrir le PDF

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2 mars 2022 3 02 /03 /mars /2022 21:54
La légende du "Vergissmeinnicht"

Quand Dieu a créé les fleurs, les anges étaient autorisés à peindre avec beaucoup de couleurs vives. Une plante discrète avait attendu à la fin de la rangée et quand arriva son tour, les petits pots de peinture des anges étaient vides. La petite plante était très triste de se voir aussi pâle. Elle se rendit vers le trône céleste et demanda à Dieu : « ne m’oubliez pas ! » Dieu sourit doucement et promit de l’aider. Il appela deux anges et leur ordonna de tremper leurs pinceaux dans le bleu du ciel et une autre fois dans l'or du soleil et de peindre ces petites plantes. C’est ainsi que le myosotis eut de petits pétales bleus de la couleur du ciel et un calice doré de la couleur de la lumière du soleil. Il pousse modestement dans l'ombre de la forêt et porte les couleurs du ciel et c’est pour cela qu’il est béni.

Als Gott die Blumen schuf, durften Engel sie mit vielen bunten Farben bemalen. Ein unscheinbares Pflänzchen hatte am Ende der Reihe gewartet, und als es bemalt werden sollte, waren die Farbtöpfe der Engel leer. Das kleine Pflänzchen war sehr traurig dass es bleich bleiben sollte. Es ging zum himmlischen Thron und bat Gott : Vergiss mein nicht ! Gott lächelte sanft und versprach zu helfen. Er rief zwei Engel zu sich und befahl Ihnen, ihre Pinsel einmal in das Himmelblau und einmal in das Gold der Sonne zu tauchen und damit das kleine Pflänzchen zu bemalen. Daher hat das Vergissmeinnicht blaue Blätter wie die Farbe des Himmels und einen goldenen Kelch wie das Sonnenlicht. Es wächst bescheiden im Schatten des Waldes und ist doch selig weil es ja die Farben des Himmels trägt.

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25 février 2022 5 25 /02 /février /2022 09:22

- Tschäggäta ! Tschäggata !

Ils surgissent avec leur masque de bois. Et leur peau de bouc ou de chèvre, ou de mouton, qu'ils ceinturent d'un collier de vache avec la cloche. Ils courent, ils sautent, ils dansent et la cloche sonne. Ils ont des yeux qui louchent, des nez tordus, pointus, crochus, des bouches qui grimacent, qui rient, avec des dents de taureaux. On dirait des bêtes-hommes, des hommes-démons. Ils se promènent dans les ruelles, tout seuls, ou bien à deux ou trois, ou bien en troupes. – Tschäggätä ! crient les enfants.

Les enfants les regardent, les suivent, les aiment. Les enfants ont peur des masques. Les enfants aiment avoir peur. Un jour, un masque est sorti de la forêt. Les enfants ont levé la tête. Ils ont dû beaucoup lever la tête : le masque était encore plus grand que les plus grands sapins.

- Ho ! ...

Le Masque descendait vers eux. Sur son énorme face de bois violet, une chevelure de queues de renard flottait. Pour recouvrir son corps, il avait fallu coudre ensemble au moins quatre peaux de moutons bruns et quatre peaux de chèvres noires, et sa cloche était aussi grosse que celle du clocher. Comme elle sonnait ! Sonnait ! Tout le monde se rassembla sur la place.

- Ho ! Ho ! ...répétèrent les parents.

Et ils ne dirent plus rien parce qu'ils tremblaient. A longues enjambées, le Masque s'approcha. Il entra dans le village. Les hommes, les femmes, les enfants, vite, se cachèrent dans la maison. Ils fermèrent à clé les portes. Ils guignèrent à travers les carreaux. On entendit un horrible craquement. Le géant s'était assis sur le toit d'un chalet. La vieille Apolline et sa fille sortirent comme deux souris. Le géant eut un gros rire. Il tendit la main vers la fontaine, il l'arracha remplie d'eau, il souleva un peu son menton de bois violet et se mit à boire. Glouc, glouc, glouc. Il enfonça le bras dans la cave d'Apolline, en retira un fromage rond comme la lune et le mangea. Il enfonça le bras dans la cheminée, en décrocha trois cuissots de bœuf séché qu'il suspendit à sa ceinture. Puis il remonta vers la forêt. Longtemps sa chevelure rousse flamboya au-dessus des arbres. Enfin il disparut dans la haute montagne.

- C'est un géant ! C'est un revenant ! C'est le diable !

Tout le monde était très excité.

- Aujourd'hui, les revenants ne reviennent plus, heureusement ! dit le président.

- Aujourd'hui, le diable n'apparaît plus ... hélas ! Soupira le curé.

- Et mon fromage ? Et mes jambons ? protesta la vieille Apolline d'une voix aiguë. Ils existaient ou pas ?

- Alors ? firent les femmes. On a rêvé.

Et les hommes rallumèrent leurs pipes. Mais les enfants ne furent pas d'accord. Ils étaient sûrs, eux, de la réalité du Masque géant. Et même ils commençaient à l'aimer. Jaloux, les masques du village se consultèrent. Ils repeignirent les visages de bois. Ils renouvelèrent les fourrures mitées et paradèrent en cortège. Mais aucun enfant n'accourut à leur rencontre, pas un seul ne cria : "Tschäggätä !" Ils furent très dépités. Le Masque géant revint. Les parents terrifiés rentrèrent dans leurs demeures. Et de nouveau, ils guignèrent à travers les carreaux. Il se tenait debout au milieu de la place. Les enfants restèrent autour de lui. A le regardes. A l'admirer.

- Comme tu es grand !

- Comme tu es fort !

- Comme tu es beau !

Ils avaient pourtant un peu peur, mais ce n'était pas désagréable. Le Masque géant s'assit dans la neige et répondit en hochant la tête. Mais quand il vit Maria, la fille de la vieille Apolline, il lui passa son gant plein de suie sur la figure. Il était reparti. Il avait fait un grand trou dans la neige, là où il s'était assis, et l'on aperçut la terre.

- Il n'est pas très méchant, reconnurent les gens.

- Il est rigolo ! dirent les enfants.

- Il est même gentil ... chuchota la petite Suzanne.

- Nous allons le suivre ! ordonna son frère Croquin.

Et ils se mirent tous en marche. Les parents les appelèrent mais ils n'obéirent pas. Les enfants montaient toujours mettant les pieds dans les traces du géant. Il dépassa la forêt. Sur les alpages recouverts de neige, ses pas déclenchèrent une avalanche. L'avalanche ensevelit les enfants. D'en bas, les parents avaient tout vu. Les sauveteurs vinrent en hélicoptères, avec des sondes et de gros chiens saint-bernard qui portaient un tonnelet à leur collier. Les chiens, d'une bonne langue chaude, léchaient la figure froide des enfants et tous ressuscitaient. Ils riaient, buvaient les grogs des tonnelets. Puis les chiens les emportaient sur leur dos. Le Masque géant choisit une nuit bien noire pour redescendre au village. Il avait mis de la paille autour du battant de sa cloche et une hotte à son épaule. Il ouvrit en silence les caves et remplit le fond de sa hotte de fromages, de jambons, de petits pots de miel des sapins. En passant devant l'écurie du président, il enleva la plus belle des vaches ; dans l'étable d'Apolline, il prit un veau tout rouge et frisé ; dans le parc aux moutons, encore une brebis. Le coq du curé faisait le malin sur une barrière, il le saisit par les pattes. La vache, le veau, la brebis et le coq s'arrangèrent tant bien que mal ensemble dans la hotte. Les villageois avaient entendu ! Furieux, ils sortirent avec leurs fusils et tirèrent sur le géant. Mais les balles ne lui faisaient rien du tout. Une nappe épaisse de brouillard recouvrit la montagne. Et les hommes se perdirent et tournèrent en rond jusqu'au matin. Il revint une quatrième fois. Les enfants dansèrent une ronde autour de lui.

- Bon géant des monts, Beau masque-démon ! Fais sonner ta cloche ... Claquer tes galoches. En riant, ils grimpèrent le long de ses jambes, se pendirent à sa ceinture, s'assirent à califourchon sur ses épaules. Le géant les laissaient faire. Mais quand ils demandèrent de les emmener au sommet de la montagne, il dit non ! de la tête. Mais Croquin réussit à se cacher dans la grosse cloche de sa ceinture, et comme elle était bellement renflée il s'y sentit bien. Il s'accrochait très fort au battant et le faisait sonner de temps à autre pour que le géant ne s'aperçut de rien. Du haut de la montagne, Croquin vit son village, pas plus grand qu'une fourmi noire dans une saucière de faïence blanche. Il eut un regret en songeant à Suzanne, à son père, à sa mère et à son petit lit, mais son cœur était plein de curiosité. Le géant pénétra dans une caverne, Croquin fut ébloui. Elle était tapissée de cristaux. Et là se trouvait une grande paillasse. Le Masque géant s'y laissa tomber et tout de suite ronfla très fort. Croquin ne tarda pas à s'endormir. Il s'éveilla le lendemain à l'aube. Le petit garçon était resté cramponné au battant de la cloche, couché dans le renflement de bronze comme dans un berceau. Et maintenant, il était balancé par les pas du Masque géant qui redescendait dans la vallée. Croquin reconnut son village. Il eut juste le temps de dégringoler le long d'une jambe et de courir vers son chalet. Sauf la petite Suzanne, personne ne s'était aperçu de son absence. Il lui raconta son voyage clandestin à l'intérieur de la cloche et tout ce qu'il avait vu dans la montagne.

- Je voudrais y aller aussi, dit-elle.

- C'est trop dangereux pour les filles ! répondait Croquin.

Mais les villageois étaient très fâchés contre le Masque géant qui se moquait d'eux, les volait à tour de bras, et ne souffrait nullement de leurs coups de fusils. Quand il revint pour la cinquième fois, les hommes roulèrent des tonneaux de vin à ses pieds. Et ce vin, fait avec un raisin mûri sous les roches ensoleillées, était tellement bon que le géant ne put s'arrêter d'en boire. Il vida les tonneaux. Et il ne put plus se relever. Il restait étendu de tout son long dans la rue du village. Alors les paysans attachèrent les bras et les jambes de géant avec de solides cordes.

- Il ne pourra plus repartir et nous lui ferons son procès ! dirent-ils.

Et ils lui passèrent encore une corde autour du ventre et la fixèrent au clocher. La neige tomba. Les flocons épais comme des pelotes de laine recouvrirent le corps de Masque géant. Mais Croquin et Suzanne allèrent pendant la nuit, avec leurs canifs, couper les cordes du prisonnier. Puis ils se cachèrent dans sa cloche, où ils purent se loger tous les deux en se serrant. Ils avaient oublié de trancher la corde qui reliait le géant au clocher. Quand il se releva, le clocher s'écroula et ses cloches roulèrent dans le torrent avec un carillon épouvantable. Croquin et sa sœur pénétrèrent ainsi dans le domaine du Masque géant et purent tout à loisir en admirer les merveilles. Le géant fut bien heureux de faire leur connaissance. Il les remercia de l'avoir délivré. Il leur donna une très jolie chambre tapissée de cristaux roses, verts et bleus, et leur ouvrit une armoire taillée dans le roc, ornée de stalactites aux formes de fleurs. Elle était pleine de jouets. Mais Croquin fut très étonné d'y voir le ballon qu'il avait perdu un jour, et Suzanne d'y reconnaître sa poupée qu'elle avait tant pleurée ! Ils retrouvèrent encore le petit tracteur de leur ami Damien, la boîte à ouvrage de leur cousine et le fichu brodé de la fille d'Apolline. Et quand le géant se mit à faire cuire la soupe sur un feu de bois, ils constatèrent que le chaudron de cuivre était celui de leur grand-mère.

- Il est un peu voleur tout de même ... chuchota Suzanne à l'oreille de Croquin. Au village, on devina ce qui s'était passé. Et quand le Masque géant revint pour la sixième fois, les parents le supplièrent à genoux de leur rendre leurs chers petits-enfants.

- Les chers petits-enfants me tiennent compagnie, répondit-il. J'aime leur babil. Ils sont polis, serviables. J'aime beaucoup ces chers petits-enfants.

- Rendez-les nous ! Et nous vous donnerons tout ce que vous voudrez !

- Je n'ai besoin de rien. J'ai tout ce qu'il me faut. Et pendant l'été, les chers petits enfants iront garder dans ma prairie, ma vache, mon veau, mon coq et ma brebis. Alors les parents lui apportèrent des tonnelets d'une liqueur faite avec l'armoise des rochers. Et cette liqueur était si délicieuse que le géant ne sut y résister. Il finit par tomber raide au milieu de la rue, et il l'obstrua si complètement que les villageois durent faire un détour pour rentrer chez eux. Cette fois, ils l'attachèrent avec des chaînes et cette fois ils mirent quatre hommes pour le garder. Mais ces quatre hommes avaient aussi bu quelques gouttes de la liqueur et ils s'endormirent. Quand ils se réveillèrent, le géant était toujours étendu et il continuait à barrer la rue. L'un des gardiens dit :

- Il dort encore !

- Enlevons - lui le masque, je voudrais voir sa vraie figure... dit le second.

- Nous aussi, firent les deux autres, on voudrait bien la voir.

Le masque de bois était si lourd qu'ils avaient beaucoup de peine à le soulever.

- Hi-hu ! Hi-hu ! soufflaient-ils.

- Tu as sûrement abattu le roi des sapins pour te tailler un masque pareil !

- Hi-hu ! Enfin... Mais derrière le masque, il n'y avait rien. Rien. Personne. Rien non plus dans la tunique en peaux de boucs et de chèvres. Il n'y avait qu'une petite place vide au milieu de toutes ces fourrures, ces rembourrages, ces rouages, ces poulies et ces ficelles, rien qu'un vide où pouvait tout juste se glisser un corps d'homme. Les quatre gardiens s'y glissèrent à tour de rôle.

- Alors, s'étonnèrent-ils, c'était un homme pas plus grand que nous ? Un homme comme nous ! A cette nouvelle, la stupeur emplit le village. Qui était cet homme ?

- C'est peut-être Zéphyrin ... dit un vieux.

- C'est Zéphyrin !

- On le croyait parti aux Amériques. Un pauvre orphelin ! Et les villageois n'avaient pas toujours été bons pour lui. Ils avaient même été méchants. On se souvint aussi qu'il avait demandé la fille d'Apolline en mariage et qu'elle lui avait ri au nez. Et chacun commençait à regretter ses torts... lorsqu'on entendit un joyeux bruit de cloches. De la montagne descendait Zéphyrin, redevenu un homme comme tout le monde, pas plus grand que tout le monde. Mais avec un petit sourire pas comme tout le monde. D'une main, il tenait la jolie Suzanne et, de l'autre, le courageux Croquin. Et venait derrière eux : la vache du président, le veau d'Apolline, la brebis du conseiller, le coq du curé.

- Bonjour, bonjour ! dit Zéphyrin. Je vous ramène les chers petits-enfants. 

Et le coq poussa un sonore cocorico, car le soleil se levait.

Conte de Corinna Bille, trouvé dans "la maison musique et autres histoires".

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1 février 2022 2 01 /02 /février /2022 23:21

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29 octobre 2021 5 29 /10 /octobre /2021 19:52

Il était une fois, minuscule, presque invisible, transparente, une petite goutte d’eau tombée des cieux sur une rose.

– Vous êtes bienvenue, fit la fleur dans un soupir ! Ma beauté se fanait, mon pied se desséchait … le soleil est trop cruel …j’allais mourir … Mais toute seule, vous ne pourrez me sauver la vie. Êtes-vous ma messagère de milliers d’autres, non ? Mais, comment t’appelles-tu ? Son nom ? C’était la première fois qu’on lui posait pareille question.

– Mon nom, songea-t-elle ?…Voyons, je viens d’une source mais je ne suis pas elle. Je fais partie de la Vie puisqu’avec moi, par moi, je la fais éclore, la Vie, du milieu de la Mort et de sa pourriture … Je la fais croître, la soutiens, l’entretiens. Par moi, la Vie des hommes, oui, et des animaux, des plantes et des céleste espaces … mais je ne suis pas la Vie.

L’Eau, silencieuse et tremblante n’avait encore rien répondu que la rose éternua et mourut. Le soleil à nouveau l’aspira dans un nuage lourd et gris qui mit le cap sur l’océan vert. Un Feu rapide et tonitruant transperça tout à coup le nuage qui s’épancha sur les flots agités, crêtés d’écume blanche. Avec des milliers et des centaines de milliers de ses compagnes, la petite goutte d’Eau fut précipitée dans l’océan noir. Elle trembla devant les gouffres marins, fut brassé par des courants glacés, frôla les squales et les cétacés, rejaillit dans les airs et retomba sur la pointe d’une vague longue et maternelle.

– Bonjour ! fit la vague. Tu as gardé le soleil dans tes yeux. Quel est ton nom ?

– Encore ! se dit la voyageuse. Il me faut cette fois donner réponse à une femme si sereine. Voyons … je suis dans l’énergie des vents et des mers. Je suis née d’une Source, du fin fond d’un autre Secret minéral, dans la pureté du cristal enfoui. J’ai dévalé les montagnes, les ravins, les campagnes. La Terre meuble et chaude m’accueillit. Et j’ai connu ce petit grain si noir, si sec et desséché qu’il semblait mort. Je le caresse, l’étreins et réveille son germe endormi. La Vie me porte et je transporte la Vie. Mais je ne suis pas la Vie.

Un grand vent, à nouveau, souleva la vague jusqu’à étirer sa chevelure dans les airs. D’un grand coup de rire elle fit sauter et rebondir notre voyageuse au front si réfléchi. Poussière d’Eau et de Lumière, elle s’envola vers l’azur, en criant à la vague au sourire d’émeraude :

– Je sais : mon nom est Liberté !

Un vieux rocher millénaire grommela : – Ben oui : le don multiplié de Dieu !

Et c’est pourquoi, aujourd’hui encore, les Bretons se rassemblent sur les grèves, dans le grand vent qui fait se balancer les rubans, les bannières et crier les petits, pour rendre grâces au grand Dieu qui leur confia les vents, les eaux, les mers et les blés pour nourrir leur liberté. Et devant les calvaires, cela prend nom de « pardon ».

Source : https://morandais.wordpress.com/2013/11/01/conte-pour-la-toussaint/

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10 octobre 2021 7 10 /10 /octobre /2021 18:09

Une brève histoire de l’habit ecclésiastique

Certains prêtres le portent, d’autres non. Depuis quand le col romain est-il en usage dans l’Église catholique ? Qui peut l’arborer ? Que symbolise-t-il ? Pourquoi dit-on d’ailleurs col romain ? De manière plus générale, que dit l’Église et le droit canon sur l’habit ecclésiastique ? Réponses avec Alphonse Borras, canoniste belge.

Si l’habit ne fait pas le moine, il dit tout au moins la fonction de celui qui le porte. Ainsi en va-t-il pour le col romain qui identifie aujourd’hui le prêtre dans l’Église catholique. Mais en a-t-il toujours été ainsi ?

Jusqu’au 4e siècle, les textes officiels ne mentionnent aucunement l’habit ecclésiastique et encore moins le col romain. Pour cause. Jusqu’au règne de l’empereur Constantin, l’Église doit faire face à des vagues successives de persécutions et il n’est donc pas souhaitable pour un chrétien – et a fortiori un clerc – d’être clairement identifié dans l’espace public.

« Pendant près de mille ans, jusqu’au Haut Moyen-Âge, explique l’abbé Alphonse Borras, canoniste, il n’y a pas d’habit ecclésiastique prescrit pour les clercs et les ministres de l’Église. Ils sont toutefois invités à s’habiller de manière simple et sobre, en évitant les étoffes précieuses et les ornementations style boucle, ceinture, épingle,… »

On sait toutefois que l’Église recommande alors de porter une tunique longue, pour se distinguer probablement des populations barbares installées dans l’empire depuis les 4-5e siècles.

Tonsure et couvre-chef

Quant aux moines, dès le 4e siècle, ils adoptent un habit propre à chaque ordre, avec donc une grande diversité mais toujours dans l’idée d’une tunique simple, voire d’une extrême sobriété. Certains clercs plus zélés iront jusqu’à les imiter. Le Concile du Latran IV réitère cette invitation à la sobriété « qui ne distingue pas » le clerc des autres fidèles. Il est donc autorisé de penser que, jusqu’au début de la Renaissance, les hommes d’Église s’habillaient au quotidien de manière ordinaire, suivant les modes et coutumes de leur époque.

Notons toutefois l’apparition aux 11e-12e siècles du couvre-chef. « Le port du bonnet indique un certain rang social, les paysans ne portent pas de bonnet. Les évêques et prélats sont seuls autorisés à porter un chapeau, le reste du clergé un bonnet rond ou carré », »raconte Alphonse Borras. Apparait également la pratique de la tonsure comme signe distinctif d’appartenance au clergé mais dans une mesure tout à fait discrète. Pratique adoptée de manière plus radicale par les moines qui en feront une fine couronne.

Des clercs aux allures de « Men in Black »

Au tournant du 16e siècle, les conciles n’épiloguent pas sur la question de l’habit ecclésiastique. On peut cependant penser que le noir était la couleur de prédilection des clercs d’alors. Toujours dans cette idée de simplicité et de sobriété mais aussi d’exemplarité.

Un habit ecclésiastique semble donc plutôt se dégager aux 18e et 19e siècles, composé d’une tenue noire et d’un col qui peut prendre des aspects très variés. Dont le fameux col romain. « Il doit simplement son nom à son origine. Il s’agit d’un col blanc entourant complètement le col de l’habit ».

C’est à cette époque également que s’impose, en Europe occidentale, la soutane dont l’usage, à l’origine, est avant tout liturgique, précise Alphonse Borras. « Les clercs la portaient pour célébrer, avec un surplis blanc ou une aube surmonté d’une étole ». À noter que l’usage et le port de la soutane recouvrent une grande latitude selon les contextes culturels. Il n’est d’ailleurs nullement recommandé de porter la soutane constamment mais dans le cadre de sa profession, à l’image des magistrats.

Le col romain permet aujourd’hui de s’affirmer

Pour en revenir au col romain, modèle qui s’est imposé à l’ensemble de l’Église, il n’est en rien une exclusivité catholique, ni masculine ! En effet, il est également arboré par des clercs d’autres confessions chrétiennes comme les anglicans. Et aussi par des femmes. Le col romain tel que nous le connaissons remonte à l’époque du Concile Vatican II et l’adoption du clergyman inspiré précisément des clercs protestants.

Point de grand discours théologique ou spirituel pour expliquer l’apparition et l’usage du col romain. Si ce n’est que « aujourd’hui, reconnaît notre canoniste, il a une autre signification. Il permet aux clercs de s’affirmer et d’être identifiés. À titre personnel, je le porte toujours quand je vais dans un pays à majorité musulmane et à Rome, selon les circonstances. Cela facilite aussi la communication car l’habit est un identifiant qui indique une relation ».

Les clercs peuvent choisir si porter le col romain

L’article 284, du code de droit canon stipule que le clergé doit porter « un habit ecclésiastique convenable selon les règles établies par la conférence des évêque et les coutumes légitimes des lieux ».

En Suisse, selon l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal à Genève, il n’existe pas de directives spécifiques de la Conférence des évêques concernant la tenue des prêtres. Aucun texte ne définit le port du col romain. Les clercs sont donc libres de s’habiller comme ils l’entendent. « Il m’arrive de le porter selon les occasions et les circonstances, mais ce n’est pas systématique. Le plus souvent je porte une chemise avec le col ouvert », explique l’abbé Desthieux.

« Chez nous, les séminaristes ne portent pas d’habit ecclésiastique et donc, le cas échéant, pas de col romain avant l’ordination diaconale », précise de son côté l’abbé Nicolas Glasson, directeur de la maison des séminaires à Givisiez.

Alphonse Borras met en garde contre toute forme d’absolutisme. Il n’est absolument pas obligatoire de porter le col romain 24h/24h ni pendant la messe. « Toute collectivité a des signes distinctifs, la question est de savoir comment on les utilise ». (cath.ch/cathobel/mp)

Sophie Delhalle/cathobel/cath.ch 

Source : https://www.cath.ch/newsf/dou-vient-le-col-romain-une-breve-histoire-de-lhabit-ecclesiastique/

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1 février 2020 6 01 /02 /février /2020 18:56

Je t’aime beaucoup

Dans une famille, il y avait une maman avec trois petites filles : la plus grande s'est approché de sa maman, lui a mis un bras autour du cou et lui dit : "Écoute maman, je t'aime beaucoup ; quand je serai grande, je t'achèterai une belle voiture, pour que tu ne te fatigues plus en allant faire les courses". La deuxième petite fille a suivi l'exemple de la première et lui dit : "et moi quand je serai grande, je t'achèterai une maison magnifique, avec beaucoup de serviteurs, pour que tu n'aies plus à travailler". Maman sourit à toutes les deux, puis elle a regardé la plus petite de sept ou huit ans et lui demanda : "Et toi, qu'est-ce que tu dis à maman ?". La petite a répondu : "Tu sais, maman, que je t'aime et je finis de t'aider à faire la vaisselle ".

Les deux premières filles ont une affection apparente, elles pensent à l'avenir sans rien donner de soi dans le présent ; la plus petite fille, faisant les affaires domestiques aime la mère d'un amour plus concret.

Source : Frate Indovino

 

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16 décembre 2019 1 16 /12 /décembre /2019 18:35

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As-tu jamais vu une très vieille armoire de bois noircie par le temps et sculptée de fioritures et de feuillages ? Dans un salon, il y en avait une de cette espèce, héritée d'une aïeule, ornée de haut en bas de roses, de tulipes et des plus étranges volutes entremêlées de têtes de cerfs aux grands bois. Au beau milieu de l'armoire se découpait un homme entier, tout à fait grotesque ; on ne pouvait vraiment pas dire qu'il riait, il grimaçait ; il avait des pattes de bouc, des cornes sur le front et une longue barbe. Les enfants de la maison l'appelaient le « sergent-major-général-commandant-en-chef-aux-pieds-de-bouc ».

Evidemment, peu de gens portent un tel titre et il est assez long à prononcer, mais il est rare aussi d'être sculpté sur une armoire.

Quoi qu'il en soit, il était là ! Il regardait constamment la table placée sous la glace car sur cette table se tenait une ravissante petite bergère en porcelaine, portant des souliers d'or, une robe coquettement retroussée par une rose rouge, un chapeau doré et sa houlette de bergère. Elle était délicieuse ! Tout près d'elle, se tenait un petit ramoneur, noir comme du charbon, lui aussi en porcelaine. Il était aussi propre et soigné que quiconque ; il représentait un ramoneur, voilà tout, mais le fabricant de porcelaine aurait aussi bien pu faire de lui un prince, c'était tout comme.

Il portait tout gentiment son échelle, son visage était rose et blanc comme celui d'une petite fille, ce qui était une erreur, car pour la vraisemblance il aurait pu être un peu noir aussi de visage. On l'avait posé à côté de la bergère, et puisqu'il en était ainsi, ils s'étaient fiancés, ils se convenaient, jeunes tous les deux, de même porcelaine et également fragiles.

Tout près d'eux et bien plus grand, était assis un vieux Chinois en porcelaine qui pouvait hocher de la tête. Il disait qu'il était le grand-père de la petite bergère ; il prétendait même avoir autorité sur elle, c'est pourquoi il inclinait la tête vers le « sergent-major-général-commandant-en-chef-aux-pieds-de-bouc » qui avait demandé la main de la bergère.

- Tu auras là, dit le vieux Chinois, un mari qu'on croirait presque fait de bois d'acajou, qui peut te donner un titre ronflant, qui possède toute l'argenterie de l'armoire, sans compter ce qu'il garde dans des cachettes mystérieuses.

- Je ne veux pas du tout aller dans la sombre armoire, protesta la petite bergère, je me suis laissé dire qu'il y avait là-dedans onze femmes en porcelaine !

- Eh bien ! Tu seras la douzième. Cette nuit, quand la vieille armoire se mettra à craquer, vous vous marierez, aussi vrai que je suis Chinois. Et il s'endormit. La petite bergère pleurait, elle regardait le ramoneur de porcelaine, le chéri de son cœur.

- Je crois, dit-elle, que je vais te demander de partir avec moi dans le vaste monde. Nous ne pouvons plus rester ici.

- Je veux tout ce que tu veux, répondit-il ; partons immédiatement, je pense que mon métier me permettra de te nourrir.

- Je voudrais déjà que nous soyons sains et saufs au bas de la table, dit-elle, je ne serai heureuse que quand nous serons partis.

Il la consola de son mieux et lui montra où elle devait poser son petit pied sur les feuillages sculptés longeant les pieds de la table ; son échelle les aida du reste beaucoup.

Mais quand ils furent sur le parquet et qu'ils levèrent les yeux vers l'armoire, ils y virent une terrible agitation. Les cerfs avançaient la tête, dressaient leurs bois et tournaient le cou, le « sergent-major-général-commandant-en-chef-aux-pieds-de-bouc » bondit et cria :

- Ils se sauvent ! Ils se sauvent !

Effrayés, les jeunes gens sautèrent rapidement dans le tiroir du bas de l'armoire. Il y avait là quatre jeux de cartes incomplets et un petit théâtre de poupées, monté tant bien que mal. On y jouait la comédie, les dames de carreau et de cœur, de trèfle et de pique, assises au premier rang, s'éventaient avec leurs tulipes, les valets se tenaient debout derrière elles et montraient qu'ils avaient une tête en haut et une en bas, comme il sied quand on est une carte à jouer. La comédie racontait l'histoire de deux amoureux qui ne pouvaient pas être l'un à l'autre. La bergère en pleurait, c'était un peu sa propre histoire.

- Je ne peux pas le supporter, dit-elle, sortons de ce tiroir.

Mais dès qu'ils furent à nouveau sur le parquet, levant les yeux vers la table, ils aperçurent le vieux Chinois réveillé qui vacillait de tout son corps. Il s'effondra comme une masse sur le parquet.

- Voilà le vieux Chinois qui arrive, cria la petite bergère, et elle était si contrariée qu'elle tomba sur ses jolis genoux de porcelaine.

- Une idée me vient, dit le ramoneur. Si nous grimpions dans cette grande potiche qui est là dans le coin nous serions couchés sur les roses et la lavande y et pourrions lui jeter du sel dans les yeux quand il approcherait.

- Cela ne va pas, dit la petite. Je sais que le vieux Chinois et la potiche ont été fiancés, il en reste toujours un peu de sympathie. Non, il n'y a rien d'autre à faire pour nous que de nous sauver dans le vaste monde.

- As-tu vraiment le courage de partir avec moi, as-tu réfléchi combien le monde est grand, et que nous ne pourrons jamais revenir ?

- J'y ai pensé, répondit-elle.

Alors, le ramoneur la regarda droit dans les yeux et dit :

- Mon chemin passe par la cheminée, as-tu le courage de grimper avec moi à travers le poêle, d'abord, le foyer, puis le tuyau où il fait nuit noire ? Après le poêle, nous devons passer dans la cheminée elle-même ; à partir de là, je m'y entends, nous monterons si haut qu'ils ne pourront pas nous atteindre, et tout en haut, il y a un trou qui ouvre sur le monde.

Il la conduisit à la porte du poêle.

- Oh ! Que c'est noir, dit-elle.

Mais elle le suivit à travers le foyer et le tuyau noirs comme la nuit.

- Nous voici dans la cheminée, cria le garçon. Vois, vois, là-haut brille la plus belle étoile. Et c'était vrai, cette étoile semblait leur indiquer le chemin. Ils grimpaient et rampaient. Quelle affreuse route ! Mais il la soutenait et l'aidait, il lui montrait les bons endroits où appuyer ses fins petits pieds, et ils arrivèrent tout en haut de la cheminée, où ils s'assirent épuisés. Il y avait de quoi. Au-dessus d'eux, le ciel et toutes ses étoiles, en dessous, les toits de la ville ; ils regardaient au loin, apercevant le monde. Jamais la bergère ne l'aurait imaginé ainsi. Elle appuya sa petite tête sur la poitrine du ramoneur et se mit à sangloter si fort que l'or qui garnissait sa ceinture craquait et tombait en morceaux.

- C'est trop, gémit-elle, je ne peux pas le supporter. Le monde est trop grand. Que ne suis-je encore sur la petite table devant la glace, je ne serai heureuse que lorsque j'y serai retournée. Tu peux bien me ramener à la maison, si tu m'aimes un peu.

ramoneur-13.jpgLe ramoneur lui parla raison, lui fit souvenir du vieux Chinois, du « sergent-major-général-commandant-en-chef-aux-pieds-de-bouc », mais elle pleurait de plus en plus fort, elle embrassait son petit ramoneur chéri, de sorte qu'il n'y avait rien d'autre à faire que de lui obéir, bien qu'elle eût grand tort. Alors ils rampèrent de nouveau avec beaucoup de peine pour descendre à travers la cheminée, le tuyau et le foyer ; ce n'était pas du tout agréable. Arrivés dans le poêle sombre, ils prêtèrent l'oreille à ce qui se passait dans le salon. Tout y était silencieux ; alors ils passèrent la tête et... horreur ! Au milieu du parquet gisait le vieux Chinois, tombé en voulant les poursuivre et cassé en trois morceaux ; il n'avait plus de dos et sa tête avait roulé dans un coin. Le sergent-major général se tenait là où il avait toujours été, méditatif.

- C'est affreux, murmura la petite bergère, le vieux grand-père est cassé et c'est de notre faute ; je n'y survivrai pas. Et, de désespoir, elle tordait ses jolies petites mains.

- On peut très bien le requinquer, affirma le ramoneur. Il n'y a qu'à le recoller, ne sois pas si désolée. Si on lui colle le dos et si on lui met une patte de soutien dans la nuque, il sera comme neuf et tout prêt à nous dire de nouveau des choses désagréables.

- Tu crois vraiment ?

Ils regrimpèrent sur la table où ils étaient primitivement.

- Nous voilà bien avancés, dit le ramoneur, nous aurions pu nous éviter le dérangement.

- Pourvu qu'on puisse recoller le grand-père. Crois-tu que cela coûterait très cher ? dit-elle.

La famille fit mettre de la colle sur le dos du Chinois et un lien à son cou, et il fut comme neuf, mais il ne pouvait plus hocher la tête.

- Que vous êtes devenu hautain depuis que vous avez été cassé, dit le « sergent-major-général-commandant-en-chef-aux-pieds-de-bouc ». Il n'y a pas là de quoi être fier. Aurai-je ou n'aurai-pas ma bergère ?

Le ramoneur et la petite bergère jetaient un regard si émouvant vers le vieux Chinois, ils avaient si peur qu'il dise oui de la tête ; mais il ne pouvait plus la remuer. Et comme il lui était très désagréable de raconter à un étranger qu'il était obligé de porter un lien à son cou, les amoureux de porcelaine restèrent l'un près de l'autre, bénissant le pansement du grand-père et cela jusqu'au jour où eux-mêmes furent cassés.

Conte de Hans Christian Andersen

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17 mars 2019 7 17 /03 /mars /2019 19:14

Wappee était le fils du chef de la tribu des Black Feet. Estimé de tous, il vivait paisiblement entouré des siens. N’ayant peur de rien, à l’abri des intempéries et des bêtes féroces dans le grand tipi, il grandissait en sagesse tout en suivant attentivement les enseignements de son père. Quand Wappee eut douze ans, son père le fit venir.

« Mon fils, le temps est venu pour toi de devenir un homme. Un jour, si les Esprits le veulent, tu seras le chef. Pour cela, tu dois te montrer à la hauteur de ton peuple. Tu dois partir dans les collines. Tu reviendras dans cinq nuits. Alors, peut-être seras-tu devenu un homme libre, capable de conduire les tiens ».

Wappee quitta la tribu le soir même et se dirigea vers les montagnes. Il s’installa sur le sommet de la plus haute colline. Seul avec les étoiles, il se sentit libre, prêt à affronter tous les obstacles. Au matin, Wappee se leva, le cœur léger. C’était une belle journée de printemps. La neige fondait lentement sous le chaud soleil. Wappee s’assit et médita sur son avenir. Il devait attendre qu’un Esprit bienveillant lui montre, par le biais du rêve, le chemin qui le mènerait de l’enfance vers l’âge adulte. Mais le jour progressait et Wappee ne voyait toujours rien. Aucune vision, ni âme qui vive, ne venait troubler le silence qui l’entourait. Très vite, la solitude et la peur s’emparèrent de lui. Le soir venu, il s’allongea à nouveau dans l’espoir d’avoir une vision. Mais rien ne vint. Le lendemain se passa en tous points comme la veille. La journée chaude étala les couleurs de l’aube jusqu’au crépuscule pour se fondre ensuite dans la pénombre de la nuit. Wappee ne bougea pas. Il ne lui restait maintenant que trois nuits avant de retourner chez son père pour lui annoncer qu’il n’était pas devenu un homme, mais qu’il était un lâche. Le Grand Esprit ne lui avait pas permis de faire le rêve. Plus le temps passait, plus Wappee ressentait la douleur de l’échec. Le matin suivant, alors qu’il observait les couleurs du soleil levant, il aperçut une petite fleur aussi blanche que la neige, qui reposait à ses côtés. La fleur ouvrait grand ses pétales pour y laisser entrer le soleil. Elle se balança lentement dans sa direction jusqu’à ce que son esprit troublé fut calmé par la vue des montagnes bleues et de l’herbe verte des prés. Assis non loin de la fleur, Wappee observa les corbeaux et écouta le bruit du vent. Le jour baissait. La montagne devint rose, puis magenta. Bientôt le soleil disparut, laissant place à l’obscurité. Mais cette fois, Wappee ne se sentait plus seul. Il avait maintenant une amie.

« Petite sœur, dit-il, toi si fragile, que fais-tu dans cet endroit froid et venteux ? Je vais me coucher près de toi pour te réchauffer. Mais je ne veux pas t’écraser ».

Et pendant qu’une partie de son esprit se reposait l’autre partie veillait sur la petite fleur blanche. Lorsque la nuit se prépara à rencontrer le jour, la fleur parla :

« Écoute, Wappee, hier, tu étais triste car tu ne connaissais pas la peur. Celui qui ne connaît pas la peur est fragile. L’homme sage apprend à vivre avec elle ».

Le jeune indien, surpris, s’approcha de la fleur pour mieux l’entendre. Mais la fleur se tût, en se balançant au gré du vent. Toute la journée, Wappee ne cessait de penser à ce que la fleur lui avait dit. La nuit suivante, il protégea encore la petite fleur avec son manteau de fourrure. Puis, à l’aube, la fleur parla :

« Tu as bon cœur, Wappee. Tu iras loin ».

Puis, elle se tût jusqu’à la nuit suivante. Au lever du jour, elle dit encore :

« La sagesse et un cœur bon sont les qualités d’un grand chef. Si tu as des difficultés, reviens vers les collines, elles t’apporteront la paix et la chaleur ».

Puis Wappee s’endormit paisiblement. Son sommeil fut peuplé de visions, devenu chef de sa tribu, il la vit heureuse et prospère. Il était maintenant temps pour Wappee de retourner vers les siens. Cependant, avant de partir, il dit à la fleur :

« Petite sœur, pendant trois nuits, tu m’as consolé de ma solitude, tu m’as aidé à avoir des visions. Demande-moi ce que tu veux et j’irai voir le Grand Esprit pour qu’il exauce tes vœux ».

La petite fleur répondit :

« Wappee, demande au Grand Esprit de m’habiller de bleu et de violet, comme les montagnes, afin que les hommes puissent me voir et me tenir en compagnie, un petit soleil doré que je garderai tout au fond de mon cœur pour me consoler les jours de pluie, un manteau chaud pour que je puisse faire face au vent froid qui souffle et à la neige qui fond. Ainsi, j’apporterai confort et espérance à tous les hommes ».

Le Grand Esprit, qui avait entendu cette conversation fut sincèrement touché par la bonté de Wappee envers la fleur aussi, répondit-il aux souhaits de ce dernier. La petite fleur blanche devint alors bleue et violette avec au centre un cœur chaud et doré, enveloppé d’un manteau de verdure. Cette petite fleur communément appelée crocus des prairies est l’anémone. Les hommes admirent sa force et sa fragilité, ses couleurs et sa chaleur. Elle est aujourd’hui l’emblème floral du Manitoba.

 

 

 

 

 

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14 février 2019 4 14 /02 /février /2019 18:41

Écoutez bien cette petite histoire.

À la campagne, près de la grande route, était située une gentille maisonnette que vous avez sans doute remarquée vous-même. Sur le devant se trouve un petit jardin avec des fleurs et une palissade verte ; non loin de là, sur le bord du fossé, au milieu de l'herbe épaisse, fleurissait une petite pâquerette. Grâce au soleil qui la chauffait de ses rayons aussi bien que les grandes et riches fleurs du jardin, elle s'épanouissait d'heure en heure. Un beau matin, entièrement ouverte, avec ses petites feuilles blanches et brillantes, elle ressemblait à un soleil en miniature entouré de ses rayons. Qu'on l'aperçût dans l'herbe et qu'on la regardât comme une pauvre fleur insignifiante, elle s'en inquiétait peu. Elle était contente, aspirait avec délices la chaleur du soleil, et écoutait le chant de l'alouette qui s'élevait dans les airs. Ainsi, la petite pâquerette était heureuse comme par un jour de fête, et cependant c'était un lundi. Pendant que les enfants, assis sur les bancs de l'école, apprenaient leurs leçons, elle, assise sur sa tige verte, apprenait par la beauté de la nature la bonté de Dieu, et il lui semblait que tout ce qu'elle ressentait en silence, la petite alouette l'exprimait parfaitement par ses chansons joyeuses. Aussi regarda-t-elle avec une sorte de respect l'heureux oiseau qui chantait et volait, mais elle n'éprouva aucun regret de ne pouvoir en faire autant.

"Je vois et j'entends, pensa-t-elle ; le soleil me réchauffe et le vent m'embrasse. Oh ! J’aurais tort de me plaindre".

En dedans de la palissade se trouvaient une quantité de fleurs roides et distinguées ; moins elles avaient de parfum, plus elles se redressaient. Les pivoines se gonflaient pour paraître plus grosses que les roses : mais ce n'est pas la grosseur qui fait la rose. Les tulipes brillaient par la beauté de leurs couleurs et se pavanaient avec prétention ; elles ne daignaient pas jeter un regard sur la petite pâquerette, tandis que la pauvrette les admirait en disant : "Comme elles sont riches et belles ! Sans doute le superbe oiseau va les visiter. Dieu merci, je pourrai assister à ce beau spectacle".

Afficher l'image d'origineEt au même instant, l'alouette dirigea son vol, non pas vers les pivoines et les tulipes, mais vers le gazon, auprès de la pauvre pâquerette, qui, effrayée de joie, ne savait plus que penser. Le petit oiseau se mit à sautiller autour d'elle en chantant : "Comme l'herbe est moelleuse ! Oh ! La charmante petite fleur au cœur d'or et à la robe d'argent !"

On ne peut se faire une idée du bonheur de la petite fleur. L'oiseau l'embrassa de son bec, chanta encore devant elle, puis il remonta dans l'azur du ciel. Pendant plus d'un quart d'heure, la pâquerette ne put se remettre de son émotion. À moitié honteuse, mais ravie au fond du cœur, elle regarda les autres fleurs dans le jardin. Témoins de l'honneur qu'on lui avait rendu, elles devaient bien comprendre sa joie ; mais les tulipes se tenaient encore plus roides qu'auparavant ; leur figure rouge et pointue exprimait leur dépit. Les pivoines avaient la tête toute gonflée. Quelle chance pour la pauvre pâquerette qu'elles ne pussent parler ! Elles lui auraient dit bien des choses désagréables. La petite fleur s'en aperçut et s'attrista de leur mauvaise humeur.

Quelques moments après, une jeune fille armée d'un grand couteau affilé et brillant entra dans le jardin, s'approcha des tulipes et les coupa l'une après l'autre.

- Quel malheur ! dit la petite pâquerette en soupirant ; voilà qui est affreux ; c'en est fait d'elles. Et pendant que la jeune fille emportait les tulipes, la pâquerette se réjouissait de n'être qu'une pauvre petite fleur dans l'herbe. Appréciant la bonté de Dieu, et pleine de reconnaissance, elle referma ses feuilles au déclin du jour, s'endormit et rêva toute la nuit au soleil et au petit oiseau. Le lendemain matin, lorsque la pâquerette eut rouvert ses feuilles à l'air et à la lumière, elle reconnut la voix de l'oiseau, mais son chant était tout triste. La pauvre alouette avait de bonnes raisons pour s’affliger : on l'avait prise et enfermée dans une cage suspendue à une croisée ouverte. Elle chantait le bonheur de la liberté, la beauté des champs verdoyants et ses anciens voyages à travers les airs.

La petite pâquerette aurait bien voulu lui venir en aide : mais comment faire ? C'était chose difficile. La compassion qu'elle éprouvait pour le pauvre oiseau captif lui fit tout à fait oublier les beautés qui l'entouraient, la douce chaleur du soleil et la blancheur éclatante de ses propres feuilles.

Bientôt deux petits garçons entrèrent dans le jardin ; le plus grand portait à la main un couteau long et affilé comme celui de la jeune fille qui avait coupé les tulipes. Ils se dirigèrent vers la pâquerette, qui ne pouvait comprendre ce qu'ils voulaient.

- Ici nous pouvons enlever un beau morceau de gazon pour l'alouette, dit l'un des garçons, et il commença à tailler un carré profond autour de la petite fleur.

- Arrache la fleur ! dit l'autre.

À ces mots, la pâquerette trembla d'effroi. Être arraché, c'était perdre la vie ; et jamais elle n'avait tant béni l'existence qu'en ce moment où elle espérait entrer avec le gazon dans la cage de l'alouette prisonnière.

- Non, laissons-la, répondit le plus grand ; elle est très bien placée.

Elle fut donc épargnée et entra dans la cage de l'alouette. Le pauvre oiseau, se plaignant amèrement de sa captivité, frappait de ses ailes le fil de fer de la cage. La petite pâquerette ne pouvait, malgré tout son désir, lui faire entendre une parole de consolation. Ainsi se passa la matinée.

- Il n'y a plus d'eau ici, s'écria le prisonnier ; tout le monde est sorti sans me laisser une goutte d'eau. Mon gosier est sec et brûlant, j'ai une fièvre terrible, j’étouffe ! Hélas! il faut donc que je meure, loin du soleil brillant, loin de la fraîche verdure et de toutes les magnificences de la création !

Puis il enfonça son bec dans le gazon humide pour se rafraîchir un peu. Son regard tomba sur la petite pâquerette ; il lui fit un signe de tête amical, et dit en l’embrassant :

- Toi aussi, pauvre petite fleur, tu périras ici ! En échange du monde que j'avais à ma disposition, l'on m'a donné quelques brins d'herbe et toi seule pour société. Chaque brin d'herbe doit être pour moi un arbre ; chacune de tes feuilles blanches, une fleur odoriférante. Ah ! Tu me rappelles tout ce que j'ai perdu !

" Si je pouvais le consoler ?", pensait la pâquerette, incapable de faire un mouvement. Cependant le parfum qu'elle exhalait devint plus fort qu'à l’ordinaire ; l'oiseau s'en aperçut, et quoiqu'il languît d'une soif dévorante qui lui faisait arracher tous les brins d'herbe l'un après l'autre, il eut bien garde de toucher à la fleur.

Le soir arriva ; personne n'était encore là pour apporter une goutte d'eau à la malheureuse alouette. Alors elle étendit ses belles ailes en les secouant convulsivement, et fit entendre une petite chanson mélancolique. Sa petite tête s'inclina vers la fleur, et son cœur brisé de désir et de douleur cessa de battre. À ce triste spectacle, la petite pâquerette ne put, comme la veille, refermer ses feuilles pour dormir ; malade de tristesse, elle se pencha vers la terre.

Les petits garçons ne revinrent que le lendemain. À la vue de l'oiseau mort, ils versèrent des larmes et lui creusèrent une fosse. Le corps, enfermé dans une jolie boîte rouge, fut enterré royalement, et sur la tombe recouverte ils semèrent des feuilles de roses.

Pauvre oiseau ! Pendant qu'il vivait et chantait, on l'avait oublié dans sa cage et laissé mourir de misère ; après sa mort, on le pleurait et on lui prodiguait des honneurs.

Le gazon et la pâquerette furent jetés dans la poussière sur la grande route ; personne ne pensa à celle qui avait si tendrement aimé le petit oiseau.

Conte d’Andersen

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5 octobre 2018 5 05 /10 /octobre /2018 20:56

Découvrez l'histoire du Professeur Slow, un sage paresseux dont la devise tient en une phrase : "La vie appartient à ceux qui lèvent le pied"

Source : https://www.facebook.com/gendarmerienationale

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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 20:27

 

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