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21 décembre 2024 6 21 /12 /décembre /2024 18:31

à retrouver en cliquant sur l'image ci-dessous !

 

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28 novembre 2024 4 28 /11 /novembre /2024 21:21

Se réjouir, c'est beau - un poème de l'Avent et de Noël

Quand je me réjouis vraiment,
j'ai des frissons dans le ventre.
Et puis ça fourmille,
et puis ça frémit,
et je me sens tout chaud.
"Merci", dis-je doucement,
"de pouvoir me réjouir ainsi"...
pour lire la suite cliquez sur le petit ange.

 

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27 décembre 2023 3 27 /12 /décembre /2023 21:09

rois-mages-jeunes.jpg

Peu à peu, la rumeur d'un enfant avec une auréole se répandit et pénétra les coins les plus isolés. Là-bas, vivaient trois rois qui étaient voisins et qui s'appelaient GASPARD, MELCHIOR et BALTHAZAR. Ils ressemblaient à des mendiants et pourtant ils étaient des vrais rois et – plus bizarre encore - des sages. Selon l'Ecriture, ils savaient s'orienter d'après la constellation des étoiles et c'est un art difficile comme le savent tous ceux qui ont déjà essayé de suivre une étoile.

Ces trois rois donc se réunirent, équipèrent un merveilleux cortège et partirent le soir en hâte avec leurs chameaux et les éléphants. Dans la journée, les hommes et les animaux se reposaient sous les rochers du désert de pierres et l'étoile qui leur indiquait la direction, les attendait patiemment au ciel en transpirant beaucoup dans la chaleur du soleil jusqu'à ce qu'il fît nuit. La nuit, elle guidait à nouveau le cortège. Ainsi, ils avancèrent mais arrivés à Jérusalem, l'étoile prit la direction de Bethléem. Les rois ne voulurent plus la suivre. En effet, ils cherchaient l'enfant d'un roi dans un château fort plutôt que dans un village. L'étoile se mit en colère. De désespoir, elle sauta à droite, à gauche, et remua la queue mais sans effet. Les trois sages étaient tellement sages qu'ils ne comprenaient même plus les choses les plus simples.

Entre temps, le petit matin arriva et l'étoile pâlit. Elle s'assit dans la couronne d'un arbre à côté de l'étable et tous ceux qui passaient la prenait pour un citron oublié. Elle ne sortit pas avant la nuit et s'éleva au-dessus du toit. Les rois furent heureux et se précipitèrent vers elle. Toute la journée, ils avaient cherché l'enfant, sans le trouver, car dans le château fort de Jérusalem résidait un gros type dégoûtant qui s'appelait Hérode. L'un des trois rois du nom de Melchior était long comme un arbre et noir comme de l'encre, si bien que même dans la lumière de l'étoile, on ne voyait de lui qu'une paire d'yeux et une denture horrible.

Chez lui, on l'avait nommé roi par qu'il était un peu plus noir que les autres. Mais maintenant, il se rendait compte, avec chagrin, qu'on le regardait comme s'il était le diable. Chaque fois qu'il se penchait de son chameau pour donner des friandises, les enfants s'enfuyaient et les femmes chrétiennes se signaient comme pour se protéger d'une attaque païenne.

a-genoux.jpgMelchior s'avança timidement et s'agenouilla devant l'enfant. Hélas, il aurait aimé montrer une toute petite tache blanche et comme il aurait voulu faire voir son âme. Il cacha son visage dans ses mains, anxieux de savoir si l'enfant Dieu s'inquiétait de lui. En se rendant compte que l'enfant ne criait pas, il osa regarder un tout petit peu à travers ses doigts. Et il vit l'enfant charmant qui lui souriait et qui essayait d'attraper ses cheveux crépus. Le roi noir en fût tout heureux ! Jamais il n'avait roulé ses yeux si merveilleusement et rit d'une oreille à l'autre.

Ce fut plus fort que lui, Melchior saisit les pieds de l'enfant pour embrasser tous ses doigts comme c'était l'usage dans son pays. Et lorsqu'il lâcha les pieds, il vit le miracle : l'intérieur de ses mains était devenu blanc !

Et depuis, tous les noirs ont l'intérieur des mains blanc. Allez les voir, découvrez-les et saluez-les fraternellement.

D'après Karl Heinrich Waggerl

Vous trouverez ce conte en PDF en cliquant sur les Rois Mages

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27 décembre 2023 3 27 /12 /décembre /2023 17:25

rois.gif

Qui ne connaît l’histoire des rois mages qui, guidés par une étoile, se rendirent à Bethléem rendre hommage à l’enfant Jésus ?

  • Le premier s’appelait Gaspard. Il avait le teint clair des Européens, et apportait de l’or.
  • Le second, Melchior, avait la peau brune des gens de Palestine et d’Arabie. Celui-là était porteur d’encens.
  • Le troisième, Balthazar, était couleur de nuit sans lune et ses dents brillaient comme brillent les dents des Africains. Ce dernier offrit à l’enfant Jésus de la myrrhe.

On sait moins ce qui leur advint sur le chemin du retour. Ils étaient savants en beaucoup de choses, certes, mais cela n’empêcha point qu’ils se perdirent bel et bien, n’ayant plus le secours de l’étoile pour les aider. Après avoir erré plusieurs jours dans le désert, à bout de nourriture et sans eau, ils aperçurent enfin une misérable cahute devant laquelle se tenaient un couple et deux enfants. Les joues décharnées, les yeux brillants de faim, ils firent pourtant bon accueil aux mages, les invitèrent à entrer, et leur offrirent un peu du peu qu’ils avaient : de l’eau pour se rafraîchir.

  • C’est que nous avons faim aussi, dit Melchior. Un peu de pain, même rassis, ferait l’affaire.
  • Hélas, soupira la femme, nous n’avons plus qu’un peu de farine, de lait, d’huile d’olive, une noisette de beurre ; juste de quoi faire une galette que nous partagerons entre les enfants.

Ensuite, il ne nous restera plus qu’à nous jeter dans le puits ou à mourir de faim. Les mages se regardèrent.

  • Faites la galette ma brave femme, dit Gaspard.

La femme obéit. La galette était tout juste suffisante pour une personne.

Gaspard, qui avait le teint clair des Européens, plia la pâte en deux, et la galette doubla en volume. Melchior, le mage à la peau brune des gens de Palestine et d’Arabie, plia de nouveau la pâte en deux, et il y en eu pour quatre. Balthazar, le roi Nègre couleur de nuit sans lune, plia encore la pâte en deux, et il y en eut pour huit. Le couple remercia chaleureusement les mages. La femme étala la pâte et mit la galette à cuire. Elle était dorée à point. L’homme se gratta la tête, le couteau à la main.

  • C’est que cette galette est une galette pour huit, et nous sommes sept. Le partage sera difficile.
  • La huitième part est celle du mendiant, dit Balthazar.
  • Quel mendiant, dit homme ?
  • Celui qui vient et que vous ne voyez pas encore.

À ce moment-là le plus jeune des enfants, un garçon, recracha quelque chose. C’était une bague que Melchior avait glissée – volontairement ou non, l’histoire ne le dit pas - dans la pâte. L’enfant voulut rendre le bijou. Le mage sourit, ôta la couronne de sa tête et en coiffa l’enfant. Tout enfant est roi, dit-il. Tel est le message que délivrera un autre enfant, né il y a peu non loin d’ici. Pour commémorer ce jour, je veux que chaque année on fasse une galette, qu’on n’oublie pas la part du pauvre, qu’on y glisse une fève pour désigner un roi ou une reine, ne serait-ce que pour une journée. Les pauvres gens promirent de respecter la volonté des mages. C’est ainsi que naquit la tradition de la galette des rois, qu’elle se répandit, et qu’on se la transmit jusqu’à nos jours.

Vous trouverez le conte en PDF en cliquant sur la galette

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21 décembre 2023 4 21 /12 /décembre /2023 18:39

C’était la veille de Noël. Malgré les gros flocons de neige qui voltigeaient dans les airs et tombaient sur le sol, qu’ils recouvraient d’un blanc et froid tapis toujours grossissant, les rues étaient pleines de passants affairés qui allaient et venaient dans tous les sens en se croisant et se bousculant. Parmi cette foule pressée et bruyante, on aurait pu remarquer un jeune enfant, merveilleusement beau, mais pauvrement vêtu, qui errait de rue en rue, et s’arrêtait, de temps en temps, pour frapper à quelque porte, apparemment dans le but de demande l’aumône.

Ce n’était autre que l’Enfant Jésus qui, s’ennuyant dans sa crèche solitaire à l’église, était sorti pour voir de plus près quelques-uns des enfants qu’il aimait tant. Mais, comme il veut être aimé pour lui-même et non pour ses dons, il avait jugé à propos de se déguiser en petit mendiant afin de ne pas être reconnu. À peine sorti de l’église il avait été attiré vers une des maisons voisines par le bruit joyeux qui s’en échappait : c’était comme un concert de voix et de rires enfantins.

Il y a là, des petits enfants ; allons les voir, pensa-t-il. Il gravit les degrés du perron et sonna à la porte de cette maison qui était fort belle et devait appartenir à des gens riches. Une servante vint lui ouvrir et fit d’abord la moue en voyant qu’elle s’était dérangée pour un simple petit mendiant ; mais Jésus leva vers elle un regard si doux qu’elle se sentit pris soudainement de pitié.

Attends un peu, lui dit-elle, avec douceur.

Et elle s’en alla trouver la dame de la maison qui était en ce moment dans un riche salon où resplendissait un superbe arbre de Noël, autour duquel une joyeuse bande d’enfants s’ébattait avec des cris de joie.

Madame, dit-elle, il y a à la porte un petit mendiant à la figure bien honnête, qui demande l’aumône.

Faisons-lui une part de bonbons, à ce pauvre petit, s’écrièrent les enfants d’un commun accord et ils se mirent en devoir de remplir de friandises un beau sac rouge et or qu’ils remirent à la servante, tandis que la mère glissa dans la main plusieurs pièces blanches.

La servante alla porter ces dons à l’Enfant Jésus qui les reçut avec un soupir, bien qu’il fût heureux de voir que la richesse n’avait pas endurci le cœur de ces enfants.

Après tout, ce n’est pas leur faute, pensa-t-il, en descendant le perron sur les marches duquel s’amoncelaient de gros bancs de neige où s’enfonçaient ses petits pieds mal chaussés. Ils n’ont jamais connu la misère et ne savent pas comment la soulager véritablement. J’aurai pourtant bien aimé les embrasser. Dans la rue suivante, Jésus rencontra deux petits italiens, jouant, un de la harpe, l’autre du violon. Ils grelottaient de froid et leurs petits doigts engourdis pouvaient à peine faire résonner leurs instruments ; la souffrance et la faim se lisaient sur leur visage misérable. Jésus se hâta de leur donner les friandises et les pièces blanches qu’il avait reçues, et après avoir senti le contact de sa main mignonne et rencontré le regard sympathique de ses yeux radieux, les petits musiciens ne sentirent plus le froid qui leur avait semblé si pénible quelques instants avant, et leur cœur se remplit de courage et d’espérance.

Jésus alla frapper ensuite chez une famille bourgeoise dont les enfants obtinrent de leur mère la permission de faire entrer le pauvre petit pour lui faire admirer leur arbre de Noël. Ces bons enfants lui donnèrent à profusion des gâteaux et des bonbons, et lui témoignèrent de mille manières, la pitié qu’ils ressentaient pour lui, le petit malheureux, qui n’avait jamais eu d’arbre de Noël. Pour leur faire plaisir, Jésus feignit de n’avoir jamais rien vu de si beau que leur arbre et leurs jouets, et serait resté plus longtemps si la mère ne lui eut dit en lui remettant un gros morceau de gâteau et un peu de monnaie :

- Tiens, petit, va porter cela à tes pauvres parents.

Jésus sortit alors, sans oser embrasser les bons petits enfants, comme il

aurait voulu le faire. Ayant frappé à une autre porte on le chassa en lui disant qu’on ne donnait jamais rien aux petits vagabonds. Jésus, le cœur bien gros, se dirigea vers le quartier le plus pauvre de la ville, dans l’intention de soulager quelque misère.

S’étant engagé dans une rue étroite et obscure, il faillit tomber sur le corps d’une petite mendiante qui gisait évanouie sur le pavé, ayant succombé à la faim et au froid, sans doute.

Pauvre petite, murmura-t-il doucement, tu as assez souffert.

Et, l’ayant baisé au front, il mit la main sur son cœur, qui cessa aussitôt de battre, et l’âme de l’enfant s’envola, toute joyeuse, vers le ciel.

Jésus reprit sa marche solitaire. Enfin, il s’arrêta devant une maison pauvre d’apparence, et gravit les escaliers jusqu’aux mansardes. Il frappa à une porte, par la fente de laquelle sortait une faible lumière.

Entrez, dit une voix douce de femme, et Jésus entra.

Il se trouva dans une chambre bien mal garnie, mais très propre. Une femme, jeune encore, mais pâle et maigre, cousait avec acharnement près d’une table où brûlait une unique chandelle. Près du feu se tenait deux petits enfants, jolis, bien que délicats, qui regardaient Jésus avec leurs grands yeux étonnés.

Que veux-tu, petit ? lui demanda la mère.

La charité, pour l’amour de Jésus, répondit-il.

Pauvre enfant ! Je suis bien pauvre moi-même, dit-elle, je ne puis te donner grand’chose, mais viens toujours te chauffer et manger un morceau de pain. Jésus, ravi de cette bonté chez une femme d’apparence si malheureuse, entra et alla s’asseoir près des deux enfants, avec lesquels il se mit à causer fraternellement, tout en mangeant de bon cœur le pain que la bonne femme lui donna. Quand il eut fini de manger ce pain, l’aîné des enfants lui apporta quelques bonbons au fond d’un sac de papier.

Tiens, dit-il, mange cela aussi ; c’est la bonne voisine qui nous les a donnés ; nous en avons déjà mangé, nous, cette après-midi ; n’est-ce pas que c’est bon ?

Oui, mange-les ! N’est-ce pas que c’est bon ? Répéta la plus jeune, qui était l’écho de son aîné.

Il s’en fallait de beaucoup que ces bonbons fussent aussi recherchés que ceux du sac rouge et or que lui avait donné les enfants riches. Cependant, Jésus, le roi du ciel, les mangea et les trouva délicieux. S’étant remis à causer avec les deux petits, il leur demanda ce qu’ils faisaient tous les deux près du poêle, avant son arrivée.

Nous attendions l’enfant Jésus, qui doit venir ce soir, car c’est Noël, tu sais, dirent-ils ; il est bon, l’enfant Jésus, il aime les petits enfants, ajouta l’aîné.

Oui, il aime les petits enfants, répéta la plus jeune comme d’habitude.

Moi aussi, je vous aime, dit Jésus, délicieusement ému. Je suis pauvre aujourd’hui, mais je serai riche et puissant un jour, et alors vous viendrez chez moi ; et vous verrez comme je vous recevrai bien.

Mes chéris, il est temps de vous coucher, dit la mère, qui avait écouté en souriant ce discours. L’enfant Jésus ne visite que les enfants sages qui se couchent quand l’heure est venue.

Et le petit garçon, maman, faut-il qu’il retourne au froid ? Oh ! Laisse-le rester avec nous pour cette nuit, nous lui ferons une place dans notre petit lit. L’enfant Jésus lui apportera peut- être quelque chose, à lui aussi, s’il reste avec nous, mais dans la rue il ne saurait pas où le retrouver.

C’est bon, mes enfants, le petit va rester, dit la mère, qui avait les larmes aux yeux. Les enfants ayant fait leur prière, elle les coucha tous les trois dans le petit lit.

Toi, tu vas coucher dans le milieu, dirent à l’enfant Jésus les deux petits. Tu auras bien plus chaud. La mère les couvrit soigneusement de leurs vieilles couvertures rapiécées, et les petits garçons s’endormirent bientôt en entourant Jésus de leurs petits bras caressants. La mère se remit à son ouvrage qu’elle se hâta de finir afin de pouvoir le porter au magasin ce soir-là et retirer le salaire qui lui était dû et dont elle avait grand besoin. Quand elle eut terminé, elle en fit un paquet qu’elle se hâta de porter au magasin. Elle revint au bout d’une heure avec quelques petits paquets qu’elle développa en souriant. C’étaient quelques jouets à bon marché qu’elle alla déposer dans les petites bottines rangées devant la cheminée. Il y avait part égale pour les trois enfants. Puis s’agenouillant, elle pria longtemps, comme savent prier les pauvres, et s’étant couchée, elle s’endormit aussitôt pour rêver des rêves tout d’espérances et de bonheur. Le lendemain, dès l’aurore, Jésus prit congé de la petite famille en les bénissant. Les enfants avaient envie de pleurer, mais Jésus les consola en leur promettant de revenir bientôt. Il emporta les jouets que la bonne mère lui avait achetés et les déposa dans la bottine d’une petite fille dont les parents, très pauvres, n’avaient pas osé faire la dépense des quelques sous nécessaires à l’achat d’un cadeau. Le père crut que c’était la mère qui n’avait pu résister à la tentation de faire ce plaisir à leur enfant, la mère crut que c’était le père, et ils ne dirent rien, ni l’un, ni l’autre, ne pouvant se résoudre à blâmer et n’osant pas approuver.

L’enfant Jésus retourna dans sa crèche où il se blottit, prêt à recevoir l’hommage des fidèles. Son divin cœur était satisfait.

Vous trouverez ce conte en PDF en cliquant sur l'image ci-dessus.

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15 décembre 2023 5 15 /12 /décembre /2023 21:39

Il était une fois un joli renne qui était mort de froid. Le pauvre petit renne se nommait Rudolf et il avait un joli nez rouge. La mère de Rudolf était décédée car un chasseur l'avait abattue. Rudolf était très peiné de sa malchance, il s'était donc réfugié dans la forêt. De là, le petit renne s'est dit qu'il allait avoir de la peine tranquille et sans que ses amis lui posent sans arrêt des questions. Il avait besoin d'être seul.

Quelques jours plus tard, un ange descendit du ciel et rejoignit Rudolf. Il lui demanda pourquoi il était seul dans la forêt en plein hiver et surtout pourquoi il pleurait. Rudolf lui dit tout ce qu'il avait dans le cœur et curieusement il se rendit compte que ça lui faisait du bien. Tout en lui disant tout, il pleurait. L'ange l'écouta avec beaucoup d'attention.

Quand Rudolf eut fini de dire ce qui avait à dire, l'ange lui dit qu'il connaissait un homme qui pourrait l'aider à surmonter sa peine. Et surtout à quitter la forêt glacée. Rudolf, se disant qu'il n'avait rien à perdre accepta de suivre l'ange. L'ange, du nom de Véronique, amena Rudolf chez le Père Noël. Véronique expliqua l'histoire de Rudolf au Père Noël et il accepta de le prendre sous son aile. Il commença par lui donner à manger car Rudolf avait terriblement faim.

Le Père Noël lui présenta ses autres rennes tous dans le même état que lui. Par la suite, le Père Noël lui demanda s’il accepterait de tirer son chariot avec ses nouveaux amis. Rudolf accepta sur le champ.

Le Père Noël remarqua cependant le joli petit nez rouge du renne et se dit que ce serait bien que Rudolf soit le premier renne du chariot du Père Noël.

Depuis ce temps, cela fait déjà plusieurs années, Rudolf devint le renne du père Noël et dirige fièrement le chariot du Père Noël.

Vous trouverez ce conte en PDF en cliquant sur Rudolf

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15 décembre 2023 5 15 /12 /décembre /2023 18:00

Le crépuscule tombait sur Bethléem… Était-ce la froidure particulière qui incitait les habitants à garder leur porte close ou bien le cœur de ces gens était-il particulièrement froid et fermé ?

De fait, nul ne répondait aux appels timides et angoissés de l’homme aux pauvres habits, au visage noble et maigre, qui conduisait un petit âne, lequel semblait porter avec peine une petite femme à l’adorable visage fait de douceur et de lumière. L’homme demandait un gîte… même pas un abri pour la nuit… Nul ne répondait, si ce n’est avec des paroles dures et menaçantes… Et le petit groupe, triste et exténué, voyait les dernières maisons de Bethléem se présenter à ses yeux…

Sur le seuil d’une porte se tenait une petite forme blanche, assise immobile sur une jatte renversée. Aucune vie ne semblait l’agiter, mais les lèvres frémissaient sous l’ardente prière qui chaque soir montait du cœur d’Ismaïla, la fille du potier ; et ce petit cœur disait :

« Quand viendra-t-il ? Seigneur tout-puissant, quand viendra-t-il ? Celui que Vous nous avez promis, le Messie, quand viendra-t-il ? Si peu de chose que je sois, mon Dieu, je serai la première à L’adorer… et à le servir. »

Depuis quelques minutes, l’homme et la femme étaient arrêtés devant Ismaïla qui n’avait pas levé la tête. Ils avaient entendu le murmure de l’enfant, et des yeux de la jeune femme deux perles brillantes glissaient, tandis qu’un doux sourire éclairait ses traits fatigués. L’homme, ému lui aussi, posa sa main sur la tête de l’enfant en lui disant tout bas :

« Espère, enfant. Celui que tu attends ne saurait tarder… »

Saisie, la fillette s’était dressée et, dans l’obscurité, ouvrait désespérément des yeux sans vie et sans couleur… Quelle était cette fugitive présence où il avait semblé à Ismaïla respirer un parfum de miracle ?

« Hélas murmura-t-elle en retombant sur son siège, hélas ! Mon Dieu, comment pourrai-je le servir avec des yeux sans vie ? »

Car la petite fille du potier était aveugle.

« Minuit : le miracle est sur terre. Levez-vous, bergers, levez-vous, hommes au cœur pur, réjouissez-vous : le Seigneur vient de naître ! Venez L’adorer… Suivez la scintillante étoile qui vous conduira à une lieue de Bethléem…

L’étable qui s’y trouve a misérable apparence, mais c’est là, bergers, c’est là, rois, que le Berger des âmes, que le Roi du monde est né ! Réjouissez-vous ! »

La nuit orientale résonne de mille chants doux et mystérieux ; le parfum du miracle se répand : tout à l’entour sur les collines les bergers se lèvent, prennent de tendres agneaux dans leurs bras, et, les yeux fixés sur l’étoile sainte, ils s’acheminent vers le lieu qu’elle indique.

Dans la maison du potier, sur sa couche de paille, une petite fille qui ne dormait pas a perçu les chants ! Son cœur a tressailli en devinant que le miracle s’était réalisé ; et tout doucement, Ismaïla, petite forme blanche, se glisse hors de la maison dans l’obscurité doublement noire pour elle.

Elle va, la petite fille, vers Celui qu’elle attendait, auquel elle s’est déjà donnée de tout son cœur. Elle n’a pour se guider que le tintement des clochettes des troupeaux. Elle marche, butant contre les pierres du chemin, se griffant aux épines des cactus et des ronces… Vaillante, elle va toujours, ne voulant rien sentir que la joie de son âme…

Mais voilà une heure que les petits pieds nus foulent un sol pierreux… ils sont ensanglantés, et soudain Ismaïla sent une cruelle fatigue l’envahir. Où est-elle ? Où sont les tintements des troupeaux ? Où sont les chants de la nuit ? Plus rien que le silence profond, le silence noir qui enveloppe la petite fille. Exténuée, sentant qu’elle s’est perdue pour n’avoir pu comme les bergers suivre l’étoile sûre, elle tombe sur le chemin et pleure…

Elle ne pourra aller adorer le Sauveur… Elle ne pourra aller Lui faire offrande de son cœur. Et les larmes coulent, désespérées, de ses pauvres yeux morts… C’est alors qu’en cette nuit divine un second miracle s’accomplit. De la nuit, deux étoiles se détachèrent et lentement descendirent vers la petite forme blanche… Elles disparurent entre les doigts qui pressaient les pauvres paupières meurtries et… quand, tout à coup redressée et reposée, Ismaïla retira ses doigts, ce fut pour « voir » le ciel criblé de diamants, la nuit magnifiquement sereine et tout près d’elle une petite étable autour de laquelle, silencieux et prosternés, se tenaient les bergers.

Et dans la paille se trouvait un adorable petit Enfant que Marie, au lumineux sourire, veillait avec amour… À un certain moment, l’Enfant se tourna vers la petite forme blanche glissée tout près de Lui entre deux agneaux.

Et Jésus sourit à Ismaïla dont les yeux, en le contemplant, brillaient comme des étoiles…

Nette Jean.

Vous trouverez ce conte en PDF en cliquant sur l'image ci-dessus.

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15 décembre 2023 5 15 /12 /décembre /2023 17:05

ninopesebre-227x300.jpgC’était le soir de Noël. L’horloge du clocher venait de sonner 23 heures. Peu après, les cloches appelaient les fidèles. Le vent froid de la nuit renvoyait la joyeuse invitation à la messe, minuit à travers les ruelles du village de Moncada, par-delà les rizières et les orangeraies au loin jusqu’à la ville de Valences. Quittant, les riches, leurs châteaux et les pauvres, leurs chaumières, ces Espagnols habitués au soleil sous la bise glacée se mirent en route. Rien au monde n’aurait pu les chasser de leurs logis douillets ; mais par amour de l’Enfant-Jésus, ils marchaient sans hésitation, frissonnants dans le noir. Même de petits enfants, force de volonté, bien emmitouflés dans leurs lainages, marchaient un peu somnolents, mais avec d’autant plus de mérite côté des parents, vers l’église.

Voici déjà que dans le premier banc s’agenouillait une jolie petite paysanne de cinq ans, avec sa maman. Toute animée du désir d’admirer l’Enfant-Jésus avec Marie, Joseph, les anges, crèche, les bergers, et toutes les petites lumières, elle avait pressé la famille à partir vers l’église. Brillants de bonheur, ses yeux noirs et vifs allaient d’un berger à l’autre, admiraient Marie et Joseph dans la pauvre étable installée sur l’autel latéral de gauche. Tout à coup la petite poussa sa maman et demanda :

« La crèche est vide, où est donc l’Enfant-Jésus ?

– Après la messe, monsieur le Curé l’y mettra. Alors tu le verras. Attends un peu et sois bien sage. »

Le pasteur, lui, n’avait pas tellement le cœur à la fête. C’était un noble prêtre, très consciencieux, mais parfois trop craintif. Il était tourmenté par des incertitudes sur la validité de son ordination, du fait qu’elle avait eu lieu dans cette période particulièrement difficile de l’Église qui était alors sous le pontificat d’un antipape. Et il priait Dieu de le délivrer de ses doutes. Il se confia à son évêque et alla jusqu’à le prier de l’ordonner une seconde fois s’il le fallait, pour en finir avec ses scrupules.

Alors la messe commença. Arrivé à la consécration, le prêtre prononça les paroles consécratoires avec une grande crainte respectueuse, et présenta la blanche hostie à l’adoration des fidèles.

Un grand silence régnait dans le lieu saint où tous étaient à genoux et adoraient dans la foi le Christ présent. Soudain on entendit une voix enfantine :

« Regarde, maman quel bel Enfant. Regarde donc ! »

Mais la brave paysanne ne vit rien d’autre que la sainte hostie. Effrayée de la perturbation, elle s’efforça de faire taire sa petite Inès : obéissante, la petite de cinq ans se retint d’exprimer sa joie, mais son regard émerveillé resta fixé sur l’Enfant qu’elle vit distinctement dans la main du prêtre et sur l’autel jusqu’à la communion. Quand le prêtre consomma l’hostie, l’Enfant disparut.

Les yeux noirs si vifs de l’enfant le cherchèrent en vain sur l’autel. Inès voulait toujours communiquer à sa mère ce qu’elle avait vu, mais celle-ci lui ordonna de se taire :

« Sois tranquille maintenant, car bientôt, après la messe, le prêtre déposera l’Enfant-Jésus dans la crèche, alors tu le verras ! »

En effet, le prêtre vint déposer une statue de l’Enfant-Jésus dans la crèche, pendant que les fidèles chantaient. Alors que petits et grands considéraient le bel Enfant-Jésus, Inès se tourna vers sa mère, toute bouleversée :

« Maman, mais ce n’est pas du tout l’Enfant-Jésus vivant que j’ai vu avant sur l’autel ! »

La paysanne secoua la tête : quelle surprenante imagination a donc cette nuit sa petite fille ? Auparavant elle était toujours sage à l’église.

« Prie, mon enfant, et sois enfin tranquille. »

Inès alors joignit à nouveau ses petites mains, car aussitôt commença la deuxième messe de Noël. Mais après les paroles de la consécration, le petit index droit d’Inès se pointa à nouveau en l’air :

« Maman, regarde ! Là-bas, le petit Enfant-Jésus est de nouveau sur l’autel dans les mains du prêtre.Jésus-kind Oh ! Comme il est beau ! Il remue et me sourit. Maman, ne le vois-tu donc pas ? »

De fait, la petite Inès vivait pour la deuxième fois le même miracle, jusqu’à ce que l’Enfant-Jésus disparût à nouveau à la communion du prêtre. À la troisième messe également, elle eut la même grâce. Quelques fidèles avaient eu l’attention attirée par les paroles d’Inès, et ils vinrent l’interroger après la messe. Remplie de joie, Inès leur détailla l’aspect de l’Enfant-Jésus et comment il avait regardé et béni les gens.

La nouvelle de ce merveilleux événement se répandit bientôt dans le village et dans tous les environs. Le prêtre lui-même l’apprit et fit appeler Inès. Elle répondit à toutes les questions avec une simplicité candide sans se laisser démonter ni embarrasser par les objections. À travers ses grands yeux innocents et ses simples réponses brillait la vérité irrécusable. Avec bonheur, le prêtre reconnut dans cette merveilleuse apparition pendant ses messes un signe plein de tendresse de la part de Dieu lui montrant ainsi la légitimité de son ordination et la validité de la consécration eucharistique. Pourtant il ne voulut pas être trop imprudent et crédule.

Dans sa grande perplexité, il médita en silence une épreuve pour Inès. Après quelques jours, alors que la petite, à son habitude, vint à nouveau pour assister à la messe, le prêtre prit trois grandes hosties et vint à l’autel. Il ne consacra cependant que deux hosties, ayant laissé dès le début la troisième de côté sans la consacrer. À la communion il consomma l’une des deux hosties consacrées, et plaça l’autre hostie devant lui, à côté de celle qui n’avait pas été consacrée. Puis il fit venir Inès sur les marches de l’autel et, lui montrant les deux hosties, il lui demanda :

« Vois-tu encore maintenant l’Enfant-Jésus ? »

Aussitôt l’enfant pointa son doigt sur l’Hostie consacrée et s’écria, rayonnante :

« Oh, oui ! Dans cette Hostie, je vois l’Enfant-Jésus, mais pas dans l’autre. Oh ! Comme c’est beau ! Comme c’est beau ! » Alors le prêtre ne put ni ne voulut douter encore. Ému, il remercia le Seigneur Jésus de l’avoir libéré de ses scrupules par un miracle évident. Inès entra plus tard dans un couvent pauvre, et vécut pieusement et saintement dans une stricte pénitence.

Coloriage-de-Noel.jpg

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9 décembre 2023 6 09 /12 /décembre /2023 21:37

ou comment Jésus s'est fait poulet !

Pour fêter la Nativité, L'Observateur Paalga, quotidien burkinabé, publie un conte de l'abbé François-Xavier Damiba. Une assemblée des animaux se réunit pour désigner lequel d'entre eux peut incarner Dieu. 

jungle.jpgDessin de Kazanevsky, Ukraine.

Le Lion, le premier s’avança et dit : "Moi, le roi de la forêt, vous me donnerez sûrement raison lorsque j’aurai fini de parler. C’est simple, le grand message de Noël tourne autour de trois mots : 'Joseph ; lui ; aussi'. Lisez ce que dit l’évangéliste : 'Joseph lui aussi quitta .... [la ville de Nazareth, en Galilée, pour monter en Judée]. Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte' (Lc 2 : 4-5). Ce que l’Ecriture veut nous enseigner, c’est que Joseph était un homme ordinaire qui menait des activités ordinaires mais dans la grande conscience qu’il était l’époux de Marie. 'Joseph lui aussi...' Qu’est-ce à dire sinon que la sainteté, pour le chrétien, consiste à faire comme tout le monde en se souvenant qu’il est quelqu’un d’autre ? C’est cela le message de Noël ! Jésus peut naître. Je serai son père et on m'appellera : 'Père Tout-Puissant !'

"L’assemblée garda le silence et la Girafe dit : "Je n’ai rien contre un Dieu carnivore, mais j’ai peur que le jour des Rameaux il ne trouve point de monture pour son entrée messianique à Jérusalem. Un lion sur un âne ! Chacun croira à une scène de prédation, tous s’en iront en débandade et il n’y aura ni hosanna, ni alléluia. Non, laissez le petit naître chez moi, laissez-le être Girafon et on l’appellera : 'Fils du Très-Haut !'

"Le Poisson, qui n’était pas de son avis, contesta : "Noël nous rappelle que Dieu est petit. Le peuple attendait un roi puissant, il naît un bébé sans défense. Dieu est petit et il s’apparente aux pauvres, aux faibles, aux étrangers, ses frères. Il n’a pas voulu prendre le visage d’un roi ravageur ou celui d’une arme de destruction massive, car il sait que la véritable victoire ne s’obtient pas par les armes, mais par la douceur."

"L’Escargot dit : "Ecoutez-moi bien, bonnes gens ! Le vrai message de Noël, le voici : Dieu seul sait ce qu’il faut à chacun. Ne le voyez-vous pas ? Le Seigneur seul sait ce qui est bon pour l’homme. Quand je parle des hommes, j’embrasse les animaux, bien sûr ! Il faut donc apprendre à accueillir le don de Dieu comme il vient. Tu espérais beaucoup d’enfants dans ton foyer et tu n’en as même pas un seul, accueille le don de Dieu et dis merci. C’est ce qu’il te faut, selon le dessein mystérieux de Dieu. Tu rêvais d’un mari doux et te voilà embarquée à jamais avec un buveur de 'lait de panthère' [qui désigne le pastis dans le langage codé des buveurs], accueille le don de Dieu et dis merci. C’est ce qu’il te faut, selon les voies insondables de Dieu. Ainsi, moi, l’Escargot, Dieu m’a doté en tout et pour tout d’une coquille et je m’en contente.

"Tu as raison, renchérit la Souris : "Dieu seul sait ce qu’il faut à chacun. A Adam et Eve, il savait qu’il fallait tout, sauf des pommes. Et ces malheureux ont eu tort de tenir coûte que coûte à manger ces fruits. Au lieu de manger les pommes, ils auraient dû manger le serpent qui, lui, n’était pas interdit. Ils l’ont compris, mais un peu tard.

"On se dépêcha de couper la parole à la Souris, car le Serpent, qui manque souvent d’humour, commençait à se sentir morveux. L’assemblée faillit néanmoins se laisser convaincre par le discours de L’Escargot et de son ami rongeur, mais quelques-uns pensèrent : "Si nous laissons Jésus être un escargot, il ne pourra jamais dire à ses disciples : 'Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père', puisqu’il vit dans une cellule monocoque !

"L’inconvénient parut majeur au grand nombre, et l’on passa au candidat suivant, qui n’était autre que le Charognard. Il déclara d’un air solennel : "Mon frère l’Escargot a dit quelque chose d’important. Il a parlé d’un Dieu qui donnait un enfant à son peuple au lieu de lui donner des guerriers. C’est dire qu’il a donné une partie de lui-même, qu’il s’est donné lui-même. Voilà donc le message de Noël : le don de Dieu, c’est Dieu lui-même. Cette compréhension originale de Noël ne mérite-t-elle pas que Jésus soit bien mon rejeton ?

"Le Ver de terre prit alors la parole et dit : "Il n’y avait pas de place pour lui dans la salle commune quand Dieu vint sur Terre. Alors, il alla loger dans une mangeoire. Noël nous rappelle que Dieu n’habite pas partout, Dieu habite là où on le laisse entrer. C’est dire qu’il faut prévoir une petite place pour Dieu en toute chose. L’homme du premier Noël avait le temps d’accueillir Dieu, mais il n’avait point de place.

L’homme d’aujourd’hui a de la place pour accueillir Dieu : des moquées, des églises, des temples, mais il n’a point de temps. Cette finale plutôt prétentieuse énerva beaucoup de majestés, qui se contentèrent de lui faire observer que sa proposition ne respectait ni l’esprit ni la lettre de l’Ecriture, puisque le Fils de l’homme doit porter des vêtements pour ne pas effrayer les femmes et les enfants. Bien plus, s’il est nu comme un ver, que vont se partager les soldats après sa mort ?

Le Ver voulait de nouveau argumenter quand sire Hyène leva la main et gronda : "Vous êtes tous des rêveurs ! Jusque-là, personne n’a parlé de nourriture. C’est important, la nourriture, dans la théologie de Noël ! C’est une grave erreur de votre part, mes frères, car Dieu est pain de vie et c’est cela le grand message de Noël. Ignorez-vous que Bethléem signifie 'maison de pain' ? Ah oui, manger ! C’est cela Noël : 'Je mange, je remange, je bismange, je trimange.' Du présent ! Le présent de l’indicatif, c’est mon temps préféré, du reste ! Je ne suis pas comme le Charognard qui aime le passé décomposé !

"A ces mots, la Tortue voulut lâcher un pétard pour approuver son associé, mais on la pria de se retenir pour ne pas indisposer les Anciens. Alors, la Chèvre, le Canard et la Pintade – les ennemis jurés de la Hyène – se dressèrent comme un seul homme et protestèrent : "Il ne convient pas que le fils de cet individu devienne Dieu, car il sera incapable de jeûner quarante jours et quarante nuits.

"Chacun trouva que l’objection était d’un poids christologique incontournable et l’on donna la parole à Sa Majesté le Cochon, qui commençait à trépigner d’impatience. Il lança sans hésiter : "Quelque chose d’important manque à votre théologie de Noël, vous ne soulignez pas que Dieu nous apparaît toujours déguisé ! Ne le voyez-vous pas ? Dieu nous arrive toujours par des voies inattendues, il nous apparaît toujours sous le visage du même et de l’autre : voilà la signification profonde de Noël ! Vous voyez bien que je mérite d’être le père du divin enfant ! L’assemblée ne répondit rien, mais, visiblement, personne ne voulait d’un Dieu Cochon.

L’Ecureuil, qui n’a pas froid aux yeux, osa le dire, après s’être assuré qu’il se trouvait à bonne distance de l’omnivore : "Je n’ai rien contre personne, mais je pense qu’il serait sage que nous évitions d’avoir un Dieu Cochon. Il ne pensera qu’à son ventre et ne multipliera le pain que pour sa famille.

"Beaucoup de candidats passèrent, mais l’on trouva toujours à redire : l’Hirondelle ? Elle ne fait pas le printemps. Or le Christ doit faire le printemps. Le Chien ? Ce sera un Dieu bagarreur. Il ne pourra jamais dire : "Heureux les artisans de paix... !" Sans oublier que sa famille prône l’union libre ! Le Crapaud ? C’est un type sans histoires, mais il n’a pas de langue : il ne pourra pas parler aux foules ! Le Grillon ? Il fait beaucoup de bruit. Dieu ne fait pas de bruit.

La nuit était bien avancée et l’on ne parvenait toujours pas à désigner l’animal dont le fils serait le Messie. On se mit alors d’accord : Jésus serait Agneau, fils du Mouton. Mais voilà, l’agneau était absent. Il était au marigot en train de laver les vêtements du Loup. Vous savez, chez les animaux, quand les types de 200 kilos manifestent leur désir, les types de 40 kilos les écoutent. C’est alors qu’on se rappela ces grandes paroles de l’Ecriture : "Jérusalem, Jérusalem, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes !" Quand le Porc-épic est en voyage, n’est-ce pas le Hérisson qui le remplace, comme le dit le proverbe ? On se saisit alors de la Poule, on l’emmaillota comme il faut, puis on la coucha dans la crèche et la fête commença. Chacun venait s’incliner devant la mangeoire et disait : "Bonjour Petit Jésus, bonjour notre nourriture !" Le Dindon faisait la roue pour amuser le petit, tandis que le Singe était aux barres parallèles. Les Crapauds entonnèrent un gloria à sept voix. La Tortue, elle, était enfin libre de lancer ses pétards. C’était vraiment Noël ! C’est depuis ce temps que les hommes mangent du poulet à Noël. [C'est la tradition au Burkina Faso.] C’est pour se rappeler le Noël des animaux ; c’est pour se souvenir que Dieu s’est fait bonne nourriture pour tous.

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8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 21:31

Franck Lazeaux, qui a monté, dans son village natal, une petite entreprise de peinture et de décoration, s’est vu confier, par le Conseil Paroissial, la peinture des absidioles (petites chapelles) de l’église. Un jour, de bon matin - c’est le 19 décembre -, muni de son outillage habituel, il arrive sur son nouveau chantier. Il y est accueilli par le curé qui lui donne une poignée de main amicale :

« Sois le bienvenu dans la Maison de Dieu ! Je ne doute pas que tu emploies tout ton zèle à rénover ses murs ! Mais, il ne s’agit pas de traîner en longueur ! Il faut impérativement qu’une des deux chapelles soit fin prête d’ici trois jours, pour qu’on puisse y installer la crèche - l’autre devant être terminée avant la messe de minuit... »

« Vous pouvez compter sur moi ! » se contente-t-il de répondre. Et il se met promptement au travail...

Trois jours plus tard, alors qu’il termine son dernier pan de mur, le portail d’entrée du sanctuaire s’ouvre avec grand fracas : quatre dames apparaissent, les bras encombrés de feuillages et de brins de houx, de rouleaux de papier, de seaux débordants de mousse, de branches mortes et de cailloux, de sacs remplis de guirlandes multicolores, de punaises, épingles, bombes à neige, ciseaux et autres marteaux... bref : l’attirail complet du parfait constructeur de crèches ! Après l’avoir salué, ces dames envahissent les lieux, qu’il s’apprête à quitter pour se remettre à l’œuvre dans la deuxième chapelle. Il transporte son matériel pendant qu’elles s’affairent à rechercher, dans les nefs latérales ou dans la sacristie, tous les éléments susceptibles de constituer l’armature de l’ouvrage : petites tables, vieux prie-Dieu, chaises, bancs... Et il enduit ses murs, des heures durant, avec pour fond sonore un vacarme discordant de meubles trainés, de papier froissé, de pas alertes, de conseils échangés, de seaux déplacés, de coups de balai... Vers la fin de l’après-midi, le bâti est terminé : c’est le moment tant attendu de disposer santons et accessoires aux emplacements respectifs qui leur sont impartis, pour attendre la venue de l’Enfant-Jésus dans son berceau de paille fraîche...

Soudain, un cri strident s’élève jusqu’aux voûtes : la plus âgée de ces dames, handicapée par une vue défectueuse, a laissé tomber un personnage. Et pas n’importe quel personnage : la Vierge Marie. La fautive s’empresse de ramasser l’objet à grand renfort de soupirs et de lamentations. Une de ses amies minimise l’incident et la console affectueusement : « Ne vous tourmentez pas ! J’ai le sentiment que nous allons pouvoir peut-être arranger ça ! » Et lui désignant Franck du regard : nous avons un peintre ici : nul doute qu’il ne soit en mesure de nous tirer d’affaire... Notre amie, rassérénée par ces propos, s’élance à petits pas vers cet inconnu providentiel, susceptible de remédier aux effets de sa maladresse, et dont elle attire l’attention par de légers toussotements répétés ; puis elle l’interpelle d’une voix mal assurée qui traduit sa confusion : « Monsieur, je viens de casser le socle de la Sainte Vierge ; auriez-vous la bonté de le réparer ?

« Je ne puis vous refuser ce service » lui répond-il spontanément, visiblement touché de la voir si affligée. Et, recevant dans ses mains tendues, la petite statue en plâtre qu’elle lui présente, il l’examine attentivement pour évaluer les dégâts ; puis il la place en lieu sûr, près de ses affaires personnelles : « Ce n’est pas catastrophique : quelques fêlures et quelques ébréchures ! Je vais pouvoir les colmater... Quelques coups de pinceau et rien n’y paraîtra ! »

« Vous êtes bien aimable, Monsieur ; grâce à vous, Marie va avoir belle allure, agenouillée sur son socle tout neuf, pour accueillir son Fils ! »

La maladroite, après s’être confondue en excuses et en remerciements, va rejoindre ses compagnes qui l’attendent pour partir... C’est aussi pour Franck l’heure d’arrêter le travail. Il range machinalement seaux et pinceaux et, avant de sortir, jette un dernier regard sur la statue endommagée. En rentrant chez lui, il est absorbé par d’étranges pensées. La voix de la vieille dame résonne encore dans ses oreilles : Oui ! C’est bien grâce à lui si Marie sera toute belle pour accueillir l’Enfant-Jésus la nuit de la Nativité... Lui, un Lazeaux ! Se mettre à rafistoler des Sainte Vierge ! Il n’aurait jamais cru ça ! La religion et son cortège de dévotions, c’est pour lui une affaire de bonnes femmes ! D’ailleurs, dans sa famille, c’est pour leur être agréables que les hommes, de génération en génération, acceptent de se marier à l’Église, de faire baptiser leurs enfants et de leur laisser faire la Première Communion, la Profession de Foi, voire la Confirmation si elles y tiennent : autant d’occasions de réjouissances ! Et puis, il faut bien avoir ses papiers en règle ! Ça évite les complications ultérieures !...

Le lendemain, il arrive au travail plus tôt que de coutume, avec tout le nécessaire pour effectuer la restauration. Il prend la statue et, en quelques gestes habiles, il lui refaçonne un socle où l’œil le plus exercé ne saurait déceler la moindre éraflure. Il met le tout à sécher et commence à enduire ses murs d’une première couche. Chaque fois qu’il déplace sa grande échelle double, il ne peut s’empêcher de porter ses regards sur la Vierge en prière.

Se laisserait-il attendrir ? Certainement pas ! On ne cultive pas les états d’âme, chez les Lazeaux ! Et les problèmes métaphysiques ne les concernent pas !...

Voilà qu’arrive le 24 décembre. Il a achevé son travail en fin d’après-midi : reste à repeindre le socle. Après un ponçage minutieux, il l’enduit de son pinceau le plus fin, d’une peinture satinée apportée à cet usage. Enfin, il se donne un peu de recul pour vérifier si aucune retouche ne s’impose : tout est parfait !

À cet instant, quelle n’est pas sa stupéfaction de voir le visage de Marie se tourner vers lui pour lui sourire ! Il se frotte les yeux pour s’assurer qu’il n’est pas victime d’une hallucination. Non, il ne rêve pas : la Sainte Vierge lui adresse vraiment un sourire ineffable qui imprègne son âme de cette joie sereine qu’aucun bonheur terrestre ne saurait susciter. Il la prend délicatement dans ses mains et la porte à ses lèvres pour la couvrir de baisers, avec un profond respect mêlé de tendresse. Laissant librement épancher son cœur, il lui demande pardon pour tant d’années d’indifférence. Et des larmes perlent lentement sur ses joues ! Puis, il la place avec maintes précautions dans la crèche, sur un coussin de mousse verte, tout près de saint Joseph... Ce soir-là, quand il rentre chez lui, rien, dans son attitude, ne laisse deviner à sa femme que la Mère de Dieu fait homme lui a transpercé le cœur de son amour...

Comme chaque année, après une longue veillée autour de la cheminée,

Christine fait préparer ses enfants pour la messe de minuit.

Comme chaque année, elle ressent une profonde amertume à la pensée que son époux ne l’accompagnera pas.

Comme chaque année, elle pense en elle-même : « Si je parvenais à le persuader de nous suivre, il ne résisterait pas à l’appel du Rédempteur, en cette nuit de grâces où il revêtit la nature humaine... »

Comme chaque année, elle quitte la maison, seule avec ses enfants et gagne l’église noire de monde, en nourrissant dans le tréfonds de son âme, le secret espoir que sa conversion se réalisera à la Noël prochaine...

Comme chaque année, elle écoute avec un plaisir sans cesse renouvelé, ces chants débordants d’allégresse qui redonnent l’espérance aux malheureux les plus éplorés...

Soudain, elle sent une légère pression sur son épaule ; elle tourne discrètement la tête : c’est Franck qui, se faufilant dans sa rangée comble, s’installe à la place de son plus jeune fils et l’assied sur ses genoux.

Elle ne peut s’empêcher de lui murmurer, les yeux humides d’émotion : « Serait-ce un miracle qui l’amène ici ? »

« Un miracle, tu l’as dit ! »

Et, remettant à plus tard les explications, il lui désigne la crèche du regard : « C’est le sourire de Marie ! »

 

Françoise BOUCHARD

 

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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 21:14

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Pendant les huit jours qu’elle passa dans l’étable de Bethléem, Marie n’eut pas trop à souffrir. Les bergers apportaient des fromages, des fruits, du pain, et du bois pour faire du feu. Leurs femmes et leurs filles s’occupaient de l’Enfant et donnaient à Marie les soins que réclament les nouvelles accouchées. Puis les rois mages laissèrent un amoncellement de tapis, d’étoffes pré­cieuses, de joyaux et de vases d’or.

Au bout de la semaine, quand elle put marcher, elle voulut retourner à Nazareth, dans sa maison. Quelques bergers lui proposèrent de l’accompagner, mais elle leur dit :

— Je ne veux pas que vous quittiez pour nous vos troupeaux et vos champs. Mon Fils nous conduira.

— Mais, dit Joseph, abandonnerons-nous ici les présents des Mages ?

— Oui, dit Marie, puisque nous ne pouvons pas les emporter.

— Mais il y en a pour beaucoup d’argent, dit Joseph.

— Tant mieux, dit Marie. 

Et elle distribua aux bergers les présents des rois.

— Mais, reprit Joseph, ne pourrions-nous en garder une petite partie ?

— Qu’en ferions-nous ? répondit Marie. Nous avons un meilleur trésor.

Il faisait chaud sur la route. Marie tenait l’Enfant dans ses bras, Joseph portail un panier rempli d’un peu de linge et de modestes provisions. Vers midi, ils s’arrêtèrent, très fatiAnge de noëlgués, à l’orée d’un bois.

Aussitôt, de derrière les arbres, sortirent de petits anges. C’étaient de jeunes enfants, roses et joufflus ; ils avaient sur le dos des ailerons qui leur permettaient de voleter quand ils voulaient, et qui, le reste du temps, rendaient leur marche facile et légère. Ils étaient adroits et plus vigou­reux que ne le faisaient supposer leur âge tendre et leur petite taille.

Ils offrirent aux voyageurs une cruche d’eau fraîche et des fruits qu’ils avaient cueillis on ne sait où.

Quand la sainte famille se remit en chemin, les anges la suivirent. Ils débarrassèrent Joseph de son panier et Joseph les laissa faire. Mais Marie ne voulut pas leur confier l’Enfant.

Le soir venu, les anges disposèrent des lits de mousse sous un grand sycomore, et toute la nuit ils veillèrent sur le sommeil de Jésus.

Marie rentra donc dans son logis de Nazareth. C’était, dans une ruelle populeuse, une maison blanche à toit plat, avec une petite terrasse couverte où Joseph avait son établi.

Afficher l'image d'origineLes anges ne les avaient point quittés et continuaient de se rendre utiles en mille façons. Quand l’Enfant criait, l’un d’eux le berçait doucement ; d’autres lui faisaient de la musique sur de petites harpes ; ou bien, quand il le fallait, ils lui changeaient ses langes en un tour de main. Le matin, Marie, en se réveillant, trouvait sa chambre balayée. Après, chaque repas, ils enlevaient rapidement les plats et les écuelles, couraient les laver à la fontaine voisine et les reposaient dans le bahut. Lorsque la Vierge allait au lavoir, ils s’emparaient du paquet de linge, se le dis­tribuaient, tapaient joyeusement sur les toiles mouillées, les faisaient sécher sur des pierres et les reportaient à la maison. Et si Marie, en filant sa quenouille, s’assoupissait par la grosse chaleur, sans la réveiller ils finissaient son ouvrage. Ils n’avaient guère moins d’attention pour Joseph. Ils lui présentaient ses outils, les rangeaient après le travail, enlevaient les copeaux et les vrillons, et tenaient l’atelier dans un état de propreté irréprochable.

Mais, trop servie par les anges et n’ayant presque plus rien à faire, Marie s’ennuya. Parce qu’elle s’ennuyait, elle pria davantage ; et, tout en priant, elle réfléchissait… Un matin, en se levant, elle vit les anges occupés à nettoyer la chambre. Elle leur arracha le balai et fit mine de les chasser. Ils déguerpirent. Mais, à midi, après le dîner, comme ils voulaient desservir la table, elle donna sur les petits doigts de l’un d’eux une chiquenaude, qui mit la troupe en fuite. Ils revinrent peu après. Au moment qu’elle s’apprêtait à filer, un ange essaya de s’emparer de son fuseau. Elle brandit le fuseau comme une arme et poursuivit l’intrus jusque dans l’atelier de Joseph. Au bout d’une heure, tandis qu’elle cousait, assise près de l’Enfant, elle avisa deux anges qui, s’étant glissés sous le berceau, le balançaient sournoisement. Elle se leva, les mit dehors et referma si vivement la porte qu’un des anges se trouva pris par le bout de l’aile. Il poussa un petit cri. Marie le délivra, mais elle lui dit :

— Tant pis pour toi. Cela t’apprendra à te mêler de ce qui ne te regarde pas. Préviens tes cama­rades, et que je ne vous revoie plus !

— Mais, dit Joseph, pourquoi chasses-tu ces petits bonshommes ? Ils nous rendent pourtant de grands services.

— C’est justement pour cela, répondit Marie.

— Je ne comprends pas, reprit Joseph. Puisque ton Fils est le Messie, il est tout simple qu’il soit servi par les anges et que sa mère en profite.

— Oh ! dit Marie, voilà des propos sans délicatesse. Ne sais-tu pas que le Messie est venu au monde pour souffrir avec les hommes et, d’abord, pour endurer tous les maux naturels aux petits enfants ? Et certes, ces souffrances, je dois les adoucir autant qu’il est en moi, puisque je suis sa mère. Mais je ne veux pas que d’autres que moi se chargent de cette besogne. Est-ce que les autres mères ne soignent pas elles-mêmes leurs petits ? Quelle lâche créature serais-je, si je renonçais à ma part de labeurs maternels ? D’ailleurs, j’en suis sûre, mon petit enfant aime mieux être soigné par moi que par ces marmots ailés. Et je sais que je m’associerai davantage à sa volonté rédemptrice en peinant comme les autres femmes et en acceptant toute la condition humaine. Oui, je veux toute seule emmailloter mon fils, toute seule le bercer et l’endormir, et toute seule aussi faire mon ménage, toute seule filer ma quenouille et aller toute seule au lavoir… Et, comme ces petits travaux me sont presque tous une joie, je n’y ai sans doute pas grand mérite : mais pourtant je serais coupable si je supportais que des anges les fissent à ma place… Comprends-tu ?

— Je crois que oui, ma chère fille… Mais alors il va falloir que je renonce, moi aussi, aux petits services que les anges me rendaient ?

— Évidemment, mon ami.

— J’avais cependant cru que, d’être l’époux de la mère du Messie, cela me donnait droit à quelques petits avantages. Mais tu dois avoir raison : car tu es plus intelligente et plus savante que moi, bien que tu n’aies que quinze ans, et que j’aie passé la soixantaine.

Or, la nuit suivante, comme l’Enfant Jésus criait et ne voulait pas s’endormir, tout à coup on entendit dans la rue une mélodie légère et d’une extrême douceur.

Marie ouvrit la porte et aperçut, au clair de lune, rangés contre le mur de la maison, les anges qui faisaient de la musique avec leurs petites harpes.

— Encore vous ? leur dit-elle. Et si mon Fils ne veut pas dormir ? Et s’il Lui plaît de crier et de souffrir de ses dents ?… Et puis, ne suis-je pas là, moi, sa mère ?… Allez-vous-en, ou je me fâche !

Gif animé d'un petit ange qui distribue une pluie d'étoilesGif animé d'un petit ange qui distribue une pluie d'étoilesGif animé d'un petit ange qui distribue une pluie d'étoiles

Le lendemain, ils ne reparurent pas de toute la journée. Mais, le matin d’après, Marie les vit tous dans la cour, groupés sous le figuier, timides, honteux, et qui pleuraient en silence.

— Mes petits anges, leur dit-elle, je vous parais sévère parce que vous êtes trop petits pour comprendre. Mais écoutez ! La vieille Séphora, qui demeure en face, est paralytique. Un peu plus loin, c’est la bonne Rachel, qui a douze enfants, et qui a bien du mal à les élever. Et vous trouverez à Nazareth beaucoup d’autres pauvres femmes. Eh bien, c’est elles qu’il faut aider à faire leur ménage, à laver leur linge, à soigner leurs enfants… Puisque vous voulez plaire à mon Fils, c’est par là que vous y réussirez le mieux. Et, voyant leurs petits nez plissés par le chagrin, elle ajouta :

— Quand il sera plus grand, je vous permettrai peut-être de jouer avec lui… Mais faites d’abord ce que je viens de vous dire.

Et, cette année-là, toutes les pauvres femmes et les malades de Nazareth furent aidés et tous les petits enfants bercés par des serviteurs invisibles (car, seuls, Marie et Joseph voyaient les anges) ; et les nourrissons ne crièrent plus, à l’exception de l’enfant Jésus qui voulait souffrir pour eux.

Jules Lemaître

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2 décembre 2023 6 02 /12 /décembre /2023 17:13

L'enfant de Marie

Près de l'entrée d'une grande forêt vivait un bûcheron avec sa femme et son seul enfant, qui était une jeune fille âgée de trois ans. Mais ils étaient si pauvres qu'ils ne savaient que lui donner à manger, car ils n'avaient que leur pain de chaque jour. Un matin le bûcheron s'en alla tout soucieux travailler dans la forêt, et, comme il fendait du bois, une grande et belle femme se présenta tout à coup devant lui : elle portait sur la tête une couronne d'étoiles brillantes, et, lui adressant la parole, elle lui dit ; « Je suis la Vierge Marie, mère du petit enfant Jésus ; tu es pauvre et misérable, amène-moi ton enfant ; je l'emporterai avec moi, je serai sa mère et j'en prendrai soin ».

Le bûcheron obéit : il alla chercher son enfant et le remit à la Vierge Marie, qui l'emporta là-haut dans le ciel. Là l'enfant se trouvait très heureuse ; elle mangeait du biscuit, buvait d'excellente crème ; ses vêtements étaient d'or, et les anges jouaient avec elle.

Quand elle eut atteint quatorze ans, la Vierge Marie l'appela un jour et lui dit : « Ma chère enfant, j'ai un grand voyage à faire ; je te confie ces clefs des treize portes du paradis. Tu peux en ouvrir douze et voir les merveilles qu'elles renferment ; mais la treizième porte qu'ouvre cette petite clef que voici, celle-là t'est défendue ; garde-toi bien de l'ouvrir, car il t'arriverait malheur ». La jeune fille promit d'obéir, et, quand la Vierge Marie fut partie, elle commença à visiter les appartements du ciel ; chaque jour elle en ouvrait un jusqu'à ce qu'elle eût achevé de voir les douze. Dans chacun se trouvait un apôtre entouré de tant de lumière que de sa vie elle n'avait vu un pareil éclat ni une telle magnificence. Elle s'en réjouit, et les bons anges qui l'accompagnaient toujours s'en réjouissaient avec elle. Maintenant restait encore la porte défendue ; elle se sentit une grande envie de savoir ce qui était caché là derrière, et elle dit aux bons anges : « Je ne veux pas l'ouvrir tout entière, mais je voudrais l'entrebâiller un peu, pour que nous puissions voir à travers l'ouverture ».

« Oh ! Non ! Dirent les bons anges, ce serait un péché : la Vierge Marie l'a défendu, et il pourrait, bien t'en arriver malheur ».

La jeune fille ne dit rien, mais le désir et la curiosité continuèrent à parler dans son cœur et à la tourmenter sans lui laisser de repos. Quand les bons anges furent enfin partis, elle pensa en elle-même : « Maintenant je suis toute seule ; qui me verra ? » Et elle alla prendre la clef. Quand elle l'eut prise, elle la mit dans le trou de la serrure, et, quand elle l'y eut placée, elle tourna. La porte s'ouvrit et elle vit au milieu du feu et de la lumière la Trinité assise ; elle toucha légèrement la lumière du bout de son doigt, et son doigt devint couleur d'or. Alors elle eut peur, elle ferma bien vite la porte et se sauva. Mais elle continua d'avoir peur, quoi qu'elle fit, et son cœur, battait toujours sans vouloir se calmer, et la couleur de l'or restait sur son doigt et ne s'effaçait pas, quelque soin qu'elle prît de le laver. Au bout de peu de jours la Vierge Marie revint de son voyage, appela la jeune fille et lui demanda les clefs du paradis. Pendant qu'elle présentait le trousseau, la Vierge la regarda et lui dit : « N'as-tu pas aussi ouvert la treizième porte ? »

« Non, » répondit-elle.

La Vierge porta la main à son cœur ; elle sentit qu'il battait et battait très fort, et s'aperçut bien qu'elle avait violé son commandement et ouvert la porte défendue. Elle lui dit encore : « En vérité, ne l'as-tu pas fait ? »

« Non, » dit une seconde fois la jeune fille. La Vierge regarda le doigt qui s'était doré en touchant la lumière du ciel, et ne douta plus que l'enfant ne fût coupable, et lui dit une troisième fois : « Ne l'as-tu pas fait ? »

« Non, » dit la jeune fille une troisième fois. La Vierge Marie dit alors : « Tu ne m'as pas obéi et tu as menti ; tu ne mérites plus de rester dans le ciel. »

La jeune fille tomba dans un profond sommeil, et, quand elle se réveilla, elle était couchée sur le sol, au milieu d'un endroit désert. Elle voulut appeler, mais elle ne pouvait faire entendre aucun son ; elle se leva et voulut se sauver, mais, de quelque côté qu'elle se tournât, elle était arrêtée par un épais taillis qu'elle ne pouvait franchir. Dans le cercle où elle était ainsi enfermée se trouvait un vieil arbre dont le tronc creux lui servit d'habitation. La nuit elle y dormait, et, quand il faisait de la pluie ou de l'orage, elle y trouvait un abri. Des racines, des baies sauvages étaient sa seule nourriture, et elle en cherchait aussi loin qu'elle pouvait aller.

Pendant l'automne, elle ramassait les feuilles de l'arbre, les portait dans le creux, et quand la neige et le froid arrivaient, elle venait s'y cacher. Ses vêtements s'usèrent à la fin et se détachèrent par lambeaux ; il fallut encore qu'elle s'enveloppât dans les feuilles. Puis, dès que le soleil reprenait sa chaleur, elle sortait, se plaçait au pied de l'arbre, et ses longs cheveux la couvraient de tous côtés comme un manteau. Elle demeura longtemps dans cet état, éprouvant toutes les misères et toutes les souffrances du monde.

Un jour de printemps, le roi du pays chassait dans la forêt et poursuivait une pièce de gibier. L'animal s'étant réfugié dans le taillis qui entourait le vieil arbre creux, le prince descendit de cheval, sépara les branches du fourré et s'y ouvrit un chemin avec son épée. Quand il eut réussi à le franchir, il vit assise sous l'arbre une jeune fille merveilleusement belle, que ses cheveux d'or couvraient tout entière jusqu'à la pointe des pieds. Il la regarda avec étonnement et lui dit : « Comment es-tu venue dans ce désert ? » Elle resta muette, car il lui était impossible d'ouvrir la bouche. Le roi lui dit encore : « Veux-tu venir avec moi dans mon palais ? »

Elle fit seulement un petit signe de la tête. Le roi la prit dans ses bras, la porta sur son cheval et l'emmena dans sa demeure, où il lui fit prendre des vêtements et lui donna tout en abondance. Quoiqu'elle ne pût parler, elle était si belle et si gracieuse qu'il se prit pour elle d'une grande passion et l'épousa.

Une année à peu près s'était écoulée quand la reine mit au monde un fils. La nuit, comme elle était couchée seule dans son lit, la Vierge Marie lui apparut et lui parla ainsi : « Si tu veux enfin dire la vérité et avouer que tu as ouvert la porte défendue, je t'ouvrirai la bouche et te rendrai la parole ; mais si tu t'obstines dans le péché et persistes à mentir, j'emporterai avec moi ton enfant nouveau-né ». Alors il fut permis à la reine de répondre, mais elle dit : « Non, je n'ai pas ouvert la porte défendue ». Et la Vierge Marie enleva de ses bras son enfant nouveau-né et disparut avec lui. Le lendemain matin, quand on ne trouva plus l'enfant, un bruit se répandit parmi les gens du palais que la reine était une ogresse et qu'elle l'avait tué. Elle entendait tout et ne pouvait rien répondre ; mais le roi l'aimait trop tendrement pour croire ce qui se disait.

Au bout d'un an la reine eut encore un fils ; la Vierge Marie se présenta de nouveau la nuit devant elle et lui dit : «  Si tu veux enfin avouer que tu as ouvert la porte défendue, je te rendrai ton enfant et je te délierai la langue ; mais si tu t'obstines dans ton péché et continues à mentir, j'emporterai encore ton nouveau-né ».

La reine dit comme la première fois : « Non, je n'ai pas ouvert la porte défendue ». Et la Vierge lui prit dans ses bras son enfant et l'enleva dans le ciel. Le matin, quand les gens apprirent que l'enfant avait encore disparu, ils dirent tout haut que la reine l'avait mangé, et les conseillers du roi demandèrent qu'on lui fit son procès. Mais le roi l'aimait si tendrement qu'il n'en voulut rien croire et qu'il ordonna à ses conseillers de ne plus reparler de cela sous peine de la vie.

La troisième année, la reine donna le jour à une belle petite fille, et la Vierge Marie lui apparut encore pendant la nuit et lui dit : « Suis-moi ». Elle la prit par la main, la conduisit dans le ciel et lui montra ses deux premiers-nés qui lui souriaient et jouaient avec le globe du monde. Et comme la mère se réjouissait de les voir, la Vierge Marie lui dit : « Si tu veux avouer maintenant que tu as ouvert la porte défendue, je te rendrai tes deux beaux petits garçons ».

La reine répondit pour la troisième fois : « Non, je n'ai pas ouvert la porte défendue ». La Vierge la laissa retomber sur la terre et lui prit son troisième enfant. Le lendemain matin, quand on ne le trouva plus, chacun dit tout haut : « La reine est une ogresse ; il faut qu'elle soit condamnée à mort ». Et le roi ne put cette fois repousser l'avis de ses conseillers. Elle fut appelée devant un tribunal, et comme elle ne pouvait ni répondre ni se défendre, elle fut condamnée à périr sur le bûcher. Le bois était amassé, elle était attachée au poteau, et la flamme commençait à s'élever autour d'elle, lorsque son cœur fut touché de repentir : « Si je pouvais avant de mourir, pensa-t-elle, avouer que j'ai ouvert la porte ! » Et elle cria : « Oui, Marie, je suis coupable ! » Comme cette pensée lui venait au cœur, la pluie commença à tomber du ciel et éteignit le feu du bûcher : une lumière se répandit autour d'elle, et la Vierge Marie descendit, ayant à ses côtés les deux fils premiers nés et portant dans ses bras la petite fille venue la dernière. Elle dit à la reine d'un ton plein de bonté : « Il est pardonné à celui qui avoue son péché et s'en repent ». Elle lui présenta les enfants, lui délia la langue et lui donna du bonheur pour toute sa vie.

Conte des Frères Grimm

Cliquez sur l'image ci-dessus pour ouvrir le conte en PDF

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28 novembre 2023 2 28 /11 /novembre /2023 21:12

Lorsque les bergers s'en furent allés et que la quiétude fut revenue, l'enfant de la crèche leva sa tête et regarda vers la porte entrebâillée. Un jeune garçon timide se tenait là… tremblant et apeuré.

- Approche, lui dit Jésus. Pourquoi as-tu si peur ?

- Je n'ose… je n'ai rien à te donner, répondit le garçon.

- J'aimerais tant que tu me fasses un cadeau, dit le nouveau-né.

Le petit étranger rougit de honte.

- Je n'ai vraiment rien… rien ne m'appartient ; si j'avais quelque chose, je te l'offrirais… regarde.

Et en fouillant dans les poches de son pantalon rapiécé, il retira une vieille lame de couteau rouillée qu'il avait trouvée.

- C'est tout ce que j'ai, si tu la veux, je te la donne.

- Non, rétorqua Jésus, garde-la. Je voudrais tout autre chose de toi. J'aimerais que tu me fasses trois cadeaux.

- Je veux bien, dit l'enfant, mais que puis-je pour toi ?

- Offre-moi le dernier de tes dessins.

Le garçon, tout embarrassé, rougit. Il s'approcha de la crèche et, pour empêcher Marie et Joseph de l'entendre, il chuchota dans l'oreille de l'enfant Jésus :

- Je ne peux pas… mon dessin est trop moche… personne ne veut le regarder !

- Justement, dit l'enfant dans la crèche, c'est pour cela que je le veux… Tu dois toujours m'offrir ce que les autres rejettent et ce qui ne leur plaît pas en toi.

Ensuite, poursuivit le nouveau-né, je voudrais que tu me donnes ton assiette.

- Mais je l'ai cassée ce matin ! Bégaya le garçon.

- C'est pour cela que je la veux… Tu dois toujours m'offrir ce qui est brisé dans ta vie, je veux le recoller…

Et maintenant, insista Jésus, répète-moi la réponse que tu as donnée à tes parents quand ils t'ont demandé comment tu avais cassé ton assiette… Le visage du garçon s'assombrit, il baissa la tête honteusement et, tristement, il murmura :

- Je leur ai menti… J'ai dit que l'assiette m'avait glissé des mains par inadvertance ; mais ce n'était pas vrai… J'étais en colère et j'ai poussé furieusement mon assiette de la table, elle est tombée sur le carrelage et elle s'est brisée !

- C'est ce que je voulais t'entendre dire ! dit Jésus. Donne-moi toujours ce qu'il y a de méchant dans ta vie, tes mensonges, tes calomnies, tes lâchetés et tes cruautés. Je veux t'en décharger… Tu n'en as pas besoin… Je veux te rendre heureux et sache que je te pardonnerai toujours tes fautes. Et en l'embrassant pour le remercier de ces trois cadeaux, Jésus ajouta : - Maintenant que tu connais le chemin, j'aimerais tant que tu viennes me voir tous les jours…

Source : "L'Ensoleillé", Alpes 74, Noël 1999

Vous trouverez le conte illustré en PDF en cliquant sur l'image.

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25 novembre 2023 6 25 /11 /novembre /2023 21:25

L'année dernière, une catastrophe a failli se produire avant Noël. Lorsque le Père Noël s'est réveillé un matin, il s'est senti terriblement misérable et faible. Il avait des pustules rouges partout et était terriblement fatigué. La mère Noël s'inquiéta. Il ne fallait tout de même pas annuler Noël parce que le Père Noël était malade ! "Je vais devoir m'en occuper toute seule cette fois-ci", pensa-t-elle. Elle voulait d'abord donner à manger aux rennes. Mais les rennes aussi avaient été touchés. Ils gisaient dans l'étable, malades et fatigués, couverts de pustules rouges. La Mère Noël était maintenant complètement seule.

Elle soupira, enfila son manteau d'hiver bien chaud et sortit avec ses oiseaux. Ensemble, ils ramassèrent toutes les lettres et les listes de souhaits qui avaient glissé avec la neige pendant la nuit. La mère Noël a lu chaque lettre tranquillement. Puis elle retroussa ses manches et se rendit à l'atelier. Il y avait encore tant de choses à faire. De nombreux jouets n'étaient pas encore construits. Bien qu'ils y aient travaillé toute l'année. Mais il restait encore un gros problème à résoudre : Comment allait-elle pouvoir apporter tous les cadeaux aux enfants sans les rennes ? La mère Noël a alors eu une idée géniale. Il ne restait plus qu'à tout ranger dans les paniers.

Le lendemain matin, la Mère Noël s'est habillée et a mis son bonnet rouge. Puis elle donna un baiser d'adieu au Père Noël ... et c'est parti. Avec sa machine volante, elle s'est envolée dans les airs.

L'oie et le coq les accompagnaient et tiraient aussi un peu. Elle a atterri sur tous les toits et est passée par de nombreuses cheminées jusqu'à ce que tous les cadeaux aient été distribués. Puis elle s'envola chez elle.

Le Père Noël et les rennes les attendaient déjà. Heureusement, ils étaient de nouveau en bonne santé ! Ils brillaient avec des bougies et des lanternes.

Après tout ce travail, la Mère Noël était très fatiguée. Le Père Noël aida la Mère Noël à enlever son lourd manteau et lui fit couler un bon bain moussant.

En guise de surprise, le Père Noël avait tout joliment décoré et finement cuisiné. Il y avait aussi des cadeaux pour tout le monde !

Joyeux Noël à tous !

Ursula Bänninger 23.12.2015

Source : https://www.leseanimation.ch/2015/12/22/morgen-kommt-die-weihnachtsfrau/

Vous trouverez l'histoire en PDF en cliquant sur la Mère Noël

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25 novembre 2023 6 25 /11 /novembre /2023 18:44

Conte écrit par une classe de CM2.

Aujourd’hui, c’est la veille de Noël… Tous les enfants du monde attendent leurs cadeaux avec une grande impatience. Mais chez le Père Noël, c’est la panique ! Depuis plusieurs jours, il est malade, cloué au lit ! Alors, il décide que la Mère Noël fera la tournée. Malheureusement, elle n'a pas trouvé le traîneau.

Les lutins doivent en construire un, mais ils n'ont pas le matériel nécessaire et la nuit va tomber. Il est presque 18 heures, ce 24 décembre. L'heure de la tournée approche. Quand la Mère Noël va au magasin acheter le matériel, elle se tord la cheville. Elle appelle un employé, mais personne ne vient. Soudain, une femme aux yeux noirs apparaît et lui dit :

« Avez-vous besoin de moi ? – Euh ! Non, merci ». L'inconnue insiste : « - Venez chez moi ! C'est juste à côté.

- Bon, d'accord, répond la Mère Noël ». Pendant que l'inconnue l'aide à se rendre chez elle, la Mère Noël se demande pourquoi elle tient tant à ce qu'elles aillent dans sa maison. Arrivée chez l'inconnue, la Mère Noël n'en croit pas ses yeux : le traîneau qu'elle a cherché partout, est là, devant ses yeux...

L'inconnue voyant la Mère Noël très surprise lui explique qu'elle est une ancienne fée et que les lutins l'ont prévenue de la maladie du Père Noël. Elle voulait donc aider en préparant le traîneau. La fée laisse un instant la mère Noël, le temps de monter dans son grenier. On entend un raffut incroyable.

Elle redescend avec une paire de béquilles. « Avec ces béquilles et mes pouvoirs magiques, vous n’aurez aucun mal à descendre les cheminées ». La mère Noël est si contente de retrouver son traîneau qu’elle lui dit : « Demandez ce que vous désirez et vous l’aurez. - Je voudrais redevenir la fée du Père Noël. Autrefois, j’étais sa meilleure fée. Je l’aidais tous les ans à préparer le traîneau, à fabriquer les cadeaux, puis à les distribuer. Mais un beau jour, le Père Noël n’a plus voulu de moi. Donc, je suis partie en pleurant et en me demandant pourquoi il m'avait virée. - D'accord, d'accord, j'ai compris. Vite ! C'est l'heure de partir faire la distribution des cadeaux. Je vais aller mettre tous les cadeaux dans le traîneau. Venez avec moi ! » Arrivées à la première maison, elles descendent le long de la cheminée. Mais les gens ont oublié leur chien dans la maison ! La mère Noël, qui ne le voit pas, atterrit en lui donnant un grand coup de pied. Le chien se met à aboyer. La Mère-Noël ne sait plus quoi faire.

Alors, elle remonte dans la cheminée. Mais elle tombe une 2ème fois. Elle se fait mal à une jambe. Le chien continue à aboyer. Les gens se réveillent, ils voient la Mère Noël mais croyant rêver vont se recoucher. Le chien aboie toujours. La fée qui a entendu les aboiements apparaît avec une muselière pour endormir le chien. La Mère Noël demande à la fée de livrer les cadeaux et de faire la tournée à sa place. En échange elle redeviendra la fée du Père Noël.

La fée accepte et dit à la Mère Noël : « Venez dans le traîneau, je vais vous raccompagner ». Elle dépose la Mère Noël et part faire la tournée. En quelques heures, toutes les maisons sont remplies de cadeaux. Pendant ce temps, la Mère Noël parle avec le Père Noël et lui dit : « Votre ancienne fée veut redevenir votre fée ». Le Père Noël accepte. Lorsque la fée revient, après avoir distribué les cadeaux, elle soigne le Père Noël en un clin d'œil ! Tous sont contents et le Père Noël s'exclame : « J'espère que je ne serai plus jamais malade pour Noël ! »

FIN

Source : http://www.contes.biz/

 

En cliquant sur l'image ci-dessus, vous trouverez l'histoire en PDF.

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24 novembre 2023 5 24 /11 /novembre /2023 22:41

paysage_noel.jpg

Voilà : je suis un petit grain de sable. Je suis vieux, très vieux. Cependant, sur ma foi, j’ai conservé tous mes esprits. Je vivais il y a deux mille ans. Depuis ce temps, avec Messire Vent, j’ai voyagé par toute la terre. J’en ai vu des choses ! J’ai même assisté à la naissance de la neige. Quelle impression ! C’est une histoire féerique. Vous voulez que je raconte ? D’accord !

Disons que nous sommes au début de l’ère. Il y a ce soir un « je ne sais quoi » de mystérieux sur la campagne de Bethléem. Abandonnant la tradition, les maisonnettes ont tôt fait de baisser les paupières. Un doux zéphyr court allègrement, insufflant au mystère fraîcheur et renouveau. Les étoiles se regardent, clignent des yeux et, discrètement, se cachent dans un pli de ciel pour réapparaître soudain, si lumineuses qu’elles diamantent la lune maquillée d’opale et revêtue de soie irisée comme au jour de fête.

Les rameaux, tout bas, très bas, jasent d’espérance. Ils se laissent mollement bercer par la brise zéphyrienne. À leur pied, le ruisseau, discret, presqu’endormi, fredonne son chant d’amour. Ce léger murmure est un sourire à l’astre des nuits. Mystérieux, il semble écouter le silence et boire la paix sereine du soir.

Tout à coup, au coin d’une route, un petit âne avance lentement, je dirais même pieusement. Sur son dos, une jolie dame drapée d’un long manteau d’aurore, se laisse emporter dans la campagne endormie. Elle est si belle, si radieuse, qu’on croirait d’un ange. Un homme barbu chemine aux côtés de la belle « aventurière » – car pour une dame, cela devient une aventure que de voyager en pleine nuit. Très souvent, ils se regardent, ils se sourient. Ils sont heureux, heureux dans leur pauvreté. Dans les yeux de la dame en bleu brille le rayon d’une joie profonde. Pourquoi cet immense bonheur ?

Le vent, en grand effronté qu’il est, s’accorde la liberté d’une indiscrétion et soulève le manteau d’azur de la dame. Quelle idée ! Et quelle chance ! Je vis alors que le bonheur était dans une maternité toute proche, l’ange allait être maman !

Mais le bonheur ce n’est pas étrange... Ce n’est pas étrange comme cette étoile qui court follement au plafond des astres, qui danse magiquement, inlassablement. Et, mystère plus impénétrable encore, elle semble guider les deux voyageurs.

Je vais en avoir la surface polie ou je ne m’appelle pas grain de sable. Les hommes diraient : « Je vais en avoir le cœur net », mais comme tous les grains de sable, je n’ai pas de cœur. J’ai décidé de suivre la dame.

C’est ainsi que je connais Joseph et Marie, que j’entends leur conversation. Ils parlent de la naissance d’un roi. Je n’en crois pas ma grosseur : je voyage avec des souverains ! Mais si pauvres...

Marie est fatiguée ; elle grelotte de froid mais jamais ne se plaint. Son sourire tromperait Dieu lui-même... si Dieu pouvait être trompé.

L’étoile mystérieuse s’arrête soudain. De l’agitation féerique, elle passe au calme divin. Marie et Joseph s’arrêtent aussi. Joseph scrute l’horizon et désigne à son épouse une petite étable. Obéissante, elle accepte ce refuge. Joseph entre avec Marie. Époux fidèle et vigilant, il est son réconfort et sa protection.

Et le Roi est né. Jamais un roi, fut-ce le plus riche ici-bas, n’a eu une naissance aussi humble et, à la fois, tout aussi grandiose.

Des voix inconnues à la terre modulent des refrains d’une suavité exquise. De loin, très loin, retentit, vibrant et riche, un mélodieux « Gloria in excelsis ».

Joseph, fatigué, dort près de Marie, qui, émue, contemple son enfant tout rose, tout humain dans ses langes blancs. Dans son léger sommeil, il envoie un sourire à sa maman. Sur la joue empourprée de la Vierge glisse une larme émue. Un ange saisit du bout de l’aile cette petite larme et s’envole dans l’immense plaine céleste. Oh ! Merveille ! Chaque coup d’aile angélique divise la « goutte cristalline » en des milliers de légers flocons blancs qui tournoient, valsent au rythme des cantiques et, dans un interlude, se posent sur la terre.

Le toit des chaumières et des palais, les clôtures, les rues et les plaines se sont habillés d’ouate blanche et moelleuse. Les sapins courbent la tête sous le poids du léger « fardeau blanc ». Le Christ est né ! Et la neige, dans toute sa splendeur, vient vêtir le royaume terrestre d’une cape de velours soyeux. La coupole céleste s’est teintée d’un bleu saphir ; la lune jette ses rayons froids sur le cristal neigeux et les étoiles glissent vertigineusement dans l’atmosphère pour venir parer la demeure de l’Enfant-Roi.

Jamais la terre n’a connu d’aussi riches splendeurs. Ce fut la naissance du Sauveur et aussi... celle de la neige.

Le premier Noël amena la première des premières neiges.

L’ange divin avait saisi une larme de la jolie maman et son innocence. Il se pencha sur l’Enfant pour recueillir sa pureté et sur Joseph pour adopter sa joie. Et... il partit. De l’espérance dont causaient les rameaux il enleva une pointe. Pour ajouter plus de charme à son œuvre, il y mêla une note berceuse de la cantilène du ruisseau, l’éclat scintillant des étoiles et la splendeur du ciel. Avec la permission du Père Eternel, il créa les « Légers Flocons de Neige ».

Et c’est depuis ce jour que, chaque année, chaque pays où la température est propice se revêt d’une robe immaculée. C’est depuis ce jour que tous les petits et les grands s’émerveillent devant la première neige. C’est aussi depuis ce jour que la neige tient si large place dans la féerie de Noël.

La neige, pour les riches comme pour les pauvres, est, et restera toujours un merveilleux présent de Noël !

Isabelle PIERRE, décembre 1960.

Paru dans Crescendo, Union canadienne des jeunes écrivains, Éditions Nocturne, 1963

Vous trouverez l'histoire en PDF en cliquant sur l'ange.

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24 novembre 2023 5 24 /11 /novembre /2023 15:32

Le chant "Douce nuit, sainte nuit" a été chanté pour la première fois en 1818 à Oberndorf am Inn, près de Salzbourg, lors de la messe de Noël.

Le texte a été écrit par le pasteur Joseph Mohr et la mélodie a été composée par l'enseignant et organiste Franz Gruber. Le chant était accompagné à la guitare, car l'orgue de l'église était inutilisable.https://www.kidsnet.at/jpg/Gru.ht3.jpg

La chanson a tout de suite plu aux visiteurs de l'église et est devenue au fil du temps le chant de Noël le plus populaire du monde entier.

Mais ce chant a été propagé par un facteur d'orgues du Tyrol qui réparait l'orgue cassé de l'église d'Oberndorf et qui a entendu pour la première fois le chant "Douce nuit, sainte nuit". Il a ramené la chanson dans son pays. De là, des artisans et des commerçants ont transporté la chanson dans des pays étrangers.

En 1853, l'empereur Guillaume IV a réussi à retrouver le compositeur Franz Gruber.

Josef Mohr, le parolier, était mort en 1848.

Cliquez sur le chat pour découvrir l'histoire en PDF de la petite souris.

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23 novembre 2023 4 23 /11 /novembre /2023 22:28

"Trop de Noël"

Un jour, il n'y a pas si longtemps, le bœuf et l'âne de la crèche se sont rencontrés dans le paradis des animaux.

- Te souviens-tu de cette nuit où nous avons réchauffé de notre souffle ce nouveau-né endormi dans une crèche ? - demanda l'âne.

- Bien sûr ! - répondit l'ami. - Comment pourrais-je oublier un si beau bébé ?

- Deux mille ans ont passé... Mais, au fait, savez-vous qui était le bébé ?

L'âne murmura quelque chose à l'oreille de son compagnon, qui écarquilla les yeux de surprise :

- Vous êtes sérieux ?

- Bien sûr ! - rétorqua l'âne. - Depuis lors, les hommes célèbrent chaque année le jour de sa naissance. C'est la plus belle période de l'année, pleine de paix, de joie et de sérénité. Ils l'appellent Noël et je fais toujours un détour par la Terre pour profiter de cette atmosphère. Voulez-vous nous accompagner cette année ?

- Volontiers ! - s'exclama le bœuf avec curiosité.

Ils ont survolé avec légèreté une grande ville pleine de lumières et de festons, dans un dédale de rues fourmillant de gens affairés, courant frénétiquement entre des magasins chargés d'enveloppes et de paquets.

- Êtes-vous sûr de ne pas vous être trompé et qu'ils ne font pas la guerre ici ? - demanda le bœuf effrayé.

- Mais non ! Ils s'amusent beaucoup ! Pour que les hommes soient heureux, il faut qu'ils soient un peu sur les nerfs !

Les deux hommes se sont ensuite envolés vers une fenêtre située au sommet d'un élégant bâtiment, d'où ils ont observé une dame qui lisait très rapidement des cartes de couleur, puis griffonnait quelque chose sur des cartes blanches. Elle était submergée par le papier.

- Qu'est-ce qu'elle fait ? - a demandé le bœuf une fois de plus.

- Elle répond aux cartes de vœux ! - a expliqué l'ami.

- Cartes de vœux ? Et à quoi servent-ils ?

- Pour rien, mais chez les hommes, ils font fureur.

Partout où les deux animaux se tournaient, c'était course, emballage, envoi, livraison. Les sonneries de téléphone et les salutations froides et monotones résonnaient dans l'air. Tous deux se sont sentis très déçus.

- Je commence à me sentir nostalgique de cette nuit, il y a tant d'années. Tout le monde ici semble fou ! - dit le bœuf.

- Non, non, c'est simplement Noël.

- Ensuite, il y a trop de Noël ! Tu te souviens de Bethléem, des bergers, de la cabane et de ce bébé ? Quelle paix et quelle harmonie ! Vous souvenez-vous du son des cornemuses et de la douce mélodie des anges ?

- Je m'en souviens bien. Et ces trois riches messieurs avec leurs cadeaux ? Comme ils étaient calmes et polis !

- Et la star ? Je me demande s'il est toujours là dans le ciel ?

- J'ai bien peur que non ! - répondit l'âne maintenant attristé.

En effet, ils ont levé leur museau pour regarder, mais ce qu'ils ont vu n'était qu'une épaisse couche de brouillard.

Dino Buzzati

Source : https://www.frateindovino.eu/

Vous trouverez l'histoire en PDF en cliquant sur l'image ci-dessus.

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22 novembre 2023 3 22 /11 /novembre /2023 17:52

Il était une fois, bien avant le Petit Chaperon Rouge, Blanche Neige et Cendrillon, alors que toute chose sur Terre n’était encore que l’ébauche de ce que nous connaissons... il était la Forêt Enchantée.

Elle s’était hissée au plus haut des cimes des montagnes nouvelles nées, d’où on ne pouvait presque plus voir la vallée et sa rivière autour de laquelle, bien des respirations de montagnes plus tard, se blottiraient les maisons des hommes. Petit à petit, sous les coups du Vent, les couronnes des arbres des cimes s’aiguisèrent, de même que leurs feuilles, jusqu’à devenir des épines.

Ces choses tellement étranges, les hommes les nommèrent, leur temps venu, sapins. Comme un beau jour ils touchèrent presque le ciel, Dieu le Père put entendre leur plainte :

- Sans parure, car nous n’avons même pas de feuilles, comme les autres arbres, il ne faut pas s’étonner que les gens ne nous aiment pas et ne nous adoptent pas, comme ils le font avec ces arbres qu’ils abritent dans leurs jardins et leurs vergers. « On juge un arbre d’après ses fruits et un homme d’après ses actions ». C’est grâce à des fruits donc que nous pourrions nous aussi avoir une âme, or, nous n’avons que des épines pour piquer. Hérissons des hauteurs, voilà ce que nous sommes !

- Malgré votre verdure et votre beauté, dit la voix divine, car vous ne perdez pas vos épines à l’automne, comme les autres arbres qui s’effeuillent pendant l’hiver, c’est néanmoins l’éphémère que vous recherchez. Si cependant seuls les fruits et la compagnie des hommes vous rendent heureux, alors ainsi soit-il ! Désormais vous servirez vous aussi les humains. Les uns par l’utilité de leurs bois, les autres, bien choisis, ornés de boules, de décorations et de guirlandes, par l’espoir et le bonheur qu’ils feront régner dans chaque foyer où ils seront reçus, la Nuit de Noël. Frères de sang, les enfants et les sapins de Noël se rassureront réciproquement devant le mystère inquiétant du monde...

Des milliers de saisons baignèrent les sapins, les hêtres, les châtaigniers et les autres arbres des contrées de la Forêt Enchantée, et enfin commence notre Histoire. Une nuit, le Vent souffla sur toutes les montagnes :

- Savez-vous, jeunes arbres, que contiennent vos troncs ? leur demanda-t-il.

- Rien, se fit entendre timidement une toute petite voix.

- Rien pour l’instant, parce que, voyez-vous, mes enfants, dans chacun d’entre vous il y a un vide qu’il faut remplir petit à petit, jour après jour...

- Et de quoi faut-il le remplir ? Demandèrent effrayés les jeunes arbres.

- D’amour et de sagesse. Mais, dites-moi, que rêvez-vous d’offrir aux humains ?

- Moi, je voudrais être un voilier, imagina un petit châtaignier tout fier. Sur les crêtes des vagues, affronter les mers et les océans, connaître l’aventure et porter les marins sur les chemins impériaux des conquistadores, vers des continents lointains, pleins de richesses, d’épices et de mystères...

- Depuis que j’existe, pensa à haute voix le petit hêtre d’à-côté, l’incurable romantique de la Forêt Enchantée, je rêve de devenir un violon, dans les mains magiques d’un luthier de Crémone. Je voudrais qu’il transforme mon silence en un chant miraculeux et caressant, guérisseur des âmes, telle la sève qui s’écoule sur mon tronc quand me blesse l’archer impitoyable du Vent...

Bien évidemment les autres ne voulaient pas sembler inférieurs :

- Moi, je pense à un fauteuil à bascule. Pendant les soirées glaciales d’hiver, devant la cheminée, un grand-père pourrait dans mes bras raconter d’innombrables histoires à ses petits- enfants. ..

- Moi, je voudrais être du papier pour un merveilleux Conte de Noël...

- Quant à moi, j’aimerais être le berceau d’un nouveau-né...

- Moi, c’est un feu vif, joyeux et agréable que j’offrirais aux humains, pour leur chauffer et les corps et les âmes...

- Être une poutre dans l’échafaudage d’une maison d’où les gens scrutent avec audace l’horizon soucieux du lendemain me paraît aussi une bonne idée...

- Moi, je rêve d’être Sapin de Noël...

Cette petite voix qu’on venait d’entendre était celle du plus brave et du plus gentil des bébés- sapins, qu’on avait nommé, à juste titre, Petit Veinard.

- Très bien, acquiesça le Vent. Vos rêves seront accomplis, mais en attendant chacun d’entre vous doit encore grandir et cultiver ses talents...

- Mais notre départ ne sera-t-il pas une trop grosse perte pour la Forêt, s’inquiéta soudainement le petit hêtre à vocation de violon.

- Non, mon enfant, le rassura un bruissement, aucunement. Vous partirez, c’est vrai, mais d’autres arbres prendront votre place. Il vous faut juste sentir désormais déjà la sève et la magie de la terre qui vous a engendrés, vous en nourrir et, le moment venu, les mettre en œuvre là où le destin le voudra...

Des jours et des nuits sans nombre traversèrent la solitude des montagnes et les sapins des hautes montagnes poussaient à chaque instant. Ä l’arrivée du froid ils revêtirent leurs capuches de neige. Les aigles et les vautours les visitaient de moins en moins souvent. Suspendus entre les neiges et le brouillard, loin du monde, les chemins de la Forêt Enchantée n’étaient désormais que très rarement fréquentés par des petits lapins égarés ou des chèvres, effrayées par les cris des loups affamés. De temps à autre, le son triste du cor de chasse ou le bruit des haches, retentissant de la vallée, faisaient tressaillir les sapins. Leurs regards, fixés jusque-là sur la Cime des Chèvres, se retournèrent alors vers leurs propres pensées :

- Pourquoi chacun d’entre nous se sent-il si seul ? demanda tout d’un coup Petit Veinard.

- Pour que tous seuls et de bon gré vous deveniez meilleurs, répondit le Vent. Sans cesse cependant, lorsque le Soleil ou la Lune approchent vos cimes, avec l’inquiétude et l’amour des parents embrassant leurs enfants dans leur sommeil, le Ciel vous caresse dans votre solitude. De même vous, les sapins, vous le ferez pour les enfants de la Contrée des Hommes à Noël.

Cependant la neige trouva la petite ville de Stéphane. Une immense araignée semblait avoir tissé un hiver de lumière au-dessus de la Contrée des Hommes. Les gens parcouraient les rues de plus en plus pressés. Ce n’était pas tant le froid de l’hiver qui les rendait si impatients, mais surtout l’agitation de la veille de Noël.

Pendant ce temps, Père Noël regardait à travers les fenêtres des maisons où il y avait des enfants. Naturellement, il jeta aussi un coup d’œil dans la maison de Stéphane. Mais son étonnement fut immense de voir et d’entendre ce qui s’y passait alors même que Noël approchait à grands pas... Stéphane n’était plus du tout l’enfant obéissant et gentil de l’année passée. Père Noël n’en revenait pas. Au bout d’un certain temps, il tourna à nouveau ses regards vers le petit garçon, mais il n’aperçut pas le moindre changement. Le visage du Père Noël {obscurcit et avec lui la lumière du jour même, à cause de son chagrin...

Devant ce comportement si inattendu, Père Noël se demanda où était le petit Stéphane, « le plus sage des enfants » du Conte de Noël. Y avait-il de l’espoir pour que ce garçon puisse encore recevoir des cadeaux ?

- Je ferai un dernier essai, dit-il d’un air pensif. J’enverrai Petit Veinard dans la maison de Stéphane, en espérant qu’il se débrouillera avec cet enfant...

Père Noël refusait, en effet, d’admettre que Petit Veinard puisse échouer...

- Si Stéphane ne redevient pas sage, reprit-il, ils lui trouveront toutes sortes de punitions, jusqu’à ce qu’il comprenne que dans la vie il y a des lois infranchissables et que les responsabilités doivent être assumées dès l’enfance...

C’est pourquoi Petit Veinard se réveilla d’un coup, un beau matin, dans la maison de Stéphane... Étourdi et accablé par la nouveauté et l’étrangeté de l’endroit, le petit sapin ne s’aperçut pas de la présence des humains dans la pièce...

- Regarde, Stéphane, ton sapin, dit un jeune homme, vraisemblablement le père de l’enfant. Orne-le pour Noël et désormais ce sera toujours à toi de l’arroser et de lui tenir compagnie, pour qu’il ne soit pas triste et qu’il ne sèche pas. Si tu veux, nous pouvons t’aider. Je pense qu’il est inutile de te rappeler que tu as intérêt à être très sage, parce que Père Noël doit être accueilli avec des manières irréprochables...

La petite lumière des yeux de l’enfant s’alluma, le signe qu’il avait compris.

- Viens chercher les guirlandes, les décorations et les boules !

À l’approche du soir le petit sapin était méconnaissable. Paré de la plus belle façon, il prit une voix humaine :

- Je viens de la Forêt Enchantée. Je m’appelle Petit Veinard.

- Moi, je m’appelle Stéphane.

- Voudrais-tu être mon ami ?

- Bien entendu.

- Tu sais, Petit Veinard, je suis un peu triste. Je vais te raconter... Et les deux ne cessèrent plus d’ouvrir leurs âmes l’un à l’autre.

Peu après, dans la maison de Stéphane entra Petit Chanceux, le Ramoneur, celui qui tous les ans nettoie les cheminées pour la visite du Père Noël. Petit Veinard murmura à Stéphane qu’il fallait l’accueillir gentiment et lui serrer la main, lui souhaitant la bienvenue. Le Ramoneur avait le pouvoir magique de rendre les gens heureux si, bien évidemment, ils avaient l’âme pure. Ainsi le Ramoneur allait apporter à Stéphane aussi le bonheur. Le petit sapin conseilla au garçon de dire au Ramoneur tout son chagrin, car, en tant qu’homme de confiance du Père Noël, il était dans son pouvoir de l’aider. Le Ramoneur nettoya la cheminée avec sa brosse et son balai jusqu’à ce que la fumée ne sorte plus en petits ronds, mais tout droit, signe que le monde miraculeux de la cheminée, point de départ de la visite du Père Noël, était satisfait. Ainsi, à la descente du Père Noël, ses vêtements resteraient propres. Stéphane suivit ensuite le conseil de Petit Veinard :

- Je suis un petit garçon très malheureux, éclata-t-il en larmes, s’adressant au Ramoneur. Mes parents ne me comprennent et ne m’aiment pas. Quand je serai grand et que j’aurai des enfants, je ne les punirai jamais. Je leur expliquerai ce qui ne convient pas lorsqu’ils feront des erreurs et je leur montrerai beaucoup d’amour. Mon grand-père m’a dit que c’est surtout l’amour qui fait grandir un enfant et en dernier seulement la nourriture et le sommeil, parce que les rêves aussi font grandir... Et mon grand-père dit aussi que les sentiments modèlent l’âme autant que la raison. . .

- Mais toi, Stéphane ! As-tu été sage ? Ne l’as-tu pas cherché ? Tes parents sans le moindre doute t’aiment beaucoup, le rassura le Ramoneur Petit Chanceux. Le visage et les vêtements pleins de suie, en disant ces mots ses lèvres noircies révélèrent des dents d’un blanc éclatant, pareilles aux neiges des cimes où était né Petit Veinard. La complicité de Stéphane et de Petit Chanceux fit frémir de joie le petit sapin.

- Mais si mes parents m’aiment, pourquoi me punissent-ils ? Ils sont plus grands que moi et ils devraient me comprendre et pardonner mes bêtises.

- Sais-tu qu’un enfant a des pouvoirs magiques ? Il est le seul à détenir une baguette enchantée et invisible capable de rendre heureuse sa famille. Et maintenant je te pose une question : as-tu rendu ta famille heureuse ?

- Je ne pense pas.

- Tu exagères.

- Mais qu’est-ce que j’en sais moi ? De toutes façons ma famille n’a pas vraiment l’air content.

- Il ne faut pas se laisser tromper par les apparences. Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles ont l’air d’être, et à ceux qui attachent un trop grand prix aux apparences l’essentiel peut échapper.

- Et quel serait l’essentiel ?

- L’essentiel est que tes parents t’aiment le plus au monde et s’ils désirent que tu sois sage c’est pour ton bien. Et s’ils n’ont pas l’air d’être contents de toi c’est que tu ne t’es pas servi de ta baguette magique.

- Ma baguette, où est-elle ?

- Je te l’ai déjà dit et je te le répète, elle est invisible...

- Je n’y comprends rien...

- Réfléchis un peu ! Que manque-t-il à tes parents pour être contents de toi ?

- De me voir sage et obéissant comme je j’étais auparavant...

- Tu vois ? La clé de tes problèmes est simple comme bonjour. Sois sage et obéissant et ta baquette magique deviendra ainsi visible...

- Donc c’est toujours à moi de travailler car cette baguette, comme « les vêtements neufs de l’empereur », n’existe même pas...

- Elle n’existe pas ? Mais bien sûr elle existe. Les maisons, les villes, les voitures, tout ce qui nous entoure a été engendré par une baguette magique, mais celle des adultes, cette fois. Rien n’aurait pu être crée sans ce petit quelque chose invisible, mais d’une force inégalable. Tu ne le vois pas et cependant tu sais qu’il existe, de même que je ne vois pas ton cœur, mais je sais qu’il existe, car sans lui tu ne pourrais pas vivre. Regarde-moi ! Bien que je sois noir de suie je ne suis jamais triste, bien au contraire, nettoyant les cheminées et sifflant allègrement j’offre aux gens en même temps que mon sourire la chance dont ils ont tous besoin. Voilà ma baguette magique ! Sers-toi, comme moi, de ta baguette et tu verras que les choses tourneront mieux en ce qui te concerne ! Le Ramoneur Petit Chanceux ramassa ensuite ses outils et reprit son chemin. Pensif, Stéphane pesa les conseils reçus :

- Mais si tout ne marchait pas comme sur des roulettes ? Je serais devenu obéissant pour rien ?

- Personne n’a jamais été sage pour rien, riposta Petit Veinard.

Depuis que le monde existe on reçoit toujours à la mesure de ce que l’on donne.

- Je suivrai donc le conseil du Ramoneur. Petit Veinard, je désirerais très fort que nous soyons des Frères de sang tous les deux. Qu’en penses-tu ? Tu le désires aussi ?

- Bien entendu. C’est là précisément ma baguette magique !

Stéphane caressa les branches du sapin et leur doux mouvement le fit glisser dans le sommeil. Dans son rêve il se retrouva dans un merveilleux paysage : de hautes montagnes, des lacs limpides, de beaux et fiers sapins, un paysage pareil à celui de la Contrée d’où venait Petit Veinard et qu’il lui avait si souvent décrite.

- Les contes et les rêves, murmura le petit sapin à son oreille, nous aident non seulement à devenir meilleurs mais aussi à trouver réconfort lorsque nous sommes malheureux. Dehors, les maisons avaient l’air de s’endormir elles aussi. Ce n’était qu’autour de Petit Veinard qu’à travers la fenêtre ouverte pénétrait le murmure mystérieux des flocons qui dansaient dans l’air. Les jours suivants, Petit Veinard sut que Stéphane avait compris ce qu’il devait faire et se mit à l’aider. Ils étaient inséparables toute la sainte journée. Les maladresses et les bêtises de Stéphane furent complètement oubliées dès qu’il retrouva son bon sens.

- Je voudrais que tu sois le plus brillant de tous les sapins de Noël, lui dit Stéphane un beau matin.

- Oh, que c’est joli de ta part, chuchota ému Petit Veinard. Le grand-père se mêla de la discussion :

- Si tu veux qu’il brille, tu n’as que le regarder à travers la lumière de ton âme. De même que tu devrais nous regarder, nous, ta famille. C’est la magie de Noël.

Un soir Petit Veinard se vit entouré par des boîtes décorées de rubans de couleurs vives.

- Que m’arrive-t-il ?, se demanda Petit Veinard.

Devant lui se trouvait Père Noël en personne. Remarquant l’étonnement du petit sapin, il le rassura :

- Ce sont les cadeaux pour Stéphane. Il les mérite parce qu’il est redevenu sage, grâce à ton aide. À côté se trouvent les cadeaux pour les autres, car Noël est aussi la fête de la famille. Parents et grands-parents se rassemblent autour du sapin avec leurs enfants et célèbrent ainsi la naissance du petit Jésus. Et maintenant à toi de jouer, Petit Veinard, dit Père Noël qui se rendit invisible.

Petit Veinard ramassa toutes les forces dont il avait été investi par la Forêt Enchantée et entonna « Il est né le divin enfant ». La famille fit un cercle autour de Petit Veinard et de Stéphane et chanta « Mon beau sapin ». Ensuite, partageant les cadeaux, ils s’embrassèrent tous avec joie et amour. La nuit de Noël les enveloppa de son mystère et les étoiles mêmes en ressentirent le frisson. Les parents et les grands-parents passèrent dans l’autre pièce. Ils s’assirent devant une table remplie de mets succulents, préparés la veille par la maman et par la grand-mère, soigneusement aidées par Stéphane. L’enfant resta encore quelques instants dans la pièce près de Petit Veinard :

- As-tu vu comme elle est heureuse ta famille, Stéphane ?, murmura Petit Veinard. Voilà une véritable baguette magique ! Ainsi tu m’as donné une âme...

- Toi aussi tu m’en as donné une, répondit l’enfant, les yeux remplis de larmes de reconnaissance. Je t’en remercie... Les jours passèrent. Après Noël, le Jour de l’An apporta d’autres joies et surprises. Vint ensuite l’Épiphanie. Approchant Petit Veinard, Stéphane pâlit soudainement. La verdure du sapin avait perdu son éclat et maintes épines gisaient sur le tapis. Que lui était-il arrivé ? Il l’avait pourtant arrosé chaque jour et lui avait tenu compagnie comme le lui avait conseillé son père. Il courut à perdre souffle chercher son grand-père et, le tenant par la main, le conduisit dans la pièce où se trouvait Petit Veinard.

- Stéphane, se mit à parler d’une voix rassurante le vieillard, la vie est un mystère devant lequel nous, les humains, sommes impuissants. Pour être à. côté de toi à Noël, Petit Veinard fut arraché à sa terre natale et conduit ici pour accomplir, dans ta compagnie, son destin. Il ne pouvait pas rester ici indéfiniment, car il ne pouvait pas survivre sans racines. Et, quand on ne peut pas prendre racines, on est obligé de prendre son vol. Petit Veinard n’avait pas le choix. Les sapins de Noël doivent quitter la Contrée des Humains le 6 janvier, quand leurs âmes s’envolent.

- Et où vont-elles ?

- Dans la Contrée Magique où ils vivront éternellement, en récompense de l’espoir et du bonheur qu’ils ont offerts aux humains.

- Mais Petit Veinard et moi sommes frères de sang, se plaignit l’enfant, pleurant à chaudes larmes. Je dois y aller moi aussi, pour que nous soyons à nouveau ensemble. Les frères de sang ne se séparent jamais, quoi qu’il arrive, et doivent toujours s’entraider...

- Mon cher petit, tenta de le rassurer le vieillard, il est vrai, les frères de sang s’entraident, mais vous deux vous vous êtes aidés l’un l’autre comme on ne peut pas mieux. « On juge un arbre d’après ses fruits et un homme d’après ses actions ». Avant l’arrivée de Petit Veinard dans notre maison tu étais agité et désobéissant outre mesure. Votre amitié t’a aidé à redevenir sage. Ce sont les fruits de Petit Veinard et toi, à ton tout, redevenant sage, tu l’as aidé à accomplir son destin. Ce que tu pourrais encore faire désormais, pour qu’une nouvelle rencontre soit possible un jour pour vous, est de rester sage et d’obéir à tes parents, de préserver la pureté de ton âme et de rester sur le droit chemin.

- Et nous allons nous rencontrer dans la Contrée Magique, dis-tu ? Mais moi je grandirai et n’aurai plus le même aspect et puis les petits sapins se ressemblent tellement que je ne pourrai reconnaître Petit Veinard... Alors comment allons-nous nous reconnaître ?

- D’après tes actions, le rassura son grand-père, le regardant droit dans les yeux, pour que le petit garçon s’en souvienne. Petit Veinard te reconnaîtra...

- Et jusqu’à la Contrée Magique on ne se reverra jamais ?

- Mais bien sûr que si. Vous pourrez vous rencontrer la nuit chaque fois que vous le désirerez. C’est pour ça qu’existent les rêves....

- Aurai-je jamais d’autres amis aussi proches que Petit Veinard ?, soupira Stéphane. Je voudrais avoir la chance de me lier en amitié avec un sapin de Noël tous les ans...

- Il en sera ainsi, tu peux en être sûr. Chaque décembre t’enverra un petit sapin de la Forêt Enchantée... Mais ce ne sont que tes belles pensées, paroles et manières d’une année entière qui lui ouvriront la porte. Le vieillard se retira ensuite discrètement pour laisser les deux frères de sang se dire les mots des adieux. Petit Veinard et Stéphane, restés seuls dans la pièce, fixèrent leurs regards à travers la fenêtre ouverte sur la voûte céleste. Les étoiles mystérieuses et frissonnantes s’allumaient une à une. « Il y a plus de deux mille ans une étoile avait guidé les Mages de l’Orient, Melchior, Gaspard et Balthasar, vers Bethléem, pour porter myrrhe, or et encens au Petit Jésus. Que les étoiles guident aussi l’âme de mon petit sapin jusqu’à la Contrée Magique », pensa Stéphane. Finalement le petit garçon brisa le silence :

- Petit Veinard, qui fait briller les étoiles ?

- Nos rêves...

Mircea Goga

Le Père Noël vous ouvrira l'histoire du Petit Veinard en PDF

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21 novembre 2023 2 21 /11 /novembre /2023 21:32

maison-sous-la-neige.gifIl était une fois, – il y a si longtemps que tout le monde a oublié la date, – dans une ville du nord de l’Europe, – dont le nom est si difficile à prononcer que personne ne s’en souvient, – il était une fois un petit garçon de sept ans, nommé Wolff, orphelin de père et de mère, et resté à la charge d’une vieille tante, personne dure et avaricieuse, qui n’embrassait son neveu qu’au Jour de l’An et qui poussait un grand soupir de regret chaque fois qu’elle lui servait une écuellée de soupe.

Mais le pauvre petit était d’un si bon naturel, qu’il aimait tout de même la vieille femme, bien qu’elle lui fit grand peur et qu’il ne pût regarder sans trembler la grosse verrue, ornée de quatre poils gris, qu’elle avait au bout du nez.

Comme la tante de Wolff était connue de toute la ville pour avoir pignon sur rue et de l’or plein un vieux bas de laine, elle n’avait pas osé envoyer son neveu à l’école des pauvres ; mais elle avait tellement chicané, pour obtenir un rabais, avec le magister chez qui le petit Wolff allait en classe, que ce mauvais pédant, vexé d’avoir un élève si mal vêtu et payant si mal, lui infligeait très souvent, et sans justice aucune, l’écriteau dans le dos et le bonnet d’âne, et excitait même contre lui ses camarades, tous fils de bourgeois cossus, qui faisaient de l’orphelin leur souffre-douleur.

Le pauvre mignon était donc malheureux comme les pierres du chemin et se cachait dans tous les coins pour pleurer, quand arrivèrent les fêtes de Noël.

La veille du grand jour, le maître d’école devait conduire tous ses élèves à la messe de minuit et les ramener chez leurs parents.

Or, comme l’hiver était très rigoureux, cette année-là, et comme, depuis plusieurs jours, il était tombé une grande quantité de neige, les écoliers vinrent tous au rendez-vous chaudement empaquetés et emmitouflés, avec bonnets de fourrure enfoncés sur les oreilles, doubles et triples vestes, gants et mitaines de tricot et bonnes grosses bottines à clous et à fortes semelles.

Seul, le petit Wolff se présenta grelottant sous ses habits de tous les jours et des dimanches, et n’ayant aux pieds que des chaussons de Strasbourg dans de lourds sabots.

Ses méchants camarades, devant sa triste mine et sa dégaine de paysan, firent sur son compte mille risées ; mais l’orphelin était tellement occupé à souffler sur ses doigts et souffrait tant de ses engelures, qu’il n’y prit pas garde. – Et la bande de gamins, marchant deux par deux, magister en tête, se mit en route pour la paroisse.

Il faisait bon dans l’église, qui était toute resplendissante de cierges allumés ; et les écoliers, excités par la douce chaleur, profitèrent du tapage de l’orgue et des chants pour bavarder à demi-voix. Ils vantaient les réveillons qui les attendaient dans leurs familles. Le fils du bourgmestre avait vu, avant de partir, une oie monstrueuse, que des truffes tachetaient de points noirs comme un léopard. Chez le premier échevin, il y avait un petit sapin dans une caisse, aux branches duquel pendaient des oranges, des sucreries et des polichinelles. Et la cuisinière du tabellion avait attaché derrière son dos, avec une épingle, les deux brides de son bonnet, ce qu’elle ne faisait que dans ses jours d’inspiration, quand elle était sûre de réussir son fameux plat sucré.

Et puis, les écoliers parlaient aussi de ce que leur apporterait le petit Noël, de ce qu’il déposerait dans leurs souliers, que tous auraient soin, bien entendu, de laisser dans la cheminée avant d’aller se mettre au lit ; – et dans les yeux de ces galopins, éveillés comme une poignée de souris, étincelait par avance la joie d’apercevoir, à leur réveil, le papier rose des sacs de pralines, les soldats de plomb rangés en bataillon dans leur boîte, les ménageries sentant le bois verni et les magnifiques pantins habillés de pourpre et de clinquant.

Le petit Wolff, lui, savait bien, par expérience, que sa vieille avare de tante l’enverrait se coucher sans souper ; mais, naïvement, et certain d’avoir été, toute l’année, aussi sage et aussi laborieux que possible, il espérait que le petit Noël ne l’oublierait pas, et il comptait bien, tout à l’heure, placer sa paire de sabots dans les cendres du foyer.

La messe de minuit terminée, les fidèles s’en allèrent, impatients du réveillon, et la bande des écoliers, toujours deux par deux et suivant le pédagogue, sortit de l’église.

Or, sous le porche, assis sur un banc de pierre surmonté d’une niche ogivale, un enfant était endormi, un enfant couvert d’une robe de laine blanche, et pieds nus, malgré la froidure. Ce n’était point un mendiant, car sa robe était propre et neuve, et, près de lui, sur le sol, on voyait, liés dans une serge, une équerre, une hache, une bisaiguë, et les autres outils de l’apprenti charpentier. Éclairé par la lueur des étoiles, son visage aux yeux clos avait une expression de douceur divine, et ses longs cheveux bouclés, d’un blond roux, semblaient allumer une auréole autour de son front. Mais ses pieds d’enfant, bleuis par le froid de cette nuit cruelle de décembre, faisaient mal à voir.

Les écoliers, si bien vêtus et chaussés pour l’hiver, passèrent indifférents devant l’enfant inconnu ; quelques-uns même, fils des plus gros notables de la ville, jetèrent sur ce vagabond un regard où se lisait tout le mépris des riches pour les pauvres, des gras pour les maigres.

Mais le petit Wolff, sortant de l’église le dernier, s’arrêta tout ému devant le bel enfant qui dormait.les sabots

– « Hélas ! se dit l’orphelin, c’est affreux ! Ce pauvre petit va sans chaussures par un temps si rude... Mais, ce qui est encore pis, il n’a même pas, ce soir, un soulier ou un sabot à laisser devant lui, pendant son sommeil, afin que le petit Noël y dépose de quoi soulager sa misère ! »

Et, emporté par son bon cœur, Wolff retira le sabot de son pied droit, le posa devant l’enfant endormi, et, comme il put, tantôt à cloche-pied, tantôt boitillant et mouillant son chausson dans la neige, il retourna chez sa tante.

– « Voyez le vaurien ! s’écria la vieille, pleine de fureur au retour du déchaussé. Qu’as-tu fait de ton sabot, petit misérable ? »

Le petit Wolff ne savait pas mentir, et bien qu’il grelottât de terreur en voyant se hérisser les poils gris sur le nez de la mégère, il essaya, tout en balbutiant, de conter son aventure.

Mais la vieille avare partit d’un effrayant éclat de rire.

– « Ah ! Monsieur se déchausse pour les mendiants ! Ah ! Monsieur dépareille sa paire de sabots pour un va-nu-pieds !... Voilà du nouveau, par exemple !... Eh bien, puisqu’il en est ainsi, je vais laisser dans la cheminée le sabot qui te reste, et le petit Noël y mettra cette nuit, je t’en réponds, de quoi te fouetter à ton réveil... Et tu passeras la journée de demain à l’eau et au pain sec... Et nous verrons bien si, la prochaine fois, tu donnes encore tes chaussures au premier vagabond venu ! »

Et la méchante femme, après avoir donné au pauvre petit une paire de soufflets, le fit grimper dans la soupente où se trouvait son galetas. Désespéré, l’enfant se coucha dans l’obscurité et s’endormit bientôt sur son oreiller trempé de larmes.

Mais, le lendemain matin, quand la vieille, réveillée par le froid et secouée par son catarrhe, descendit dans sa salle basse, – ô merveille ! – elle vit la grande cheminée pleine de jouets étincelants, de sacs de bonbons magnifiques, de richesses de toutes sortes ; et, devant ce trésor, le sabot droit, que son neveu avait donné au petit vagabond, se trouvait à côté du sabot gauche, qu’elle avait mis là, cette nuit même, et où elle se disposait à planter une poignée de verges.

Et, comme le petit Wolff, accouru aux cris de sa tante, s’extasiait ingénument devant les splendides présents de Noël, voilà que de grands rires éclatèrent au dehors. La femme et l’enfant sortirent pour savoir ce que cela signifiait, et virent toutes les commères réunies autour de la fontaine publique. Que se passait-il donc ? Oh ! Une chose bien plaisante et bien extraordinaire ! Les enfants de tous les richards de la ville, ceux que leurs parents voulaient surprendre par les plus beaux cadeaux, n’avaient trouvé que des verges dans leurs souliers.

Alors, l’orphelin et la vieille femme, songeant à toutes les richesses qui étaient dans leur cheminée, se sentirent pleins d’épouvante. Mais, tout à coup, on vit arriver M. le curé, la figure bouleversée. Au-dessus du banc placé près de la porte de l’église, à l’endroit même où, la veille, un enfant, vêtu d’une robe blanche et pieds nus, malgré le grand froid, avait posé sa tête ensommeillée, le prêtre venait de voir un cercle d’or, incrusté dans les vieilles pierres.

Et tous se signèrent dévotement, comprenant que ce bel enfant endormi, qui avait auprès de lui des outils de charpentier, était Jésus de Nazareth en personne, redevenu pour une heure tel qu’il était quand il travaillait dans la maison de ses parents, et ils s’inclinèrent devant ce miracle que le bon Dieu avait voulu faire pour récompenser la confiance et la charité d’un enfant.

François Coppée

Vous trouverez l'histoire en PDF en cliquant sur l'image ci-dessus.

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21 novembre 2023 2 21 /11 /novembre /2023 17:23

Il était une fois un petit garçon qui s’appelait Marco-Nicolas. Comme Noël s’approchait, il écrivit une lettre au Père Noël pour lui prier de l’aider à sauver sa maman prisonnière d’un magicien. Il lui demandait une paire de skis et des milliers de boules de neige. Quand le Père Noël reçut la lettre, il se gratta la barbe : "Pourquoi le petit Marco-Nicolas a besoin d’une paire de skis puisqu’il n’y a pas de neige en Suisse ?!" (Effectivement, en ce temps-là, la neige ne tombait pas en Suisse...) Le Père Noël décida de l’aider et se prépara pour son voyage en Suisse.

Arrivé au-dessus de la maison du petit Marco-Nicolas, il vit que celui-ci était déjà prêt pour le voyage au Cervin. Quand ils arrivèrent au-dessus de la montagne suisse la plus célèbre, le Père Noël lui dit que le château du magicien devait être tout au sommet de la montagne. Mais le petit Marco-Nicolas était si malin qu’il savait que ce serait trop facile. Alors ils firent le tour de la montagne grâce au traîneau du Père Noël et virent une cabane toute noire au milieu de la forêt... Ils atterrirent et découvrirent un passage secret.

Comme il faisait nuit, il était difficile d’y voir clair. C’est alors que le Père Noël attrapa la lune grâce à son lasso magique. La lune leur servira de lanterne ! Ils empruntèrent le passage secret qui les mena jusqu’à une porte sans poignée. Le petit Marco-Nicolas essaya d’appeler sa maman en murmurant. Celle-ci lui répondit : "Aidez-moi !". Le Père Noël fit appel à ses rennes qui défoncèrent la porte avec leurs bois. Mais quelle surprise ! Un ogre cyclope

avait imité la voix de la maman de Marco-Nicolas ! Il fallait s’en débarrasser au plus vite. Le Père Noël lui dit : "Regarde dans ma hotte, j’ai là plein de lard et de fromage rien que pour toi !" L’ogre cyclope attiré par les cadeaux du Père Noël s’en approcha de trop près. Juste derrière lui, le petit Marco-Nicolas le fit trébucher et tomber dans la hotte sans fond.

Mais où était donc la maman de Marco-Nicolas ? Le Père Noël se posa contre le mur pour réfléchir. Soudain, le mur se mit à bouger et le Père Noël se retrouva de l’autre côté du mur. Marco-Nicolas et la lune comprirent que le Père Noël avait découvert malgré lui une porte secrète. Ils l’empruntèrent à leur tour... C’est alors qu’ils se retrouvèrent tous devant un long escalier qui menait à une autre porte. Ils montèrent jusqu’à celle-ci sur la pointe des pieds. Malheur ! Deux horribles "gardes-robots" arrivèrent derrière eux. Marco-Nicolas cria au Père Noël : "Sortez les boules de neige de votre hotte et préparez-vous à bien viser !" Les boules de neige mouillèrent leur système électronique et les électrocutèrent. Les "gardes-robots" gisaient sur le sol...

"Devant cette porte sans poignée, comment pourrons-nous rentrer ?" pensait le petit Marco- Nicolas. Pendant ce temps, le Père Noël ouvrit la porte grâce à un gros coup de ventre. La porte s’envola et atterrit par chance sur la tête du magicien ! La lune en profita pour ficeler le magicien qui ne pouvait plus bouger !

Au fond de la chambre du magicien, un gros ruban adhésif sur la bouche, la maman de Marco-Nicolas était soulagée de voir son fils venu la sauver. Il lui libéra la bouche et ils se serrèrent fort dans les bras.

Heureux d’avoir retrouvé sa maman, Marco-Nicolas voulait retourner à la maison, mais avant de quitter la chambre du magicien, il se rendit compte du décor : les murs étaient tapissés d’or, des pierres précieuses remplissaient des sacs entiers et sous le lit, dans un vieux coffre en bois, ils découvrirent toutes les économies du magicien ! Ils profitèrent de remplir de ces richesses la hotte sans fond du Père Noël et s’en allèrent. Le magicien se réveillait... Le petit Marco-Nicolas demanda au Père Noël de vider de la hotte les milliers de boules de neige sur la montagne du Cervin. Celui-ci s’exécuta et une magnifique piste de ski fut construite en moins d’un clin d’œil ! Ils fixèrent les skis aux pieds du magicien et le firent glisser sur la piste. Ils ne le revirent plus...

Sur le chemin du retour, le petit Marco-Nicolas se souvint du trésor du magicien et chuchota aux oreilles du Père Noël : "Renversons le trésor du magicien pour que les pauvres du monde entier puissent recevoir un beau cadeau de Noël..." Le Père Noël fit alors tomber une pluie d’argent sur la terre ! Avec ce qu’il restait, il s’offrit à lui aussi un cadeau de Noël : une moto flambant neuve ! Arrivés dans leur maison, le petit Marco-Nicolas et sa maman remercièrent le Père Noël pour toute l’aide qu’il leur avait offerte à tous les deux. Avant son départ dans les airs, ils lui offrirent une photo en souvenir de cette incroyable aventure ! Jamais ils ne l’oublieraient...

Mais qu’était-il advenu du magicien ? Était-il mort ? Du haut de sa montagne, le magicien ayant tellement aimé sa descente à ski, décida de faire tomber la neige sur ses montagnes ! C’est depuis ce jour qu’on peut skier en Suisse...

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20 novembre 2023 1 20 /11 /novembre /2023 20:34

g320.jpgC'était l'hiver. Une épaisse couche de neige recouvrait la terre. Le gel avait figé dans un sommeil sans fin la nature. Un pauvre homme sortit de sa maison avec un traîneau pour aller chercher du bois mort dans la forêt.

Or, le froid était si intense dans la forêt, que quand il eût chargé son traîneau avec tout le bois qu'il avait pu ramasser, il se trouva incapable de rentrer chez lui tant il était transi. Il décida de faire un petit feu pour se réchauffer avant de poursuivre sa route. Il balaya la neige pour installer quelques branchettes, et, tout en raclant le sol, il trouva une petite clef d'or.

Croyant que là où était la clef, il devait y avoir aussi la serrure, il creusa la terre. Il creusa encore et encore au point que la sueur tombait de son front jusque dans ses yeux. Il creusa longtemps, des heures et des heures.

Enfin, il trouva une cassette de fer. - Pourvu que la clef aille ! pensa-t-il. La cassette contient sûrement un trésor. Il chercha et chercha encore pendant des jours et des jours.

Mais il ne vit pas le moindre trou de serrure. Il en découvrit un, mais si petit que c'est tout juste si on le voyait. Maintenant, il fallait essayer la clef.

Il essaya pendant des semaines, des semaines et des mois. Et la clef alla dans la serrure ! Il était tellement réjoui qu'il n'avait toujours pas froid. Mais il fallait encore soulever le couvercle. Il s'y employa pendant des années. Et il y est encore.

Donc, il nous faut attendre qu'il ait fini de soulever le couvercle. Alors, nous saurons nous aussi quelles choses merveilleuses sont contenues dans la cassette !

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20 novembre 2023 1 20 /11 /novembre /2023 17:34

Le docteur Bonenfant cherchait dans sa mémoire, répétant à mi-voix : « Un souvenir de Noël ?... Un souvenir de Noël ?...

Et tout à coup, il s'écria :

- Mais si, j'en ai un, et un bien étrange encore ; c'est une histoire fantastique. J'ai vu un miracle ! Oui, mesdames, un miracle, la nuit de Noël.

Cela vous étonne de m'entendre parler ainsi, moi qui ne crois guère à rien. Et pourtant j'ai vu un miracle ! Je l'ai vu, fis-je, vu, de mes propres yeux vu, ce qui s'appelle vu.

En ai-je été fort surpris ? non pas ; car si je ne crois point à vos croyances, je crois à la foi, et je sais qu'elle transporte les montagnes. Je pourrais citer bien des exemples ; mais je vous indignerais et je m'exposerais aussi à amoindrir l'effet de mon histoire.

Je vous avouerai d'abord que si je n'ai pas été fort convaincu et converti par ce que j'ai vu, j'ai été du moins fort ému, et je vais tâcher de vous dire la chose naïvement, comme si j'avais une crédulité d'Auvergnat.

J'étais alors médecin de campagne, habitant le bourg de Rolleville, en pleine Normandie. L'hiver, cette année-là, fut terrible. Dès la fin de novembre, les neiges arrivèrent après une semaine de gelées. On voyait de loin les gros nuages venir du nord ; et la blanche descente des flocons commença. En une nuit, toute la plaine fut ensevelie.

Les fermes, isolées dans leurs cours carrées, derrière leurs rideaux de grands arbres poudrés de frimas, semblaient s'endormir sous l'accumulation de cette mousse épaisse et légère.

Aucun bruit ne traversait plus la campagne immobile. Seuls les corbeaux, par bandes, décrivaient de longs festons dans le ciel, cherchant leur vie inutilement, s'abattant tous ensemble sur les champs livides et piquant la neige de leurs grands becs.

On n'entendait rien que le glissement vague et continu de cette poussière tombant toujours.

Cela dura huit jours pleins, puis l'avalanche s'arrêta. La terre avait sur le dos un manteau épais de cinq pieds. Et, pendant trois semaines ensuite, un ciel clair, comme un cristal bleu le jour, et, la nuit, tout semé d'étoiles qu'on aurait crues de givre, tant le vaste espace était rigoureux, s'étendit sur la nappe unie, dure et luisante des neiges.

La plaine, les haies, les ormes des clôtures, tout semblait mort, tué par le froid. Ni hommes ni bêtes ne sortaient plus : seules les cheminées des chaumières en chemise blanche révélaient la vie cachée, par les minces filets de fumée qui montaient droit dans l'air glacial.

De temps en temps on entendait craquer les arbres, comme si leurs membres de bois se fussent brisés sous l'écorce ; et, parfois, une grosse branche se détachait et tombait, l'invincible gelée pétrifiant la sève et cassant les fibres.

Les habitations semées çà et là par les champs semblaient éloignées de cent lieues les unes des autres. On vivait comme on pouvait. Seul, j'essayais d'aller voir mes clients les plus proches, m'exposant sans cesse à rester enseveli dans quelque creux.

Je m'aperçus bientôt qu'une terreur mystérieuse planait sur le pays. Un tel fléau, pensait-on, n'était point naturel. On prétendit qu'on entendait des voix la nuit, des sifflements aigus, des cris qui passaient.

Ces cris et ces sifflements venaient sans aucun doute des oiseaux émigrants qui voyagent au crépuscule, et qui fuyaient en masse vers le sud. Mais allez donc faire entendre raison à des gens affolés. Une épouvante envahissait les esprits et on s'attendait à un événement extraordinaire.

Image associée La forge du père Vatinel était située au bout du hameau d'Épivent, sur la grande route, maintenant invisible et déserte. Or, comme les gens manquaient de pain, le forgeron résolut d'aller jusqu'au village. Il resta quelques heures à causer dans les six maisons qui forment le centre du pays, prit son pain et des nouvelles, et un peu de cette peur épandue sur la campagne. Et il se mit en route avant la nuit. Tout à coup, en longeant une haie, il crut voir un œuf dans la neige ; oui, un œuf déposé là, tout blanc comme le reste du monde. Il se pencha, c'était un œuf en effet. D'où venait-il ? Quelle poule avait pu sortir du poulailler et venir pondre en cet endroit ? Le forgeron s'étonna, ne comprit pas ; mais il ramassa l’œuf et le porta à sa femme.

« Tiens, la maîtresse, v'là un œuf que j'ai trouvé sur la route ! »

La femme hocha la tête :

« Un œuf sur la route ? Par ce temps-ci, t'es soûl, bien sûr ?

- Mais non, la maîtresse, même qu'il était au pied d'une haie, et encore chaud, pas gelé. Le v'là, j'me l'ai mis sur l'estomac pour qui n'refroidisse pas. Tu le mangeras pour ton dîner ».

L’œuf fut glissé dans la marmite où mijotait la soupe, et le forgeron se mit à raconter ce qu'on disait par la contrée.

La femme écoutait toute pâle. « Pour sûr que j'ai entendu des sifflets l'autre nuit, même qu'ils semblaient v'nir de la cheminée ».

On se mit à table, on mangea la soupe d'abord, puis, pendant que le mari étendait du beurre sur son pain, la femme prit l’œuf et l'examina d'un œil méfiant.

« Si y avait quelque chose dans c't'œuf ?

- Qué que tu veux qu'y ait ?

- J'sais ti, mé ?

- Allons, mange-le, et fais pas la bête ».

Elle ouvrit l’œuf. Il était comme tous les œufs, et bien frais. Image associée

Elle se mit à le manger en hésitant, le goûtant, le laissant, le reprenant. Le mari disait : « Eh bien ! qué goût qu'il a, c't'œuf ? »

Elle ne répondit pas et elle acheva de l'avaler ; puis, soudain, elle planta sur son homme des yeux fixes, hagards, alliolés, leva les bras, les tordit et, convulsée de la tête aux pieds, roula par terre, en poussant des cris horribles.

Toute la nuit elle se débattit en des spasmes épouvantables, secouée de tremblements effrayants, déformée par de hideuses convulsions. Le forgeron, impuissant à la tenir, fut obligé de la lier. Et elle hurlait sans repos, d'une voix infatigable :

« J'l'ai dans l'corps ! J'l'ai dans l'corps ! »

Je fus appelé le lendemain. J'ordonnai tous les calmants connus sans obtenir le moindre résultat. Elle était folle.

Alors, avec une incroyable rapidité, malgré l'obstacle des hautes neiges, la nouvelle, une nouvelle étrange, courut de ferme en ferme : « La femme du forgeron qu'est possédée ! » Et on venait de partout, sans oser pénétrer dans la maison ; on écoutait de loin ses cris affreux poussés d'une voix si forte qu'on ne les aurait pas crus d'une créature humaine.

Le curé du village fut prévenu. C'était un vieux prêtre naïf. Il accourut en surplis comme pour administrer un mourant et il prononça, en étendant les mains, les formules d'exorcisme, pendant que quatre hommes maintenaient sur un lit la femme écumante et tordue. Mais l'esprit ne fut point chassé. Et la Noël arriva sans que le temps eût changé.

La veille au matin, le prêtre vint me trouver :

« J'ai envie, dit-il, de faire assister à l'office de cette nuit cette malheureuse. Peut-être Dieu fera-t-il un miracle en sa faveur, à l'heure même où il naquit d'une femme ».

Je répondis au curé :

« Je vous approuve absolument, monsieur l'abbé. Si elle a l'esprit frappé par la cérémonie (et rien n'est plus propice à l'émouvoir), elle peut être sauvée sans autre remède ».

Le vieux prêtre murmura :

« Vous n'êtes pas croyant, docteur, mais aidez-moi, n'est-ce pas ? Vous vous chargez de l'amener ? »

Image associée Et je lui promis mon aide. Le soir vint, puis la nuit ; et la cloche de l'église se mit à sonner, jetant sa voix plaintive à travers l'espace morne, sur l'étendue blanche et glacée des neiges. Des êtres noirs s'en venaient lentement, par groupes, dociles au cri d'airain du clocher. La pleine lune éclairait d'une lueur vive et blafarde tout l'horizon, rendait plus visible la pâle désolation des champs. J'avais pris quatre hommes robustes et je me rendis à la forge. La possédée hurlait toujours, attachée à sa couche. On la vêtit proprement malgré sa résistance éperdue, et on l'emporta. L’église était maintenant pleine de monde, illuminée et froide ; les chantres poussaient leurs notes monotones ; le serpent ronflait ; la petite sonnette de l'enfant de chœur tintait, réglant les mouvements des fidèles. J'enfermai la femme et ses gardiens dans la cuisine du presbytère, et j'attendis le moment que je croyais favorable.

Je choisis l'instant qui suit la communion. Tous les paysans, hommes et femmes, avaient reçu leur Dieu pour fléchir sa rigueur. Un grand silence planait pendant que le prêtre achevait le mystère divin. Sur mon ordre, la porte fut ouverte et les quatre aides apportèrent la folle. Dès qu'elle aperçut les lumières, la foule à genoux, le chœur en feu et le tabernacle doré, elle se débattit d'une telle vigueur, qu'elle faillit nous échapper, et elle poussa des clameurs si aiguës qu'un frisson d'épouvante passa dans l'église ; toutes les têtes se relevèrent ; des gens s'enfuirent. Elle n'avait plus la forme d'une femme, crispée et tordue en nos mains, le visage contourné, les yeux fous. Image associée On la traîna jusqu'aux marches du chœur et puis on la tint fortement accroupie à terre. Le prêtre s'était levé ; il attendait. Dès qu'il la vit arrêtée, il prit en ses mains l'ostensoir ceint de rayons d'or, avec l'hostie blanche au milieu, et, s'avançant de quelques pas, il l'éleva de ses deux bras tendus au-dessus de sa tête, le présentant aux regards effarés de la démoniaque. Elle hurlait toujours, l’œil fixé, tendu sur cet objet rayonnant.

Et le prêtre demeurait tellement immobile qu'on l'aurait pris pour une statue. Et cela dura longtemps, longtemps. La femme semblait saisie de peur, fascinée ; elle contemplait fixement l'ostensoir, secouée encore de tremblements terribles, mais passagers, et criant toujours, mais d'une voix moins déchirante. Et cela dura encore longtemps.

On eût dit qu'elle ne pouvait plus baisser les yeux, qu'ils étaient rivés sur l'hostie ; elle ne faisait plus que gémir ; et son corps raidi s'amollissait, s'affaissait. Toute la foule était prosternée, le front par terre. La possédée maintenant baissait rapidement les paupières, puis les relevait aussitôt, comme impuissante à supporter la vue de son Dieu. Elle s'était tue. Et puis soudain, je m'aperçus que ses yeux demeuraient clos. Elle dormait du sommeil des somnambules, hypnotisée, pardon ! Vaincue par la contemplation persistante de l'ostensoir aux rayons d'or, terrassée par le Christ victorieux. On l'emporta, inerte, pendant que le prêtre remontait vers l'autel. L'assistance, bouleversée, entonna le Te Deum d'action de grâces. Et la femme du forgeron dormit quarante heures de suite, puis se réveilla sans aucun souvenir de la possession ni de la délivrance. Voilà, mesdames, le miracle que j'ai vu.

Le docteur Bonenfant se tut, puis ajouta d'une voix contrariée : « Je n'ai pu refuser de l'attester par écrit ».

Source : Guy de Maupassant

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19 novembre 2023 7 19 /11 /novembre /2023 22:07

Un jour, un pauvre bûcheron travaillait dans la forêt. Il abattait des arbres et il en faisait des bûches. Au moment de la pause, il vit une fée des bois debout sur une feuille, non loin de là. Il ferma les yeux, se les frotta et les rouvrit : elle était encore là !

- Je suis venue t'offrir trois souhaits, lui expliqua-t-elle. Tes trois prochains souhaits vont se réaliser. Sois raisonnable. Et elle disparut. Son travail terminé, le bûcheron rentra chez lui et raconta à sa femme ce qui lui était arrivé. Elle ne crut pas un mot du récit de son mari.

- Tu as dû rêver, lui lança-t-elle en riant. Cela dit, on ne sait jamais, fais attention avant de souhaiter quoi que ce soit ! Ils réfléchirent longtemps ensemble. Est-ce qu'ils allaient demander de l'or, des bijoux, une belle maison ? Ils discutèrent sur tout sans pouvoir se mettre d'accord et, finalement, le bûcheron dit :

- Moi, j'ai faim ! Mangeons d'abord. – Hélas ! Il n'y a que de la soupe, se

désola sa femme. Je n'avais pas d'argent pour acheter de la viande.

- Encore de la soupe ! grogna le bûcheron. Comme j'aimerais avoir une bonne saucisse bien grasse à manger ce soir. À peine eût-il prononcé ces mots qu'une bonne saucisse bien grasse apparut sur la table de la cuisine.

- C'est malin ! Hurla sa femme. Tu as gâché un de nos précieux souhaits ! Et elle continua à crier jusqu'à ce qu'il ne puisse plus la supporter. Il s'exclama :

- Je voudrais que cette saucisse te pende au bout du nez ! Aussitôt, la grosse saucisse sauta en l'air et vint se coller au bout du nez de sa femme.

Elle n'arrivait plus du tout à parler et, pourtant, sa colère était terrible d'autant que le bûcheron se moquait de son allure grotesque. Elle tira et tira sur la saucisse, il tira et tira. Mais la saucisse ne bougea pas. Le bûcheron cessa de rire quand il se souvint qu'il n'avait plus qu'un seul souhait :

- Demandons toutes les richesses du monde.

- Quel bien cela me fera-t-il, pleurait-elle. Je ne pourrai pas en profiter un seul instant. Les gens se moqueront de moi où que j'aille. Le bûcheron aimait sa femme et c'était un brave homme aussi finit-il par se mettre d'accord avec

elle. Ils n'eurent plus qu'à souhaiter d'être débarrassés de cette saucisse gênante. Le bûcheron prononça le souhait, et, aussitôt, la saucisse disparut. Il s'assit avec sa femme pour manger la soupe qu'elle avait préparée. Pendant longtemps, la seule chose sur laquelle ils tombaient d'accord, c'était sur leur bêtise. Ils se reprochèrent aussi de n'avoir pas mangé la saucisse quand elle était apparue sur la table !

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19 novembre 2023 7 19 /11 /novembre /2023 18:08

Une vieille femme était en train de faire du pain d'épice. Comme il lui restait de la pâte, elle façonna un petit bonhomme. Avec des raisins secs, elle dessina des yeux, un nez, un grand sourire et les boutons de son habit. Puis elle le mit à cuire. Au bout d'un moment, elle entendit tambouriner à la porte du four...

Elle l'ouvrit et, à sa grande surprise, le petit bonhomme de pain d'épice en sortit d'un bond. Elle voulut l'attraper, mais il lui échappa en criant :

Cours, cours, aussi vite que tu peux ! Tu ne m'attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d'épice ! Elle le poursuivit dans le jardin où son mari travaillait. Il posa sa bêche et voulut aussi le saisir, mais quand le bonhomme

de pain d'épice passa devant lui, il lui lança :

Cours, cours, aussi vite que tu peux ! Tu ne m'attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d'épice ! En arrivant sur la route, il rencontra une vache. La vache l'appela, mais le bonhomme de pain d'épice cria par-dessus son épaule :

J'ai échappé à une vieille femme. J'ai échappé à un vieil homme. Cours, cours, aussi vite que tu peux ! Tu ne m'attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d'épice ! La vache se mit à le poursuivre, suivie du vieux et de la vieille. Le bonhomme de pain d'épice rencontra un cheval.

Arrête-toi dit le cheval, je voudrais te manger. Mais le bonhomme de pain d'épice répondit :

J'ai échappé à une vieille femme. J'ai échappé à un vieil homme. J'ai échappé à une vache. Cours, cours, aussi vite que tu peux ! Tu ne m'attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d'épice ! Il rencontra des paysans qui rentraient du foin. Ils le regardèrent tous passer. Et le bonhomme de pain d'épice leur cria :

Cours, cours, aussi vite que tu peux ! Tu ne m'attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d'épice ! Les paysans rejoignirent le cortège, derrière la vieille femme, le vieil homme, la vache et le cheval. Puis le bonhomme de pain d'épice rencontra un renard et lui dit :

Cours, cours, aussi vite que tu peux ! Tu ne m'attraperas pas, je suis le bonhomme de pain d'épice ! Alors, le rusé renard lui répondit :

Mais je ne veux pas t'attraper ! Après avoir dépassé le renard, le bonhomme de pain d'épice dut s'arrêter devant une rivière large et profonde. Le renard vit la vieille femme, le vieil homme, la vache, le cheval et les paysans qui poursuivaient le bonhomme de pain d'épice, alors il lui proposa :

Monte sur mon dos, je te fais traverser la rivière. Le bonhomme de pain d'épice monta sur le dos du renard qui commença à nager. Au milieu de la rivière, là où l'eau est profonde, le renard ordonna :

Monte sur ma tête, bonhomme de pain d'épice ou tu vas être mouillé. Le bonhomme de pain d'épice se mit debout sur la tête du renard. Comme le courant était rapide, le renard lui dit : - Monte plutôt sur mon museau. Je ne veux pas que tu te noies. Le bonhomme de pain d'épice glissa sur le museau du renard. Mais quand ils arrivèrent de l'autre côté de la rivière, sains et saufs, le renard brusquement ouvrit la gueule et, GLOUP ! Il happa le bonhomme de pain d'épice. On n'en a plus jamais entendu parler depuis...

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