
Dans le Charolais, le 25 juillet 1647, est baptisée une petite fille de trois jours, du nom de Marguerite Alacoque. Elle grandit dans une famille fervente et se sent très tôt animée d’un vif amour pour le Christ qu’elle reconnaît présent dans l’Eucharistie.
Dès l’âge de 5 ans, au cours d’une messe célébrée dans le château de sa marraine elle se sent pressée par le Christ à prononcer ces mots :
Mon Dieu, je vous consacre ma pureté et vous fais vœu de perpétuelle chasteté.
À la mort de son père elle est recueillie avec sa mère chez des parents aux mœurs rudes et brutaux. Elle trouve réconfort dans la prière et c’est alors qu’elle a les premières visions du Christ qui lui apparaît généralement sur la croix ou, comme un soir où elle avait été entraînée au bal, sous la forme de l’Ecce Homo ayant subi les coups de la flagellation. Elle ne s’en étonnait guère et pensait que les autres bénéficiaient du même genre de manifestations. Au cours de cette période, le Christ Lui-même lui apprend à prier et à se recueillir dans l’oraison du cœur : elle doit se prosterner, demander pardon pour ses fautes puis Lui offrir ce moment de prière.

Le 20 juin 1671, elle entre à 24 ans au couvent de la Visitation de Paray-le-Monial après avoir entendu Jésus lui dire : « C’est ici que Je te veux ». Lorsque un an et demi plus tard elle se prépare à sa profession religieuse, elle expérimente de façon extraordinaire la présence intime de Dieu – « les fiançailles mystiques » – qui la conduisent en des extases particulières. Elle comprend que sa vocation sera d’être un apôtre de l’Amour de Dieu en s’offrant tout entière en union avec le Christ immolé sur la Croix.
Elle fera sa profession religieuse le 6 novembre 1672. Elle s’y prépare par une retraite de dix jours sans interrompre son travail : elle est en charge de l’ânesse du monastère qu’elle garde pour éviter qu’elle ne dévaste le jardin avec son ânon. Sous un bosquet de noisetier elle reçoit du Christ des lumières particulières sur le mystère de Sa Passion.

Au cours de ses premières années de vie religieuse, elle connaît de nombreux moments de grâces particulières, comme ce 1er juillet 1673 où, au cours du chant de l’office, une lumière divine vient reposer sur ses bras sous « la figure d’un petit enfant » qui la guérit d’une grave extinction de voix.
Le 4 octobre de la même année, elle contemple saint François d’Assise dans une éminente lumière de gloire auprès du Seigneur Jésus, au-dessus des autres saints, et le reçoit comme guide particulier « pour, écrit-elle, me conduire dans les peines et les souffrances qui m’arriveraient ».
Entre 1673 et 1675 ont lieu les « Grandes apparitions » au cours desquelles Jésus lui dévoile son Cœur « passionné d’amour » et lui exprime son désir d’être aimé en retour. Il lui rappelle son amour pour tous les hommes dont il regrette la froideur et l’ingratitude, spécialement envers sa présence Eucharistique. Il demande alors l’institution d’une nouvelle fête pour honorer son Cœur en communiant avec un amour tout particulier ce jour-là.
Il s’agit de la Fête du Sacré-Cœur, célébrée trois semaines après la Pentecôte, qui sera instituée officiellement en 1765 et étendue à toute l’Église en 1856.

En 1675 arrive un jeune Père jésuite à l’âme fervente et dont l’intelligence vive, comme sa délicatesse, en font un homme apprécié en haut lieu : « Il a des talents remarquables, un jugement rare, une prudence achevée. Son expérience est grande. Je le crois apte à toutes sortes de ministères » avait dit de lui son Père Maître au Père Général de la Compagnie de Jésus.
Pour le moment cependant, le voici nommé supérieur de la résidence des Jésuites à Paray-le-Monial, cependant qu’à la Visitation de Paray, une jeune mystique a besoin d’un guide éclairé. Dès les premières visites au monastère, il reconnaît en Marguerite-Marie « une âme de grâce ». La supérieure, Mère de Saumaise, ordonne à la sœur de s’entretenir avec lui de son expérience mystique. Au fil des rencontres, le père Claude met à l’épreuve son âme de religieuse pour sonder la vérité des communications qu’elle reçoit. Se rendant à l’évidence il apaise alors son cœur angoissé et lui recommande de s’abandonner sans crainte, mais toujours humblement, aux mouvements de l’esprit qui l’habite. Il l’encourage, mais aussi lui impose de ne pas répugner à la prière de l’office avec ses sœurs au profit d’une prière plus sublime qui ne cesse de l’attirer. Il lui commandera aussi de mettre par écrit tout ce qui se passe en elle, injonction à laquelle Marguerite-Marie se pliera par obéissance, mais avec néanmoins de vives réticences intérieures.
Les années passent. Le père La Colombière est nommé en 1676 prédicateur de la Duchesse d’York en Angleterre. Marguerite-Marie poursuit son chemin et, peu à peu, la communauté des religieuses est acquise au culte du Sacré-Cœur. La vie au monastère reste rude et exigeante et la Visitandine ressent de plus en plus l’impasse de son péché, et de celui des hommes dont elle veut consoler le Cœur de Jésus. En 1684, elle fait une retraite au cours de laquelle elle reçoit la grâce du mariage spirituel qui l’introduit dans une vie de profonde intimité avec son Époux. Elle est nommée maîtresse des novices qu’elle désire conduire sur le chemin de la sainteté en leur enseignant le culte du Sacré Cœur qui est, selon elle, « le plus court chemin » pour y parvenir. Le récit des apparitions et les demandes du Christ à Marguerite-Marie sont prises au sérieux au sein du couvent qui entreprend de vivre l’Heure Sainte et de vénérer l’image du Cœur de Jésus. En 1686, une chapelle construite dans le jardin du monastère lui est dédiée où les sœurs célèbrent la première fête du Sacré Cœur.
En 1686, Marguerite-Marie prononce un « vœu de perfection » où elle s’engage à suivre le plus parfaitement possible la règle de vie la Visitation et à supporter avec confiance les joies comme les peines de sa vie de religieuse afin, écrit-elle, de « me lier, consacrer et immoler plus étroitement, absolument et parfaitement au Sacré Cœur de Notre Seigneur Jésus-Christ ».

Le 9 octobre, une fièvre l’oblige à garder le lit. Le médecin estime que sa maladie, causée par l’amour, est sans remède.
Hélas, dit-elle un soir à ses sœurs, je brûle ! Mais si c’était de l’amour divin, quelle consolation ! Mais je n’ai jamais su aimer mon Dieu parfaitement. Demander à Dieu pardon pour moi et aimez-le bien de tout votre cœur pour réparer tous les moments que je ne l’ai pas fait. Quel bonheur d’aimer Dieu ! Ah ! Quel bonheur ! Aimez donc cet Amour, mais aimez-le parfaitement !
Le 17 octobre, alors qu’on lui donne le Sacrement des Malades, elle murmure les noms de Jésus et de Marie et s’éteint à 43 ans dans un dernier soupir. Il est 20 heures. Dès le lendemain, la nouvelle se répand dans la ville « La sainte est morte ! » La voix populaire précédait le discernement de l’Église : sœur Marguerite-Marie sera béatifiée par Pie IX en 1864 et canonisée par Benoît XV en 1920. Elle est fêtée le 16 octobre.
Source : http://www.sacrecoeur-paray.org
