
Veuve romaine, disciple de saint Jérôme ✝ 404. Cette grande dame romaine avait épousé à dix-sept ans un mari qui la rendit heureuse et dont elle eut cinq enfants. Elle souffrit beaucoup quand elle le perdit. Alors elle décida de rejoindre Saint Jérôme en Palestine puisqu'elle l'avait connu à Rome. Elle distribua son héritage à ses enfants et partit avec une de ses filles, sainte Eustochium, dans l'un des monastères fondés par saint Jérôme à Bethléem.
Elle assura à saint Jérôme deux biens précieux : une grande part de sa fortune pour continuer les travaux du monastère, une grande patience pour calmer ses colères. Sa fête est le 26 janvier.
Paula, Tochter einer römischen Adelsfamilie, galt als mustergültige Gattin und Mutter (von fünf Kindern). Früh Witwe geworden, widmete sie sich mit Hingabe Werken der Frömmigkeit und der christlichen Caritas. Als die Kinder selbstständig geworden waren, pilgerte sie mit ihrer jüngsten Tochter nach Palästina und gründete dort gemeinsam mit dem Kirchenlehrer Hieronymus eine Pilgerherberge und zwei Klöster. In Bethlehem starb sie am 26.Januar 404.
Source : http://nominis.cef.fr/ + http://namenstage.katholisch.de
À propos de sainte Paule
Auteur de légendes
Ici, Voragine laisse, pour tout le récit de la vie de sainte Paule, la parole à saint Jérôme. Pour être plus précis, il s’agit de la lettre 108 qui a acquis le titre le Vita Paulæ (vie de Paule), c’est-à-dire d’hagiographie officielle. Voragine d’ailleurs ne s’y trompe pas puisqu’il la cite en intégralité dans la légende dorée. Cette lettre a également inspiré une autre version, sous forme de poème cette fois, et rédigée par Flodard, chroniqueur du IXè siècle, ayant vécu à Reims.
Ces précisions sont l’occasion de s’arrêter un instant sur le cas de Jacques de Voragine. Il est né à Varazze, petit ville du golfe de Gênes en Italie. Issu d’une famille modeste, il entra à l’âge de 16 ans, chez les Dominicains et fut nommé, en 1276, provincial de cet ordre en Lombardie, puis il fut sacré archevêque de Gênes en 1292. On peut attribuer à Jacques de Voragine un certain nombre d’œuvres : des sermons qui furent très souvent réimprimés dès 1484, une apologie des frères prêcheurs et une chronique de Gênes de l’année 1297. Mais évidemment Jacques de Voragine est surtout connu comme l’auteur de ce qui nous occupe ici : la Légende dorée ou Legenda aurea, qu’il serait plus exact de traduire par Légende d’or.
Et pourtant, c’est cette notion d’auteur qu’il faut interroger pour ce qui concerne la période médiévale : Voragine n’est pas hagiographe mais joue le rôle d’encyclopédiste, compilant les sources qui lui paraissent les plus édifiantes concernant les saints composant son œuvre.
Dans cet extrait ouvrant la vie de sainte Paule, Voragine prend tout de même le temps de nous apprendre que Paule est de naissance noble, état rappelé par saint Jérôme à son tour. Ce dernier fait évidemment le lien entre les origines élevées, aspect matériel, et la grandeur de l’attitude, plan spirituel.
Recrutement
Sainte Paule, dans ce deuxième passage confirme ce qui était déjà évoqué dans le premier extrait, à savoir se défaire de tous ses biens matériel. Certaines formules pouvaient surprendre : notamment le fait de rendre sa famille pauvre ou de sembler avoir eu le désir d’être veuve tellement elle se sentait heureuse en se rapprochant du Seigneur. Cela témoigne bien sûr d’une conception forte de l’Église dans le détachement de tout ce qui est terrestre pour pouvoir se consacrer uniquement à Dieu. Si de nos jours nos sociétés issues du catholicisme ont tant de mal à parler d’argent et à ne pas voir sans suspicion un individu s’enrichir matériellement, nous le devons à cette conception-là.
Concernant sainte Paule, cela va même encore plus loin puisque le déchirement se fait avec ses propres enfants que l’on voit venir pleurer alors que leur mère s’embarque pour la Terre Sainte.
La légende nous montre l’influence de Paulin et d’Épiphane dans ce choix. Il se trouve que Paulin a conféré le sacerdoce à Jérôme et qu’il est l’ami d’Épiphane. Ces trois hommes vont se retrouver durant l’été 382. Lors du concile qui se tenait à Rome, Paulin et Épiphane furent deux deux logés chez une patricienne de la ville. Épiphane, évêque de Salamine, put à son tour faire la connaissance de Jérôme. Ensemble ils allaient s’opposer à l’origénisme (concernant des interprétations de la Bible).
Mais Jérôme qui était donc du voyage, profita surtout de sa présence pour rencontrer les femmes de la haute société romaine qui se retrouvaient dans le palais de cette patricienne. Il pouvait ainsi les « recruter » et sainte Paule correspond à une figure typique de l’époque, celle des « grandes et riches » dames romaines qui participèrent au développement de la religion chrétienne dans l’empire romain et surtout qui apportèrent leur pierre à l’enrichissement de l’Église.
Voyage en Terre Sainte
Sainte Paule est donc arrivée en Terre Sainte et elle entame ce que nous appellerions aujourd’hui un pèlerinage, puisqu’elle passe dans les lieux où est passé le Christ. Elle y exprime sa foi.
Il s’agit en effet de vivre la religion d’une manière plus libérée, en tout cas des dogmes ou rituels traditionnels, s’ouvrant sur une voie d’accès différente, peut-être plus directe, au divin. C’est bien ce qu’il se passe ici dans l’émotion ressentie par sainte Paule. L’aspect extraordinaire de ce qui s’est passé dans ces lieux rejaillit sur la sainte qui à son tour, par elle et en elle redonne une existence à ces événements. Elle est bien le prolongement de l’évangile dont l’objectif est d’annoncer au monde ce qu’a accompli Jésus. Et l’auteur prend bien soin de nous dire que Jérusalem en est témoin. Le pèlerinage associe en effet l’expérience individuelle et collective.
D’autre part, certains historiens montrent que dans le pèlerinage chrétien, le lieu naturel, comme ici la pierre du tombeau, est en quelque sorte « baptisé », traité comme s’il était humain. Or c’est bien ce que réalise sainte Paule lorsqu’elle embrasse ce qui compose le tombeau du Christ. Les aspects physiques et métaphysiques sont donc étroitement liés.
En outre, ce rappel du pèlerinage n’était pas pour déplaire aux contemporains de Voragine. En effet, depuis le XIème siècle et l’appel du pape Urbain II, les croisades s’organisaient. Il s’agissait d’abord d’aller au secours de chrétiens se trouvant dans des territoires qui ne leur étaient pas favorables, notamment dans les états musulmans. Les premiers croisés, de leur côté, mirent au premier rang de leurs préoccupations le pèlerinage. Il s’agissait de se rendre à Jérusalem et d’en visiter le saint Sépulcre.
Nous retrouvons ce même désir, ce même élan dans les récits médiévaux tels la « quête du Graal » où toutes les reliques liées à la mort du Christ (croix, clous…) sont l’objet de recherche et quasi de commerce.
C’est Jérôme
Dans ce quatrième extrait, il s’agit toujours de saint Jérôme qui nous parle de sainte Paule. Ce passage nous montre le lien entre les deux saints. Les échanges nous confirment que Paule fut en effet une disciple de Jérôme.
Avec Ambroise de Milan, Grégoire le Grand et Augustin, Jérôme fait partie des Pères latins qui ont acquis le titre de docteurs de l’Église. Il occupe une position de médiateur : d’abord entre deux époques : l’antiquité et le moyen-âge, puis entre deux lieux : l’Orient et l’Occident.
Romain cultivé, Jérôme part pour l’Orient vers 372 à Antioche notamment où il se forme à l’exégèse et où il traduit divers textes religieux, surtout grecs. Nous avons déjà parlé du concile de Rome en 382 à la suite duquel il devient le guide spirituel et intellectuel de plusieurs dames (Marcella, Paula…). Il traduit les Pères grecs (Origène, Didyme…) ; il révise le texte latin des Évangiles et des Psaumes. Mais, observateur aigu, il profite aussi de sa position pour s’ériger en censeur des mœurs romaines. Mais la dureté de ses exigences ascétiques ne plaisent pas beaucoup à ses concitoyens ; ajoutons à cela que ses relations féminines faisaient jaser et que la nouveauté de ses travaux bibliques dérangeait. Sa disgrâce fut consommée lors d’un procès ecclésiastique.
À l’été 385, il dut partir. Transformant cet exil en pèlerinage, il s’embarqua à nouveau pour l’Orient, destination Jérusalem, où il retrouve Rufin d’Aquilée, condisciple et ami. Ce dernier y avait fondé et y dirigeait avec la Romaine Mélanie deux couvents latins. Jérôme finit par faire de même, mais à Bethléem. Et c’est justement là que sainte Paule va le rejoindre et l’aider dans son entreprise. Parmi les charges dont ils s’occupent, notons la direction des moines, la gestion d’une hôtellerie pour les pèlerins, l’instruction d’enfants dans une sorte d’école monastique.
Nous relevons également dans ce texte diverses références à des passages bibliques, témoignant de la maîtrise de l’ouvrage par Jérôme.
Dans la famille : la fille
Saint Jérôme nous décrit ici les derniers instants de sainte Paule, morte en 406 et inhumée dans un tombeau creusé dans la grotte de Bethléem. Nous n’avons jusque-là pas parlé d’Eustachie, qui est la fille de Paule. La seule des cinq enfants que sa mère ait gardée à ses côtés, également disciple de Jérôme.
Dans le chapitre de la légende dorée consacré justement à Jérôme, Voragine utilise une autre lettre du saint tirée de sa vaste correspondance. Celle-ci était adressée à Eustachie. Ce document est resté célèbre car il y est question de la théorie de la traduction.
Jérôme, aujourd’hui saint patron des traducteurs, commence par réviser sur le grec la Bible latine puis va se pencher sur l’hébreu, engageant le projet d’une nouvelle traduction de l’Ancien Testament conforme à l’authenticité de la langue originale. Il voulait permettre aux chrétiens de défendre face aux juifs les titres messianiques du Christ. Mené sur quelque quinze années, cet immense travail se heurtera à beaucoup de défiance : Jérôme ne cesse de se justifier contre ceux, parmi lesquels Augustin, qui y voyaient plutôt une dangereuse concession faite aux juifs ainsi reconnus détenteurs d’une vérité du texte. On craignait également que les innovations puissent discréditer la version traditionnelle aux yeux du peuple chrétien.
Jérôme n’arriva pas au bout de cette traduction qui fut continuée par d’autres. Ce retour à « la vérité hébraïque », au détriment de la Septante, ne s’imposa pleinement qu’au VIIe siècle. Désignée à partir du XIIIe siècle comme vulgata versio, « texte communément employé », la Vulgate fut déclaré traduction authentique par le concile de Trente en 1546. Elle comprend bien pour l’essentiel les traductions de Jérôme sur l’hébreu et ses révisions des Évangiles, mais également d’autres traductions latines qui ne sont pas de lui. Une version latine moderne, appelée Nova Vulgata, a été promulguée par Jean-Paul II en 1979.
Jérôme et Eustachie, tout comme Paule, sont morts à Bethléem, respectivement en 419 et 420.