Né à Benaulim, Goa en Inde, le 21 avril 1651 dans une pieuse famille catholique. Il était le troisième enfant de Christopher Vaz et de Mariade Miranda. Ordonné prêtre en 1676. De façon étrange son père écrivit dans son journal : « le 21 avril 1651 un garçon m’est né, qui a été baptisé sous le nom de Joseph, au 8ème jour. Un jour, il deviendra un grand homme. » Il était gentil et gracieux, pieux dès son enfance. Son père l’envoya à l’université des jésuites, en raison de ses succès scolaires. Il entra dans l’académie St Thomas, des Dominicains, pour devenir prêtre. Il fut ordonné en 1676. Il se fit "esclave de Marie" en 1677. Il fut envoyé à Kanara (aujourd’hui Mangalore), alors qu'il avait demandé d'aller à Ceylan. Il avait entendu un appel à aller à l’aide des catholiques persécutés, qui n’avaient plus aucun pasteur depuis 1658. Il y avait aussi des catholiques à Kanara, abandonnés par les prêtres portugais expulsés par les Hollandais. Il travailla trois ans et demi à Kanara, mais se tint prudemment à l’écart des disputes entre la Propagande et le Padroado.
Revenu à Goa, il joignit, le 25 septembre 1685, un groupe de prêtres indigènes voulant vivre en communauté, il en devint le supérieur et leur donne les règles des Oratoriens de St Philippe Néri. Cette congrégation sera connue comme La congrégation oratorienne et donnera des missionnaires au Sri Lanka pendant 150 ans. Il s'enfuit ensuite pour aller, déguisé en coolie à Mannar puis à Jaffna, Ceylan, à la fin d’avril 1687. Les Hollandais avaient expulsé tous les missionnaires portugais. Se promenant dans Jaffna avec un rosaire autour du cou, il fut vite reconnu par les catholiques qui avaient maintenu leur foi pendant 30 ans. Il commença son travail depuis Sillalai. Le gouverneur hollandais Van Rheede eu vent de son existence et essaya de l'arrêter, sans succès, la nuit de Noël. Mais les chrétiens furent harassés. Il parvient à Kandy en août 1691. Un calviniste français le fait arrêter et il est emprisonné sous prétexte qu’il est un espion portugais. De fait, les missionnaires portugais étaient très proches de l’administration coloniale, auparavant, tandis que Joseph Vaz était seul et libre de tous les pouvoirs. Mais le roi Wimaladharmasuriya reconnut vite son innocence et il reçut une certaine liberté. Il étudia le sinhala (cingalais). Une prière efficace pour la pluie devant un autel surmonté d’un crucifix, à la manière d’Elie, alors que les moines bouddhistes et des magiciens tamils n’avaient rien obtenu, en 1685, tournèrent le cœur de roi contre les bouddhistes, et il reçut l'autorisation de prêcher l'Evangile. Le roi déclara : « Je n’aurai plus personne dans mon royaume si le Père Vaz n’avait pas été là, et j’en aurais bien quelques autres comme lui ! »
Après sa libération, il se donnera à un apostolat intense, entre 1696 et 1710. Il fit de Kandy le centre de la mission. En 1697 deux missionnaires de Goa vinrent le rejoindre. Il avait été seul pendant 10 ans ! Allant dans toute l’île, il ressuscita l’Eglise et en fit une Eglise locale de toutes les manières. Outre l’épisode de la pluie, on raconte de nombreux miracles de lui. Il traversait les rivières interdites au nez et à la barbe des soldats supposés l’en empêcher. Une autre nuit, les soldats envahirent la maison où il disait la messe, et il passa au milieu d’eux sans qu’ils le voient ! Il fut un modèle missionnaire pour deux raisons : la sainteté de sa vie et son approche correcte de l’évangélisation. « Sur la prière du serviteur de Dieu, écrivit le père Francesco Vaz, supérieur des Oratoriens de Goa, en 1723, on peut dire qu’elle était continuelle, car toute la journée, sans aucun moment de repos il était soit avec Dieu soit avec ses voisins pour le bien de leurs âmes. Sa charité envers ses proches et envers Dieu était merveilleuse. Elle lui fit quitter son pays, sa famille et ses amis… Il s’oublia complètement lui-même et avait souvent à être rappelé pour les repas. » Il avait une tendre dévotion pour la Vierge Marie. Il s’adapta à la culture des Tamils et des Cingalais.
A la différence des missionnaires portugais, il était asiatique et il put facilement s’adapter aux coutumes locales. Il parlait et écrivait les deux langues. Il avait l’apparence locale et vivait la vie simple des gens. Il leur était très proche. Il put produire des hymnes, des livres et des prières. Ses œuvres firent que le christianisme apparut aux gens comme quelque chose de familier. Il forma des chefs laïcs de communautés qui étaient fort respectés et qui allaient où il ne pouvait aller lui-même, en avance sur Vatican II.
Il mourut le 16 janvier 1711. Ses derniers mots furent : « personne ne peut faire au moment de sa mort ce qu’il n’a pas fait pendant sa vie. » Il est triste qu’à cause de la destruction de toutes les églises en 1745 et que tous les missionnaires soient de nouveau expulsés du royaume de Kandy, sous le roi Keerthie Sri Rajasinghe, l’endroit de sa tombe demeure inconnu. Béatifié par Jean-Paul II le 21 janvier 1995 à Colombo Sri Lanka. Il est fêté le 16 janvier.
Mgr Emmanuel Lafont
Source : http://diocese.cayenne.free.fr/