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17 juillet 2014 4 17 /07 /juillet /2014 16:03

L’ARCHITECTURE :

L’église Saint-Pierre-ès-liens de Beynat date du début du XIIIe siècle. De cette époque, l’édifice conserve un portail en arc brisé, aux moulurations très simples. De part et d’autre du portail, les contreforts étagés témoignent également de cette première phase de construction, mais la partie haute du clocher a subi plusieurs remaniements. Endomm

agée une première fois en 1861 par un orage de grêle, elle est rebâtie et dotée d’une élégante flèche. Mais en 1931, cette flèche est détruite par la foudre. Elle est alors remplacée par le simple toit à deux pentes visible de nos jours.

L'INTÉRIEUR :

À l'intérieur, seule la chapelle baptismale est encore d'origine médiévale. On peut remarquer sur son arc d'entrée de petits éléments de sculpture (têtes humaines, fleurs de lys...).Au cours des périodes suivantes, les riches familles et les confréries de dévotion de la paroisse firent édifier quatre autres chapelles, de part et d'autre de la nef. Elles étaient dédiées à Notre-Dame-du-Rosaire, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Roch et Saint-Blaise. Dans les années 1840, ces chapelles sont remplacées par les deux bas-côtés actuels. La tribune, soutenue par trois arcs en plein cintre, date également de cette époque. Les voûtes, d'abord rebâties en bois au XIXe siècle, ont été remplacées, au cours des années 1930, par des plafonds en béton, cintrés dans la nef, horizontaux dans les bas-côtés. En effet, les anciens lattis de bois avaient été partiellement incendiés en 1931, par la foudre qui détruisit également le clocher.

LE MOBILIER ET LA PEINTURE :

Le maître autel :Maitre-autrel.jpg

Le "retable" a été reconstitué dans les années 1930, suite aux modifications de l'architecture.

Il est principalement composé d'un tabernacle baroque, en bois sculpté, peint et doré (fin XVIIe - début XVIIIe siècle). Sur la porte est représenté le Christ en Bon Pasteur, tandis que les panneaux latéraux figurent des scènes de la Passion :

- le Christ aux outrages (ici la flagellation),

- Ecce Homo (présentation du Christ à la foule).

Cet ensemble est surmonté d'une niche qui servait autrefois à exposer le Saint-Sacrement. Elle a la forme d'une couronne de fleurs et de fruits, surmontée d'une couronne royale. De part et d'autre de la niche d'exposition, ont été disposés deux panneaux sculptés offrant deux représentations du patron des lieux : "Saint Pierre pontife" et "Saint Pierre aux liens ".

Saint Augustin et Sainte Ursule : Accrochés sur les murs latéraux du chœur, deux panneaux en bois sculpté (fin XVIIe siècle) se font face. Ils représentent Saint Augustin et Sainte Ursule et pourraient provenir d'un couvent d'Ursulines fermé à la Révolution ou au XIXe siècle.

L'autel " face au peuple " : Il se compose des panneaux qui formaient autrefois les ambons de l'église, réalisés vers 1938. Ils sont l'œuvre du sculpteur d'origine italienne Victor FELTRIN (1909-1993), habitant alors dans la commune de Beynat. Cet artiste de formation classique, évoluera après-guerre vers l'abstraction, notamment au contact de ZADKINE.

Les panneaux de l'église de Beynat témoignent de sa période "classique". Ils représentent notamment la Vierge de Pitié, Saint Pierre aux liens, ou encore Saint Jacques. Un sixième panneau, figurant la Cène, orne désormais un pupitre.

Deux toiles (fin XVIIe siècle), complètent l'ameublement du chœur. Elles représentent :

- la rencontre avec sainte Véronique

- un saint franciscain en prière (Saint Jean de Dieu ?)

Ces deux œuvres sont de même facture et pourraient provenir du même atelier, peut-être celui des ROCHE, peintres à Tulle sous le règne de Louis XIV.

LE BAS-CÔTÉ NORD :

Le retable de la Vierge : Il s'agit d'une boiserie datant des années 1840, mais réemployant çà et là quelques vestiges du mobilier ancien de l'église (chapiteaux corinthiens, décors de feuillage...). Remarquer également le tabernacle doré, en forme d'urne funéraire.

Saint Jean-Baptiste : Cette statue processionnelle du XVIIIe siècle, en bois peint et doré, appartenait à la confrérie de saint Jean-Baptiste qui possédait une chapelle particulière dans l'église.

La Vierge aux donateurs : Donnée à l'église de Beynat par l'empereur Napoléon III, en 1861, afin d'orner le maître-autel, cette toile représente la Vierge et l'enfant Jésus recevant l'hommage d'un couple de donateurs. Cette copie de l'œuvre de VAN DYCK a été réalisée par le peintre Félix-Nicolas FRILLIÉ (1821-1863), qui exposa au Salon de l'Académie des Beaux-arts de 1841 à 1859.

LE BAS-CÔTÉ SUD :

Le retable de Saint Pierre Dumoulin BORIE : Comme le retable de la Vierge, il date des années 1840 et réemploie divers éléments de sculpture baroque. Il était alors dédié au Sacré-Cœur de Jésus, puis en 1938, à l'occasion du centenaire de la mort de Pierre Dumoulin BORIE, il fut attribué à ce missionnaire né dans la paroisse en 1808, martyrisé au Tonkin en 1838. Sa statue surmonte un imposant reliquaire contenant la cangue (ou carcan) qui servit à l'entraver pendant sa captivité. L'autel et le tabernacle ont été réalisés vers 1938 dans un esprit néobaroque.

Le Christ au Jardin des Oliviers : Attribuée par l'État à l'église de Beynat en 1877, cette toile datée de 1873 est l'œuvre de Charles-Henri MICHEL (1817-1905). Ce peintre de sujets religieux entra à l'école des Beaux-arts en 1843 et exposa au Salon dès 1846. Ce tableau, qui porte du Salon le n° 1059, représente donc le Christ lors de la longue veille précédant son arrestation, au jardin de Gethsémani. Jésus, défaillant, tend ses bras vers la lumière divine, tandis qu'un ange surgit de l'obscurité pour le soutenir. Cette œuvre, empreinte de romantisme, témoigne des recherches menées par les artistes du XIXe siècle afin de créer un art religieux authentique.

Saint Jean-Baptiste au Désert : Issue d'un atelier local, cette toile du XVIIIe siècle provient, selon une tradition orale, de la chapelle la commanderie Maltaise de Puy-de-Noix (Beynat), détruite au XIXe siècle.

LES OBJETS D'ART :

Dans les deux vitrines installées, avec le concours du Conseil général, du Crédit agricole et de la Mairie de Beynat, dans la chapelle baptismale, on peut observer, de gauche à droite :

Saint Mathurin : ce saint guérisseur est le patron secondaire de la paroisse. Une chapelle avait été bâtie en son honneur au village d'Espagnagol, en 1648. La statuette placée à droite proviendrait de cet édifice disparu. La seconde se trouvait dans l'église de Beynat. Elles sont de même facture et de même dimension, mais présentent quelques variantes dans l'habit de prêtre que porte traditionnellement Saint Mathurin.

Reliquaires de Saint Généreux et Saint Valentin : La châsse placée à droite renferme, en plus des restes des deux saints, un linge ayant touché la rouille des chaînes de Saint Pierre. Le tout aurait été ramené des catacombes de Rome en 1795. La châsse de gauche est une copie récente de la première : par souci de symétrie, on y avait placé la monstrance exposée à présent dans la seconde vitrine.

Saint Louis, Sainte Elisabeth de Hongrie,

Sainte Angèle de Merici, Saint Jean de Dieu.

(Début 19è siècle sur bois peint, doré et argenté).

L'origine de ce groupe homogène de quatre statuettes est encore incertaine. Toutefois, on s'accorde à penser qu'il pourrait provenir du couvent des Ursulines de Brive, refondé en 1807 et détruit dans l'entre-deux-guerres. On retrouve d'ailleurs ici la fondatrice de l'ordre, Sainte Angèle, vêtue en religieuse et tenant un crucifix fleuri, accompagnée de trois autres saints "franciscains" : Saint Louis portant la couronne d'épines ; Sainte Élisabeth tenant des fleurs dans son manteau ; Saint Jean de Dieu, avec le crucifix qu'il présentait à ses malades.

Ornement sacerdotal : (fin XIXe siècle sur tissu brodé, fils de couleur, d'or et d'argent) Cet ensemble complet de vêtements et de linges liturgiques assortis se compose de cinq éléments :

- sur le cintre : une chasuble et une étole

- sur la console : un voile de calice, une bourse de corporal et un manipule.

Calice : (début XIXe siècle sur argent). Ce calice porte le poinçon de Jean-Charles CAHIER, un des plus grands noms de l'orfèvrerie française de la première moitié du XIXe siècle (il a notamment signé les vases liturgiques du sacre de Napoléon 1er). D'une exécution très fine, ce calice porte un décor de feuillage gravé sur le pied et le nœud. Quant à la coupe, elle est agrémentée d'un décor végétal sculpté enserrant trois médaillons qui figurent le Christ, la Vierge et saint Jean l'évangéliste, représentés en buste.

La-Vierge-a-l-Enfant.jpgVierge à l’enfant : (XVIIIe siècle sur bois peint et doré)

La Vierge et l'enfant sont portés par une nuée d'angelots. L'aspect glorieux de la Vierge est renforcé par la couronne en métal doré qui fait d'elle la reine des cieux (Regina cœli), et par le vêtement richement orné, au drapé très animé. Son manteau possède un fermoir en forme d'écu portant les armes de l'ordre carmélitain : cela signifie-t-il que ce groupe provient d'un couvent de carmes ou de carmélites ? D'une manière générale, cette œuvre ne semble pas sortir d'un atelier limousin : son style évoque davantage l'art baroque des foyers méditerranéens, italiens ou espagnols. Il est possible en effet, comme le veut une certaine tradition, qu'elle ait été rapportée d'Espagne par un des nombreux beynatois partis faire fortune à Cadix au XVIIIe siècle...

Réserves aux saintes huiles : (fin XVIIIe siècle sur étain)

Conservées dans un coffret de bois, ces réserves contenaient les huiles consacrées. Les inscriptions latines indiquent leur utilisation :

- OLEUM SANCTUM : huile des catéchumènes (baptêmes)

- OLEUM INFIRMORUM : huile des malades (extrême onction)

- SANCTUM CHRISMA : saint Chrême (consécration des autels, bénédiction des cloches...).

Reliquaire de Saint Clair et Saint Savinien : (XVIIe ou XVIIIe siècle sur bois doré) Ce reliquaire se présente sous la forme d'une monstrance circulaire, agrémentée de volutes. Un orifice pratiqué à la base permettait d'y ajuster une hampe afin de pouvoir l'exposer à la vénération des fidèles. Un certificat ou "authentique", donné par l'évêque de Tulle en 1835, est visible par la lunette centrale.

Reliquaire de Saint Pierre Dumoulin BORIE : (XIXe ou XXe siècle sur cuivre) Cette monstrance compte parmi les trois reliquaires du saint beynatois conservés dans l'église Saint-Pierre, avec la cangue et la châsse disposées sur le retable qui lui est consacré (bas-côté sud).

LES VITRAUX :

Le cycle de Saint Pierre Dumoulin BORIE : Réalisées en 1937 par Charles BORIE (le Puy), les six verrières retracent le parcours atypique de ce missionnaire né à Beynat, décapité au Tonkin en 1838, et canonisé par Jean-Paul II en 1988. (Le cheminement se fait du bas-côté sud au bas-côté nord, en passant par le chœur)

Les vitraux contemporains : Ils sont l'œuvre de Paul COGNASSE (1981). Ces vitraux non figuratifs ornent la fenêtre de la chapelle baptismale et celle donnant dans l'escalier de la tribune.

Une manifestation inhabituelle a eu lieu le 1er mars 2014 en l'église de Beynat : l'accrochage dans le chœur d'un tableau de Philippe Lasserre représentant sainte Marie-Madeleine, œuvre mêlant avec bonheur la modernité à la tradition de l'icône orientale.

En présence de l'auteur du tableau, le public a pu entendre une conférence sur la représentation de Marie-Madeleine dans l'histoire de l'art. Puis Chantal Sobienack a retracé l'aventure étonnante d'une statuette espagnole de la Vierge offerte au XVIIIème siècle à l'église de Beynat, où elle est conservée, par un Beynatois exilé à Cadix.

Avant de bénir l'œuvre de Philippe Lasserre, le Père Bonaventure avait rappelé quels liens étroits l'Eglise entretenait depuis les temps les plus anciens avec l'art, cette expression du génie humain légitimée par le mystère de l'Incarnation.

Visiteurs, l'église de Beynat vous attend !

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