Jérusalem grouille littéralement de policiers. Vous saurez un jour que toute tyrannie ne se soutient que par les services d’une police vigilante et implacable. Comment les évènements surprenants qui se sont passés depuis quelques jours auraient-ils échappé aux policiers d’Hérode ?
Les bergers de Bethléem ont raconté ce qui s’était passé pendant la nuit de Noël. Les propos tenus au Temple par Siméon et Anne sont aussitôt venus aux oreilles des espions toujours présents dans ce lieu saint. L’histoire des mages n’a pu manquer de susciter beaucoup de questions. D’autant plus que ceux-ci, prudents, se sont bien gardés de repasser par Jérusalem.
Tout cela a donné lieu à des rapports : c’est la règle en matière de police. Et maintenant, dans son palais, Hérode lit et relit ces rapports. Ce que ses serviteurs découvrent sur son visage, c’est une profonde interrogation : et si ce nouveau-né dont on lui rebat les oreilles avait réellement été envoyé pour régner sur les Juifs ?
Son front se plisse, ses mains tremblent. Peu à peu, l’inquiétude fait place à l’angoisse. Une terrible question lui traverse l’esprit : « Si cela est vrai, qu’adviendra-t-il de mon trône quand l’enfant sera devenu grand ? »
Hérode n’est pas un homme qui hésite. Jamais. Il a fait mettre à mort plusieurs de ses proches parents parce qu’il voyait en eux de possibles rivaux.
Donc, cet enfant doit mourir. Mais où le trouver ?
Après la présentation au Temple, Marie et Joseph s’en sont allés avec Jésus. Nul ne sait où. Fou de colère, Hérode lance cet ordre abominable :
- Allez tuer les enfants de sexe mâle qui sont dans Bethléem et dans les environs ! Tous ceux qui ont deux ans et moins de deux ans !
Les gardes d’Hérode sont à l’image de leur maître : ils n’hésitent pas plus que lui. Ils sautent à cheval, galopent vers Bethléem. Là, ils s’engouffrent dans chaque rue, se jettent dans chaque maison. Chaque fois qu’ils découvrent un bébé dont l’âge correspond à celui qu’a fixé Hérode, ils l’égorgent sans pitié. Pas un seul ne se laisse attendrir par les supplications des parents, par les cris de terreur des enfants.
Bethléem n’est pas en ce temps une bien grande agglomération. En tenant compte du nombre de ses habitants et de la proportion d’enfants en bas âge que l’on pouvait logiquement y trouver, les historiens ont estimé qu’environ vingt-cinq petits garçons ont dû périr de la sorte. Comme ces pauvres enfants n’étaient évidemment coupables de rien, on a appelé ce tragique épisode : le « massacre des Innocents ».
Source : Alain Decaux raconte Jésus aux enfants.