Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise.

Aujourd'hui, 21 février et non 22 février comme prévu, on célèbre la fête de la chaire de Saint-Pierre, pour rappeler deux étapes importantes de la mission accomplie par l'apôtre Pierre : l'établissement du christianisme d'abord à Antioche, puis à Rome. La chaire est le siège fixe du Grand Pontife et des Évêques. Elle est placée en permanence dans l'église mère de chaque diocèse, d'où le nom justement de "cathédrale", et est le symbole de l'autorité de l'Évêque et de son magistère ordinaire dans l'église locale.
La Chaire de Saint-Pierre est le signe du rôle que l'apôtre jouait dans le collège apostolique, et qui provient de la volonté explicite de Jésus, lorsqu'il assigne à Pierre la tâche de "pasteur" du troupeau, c'est-à-dire de guider le nouveau peuple de Dieu, l’Église. Cette investiture reconnue par le Christ, répétée après la résurrection, est respectée.
En effet, après l'Ascension, Pierre jouera le rôle de guide : il présida à l'élection de Matthias, il parla au nom de tous à la foule venue l'écouter devant le Cénacle, le jour de la Pentecôte et plus tard devant le Sanhédrin. Même Hérode Agrippa, condamnant Pierre, savait qu'il infliger un coup dur à l'Église naissante, en tuant son chef. De sa venue à Rome nous n'avons cependant aucune preuve certaine. Le seul élément est la lettre de Paul aux Romains, dont le contenu fait penser à la présence sur place d'un personnage important. Quelle que soit la date de sa venue, avec sa mort à Rome, ce sont des événements soutenus par des traditions anciennes, désormais universellement acceptées.
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Les sièges des évêques, et en particulier celui du pape, s'appellent "chaires" pour souligner la fonction d'enseignement inhérente au service épiscopal et surtout au service du pape.
Suivant une tradition légendaire, la majestueuse custode abriterait le siège épiscopal de Pierre, celui où il était lorsque, déjà âgé et fatigué, il enseignait encore aux chrétiens. En réalité, il s'agit d'un trône de bois décoré de plaquettes d'ivoire finement sculptées. C'est l'empereur germanique Charles le Chauve (823-877) qui l'offrit au pape après son couronnement à Rome en 875.
Le Bernin réalisa la custode en bronze et elle ressemble à un grand reliquaire en forme de trône soutenu par quatre saints docteurs de l'Eglise. Deux dans eux représentent l'Eglise d'Orient : Athanase et Chrysostome ; tandis qu'Ambroise et Augustin représentent celle d'Occident.
Dès l'Antiquité, l'Eglise a utilisé cette appellation de "docteurs" pour désigner les hommes qui avaient contribué de façon déterminante à approfondir le message de la Révélation.
Le Bernin les a placés au pied de la chaire du pape comme pour la soutenir et souligner leur contribution à l'important magistère du pape. D'autre part, il a mis la Colombe au centre de l'auréole, car elle représente le symbole de la troisième personne de la Trinité, l'Esprit-Saint, et met en évidence le fait que le pape, dans son rôle de maître de toute l'Eglise, reçoit directement de Dieu son illumination et son inspiration.
Dans l'oeuvre du Bernin se mélangent l'architecture, la sculpture, l'or, le verre, le marbre et le bronze pour créer des effets d'ombre et de lumière et obtenir une composition très mouvementée et très originale, véritable apogée expressif de l'art baroque.
Source : Livre "Les Basiliques Majeures de Rome".
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Lecture de la 1ère lettre de saint Pierre apôtre 5. 1-4
Bien-aimés, les anciens en fonction parmi vous, je les exhorte, moi qui suis ancien comme eux et témoin des souffrances du Christ, communiant à la gloire qui va se révéler : soyez les pasteurs du troupeau de Dieu qui se trouve chez vous ; veillez sur lui, non par contrainte mais de plein gré, selon Dieu ; non par cupidité mais par dévouement ; non pas en commandant en maîtres à ceux qui vous sont confiés, mais en devenant les modèles du troupeau. Et, quand se manifestera le Chef des pasteurs, vous recevrez la couronne de gloire qui ne se flétrit pas. – Parole du Seigneur.
Psaume 22
R/ : Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.
- Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. R/
- Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom. R/
- Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure. R/
- Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante. R/
- Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ; j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. R/
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 16, 13-19
En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » - Acclamons la Parole de Dieu.
Homélie de Saint Jean-Paul II en 2001.
"Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ?" Simon-Pierre répondit : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant". Ce dialogue entre le Christ et ses disciples, que nous venons de réentendre, est toujours actuel dans la vie de l'Église et du chrétien. À chaque heure de l'histoire, en particulier les plus décisives, Jésus interpelle les siens et, après les avoir interrogés sur ce que "les gens" pensent de Lui, il pose une question plus précise et leur demande : "Mais pour vous, qui suis-je ?".
Une unique et solennelle confession de foi : Tu es le Christ ! Cette confession de foi est le grand don que l'Église offre au monde au début du troisième millénaire, alors qu'elle avance dans le "vaste océan" qui s'ouvre devant elle. La fête d'aujourd'hui place au premier plan le rôle de Pierre et de ses Successeurs lorsqu'ils guident la barque de l'Église sur cet "océan". Il est donc plus que jamais significatif qu'en cette fête liturgique, aux côtés du Pape, se trouve le Collège cardinalice avec les nouveaux Cardinaux, créés hier lors du premier Consistoire après le grand Jubilé.
Nous voulons ensemble rendre grâce à Dieu pour avoir fondé son Église sur le roc de Pierre. Comme nous le suggère la Prière de la "collecte", nous voulons prier intensément afin que "parmi les bouleversements du monde", celle-ci "ne se trouble pas", mais avance avec courage et confiance.
Cependant, permettez-moi avant toute chose d'exprimer ma joie et ma reconnaissance au Seigneur précisément pour vous, très chers et vénérés frères, qui êtes entrés dans le Collège cardinalice ! À chacun je renouvelle mon salut le plus cordial, que j'étends à vos familles et aux fidèles rassemblés ici, ainsi qu'aux Communautés dont vous provenez et qui s'unissent aujourd'hui spirituellement à notre célébration.
Je considère providentiel de célébrer avec vous et avec tout le Collège la fête de la Chaire de Pierre, car cela constitue un signe d'unité particulier et éloquent, avec lequel nous commençons ensemble la période post-jubilaire. Un signe qui est, dans le même temps, une invitation à approfondir la réflexion sur le ministère pétrinien, auquel fait particulièrement référence votre fonction de Cardinaux.
"Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise". Dans l'"aujourd'hui" de la liturgie, le Seigneur Jésus adresse également au Successeur de Pierre cette parole, qui devient pour lui un engagement de confirmation à l'égard de ses frères. Avec un grand réconfort et avec une vive affection je vous appelle, vénérés Frères Cardinaux, à vous rassembler autour du Siège de Pierre dans le ministère d'unité particulier qui est confié à celui-ci.
"Il sait bien, en tant qu'Évêque de Rome, et il l'a réaffirmé dans la présente Encyclique, que le désir ardent du Christ est la communion pleine et visible de toutes les Communautés, dans lesquelles habite son Esprit en vertu de la fidélité de Dieu". En vue de cet objectif primordial les Cardinaux, tant comme Collège qu'individuellement, peuvent et doivent offrir leur précieuse contribution. En effet, ils sont les premiers collaborateurs du ministère d'unité du Pontife Romain. La pourpre dont ils sont vêtus rappelle le sang des martyrs, notamment de Pierre et de Paul, sur le témoignage suprême desquels se fondent la vocation et la mission universelle de l'Église de Rome et de son Pasteur.
Comment ne pas rappeler que le ministère de Pierre, principe visible d'unité, constitue une difficulté pour les autres Églises et communautés ecclésiales ? Dans le même temps, cependant, comment ne pas revenir au fait historique du premier millénaire, lorsque la fonction primatiale de l'Évêque de Rome fut exercée sans rencontrer de résistances dans l'Église d'Occident aussi bien que d’Orient ? Je voudrais aujourd'hui prier avec vous le Seigneur de façon particulière, afin que le nouveau millénaire dans lequel nous sommes entrés réussisse très vite à surmonter cette situation et que la pleine communion soit rétablie. Que l'Esprit Saint donne à tous les croyants la lumière et la force nécessaire pour réaliser l'aspiration ardente du Seigneur. Je vous demande de m'assister et de collaborer de toutes les façons possibles à cette mission exigeante.
Vénérés frères Cardinaux, l'anneau que vous avez reçu, et que je remettrai dans quelques instants aux nouveaux membres du Collège, met précisément en évidence le lien particulier qui vous lie à ce Siège apostolique. Sur le "vaste océan" qui s'ouvre devant le navire de l'Église, je compte sur vous pour en orienter le chemin dans la vérité et dans l'amour, afin que celui-ci, surmontant les tempêtes du monde, devienne toujours plus efficacement un signe et un instrument d'unité pour tout le genre humain.
"Car ainsi parle le Seigneur Yahvé : voici que j'aurai soin moi-même de mon troupeau et je m'en occuperai"
En la fête de la Chaire de Saint-Pierre, la liturgie nous repropose le célèbre oracle du prophète Ézéchiel, dans lequel Dieu se révèle comme le Pasteur de son peuple. La chaire, en effet, est inséparable de la crosse de pasteur, car le Christ, Maître et Seigneur, est venu à nous comme le Bon Pasteur. C'est ainsi que l'a connu Simon, le pêcheur de Capharnaüm : il a fait l'expérience de son amour tendre et miséricordieux, et il en a été conquis. Sa vocation et sa mission d'Apôtre, résumées dans le nouveau nom de Pierre reçu de son Maître, se fondent entièrement sur sa relation avec Lui, depuis la première rencontre, à laquelle l'appela son frère André, jusqu'à la dernière, au bord du lac, lorsque le Ressuscité le chargea de paître son troupeau. Entre les deux, se déroule le chemin du disciple, le long duquel le divin Maître conduit Simon à une profonde conversion, qui connaît des heures dramatiques au moment de la passion, mais qui débouche ensuite sur la joie lumineuse de la Pâque.
En vertu de cette expérience transformante du Bon Pasteur, Pierre, écrivant aux Églises de l'Asie mineure, se qualifie de "témoin des souffrances du Christ, et qui doit participer à la gloire qui va être révélée". Il exhorte "les anciens" à paître le troupeau de Dieu, en devenant des modèles pour celui-ci. Très chers amis, cette exhortation vous est aujourd'hui adressée de façon particulière, vous que le Bon Pasteur a voulu associer de la manière la plus éminente au ministère du Successeur de Pierre. Soyez fidèles à votre mission, prêts à donner la vie pour l'Évangile. C'est ce que vous demande le Seigneur et ce qu'attend de vous le peuple chrétien, qui se rassemble aujourd'hui autour de vous avec joie et affection.
"Mais moi j'ai prié pour toi afin que ta foi ne défaille pas". C'est ce que dit le Seigneur à Simon-Pierre, au cours de la Dernière Cène. Cette parole de Jésus, fondamentale pour Pierre et pour ses successeurs, diffuse la lumière et le réconfort également sur ceux qui coopèrent de près à leur ministère. Vénérés frères Cardinaux, aujourd'hui le Christ répète à chacun de vous : "J'ai prié pour toi", afin que ta foi ne défaille pas dans les situations où peut être mise à dure épreuve ta fidélité au Christ, à l'Église et au Pape.
Très chers amis, que cette prière qui naît sans cesse du cœur du Bon Pasteur, soit toujours votre force ! Ne doutez pas que, comme cela a été le cas pour le Christ et pour Pierre, il en sera de même pour vous : votre témoignage le plus efficace sera toujours celui marqué par la Croix. La Croix est la chaire de Dieu dans le monde. Sur celle-ci le Christ a offert à l'humanité la leçon la plus importante, celle de nous aimer les uns les autres comme Lui nous a aimés : jusqu'au don extrême de soi.
Au pied de la Croix se trouve toujours la Mère du Christ et des disciples, la Très Sainte Vierge Marie. C'est à Elle que le Seigneur nous a confiés lorsqu'il a dit : "Femme, voici ton fils !". La Sainte Vierge, Mère de l'Église, de même qu'elle a protégé de façon particulière Pierre et les Apôtres, ne manquera pas de protéger le Successeur de Pierre et ses collaborateurs. Que cette certitude réconfortante constitue un encouragement à ne pas avoir peur des épreuves et des difficultés. Au contraire, rassurés par la protection constante de Dieu, nous obéissons ensemble au commandement du Christ, qui invite avec vigueur Pierre et l'Église à prendre le large : "Duc in altum". Oui, très chers frères, prenons le large, jetons les filets pour la pêche et "Allons de l'avant dans l’espérance !". Le Christ, le Fils du Dieu vivant, est le même hier, aujourd'hui et à jamais. Amen !