Seigneur, j’ai entendu dire que tu cherchais des saints, alors je suis venu pour la place car je pense pouvoir faire l’affaire.
Peut-être ne serais-je pas pris parce que le monde est rempli de gens parfaits. Y-en a même qui marquent d’une croix dans leur agenda chaque bonne action pour qu’au moment des comptes, Seigneur, tu t’en souviennes quand même !
Y a des gens qui se corrigent d’un défaut par semaine. Ils sont forcément parfaits au bout du trimestre.
Dans mon curriculum vitae pour la place, Seigneur, je me rends compte que j’ai plein de défauts et c’est toujours les mêmes qui reviennent. Alors j’ai fini par les garder mais en m’en servant le moins possible.
Ah, les gens parfaits !
Les gens parfaits ont tant de qualités qu’il n’y a plus de place dans leur cœur pour autre chose. Ils sont fermés sur leurs acquis et n’ont plus rien à apprendre de ces pauvres diables qui me ressemblent ! Leur humilité, il la tienne à bout de bras. Elle les a comme bouchonné le cœur… tellement ils ont peur de le perdre.
Moi Seigneur, je te propose mon curriculum comme un vase vide. Je suis un vase vide et tu peux y mettre tout ce que tu veux. Bien sûr qu’au fond de ce vase il y a un peu de boue. C’est comme ça, avec ma grosse main, j’ai pas réussi à aller au fond...
Mais là-haut, tu auras bien une céleste poudre à récurer pour me laver avant l’usage ? Et à quoi te servirait le sang de ton côté ouvert si ce n’est à me laver ?
Si tu ne veux pas de moi Seigneur, je n’insisterai pas. Mais réfléchis quand même. Je suis sérieux ! Quand tu iras à la cave puiser le vin de ton amour, rappelle-toi Seigneur que tu as à disposition sur cette terre..., une petite cruche !
Elle est vide, elle ne demande qu’à être remplie !
Source : Abbé Joël Pralong
