Ces activités lui auront toujours fait garder un pied en Corrèze. Après plusieurs années passées à Brive, il quitte ses fonctions curiales fin août.
« J'ai déjà eu quelques expériences désastreuses de déménagement alors cette fois, je m'y prends à l'avance ». Sur la longue table installée dans l'un des bureaux du presbytère, impasse des échevins, des piles de documents et de livres soigneusement triées patientent avant d'être enfermées dans les cartons. À la fin du mois d'août, le père Jean Rigal quittera ses fonctions de curé sur le groupement de Saint-Martin et Saint-Cernin (*) « pour un temps sabbatique. Je serai ensuite à disposition de l'évêque et du diocèse en tant que prêtre auxiliaire. J'assurerai le service, mais je n'aurai plus de responsabilité curiale ».
Un passage par les facultés de théologie
De ses propres mots, le père Jean Rigal l'affirme. S'il y a une limite d'âge, ce n'est pas pour rien. À 75 ans, il s'apprête alors à fermer une parenthèse ouverte il y a bien des années, lorsqu'il a, en juin 1968, était ordonné prêtre en haute Corrèze. « En août, j'ai été affecté à ce groupement, poursuit le père Rigal. À l'époque, nous étions cinq à séjourner au presbytère mais aujourd'hui, et cette année en particulier, j'étais seul à assurer les fonctions ». Après six ans passés comme vicaire aux côtés du prêtre Georges Rol, il officiera six ans de plus à l'aumônerie, rue Alfred-Musset. « Ensuite, il s'en est passé, des choses ». De mémoire, il égrène sans difficulté son parcours. De son arrivée à Poitiers en 1980, à Bordeaux où il s'installera pendant près de dix ans, en passant par Toulouse. Il consacrera, là-bas, une partie de sa vie à guider celle des plus jeunes vers la foi, notamment dans les filières de théologie à la faculté.
Plus de vingt-cinq ans ont passé, avant que ses valises ne se posent à nouveau dans sa Corrèze natale. Originaire de Monestier-Port-Dieu, il aura certes navigué, mais toujours gardé un pied en Corrèze. « Je n'ai jamais eu de vraie coupure. Pendant tout ce temps, je revenais régulièrement. Presque une fois par mois. Cela m'a permis de garder un lien, d'être au courant des décès, des naissances dans les familles. Quand je suis revenu en 2006, j'ai retrouvé ceux que je connaissais ; on avait vieilli ensemble ».
« Il n'y a plus la même pression sociale »
Un œil toujours ouvert sur le monde qui l'entoure, « une bible dans la main un journal dans l'autre », le père Rigal constate une vraie évolution. « Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Dans les années 1970, nous faisions 315 baptêmes par an sur le secteur. Aujourd'hui, il n'y en a plus que 70. L'engagement dans le mariage à, lui aussi, diminué. Il n'y a plus la même pression sociale face à ces cérémonies qu'auparavant ; ceux qui viennent le font réellement par choix ». Outre la part des cérémonies en nette baisse, l'attachement à sa paroisse n'est, lui aussi, plus le même. Seul curé à officier sur le secteur, le père Rigal a dû, depuis quelques années, revoir le planning : « Je ne pouvais pas être à plusieurs endroits à la fois, plaisante l'homme d'église. Autrefois, les limites entre paroisse étaient très marquées. L'attachement n'est plus le même, on vient rejoindre une communauté de célébration, peu importe où elle se trouve ».
Cette communauté, le père Rigal aura eu à cœur de l'accompagner. Dans les bons, comme les mauvais moments. « L'un de mes souvenirs, certes récent mais néanmoins le plus marquant, restera la veillée de prières organisée après les attentats de Paris, en novembre 2015. Très rapidement, la paroisse et les autres pasteurs de l'église réformée se sont mobilisés pour mettre en place ce temps de communion. Il fallait que l'on soit ensemble ».
Événement plus anecdotique, il se souviendra aussi de celui qui, à 2 heures du matin, l'a un jour réveillé pour le prévenir d'un incendie de poubelles près de la Collégiale. « Peu importe leur nature, nous ne pouvons pas rester indifférents aux événements extérieurs. C'est ce qui façonne notre vie ».
À la fin de l'été, il accueillera ses successeurs à bras ouverts. L'occasion pour lui d'enfin « faire le bilan, de souffler. J'ai beaucoup de lectures à rattraper pendant les six mois de repos que je m'accorde ». Six mois, ou peut-être moins : « tout dépendra si je m'ennuie, ou si j'ai envie de jouer les prolongations ». S'il est supposé quitter ses fonctions de curé à la fin du mois d'août, deux rendez-vous sont déjà programmés dans son agenda. Des rendez-vous qui ne l'empêcheront pas de lever le pied. Au père Rigal de conclure, et de citer : « Comme dirait Bernard Pivot, "Arrête-toi à temps avant que le temps ne t'arrête" ».
(*) Il assurait également les offices et célébrations sur cinq communes périurbaines : Noailles, Nespouls, Jugeals-Nazareth, Turenne et Sainte-Féréole.
Source : la Montagne - Caroline Girard
Un grand Monsieur sur le départ : Grand Merci Mr l'Abbé !