Lecture du livre de Jérémie 31, 7-9.
Avec la tendresse d’un père, Dieu ramènera son peuple exilé, aussi bien les gens valides que ceux qui ont de la peine à se déplacer.
Car ainsi parle le Seigneur : Poussez des cris de joie pour Jacob, acclamez la première des nations ! Faites résonner vos louanges et criez tous : « Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël ! » Voici que je les fais revenir du pays du nord, que je les rassemble des confins de la terre ; parmi eux, tous ensemble, l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée : c’est une grande assemblée qui revient. Ils avancent dans les pleurs et les supplications, je les mène, je les conduis vers les cours d’eau par un droit chemin où ils ne trébucheront pas. Car je suis un père pour Israël, Éphraïm est mon fils aîné. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Après la prise de Samarie, capitale du royaume israélite du Nord, par les armées assyriennes en 721, une grande partie de la population fut emmenée en exil. Jérémie n’a jamais désespéré qu’un revers de la puissance assyrienne puisse autoriser le retour des captifs. Il chante par avance ce que sera ce retour des exilés, réintégrant joyeux leur patrie. Mais ce retour n’aura pas lieu. Au contraire, le royaume de Juda, au Sud, connaîtra à son tour l’exil, un siècle et demi après Samarie. Mais les promesses de Jérémie aideront les Israélites à garder l’espérance pendant leur captivité… et la promesse se réalisera.
« Voici que je les fais revenir ». Jérémie donne un double sens au verbe « revenir » : revenir de captivité et revenir vers le Seigneur, comme à un père retrouvé. Le second sens est toujours d’actualité pour nous.
Psaume 125
R/ : Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête !
- Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve ! Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie. R/
- Alors on disait parmi les nations : « Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! » Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! R/
- Ramène, Seigneur, nos captifs, comme les torrents au désert. Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie. R/
- Il s'en va, il s'en va en pleurant, il jette la semence ; il s'en vient, il s'en vient dans la joie, il rapporte les gerbes. R/
Lecture de la lettre aux Hébreux 5,1-6.
Choisi parmi les hommes, connaissant nos faiblesses, Jésus est notre prêtre, notre intercesseur auprès du Père.
Tout grand prêtre est pris parmi les hommes ; il est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu ; il doit offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il est capable de compréhension envers ceux qui commettent des fautes par ignorance ou par égarement, car il est, lui aussi, rempli de faiblesse ; et, à cause de cette faiblesse, il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés comme pour ceux du peuple. On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même, on est appelé par Dieu, comme Aaron.
Il en est bien ainsi pour le Christ : il ne s’est pas donné à lui-même la gloire de devenir grand prêtre ; il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit : Tu es mon Fils, moi, aujourd'hui, je t’ai engendré, car il lui dit aussi dans un autre psaume : Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité. – Parole du Seigneur.
Commentaire : Les prêtres en Israël étaient choisis parmi les descendants d’Aaron. Ils formaient la classe sacerdotale. Intermédiaires entre Dieu et les hommes, ils n’en restaient pas moins pécheurs et offraient les sacrifices pour leurs propres péchés autant que pour ceux du peuple. Jésus Christ aussi est prêtre, non en vertu de l’appartenance à la classe sacerdotale d’Israël, mais par choix de Dieu qui en a fait l’unique Médiateur entre lui et les hommes, d’abord par sa naissance humaine, puis, lors de sa résurrection, comme premier-né d’entre les morts. Dieu et homme tout à la fois, il connaît la faiblesse humaine, mais aussi le profond amour de Dieu pour nous.
Permettons-nous aux prêtres qui nous entourent de vivre au milieu des hommes pour mieux les comprendre et les aimer ? Autrement dit, assumons-nous les tâches qui nous reviennent comme laïcs, dans le monde et la communauté chrétienne, pour leur permettre d’accomplir le ministère qui est le leur ?
Alléluia. Alléluia. Notre Sauveur, le Christ Jésus, a détruit la mort ; il a fait resplendir la vie pour l’Évangile. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc 10, 46-52
« Confiance, lève-toi ; il t’appelle », dit la foule à l’aveugle. Ce même encouragement s’adresse à nous que Jésus appelle.
En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin. Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! » Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le ». On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle ». L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé ». Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin. – Acclamons la Parole de Dieu.
Commentaire : C’est la dernière étape avant l’entrée à Jérusalem où Jésus connaîtra l’opposition la plus farouche, puis sa passion et sa mort. Malgré les enseignements qu’il a prodigués à ses disciples, ceux-ci gardent les yeux bouchés sur le mystère du Messie souffrant. Aussi, dans cette guérison de l’aveugle, Marc décèle-t-il le type du vrai croyant : négligeant les menaces, il appelle Jésus à l’aide et bondit vers lui quand le Christ le fait venir ; dès qu’il a trouvé la vue, il suit Jésus comme un disciple sur la route de sa passion. C’est ce que Jésus n’a cessé de réclamer des siens : voir, croire, se compromettre pour lui jusqu’à la croix.
Jésus me dit aussi : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Quelle est ma réponse ?
Homélie
Cet homme, Bartimée, « le fils de Timée » dont saint Marc vient de nous conter l’étonnante rencontre avec le Christ n’avait pas l’usage de ses yeux. Pourtant, au-dedans de lui, il voyait clair. Lui, dont les yeux étaient vides de lumière, avait perçu mieux que les autres la présence de celui qui est la Lumière du monde. Il a vu, en effet, l’identité véritable de Jésus de Nazareth « Jésus Fils de David aie pitié de moi ».
Le titre de « Fils de David » était entendu à cette époque comme équivalent de Messie. Beaucoup de gens, y compris les disciples attachaient à ce nom une connotation de royauté politique : c’est pour cette raison (et pas seulement à cause du tapage) que le groupe qui accompagne Jésus veut faire taire l’aveugle : acclamer un messie face aux romains omniprésents était dangereux.... Mais Bartimée n’en a cure. Il crie sa foi et prie avec une folle confiance : « Rabbouni, que je retrouve la vue... » Dans ce regard de foi, il est sauvé.
Mais qu’est-ce que croire ? Est-ce adhérer à des vérités ? Est-ce adopter une manière de vivre conforme à la loi de Dieu ? Certes, mais ce sont là plutôt les conséquences de la foi.
Croire c’est « voir Dieu ».
Croire c’est percevoir la présence de Dieu.
Le vrai croyant ne considère pas Dieu comme une idée, mais comme quelqu’un d’extrêmement proche. Invisible aux yeux de chair sa présence remplit le monde, les êtres et la vie.
Frères et sœurs, nous avons tous besoin d’être guéris d’un aveuglement spirituel. Notre regard intérieur est parfois si opaque que nous ne discernons pas la présence du Seigneur à nos côtés. Trop souvent nous vivons dans l’absence de Dieu. Il y a plus grave encore : nous portons en nous des images qui défigurent le visage de Dieu. Notre enfance, l’éducation reçue et nos expériences de vie ont pu modeler des caricatures : par exemple un Dieu absent ou interventionniste, un Dieu indifférent ou tatillon, un Dieu permissif ou justicier... Ces images plus ou moins diffuses nous empêchent d’accéder à une foi joyeuse, confiante et épanouie. Un Dieu qui est Amour, tendresse et miséricorde et qui « nous a tout donné en nous donnant son Fils ». Nous avons besoin d’une guérison du regard pour« voir » le Seigneur et lui donner toute notre confiance.
Nous comprenons aussi, frères et sœurs, en méditant cet évangile que la foi nous fait prier. La prière de Bartimée est un cri vers Jésus qui passe dans sa vie. Sa supplication s’élève malgré les consignes de silence qu’on voudrait lui imposer. Il criait de plus belle« Fils de David, aie pitié de moi ». Cette expression a été conservée dans l’Eglise d’Orient : elle est devenue la « prière du cœur ». Répétée sans cesse comme une respiration, elle devient communion avec Dieu.
« Dis-moi comment tu pries, je te dirai comment tu crois ». Aujourd’hui plus que jamais nous avons à apprendre à prier. Le manque de temps, les soucis, les loisirs, mais par-dessus tout la faiblesse de notre foi tarissent en nous les sources de la vraie prière. Même silencieuse la prière est un cri : cri de joie ou de peine, cri de détresse ou de confiance, cri de louange ou d’action de grâces... Redisons souvent comme les apôtres : « Seigneur apprends-nous à prier ». Notre passage d’Evangile nous rappelle enfin que la foi nous fait agir et nous engage. « Confiance lève-toi, il t’appelle ». Se lever dans les textes du Nouveau Testament est synonyme de ressusciter. Les gestes de Bartimée sont symboliques d’un changement : ils sont indicatifs d’une conversion. Il « jette » son manteau qui protégeait son immobilité de mendiant. Il n’en aura plus besoin, car il change de vie... Bien qu’encore aveugle, il bondit et court vers Jésus, habité par l’espérance en celui dont l’appel est une promesse... Puis retrouvant la vue, il suit Jésus sur la route, cette route est celle de la montée vers Jérusalem, celle de la Pâque, du passage de la mort à la vie. Bartimée est plus que guéri, il est sauvé, car il est entré avec Jésus dans une vie nouvelle : celle qui n’aura pas de fin...
On découvre ici que la foi est une dynamique qui fait se lever, courir à la rencontre du Christ et des autres. Cet engagement à la suite du Christ nous conduit à vivre autrement dans toutes nos relations familiales professionnelles et sociales... En réalité il conduit à faire comme le Christ ferait s’il était à notre place
Frères et sœurs, à quelques jours de la Toussaint où nos pensées et nos prières vont rejoindre ceux et celles que nous avons aimés et qui nous ont précédés auprès de Dieu parce qu’ils avaient vécu dans la foi, demandons au Seigneur, par l’intercession de Marie, la Grande Croyante de fortifier notre foi pour que nous soyons témoins et porteurs de la Véritable Espérance dans ce monde qui en a tant besoin.
Amen.
Prière universelle
Célébrant : Dieu est un père pour son peuple. Avec Bartimée, demandons au Seigneur d’ouvrir les yeux de notre cœur.
Lecteur
- « Un mendiant aveugle était assis au bord du chemin… » Pour les personnes qu’un handicap tient à l’écart de la société. Ensemble prions.
- « Beaucoup de gens l’interpellaient pour le faire taire… » Pour les personnes qui sont privées de leurs droits ou qui ne sont pas entendues dans leurs détresses. Ensemble prions.
- Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le ». Pour l’Église qui a la mission de faire entendre l’appel de l’Évangile ou pour celles et ceux qui exercent un service ou un ministère en son nom. Ensemble prions.
- Jésus dit à l‘aveugle : « Ta foi t‘a sauvé… ». Pour les membres de notre communauté chrétienne, afin qu’ils témoignent autour d’eux de la foi qu’ils ont reçue. Ensemble prions.
Célébrant : Dieu notre Père, toi qui prends soin du pauvre et du faible, entends notre prière. À chacun de nous, montre ta tendresse quand nous crions vers toi. Nous te le demandons par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen.
Source de la P.U. : http://seltzparoisse.free.fr